« Une vie sans émotion est une vie perdue. » Les êtres humains ont besoin de beaucoup de choses pour se sentir vivant : la famille, l’amour, le sexe. Mais la seule chose essentielle, c’est d’être en vie. Il nous faut un cœur palpitant... Lorsque notre cœur est menacé nous réagissons de deux façons. Ou nous fuyons ou nous nous battons. Il y a une expression pour dire ça : le combat ou la fuite. C’est instinctif. Nous ne pouvons pas le contrôler... En sommes nous capable ? « Zariah »
Tournant tel un lion en cage dans le salon de la villa que Tyler et moi occupions depuis près de quatre mois maintenant, je cherchais avec fébrilité mes dernières partitions. J’étais pourtant persuadé de les avoir laissées sur la table basse bien en vue afin que je ne les oublie pas aujourd’hui. En effet, j’avais un dossier à rendre en composition et j’avais d’autre choix que celui de les présenter demain à la première heure. Voulant les peaufiner pour qu’elles soient parfaites, j’avais prévu d’aller travailler dans l’une des salles de musique à l’université. Sauf que je n’arrivais pas à mettre la main dessus. Ma meilleure amie avait dû passer par-là avant moi et dans un élan de maniaquerie excessive, elle les avait mis dieu seul sait où. Bougonnant, je montais l’escalier pour que Tyler me dise ce qu’elle avait fichu de mes affaires. Je traversais le couloir rapidement et je frappais à la porte de sa chambre tout en pestant derrière cette dernière. « Tyler, où sont mes partitions ? » Pas de réponse. Déterminé à obtenir une réponse et peu patient, je m’engouffrais dans la pièce tel un courant d’air. Je constatais dès le premier coup d’œil qu’elle était partie et que par conséquent je pouvais toujours attendre pour récupérer mes affaires personnelles. Dépité, je repartis en direction de ma chambre pour faire une dernière inspection. C’est à ce moment que mon téléphone sonna. Peu enclin à engager une conversation, je regardais le nom de mon interlocuteur. Lorsque je vis qu’il s’agissait de Gaël, mon meilleur ami, je ne pus que décrocher. De mauvaise humeur, je lâchais un allô peu sympathique mais cela ne l’arrêta pas pour autant. Il en fallait plus pour l’impressionner l’alpha, il l’avait démontré à bien des reprises. Il paraissait quelque peu embêté et je compris pourquoi sans difficulté.
« Zach’, j’ai un service à te demander. » Au son de sa voix, je sentis par avance que ce « service » n’allait pas être une partie de plaisir. M’enfin, entre potes, on ne peut que s’entraider, c’est la base de l’amitié. J’attendis donc qu’il énumère sa demande.
« Voilà je devais aller avec Zara au bal mais … Ce serait bien que tu me remplaces auprès d’elle. » Dès la seconde où le jeune homme avait prononcé le prénom « Zara », mon cerveau s’était mis en action car je savais que cela me disait quelque chose. Et je n’eus pas à chercher bien loin. Zara, la blonde, peste, exécrable par excellence qui me sortait par les yeux à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche.
« Hors de question. » Trois mots. Quatorze petites lettres pour signifier un refus net et catégorique. Participer au bal de fin d’année ne faisait déjà pas partie de mes priorités mais devoir m’y rendre avec une furie comme Zara … Autant me pendre tout de suite pour échapper à cette torture. Il était tombé sur la tête pour croire que je lui ferai une telle faveur ou quoi ? Peu désireux de poursuivre, j’étais déjà prêt à raccrocher quand Gaël reprit la parole.
« Moi je l’aurai fait pour toi. » rooooooooh, il sait comment s’y prendre pour appuyer sur la corde sensible. Je levais les yeux au ciel en le maudissant.
« Bon ça va, je vais te remplacer. » Finis-je par dire totalement résigné. Un soupir de satisfaction à l’autre bout du fil se fit entendre. Oh Gaël, tu me le payeras un jour ou l’autre, fais-moi confiance.
« Je lui dis de venir te rejoindre dans la salle de musique numéro un, merci Zach’. » Et sur ces entrefaits, l’alpha raccrocha en me laissant légèrement surpris. En plus, il connaissait mon emploi du temps par cœur ma parole ! Nouveau soupir. Les prochaines heures allaient être longues. Très longues.
Assis face au piano, je laissais mes doigts parcourir les touches en les effleurant. Une mélodie printanière s’en dégageait et ainsi je me préparais à affronter le pire c’est-à-dire ma future cavalière de bal. La musique avait toujours eu pour effet de calmer mes nerfs à vif. Et on peut dire que le fait de devoir la revoir d’ici peu ne m’aidait pas à rester parfaitement neutre. Des bruits se talons qui claquent sur le sol avec une vivacité hors du commun se firent percevoir. Je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir qu’elle venait de faire son entrée telle une princesse. Et voilà qu’elle me tapait sur le système sans avoir pour autant ouvert la bouche. La suite promettait d’être riche en rebondissements.
« Je dois retrouver mon futur cavalier pour le bal ici. Vas le trouver, je n’ai pas que ça à faire. Mon temps est précieux. » Respire Zachariah, respire. Oh mon dieu, donne-moi la patience d’être assez fort pour l’endurer parce que si tu me donnes la force, je lui fais manger le mur. Mine de rien, ce serait d’un soulagement jouissif. Néanmoins, je ne souhaitais pas lui donner trop d’importance. L’ignorance était le mieux à lui offrir. Elle ne méritait rien d’autre avec ses airs de grande diva des temps modernes. Alors je ne dis rien. Pas un mot, pas un murmure, pas un chuchotement et encore moins un soupir. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait. Je m’étais mis en mode « cause toujours ma fille, tu ne m’intéresses pas le moins du monde ». Zachariah La Tour Dubois ou l’art d’adorer mettre les autres en rogne. Quoi qu’en fait non. Pas les autres. Juste elle. Et le pire dans l’histoire ? C’est que cela marche comme sur des roulettes.
« Le bal de promo de la semaine prochaine tu sais. Enfin bref, je ne m’attarderai pas dessus, tu n’en vaux pas la peine. Vas me trouver celui que je cherche et débrouilles toi. Je n’ai aucune information à te donner sur lui. » L’impatience qui transperçait à travers le ton impérieux de sa voix me donna envie de lui éclater de rire au nez. Ma pauvre, si tu savais. Je n’avais pas besoin de lever le petit doigt. Ton cavalier, tu l’as sous les yeux, veinarde va. Finalement dans un accès de bonté incommensurable, je me retournais vers elle pour lui faire face. Lèvres retroussaient dans un sourire narquois et petite flamme qui dansait dans mes prunelles. Trois, deux, un : que le jeu commence.
« Déjà quand on est poli, on est dit bonjour, s’il te plait et merci. » Toutefois, ça n’avait pas l’air d’être son fort. Si en plus de lui apprendre l’amabilité, je devais m’employer à lui expliquer ce qu’étaient les bonnes manières, je n’étais pas sorti de l’auberge. Mademoiselle Burckley ne devait pas avoir l’habitude à ce qu’on lui fasse des remontrances mais il faut bien avouer que moi je m’amusais énormément à la contrarier et à ne pas lui obéir au doigt et à l’œil.
« C’est moi ton cavalier. » Enonçais-je mi-figue, mi-raisin. Pour le meilleur et pour le pire. T’es contente ? Non ? Moi non plus, comme ça, nous avons un point commun tu vois.
« Bien entendu tu peux refuser, je ne m’en formaliserai pas. » Au contraire, je t’en serai trèèèèès reconnaissant.