Camille&Plum ϟ « Bouuuuuuh. » On fait tous au moins un vœu par an, en soufflant les bougies de notre gâteau d’anniversaire. Certains d’entre nous en font plus : pour un cil sur une joue, devant une fontaine, en voyant une étoile filante... et de temps en temps, un de ces vœux se réalise. Et après ? Est ce que c’est aussi bien qu’on l’espérait ? Est ce qu’on se laisse aller dans le rayonnement de notre bonheur ? Est-ce qu’on se rend compte qu’on a une longue liste de vœux qui attendent d’être exaucés ?

Cette journée avait tout pour être normal. Rien d’inhabituel, que du déjà vu. Sorti de cours à seize heures tapante, et me voilà pour une longue journée de shopping. Clé en poche et sac à main, je m’installais dans ma voiture, achetée depuis quelques temps. Un vrai trésor dont j'étais tout particulièrement fier. Je conduisais tranquillement. A cette heure-si, les embouteillages n'étaient pas très fréquent. Après une demi-heure à tourner en rond pour me trouver une place, je me rendis dans le premier magasin venu. Heureusement pour moi, les prix étaient dans mes moyens. Prenant quelques T-shirt, robes et jeans, je me rendis directement à la caisse. A vrai dire, j'étais assez pressée. C'était bientôt l'heure des embouteillages. Me tendant mes achats, je sortis de la boutique, regardant une dernière fois le magasin. Le soleil brillait et une légère brise me fouettait le visage. Les clés en main, je contemplais le petit porte-clé accroché dessus. C'était un petit Pingouin offert par l'une de mes sœurs. D'ailleurs, j'ai jamais compris, pourquoi un pingouin ? Malheureusement pour moi, je n'échappais pas aux embouteillages, qui me pourrissaient mes journées. Après une longue attente qui fut interminable , la circulation fut rétablie. En ce moment, il fallait que je décompresse, que je vois du monde. Depuis la fusillades, tout était différent, je ne voyais plus les autres du même œil. D'ailleurs, ma vie me paraissait tellement monotone, que cette tragique histoire était une sorte de bonne nouvelle. Je ne dis pas par là, que de voir tous ces gens effrayés me procurais de la joie mais, que cela donnais un peu de piment dans ma vie. En repensant à ça, mon moral était maintenant à zéro. Dans ces moments là, une seule personne me venait à l'esprit : Camille. Cela devait sûrement faire plusieurs jours que je n'avais pas pris de ces nouvelles, et j'avais grand besoin de savoir ce qu'il devenait. Le téléphone à l'oreille, j'attendis que me interlocuteur réponde. Le son de sa voix apparut et mon monologue débuta. « Allo, Camille ? Ça va ? Je voulais prendre de tes nouvelles et savoir si tu allais bien. Bien sûr, je ne t'appelle pas que pour ça. Tu aimerais venir chez moi et passer la soirée ensemble. Je me sens un peu seule et tu me manques. J'ai même acheté des vêtements pour un petit défilé, comme tu les aimes ... » M'arrêtant en plein milieu de la route, je laissai passer une vielle femme devant moi. Cette légère secousse fit tomber mon portable à mes pieds. Il ne manquait plus que ça. Redémarrant la voiture, j'essayais tant bien que mal d'attraper ce foutu téléphone. Malheureusement, je ne vis pas la petite voiture, fonçant droit sur moi. Le choc fut terrible, ce qui eu le don de me faire paniquer. Par chance, je n'avais rien de cassé, pareil pour l'autre chauffeur qui était venu à ma fenêtre. Rassuré de moi voir saine et sauf, il repartit comme si de rien n'était. De mon côté, je fus complètement effaré. Ma voiture était complètement dégringolée. Mon pare-brise était fissuré et l'un de mes phares avait explosé. Et dire que cela ne faisait même pas trois semaines que j'avais ce petit bijou. Je rectifie, ma journée n'était pas aussi banal que je l'aurai cru, et était loin d'être du déjà vu. Rentrant dans ma petite maison vide, j'attendais le retour de Camille. Il fallait vraiment que je me trouve un colocataire, sinon, j'aillais devenir folle et m'inventer un ami imaginaire. Balançant mes chaussures au sol, je me rendis dans ma chambre pour me changer. Débardeur blanc et mini short en jean. J'avais vraiment peur qu'il s'inquiète pour moi. Après avoir eu cet accident, mon téléphone s'était éteint laissant Camille dans le doute. Pavanée dans mon sofa, je m'amusais à changer de chaîner le plus vite possible. A cette heure-ci, les programmes télés étaient pourris. Farfouillant dans ma liste de dvd j'avais réussi à dégoter la perle rare : Idiana Jones, Les Aventuriers de l'arche perdue. J'espère qu'il apprécia que je lui impose mon film préféré pour la énième fois, parce que oui, pour moi, une soirée n'en était pas une sans ma dose d'Harrison Ford. Les heures passaient et toujours pas signe de vie. Peut-être n'allait-il pas venir. En même temps, je n'étais pas sa priorité, il avait sûrement d'autres chats à fouetter. Dommage, moi qui me faisait une telle joie de le revoir. Mes espoirs s'étaient complètement envolés, quand j'entendis la sonnerie. Il était vraiment là. Courant vers la porte, je l'ouvris, le sourire aux lèvres. « Camiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiile !!! » lui criais-je en lui sautant dans les bras. « Désolée pour l'invitation de dernière minute, tu m'en veux pas j'espère ? » L'invitant à rentrer, je sautais de partout, tellement sa présence me rendais heureuse. D'ailleurs, ce qui était géniale entre nous, c'est qu'il n'y avait absolument rien d'ambiguë, une simple et pure amitié entre un homme et une femme. N'ayant pas le même cursus, j'essayais de le monopoliser le plus de temps possible. « Je sais pas toi, mais moi j'ai faim. Tu veux du chinois ou du grecque ? Ou au pire, on fait bière et pizzaaaaaaaa !! » Le téléphone fixe à la main, je le regardais, toute excitée de passer ma soirée avec lui.

Une virée à Tijuana ? Il n’y avait que Sterling pour suggérer ce genre d’idées loufoques. Pourtant, Camille n’avait pas mis beaucoup de temps à accepter. Avec tous les événements qui avaient chamboulé sa vie ces derniers temps, un peu de distraction n’était pas de refus. La fusillade avait profondément marqué Camille, qui avait vu sa vie y prendre un tournant. Le pire, ce n’était pas les balles, au nombre de trois, qui l’avaient criblé alors qu’il tentait de protéger Chuck des tireurs. Certes, la douleur avait été atroce, et encore maintenant, des douleurs fantômes venaient tourmenter Camille au milieu de la nuit. Mais les pertes qu’il avait subies à l’issue de cette nuit dramatique étaient bien pires. Chuck, alors qu’il venait, une fois de plus, de lui témoigner son amour en se jetant devant elle de peur qu’elle se fît tirer dessus, avait pris le premier vol en direction d’il ne savait trop où dès le lendemain de la fusillade. Il n’avait même pas eu le temps de lui dire correctement au revoir. Et cette fois-ci, il savait qu’elle était partie, pour de bon. Et il était extrêmement douloureux pour le jeune homme de concevoir qu’après tous ces mois au cours desquels son amour pour Chuck avait commencé à reprendre une ampleur non négligeable, elle était partie pour de bon et qu’il ne lui restait plus qu’à l’oublier une nouvelle fois. Mais bien plus grave encore, Nathaniel, un de ses meilleurs amis, et ce depuis son arrivée à Berkeley, avait perdu la vie dans la fusillade. Camille ne l’avait pas vu mourir, et entendre par après ce qui s’était passé l’acheva. Après des semaines passées à se morfondre, au fond du trou, Sterling était venu à la rescousse, refusant de voir son ami sombrer pour la deuxième fois en deux ans. Et il s’en tirait plutôt bien, car, à défaut de rendre Camille réellement heureux, il parvenait à le distraire suffisamment longtemps pour lui apaiser les idées. Et ce petit voyage, le temps d’un week-end, à Tijuana, c’était là sa dernière idée farfelue en la matière. Jusqu’à présent, l’idée semblait bonne, et ce fut le sourire aux lèvres que les deux amis prirent le premier vol, prêts à passer un séjour des plus… inhabituels, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ce fut avec une gueule de bois magistrale que Camille fut réveillé par la sonnerie stridente de son portable. Dehors, le soleil était déjà bien haut dans le ciel, et il devina que la matinée avait déjà filé depuis bien longtemps. Soupirant, il tendit le bras vers le petit appareil et décrocha d’une voix bourrue. Aussitôt, il entendit une voix familière piailler à l’autre bout du fil, et un sourire se dessina automatiquement sur les lèvres gercées de l’Alpha. Plum était une autre de ces personnes qui s’attelaient corps et âme à la tâche de lui rendre le sourire. Et là encore, elle semblait bien partie pour parvenir à ses fins, car elle l’invitait à venir chez elle le soir même. Camille n’était pas censé rentrer avant le lendemain et attendit la fin de la tirade de Plum pour prendre la parole, légèrement hilare tant elle avait prononcé de phrases en à peu près dix secondes. « Wow, tu peux pas parler encore plus vite, pour voir ? Je vais pas mal, je suis avec Sterling là. Ecoute, c’est avec plaisir pour la soirée, surtout s’il y a des essayages inclus, mais… » Camille s’interrompit au milieu de sa phrase en entendant un boucan pas possible du côté de Plum. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre qu’elle devait être au volant… et que quelque chose de pas bon du tout venait de lui arriver. Paniqué, il l’appela dans l’espoir de l’entendre répondre. « Plum ? Plum, tu m’entends ? Réponds ! Plum ! » Mais rien. Pire encore, la communication se coupa.

Paniqué, Camille appela aussitôt Sterling, sans savoir quoi faire. Et sur les bons conseils de celui-ci, il reprit le premier avion pour San Francisco. Au moment où il foula le sol de la ville, la journée touchait déjà à sa fin, et il n’avait toujours aucune nouvelle de Plum – il avait tenté de la rappeler mais son portable était coupé. Ne sachant pas par où commencer, et se demandant si elle était à l’hôpital, Camille finit par se diriger vers l’appartement de son amie, espérant y trouver quelque chose de rassurant, même s’il ne savait pas quo – il n’osait presque pas croire qu’elle pût s’y trouver. Le cœur battant à tout rompre et la main tremblante, il sonna à plusieurs reprises, jusqu’à ce que la porte s’ouvre… lui révélant la petite silhouette de Plum. Aussitôt, un immense sourire se dessina sur le visage de l’Alpha, qui la serra de toutes ses forces contre lui. « Mais putain, qu’est-ce qui t’est arrivé ? Ne me refais plus jamais une frayeur pareille, j’étais mort d’inquiétude ! » Il la suivit à l’intérieur, toujours abasourdi. Le soulagement qui s’était emparé de lui était sans pareil, et il était plus heureux que jamais de la voir en bonne santé, et de surcroît en pleine forme. « Des pizzas, c’est parfait. Tu m’expliques ce qui s’est passé toute à l’heure ? Tu te rends pas compte à quel point tu m’as foutu les boules ! » Il la laissa commander et partit dans la cuisine, où il sortit deux bières du frigo. Lorsqu’il eut décapsulé les bouteilles, il revint dans le salon, où Plum s’occupait de passer la commande sur un ton animé.