the great escape
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Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro

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MessageSujet: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyMar 13 Mar - 21:59

Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro 1sxl6e Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Zwjq08
❝ Débrouille-toi comme un grand. Tu es celui qui n'a pas tenu ses promesses ❞
- Je suis désolé. ❝ Evidemment que tu l'es. Comment tu pourrais faire autrement ? Faute de mieux, tu t'accroches à des excuses idiotes que tu n'es pas vraiment capable de formuler. Tu crois qu'il suffit de trois misérables mots pour oublier ? Mais je t'ai rien demandé moi, j'ai pas besoin de toi. Je m'en sortais bien, je souriais, répondais que ça allait quand on me le demandait et faisait toujours mine d'être intéressée par ce que les autres me disaient. Alors non, je n'ai pas besoin de tes excuses idiotes qui, je suis sûre, ne sont pas sincères. Retourne avec elle, je m'en fiche totalement. Faut que tu comprennes que je suis beaucoup mieux sans toi.❞ - Comme ça on est deux. MIKADO .♥. micah leez' & sandro vittorio
Can you hear my call ? Are you coming to get me now ? I’ve been waiting for you to come rescue me ♪ Mes lèvres chuchotaient les paroles avec paresse. Les écouteurs dans les oreilles, oisive de tout effort, dépourvue de toute émotion, mes pensées en perdition dérivaient sans cesse vers le quatorze février. La nuit maudite me revenait en flashback plus ou moins douloureux, mélangeant les images douces tels que le moment où je dansais sagement avec Peter, jusqu'au moment où il était tombé tel un fauve sur notre assaillant, faisant ainsi tomber nos vies telles que nous les connaissions. Mes prunelles fixaient un point invisible, se perdant un peu plus dans le décor sans vie, mais pourtant coloré, s'étalant derrière ma fenêtre. A l'abri de tous, je m'enfermais un peu plus chaque jours dans une bulle de protection, mes boucles blondes épousant bientôt ma couverture avec une perfection telle que l'ont pouvait aisément deviner que je n'avais pas bougé d'un pouce depuis des lustres. Enveloppée dans mes draps, j'avais pris la fâcheuse habitude depuis quelques jours de ne strictement rien faire, le strict minimum excepté. Dès que j'avais terminé de prendre ma douche, de faire tout ce qu'il y a a faire dans un appartement, je retournais mes coucher, mettant même de côté mes études pour un temps. Némésis se désespérait de me voir dans cet état, toutefois j'étais éreinté. Complètement brisée de courbature, je préférais rester immobile à longueur de temps plutôt que de braver la maladie et de me plier en quatre dès que je mettais un pied devant l'autre. Et Némésis assistait au spectacle sans comprendre le pourquoi du comment. Parce que évidemment, je n'avais toujours rien dit. Dawn s'était chargée de passer sous silence mon cas auprès de mes camarades, prétextant que j'avais probablement attrapée un rhume ce soir-là et que j'étais simplement grippée. Brave petite, même Némé' n'y avait vu que du feu. Sauf que cela durait, depuis deux, trois semaines, je ne sais plus. Une semaine à l'hôpital, puis retour à l'appartement que je hantais depuis lors. Ajouté à cela le fait que moralement, je ne suivais plus rien. Auparavant le moral arrivait encore à faire mains basse sur le physique, mais depuis la saint-valentin, je baissais complètement les bras. Pour une fois, j'étais celle qui se laissait dépérir et qui n'avait plus le cœur à jouer les optimistes. Terrifiée qu'un certain Ruben, dont le seul nom porté à mon esprit arrivait à me faire frémir d'angoisse, ne reviennent me chercher outre-tombe, je me blottissais dans mes propres draps, espérant presque que la leucémie ne vienne me chercher avant que Ruben ne me mette la main dessus. Sauf qu'il était mort, je le savais très bien, mais depuis la soirée de Saint-Valentin, j'avais tendance à croire que tous les scénarios étaient encore possible. C'est ainsi que j'allais terminer ma misérable existence semble-t-il, à ruminer seule dans mon lit, craintive de tous, terrifiée à l'idée d'affronter le monde extérieur. En même temps, vu ce que le monde extérieur nous réservait, j'avais tous les droits de demeurer craintive. Sauf que je tombais carrément dans l'excès, j'étais pathétique, je m'en rendais bien compte. Mais qui s'en préoccupais de mes états d'âmes et de mes délires, de toute façon j'allais mourir un jour prochain, alors autant que je n'achève ma vie dans un endroit calme, sans personne pour m'importuner. Poussant un soupir, je me mis à marmonner le reste des paroles de ma chanson sans but aucun, mes prunelles azures fixant toujours le même point d'horizon que je m'étais fixé, le regard marbré de tristesse. Tiens, ne serais-ce pas l'endroit où nous avions discuté tout un après-midi, un certain monsieur et moi-même. Comme quoi, j'avais toujours le chic pour choisir ce que je voulais contempler, Micah veut chasser de son esprit le souvenir d'une nuit atroce et donc se concentre sur un souvenir d'autant plus douloureux au goût d'inachevé. Mes lèvres se pincèrent une fois de plus, je poussais un soupir à la fois triste et agacé. Tiens, je dramatise encore. L'optimisme n'est plus chez la Withmore-Sinclair. . Saint-Valentin de merde. Évidemment, je n'avais pas oublié Monsieur Sandro se donnant en spectacle dans la cafétéria, entouré d'un alcôve rose, sucreries et autres mièvreries de la sorte. Comment ne pas lui en vouloir, à ce crétin. Je poussais un grognement. A savoir ce qui était le pire, voir la seule personne qu'ont ait jamais aimé se faire donner la becqueté et en rire allègrement par dessus le marché, ou bien se faire canarder comme un pigeon par un frustré adepte des jeux vidéos. Faut voir. C'était un peu combat de titan, le moral versus le physique. Potentiellement problématique et question de philosophie pointu que je n'avais à présent pas le cœur à solutionner. I need you to hold all of the sadness I can not live with inside of me ♪ sifflotais-je à moitié, apaisée par la douceur de mes draps, la chaleur dans laquelle je m'enveloppais, je tombais presque sereine dans les bras de Morphée. Apaisée, je me laissais même aller à fermer les paupières, une micro seconde. Apaisement de courte durée. Une main se posait avec force sur mon épaule, du moins ce fut l'impression que cela me donna, on m' agrippait avec poigne et c'est dans un réflexe violent que je lâchais un grand hurlement apeuré. Les yeux obstinément fermé, je tremblais comme une feuille, venait de hurler comme une forcenée, résultat d'une peur enfoui depuis des jours et des jours et qui n'arrivait pas à sortir. Mon état d'esprit frôlait l'impensable, je déraillais complètement, j'avais peur de tout là où jadis je n'avais peur de rien, même pas de mourir. « .Doucement doucement !. » annonçais mon agresseur d'une voix familière. Le timbre aussi affolé que le mien, il me tenait par les deux épaules, me secouant un instant avant de me serrer dans ses bras. Je sentais son parfum s'apposer sur mes vêtements, son étreinte me saisir fermement, une main se poser dans mes cheveux avec douceur. « .Papa... » chuchotais-je alors que je fondis en larme dans son épaule. Plus de peur que de mal, ce n'était que mon père. Mon père absent depuis deux mois pour des recherches à l'étranger, perdu dans la pampa, qui du coup n'avais eut vent de la tragédie qu'avait connue notre Université que des jours et des jours. Une semaine en réalité. Le temps que je ne sorte de l'hôpital et qu'il m'ait directement moi au téléphone plutôt que quelconque autre autorité. Je lui avais expliqué que j'allais bien et qu'il pouvait rester sur place faire ses recherches. Sauf que. Je me souvenais qu'il devait y être encore pour un mois minimum et c'est lorsque mon regard croisa celui de Némésis, appuyée dans l'encadrement de la porte que je réalisais qu'elle m'avait vendu. Finalement elle n'était pas si dupe que cela, elle avait téléphoné et fais un rapport à mon paternel elle-même. Et sur le moment, je ne pouvais que l'en remercier. Après m'être calmée, mon père m'examina de fond en comble, prétextant que le seul moyen de me sortir de mes peurs étaient de les affronter moi-même. Mon père ce héros, le genre de personne qui prône le '' lorsqu'on tombe de cheval, il faut se remettre en scelle de suite ''. Il n'avait pas tort, sauf que je me savais d'avance ne pas être à la hauteur de l'effort qu'il me demandait. « .Sors ce soir. Il y a un gala organisé pour je ne sais plus quel cause. Au musée d'art, présentation de je ne sais plus trop quoi, tu verras sur place. Prend Némésis avec toi si cela t'amuse. Cela te fera le plus grand bien.. Interdiction de rentrer avant une heure du matin » Heeeell no. Les galas, je les avais en horreur. Alors sortir pour aller me chercher une glace ou pour aller à l'épicerie, d'accord, fort bien. Mais sortir pour aller à un gala, certainement pas. D'autant que je n'avais aucune idée du pourquoi du comment, mon père me proposait une sortie mais restait évasif sur le thème. Je m'imaginais déjà débarquer dans une soirée donnée en la faveur de la protection d'une espèce de tomate jaune rare, que sais-je. D'autant plus que j'étais assez crevée, alors patienter jusqu'à une heure du matin pour avoir la permission de rentrer, merci bien. J'entendis dans le fond de ma chambre Némésis applaudir avec vigueur, m'adresser un grand sourire ravis et filer pour aller se préparer. Trop tard. Parce qu'avec cette tornade là, désormais j'étais dans l'impossibilité de dire non, elle était déjà au taquet pour se rendre à ce gala. Oh smart papa, bien joué. Balancer ça avec Némé' en présence, très intelligent. « .C'est le monde à l'envers ici. » balançais-je en levant les yeux au plafond. Un père qui ordonne à sa fille de sortir et de rentrer tard, ça n'arrive jamais … normalement. Vous en avez rêvé, mon père la fait. Poussant un profond soupir à son égard, je me laissais par la suite surprendre par Némésis me balançant une robe et une paire de chaussure sur le lit. Oh seigneur, qu'ai-je fais pour mériter ça.

Une robe rouge, flamboyante presque, ravivant mon teint blême, assez courte pour dévoiler mes longues jambes, assez longue pour ne pas faire office de prostitué de grande classe. Je dévisageais Némésis avec dégout, abordant cette soirée comme étant une catastrophe d'office. Air dégoutée auquel Némésis me répondit d'un grand et franc sourire ravis. Ravie de sa connerie, pour ma part je sentais le traquenard à cent mètre, pourtant je me laissais trainer par ma colocataire et meilleure amie à l'intérieur du musée d'art. Musée que je n'avais par ailleurs jamais visité, faute de temps et de compagnie. Consciente que je me devais de bien me comporter, ne serais-ce que pour la réputation de mon père et la mienne qui était peut-être exécrable à l'université, mais excellente dans le domaine des recherches, je décidais au moins de sourire. Un bon sourire forcé que n'importe qui me connaissant assez bien pouvait cerner. J'étais là car on m'y forçais, j'avais cette éternelle et irrépressible envie de dormir, je sentais la soirée être déjà barbante et … « .Némé ? . » pas le temps de réfléchir, ni-même de poser un pied dans le hall du musée, que ma frétillante colocataire c'était déjà fait la malle. Profond moment de détresse. Je dévisageais chacun des convives plus ou moins proches de moi avec panique, désenchantée de terminer seule aussi rapidement. Mon cœur loupa un battement, oppressée par la foule, je restais tétanisée tandis qu'une hôtesse me débarrassait de ma veste. Moi qui pensais cinq minutes auparavant que cela ne pouvait pas être pire, en réalité je me trompais déjà lourdement. Ma compagnie venait de me faire faux bond pour aller siroter un verre de champagne à l'autre bout de la pièce et moi je me retrouvais à faire la potiche au milieu d'une salle bondée, mais pas encore assez bondée pour me filer la migraine. Poussant un soupir vaincu, j'accordais à ceux qui me regardaient un sourire, avant de détourner les yeux dans quasiment toutes les directions, désespérée de ne pas apercevoir de visage familier. En réalité, je ne savais que chercher, car les rares personnes à qui je confiais mon amitié, plus ou moins grande selon les cas ne pouvaient pas se trouver ici. Gaël, pourquoi pas, si tant est qu'il soit fan des musées ce dont je doutais. Némésis se baladait ici mais était trop occupée à vouloir me semer. Peter, n'en parlons pas, il n'avait aucune raison de prêt ou de loin pour justifier sa présence ici. Dawn même combat. Outre soupir, je fis un pas en avant, détournant le visage, mes prunelles croisèrent celle de la dernière personne sur ma liste de connaissance. Sandro Pelizza Da Volpedo, faisant mine de suivre une conversation à quelques mètres de là. Meeeeerde. Dernière relance de malchance pour Micah ce soir. Il ne manquait plus au tableau que Ruben, tenant son flingue dans le creux de mon dos, me susurrant des menaces de morts en veux-tu en voilà et la peinture de ma propre tragédie serait achevé. Je plissais les yeux de frayeur, mon cœur loupa des battements et prise d'une atroce envie de pleurer tout ce que je pouvais, je déglutis lorsque nos deux regards se détaillèrent, avant que l'ont ne me tire de ma contemplation. « .Mademoiselle Withmore ! Vous avez une mine effroyable. » Tiens, un ami. Ou non. Sergio, l'assistant de mon père. Un homme ma foi bien battit, dont le choix de carrière et le visage d'aventurier made in indiana jones faisait fureur , correctement vêtu pour le coup, m'adressant un regard enjoué bien qu'un peu inquiet. Lui aussi était au courant de ma maladie, vie professionnelle de mon père oblige, ce mec là me connaissait depuis le berceau. Néanmoins tous nos contacts restaient professionnels et je devinais sans peine qu'il était là pour représenter mon père, absent ce soir, comme je le faisais moi aussi. Et puis comment ça, mine effroyable. Normalement la robe devait faire illusion, mon teint était moins palot que d'habitude ça j'en étais convaincue. Mais soit. « .Merci...beaucoup. » répondis-je d'une voix peu assurée. Fronçant les sourcils, je le dévisageais. Autant d'habitude, sa joie de vivre se répandait assez rapidement, mais là rien. Niet. Quedal. Je n'avais pas envie de rire pour un sous et je compris bien rapidement qu'il serait bientôt désarmé par mon manque de joie de vive soudain. Moi qui d'habitude souriait à toutes les occasions, embellissait les conversations d'optimisme. Là rien. Micah n'est pas dans un bon soir. « .Si vous voulez bien vous donner la peine, j'ai des invités à vous présenter. » De toute façon, je crois que je n'ai que ça a faire mon vieux. Toutefois, j'accordais un dernier regard en la direction de Sandro qui à présent discutait ailleurs. Good, ignorons-nous, ça me va comme solution. Sinon tu y perdrais la tête mon ami. Nous fîmes le tour de la salle, parfois il s'arrêtait pour saluer, me présenter à certains convives, parfois il continuait son chemin sans même accorder quelconque regard. Je me laissais trainer comme une poupée de chiffon, me contentais de sourire lorsqu'ils faisaient les présentations, de répondre poliment mais surtout brièvement lorsque l'ont me questionnais. Impatiente de boucler cela et de pouvoir rentrer, je jouais les filles dociles, afin de donner à mon calvaire une tournure peut-être plus agréable, ce qui ne fut sans compter sur l'assistant. « .Oh tiens ! Un nouveau venu, je suis convaincu qu'il va vous plaire. » déclara-t-il avec entrain, pointant du regard l'exact endroit d'où j'étais arrivée. Un nouveau venu, plait-il ? Convaincu qu'il va me plaire ? Je fronçais les sourcils, tandis qu'il m'entrainait dans la direction de … « .Oh non. Non. Non. Non. Nonononononononon. » Grand Grand Grand […] Grand moment de détresse. J'essayais de me détacher de l'étreinte de Sergio avec vivacité alors que nous traversions la salle. Toutefois, je stoppais mon cirque et fis mine de rien en arrivant à la rencontre de Sandro, neutre à l'extérieur, mais me décomposant littéralement à l'intérieur. Oh madre mia, pourquoi me mets-tu à l'épreuve comme ça. Arrivée à niveau de mon apocalypse personnelle, je laissais l'assistant entamer la discutions, préférant me terrer dans mon silence plutôt que de paraître avenante et polie comme je l'étais d'ordinaire. Certainement pas avec Sandro, allons. « .Laissez moi vous présenter... » S'en était ridicule. Le sergio me regardait avec un sourire tel qu'on aurait pu croire qu'il avait découvert une véritable merveille, qu'il apportait une nouvelle des plus rocambolesque et merveilleuse. Lui adressant un air mauvais, je décidais de le couper. « .Monsieur Pelizza Da Volpedo, merci, nous nous connaissons déjà. » pestais-je un instant à son égard, ne daignant accorder aucun regard ni même aucune intention à l'italien. Tu n'existes pas, ou plus. Comme tu préfères. Moi je ne suis pas livrée avec des cerises confites, ni ce soir, ni jamais. Mes iris océans fixaient le malheureux, ne semblant pas ce rendre compte de l'ironie de la scène. « .Oh, vous vous connaissez ? J'en déduis que je vous laisse entre de bonnes mains dans ce cas. » Et en plus il en rajoute. Je le regardais déjà filer à l'anglaise comme l'avait fait Némésis auparavant et s'engouffrer dans un groupe de personne discutant allègrement. « .Oui, non, mais ne...  » Trop tard Mimi, il est parti. Je fis la moue un instant, dévisageant le reste de la salle avec détresse. « .Fantastique... » Je levais les bras et les laissais retomber sur mes hanches avec négligence, désemparée par la situation. Et encore aucun regard ni-même aucune parole pour Sandro. « .Ils me laissent tous tomber aujourd'hui. Ce n'est pas mon jour. Où mon siècle, à voir. » Oh quelle est drôle lorsqu'elle est misérable ! Finalement, je me décidais enfin à lui accorder un regard. Du moins je le toisais timidement, bien qu'au fond le faux sourire que je lui servais ne trompais pas sur mes intentions, c'est à dire aucune. Je n'avais aucunement l'intention d'avoir quelconque conversation avec lui, le moins j'en savais sur lui à présent, le mieux je me portais. Quoi que cela ne m'avait pas empêché de me faire du mauvais sang pour lui au lendemain de la fusillade et de demander si il allait bien, pauvre tâche, grosse poire que j'étais. Et ta cheerleader égocentrique trop maquillée modèle réduit, elle va bien ? Ouai ça va ? Un peu traumatisée ? Bon bah ça va. « Bref. Bonsoir Sandro, passe une bonne soirée. » annonçais-je à son égard, d'un ton on ne peut plus sérieux, polie comme je savais si bien le faire, tout ceci assorti d'un sourire, pour la forme. Je ne me vexais pas souvent, mais alors lui, j'en avais tellement sur son compte, j'avais tellement de raison de lui en vouloir que ce fut plus fort que moi. Je lui adressais mon grand air, rarement de sorti, sourire '' va te faire voir '' et cherchait déjà du regard à mettre la main sur Némésis. Il y en a qui dise que lorsqu'on affronte la mort, on se rend compte de ce que l'on as, de ce que l'on a perdu et de ce que l'on veut retrouver. Hééééé non. Pas Micah non. Trop intelligente pour être crédule, visiblement.
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MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptySam 17 Mar - 23:47

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Life is beautiful, we live until we die... When you run into my arms, we steal a perfect moment, let the monsters see you smile, let them see you smilling... Do I hold you too tightly ? When will the hurt kick in ? Life is beautiful, but it's complicated, we barely make it, we don't need to understand, there are miracles, miracles. •• WITHMORE-SINCLAIR & PELIZZA DA VOLPEDO.


Life Is Beautiful by Vega4

Dix-sept heures vingt-huit, un mardi après-midi. J’avais brusquement relevé la tête en entendant la porte s’ouvrir, esquissant un sourire à l’intention de ma sœur, qui rentrait d’une longue journée à l’université. Sourire qu’elle ne me rendit pas, apparemment agacée. Elle ne prit pas une seconde pour enlever ses chaussures, ni même pour déposer son sac. D’un pas empressé, elle s’avança vers moi, avant de se laisser tomber mollement au bout du canapé. « J’en ai marre. » Commença-t-elle en soupirant. Marre de qui ? De quoi ? Pour quelle(s) raison(s) ? Mystère. J’attendais qu’elle s’exprime, qu’elle me dise le fond de sa pensée, puis j’ai légèrement secoué la tête. C’était vrai, j’avais oublié ce « petit » détail, qui avait aujourd’hui tendance à m’énerver plus que jamais. Ma sœur s’épanchait rarement sur ses états d’âme, ces derniers temps. Ou plutôt, elle ne s’épanchait plus du tout sur ses états d’âme, ces derniers temps. Elle esquissa un geste pour poser son sac à main sur la table basse de son salon, fixant des yeux un point qui m’était inconnu. Oh Francesca, je t’adore, mais dans ces moments là, j’ai juste envie de te claquer pour ton manque de coopération. J’avais la désagréable impression d’être mis à l’écart, comme un paria qu’il fallait à tout prix éviter. « Puisque tu ne sembles pas décidée à parler… » Dis-je, suspendant ma phrase volontairement, en espérant que ça la fasse réagir. Mais non. Rien de rien, elle restait silencieuse, et m’écartait de sa vie. Elle ne semblait pas s’en rendre compte, mais j’avais le sentiment d’être délaissé. Suite à cette maudite soirée du quatorze février, j’étais obligé de rester cloîtrer toute la journée dans un appartement, afin de me reposer le plus possible. Comme je m’y étais attendu, il n’avait pas fallu deux jours pour que je regarde les heures passer. Je m’ennuyais comme jamais, attendant avec impatience le retour de ma sœur, chez qui j’avais transféré mes quartiers jusqu’à la fin officielle – qui ne dépendait que des médecins, d’ailleurs – de ma convalescence. Comme d’habitude, Francesca avait été un ange ; elle avait accepté de me prendre sous son aile, et vérifiait toutes les deux minutes que je ne manquais de rien. J’avais pour mot d’ordre « repos », « calme » et « éviter toutes les contrariétés ». Visiblement, Francesca mettait un point d’honneur à les respecter à la lettre. Complètement infantilisé, j’avais été relégué au même plan que ma nièce. Si sur certains points, j’étais plutôt avantagé, je devais reconnaître que sur d’autres, ça m’agaçait plus qu’autre chose. A commencer par cette manie de vouloir me protéger à tout prix ; je n’étais pas en sucre et je n’allais pas m’effondrer au moindre pas que je ferai. J’aurais aimé qu’elle me laisse vaquer un peu plus, qu’elle me donne plus de liberté, qu’elle ne rechigne pas à me donner sa fille à garder. J’aurais aimé qu’elle me parle de l’université, des derniers scoops en date, de ses cours et de ses amours. Mais, comme si elle voulait me préserver, elle évitait tous les sujets qui avaient un rapport avec son quotidien universitaire. Je me suis contenté d’hausser les épaules, attendant avec impatience que la crise passe. J’ai repris mon livre, détournant les yeux. A défaut d’aller en cours, je pouvais au moins faire semblant de travailler… Ou pas. Quelques longues minutes plus tard, ne pouvant plus supporter le regard insistant de ma sœur sur ma petite personne, j’ai murmuré : « Arrête. » Je suis resté parfaitement immobile, prétendant être faussement plongé dans les notes que j’avais prises lors d’un cours sur Aristote. J’avais l’impression de relire cette feuille depuis des jours entiers. C’était officiel, j’allais finir par détester cette période de convalescence. « Je t’en prie Francesca, arrête. Je suis toujours là. » Explicitais-je, finissant par quitter des yeux l’épais livre que je tenais entre mes doigts. Sous-entendu, « je suis toujours vivant ». Je me suis légèrement mordu la lèvre, regrettant déjà mes mots tranchants. Elle n’y était pour rien. Elle s’inquiétait pour moi. Elle avait peur d’une éventuelle rechute. Elle se montrait juste attentive, préventive et protectrice à mon égard, comme le lui avait demandé mon cardiologue. Elle ne faisait que respecter les ordres. « Excuse-moi. Tu ne mérites pas ça. » Dis-je honteusement, avant de baisser les yeux. Non ; elle méritait tout, sauf ça. J’avais l’impression d’être son nouveau fardeau, ou d’être le boulet attaché à son pied et qu’elle devait se traîner. Elle s’était pliée en quatre pour que le plus petit de mes désirs soit exaucé, et voilà comment je la remerciais. En m’adressant à elle sèchement, froidement, comme si elle avait été l’unique responsable de ma situation. Tout idiot que j’étais, je me dédouanais de toutes mes réactions, posant celles-ci sur le compte de la maladie. Sauf qu’elle avait bon dos, la maladie. Et si j’avais été un peu honnête envers moi-même, ne serait-ce qu’une seconde, je me serai tout de suite aperçu que je n’étais qu’un connard arrogant, qui cherchait à se défiler de toutes ses responsabilités. Je reportais mes frustrations sur ma sœur, sur la maladie, et sur tout ce qui me venait à l’esprit, alors que j’étais le seul à blâmer. Pitié, il était grand temps que j’accepte et que j’assume ce qu’il s’était passé. Et il était aussi grand temps que cette foutue convalescence se termine, avant que je n’aille trop loin avec ma sœur, et que je ne regrette trop amèrement ma cruauté. « Je suis désolé ma Frani. » Murmurais-je, me redressant légèrement pour poser mes lèvres sur sa joue. Désolé pour ma connerie, désolé pour mon humeur exécrable, désolé de m’imposer à toi comme une fatalité à laquelle on ne peut échapper. Comme pour reléguer au second plan cette fatalité qui me comprimait de l’intérieur, j’ai posé mon livre et mes notes sur la table basse. Il fallait que je sorte d’ici, que je prenne l’air. Être enfermé allait finir par me rendre dingue, à la longue. « Ce soir, je vais à cette exposition. » Déclarais-je d’un ton autoritaire, bien décidé à mettre mes dires en pratique. La municipalité de San Francisco avait eu l’excellente idée d’organiser un gala de charité, pour une cause qui m’était totalement inconnue. Habituellement, je n’étais ni un grand fan des galas, ni des réceptions interminables, ni les soirées mondaines. Pourtant, la simple idée d’être de sortie ce soir, de revoir du monde, de renouer avec mon « ancienne » vie, me faisait plus que plaisir. Enfin, je n’allais plus être enclavé dans cette étiquette de « malade en convalescence ». Là-bas, dans le musée d’Art de San Francisco, personne ne me regarderait comme un malade condamné. Ma décision était donc prise, et rien ni personne ne me ferait changer d’avis. Francesca pouvait hurler, pleurer, crier, se rouler par terre que ça n’aurait rien changé. « Ouais, ça me fera du bien. » Concluais-je, d’un ton sans appel. Le regard noir qu’elle m’adressa en disait long sur ce qu’elle pensait de cette idée saugrenue, mais elle s’abstint de tout commentaire. Le cœur plus léger, j’ai repris mes notes, détournant mon attention de ma sœur préférée.

A vingt et une heure précises, je faisais mon entrée dans le musée d’Art de San Francisco. D’un pas assuré, j’ai traversé le couloir blanc qui menait à la salle principal, jetant un coup d’œil à la fois émerveillé et admiratif sur les œuvres qui trônaient dans l’espace. Des sculptures se succédaient les unes après les autres, annonçant le thème de l’exposition. Depuis ma plus tendre jeunesse, j’avais eu l’occasion, à de multiples reprises, de me rendre dans les plus grands lieux culturels qui étaient donnés à voir. J’avais arpenté des dizaines de musée, vaqué dans les plus grands châteaux, observé les plus belles pièces artistiques qui avaient été créées. Perdu dans ma contemplation d’un tableau, ignorant le brouhaha ambiant généré par les autres personnes présentes, j’ai pourtant relevé la tête alors que l’on m’appelait. « Monsieur Pelizza Da Volpedo ! » S’exclama le conservateur de musée en me faisant un petit signe de main, alors qu’il s’avançait vers moi à petits pas précipités. Il contourna un petit groupe en soupirant, levant les yeux au ciel. L’homme trapu semblait avoir du mal à se faire une place parmi ses pairs, et semblait être ignoré de tous. Pourtant, c’est avec un air à la fois réjoui et empressé qu’il se dirigea vers moi ; au milieu de tous ces requins de la finance, je devais être l’une des personnes qui se rapprochaient le plus de ce qu’il qualifiait « les passionnés ». Contrairement à d’autres, je n’étais pas là pour faire ou parler business ; comme il me l’avait si bien expliqué à de nombreuses reprises, il m’appréciait « parce que je ne dénaturais pas l’art ». Franchement sceptique face à ces propos, j’avais cogité, et j’en étais arrivé à la conclusion qu’il aimait mon côté désintéressé. « Je suis ravi de vous revoir. Vous vous êtes fait discret, ces derniers temps… » Commença-t-il, alors que je percevais clairement le reproche qu’il sous-entendait. Je n’ai pas cherché à relever ; j’avais encore le droit à ma vie privée, n’en déplaise à ce vieux conservateur old school. « Mais je suis néanmoins ravi de vous revoir. J’étais sur que vous feriez acte de présence à ce gala. » J’ai hoché la tête, osant même lui adresser un vague sourire, en guise de remerciement. J’ai baissé la tête, légèrement gêné par ce compliment déguisé. Je savais très bien ce qu’il pensait de moi ; que j’étais quelqu’un de bien, de sympa, d’honnête, et de simple. Sauf que plus le temps passait, plus je m’apercevais que j’étais tout, sauf ça. Je n’étais pas là pour lui faire plaisir, ni même pour ce foutu gala de charité à la con. A vrai dire, je détestais les galas de charité, parce qu’il n’y avait rien de naturel ou de spontané. Les chèques signés n’étaient déposés que pour se donner une bonne image auprès des autres, que pour soulager une conscience souillée. Et là, au milieu du gratin de San Francisco et des environs, j’avais l’impression d’être aussi hypocrite qu’eux. J’avais une certaine tendance à ne voir que le mal, que le mauvais côté des choses, ces derniers temps. Mais bon, autant être faux jusqu’au bout. « Evidemment. Je sais que ma place est là. » Parce que oui, c’est bien connu, Sandro Vittorio Pelizza Da Volpedo est un saint. Et si le saint n’est pas là pour faire le bien sur terre, qui le fera ? J’ai préféré opter pour la carte de la nonchalance et du désintéressement, alors que le conservateur m’enfermait dans une discussion que je ne voulais pas avoir. Nos regards divaguèrent de toile en toile, alors que l’initiateur de cette soirée me faisait partager son savoir par le biais de légers commentaires, et agrémentait le tout de petites anecdotes bien trouvées. Dans un contexte scolaire, il aurait probablement fait des merveilles ; sauf qu’en ce qui me concernait, je savais tout cela depuis bien longtemps. « Votre don oratoire vous permettrait… » Commençais-je, détournant les yeux d’une toile dont je connaissais déjà les recoins par cœur. Néanmoins, je me suis brusquement arrêté, alors que mon regard apercevait une personne qui m’était familière. Micah Withmore-Sinclair, ma Micah Withmore-Sinclair, en personne. J’ai posé un regard insistant, bien qu’involontaire, sur celle qui m’était si chère. Non. Non, c’était impossible. J’ai légèrement secoué la tête, souhaitant à tout prix rompre cette vision illusoire. Puis, comme pour confirmer que ce que j’avais vu précédemment n’était qu’un mirage, j’ai reposé les yeux sur mon centre d’intérêt. Mais non, je n’avais pas rêve. Elle était là, ici, dans ce musée d’Art de San Francisco. Elle était là, présente à ce gala de charité. Malgré ce maudit quatorze février, malgré sa maladie et les tours qu’elle lui avait joué, elle était là. Etait-elle devenue stupide ? Ou simplement inconsciente ? Et je ne parlais pas de son père ; ou était passé l’homme prévenant et inquiet qu’il avait été autrefois ? En principe, il aurait veillé sur elle nuit et jour, mettant entre parenthèses toutes ses activités. Il aurait accordé son temps précieux à sa fille, concrétisant ses moindres volontés. Mais non ; apparemment, la famille Withmore-Sinclair avait décidé de jouer la carte du laxisme. Et vu la réputation que se traînait la fille avec qui vivait Micah, je me disais qu’il ne valait mieux pas qu’elle interfère dans la vie de celle qui comptait temps à mes yeux. Elle ne s’en porterait que mieux, j’en étais persuadé. « Excusez-moi… J’ai été distrait. Vous disiez ? » Dis-je en reportant mon attention sur le conservateur. C’était plus fort que moi ; je n’en revenais pas. Depuis que j’avais identifié Micah, mon regard, tel un automatisme, se déportait sur elle. Je la surveillais du coin de l’œil, guettant ses moindres réactions, ses moindres gestes. Dès l’instant où je la savais dans la même pièce que moi, elle devenait une véritable obsession. Je me sentais obligé de la garder à l’œil, de veiller sur elle, même de loin. Mais tout ça, ce n’était qu’une illusion. Je me complaisais moi-même dans ce mensonge, que j’avais fabriqué de toute pièce, pour justifier mon comportement coupable. Je n’étais ni sympa, ni prévoyant, ni quoique ce soit d’autre à l’égard de Micah. Non, j’étais dépendant. J’étais dépendant d’elle, autant que je l’avais été autrefois. J’étais dépendant d’elle, encore et toujours, et cette vérité s’était imposée d’elle-même lorsque nous nous étions recroisés par hasard, au cours d’un bel après-midi. J’étais dépendant d’elle, parce que pour moi, elle était tout. Elle représentait tout. Je me faisais purement et simplement pitié. J’aurais dû pouvoir reprendre le dessus, me concentrer sur autre chose, envoyer valser Micah comme j’avais envoyé valser un tas d’autre fille. Mais non ; elle était encore et toujours là, fidèle au poste. Le conservateur du musée ne sembla pas s’apercevoir de mon trouble ; et si jamais ça avait été le cas, il était resté très professionnel, continuant son monologue comme si de rien était. Mais cette soirée s’acheva à l’instant où mon regard a croisé celui de Micah Withmore-Sinclair. Ça n’avait été qu’un court échange visuel, pendant lequel nous nous étions observés. Nos visages étaient fermés, et aucun signe ne fut esquisser pour nous saluer. Non, nous nous regardions simplement dans le blanc des yeux, ne sachant trop comment réagir. Et pourtant, paradoxalement, aucun d’entre nous ne chercha à rompre le contact visuel. Finalement, une tierce personne – que je n’avais jamais vu auparavant – s’immisça entre nous. Par chance, ce fut pour un laps de temps relativement court ; en effet, celui-ci ne trouva rien de mieux que d’entraîner Micah dans son sillage pour s’avancer… vers ma petite et misérable personne. Ô joie ! Et comme si la situation n’était déjà pas assez critique, le vieux conservateur ne trouva rien de mieux à faire que s’éclipser pour un moment. Génial, décidément, c’était ma soirée ! Je devais bien reconnaître que j’appréhendais, pour une raison qui m’était inconnue, ces retrouvailles. Il y a encore peu de temps, j’aurais été plus que ravi de recroiser Micah sur mon chemin ; sauf qu’aujourd’hui, la donne avait changé. Je n’étais pas sans savoir que la soirée du quatorze février avait failli tourner au drame, pour elle. J’avais su trouver les arguments convainquant auprès de mon cardiologue pour qu’il se renseigne sur une certaine Micah Withmore-Sinclair. A grands renforts de menaces toutes plus tordues les unes que les autres, il avait fini par céder, excédé par mon comportement. « .Oh, vous vous connaissez ? J'en déduis que je vous laisse entre de bonnes mains dans ce cas. » Ça, tu l’as dit mon gars ! Songeais-je en roulant des yeux. Réalisant l’emprise qu’elle avait sur moi, je me sentais affreusement démuni face à mon ex petite amie. J’ai osé un vague sourire, sans grande conviction, alors qu’elle parlait de sa malchance. Je ne cherchais pas à me moquer d’elle, loin de là ; je voulais simplement me montrer compatissant. Cependant, je savais déjà que j’allais être reçu, vu le ton qu’elle avait envoyé précédemment pour s’adresser à l’inconnu. Ce dernier, apparemment rassuré de voir qu’il laissait Micah entre de bonnes mains, s’éloigna à son tour. Nous n’étions plus que deux. Elle et moi. Face à face. Enfin… Si on pouvait appeler ça un face à face. Je restais silencieux, incapable d’esquisser le moindre geste, tandis que Micah comblait le silence gênant avec quelques banalités d’usage, qui ne m’étaient même pas destinées. Mouais. On avait connu mieux, comme face à face pour des retrouvailles. Cette situation ne me laissa rien présager de bon. A juste titre, apparemment. Parce que le premier vrai regard qu’elle m’a lancé fut pour me toiser. Nous nous observions, silencieusement, attendant que l’autre baisse les yeux. Je fus le premier à agir, saisi par un atroce sentiment de honte et de culpabilité. Pourquoi ? Envers quoi ? A cause de quoi ? Je n’en avais aucune idée. Mon cœur s’emballa alors qu’elle me souhaitait de passer une bonne soirée. Pardon ? Est-ce qu’elle venait vraiment de me dire ça comme ça, de but en blanc, sur un ton parfaitement banal ? Et était-elle vraiment en train de s’éloigner, comme si de rien était ? Oui, absolument. Mais non, ça n’allait pas se passer comme ça. Je ne comptais pas rester planté comme un idiot, au milieu d’une salle bondée. Je voulais comprendre pourquoi elle agissait ainsi, alors que je ne pensais pas avoir fait quelque chose de mal. « Attends… » Dis-je, esquissant un geste pour la rattraper. Mes doigts blafards s’enroulèrent autour de son poignet, la stoppant net dans son élan. Elle se retourna vers moi, et à nouveau, nous avons partagé un long regard, sans échanger le moindre mot. « Tu… Tu me fuis ? » Demandais-je en écarquillant les yeux, réalisant soudainement que le comportement de Micah était franchement étrange. Elle avait toujours été optimiste, elle avait toujours été courageuse, elle avait toujours fait face. Alors pourquoi réagissait-elle ainsi ? « Qu’est-ce que j’ai fait ? » Demandais-je, franchement incrédule. Puisqu’apparemment, j’étais noté sur sa liste noire, autant que je sache pourquoi j’occupais cette place de choix.
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MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyMar 20 Mar - 23:13

the hardest story that I've ever told. No hope, or love, or glory. Happy endings gone forever more
Ma présence en ces lieux n'avait aucun sens, je me demandais encore ce que je faisais là et comment j'avais réussi à me laisser piéger par ce genre d'aventure. Du moins, en coulisse, ma présence au musée d'art de San Francisco n'avait aucun sens, en réalité et aux yeux de tous, elle était de loin appréciée. Mon père était du genre à se trainer à toutes les œuvres de bienfaisance, grande âme saturée d'une bonté sans frontière, il était donc normal que ,moi sa fille, je fasse moi partie du cortège. Néanmoins j'étais malade, donc ma présence ici en perdait tout sont sens, surtout au vue de ma démarche maladroite et du teint blême que j'arborais vilainement. Cherchant à justifier ma présence en ces lieux, je me cherchais mille excuse partant du '' de toute façon si je devais m'arrêter au fait que je suis leucémique, je n'aurais jamais pointé le bout du nez dehors '' jusqu'au plus véridique '' Némésis m'a forcée ''. Celle-ci me plaisait bien. Ce soir Némésis porterait le fardeau de toutes mes plaintes, mes doléances les plus sournoises, mes jérémiades accusatrices, j'en passe et des meilleurs. Elle qui s'apprêtait à passer une bonne soirée, en une compagnie autre que la mienne qui plus est, allait se retrouver à m'entendre ruminer mes maux jusqu'à ce que je n'obtienne satisfaction, à savoir retour à la maison. J'avais enfin trouvé mon petit challenge de la soirée, enquiquiner Némésis jusqu'à ce que mort s'en suive. Néanmoins Némésis je n'avais plus et mes plans tombaient à l'eau tandis que mon visage virait au blanc linge. Voilà que quelqu'un se portait volontaire, sans vraiment se porter volontaire, pour reprendre le flambeau. Et celui-ci, qu'on me le préserve, allait prendre tellement tarif de ma part que cela en amuserait peut-être la galerie au bout du compte. Sandro Pelizza Da Volpedo, évidemment, pourquoi n'y avais-je donc pas pensé plus tôt. Il était de la dernière génération d'une famille d'artistes, de peintres ! Nous étions dans un musée d'art, sa présence était d'autant plus justifiée que ne l'était la mienne. D'autant que je me rappelais sur l'instant que nous avions discuté de nos projets, un après-midi il n'y a pas si longtemps que cela et qu'il avait exprimé le souhait de faire dans la charité. Évidemment mon mignon, tu ne pouvais pas faire cela un soir où je n'étais pas. Nop, obligé de s'immiscer dans ma vie, même lorsque je n'étais plus au commande de mes propres choix. Raison de plus pour déguerpir et rapidement. Alors que je me tenais droite comme un piquet à sa gauche, laissant échapper l'investigateur même de ma déchéance a savoir l'assistant de mon père, je poussais un vague soupir, envoyant mes prunelles valser avec le plafond dans un profond signe d'exaspération. Finalement peut-être que j'étais une victime. La vie parfois s'amuser à nos dépends, un peu comme les sims, certains sont traités comme des rois, d'autres like crap. Sans difficulté, on devinait que je me classais dans la seconde catégorie, leucémique, croisant son ex à tous les coins de rues possibles et imaginables, essuyant une fusillade le jour de la saint-valentin. Bref. Dieu, ou quelconque entité supérieur en laquelle je ne reconnais aucune croyance, est un vieux monsieur qui joue sur son ordinateur et moi, je suis le sims qu'il aime voir déprimer. Voilà que mon pessimisme tout neuf et tout récent me faisait perdre les pédales. Parfois je me désespérais moi-même, mais ce n'est rien Micah, tu te tiens à coté de l'amour de ta vie, qui se préoccupe plus de la marque de ses pompes que de toi et qui doit probablement te regarder avec anxiété à présent, attendant une quelconque réaction, mais à part ça tout va très bien. L'assistant de mon père me laissait entre '' de bonnes mains '' et moi j'avais l'impression qu'il me donnait à bouffer en pâture au lion. J'exagérais, évidemment, j'étais dans mon petit quart d'heure de drama queen à me demander qu'elle était la prochaine calamité qui allait me tomber sur le coin du visage. Poussant un second soupir, accompagnée de quelques paroles d'usages, souhaitant la bonne soirée à Sandro sans vraiment y accorder quelconque crédit, à sa bonne soirée, je me décidais à détaler. Après tout, je n'avais rien à lui dire proprement, j'étais bien trop timide, polie, gentille, mais surtout, surtout accrocs à lui pour lui balancer un tas d'horreurs au visage. Si certaines filles en faisaient un passe temps, presque un sport ici, moi je n'étais pas de ce bord-là. Autant en rester sur des politesses avant que je ne m'emporte vers quelques sarcasmes qui ne me ressemblaient pas. Car évidemment, j'étais la gentillesse incarnée, mais j'étais surtout profondément blessée par son comportement passé, par les rumeurs qui couraient sur lui, bref, par tout ce qui le concernait de prêt ou de loin, pour pouvoir faire semblant que tout allait bien, lui sourire et même discuter comme lorsque nous nous étions retrouvé la dernière fois. Gentille, mais pas stupide, encore moins masochiste. Je tournais les talons, cherchant désespérément Némésis dans la foule, prêt à lancer un appel à l'aide pour me dépêtrer de cette situation que j'anticipais sans peine comme dangereuse. Si je lui parlais plus longtemps, j'allais fort probablement en ressortir plus mal que je ne l'étais déjà. Mal physiquement, je n'avais pas envie que le moral ne s'abaisse à l'état de mon physique. Me mordant la lèvre du bas, je levais les prunelles vers l'escalier, toujours à la recherche de ma protectrice, quand je sentie une main se saisirent de mon poignet. « Attends… » Oh non, ne me demande pas ça. Ma réflexion dura un quart de second, électrocutée par le contact de sa peau sur la mienne, le temps de réaction me dura l'espace d'un éclair avant que je ne me retourne et ne lui adresse un regard noir dont il ne devait pas, ou plus, avoir l'habitude. Je ne savais pas en fait, si j'avais déjà agis de cette façon avec lui, je n'avais pas souvenir en tout cas. En même temps lorsque nous avions été un couple, il était une fois, je n'avais jamais eut aucune raison de lui en vouloir. Jusqu'à aussi loin que remontait mes souvenirs, mon Sandro avait toujours été parfait sous toutes les coutures. Néanmoins à savoir s'il était encore Mon Sandro, ça c'était à voir. Jugeant ses dernières actions au cours des semaines précédents le bal de la saint-valentin, je devinais que non, mais qui sait. J'étais probablement encore assez idiote pour me raccrocher à notre passé. J'avais changé, lui aussi, deal with it ma petite Micah. Mes prunelles le détaillant avec aigreur, je lâchais un grondement furibond à son égard. « .Lâche...moi. » grognais-je les dents serrés, reprenant mon poignet moi-même en tirant un coup net. J'avais pris soin de détacher mes mots, mais de ne pas perdre le timbre de voix acerbe que je lui adressais. S'il n'avait pas compris que cela n'allait pas et que je n'étais pas d'humeur à le côtoyer ce soir, ni un autre d'ailleurs, au moins désormais le message était clairement passé. Lâche-moi, contrastant avec nos éternels '' ne me lâche pas '' passé, ce soir le monde tournait à l'envers, avant de probablement tomber en lambeaux ou s'écraser lorsque minuit sonnerait. Il était vingt et une heure trente et il nous restait encore quelques heures pour nous mettre à mort chacun notre tour. Bien qu'à vrai dire il n'avait aucune raison de vouloir le faire pour moi, à part si je le blessais ce soir. Le blesser. Jamais de la vie. Du moins, je me faisais la promesse de ne jamais le faire, mais parfois je réfléchissais en même temps que je parlais et les mots sortaient tout seul, dommage. Quand bien même, lui ne s'était pas privé, avec sa pom-pom girl ridicule. Je savais que laisser Némésis me lire les potins de Watch Out et me raconter les derniers gossips étaient une mauvaise idée, mais j'étais trop bonne à l'époque pour dire à Némé que je me foutais qu'untel et untel sortaient ensemble. Sauf lorsqu'elle m'avait sorti le « Oh tu sais ! Le gars là. Sandro avec qui tu discutais. Il se fait une cheerleader. Paraît que c'est le grand amour. » . Et le bal de la saint-valentin n'en parlons même pas, mauvaise idée d'y aller, je le savais dès le départ, mais encore une fois, ma gentillesse avait eut raison de moi. Levant les yeux au ciel, je m'éclaircissais un instant la gorge, comme pour rompre le silence qui venait de s'installer, massant mon poignet avec insistance sans pour autant qu'il ne soit endoloris, réflexe surement. « Tu… Tu me fuis ? » devines tiens que je te fuis. Perspicace mon italien ce soir à ce que je vois. J'osais lever mes prunelles vers son visage, annotant ainsi qu'il me contemplait presque médusé par mon comportement. En même temps il avait le droit, depuis la fusillade, j'agissais n'importe comment. Mon attitude parfois revêche révélait mon angoisse de subir encore une nuit affreuse comme celle-ci et, mais surtout mon angoisse de vivre dans un monde comme celui-ci. Pessimiste, j'ai dis. Je poussais un soupir, ne voulant pas lui répondre, je baissais le regard désemparée par ma propre attitude. Bien sur que je le fuyais, sauf que j'aurais largement préféré qu'il ne s'en rende pas compte. M'apprêtant à juste lui dire de laisser tomber, que je n'étais pas au meilleur de mon humeur et que cela irait mieux plus tard, histoire de mentir un bon coup sur mes pensées quant à sa petite personne, je fus néanmoins coupée dans ma perspective. « Qu’est-ce que j’ai fait ? » Son ignorance foutu le feu à mon cœur, mon sang se répandant dans mes veines comme une trainée de poudre, consumant le reste de mes membres avant même que je n'eus le temps de réagir. Même pas capable de se rendre compte de ses conneries. Même pas capable de se rendre compte qu'il avait merdé, à sortir avec tous l'inverse de ce que j'étais quelques jours après nos retrouvailles, à ne jamais prendre de mes nouvelles, bref, la totale. Je levais les yeux au ciel, exaspérée de constater qu'il s'en foutait encore plus que ce que je n'avais imaginé. J'essayais de me convaincre bien évidemment qu'il n'avait pas fait exprès, que son monde ne tournait pas autour de moi, bla bla bla et tous le monde il est beau il est gentil, parce que moi je suis gentille. Hé bien hé bien, être gentille, ça va un temps il paraît, je m'en rendais bien compte. « .Je ne sais pas. Tu préfères te dire que je te fuis ou bien que ta présence m'indiffère tellement que mon attention se déporte sur le reste de l'assemblée ? . » répliquais-je, irritée au possible par le pseudo air innocent qu'il se donnait, au choix, je te fuis ou bien je m'en fiche que tu sois ici, je me fous de ce que tu peux penser, donc crois ce que tu veux, c'est le cadet de mes soucis. Mes mots s'étaient échappés sans préavis, le défiant du regard, armée de ma rancœur, je le dévisageais prise d'une certaine animosité. Néanmoins, je me rendis rapidement compte que mes mots avaient dépassé ma pensée. L'indifférence n'existait pas entre nous, même si à présent j'aurais tout donné pour que ce soit le cas, et que j'étais allée trop loin. Je mentais pour me protéger, mais de là à dire que sa présence m'indifférait, j'avais tous de même des limites et je venais de les franchir. « .Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça, ce n'est pas vrai. » m'excusais-je platement, baissant le regard pour contempler mes chaussures, honteuse de mes paroles acerbes. Au fond, si je voulais le dire, seulement j'étais trop lâche pour me l'avouer, alors le lui dire à lui. N'importe quoi. Je n'étais pas du genre à dire des choses pour blesser les gens, même si eux ne m'épargnais pas en retour, j'avais un certain code d'honneur, des valeurs. D'autant que le blesser lui, au fond cela me blessait carrément plus de le rabaisser, car malgré tout ce qu'il pouvait faire de mal, de bien, de maladroit, d'assuré, de ceci, de cela, il resterait toujours le mien, Mon Sandro. Mon Sandro qui ne sait pas ce qu'il fait et qui donc, sort avec des filles plus ou moins bêtes, se sentant obligée de porter des talons pour arriver à la cheville des autres, dont la cervelle se loge dans les fesses et pas dans le crâne. Et la voilà repartie. Relevant mon regard vers lui, je me retrouvais encore à le toiser avec méfiance, distinguant ses traits un à un. Il l'avait fait exprès. Sortir avec quelqu'un quelques jours après m'avoir vu moi, dans la rue. Après tout, Pelizza Da Volpedo ou pas . Bah alors. Sa famille se trimballait une réputation de connard assoiffés de fesses, cela m'étonnait que celui-ci soit blanc comme neige. Aveuglée par la petite colère que je me montais seule, je décidais finalement de repartir dans le côté obscur. Lunatique un peu ? « .Non. Tu sais quoi, ne m'excuse pas en fait. Tu le mérites. » affirmais-je comme pour m'en convaincre moi-même. Tu le mérites, tu me brises le cœur. Tu le sais pas encore, t'inquiète pas, ça va venir, paroles de femme blessée. Me tenant à ses côtés, je fis mine que tout allait bien afin de ne pas affoler les convives nous encerclant, distribuant parfois quelques sourires à ceux qui osaient poser un regard sur notre duo, saluant ceux qui se pressaient à notre rencontre. Un père célèbre et une famille complète célèbre pour mon camarade, notre présence attisait la curiosité de certains qui n'hésitaient pas à venir à notre rencontre, discuter rapidement avec les héritiers de la science et des arts que nous étions. Tu vois, si t'étais pas aussi con, on aurait fait des miracles ce soir. Finalement le brouhaha autour de nous se dissipa, dieu merci je commençais a en avoir le vertige et c'est lorsque la dernière personne nous saluant eut déguerpi vers d'autres aventures que je balançais à l'égard de Sandro un vague... « .Regarde, c'est comme tu l'avais promis la dernière fois qu'on s'est vu. Toi, moi. Un gala. » . Neutre. Pas de colère, rien, presque de l'indifférence pour le coup, pourtant je lui parlais donc niveau indifférence, je repasserais. Ne lui adressant aucun regard, je déportais mon attention vers une toile siégeant non loin de là, faisant mine de m'intéresser à l'œuvre alors qu'il n'en était rien. « .A la différence c'est que là c'est toi d'un côté, moi de l'autre. » constatais-je alors à son adresse. Pourtant je ne pris même pas la peine de le regarder, je constatais juste, cherchant à lui faire comprendre qu'il y avait bel et bien un fossé entre nous. Fossé que nous avions constaté lors de notre dernier intermède mais que nous nous étions évertué à racoler à la fin de nos dernières conversations, ma main touchant avec douceurs ses cheveux, le soleil californien baignant nos échanges de chaleurs. Sauf qu'aujourd'hui, le fossé était d'autant plus grand qu'avant. Le temps avait fait son travail entre la rupture et les retrouvailles, certes, mais ses agissements avaient fait bien pire à mes yeux. Mes prunelles détaillant le tableau sans vraiment le faire, mon attention fut toutefois captée par un serveur s'immisçant entre nous, nous tendant un plateau sur lequel était déposé plusieurs verres remplis d'un cocktail orangé et d'ombrelles. J'en pris un dans mes doigts, espérant qu'ils ne soient pas alcoolisé. Quoi que même si ils l'étaient, je crois que c'était tout ce dont j'avais besoin à présent. Et puis, une idée me traversant l'esprit, j'adressais un regard à Sandro, pointant mon verre vers le sien, le forçant à trinquer avant qu'il n'eut le temps de s'en rendre compte. « .Pas de cerises dans ces cocktails-là, pas de strip-teaseuse pour te donner la popote. Déception ? Ah, ces galas. Jamais à la hauteur de nos attentes. » ajoutais-je au cliquetis de nos verres, forçant mes lèvres d'un sourire narquois. Sarcasme ? Réflexion désobligeante vainement masquée plutôt. Si tu n'as pas compris que je t'en voulais mon pote, dur pour toi. Je me désespérais, à agir, parler de la sorte. J'avais surtout envie de rentrer chez moi, me foutre sous mes couvertures et ne plus jamais parler à qui que ce soit. Cette attitude ne me ressemblait pas et je devinais que Sandro en aurait aussi rapidement assez de mes remarques idiotes. Après tout, il était le caractériel de nous deux, moi la sage. Surtout que si il ne comprenait pas ce qu'il avait fait, moi je ne faisais pas dans le miracle. Si il se sentait innocent, ma foi tant mieux. Même si mon attitude ne dépendait pas que de lui, il en était en grande partie responsable. Cœur brisée, comme ont dit, je me retrouvais à dire et faire n'importe quoi par simple esprit de rancœur, même si la rancune, moi, je n'y étais pas accoutumée. Poussant un soupir vaincue, buvant d'une traite de verre que je tenais la dans main – dégueulasse au passage – finalement je me décidais à lui adresser mes prunelles. « .C'est bon. J'arrête mes commentaires désobligeants, on as pas besoin de ça. Je n'ai aucune envie de me disputer, ni même de parler avec toi, Sandro. » Même si, comme tu peux le constater, je ne peux pas m'en empêcher. Mais enfin, rendre les armes étaient un bon début, s'il ne voulait pas que je lui foute le feu devant tous le monde. Quoi que. Il n'avait qu'à dire une poignée de mot pour me brûler vivante, rien qu'à distance, avec les ont dis et les choses que j'avais vu, même sans me parler, ni même m'adresser un regard, il arrivait sans problème à me briser en mille morceaux. L'effet Pelizza Da Volpedo dit-on. C'est ça d'aimer inconditionnellement les mauvaises personnes Micah, du moins la mauvaise personne. Parce que même après des années de séparation, ça ça n'avait pas changé, je m'en rendais très bien compte à présent, vu l'attitude et la semi esclandre que je faisais. Mais enfin, haussant les épaules et manifestant mon désir de faire autre chose que de rester dans cet endroit calamiteux, je poursuivis. « .Je préfère arrêter cette conversation et m'en aller avant de te dire quelque chose que je regretterais plus tard. Je n'ai jamais été méchante, je ne veux pas commencer maintenant. » dis-je sur un ton simple, pas de colère, mes vérités les plus vraies. Poussant un soupir, vaincue je lui adressais un pauvre sourire navré, mes lèvres se pinçant en un rictus désemparé. « .Et la réponse à ta question c'est : Rien. Tu es juste toi. Et je crois que je suis juste... moi. » Et il ferait mieux de se contenter de cela, sinon j'avais bien l'impression que s'il commençait à se justifier, je n'allais pas m'excuser du regard bien longtemps. Excuse bateau à la con. Mais enfin, il était lui. J'étais moi et depuis quelques temps, nous vivions tous deux dans deux mondes différents. Plus cela allait plus j'avais l'impression que cela ne pourrait jamais être comme avant. Au fond je dramatisais, je le savais. Mais qui pouvait m'en blâmer, j'étais l'une des survivantes du quatorze février, par deux fois. Une fois protégée des balles, une seconde étranglée par la maladie, on m'avait porté assistance dans les temps. J'avais tous les droits de dramatiser. It's you, it's you, it's all for you, everything I do. I tell you all the time, heaven is a place on earth with you. Tell me all the things you want to do. I heard that you like the bad girls, honey, is that true ?
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MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptySam 24 Mar - 22:08


De la figuration. Voilà ce que j’étais venu faire ici. J’avais voulu sortir, voir du monde, éviter de rester enfermé toute la journée. J’avais voulu m’évader de mon quotidien pesant, prendre du temps pour moi, me retirer de l’autorité et de la présence de Francesca, juste pour une courte soirée. Oh oui, tout cela, je l’avais ardemment voulu, ardemment désiré. Lorsque, quelques heures plus tôt, j’avais annoncé les desseins de ma soirée à ma sœur, elle avait gardé le silence, mais ne s’était pas gênée pour me faire comprendre, en un regard, qu’elle désapprouvait totalement. Surprenant ? Venant de sa part, pas franchement. Nous avions toujours été proches, très proches même, parfois peut-être même trop proches. Tellement proches que depuis que j’étais sorti de l’hôpital, j’avais déménagé mes quartiers dans la villa de ma sœur. Ça avait été la seule condition de mon cardiologue pour me signer mon formulaire de sortie. Cependant, je devais bien reconnaître que cette décision arbitraire m’avait plutôt arrangé ; après cette maudite soirée du quatorze février, j’avais envie de tout, sauf de me retrouver seul. D’ordinaire, je n’aimais déjà pas particulièrement la solitude, mais en ces temps difficiles, c’était encore pire que d’habitude. Je devais me faire violence pour ne pas sursauter au moindre bruit imprévu. Sans aucun doute, on pouvait dire que j’avais été choqué par cette soirée. Mais en même temps, qui ne l’avait pas été ? Même mon frère, d’ordinaire si froid et distant, en avait lui-même pris pour son grade. Pour la première fois depuis bien des années, j’avais ressenti autre chose que de l’indifférence à son égard. C’était le seul point « positif » que j’avais trouvé à cette fusillade. Encore que. Je ne savais pas vraiment si le fait de ressentir de la compassion pour mon jumeau était une bonne ou une mauvaise chose. A voir. En tout cas, force est de constater que depuis le quatorze février, certaines choses avaient changé. Y compris mon état de santé, qui s’était brusquement dégradé, et le comportement de ma sœur, qui se conduisait désormais comme une mère avec moi. Parfois même, j’avais l’impression que ma nièce bénéficiait de moins d’égards que moi ; c’était dire. D’où, peut-être, mon besoin d’évasion. Je n’aimais pas la solitude, certes, mais je n’aimais pas non plus être trop entouré, trop choyé, trop chouchouté. Comme le dit le proverbe, « on n’est jamais mieux servi que par soi-même. ». Je refusais clairement de vivre au crochet d’une tierce personne ; au fond, je savais pertinemment que je voulais ne compter que sur moi. Sinon, ça aurait été comme signer, précocement, mon arrêt de mort. Dès l’instant où je devrai avoir besoin de quelqu’un, à mon chevet toute la journée, je saurai que j’aurai fait mon temps. Je ne m’apitoie pas sur mon sort ; je me suis fait une raison depuis quelques années, déjà. Ou plutôt, la divine Micah Withmore-Sinclair, ici présente à ce gala, m’avait aidé à me faire une raison. Optimiste, déterminée, enjouée, et aucunement fataliste, elle avait été, pour moi, une véritable bouffée d’air frais. Au détour d’un couloir, cette inconnue s’était adressée à moi. Je ne savais pas ce qui l’avait poussée à le faire, ni même quel était son but. La première chose que j’avais remarqué sur elle, c’était sa différence. Elle était différente, elle n’était pas comme les autres. En tout cas à mes yeux. Mon regard avait mis du temps à se poser sur sa petite personne, trop occupé à scruter les moindres recoins du couloir. Je ne voulais croiser personne, voir personne, ne parler à personne. Replié sur moi-même, presque recroquevillé sur ma chaise, vêtu d’un habit rêche qui ne laissait aucun doute quant à mon état de santé, j’attendais simplement que le sort s’abatte sur mon misérable compte. La fatalité et moi, une véritable histoire d’amour. Et puis finalement, parce qu’elle posait des questions intrigantes et qui franchement, n’avaient pas grand intérêt, j’avais daigné l’envelopper d’un regard. Et à ce moment là… A ce moment là, ça avait été le début de la fin. Ou le début du commencement, à voir. Ça dépendait sans doute du point de vue que l’on adoptait vis-à-vis de cette histoire. Mais moi, à cette heure-ci, coincé et soudainement à l’étroit dans ce musée d’art, je ne savais plus trop quoi penser. Cette rencontre, produit d’un pur hasard, avait-elle été une franche bénédiction ? Ou au contraire, m’avait-elle précipité un peu plus dans un profond désarroi ? Bonne question. Note pour moi-même : méditer sur ce point, la conclusion que j’en tirerai pourrait être des plus intéressantes. Mais pour l’instant, j’avais tout, sauf une seule seconde pour penser à tout ça ; en fait, j’étais plus occupé par la réaction inattendue de Micah. A peine avait-elle osé m’accorder un regard, que déjà, elle cherchait à déguerpir. La fuite n’était pourtant pas sa qualité principale, contrairement à moi. La personne forte, la personne courageuse, c’était elle. Elle qui prenait les devants, elle qui ne se laissait pas abattre, elle qui savait réagir avec parcimonie et tact. Elle m’était absolument complémentaire, et parfois, j’en venais à me dire que c’était pour cela que ça avait si bien fonctionné entre nous, si bien sur l’on outrepassait les sentiments que j’avais eu – et que j’avais encore, d’ailleurs – à son égard. Et pourtant, ce soir, elle agissait comme elle ne l’avait jamais fait. J’avais à peine eu le temps de la retenir en enroulant mes doigts autour de son poignet, que déjà, je réalisais que je venais de commettre une erreur. Une grosse erreur, même. Je m’étais autorisé un geste peut-être trop spontané, trop personnel, trop intime. Trop, toujours trop. Je ne savais pas sur quel pied danser avec Micah ; la dernière fois que nous nous étions croisés, nous avions presque renoué avec notre passé commun. Je sentais encore ses doigts courir dans mes cheveux, ses mains chaudes se poser sur mes joues, et j’entendais encore son ton rieur, enjoué. Mais aujourd’hui ? Aujourd’hui, cette complicité semblait s’être complètement évanouie, évaporée. Et ses paroles ne vinrent que confirmer mes doutes amers. Son simple « Lâche-moi » claqua dans l’air, et instantanément, mes doigts se retirèrent, comme si le contact avec sa peau m’avait brûlé. Ou l’avait brûlée, elle, vu la rapidité et l’agilité avec laquelle elle avait retiré son poignet. Action brève, courte, et pourtant, elle eut un effet dévastateur sur moi. Déjà, mes yeux balayaient honteusement le sol, évitant à tout prix le regard incendiaire de ma blonde préférée. Dire que j’étais mal relevait de l’euphémisme ; non, en réalité, j’étais au trente-sixième dessous. J’étais blessé, désemparé, incapable de réagir. Complètement à la ramasse, j’assistais, d’un œil impuissant, à ma propre déchéance. Un des deux Pelizza Da Volpedo qui s’effondre, moralement. Si Jeff avait eu l’occasion d’assister à la représentation de ce spectacle tragique, il aurait probablement jubilé. La maladie m’avait déjà partiellement rongé de l’intérieur, Micah n’aurait plus qu’à porter l’ultime coup pour m’achever. Ce coup fatal, qui ferait que je ne me relèverais pas. Bang bang, she shot me down. Je n’étais pas quelqu’un de particulièrement sensible, en général. Certes, comparé au reste des Pelizza Da Volpedo, j’étais nettement un cran au dessus dès qu’il s’agissait de sentiments, de compassion, d’empathie. Pourtant, je ne me considérais pas comme membre éminent de l’armée du salut ou d’une quelconque autre œuvre de charité. En revanche, étrangement, avec Micah, je constatais que tout était décuplé. Les sentiments, les réactions,… Je réagissais à l’extrême, passant du bien-être à la souffrance, des rires aux larmes, du soulagement à l’inquiétude profonde. Mon humeur, dès lors qu’elle était dans les parages, jouait au yoyo, et ma palette d’émotions se réduisait aux extrêmes. Tout était blanc, ou tout était noir ; aucune nuance de gris ne pouvait apparaître. J’ai pourtant fait un effort ultime, alors que je lui posais les deux questions qui me brûlaient les lèvres. Et si jusqu’à maintenant, je m’en étais plutôt bien sorti avec un pauvre mais dépitant « lâche-moi », j’allais désormais en prendre pour mon grade. Je ne pensais pas qu’il était possible de tomber plus bas, et pourtant, c’est sans aucune pitié qu’elle m’enfonça davantage. Au point où j’en étais, je n’avais plus qu’à creuser mon trou moi-même, et Micah se contenterait de me pousser dedans. Toujours un peu plus, je me rapprochais du gouffre, dans lequel elle semblait déterminée à me faire chuter. J’avais rarement vu Micah aussi acerbe, aussi grinçante. Surtout avec moi. Parce que oui, là, il fallait bien le reconnaître, ce n’était que de la méchanceté. Pure et simple, à mon égard. Si j’avais été de meilleure humeur, si j’avais été moins colérique, si j’avais été plus large d’esprit, je me serai peut-être contenté d’être simplement indigné face à sa réaction. Mais non ; comme toujours, face à elle, c’était blanc ou noir. En l’occurrence, là, la balance penchait clairement du côté du noir. J’ai dégluti, ne sachant pas franchement comment réagir. Rester impassible ? Carrément impossible. J’avais été touché au plus profond de moi-même, blessé comme je ne pensais jamais l’être. A côté, la maladie et les tracas quotidiens, ce n’était que du vent. Mille fois, je préférais subir une amboléctomie plutôt que d’entendre à nouveau ces mots secs et tranchants, qui m’étaient adressés. La gentille Micah, que j’avais tant apprécié, avait laissé place à une Micah perfide, méchante et cinglante, que je ne connaissais pas. Pitié, ne me dites pas qu’elle était en train de succomber à cette nouvelle mode débile, de filles qui veulent toutes devenir plus méchantes que leurs voisines d’amphithéâtre. Et sinon, me montrer gentil avec elle ? Certainement pas ; je pouvais être gentil, mais pas fou, ni crétin. Je venais de prendre la baffe la plus douloureuse de toute ma vie, et faire comme si de rien était à l’entente de ses paroles aurait été comme lui tendre l’autre joue pour qu’elle m’en recolle une. « Non. En fait, je préfère me dire que cette conversation s’arrête dès maintenant. » Annonçais-je platement, en haussant les épaules, alors que j’envisageais à nouveau de la regarder. Mon ton avait été calme, posé ; aucunement agressif ou plaintif, j’étais juste en train de constater les faits. Point final, à la ligne. Peut-être que pendant toutes ses années, j’avais été aveuglé. Peut-être que je m’étais trompé, lourdement trompé même, sur le compte de Micah. Peut-être qu’elle n’était pas aussi douce et gentille qu’elle paraissait l’être. Peut-être que je l’avais idéalisée, faisant d’elle ma femme parfaite. Ou peut-être qu’elle avait changé. D’ailleurs, à la réflexion, je préférais clairement cette dernière option. Qu’elle ait changé, en mal. Parce que comme ça, au moins, je pourrai me consoler en me disant que je n’étais pas tombé amoureux d’un mirage, d’une image, d’une apparence, d’une personne qui n’avait jamais existé. Je pourrai me consoler en me mettant dans la tête que nos chemins s’étaient séparés, que nous avions tous deux pris des voies différentes. Oui, je préférais nettement cette deuxième option. Alors que je m’apprêtais à tourner les talons pour aller vaquer à d’autres occupations, la voix de Micah résonna à nouveau. Tout est blanc ou tout est noir, il n’y a pas d’entre deux. Cette théorie se vérifiait jusque dans nos conversations. C’était tout ou rien. Il n’y avait pas de juste milieu. Je t’aime, je te déteste. « Mais tu l’as dit… » Murmurais-je en baissant les yeux. Sous-entendu : tu m’as fait mal, tu m’as blessé, et je ne suis pas prêt d’oublier tes mots. Habituellement rancunier, je constatais pourtant qu’avec Micah, je passais l’éponge avec une facilité déconcertante. L’amour ? Ouais, la stupidité, la lâcheté, et la faiblesse surtout. J’étais absolument incapable de lui résister, de lui dire non. Même lorsqu’elle m’avait descendu au plus bas, je me surprenais à revenir en rampant. J’étais faible, affreusement faible, amoureusement faible. Il suffisait qu’elle claque des doigts pour que je rapplique. Si je pensais être instable face à Micah, je pouvais en dire tout autant d’elle. Et finalement, comme il fallait s’y attendre, ce comportement avait raison de ma fausse patience. « Ton indécision me laisse perplexe. Alors Micah, assume... » Lâchais-je en soupirant. Je n’en pouvais plus d’être sans cesse dans un entre deux, toujours indécis. Je n’en pouvais plus de ne pas savoir comment réagir avec elle. Et par-dessus tout, je n’en pouvais plus de ne pas savoir ce qu’elle ressentait à mon égard. Je marchais sur des œufs avec elle, et j’étais inquiet à l’idée de faire le moindre faux pas. Non, en fait, j’étais même tétanisé par la peur. Tétanisé à l’idée que si jamais je faisais un pas de travers, elle s’en irait, loin de moi. Tétanisé à l’idée de ne plus jamais la revoir, alors que je venais seulement de la retrouver. « Assume, et dis-moi clairement. Suis-je le plus gros connard de tous les temps, ou quelqu’un qui peut prétendre avoir un peu d’égard venant de toi ? » Demandais-je en plongeant mon regard dans le sien. Mauvaise idée, très mauvaise idée même. Ses yeux azurs, tantôt pétillants, tantôt incendiaires, avaient le don de m’achever sur place. Pourtant, l’échange que nous avions fut vite interrompu par de tierces personnes. Franchement, qui étaient ses crétins qui osaient nous importuner ? Qui osait venir se mettre entre nous, nous déranger de la sorte ? J’aurais pu les renvoyer dans leurs six mètres, mais mon opposante de la soirée en avait décidé autrement. Ah oui, bien sur, évidemment. C’était elle la gentille, elle la parfaite, elle qui se montrait sous le bon angle. Quant à moi, j’étais le vilain petit canard colérique, monstrueux et insupportable. Enfin bon. J’avais peut-être tendance à dramatiser, vu l’état dans lequel je me trouvais. Je me suis laissé aller à quelques mots futiles avec des personnes qui ne m’intéressaient aucunement. Pour la forme, simplement ; parce que j’avais une certaine réputation à préserver. Néanmoins, nos interlocuteurs respectifs s’éclipsèrent rapidement, nous laissant à nouveau seuls. « Oui. Oui, c’est vrai. » Dis-je platement, en haussant les épaules. Je n’étais pas franchement convaincu ; à vrai dire, je n’avais pas franchement imaginé que si jamais nous nous retrouvions ensemble à un gala, ce serait en froid. Bien au contraire, d’ailleurs. « Sauf que j’étais loin d’avoir imaginé ça comme ça. » Avouais-je d’une voix neutre. Et visiblement, elle partageait les mêmes pensées que moi, vu les mots qui suivirent. Lorsque nous nous étions revus, par hasard, quelques semaines plus tôt, je m’étais surpris à rêver d’un nouveau duo, que nous aurions formé. Deux. Plus de séparation, mais une réunion. Une nouvelle réunion plutôt, dans la mesure où notre duo avait fonctionné à merveille quelques années plus tôt. Je nous avais déjà imaginés bras dessus bras dessous, parcourant les soirées mondaines qui n’avaient aucun intérêt, parcourant le monde, loin de tout et de tous. Je rêvais d’exotisme, de moments précieux, d’un retour de mon couple parfait. Avec elle, bien évidemment. Je me foutais de faire toutes ses activités si Micah ne m’accompagnait pas. Sans être utopiste, j’avais réellement cru, de toutes mes forces même, à un come back du couple Micah - Sandro. Cruelle déception. Déception qui fut rapidement rejointe par l’amertume, alors que je réalisais progressivement qu’un gouffre nous séparait. J’ai esquissé un geste pour attraper un cocktail, souhaitant à tout prix oublier ma situation médiocre. Alors que nos verres tintaient, j’ai écarquillé les yeux, franchement surpris. Et force est de constater que mes derniers agissements n’avaient pas joué en ma faveur. « Manon ? » Dis-je en fronçant les sourcils. Sérieusement, là, elle me parlait de Manon Petrov-Versier ? Cette iota n’avait été qu’un pion, tout comme j’en avais été un à ses yeux. Il n’y avait strictement aucun ambiguïté entre la iota et moi ; nos intentions, dès le départ, avait été claires. Et puis… Et puis merde, quoi ! J’étais encore libre de faire ce que j’avais envie de faire, non ? Si sortir avec des catins devenait mon nouveau hobbie, qu’est-ce que ça pouvait lui faire ? Après tout, elle n’avait plus à interférer dans ma vie. Oh bien sur, j’aurais été ravi que ce soit le cas, mais bon… Parfois, quand la situation était désespérée, mieux valait tirer un trait. Tirer un trait sur une histoire dont je n’avais plus rien à attendre, et à laquelle pourtant je m’accrochais ardemment. Tirer un trait sur deux années écoulées depuis longtemps, mais qui avaient fait de moi l’homme le plus heureux et le plus comblé de la terre. Bref, passons sur ces détails, qui me faisaient plus de mal qu’autre chose. Alors, leçon numéro un, je couchais avec je voulais. Leçon numéro deux, elle se fourvoyait complètement. Et leçon numéro trois, mieux valait éviter ce sujet avec elle, parce que contrairement à ce qu’elle avait l’air de penser, je n’étais pas le seul fautif dans cette histoire. Si je n’avais pas été irréprochable, Micah, quant à elle, n’avait pas été blanche comme neige non plus. Devais-je lui rappeler qu’elle était venue au bras d’un espèce d’adolescent pré-pubère ? Ce soir là, j’avais ressenti un vif pincement au cœur. « Tu me parles de Manon, là ? » Je savais que nos petits agissements, lors de la soirée du quatorze février, avaient fait les choux gras de Watch-Out. Dans un article détaillé, elle s’était empressée de « médiatiser » notre relation, de relater les événements de la soirée. Par chance, cette espèce de garce n’avait pas fait le lien entre Micah et moi. Jusqu’à quand ? Aucune idée. Le plus longtemps possible. Quant à Manon, si au début, j’avais été ravi de voir l’effet de nos manigances, je les regrettais désormais amèrement. Pitié, que Micah ne fasse pas la gueule à propos de ça, parce qu’elle n’avait aucune raison. Sur tous les points, sur tous les tableaux, elle gagnait sur Manon. La française n’avait été qu’une vague distraction, qui ne m’avait servi qu’à égayer mon quotidien. Une fille parmi tant d’autre, une fille de passage. J’avais voulu me jouer de mon frère, et ça m’avait plutôt bien réussi. Sauf que là, ça se retournait contre moi. Oups, la boulette. « Manon n’est rien à mes yeux. » Je me sentais obligé de me justifier. Obligé de rétablir la vérité, de lui dire qu’elle avait faux sur toute la ligne. Parce que non, ce n’était pas possible qu’elle continue à m’en vouloir pour ça. Ce n’était pas possible qu’elle s’imagine des trucs aussi stupides que ça, qu’elle se monte la tête avec des histoires à dormir debout. « On n’a jamais été ensemble. » Continuais-je sur le même ton plat. Malheureusement, j’avais la désagréable impression de m’enfoncer, toujours un peu plus. J’avais le sentiment que je pourrais dire tout et n’importe quoi, Micah n’y croirait pas. J’étais discrédité à ses yeux. Elle resterait bloquée, fixée, immobilisée sur l’idée qu’elle s’était faite. Même si elle était complètement erronée. J’ai baissé les yeux, honteux, face à un sourire narquois qui me blessait plus que je n’aurais pu l’imaginer. Que pouvais-je faire pour qu’elle daigne me croire ? Me prosterner devant elle ? Le pire dans cette histoire, c’était probablement que j’en étais capable. « Alors pourquoi être restée ? » Demandais-je, acerbe. Puisqu’elle souhaitait tellement mettre fin à la conversation, qu’elle le fasse ! Je ne ferai pas l’erreur de la retenir, une fois de plus. A mon sens, j’en avais suffisamment pris pour mon grade ce soir. Ses mots blessants s’étaient immiscés en moi comme coule un poison dans les veines. Lentement, doucement, me faisant choir et dépérir petit à petit. L’agonie avait été longue, piquante, mais j’arrivais à ma fin. Et dans mes derniers instants, je mis toutes mes forces pour lui exprimer ma rage. Et dans un ultime effort de repli sur moi-même, dans un ultime effort pour me protéger, j’ai voulu qu’elle sache ma colère. « Tu voulais t’assurer du fait que je sois réellement et officiellement devenu un connard ? Bien, dans ce cas, j’espère que tu as ta confirmation. » Lâchais-je, glacial. Loin d’en avoir fini avec son cas, j’ai enchaîné. « Non c’est vrai. T’as jamais été méchante. Et c’était ça qui te rendait exceptionnelle à mes yeux ! » M’exclamais-je, avant de baisser les yeux. Merde, ça, ce n’était pas censé être dit. Pour le Sandro Pelizza Da Volpedo qui ne sait pas se contrôler lorsqu’il est en colère, vie de merde. « Je te rappelle qu’il y a encore peu de temps, ton toi et mon moi s’accordaient parfaitement. » Dis-je en passant une main sur mon front, désemparé. J’ai détourné les yeux, fuyant à tout prix son regard. Bang bang, she shot me down. « Mais c’est loin tout ça. » Annonçais-je, posant un ultime regard sur Micah. Micah, la Micah, ma Micah. Ma Mimi, la seule, l’unique, celle pour qui j’aurais tout donné, tout abandonné, tout plaqué du jour au lendemain. Mimi. « Putain, je suis vraiment trop con… » Lâchais-je, cherchant à tout prix un moyen de m’échapper de cette situation.

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MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyMar 27 Mar - 18:02

Come around to me. There's something in between you and I.
La fusillade avait sur mes gestes et mes mots une influence que je n'aurais jamais redouté, ni même imaginé. J'avais compris le lendemain que ma peur des autres n'en était désormais que décuplée, néanmoins je me retrouvais à présent contrainte de réaliser que cela n'était pas la seule chose qui avait pris de l'ampleur chez moi. Mes sentiments, déjà auparavant assez incontrôlable, ma fragilité et malheureusement ma colère, se retrouvaient à faire la part belle dans mes paroles là où j'arrivais jadis à faire la part des choses et à toujours rester calme et posée. Avant j'arrivais à supporter en silence, maintenant j'avais l'impression que c'était au dessus de mes forces. Que dès que je me forçais à la boucler pour le bien de tous, mes sentiments et mes angoisses allaient me faire exploser de l'intérieur et que j'allais mourir de chagrin plutôt que de leucémie. J'étais la fille qui se sentait obliger d'aimer une personne dès qu'elle en faisait la rencontre, du moins d'apprécier tous le monde, évidemment je n'étais pas du genre '' tomber amoureuse comme ont tombe d'une chaise '', loin s'en faut et bien heureusement d'ailleurs, tomber une fois de ma chaise suffisait largement, surtout avec la conversation que j'étais en train de vivre. Vivre et mener de front en fait, je prenais les initiatives, ne comprenais pas moi-même ce qui me prenais à parler et agir de la sorte. Dès que les mots s'échappaient de ma bouche, j'avais envie de m'excuser sur le champ, lui adresser un regard doux et un sourire qui arrangerait tout et effacerais la rancœur. Seulement, il y a des choses dont je n'arrivais pas, ou plus à faire abstraction. Ses haussements d'épaules, sa voix calme, ses paroles plates me fusillaient sur l'instant. Au moment où j'avais envie de retirer mes mots acerbes à son égard, il me rappelait de son air indifférent pourquoi je mettais autant de cœur à lui en vouloir. Rien de pire que de la haine, si ce n'est de l'indifférence. Je m'en voulais déjà de lui parler de cette façon, n'ayant jamais réagis comme cela avec lui, n'étant pas méchante, encore moins capricieuse de nature, mais rien à faire. Il y avait des choses que la fusillade avait changé, peut-être provoquée finalement, toujours est-il que la pilule '' Sandro '' avait énormément de mal à passer. Je m'en voulais et lui me répondait platement, sans grand intérêt, en haussant les épaules par-dessus de le marché alors que moi à l'inverse j'avais l'impression d'être un volcan au bord de l'éruption. Dans tous les cas, il était désormais trop tard pour faire machine arrière et je n'étais pas du genre trouillarde à se carapater dès le premier obstacle, même si à cet instant je pouvais très certainement affirmer que me planquer dans un coin perdu d’Amazonie et me laisser dépérir derrière un buisson de fougères me paraissait l'idée la plus ingénieuse que j'eus jamais eut. D'autant que, à la place de me calmer, son haussement d'épaule brûla le peu de remord que je pouvais éprouver. Calcinés les regrets, colère embrasé. C'était sûr, le Sandro, il avait le don pour entretenir la flamme, pas sure cependant que ce soit dans le bon sens. Au point où j'en étais, je pouvais bien alors continuer sur ma lancée. Au moins après cette conversation, qui je l'espérais pour ma santé, n'allait pas s'éterniser bien longtemps, j'allais être fixé sur un '' nous '' me paraissant bien lointain et désormais révolu. Je me sentais déjà dramatiser complètement la situation, passer pour une peste revêche et capricieuse alors que cela ne faisait pas parti de mes habitudes, loin de là. L'hécatombe à son préambule, ma chute personnelle vers les limbes, surpassant toutes les crises, les douleurs et les peines que suscite la leucémie incurable dont j'étais victime. Être malheureuse, le cœur en miette, j'avais la pénible impression que j'allais devoir vivre avec jusqu'à ce que la maladie ne se décide enfin à abréger. See, je dramatise. Allons Micah, tu as vécut trois ans sans lui, tu peux bien continuer encore quelques mois... Autant faut-il qu'il ne se pavane pas sous mes yeux, exhibant son bonheur joyeusement en charmante compagnie, bien connu que le monde est petit, ça j'ai remarqué, j'en fais les frais. « .Non. En fait, je préfère me dire que cette conversation s’arrête dès maintenant. » Bah casse toi. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, la conversation ne te plaît pas autant qu'elle ne me plaît pas, moi je ne retiens personne. Je n'avais jamais retenu personne et même si je devais avouer que de ne pas l'avoir retenu quelques années auparavant lorsque nous nous étions séparé était l'un de mes plus grands torts, je n'avais pas en tête de commencer à retenir les gens aujourd'hui, certainement pas lui. Ou peut-être un peu. Voir beaucoup. Après tout, on apprend de ses erreurs passée il paraît et moi en parlant d'erreur, j'en avais fais une énormissime par le passé. Le laisser filer, idiote. M'enfin tant pis, ne regrettons pas le passé, vivons le présent, même si notre présent à nous m'évoque la fin du calendrier maya avant l'heure, vivons le tout de même. Je poussais un profond soupir exaspéré, ne sachant pas sur l'instant si j'étais plus exaspéré par moi-même, me faisant mon gros mélodrame en mon fort intérieur, me complaisant à l'idée que j'allais me laisser dépérir à petit feu pour me punir d'avoir la langue aussi bien pendue ce soir, ou bien par lui qui se contentait de répondre pauvrement, haussant des épaules avec indifférence. Sa réaction fut l'effet d'une bombe, je lâchais un grognement au combien agacé, m'apprêtant à lui arracher la tête sur place avant de finalement, souffler un bon coup. Tranquille, y a pas le feu, cool. Laisse le faire son crétin, tu vaux mieux que ça. Je m'imaginais lui coller une bonne baffe sur la joue, là maintenant de suite, mais quand même, je valais mieux que ça. Même si j'avais une bien piètre opinion de ma personne, très peu d'estime de moi-même, je valais mieux qu'une esclandre et une baffe. Même si elle était tentante. « Il vaut mieux oui, choix judicieux. » sifflais-je finalement à voix basse. Fin de la conversation redistribution des cartes. Les miennes se firent plus conciliantes, pour le coup. A peine mes mots envolés, je me précipitais pour les rattraper par de brèves excuses. Peu accoutumée à être l'élément affable de nos entretien, je me retrouvais à excuser mon attitude revêche alors que j'avais plein droit d'être contrariée. Laissant mes prunelles dévisager le carrelage, je poussais un soupir vaincu, laissant mes chaussures dessiner les formes au sol dans un excès d'appréhension. Éprise d'une contemplation pourtant sommaire, je fus interpellé par ses paroles. '' Mais tu l'as dis ''. Bonne constatation, aussi bonne que celle que j'eus sur l'instant. Il allait m'en vouloir d'y être allée de but en blanc et de ne pas avoir fais dans la dentelle. Oh Micah, qu'as-tu fais. Cela ne te réussi pas de vouloir faire les grandes figures ont dirait. A savoir si j'allais aussi bien vivre le fait qu'il m'en voulait que lui vivait le fait que je lui en veule, pas sûre. Je me mordis la lèvre du bas, contrariée par la tournure que prenait cette soirée, que j'avais de base prévue comme mortelle certes, mais là c'était pire que tout. Mortelle, ça, je n'avais pas encore idée à quel point et nous n'étions qu'au début de ce que je sentais venir comme l'épisode deux ma décadence. Le plus simple aurait été que je ne tourne les talons et ciao bello. « .Ton indécision me laisse perplexe. Alors Micah, assume... Assume, et dis-moi clairement. Suis-je le plus gros connard de tous les temps, ou quelqu’un qui peut prétendre avoir un peu d’égard venant de toi ?. » Pardon ? S'il restait perplexe quant à mon indécision, moi en revanche je restais perplexe face à son impudence. Pour qui il se prenait. Ça y est, on y était, l'italien dans sa splendeur, monsieur je te fous devant le pied du mur, assume ce que tu dis, ce que tu fais. Son attitude me calma un instant, blessée dans la réalité, j'osais un regard vers lui, nos prunelles se croisant avec insistance. Je le regardais simplement, sans le toiser ni même lui adresser quelconque animosité, sans effet de regard, neutre, tirant presque sur le timide, décontenancée un brin par l'échange. Je scrutais ses prunelles à la recherche de réconfort, un poil bouleversée, arrivant à un moment où j'en avais déjà assez de ces enfantillages. Je me fatiguais seule à réagir de la sorte, néanmoins ce n'est pas pour cela que je décidais de baisser ma garde. Décidant de lui faire face avant qu'il ne m'écrase par ses mots acerbes, le connaissant comme le fond de ma poche, cela arriverait bien assez tôt, je décidais de continuer sur ma lancée. Au moins j'aurais tout dis, même si cela devait me coûter mes prochaines nuits de sommeil, sacrifié à de bien douloureux regrets. « .Assumer ? Tu me prends pour qui là. Range tes grands airs, je vais pas m'écraser devant toi. » annonçais-je d'un ton placide, veillant à ne pas attirer l'attention sur nous. Après tout, j'avais tendance à me concentrer sur une chose et à en oublier le reste, nous étions dans une salle bondée, nous ne pouvions donc pas nous permettre d'attirer l'attention plus que nous le faisions déjà. Notre duo attirait la convoitise, nos pairs venaient à notre rencontre, ne se doutant pas un seul instant de faire intrusion dans la plus mémorable des crises jamais portée en ces lieux. Soucieuse des apparences, j'accordais des sourires, des accolades et paroles enjouées aux convives venant à notre rencontre, me permettant ainsi de refouler l'animosité que j'avais à l'égard de mon ex petit ami. Me dépêtrant de mon sourire, mon attention se reporta sur l'élu, attendant que '' j'assume '' et réponde de mes paroles. Je vais t'en donner moi, des réponses. « .Disons pour l'instant que la ressemblance entre ton frère et toi devient de plus en plus troublante. » marmonnais-je sans pour autant oser le regarder directement. En réponse à '' Est-ce que je suis un connard '' je répondais un '' tu ressembles à ton frère '' qui, précisons-le, est le plus grand connard de tous les temps. Celle-ci allait me coûter un maximum, je savais combien il avait son frère en horreur, bien que la fusillade devait avoir fait évoluer leur relation, au fond je savais qu'on ne pouvait pas changer une vie d'animosité en une nuit. Mes lèvres se pincèrent, je tombais des nues, n'en revenant pas de l'avoir osée, celle-là. J'avais encore envie de m'excuser, de retirer ce que je venais de dire, mais c'était exactement cette attitude qui m'avait poussé à sortir la comparaison entre les deux frères. Sandro allait demander la peine capitale pour moi après ça et moi, il ne me resterait plus qu'à pleurer. « .J'ai de l'égard pour tous le monde, mais parfois je suis un peu fatiguée d'être prise pour l'idiote de service vois-tu.. » décidais-je d'ajouter en justification. Gentille, mais pas stupide la Micah. J'étais peut-être très naïve, mais j'avais moi aussi mes limites. Sur un ton calme, posé, ne lui accordant toujours pas un seul regard, je me contentais de dévisager les tableaux nous faisant face sans pour autant y accorder quelconque crédit. J'étais loin de m'imaginer ce scénario en guise de sortie Gala, Sandro rassures-toi, moi aussi j'en étais très loin. Mon idée passée de la sortie lors d'un Gala avec lui se résumait à, nous deux, vacillant de part et d'autres de la pièces, nous moquant allègrement des convives sans pour autant jouer l’exubérance, nos visions de l'art, bref, la routine. Routine perdue depuis des années, mais quand même. Ainsi pour simple réponse, je me contentais de lui adresser un soupir mélancolique, mes prunelles dépeignant tristement le verre a moitié vide que je tenais dans l'étau de mes doigts. Silencieuse un instant, faisant abstraction du bruit extérieur, je m'apaisais après quelques sarcasmes portés à sa seule personne, introduisant ainsi les vrais raisons qui me poussaient à agir de cette façon avec lui. Inutile de préciser que depuis la fusillade, j'avais les armes, les hystériques, la faculté, mes camarades et les cerises en horreur. « Tu me parles de Manon, là ? » Oh bougre. Une française. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec ces françaises. Piquée au vif, je détournais mes prunelles d'une peinture pour lui adresser le regard le plus noir, le plus mauvais que j'avais en magasin. Sans piper mot, je me contentais de le regarder avec un profond agacement, laissant un silence de mort s'imposer entre nous. Comprenant bien assez rapidement qu'il y avait effectivement pire que la colère, la jalousie. Je n'avais jamais jalousée qui que ce soit, en réalité ma vie me plaisait assez sans pour autant être enviable. Niveau intellect je ne devais rien à personne, niveau physique, je n'avais que trop peu d'intérêt vis à vis de la beauté d'autrui et la mienne n'en parlons pas. Quant aux rares amis que je pouvais avoir, ma foi je devais être l'une de ces idiotes qui se dit '' s'ils sont heureux, je le suis aussi ''. Désormais j'expérimentais la dernière catégorie, les ex, les amours. Épargnée par la distance auparavant, j'étais à présent forcée de constater que notre récente proximité mettait mes sens à rude épreuve. Levant finalement les yeux au ciel, déposant mon verre sur une table non loin de là, je décidais finalement de répondre. « .Désolée, je ne connais pas les prénoms de toutes les catins du pays. Je m'en fou de comment elle s'appelle. Fous-moi la paix avec ta Manon, qu'est-ce que j'en ais à faire. Puis merde, paye toi qui tu veux, c'est pas mes affaires. » Toutes les catins du pays. Sterling, Constance, what up ! Réaction à la con dans toute sa splendeur, faisant état de mes plus grandes contradictions présentes. Je m'en fous, mais je t'en parle quand même, car cela m'énerve au plus au point. J'avais bafouillée mes mots rapidement, sans prendre le temps de réfléchir à ce que je pouvais bien raconter. N'importe qui pouvais remarquer l'état de profonde confusion dans lequel je me trouvais. Je détournais le regard, agacée au possible par cette conversation, mais surtout par les sentiments qui m'animaient et combien Sandro seul pouvait avoir un impact sur ma petite personne. « Manon n’est rien à mes yeux. » La douce idée qu'il parlait pour m'énerver toujours un peu plus me traversa l'esprit. Ou bien c'était moi qui avais décidé du départ de prendre tout ce qu'il disait de travers. Car au final, elle n'est rien à mes yeux me mettaient en colère, j'avais envie de lui rétorquer un gros '' so what the hell ? '' en plein visage alors qu'en réalité c'était probablement la chose à savoir que j'attendais le plus et donc, mon soulagement. D'un autre côté, s'il m'avait balancé un beau '' Oh Micah, c'est la femme de ma vie, j'osais pas te le dire, t'as bien fait d'en parler ''… Hé bien. Merde. J'aurais pleuré tout ce que je pouvais devant tous le monde et me serais laissé dépérir une fois rentrée à la maison. A présent, je n'avais plus grande idée de ce qui était juste et ce qui ne l'était pas, aveuglée par la jalousie et par les sentiments que je lui portais. « .Oh vraiment. Tu m'expliqueras alors pourquoi vous êtes devenu le couple amoureux à crever, le plus beau, le plus niais du monde. La saint valentin, c'était la sortie hebdomadaire entre deux pseudo connaissances ? Félicitation, si elle ne veut rien dire pour toi, t'es le champion du monde de la mise en scène, mais je ne suis pas très sure que ce soit une bonne nouvelle pour moi, du coup. » déclarais-je avant d'attraper un second verre sur le plateau que l'ont me tendait et de remercier brièvement le serveur. Celui-ci serait le dernier de ma soirée, résolution, tu seras partie lorsqu'il sera vide ma petite Micah. Le roi de la mise en scène, tiens, et si la notre de relation était mise en scène aussi, au point où on en est, tu peux tous me dire mon vieux. Contemplant la boisson comme pour me dépêtrer de mon attention dévouée seulement à Sandro, je fronçais les sourcils. «. On n’a jamais été ensemble » Ton indécision me laisse perplexe Sandro. Décidée à jouer les pestes, poussant un second soupir, je posais dans un claquement mon verre encore rempli sur la table à ma droite, en renversant même sur le côté. Jamais été ensemble, avec ce que j'ai vu sur Watch Out, quand bien même ce soit faux, je te laisse au moins cela. Avec ce que j'ai entendu de mes camarades et l'apothéose, ce que j'ai vu le soir de la Saint-Valentin, je crois que ta logique et toi mon cher, vous pouvez allez vous faire voir. Décidément, il me prenait vraiment pour une sombre idiote. J'espérais que c'était nouveau, qu'il s'amusait à cela depuis tout récemment, sinon si c'était là un jeu qu'il menait depuis notre première rencontre, j'avais du soucis à me faire. « .Pardon ?. » sifflais-je à son égard, lui faisant désormais face, croisant les bras sur ma poitrine, arborant un air décidé. Explique toi Sandro, j'attends. Il y a grand intérêt à ce que tu aies une version en béton, parce que vu le mal que tout ce que j'ai vu m'a fait, vu la crise que je te fais maintenant, je crois que tu n'as pas le droit à une histoire bancale. « .Il va falloir que tu m'expliques ta vision du couple, parce que si ça ce n'est pas '' ensemble '', nous ont a été quoi alors ? Cousin-Cousine ?  » Je renchérissais du tac au tac. Mes mots claquaient, la conversation commençait à doucement s'envoler vers quelque chose d’atroce et même consciente du fait que j'allais en souffrir pendant encore longtemps, je n'arrivais pas à redescendre d'un cran. C'est un peu '' rendre la pareille '', tu me fais souffrir, alors je te fais souffrir. Je t'aime quand tu m'aimes, je te déteste quand tu me détestes. Je faisais semblant de rester de marbre devant lui, alors qu'en réalité le ton de ma voix, mon pied tapant au sol avec insistance et mes bras se croisant et se décroisant machinalement trahissais les apparences que je me donnais. Vérité pour Vérité, je bouillonnais, un seul mot de sa part et je m'effondrais. « .Je t'écoute. » soufflais-je acerbe. Et plus vite que ça, je sens que ça ne va pas me laisser de marbre bien longtemps. Le ton qu'il employait, sa façon de parler m'énervait. Le calme olympien dont il faisait preuve, il me répondait en haussant les épaules, d'une voix calme, comme si la conversation n'avait rien de rocambolesque, de très passionnante. Je sentais qu'il allait bientôt me lâcher un bon '' Ce ne sont pas tes affaires, c'est ma vie pas la tienne '' qui allait achever le tout, parce que je savais qu'il avait raison et que je n'avais pas à réagir et parler de cette façon alors que nous n'avions rien a dire l'un sur l'autre. Il était libre de faire ce qu'il voulait, avec qui il en avait envie. Moi qui prônait la liberté des peuples, je n'avais rien à redire face à cela. Mais j'avais cette petite voix intérieur qui me dictait toujours '' Come on, you belong together, go on '' et pour ce que j'essayais, difficile de faire du contresens là où je savais qu'elle avait raison. « Alors pourquoi être restée ? » Voilà qu'on me poussait vers la sortie. Enfin, je le prenais de cette façon, c'est plus facile de prendre les choses de travers. Il préférait que je m'en aille, pas de problème. Seulement, je n'en avais pas terminé avec lui, alors il allait devoir s'armer de patience, après tout, il était celui qui me faisait faire du surplace. Je pouvais partir bien évidemment, pourtant je restais là, à faire le piquet devant lui, tirant sur ses nerfs un par un. Je savais où je devais appuyer pour faire mal, l'inconvénient ennuyeux d'avoir eut une relation de deux ans. Restait à savoir si j'en avais vraiment envie, ou bien si je préférais m'épargner cette peine-là. D'autant que j'étais parfaitement conscience qu'il savait lui aussi très bien faire mal, voir pire. Après tout, il était le sanguin de nous deux. « .Arrête Sandro, parce que si je m'en vais, je te jure que c'est pour de bon cette fois. » lâchais-je en serrant les dents, plantant mon regard dans le sien, le défiant presque du regard. Vas y buddy, dis moi de partir. J'étais douée pour mettre de la distance entre le reste du monde et moi, partir et faire en sorte de ne jamais croiser son chemin de nouveau serait pour moi un jeu d'enfant. « Tu voulais t’assurer du fait que je sois réellement et officiellement devenu un connard ? Bien, dans ce cas, j’espère que tu as ta confirmation » Devenu un connard. En réalité, je ne cherchais rien. Je ne savais pas à quoi cette conversation allait nous mener, ni-même ce que je voulais en retirer du départ. Je ne devais même pas être là au départ, la fatalité avait seulement décidé de nous faire régler nos comptes ce soir et moi j'étais seulement prise au dépourvu. Je le contemplais perplexe, cherchant mes mots un instant, contemplant ses traits se broder de colère comme les miens se teintaient de mépris, me demandant un instant dans quel monde nous vivions pour nous déchirer de cette façon. « .Le contraire en réalité. J'espérais surtout que tu avais une bonne excuse, qui aurais certes du mal à passer, mais qui en fin de compte justifierais tout et qui me permettrait d'oublier. Mais là, je me rends compte que tu préfères persister et signer. » Je parlais d'un timbre on ne peut plus sérieux, détachant mes mots pour parler clairement, essayant de dénuer mes paroles d'une colère que j'avais un mal fou à refouler. Néanmoins, je constatais que son petit excès de colère me calmait sur l'instant, je n'aimais pas provoquer les gens, encore moi lorsqu'il s'agissait de lui. Pour lui j'étais capable de tout et même si j'avais clamé le contraire auparavant, s'il y en a bien un qui pouvait me hurler dessus et face à qui je garderais le silence, c'était bien lui. Ma nature pacifiste prenait un tout petit peu le pas, mais pas assez pour que je ne reste de marbre face à lui, j'avais bien trop enduré dernièrement pour rester silencieuse, je n'en pouvais plus de ma vie, de notre relation inexistante. Je voulais tout, mais pas rien. Pas de juste milieu, pas d'amitié bancale et idiote, je restais butée dans mon '' nous nous nous '' et je ne voulais rien d'autres. Pas difficile, je le voulais lui, rien d'autre. Mais enfin, ce n'était pas de cette manière que cela allait marcher, pire encore, je venais de nous jeter dans le précipice. Félicitation Micah, tu es une experte en anthropologie, mais lorsqu'il s'agit de relations humaines, c'est l'hécatombe. « Non c’est vrai. T’as jamais été méchante. Et c’était ça qui te rendait exceptionnelle à mes yeux ! » Oh. Merde. Qu'est-ce que j'ai fais. Je le contemplais en silence, désemparée par ses propos. Ce fut comme s'il jouait aux fléchettes et que sa dernière avait touché sa cible, directement en plein cœur. « .Sandro... » murmurais-je, croisant les bras toujours un peu plus, penaude sur le moment. « .Je suis toujours moi, je suis juste blessée. Fais en ce que tu veux, pense ce que tu veux, mais c'est comme ça, pas autrement. J'ai le droit d'être un peu méchante lorsque je suis énervée non ? Je ne suis pas parfaite, désolée de te décevoir. » Je n'étais pas méchante et ne répondais pas un cliché de la femme parfaite, badass bad girl, méchante antipathique, bref, je n'étais pas l'une des figures emblématiques féminine de notre monde. J'étais même tout l'inverse, sauf que parfois, j'en avais simplement marre, comme ce soir. Trop de choses d'un coup, je sortais de la fusillade, almost dead twice, une vie à supporter une maladie, quelques années à supporter une séparation difficile. Gentille, mais humaine. Il était le premier à en faire les frais, mais en même temps, il était ma cible facile et surtout celui qui avait fait le plus mal. Au dessus de tout, au dessus de la leucémie et de ma vie compliqué, le reste n'était rien comparé à lui. « Je te rappelle qu’il y a encore peu de temps, ton toi et mon moi s’accordaient parfaitement. […] Mais c’est loin tout ça. » Je poussais un profond soupir. A qui le dis-tu. Mon visage fit des aller-retour de droite à gauche, perpétuellement, lui adressant un regard soudainement mauvais. A qui la faute si notre passé s'éloignait toujours plus et si nous ne nous accordions plus aussi bien qu'auparavant. Je n'étais pas celle qui m’entichais de la première patate que je croisais. Monsieur je me trouves de affinités quelques jours après avoir affirmé à mon ex que '' je ne recherches pas ce genre de lien avec une fille ''. Et qu'on ne me parle pas de coup de foudre, j'en avais ma claque de ces conneries. « .C'est loin parce que tu l'as décidé mon vieux. » balançais-je revêche, m'approchant de lui, déliant mes bras pour le toucher du pousser du bout des doigts. C'est plus facile quand c'est la faute des autres, c'est bien connu. « .Tu te rends compte de rien en fait. T'es tout blanc, t'as rien fait. Tu débarques comme un perdu, tu comprends pas pourquoi je te parle comme a un malpropre, tu fais les gros yeux parce que je me mets en colère. » l'avisais-je d'un ton furieux, mes yeux détaillants son visage avec une arrogance qui ne m'appartenait pas. Mon ton grimpait crescendo avec mes paroles, je serrais les dents pour ne pas lui hurler littéralement dessus, fatiguée par l’ascenseur émotionnel que je vivais à présent. « .Putain Sandro, tu ferais quoi si tous le monde te disait que j'étais amoureuse de quelqu'un d'autre ? que ce soit vrai ou non. » Nous y voilà, le fond du problème. Nous avions éludé le sujet par le passé, aujourd'hui je mettais les deux pieds dans le plat, fatiguée par les choses que nous ne voulions pas nous dire, celles que je voulais savoir à tout prix. Il m'avait mis devant le mur en me demandant d'assumer, moi je lui demandais de se réveiller un instant et d'arrêter de faire le mystérieux avec ses '' j'ai pas envie d'en parler, on verra plus tard ''. Au point où j'en étais, je n'avais plus grand chose à perdre. Surtout que depuis la fusillade, le temps m'était d'autant plus compté. « .Réfléchis-y sérieusement, à la place de hausser les épaules, lever les yeux au ciel et balancer une phrase bateau à la con, je mérite mieux que ton je menfoutisme. » renchérissais-je, cette fois moins furieuse, plus sérieuse. Poussant un soupir, d'ors et déjà fatiguée et prise d'une irrépressible envie de rentrer chez moi, faire mes bagages et filer sans prévenir personne. C'était donc ça, avoir connu le bonheur par le passé et devoir passer à la caisse maintenant, parce que tôt ou tard, le bonheur ce paye, compris. Fantastique. Finalement, ce n'était peut-être pas la leucémie qui allait me tuer, Sandro aussi y arriverait très bien.
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Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Empty
MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyDim 1 Avr - 20:35


Ce soir, je ne me reconnaissais pas. Jamais, un jour, je n’avais pas imaginé – et encore moins envisagé – que je serai aussi cruel avec Micah. Notre face à face virait de plus en plus au règlement de compte ; totalement désunis, nous étions désormais l’un opposé à l’autre. C’était comme si tout ce que j’avais pu vivre avec elle, tout ce que j’avais pu endurer avec elle, tout ce que j’avais pu partager avec elle, comme si tout cela s’était envolé. Plus distants que jamais, les vacheries que l’on s’envoyait habillement à tour de rôle, sur un ton acerbe, ne laissaient rien présager de bon. J’ai fermé les yeux une fraction de seconde, le temps de bien réaliser ce qui était en train de se produire, avant de déglutir. Pitié, ce n’était pas possible, on ne pouvait pas en être arrivés là. Si j’étais clair et honnête avec moi-même, rien qu’une minute, je ne pouvais pas nier le fait que j’appréciais Micah. Peut-être un peu trop, d’ailleurs. Par le passé, j’avais tout fait, tout mis en œuvre pour que notre relation se déroule bien ; ça n’avait pas été un grand effort, loin de là. Il avait simplement suffit que je me laisse vivre, avec sérénité, à ses côtés. Notre complémentarité et nos points communs avaient achevé de nous rapprocher, toujours un peu plus, l’un de l’autre. Si je devais choisir un mot pour qualifier cette relation, je choisirai « osmose ». Osmose, parce que nous en étions arrivés à un tel point qu’il suffisait d’un regard échangé pour nous comprendre. Et je ne pouvais pas croire, je ne pouvais pas imaginer que trois ans, passés éloignés, nous aient rendu aussi distant et méprisant. J’étais faux avec elle, un menteur, un imposteur. Je n’avais jamais envisagé qu’un jour, on puisse en arriver là. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle était tout. Elle était ma Micah, ma Mimi, celle que j’aurais dû aimer et protéger plus que n’importe qui, plus que n’importe quoi. En principe, j’exécrai toute forme d’engagement. Pourtant, avec elle, tout s’était fait naturellement. Se mettre en couple, être fidèle, partager avec elle… Tout avait été si clair, si net. Aucun nuage à l’horizon. Mais aujourd’hui, la tempête faisait rage. Bien décidé à balayer d’un geste les souvenirs du passé, je n’en faisais qu’à ma tête. « Tu penses vraiment ce que tu dis ? » Demandais-je après une seconde d’hésitation. Il était évident que Micah m’en voulait vraiment. Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée. Ce que j’avais fait ? Toujours aucune idée. Quoiqu’il en soit, s’il y a quelques semaines, on m’avait dit que j’allais me prendre méchamment le bec avec elle, lors d’une soirée de gala, je ne l’aurais jamais cru. Bien au contraire, il n’y a encore pas si longtemps, j’avais été plein d’espoir et d’optimisme envers notre cas. Je me souvenais presque de la sensation de ses doigts glissant dans mes cheveux, de son sourire heureux, de ses yeux pétillants, de ses mains sur mes joues. Ces divers gestes, qui m’avaient redonné du baume au cœur, et qui m’avaient rendu si confiant quant à l’avenir. Cette douce sensation qui m’avait bercé, et qui s’écroulait comme un château de cartes. Dommage Sandro, tu t’es bien planté. Essaye encore. Ou pas, après tout. Son comportement me laissait imaginer – l’inverse aurait été étonnant – qu’il n’y avait plus d’espoir entre nous, pour quoique ce soit. Il était évident qu’elle m’avait rayé de sa vie, m’excluant d’une possible – nouvelle – relation amicale ou sentimentale. J’étais passé du stade petit ami, à celui d’ami, pour finir en tant que paria. Dommage pour moi, j’avais dû merder à un moment, sans même m’en rendre compte. La vie était mal faite, vraiment mal faite. Tout paranoïaque que j’étais, j’avais le sentiment que le destin s’abattait sur moi comme une fatalité. Et voilà, sombre crétin que j’étais, je recommençais à divaguer, et à pleurer sur mon propre sort. Mon regard se posa sur le sol, auquel ce soir, décidément, je trouvais un intérêt tout particulier. Pourquoi devrais-je rester, alors que les pans de ma vie tombaient les uns après les autres ? Cependant, me découvrant soudainement un côté sadomasochiste, je suis resté. Resté planté là, comme un idiot. Parce qu’à mon sens, il y avait pire que d’être démoli, détruit par mon ex petite amie. Le pire, c’était de constater l’ampleur des dégâts, et de ne pas comprendre. J’étais bien décidé à faire la lumière sur cette sombre affaire. Je voulais savoir, je voulais comprendre, je voulais mettre les choses au clair. J’attendais de Micah qu’elle m’explique son comportement, sa haine. Néanmoins, aussi déprimé que j’étais à cet instant, il n’en restait pas moins que j’étais impulsif. Et colérique. Alors, lorsqu’elle se confronta à moi une nouvelle fois, je n’ai pas hésité à mettre les deux pieds dans le plat. « Tout de suite. » Dis-je en roulant des yeux. Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Quelle mouche avait bien pu la piquer ? Micah la rebelle, Micah l’agressive, Micah la garce. J’avais l’impression de découvrir une autre facette, une facette négative, de celle qui avait été ma petite amie pendant deux ans. Avait-elle changé à ce point ? Ou bien avais-je été simplement aveugle, inconscient d’une réalité que je n’avais pas voulu voir ? Non, non, non, ce n’était pas possible. Micah n’était pas comme ça. Elle n’avait jamais été comme ça. Elle n’était pas aigrie, ni désagréable, et encore moins intolérante. Néanmoins, je préférais rester conciliant sur ce genre de sujet avec elle. Après tout, je me voyais mal lui reprocher ses coups de sang et sa mauvaise humeur (qui d’ailleurs étaient si rares), alors que j’étais un spécialiste dans ce domaine. D’ailleurs, si on y réfléchissait bien, elle n’avait fait que me rendre la monnaie de ma pièce ; j’admettais – intérieurement, évidemment – que j’avais déconné. J’avais joué avec le feu, en lui demandant d’assumer, la prenant clairement de haut. Et je m’étais brûlé. Or, je concevais parfaitement que je n’avais aucune raison qui justifiait ce comportement, si ce n’est la faiblesse. « Ce n’est pas ce que je te demande, et tu le sais très bien. » Précisais-je d’un ton calme, avant que les choses ne s’enveniment. Parce que vu comment nous étions partis, là, elle et moi, tous les moyens étaient bons pour sauter à la gorge de l’autre. Je rebondissais sur ses mots, comme elle rebondissait sur les miens. Soudainement, c’était comme si nous étions devenus franchement susceptibles, franchement exigeants l’un envers l’autre. Nous qui, autrefois, étions aussi similaires que les cinq doigts d’une main, plus compréhensifs que jamais… Ce soir, nous étions de véritables étrangers. Le fond du gouffre de notre relation ne devait plus être loin. Qu’est-ce qui pouvait être pire que ça ? Qu’est-ce qui pouvait être pire que cette misérable situation ? On touchait les bas-fonds, là. Il n’y avait plus de Micah – Sandro, plus aucune union envisageable. Non, actuellement, nous en étions revenus à un stade que je qualifierais de « primitif ». Il y avait elle d’un côté, et moi de l’autre. Nous nous affrontions, et aucun de nous ne semblait près à baisser les armes. Il faudrait pourtant bien que l’un d’entre nous capitule, avant que l’autre ne se retrouve à terre, blessé comme jamais. J’ai soupiré. La situation était à la fois désespérée et désespérante. Je me suis un instant arrêté sur l’image que nous offrions, sur le spectacle que nous jouions. Et, sans aucun doute, je pouvais clairement dire que nous faisions peine à voir. D’ailleurs, si je cherchais bien, je ne comprenais même pas à quoi nous mènerait cet affrontement. Je n’avais rien à gagner, mais plutôt tout à perdre, en continuant à agir ainsi. Je m’enfonçais, ma fierté m’enfonçait, toujours un peu plus. Je creusais mon propre trou. J’étais pris d’une violente envie de la faire payer. Je voulais qu’elle souffre, qu’elle ait mal au moins autant que moi. Si ce n’est plus. Mais la faire payer quoi ? Elle pouvait vivre comme elle l’entendait. Elle pouvait voir qui elle voulait. Elle pouvait fréquenter n’importe quel mec qu’elle désirait. En aucun cas, je n’avais mon mot à dire. Certes, cette impuissance me faisait rager et bouillir de l’intérieur, mais je n’avais d’autre choix que de me contenter d’un vague sourire sarcastique et de me cantonner à quelques remarques acerbes et désobligeantes. Je me repliais sur moi-même, incapable de lutter contre mes propres sentiments envers Micah. Plus faible que jamais – autant physiquement que psychologiquement –, je me sentais terriblement vulnérable. Lamentable, voilà ce que j’étais. Mes défenses s’écroulaient les unes après les autres, tandis que Micah continuait sur sa lancée. Elle tirait à boulets de canon sur ma petite personne, et le pire dans tout ça, c’était que je la laissais faire. Je la regardais, interdit, m’assassiner du regard et m’anéantir de l’intérieur. Je n’étais plus rien d’autre qu’une coquille vide. Après tout, un peu plus ou un peu moins… J’étais prêt à encaisser. Et je me disais que c’était bien fait pour ma gueule. Tout le mal que l’on fait finit forcément par se payer. Je le comprenais aujourd’hui, et la facture était salée. Et je ne parlais pas des intérêts, alors qu’elle me comparait à Augusto. Franchement refroidi par cette réflexion, j’ai posé mon regard sur les autres personnes qui vagabondaient dans le musée. Il fallait que je pense à tout, excepté à ce qu’elle venait de me dire. Et surtout, il fallait que je me calme sérieusement avant de lui répondre. Mes yeux lançaient des éclairs, et j’avais une violente envie de la planter là, comme une pauvre conne. Pauvre conne qu’elle était d’ailleurs, vu les remarques désagréables qu’elle me balançait à la tronche. Je la déteste, je la déteste, je la déteste. Non, mieux encore, je la hais. Violemment, profondément, définitivement. Ou pas, en fait. Au fond, je savais que si je réagissais comme ça, c’était uniquement parce que j’étais encore des sentiments pour elle. « Augusto. » Dis-je platement, agrémentant le tout d’un hochement de tête désolé. Elle appuyait là où ça faisait mal, c’était indéniable. J’avais beaucoup de mal à avaler la pilule. Micah savait parfaitement ce qu’il en était de mes relations avec mon frère jumeau. Augusto et moi ne nous étions jamais entendus, et pour ne rien arranger, nos parents n’avaient pas franchement aidé. « T’es sure de toi, là ? » Demandais-je en soupirant. Ce n’était pas possible. Trop, c’est trop. Micah avait-elle oublié le comportement ingrat de mon sosie ? Des piques qu’il balançait à tout bout de champ ? De ses regards narquois ? De ses réflexions sarcastiques ? « Il semblerait que tu aies oublié comment il était. » Dis-je en posant mon regard noir sur elle. Que je sois chiant, d’accord. Un connard, passe encore. Mais là, je ne pouvais pas laisser passer une telle remarque. Blessé dans mon orgueil ? Evidemment ; dire le contraire aurait été mentir. Mon égo surdimensionné venait d’en prendre un sacré coup, surtout que la critique venait de Micah. Cependant, j’ai évité de me laisser abattre ; la bataille que nous nous menions me paraissait sans fin. « Je dois vraiment te rappeler comment il était ? » Demandais-je, prêt à le faire si nécessaire. Pour moi, cette comparaison était le pire affront qu’elle pouvait me faire. Il n’y avait pas pire. Certes, la relation avec mon frère avait légèrement changé, « évolué » dira-t-on pour le politiquement correct, suite à la fusillade. Tous deux, nous avions vu notre espérance de vie se réduire à une poussière, agonisant l’un à côté de l’autre. Mais il n’en restait pas moins Augusto. Augusto, mon sosie, mon frère jumeau, la personne la plus détestable et la plus haïssable qui eût été sur cette terre. Et je savais que sur ce point, Micah et moi nous accordions parfaitement. Combien de fois avait-il été moqueur avec nous ? Combien de fois nous avait-il dit ô combien nous étions risibles, ô combien nous étions ridicules ? Nous n’avions aucun point commun, si ce n’est notre physique quasiment identique. Je me suis légèrement mordu la lèvre inférieure, alors que Micah me disait qu’elle en avait marre d’être prise pour une idiote. En aucun cas, j’estimais me foutre d’elle. Bien au contraire… Elle était à mille lieues de la vérité. Il fallait qu’elle ouvre les yeux, qu’elle se rende compte du quiproquo. Ou alors, je le ferai pour elle. Me connaissant, mes nerfs finiraient par lâcher, et à ce moment là, je lui sortirai l’exacte vérité. Qu’elle était tout pour moi, que j’étais toujours amoureux d’elle. Mais l’heure n’était pas à de telles confessions. « Déconne pas Micah. Je ne t’ai jamais prise pour une conne, jamais. Si t’as cette idée dans la tête, tu peux directement l’oublier. Et au passage, j’ai toujours eu de la considération et de l’affection pour toi. » Lâchais-je, préférant jouer la carte de l’honnêteté. Bel effort ; d’habitude, j’avais plus tôt tendance à tout garder pour moi. Enfin… Jusqu’à ce que je finisse par exploser. L’effet cocotte minute ? Tout à fait mon genre. Intérieurement, j’étais en train de bouillir. Littéralement. Je sentais mon cœur battre contre ma poitrine, et mes poings se serraient automatiquement. Tous ces gestes extérieurs indiquaient mon état, et j’étais presque sur que Micah le savait. Elle me connaissait bien, très bien même. Elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert ; et s’il y a quelques années, ça m’avait franchement arrangé, aujourd’hui, je le regrettais amèrement. J’avais l’impression d’être transparent à ses yeux, et qu’elle n’avait qu’à se concentrer une seule fraction de seconde pour me décrypter. Cet atout se transformait aujourd’hui en un handicap. Et puis, comme une fatalité, notre conversation se déporta sur un sujet à la fois sensible et conflictuel. Manon Petrov-Versier, une garce, et accessoirement, la meilleure amie – si on pouvait appeler ça comme ça – de mon jumeau. Elle n’était rien d’autre qu’une Iota des plus ordinaires, qui n’avait eu qu’un attrait à mes yeux : mon frère. Dans cette équation, divers facteurs entraient en compte. Le premier, et le plus important dans la mesure où il me concernait, était une puissante volonté de faire réagir mon jumeau. Et évidemment, de le faire réagir dans le mauvais sens, de préférence. Je voulais qu’il perde son calme légendaire, qu’il soit dégoûté de voir Manon pendue à mon bras. Je n’irai pas jusqu’à dire que je voulais qu’il souffre – après tout, Manon pouvait-elle prétendre être suffisamment importante aux yeux de mon frère pour le faire souffrir ? J’en doutais sincèrement. Quant à la française, elle avait des envies de vengeance. Forcément, la comptabilité de notre duo improbable avait atteint des sommets, et nous avions pu mettre en marche notre petit plan machiavélique. Nous avions tous les deux été très fiers du petit effet produit, notamment à l’université. Tous ces crétins d’étudiants avaient marché. Ils avaient tout gobé, sans même se poser une seule question, et s’étaient frottés les mains de voir un épisode digne des feux de l’amour se dérouler sous leurs yeux. Du voyeurisme, pur et simple. Mais qu’importe ? J’avais accepté, elle avait accepté. Tout c’était bien déroulé, mais la chute avait été encore plus spectaculaire que ce que nous avions prévu. Les joies des imprévus… La fusillade nous avait coupé l’herbe sous le pied, et notre plan n’avait plus eu lieu d’être. J’ai perdu patience lorsque j’ai entendu Micah employer un possessif pour parler de Manon. « Ta Manon. » Non mais franchement, elle réalisait ce qu’elle était en train de dire, là ? Elle était depuis suffisamment longtemps à Berkeley pour avoir eu connaissance de la réputation de Manon Petrov-Versier, non ? Et quand bien même ça n’aurait pas été le cas, il suffisait simplement qu’elle fasse un petit effort de souvenir. Cette garce de française – à l’époque déjà perchée sur ses Louboutin – avait pris l’habitude de venir passer ses vacances d’été en Italie, dans la demeure familiale. Ce n’était pas possible que Micah ait oublié cela, et qu’elle ait oublié cette garce en train de nous toiser. « Ce n’est pas MA Manon ! » M’exclamais-je, alors que je finissais par perdre patience. Foutu plan diabolique, tiens ! Si j’avais su qu’il mènerait à ça, je me serai abstenu de l’exécuter. A cet instant précis, je regrettais. Ça m’avait semblé être une bonne idée, mais je réalisais que Micah avait dû en souffrir. Moi qui, quelques jours plus tôt, lui avais dit que je n’étais pas amoureux, et que je ne recherchais pas une relation sérieuse… Elle avait dû se sentir trahie, elle avait dû croire que je lui avais menti. Oh merde, merde, merde, mille fois merde. Aujourd’hui, je me rendais compte que la simple idée de blesser mon sosie ne suffisait pas à compenser la peine que je pouvais ressentir. Peine aussi soudaine qu’inattendue, et qui faisait suite aux dires de mon ex petite amie. Le fait de savoir qu’elle avait pu souffrir de la situation me donnait envie de remonter le temps. Malheureusement pour moi, ce n’était pas possible. Et une fois que l’erreur a été faite, elle a été faite. On ne peut plus revenir en arrière, mais simplement se contenter d’assumer. Assumer, et surtout, essayer de me faire pardonner. Mais avant tout, je me devais de rétablir la vérité. Micah méritait bien ça, et je lui devais bien un peu d’honnêteté. En espérant qu’elle me croit. « Je m’en fous d’elle, tu comprends ça ? Elle n’a aucun intérêt à mes yeux ! » Lâchais-je, élevant légèrement la voix. Je l’implorais du regard, mais le sien était froid, glacial. J’avais l’impression de parler dans le vent, de m’adresser à un mur. J’aurais pu lui dire n’importe quoi que ça aurait eu le même effet. Désemparé, j’ai enchaîné. « Putain, mais faut que je te le dise en quelle langue pour que tu comprennes ?! » Et voilà, j’étais mal, alors forcément, il fallait que la colère ressorte et prenne le dessus. Tout impulsif que j’étais, je ne parvenais pas à me contrôler. Je ne savais même plus comment m’y prendre pour qu’elle me croie. J’avais l’impression d’être complètement discrédité à ses yeux ; maintenant, elle devait penser que tout ce que je disais n’était que mensonge. Sauf qu’elle se trompait lourdement. J’ai lâché un soupir, alors qu’elle me disait que ce n’était pas si affaires. J’avais envie de lui attraper les épaules, et de la secouer, pour qu’elle revienne sur terre. Bien évidemment que c’était ses affaires. Tout la regardait. Depuis que je l’avais recroisée, lors de cette belle après-midi, je ne vivais que par elle, et pour elle. Elle était tout, même si elle semblait ne pas le voir. Ô monde cruel, il semblerait que mes erreurs passées soient chères à payer. J’ai finalement baissé les armes, abandonnant la partie. J’avais perdu, c’était bon. Je m’avouais vaincu. Qu’elle reprenne sa petite vie tranquille là où elle l’avait laissée, et qu’elle me laisse vainement tenter de reconstruire la mienne. « Effectivement. Au final, il semblerait que ce ne soient pas tes affaires. » Finis-je par murmurer, détournant le regard. C’était trop dur. Je ne pouvais pas l’affronter, pas même la regarder lorsque je lui sortais des conneries pareilles. Et d’ailleurs, si la maladie pouvait m’emporter, là, maintenant, tout de suite, ça arrangerait mes petites affaires, et ça réglerait mes petits problèmes. Mais non. Apparemment, il semblerait que la maladie n’intervienne pas sur commande. Dommage pour moi. L’heure était désormais aux explications. Vu ce qu’elle venait de me dire, j’avais envie de m’enflammer, de m’emporter, et de lui dire d’aller se faire foutre. Puisqu’elle n’en faisait qu’à sa tête, et qu’elle croyait que je la prenais pour une conne… Autant que ce soit pour une bonne raison, non ? Non, vraiment non, ce n’était pas une bonne idée. Je me connaissais ; si jamais je faisais ça, j’avais culpabilisé, et m’en mordre les doigts pour le restant de mes jours. J’ai tenté de rétablir la vérité, en avouant que Manon et moi n’avions jamais été en couple. L’annonce eut apparemment l’effet d’une bombe. A vrai dire, je ne m’attendais pas à ça. Micah avait une voix sifflante, et semblait franchement sceptique. A coup sur, elle était encore en train de s’imaginer que je me foutais d’elle, que j’inventais, ou je ne sais quoi encore. Ses mots étaient tranchants, volontairement blessants. « Arrête Micah. On a été en couple, et tu sais pertinemment que c’est quelque chose qui a compté pour moi. » Et comme ça, au pire, si tu ne le sais pas, maintenant t’es au courant. Je n’avais jamais pris notre passé commun à la légère, et j’avais toujours accordé de l’importance à notre histoire. Certes, trois ans avaient pensé, mais rien n’avait changé. Pourtant, ça ne suffisait pas. Sa voix était acerbe, et elle me faisait clairement comprendre, notamment avec ses bras croisés, qu’elle attendait des explications sérieuses. Ça avait plus intérêt de tenir la route, visiblement. J’ai dégluti, avant de commencer à lui expliquer le pourquoi du comment. Ces explications, c’était peut-être ma seule chance de renouer avec elle, et je ne comptais pas la laisser filer comme un idiot. J’avais suffisamment déconné jusqu’à maintenant, je pense. Prenant une voix calme, j’ai rendu des comptes. « Je t’en prie Micah, tout cela, ce n’était que de la mise en scène. » Avouais-je. « Tout. De A à Z. Mon couple, ou plutôt mon pseudo couple avec Manon, ce n’était que du vent. Tout a été orchestré par nos soins, du début à la fin. On n’a jamais été amoureux. A vrai dire, on n’a pas franchement grand-chose en commun, elle et moi. On se connait à peine, et vu son comportement, je peux t’assurer que ce n’est pas le genre de fille que j’apprécie. » Bah ouais. Je sais que la mode est aux connasses sans cœur et sans compassion, mais je me complaisais à ne pas entrer dans le moule. J’aimais les filles calmes, posées, gentilles, intelligentes, et simples. Ce qui n’était pas franchement le cas de Manon, par exemple. « Elle a été blessée par Augusto. Ne me demande pas pourquoi, j’en ai strictement aucune idée, et je m’en contrefous. Et tu sais à quel point les relations avec mon frère sont difficiles…. » Continuais-je, cherchant les bons mots pour lui rendre compte de la situation. Et au passage, on félicite Sandro pour ce magnifique effet d’euphémisme. « Du coup, je n’ai vu que le profit que je pouvais faire dans cette histoire. Je voulais, d’une manière ou d’une autre, toucher mon frère. Et Manon souhaitait provoquer une réaction en lui… On s’est dit qu’en s’unissant, l’impact serait plus important. » Ces confidences avaient un effet libérateur. J’évacuais, je rétablissais la vérité aux yeux de Micah. Watch-Out pouvait bien penser ce qu’elle voulait, je m’en foutais comme de l’an quarante. La seule chose qui m’importait, c’était que mon ex petite amie sache la vérité. Qu’elle sache que je ne m’étais pas foutu d’elle, que je ne lui avais pas menti. « Alors on a tout manigancé, et on a pensé que se mettre en couple serait la pire chose qu’on pourrait lui faire. Alors on l’a fait. Et puis tu connais la suite, la saint-valentin, la fusillade et… Maintenant. » Terminais-je en lui offrant un pauvre sourire. Mais intérieurement, je ne savais plus où me mettre. Je n’avais jamais envisagé de rendre des comptes à quelqu’un, à propos de cette histoire. La vérité, c’est que je n’étais pas fier de moi. Sur le coup, j’avais pensé que ce serait une idée géniale. Qu’Augusto allait enfin payer, qu’il allait souffrir, et que je tenais ma vengeance. Et c’était vrai, ça avait plutôt bien fonctionné. Mais maintenant, quand je regardais autour de moi les dégâts collatéraux, je me rendais compte que tout ce cinéma avait été à double tranchants. Au final, tous les efforts déployés n’en valaient pas la peine. « Un mal pour un bien », comme on dit. Mouais. Je ne cachais pas mon scepticisme quant à cet adage venu d’un autre temps. Mais à nouveau, comme mû par une colère irrépressible, je n’ai pu m’empêcher d’être désagréable avec elle. Je savais très bien que je marchais sur des œufs avec elle, et que je devais faire attention au moindre de mes mots, notamment ce soir. La pseudo amitié qui aurait pu nous lier s’était envolée, laissant une place centrale à l’affront. Affront que je pouvais facilement qualifier de stupide, dans la mesure où j’en souffrais intérieurement. Mais mon égo m’empêchait strictement de me taire, de rester immobile et sans rien dire face à elle. Plus ambigu que jamais, j’oscillais entre une volonté d’être un ange, ou d’être son nouvel Enfer. Je n’avais pas encore fait un choix définitif, et je m’accordais un laps de temps considérable, alors que j’alternais entre méchanceté profonde et douceur calme. Et, une fois de plus, contrastant avec mon humeur ambiante, j’ai choisi de la retenir. Encore et toujours. Parce qu’à ce stade, ce n’était même plus un besoin, c’était carrément devenu une nécessité. J’avais besoin d’elle, et tout moment écourté par ma faute était un moment gâché. « Non. » L’implorais-je en un murmure, déjà prêt à me placer entre elle et le néant. Ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas dire ça. Elle ne pouvait pas faire ça non plus. Je ne le tolérerai pas. Je venais seulement de la retrouver, après trois longues années. C’est long, trois ans, lorsqu’on vit qu’en n’étant que l’ombre de soi-même. C’était cruel de jouer comme ça avec les sentiments des gens, d’appuyer là où ça faisait mal. Persister et signer, elle avait parfaitement raison. J’allais dans le mauvais sens, tout en étant parfaitement conscient de mon erreur. « Parce que c’est plus facile. » Murmurais-je en relevant les yeux vers elle. J’avais bien conscience de rester dans le flou, de lancer des phrases qui n’avaient pas de sens pour une autre personne que moi. J’espérais sincèrement que, malgré tout mes détours, Micah comprendrait où je voulais en venir. Je refusais catégoriquement de lui dire clairement, comme ça, de but en blanc, ce que je ressentais. C’était ma vie privée, mes affaires personnelles, et je ne voulais pas partager ma douleur avec elle. Surtout pas avec elle, d’ailleurs, qui était justement la cause de cette souffrance. Elle n’avait pas besoin de savoir, et je ne voulais pas la placer dans une position inconfortable. Si jamais ses sentiments n’étaient pas les mêmes que les miens, je savais comment ça allait se passer. Elle allait être douce, gentille, mais on s’éloignerait, tous les jours un peu plus. Et ça, je ne le supporterai pas. Ou alors, elle allait culpabiliser de ne pas pouvoir me donner ce que je voulais. Oui, ça, c’était parfaitement le genre de Micah. Culpabiliser. Je ne voulais pas qu’elle ait pitié, ou qu’elle se sente redevable. « C’est bon, ce n’est rien. » Dis-je d’une voix calme en détournant les yeux. Sous-entendu, « je n’ai pas besoin de ta compassion, je suis grand, je peux me démerder tout seul ». Mais rien n’était moins sur. « C’est pas ça… » Dis-je en soupirant légèrement. La conversation prenait une tournure que je redoutais plus que tout. J’allais devoir accepter la réalité, lui dire ce qu’il en était réellement. J’allais devoir l’éclairer sur le fond de ma pensée, sur les sentiments que je pouvais ressentir à son égard. Et j’étais loin d’aimer ça, surtout après ce que j’avais vu lors du bal de Saint-Valentin. Allez Sandro, un peu de courage, et accepte la défaite, pour une fois. « Ce n’est même pas le fait que tu sois énervée. Je sais que tu ne voulais pas me blesser. Que tu ne veux blesser personne. Mais entends bien qu’il y a des choses qui échappent totalement à ton contrôle… » Micah était sans doute la personne la plus intelligente que j’avais rencontré jusqu’à maintenant. Elle était aussi la plus optimiste – compte tenu de son état –, la plus courageuse, la plus gentille. La plus cruelle, aussi, lorsqu’elle décidait de s’y mettre. Et je pus une fois de plus le constater, alors que j’évoquais notre passé commun, qui s’éloignait de plus en plus. J’ai attrapé sa main agressive. Trop, c’était trop. J’ai profité de cette soudaine proximité, qui contrastait avec l’état de notre relation, pour murmurer, d’une voix sifflante. « J’ai rien décidé du tout. On l’a décidé. » Et on a surement fait la plus belle connerie de notre vie, d’ailleurs. L’électricité était presque perceptible. J’ai senti des regards insistants posés sur nous, mais je m’en foutais. A cette heure-ci, rien ne m’importait plus que de régler mes comptes avec Micah Withmore-Sinclair. Mais de préférence, pas sous les yeux d’un public qui n’attendait que ça pour égayer sa soirée. Profitant du fait que mes doigts étaient toujours enroulés autour de son poignet, je l’ai entraînée à ma suite. Il fallait qu’on sorte, qu’on trouve un endroit calme, et vite, que j’explose une bonne fois pour toute. Elle voulait des explications ? Très bien, elle allait en avoir. Que ça lui plaise ou non, elle allait devoir subir les conséquences de sa naïveté. Sans réellement faire attention, j’ai poussé la première porte qui se présentait sous mes yeux. La réserve. On a vu plus glamour comme endroit. Mais bon, après tout, l’heure n’était pas à la fioriture et au bon paraître. J’ai refermé la porte derrière elle, espérant de tout cœur ne pas être interrompu par une tierce personne. J’étais bien décidé à en finir avec toutes ses querelles et ses faux-semblants. « Qu’est-ce que tu croyais, hein ? Que j’allais te faire la révérence ? » Lâchais-je, sur un ton plus qu’ironique. J’ai eu un petit rire désabusé, alors que je me détournais d’elle, croisant mes mains derrière ma nuque. J’ai esquissé quelques pas, comme pour instaurer une distance entre elle et moi. « Je te signale que tu n’es pas toute blanche non plus, dans cette histoire. » Dis-je sur un ton qui se voulait calme. Pourtant, ses mots vinrent mettre le feu aux poudres. Envolé mon calme apparent. La tempête se profilait à l’horizon. « Ce que je ferai ? » Répétais-je en pointant un doigt accusateur sur elle. « Je ferai exactement ce que j’ai fait ce soir. Je me comporterai comme le dernier des connards avec toi. Je te ferai payer tout et n’importe quoi. Je ferai tout pour que tu t’éloignes, pour que ton souvenir s’évanouisse de mon esprit. Je ferai tout pour te détester, te haïr même, parce que c’est plus facile. Je ferai tout pour t’oublier. » Lâchais-je, franchement acerbe. « Et par-dessus tout, ô oui par-dessus tout, j’aurais cruellement envie d’étriper ce connard dont tu es amoureuse. » Continuais-je, me dévoilant toujours davantage aux yeux de Micah. « Et tu sais quoi ? L’idée d’envoyer valser Peter Parker-Kennedy dans les limbes n’a jamais été aussi alléchante. » Ajoutais-je, mettant enfin des mots sur ce que je ressentais. Mes mots étaient secs, tranchants. Je n’avais jamais été aussi haineux envers quelqu’un. Même mon frère jumeau, pourtant détesté, n’occupait pas cette place de choix. « A ton tour d’y réfléchir Micah. » Dis-je, tout aussi calmement qu’elle. Maintenant que l’abcès était percé, peut-être que nous allions pouvoir repartir sur de meilleures bases. Ou pas, d’ailleurs. « Tu vois, finalement, rien n’est vain, rien n’est fait sans raison. » Lâchais-je. Je n’avais pas tellement changé, finalement. J’étais juste jaloux, acerbe, en colère, désemparé. Et amoureux. Micah ne pouvait désormais plus que contempler les faits. Son effet sur moi était ravageur, dévastateur, mais en aucun cas, je ne la considérais comme coupable. J’étais faible physiquement et émotionnellement, voilà tout.
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MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyMer 4 Avr - 13:17

❝ Te faire goûter à la délicatesse de ma main dans ta tronche. ❞
And I wonder if I ever cross your mind, for me it happens all the time ♪ L'amertume me saisissait à la gorge, la sensation que nous n'avions plus rien en commun si ce n'est un goût prononcé pour notre destruction mutuelle. Mes mots révoquaient le lien qui avait pu nous lier par le passé, traduisant la médiocrité dont je faisais preuve à présent. Pourtant il m'était impossible de reposer les pieds sur terre un instant, même en toute connaissance de cause, je continuais à déblatérer des paroles acerbes qui ne me ressemblaient pas et ne me ressembleraient probablement jamais. Elle était en train de sommeiller profondément, la part de ma personnalité conciliante, chaleureuse, ma vraie moi, Micah originale. Elle dormait d'un sommeil réparateur, espérant naïvement pouvoir sortir de ses ténèbres lorsque le calme serait enfin à l'horizon. En attendant, je me trouvais un tempérament méchant à présent, autant qu'il me détestait, j'arrivais à me détester de lui parler de cette façon et pourtant il m'était impossible d'arrêter le flot de paroles s'envolant de ma bouche. Ne dit-on pas que la meilleure défense reste l'attaque ? . Comme un sixième sens, une seconde personnalité enfouie depuis jadis ma naissance, m'obligeant couteau sous la gorge à me protéger de celui qui avait toutes les clefs pour me briser en mille morceaux d'un seul regard. Arrête Micah, tu vas lui faire mal, tu vas le regretter. Non continue, il le mérite, il hésitera pas à faire qu'une bouchée de toi. Parfois je revenais à la raison, lui adressant de plates excuses et de vague regard navré, parfois j'en rajoutais une couche et plantait mes saphirs dans ses prunelles, à la recherche d'une bataille qu'il pourrait mille fois gagner face à un '' moi '' résolu à mener tout de même une guerre de front. Ferme les yeux princesse, à ton réveil, ce seras terminé. Une fin bonne ou mauvaise, ce n'était pas encore dessiné sur le livre de ta vie, mais ce serais terminé. Je n'avais pas l'habitude de ce genre d'esclandre, encore moins en public. D'ailleurs, aussi loin que remontait mes souvenirs, je n'avais pas en tête d'avoir vécut une situation similaire. Comme quoi il fallait un début à tout, même à mes déboires. Je testais ce que pouvait être mon mauvais caractère sur mon unique adoré, à des années lumières de mon attitude lors de notre dernière rencontre. Notre relation passée s'éloignait à vue d’œil et même si j'avais une atroce envie de courir pour la rattraper, j'avais beau hurler intérieurement, redoubler de vitesse, tendre la main pour la saisir, elle m'échappait dès lors qu'elle était à ma portée, cette sadique. J'avais l'impression que l'ont me retenait en arrière dans ma course, deux bras me saisissant par les épaules, s'amusant à me détenir prisonnière à mes propres dépends. Sauf que je réalisais aussi que j'étais la seule à me retenir de cette façon, j'étais ma propre mère Gothel, retenant la Raiponce que j'étais, tout ça c'était de ma faute. Plus je parlais, plus je me faisais reculer. Je devenais ma propre contradiction et je ne pouvais rien faire contre cela. Tout ce dont j'avais besoin, c'était d'être réveillée un bon coup. It's a quarter after one, I'm all alone and I need you now ♪ Anesthésiée depuis que je savais que Sandro avait quelqu'un d'autre dans sa vie, je m'étais assoupie depuis la fusillade, recroquevillée dans le noir, j'attendais juste qu'on me tende la main. Et pas n'importe quelle main, la sienne. Le reste, je m'en foutais. J'attendais son sourire, sa douceur, j'attendais nous. Sauf qu'il n'était plus à moi, nous n'existions plus et désorientée par cette perspective, j'agissais en conséquence. Complètement à l'envers, désespérante et désespérée. Il me rendait ce que je lui donnais et pour l'instant, tout ce que je lui donnais se résumait en de malheureuses paroles sarcastiques, des défis impétueux que je lui envoyais en plein visages, ses paroles s'écrasant sur ma poitrine et moi qui bondissait dès qu'il osait ouvrir la bouche. Je le dévisageais complètement, lui adressant un regard que je m'étais toujours interdit, attendant qu'il me saute à la gorge et ne m'achève, affublée d'une fierté mal placée. « .Ce n’est pas ce que je te demande, et tu le sais très bien. » Rôles inversés. Lui répondait de sagesse là où j'étais prête à littéralement lui arracher la tête d'un coup sec. Son calme olympien me vit un instant redescendre sur terre. Évidemment que ce n'était pas ce qu'il me demandait, simplement idiote que j'étais, toutes les occasions de faire partir notre discussion en un catch live étaient bonnes à prendre. Dire que j'étais celle qui avait toujours su trouver les mots pour calmer ses coups de sangs, l'arrangeante et conciliante. Mon attitude faisait pitié, je le savais, néanmoins la pitié ne m'empêchait pas de continuer dans la même voie. J'avais beau être parfaitement consciente que mon attitude relevait de l'indécent, que je n'avais en aucun cas le droit de m'adresser à lui de cette façon, impossible de faire marcher arrière ou de ralentir la cadence. Le train était en marche, résolu à arriver à destination. Résolu à terminer cette atroce conversation que nous avions à présent, mais surtout à le faire souffrir autant qu'il me faisait souffrir. A savoir s'il allait me réveiller et me raisonner en chemin, mystère. Mais pour l'heure, captivée par mes prunelles se plantant dans les siennes, j'arrivais encore à ne pas pousser la limite et à rester dans le sobre. « .J'ai du mal à savoir ce que tu veux ces derniers temps. » déclarais-je en baissant d'un octave. L'hôpital qui se moque de la charité, j'étais l'indécise de notre tandem à présent. Alors lui dire que j'avais du mal à le cerner relevait certes de l'euphémisme, mais venant de moi qui demeurait une éternelle indécise quant à notre condition, notre '' couple '' - du moins ce qu'il en restait - relevait de l'affront. J'en étais consciente désormais, mais c'est dans ma petite prise de conscience que mes iris décidèrent de raser le sol. Décidément, au bout de la soirée j'allais être capable de dessiner les imperfections du carrelage les yeux clos. Prise de conscience vaine, car cela ne m’incita pas à fermer mon caquet plus longtemps. Le prénom du prince de Berkeley énoncé à voix haute me donna envie de grimacer. Prince, je voyais encore petit, empereur plutôt. Même si à mes yeux le sosie ne serait jamais rien de plus que la définition de la perfidie. L'égal même de toutes les entités représentants le mal, le vilain, le démon. Dans toutes le religions, croyances, histoires anciennes et même récentes, Augusto restait dans mon vocabulaire le synonyme de la décadence humaine. J'avais une bien piètre opinion de lui, alors le comparer à son frère qui représentait tout pour moi, en effet, je venais d'exagérer férocement et les regrets vinrent aussitôt souiller ma bouche alors qu'il me demandait si j'étais sure de ce que j'avais. Non évidemment que non, mais tu sais ça me tuerais de te l'avouer, alors bon, toi qui veux que j'assume ce que je dis, autant accéder à tes requêtes. Mes prunelles dévisageant toujours honteusement le sol, je restais de marbre face à ses paroles, alors qu'en coulisse je frissonnais de terreur. Idiote, appuyer où ça fait mal, c'est pour les vrais méchantes, celles qui savent vraiment assumer. Pas sure que je le puisse. Ne pas assumer d'être méchante c'est un motif pour quémander le pardon ? Même pas envie de le savoir. « .Je dois vraiment te rappeler comment il était ?. » Mes lèvres se pincèrent. Les souvenirs assaillirent mes songes et timide traîtresse que j'étais de l'avoir comparé au plus méchant de tous les méchants, je poussais un soupir désemparé. Pas besoin de rappel, je me souvenais très bien. J'avais une mémoire infaillible, à me souvenir des détails sans importance, comme par exemple la tenue que portait Gaël la dernière fois que nous nous étions vu, la commande que Peter prenait lorsque nous allions prendre le petit déjeuner ensemble, le parfum du shampoing de Némésis, bref sans importance. Alors me rappeler du comportement de son homologue relevait du jeu d'enfant. Un jeu d'enfant horrible, certes. Ses paroles acerbes maugréées à notre intention, ses moqueries, ses regards. Il avait le don le Augusto, pour d'un simple coup d’œil, vous faire comprendre que vous n'étiez rien du plus qu'un déchet à ses yeux, bon à terminer à la poubelle après usage. Et le pire, le summum même, ce n'était même pas lui. C'était le package complet de la famille Pelizza Da Volpedo. Francesca en tête. Alors s'il voulait vraiment jouer ce genre de rappel, moi je n'aurais aucune honte à lui rappeler que sa Frani chérie avait marqué mon faible orgueil au fer rouge plus d'une fois. « .Je me souviens, ne t'inquiète pas. Il y a des choses que je n'oublierais jamais. Mais si tu veux qu'on commence a discuter des délicieux souvenirs que m'a légué ton frère, on peut aussi parler de ta sœur et je doute, mon cher que cela va te ravir. » maugréais-je en serrant les dents, dans une tentative désespérée et désespérante de tourner la conversation à mon avantage. On est intelligente ou on ne l'est pas après tout. Même si je savais très bien qu'il allait rapidement comprendre où je voulais en venir et me contrer, ce qui me laissait le temps pour réfléchir à une possible façon de à mon tour détourner l'attention. Micah à fait une horrible bêtise de comparer les jumeaux, elle ne veut pas s'excuser et donc joue de son intellect pour mettre son ex chéri sur une autre voie, une voie qui lui plaît plus. Parler de sa sœur, pire que de parler de son frère presque. Tu en détestes un, je déteste l'autre, on est quitte, on en parle plus. Détrompes-toi Micah, j'en connais un qui ne va pas lâcher l'affaire aussitôt. Le pire, je crois que je me commences à m'embourber dans mes méchancetés, sables mouvants en vue, je sens que je vais bientôt m’étouffer dans ma connerie. Tant pis, je décidais de vivre dangereusement, sans lui, je n'avais plus rien a perdre. Guess I'd rather hurt than feel nothing at all ♪ Et tant que j'étais encore dans mes sables, autant y rester. Calimérote de sortie, voilà que je lui offrais tous les bénéfices de pouvoir se foutre de ma gueule en me proclamant grande malheureuse de l'année, naïve de la décennie, idiote du siècle. Heureusement, la conversation ne se prêtant pas aux moqueries – qui précisons-le dans tous les cas auraient été très mal reçues – je constatais qu'il répondait avec un aplomb déconcertant à ma complainte. « .Déconne pas Micah. Je ne t’ai jamais prise pour une conne, jamais. Si t’as cette idée dans la tête, tu peux directement l’oublier. Et au passage, j’ai toujours eu de la considération et de l’affection pour toi. » Bon à savoir. Seulement bonne emmerdeuse, je lui adressais un regard perplexe, bien qu'un brin rehaussé d'une once d'attendrissement. Il avait de l'affection pour moi mon Sandro, ça c'était un détail dont je ne pouvais faire abstraction et que j'allais me rediffuser en boucle et plus encore jusqu'à la fin de mes jours. Donc bientôt. Mais de l'affection, c'était loin de me suffire. Pourquoi se contenter d'une simple affection alors que fut un temps j'avais eut le jackpot, le mégabingo avec lui. C'était peut-être ça mon problème, j'avais reçus beaucoup d'un coup jadis et aujourd'hui je me retrouvais avec une pauvre affection entre les doigts. Moi je voulais tout ou rien. Et ici rien ne me convenait pas, mais passons, dans tous les cas, je devrais apprendre à composer avec ce que l'ont me donnait. Fronçant les sourcils un quart de seconde, je le détaillais avec minutie d'un regard inquisiteur. Jamais prise pour une conne, tiens donc. « .Et là je dois te croire sur parole, c'est ça ? D'ailleurs, je n'ai pas cité d'exemple précis, j'ai fais une généralité. Après si tu te sens concerné, ma foi, à toi de voir ça avec ta conscience. Quant à moi, je n'ai jamais dis que je n'en avais pas pour toi de mon côté. » déclarais-je d'un ton parfaitement posé, sans pour autant lui adresser un quelconque regard, préférant éluder les signes flagrants de tensions entre nous. Pour lui, le plus simple restait la haine, comme il le faisait avec son frère par exemple, je savais comment il fonctionnait au fond. Détester c'est plus simple qu'aimer après tout. Et pour moi, le plus simple, c'était la fuite. Je pouvais sentir qu'au fond, sa seule envie était de me liquider sur place et le lui rendait bien. Tiens, tu apprendras à tes dépends que sortir avec une Alpha, c'est l'enfer. Pas d'argumentation possible, de toute façon, elle est trop intelligent et tournera tout à son avantage. Quelle emmerdeuse je faisais. Si on m'avais dit qu'un jour j'agirais de la sorte, en plus avec Sandro, je ne l'aurais jamais cru. Comme si on m'avais dit que j'étais pourvue d'une jalousie presque maladive, je ne l'aurais jamais imaginé. En réalité, je n'étais pas quelqu'un de foncièrement jaloux, loin s'en faut. Sauf que je n'avais auparavant jamais testé le pouvoir de la jalousie après une relation, Sandro était mon seul véritable ex petit ami, du moins ma seule véritable histoire d'amour, sorti de Gaël, mais ça ne compte pas, on avais sept ans à tout casser. Rumour has it, j'étais la seule à encore le considérer comme mon unique aimé là où il avait ouvert ses horizons. Horizons dont nous discutions à présent, à savoir si j'allais en sortir vivante ou non, seul le futur pouvait nous le dire. Parler de sa dernière histoire de cœur me faisait voir dans le rouge ( parce que c'est une iota, olé métaphore ). Je m'énervais rien qu'à parler de ça avec lui, tellement le fait qu'il s'amourache de quelqu'un d'autre me tuais. Allons Sandro, dis que tu n'aimes que moi, parce que moi c'est le cas. Pire encore, je m'énervais à balancer ça l'air de rien. J'avais vraiment l'air d'une idiote finie et s'il le voyait pas que la jalousie guidait mes mots et mes gestes, alors nous avions un nouvel aveugle dans les bras. La réputation de Manon Petrov-Versier et nos antécédents estivaux ? Rien a foutre. Elle aussi était tombé amoureuse il était une fois, pas compliqué de comprendre qu'elle pouvait aisément le faire de nouveau. Ah, ce qu'elle est aveugle lorsqu'elle est jalouse cette Micah. L'amour rend bête, oui oui oui. « Ce n’est pas MA Manon ! » doucement joli cœur, tu vas en perdre la voix à force de t'acharner. Bientôt je remarquais qu'il était aussi énervé que moi. Il pestait comme je pestais. Souffre autant que je souffre à cause de toi et nous serons à égalité. Moi qui d'ordinaire n'aurais pas fait de mal à une mouche, je me retrouvais à souhaiter le malheur et la douleur à la seule personne que j'eus jamais réellement aimé. Qu'est-ce qu'il me restait maintenant ? Mes bras pour pleurer sans doute. Ou le sarcasme. En mode … comment s'appelle-t-elle déjà cette catin ? En mode La Tour Dubois. La méchante des méchantes. Tiens, la méchante d'Augusto. Moi qui faisais des comparaisons auparavant, avais envie de me la jouer reine des pétasses. « .Ce n'est pas la mienne en tout cas. » plaisantais-je du tac au tac. On applaudis Micah pour sa blague douteuse. Celle-ci voulait clairement dire qu'il parlait dans le vent, à un mur tiens. Le pouvoir du vent sur un mur de brique. Parle à mon cul, ma tête est malade et t'adresses un sourire sarcastique en prime. Je le regardais s'énerver, peu convaincue par ses allégations. J'avais vu ce que j'avais vu, la Saint-Valentin et ses multiples gestes tendres ne trompaient personne. J'étais là, n'en avais pas manqué une seule miette, mon cœur en ruine se souvenant encore de la chute comme si cela s'était passé hier. Pour ça, avec du recul, je préférais me foutre largement de lui plutôt que lui ne continue plus longtemps à se foutre de moi. Bref, moment d'incartade. Las de vouloir l'énerver, j'arrêtais les frais un instant, commençant peu à peu à reprendre un calme olympien, bien que toujours habité par un profond désarroi quant à la scène que nous vivions et offrions à nos pairs. Je serrais les lèvres, agacés que nous devions vraiment discuter de sa nouvelle petite amie et de ce que je pensais d'elle. Seulement quitte à faire démonstration de ma profonde jalousie, autant le faire jusqu'au bout, histoire qu'il sache à quoi se tenir à présent. Et de ma démonstration je récoltais et pas qu'un peu. « Je m’en fous d’elle, tu comprends ça ? Elle n’a aucun intérêt à mes yeux ! [...] Putain, mais faut que je te le dise en quelle langue pour que tu comprennes ?! » En italien, c'est sexy. Terrifiée par le ton de sa voix, je me figeais sur place, déconcertée par son timbre. Mes lèvres se pincèrent en un rictus embarrassée, mes joues se tintèrent d'un rose plus vif tandis que mes deux mains saisissaient ses deux avant-bras dans un réflexe, afin de faire pression et qu'il ne redescende sur terre. « .Arrête. S'il te plaît. Baisse d'un ton, sinon on va se faire congédier. » murmurais-je à son égard, les dents serrées, toutefois apeurée par sa réaction. Courageuse mais pas téméraire la Micah. S'il commençait à hausser le ton de cette façon, il avait m'avaler toute crue, le grand méchant loup. Mes saphirs cherchant les siennes, une fois son regard capté je lui adressais un regard calme bien qu'inquiète de sa réaction. Calme Pelizza Da Volpedo. Tu as peut-être assez de courage pour affronter le regard des autres, moi non. Je n'aimais pas attirer l'attention et a en juger par les regards que l'assemblée nous adressait, nous étions à deux doigts de nous donner en spectacle. Nous avions l'air de deux idiots, deux dramaturges, molières se serait probablement régalé de notre histoire. Et moi bon public, j'en aurais pleuré autant que je pourrais en pleurer si la conversation s'éternisait encore. Je me donnais cinq, dix minutes grand maximum, avant de lâcher un sanglot. « Effectivement. Au final, il semblerait que ce ne soient pas tes affaires » Ses murmures me firent descendre plus bas que terre, rabaissant ma barre des cinq minutes à peut-être deux, voir une. Ce ne sont pas mes affaires. J'avais dis ça, probablement dans l'espoir qu'il me contredise, mais en fait non, je m'étais trompée. Il avait raison, ce n'était pas mes affaires. Seulement la constatation me foudroyait, littéralement. Mon cœur se contracta furieusement, je déglutissais littéralement, adressant un regard anéanti au marbre blanc sur lequel j'arrivais encore à tenir debout. Pleure pas Micah, pas comme ça, pas maintenant. Je serrais les lèvres une fois de plus, avant de finalement lâcher faiblement une réponse claire à son égard. « .Chapitre clos. » Chapitre Micah – Sandro clos. C'était ce que cela voulait dire. Quoi que nous n'étions pas qu'un chapitre, nous étions un livre, tellement notre histoire était grande. Sauf que je m'obstinais à vivre un pied dans le passé, cherchant par tous les moyens de retourner au chapitre précédent. Je voulais le revivre, indéfiniment si possible. Peut-être que tout ce qu'il fallait, c'était faire une nouvelle histoire, écrire un nouveau chapitre. Ah, je me perdais encore dans mes espoirs. Il fallait que j'arrête de ressasser le passer, sinon je risquais de me brûler. Me perdre dans des espoirs futiles ne feraient que me ramener au point où j'en étais ce soir, faire une crise pour quelque chose qui n'existait plus, à mon grand dam. « Arrête Micah. On a été en couple, et tu sais pertinemment que c’est quelque chose qui a compté pour moi » Oui j'arrête, j'arrête. Je persistais à regard le sol, dénuée de toute expression. Une ombre au milieu d'un ramassis de tableau de maître, une coquille vide. Trop dur à encaisser, l'histoire du chapitre clos et la sommation de me mêler de ce qui me regardait venait d'achever ma soirée. Ou de m'achever tout court à voir. Désormais résolue à me laisser dépérir, je le laissais terminer sa petite conversation et partir quand bon lui semblait. « .bref. » éludais-je, encore amer de nos précédentes suppliques. Ce ne sont pas mes affaires. J'avais tellement de mal avec celle-là que du coup je préférais éluder la conversation. Je commençais déjà à m'évaporer, fondre dans les limbes, me laisser tirer d'une existence que je considérais déjà comme vaine par un néant qui n'attendait que moi. Ça a compté pour toi, c'est bien, c'est passé maintenant. A cet instant, je n'avais, je crois, plus aucune raison de rester en ces lieux. En vérité je n'avais plus aucune raison d'exister, j'avais juste envie de partir. Et pas juste partir d'ici, partir tout court. Allez leucémie, vient me chercher, je commence à trouver le temps long. Le visage dénué de toute émotion, toujours concentrée dans ma contemplation du sol, j'écoutais à moitié ce qu'il me racontait, même si je savais que la conversation valait le détour. « Je t’en prie Micah, tout cela, ce n’était que de la mise en scène [...] » Mise en scène. Il me regardait comme s'il avait un aveux à confesser, instinctivement, je relevais mes prunelles vers lui, sourcils froncés. Comme réveillée par un électrochoc. Saisissant les mots clefs de son baratin, je me contentais de fixer ses lèvres bouger avec insistance, gobant chacun des mots qu'il me délivrait en guise d'explication. Du vent, orchestré, pas le genre de fille que j'apprécie. Tu m'étonnes, c'est mon exacte opposé autant physiquement que moralement et mentalement. Manigance, couple, blesser son frère. J'avais saisi le concept. A part ça, tu m'as jamais prise pour une conne, n'est-ce pas, menteur de merde. Silencieuse fasse à tel discours, je déglutissais à chacune de ses phrases. Ça y est, j'étais descendu au plus bas que je le pouvais, au fond du précipice, pas moyen de faire le chemin inverse, personne pour m'aider à remonter la pente. C'était encore pire que ce que je croyais. « [...] Et puis tu connais la suite, la saint-valentin, la fusillade et… Maintenant » Je fixais encore ses lèvres s'arrêter et m'offrir un vague sourire. Souris pas mon pote, je vais t'en coller une. Ne lui accordant rien de plus qu'un silence inquiétant, j'avais l'impression d'être complètement transcendé par la peine. Une soudaine envie de pleurer tout ce que je pouvais devant lui, comme ça, vlan. Tiens regarde, c'est pour toi, c'est de ta faute si j'en ais ras le bol d'exister. Déjà que la vie en tant que Micah Withmore-Sinclair était en sois horrible, il venait de la rendre d'autant plus dégueulasse. Et voilà que mes perles de tristesses venaient inonder mes iris, un bel océan bleu ciel se délayant en un orage bleu marine dont la seule cause se tenait debout devant moi. « .Attends une seconde. » marmonnais-je d'une petite voix, tandis que je me retournais, histoire de ne pas offrir mon visage décomposé à l'italien et commençais à profondément respirer, mes lèvres détaillant un exercice afin de calmer la tempête s'apprêtant à faire rage. Je respirais pour calmer la crise de larme à son prélude, t'as gagné Sandro, ça y est, j'en peux plus de ces conneries. Putain, je le déteste. Me retournant une fois à peu prêt sure que je n'allais pas pleurer, du moins pas fondre en larme devant tous le monde, je lui fis face, lui adressant un regard à la fois sérieux, mais emplis de tristesse. « .Donc tu m'as brisé le cœur pour emmerder ton frère. » constatais-je en serrant une fois de plus les lèvres pour ne pas péter littéralement un câble sur lui et surtout, ne pas pleurer devant lui, quoi que ce n'était pas difficile de voir que j'étais au bord de la crise. Ça fait mal hein. Quoi que, sur le moment j'étais à moitié convaincue qu'il allait me sortir un grand '' j'ai pas fais exprès '' qui devait tout pardonner et faire tout oublier. Jamais. « .J'espère que ça valait la peine, franchement. » dis pas le contraire tu me vexerais. Je parlais en même temps que je réfléchissais, mais à cet instant je pensais vraiment mes mots, plus que ce que j'avais pu dire au cours de la soirée. Parfois j'avais menti, parfois pas mais j'avais prétendu le contraire pour le préserver, mais là franc jeux. Je voulais la vérité, je venais de la bouffer de plein fouet. J'avais voulu faire la maligne avec lui, je venais de littéralement perdre. Un dernier effort et je me casse. « .Je sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Rire de ma connerie, de la scène que je suis en train de te faire, qui devient soudainement ridicule parce que je suis complètement à côté de la plaque. Ou bien pleurer de ta connerie. » déclarais-je, plus sérieuse que jamais. Il me mettait dans tous mes états, tout ça pour quoi, pour se taper des barres au détriment de son frère, mieux, sur la gueule de son frère. Des fois, je me disais que j'allais aller faire un détour chez le jumeau, juste pour que nous aussi on se fende la poire sur le dos de Sandro. Note à moi-même, à voir avec le sosie. Tu parles, je ne jouais pas à ce genre de jeux là, je vivais dans un monde avec une morale et des valeurs. Surtout, j'avais un bon fond, ce qui n'était apparemment pas le cas de tous le monde. « .En tout cas si je m'écoutais, je t'en mettrais une devant tous le monde. » Mais je ne vais pas le faire parce que toi, malgré la bien piètre opinion que j'ai de toi maintenant, et moi, on vaux mieux que ça. Parce que je ne suis pas une dramaqueen qui souhaite vendre son histoire à toute la salle. Mais putain qu'elle me démangeait ma main droite, direction sa tronche. En toute délicatesse. Te faire goûter à la délicatesse de ma main dans ta tronche . Rêve, je t'offrirais même pas ce contact entre nous. « .Je sais que tu n'y pensais pas sur l'instant, mais si tu pouvais au moins essayer de te mettre à ma place avant de dire '' oh Micah, ce n'était pas pour toi, tout n'est pas en relation avec toi '', ça m'arrangerait. » continuais-je dans ma lancée, baissant le regard un instant avant de le rediriger vers le reste de la salle, m'assurant que personne ne remarquait mon état. Bouleversée au possible, j'avais désormais peur de croiser Némésis, total paradoxe sachant que la seule chose que je désirais a présent, c'était de rentrer et que sans elle, ce n'était pas possible. Poussant a nouveau un soupir, j'osais une fois de plus un regard à son attention, assortie à de bien braves paroles. « .Tu détestes ton frère, mais tu joues exactement le même genre de jeu que lui. Je sais combien tu le détestes, mais au point de t'abaisser à ce genre de plan qui sont d'ailleurs complètement de son niveau. » déclarais-je, faisant état de la situation, une situation que je ne pouvais plus tolérer, j'arrêtais les frais. De toute évidence, il n'avait pas pensé à aux dommages collatéraux, seulement à son irrépressible envie de tout faire pour emmerder son frère. Très bien, le dommage collatérale se retire de la course, fait donc tes enfantillages avec ton frère si cela t'amuse et te maintiens en vie, Micah n'est plus. « .Et dire que je voulais m'excuser de t'avoir comparé à lui, que j'étais vraiment désolée. En fait j'étais peut-être plus proche de la réalité que ce que je ne pensais. » terminais-je en baissant les yeux. Et cette fois j'avais tous les droits d'oser. Bouffe. Tu viens de me tuer, à ton tour. Toutefois ma voix s'était ternie un peu plus au fil des mots, vaincue par la fatigue, je rendais volontiers les armes. J'avais plus important à penser merde, j'étais malade, leucémique. Ma vie ne se résumait pas à une histoire d'amour foireuse. Et là, je commençais à me mentir à moi-même. J'avais seulement besoin d'un échappatoire, quelque chose, n'importe quoi pour juste rentrer et habiter mon lit jusqu'à la fin – proche – de mes jours. Seulement l'électricité ambiante nous faisait graviter l'un autour de l'autre, je le contemplais avec aigreur discuter facilité. Notre histoire n'avait rien de simple, mais si tu te plais à le croire, alors fais comme bon te semble. Seulement j'avais toujours du mal à voir où il voulait en venir là où je mettais les deux pieds dans le plats, rôles inversés toujours. Ses doigts autour de mon poignet pour la seconde fois lors de cette soirée, mes prunelles plantées dans les siennes, armées de dédain mais à la fois surprise par son geste, je serrais les dents. « J’ai rien décidé du tout. On l’a décidé » C'eeeeeeeeeeeest pas faux. Lui adressant un regard mauvais, je renchérissais sur le même ton. « .Une erreur de plus. » annotais-je mauvaise. Et qu'est-ce qu'on en faisait des erreurs bon sang. On arrêtait plus. A croire que la séparation ne nous allait pas. Qu'est-ce qui nous avais pris ce jour-là de nous séparer. Sur un coup de tête, comme ça. Tiens, si tu vivais ta vie d'un côté et moi de l'autre. Sauf que moi ma vie d'un côté, j'y arrivais pas, cruelle constatation. Parfois je me plaisais à croire que dans tous les cas, nous nous serions séparés un jour ou l'autre. Le problème c'est que le meilleur motif de séparation, c'est qu'on ne s'aime plus. Et nous pauvres idiots, on s'étaient séparé pour se séparer. On était loin de ne plus s'aimer, du moins j'étais loin de ne plus l'aimer. Merde un peu les erreurs. On apprends de ses erreurs il paraît, toutefois moi j'avais appris mais je voulais réparer et ça, c'était une autre paire de manches. Rien que d'y penser, cela m'énervait au plus haut point. Deux crétins, deux idiots. J'en revenais au point de départ, à être énervée complet. L’ascenseur émotionnel me fatiguait, pourtant je continuais, le jeu à la mort subite semble-t-il. Emportée par Sandro vers d'autre lieux, je me retrouvais projetée dans la réserve, à avoir une discussion entre quatre yeux et quatre murs avec la source de tous mes maux. Rien que d'y penser, je sentais la claustrophobie m'étrangler, une si petite pièce pour deux si grands ego blessé. « Qu’est-ce que tu croyais, hein ? Que j’allais te faire la révérence ? » Porte close et déjà les mots fusaient dans tous les sens. Comme quoi une fois à l’abri des regards indiscret, nos langues déjà bien pendues arrivaient encore à se délier encore plus. Par-dessus le marché, monsieur se permettait un rire sarcastique et agitait son drapeau de l'ironie. Loin d'être amusée, je décidais néanmoins de renchérir sur le même ton, autant rentrer dans son jeu puisque c'était là la seule façon de l'amuser. « .Oui, puis on aurait dansé la valse en amoureux au clair de lune aussi. Non ça va, je crois plus au père noël depuis longtemps. Toi qui fais la révérence c'est aussi utopique que moi qui te fais un sourire maintenant. » Tu plaisantes certes, mais moi je ne rigole plus cher ami. Affichant un air renfrogné, je croisais une nouvelle fois les bras. Ce qui a l'origine signifiait que je n'avais pas envie de discuter et donc me fermait à la conversation, alors qu'en réalité, je me ferais à la conversation, résolue à n'en faire qu'à ma tête jusqu'à ce qu'il ne décide de lâcher l'affaire une bonne fois pour toute. Dans tous les cas, nous foncions tous deux droits dans le mur, autant y aller la tête haute. Deux fortes têtes résolues à gagner une guerre qui n'avait pas lieu d'être. Mais merde, il m'avait blessée comme jamais et j'en avais assez de toujours laisser les autres prendre l'ascendant. Je souffrais pour les autres. Le monde entier souffre et je souffre avec lui. C'est a peu prêt ça. « Je te signale que tu n’es pas toute blanche non plus, dans cette histoire. » Évidemment, c'est plus facile lorsque c'est la faute des autres. Intriguée mais à la fois révoltée par ses paroles, je m'avançais d'un pas, réduisant la distance qu'il avait instauré entre nous. Un simple petit pas, au-dessus du précipice. Intriguée par sa supplique, inquisitrice dans le regard, mes bras se croisèrent de plus belle. « .Pardon ? Exprime le fond de ta pensée. » Dis moi tout, car personnellement je n'ai pas souvenir avoir fait quelconque attentat contre toi, du moins pas avant ce soir. Je l'invitais à combler mes lacunes en matières de relation, car je n'avais vraisemblablement rien à me reprocher, du moins pas à mes yeux. Mais au moins j'étais ouverte à la critique, enfin ouverte, cinq minutes quoi. Le tournant de la conversation me revenait dans une grande claque. Paf, dans la joue. Sauf que je n'étais pas blessée à la joue mais dans le corps en entier. They say it's supposed to be a broken heart but I hurt in my whole body . « Ce que je ferai ? [...] Je ferai tout pour t’oublier » Encaisse. T'as cherchée, t'as perdue. Je ne pouvais pas gagner contre lui de toute façon, il avait cette force de caractère que je n'avais pas, il s'en sortirait quoi qu'il advienne, moi pas. Blessée par ses mots, je baissais les yeux un moment, peu fière d'avoir tiré à moi ce pan là de la conversation. J'avais ma réponse au moins, tout ce qu'il voulait c'était me faire m'oublier. Fair enough. J'agitais le drapeau blanc, incapable de réagir sur l'instant, mise à part dans un mouvement de recul. Un pas en arrière, puis deux et je me heurtais à un bureau ancien. « .Et tu serais heureux comme ça après ? . » demandais-je sérieusement, peinant à lui adresser un regard mais prenant tout de même, dans un geste lointain, de lui faire baisser son index accusateur avec lequel il me pointait. « .Vas-y Sandro, dis moi que tu me détestes, si c'est plus facile. Dis-le à voix haute, je t'écoute. » Et c'est un ordre. Mes prunelles se plantèrent dans les siennes, effet d'automatisme. Les bras toujours croisé, je le défiais presque du regard. Fais moi mal, en gros. Partant du principe qu'il valait mieux avoir mal que de ne rien ressentir, j'allais sortir refaite. « .T'es même pas capable d'avoir un juste milieu entre m'aimer et me haïr. Et avec ça tu veux m'oublier ? . » le questionnais-je toujours aussi sérieuse et inquisitrice, bien qu'au fond je ne menais pas large. J’annonçais plutôt les paroles d'une désespérée, sur un ton loin d'être désespérant cependant. Sauf que le fait qu'il veuille m'oublier, ça ça passait pas. M'oublier. Même si j'en tombais à le haïr plus que de raison, jamais je ne me serais permise de vouloir oublier. « .Déteste-moi si tu veux, mais m'oublier. T'es dégueulasse, t'as pas le droit de vouloir ça. » grognais-je plus énervée cette fois-ci. Pour qui il se prenait lui. Ah il était loin le bon temps, où tout était beau entre nous. Même si parfois un bout du passé se retrouvait dans le présent. En atteste nos retrouvailles, un après-midi de grand soleil. Paradoxalement j'entendais la pluie ruisseler sur le toit, regarde, même les cieux pleurent notre décadence. « .Tu veux vraiment qu'on termine comme ça ? A se faire la guerre ?. » demandais-je finalement. La question à dix milles. Answer it right and I'll forget the last years I've spent missing you, I'll forget how much I loved you, I'll forget everything and we can start over. Et tu sais quoi ? L’idée d’envoyer valser Peter Parker-Kennedy dans les limbes n’a jamais été aussi alléchante Oh là buddy, tu t'engages sur une pente glissante. Même pas une pente, une falaise escarpée dont je n'hésiterais pas à te pousser si jamais tes mots venaient à me déplaire. Peter Parker-Kennedy, dans les limbes. Mes prunelles auparavant tristes se vêtirent d'un brin de colère, je serrais les poings dans un excès d'agacement. « .N'ose même pas parler de Peter. » ordonnais-je sur l'instant, tapant presque du pied au sol. Parler de Peter, de sa part, c'était interdit. A mes yeux on ne pouvait souhaiter de mal à Spiderman, il était mon sauveur. Il menait désormais une vie bien compliquée, tout cela par ma faute. Et moi et la culpabilité ne faisions, alors je me faisais une obligation de toujours devoir défendre Peter. D'autant que là, je ne le faisais pas contre vent et marrée, je savais que j'avais raison. Peter c'est Peter, on touche pas. « .Parce que s'il n'était pas là, je serais probablement morte à l'heure qu'il est. » La fusillade, enfin nous y voilà. Je réalisais soudainement qu'il devait m'avoir vu avec Parker-Kennedy lui aussi le soir de la fusillade, tout comme je l'avais vu avec Manon. Comprenant ainsi le quiproquo, je n'en démordais tout de même pas. « .Et pas d'une leucémie. » Si tu vois ce que je veux dire. Mon regard se brisa un moment, je me perdais dans les souvenirs de cette horrible nuit. Ruben nous courant après dans le seul but de vouloir me liquider, moi, personne d'autre, juste moi. Peter lui n'avait été que le sauveur, moi j'avais été la proie. Moi qui était d'ordinaire si gentille, je ne me rappelais même pas de ce que j'avais pu faire à ce Ruben pour qu'il me prenne en chasse de la sorte. Sauf qu'il ne fallait pas que j'en parle, sinon j'allais encore tomber dans un sombre délire paranoïaque sur Ruben. La fusillade me rendait folle, dans tous les sens du terme. Reprenant mes esprits, je renchérissais. « .Donc crache sur qui tu veux, crache-moi dessus, puisque c'est plus facile. Mais même si tu ne dois rien à Peter, reste respectueux. » Il y a des choses à propos du quatorze février qu'il ne savait pas et je n'étais pas gré de le mettre au courant. Le fait que Peter avait tué Ruben était connu, par contre que c'était à l'origine pour moi qu'il nous coursait, ça c'était déjà moins connu et tant mieux pour moi. Je culpabilisais déjà assez de savoir que Peter avait ruiné sa vie alors que la mienne était résolu à se terminer dans l'été 2012. Il était un peu mon sujet tabou du moment . Passé les paroles enflammées, voilà que l'ont me retournait la pareille. «A ton tour d’y réfléchir Micah. » Mmm réfléchir à comment je réagirais sur jamais on me disait que tu étais tombé amoureux d'une autre. Je poussais un soupir, ce n'était pourtant pas compliqué à comprendre. « .Je n'ai pas à réfléchir, je l'ai vécu. Je crois que mon comportement de ce soir fait démonstration de mon état d'esprit et je n'ai rien à ajouter, je ne veux pas m'enfoncer plus. Je voulais juste te faire réagir... et probablement que te descendre au même point que moi. » Début de phrase pleine de dédain, d'assurance, la fin se perdait dans un murmure honteux. Moi qui ne d'habitude ne faisais pas de mal à une mouche, me retrouvais à tirer mon Sandro en enfers. J'en avais honte, je le savais complètement, c'était mal et horrible de ma part de faire ça. Ainsi honteuse, je baissais les yeux. « .Égalité. » marmonnais-je vaincue, triste constatation. Tu m'as blessée, j'ai tout fait pour te le rendre, ce soir c'était l'apogée du combat de coq, égalité. On redistribue les cartes ou on arrête ? « .Qu'est-ce qui se passe maintenant ?. » questionnais-je le regard perdu vers le sol, débutant ainsi une fixation du sol, comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art a part entière. Éluder ça présence jusqu'à ce qu'il ne s'évapore, c'était bien là tous ce qu'il me restait à faire si je ne voulais plus souffrir. Parce que s'il choisissait la guerre, moi j'agitais le drapeau blanc d'avance.
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Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Empty
MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyMar 10 Avr - 21:37


« Attack is the best form of defence. » J’ai honte. Vraiment honte, j’ai honte comme jamais à vrai dire. Je baissais les yeux, contemplant le sol avec un intérêt soudain. Acte qui témoignait clairement de mon malaise, et de mon incapacité à faire face à des mots tranchants. Je m’embourbais dans une situation qui me menait à ma propre perte. Face à Micah, je faisais ressortir ce qu’il y avait de pire en moi. Je lui parlais mal, je cherchais à la mettre plus bas que terre, et j’attaquais à la moindre occasion. J’allais à l’encontre de tout ce que je pouvais ressentir pour elle ; j’étais dans une contradiction parfaite, et je faisais ressortir l’aspect paradoxal de la situation. « Je t’aime, moi non plus. » Voilà, c’était exactement ça ; pas de juste milieu, pas d’entre deux, j’oscillais entre amour désespéré et haine grandissante. Plus monstrueux qu’humain, je sortais les griffes dès qu’elle m’en donnait l’occasion. Je n’envisageais pas une attaque sans riposte. Le but de l’odieuse manœuvre ? Il n’était pas vraiment défini. A vrai dire, je ne savais même pas si l’on pouvait parler de but. Je cherchais juste à m’en sortir, par tous les moyens, y compris les moins avouables. Le premier, le plus évident à mes yeux, était de me protéger. Parer aux attaques, parer aux mots blessants. Stratégiquement – si l’on pouvait appeler ça de la stratégie, d’ailleurs – je préférais jouer l’homme froid et indifférent, plutôt que de me replier sur moi-même, comme l’aurait fait une pauvre bête blessée. Je ne voulais pas paraître faible, surtout face à Micah. Je n’avais pas envie de voir la pitié se dessiner et envahir ses traits. Bien sur, au fond de moi, je l’étais, et ça me faisait bouillir de l’intérieur. Pourquoi n’arrivais-je pas à m’en sortir ? Pourquoi étais-je incapable de faire face ? Je me laissais assaillir par mes émotions, je me laissais dicter par mes instincts. Mon tempérament de feu avait le don de ressortir dans les pires moments. Je cherchais à me cacher derrière des faux semblants, et pourtant, je savais pertinemment que c’était inutile et surtout, vain. Micah me connaissait, mieux que quiconque. Elle savait comment je réagissais, elle savait ce que je pensais, elle savait quels mots elle devait prononcer pour me faire défaillir, pour me faire bondir. A la vérité, elle savait tout. J’aurais tout eu à gagner, si j’avais arrêté de m’enfoncer dans mes délires. Mais non, entêté que j’étais, je refusais d’abandonner la lutte aussi facilement. Je refusais clairement l’aveu de faiblesse. Et pourtant, je savais pertinemment que cette situation allait amener plus de dégâts qu’elle n’amènerait de profits. Alors pourquoi m’entêtais-je à ce point ? C’était la question à un million. J’ai frissonné alors que Micah me disait qu’elle avait du mal à savoir ce que je voulais. Pourtant, rien n’était moins simple. A vrai dire, je ne voulais qu’une seule chose : elle. Je me fichais du reste ; l’apocalypse pouvait se pointer, les Enfers pourraient bien se déchaîner, que ça ne m’aurait pas dérangé. Tant que j’étais avec ma Mimi, plus rien n’importait. Avec elle à mes côtés, je serais plus fort, plus déterminé, mais aussi plus posé, plus enclin à accepter la fatalité. A nous deux, nous serions plus forts que tout, plus forts que n’importe qui, que n’importe quoi. Le monde pouvait s’effondrer, mon bonheur serait juste complet. Finalement, tout était clair, limpide, simple. « Je suis désolé. » Murmurais-je en baissant les yeux. Désolé pour quoi ? Désolé d’être un crétin, désolé d’être un idiot, désolé de m’enfoncer dans ma propre connerie, désolé de rester flou. J’aurais clairement aimé lui exprimer le fond de ma pensée. Lui dire que la seule chose que je voulais ces derniers temps, c’était elle, uniquement elle. Je voulais qu’elle revienne avec moi, que l’on reprenne notre vie de couple là où on l’avait laissée, que l’on forme à nouveau un duo exceptionnel. Notre temps était compté, nous le savions mieux que quiconque. Il faut croire que sur ce sujet, bien qu’il nous soit parfaitement connu, notre intelligence ne nous sauvait pas. Le constat était amer, mais malheureusement pour nous, nous n’étions pas au bout de nos surprises. Notre déchéance s’annonçait difficile à vivre, et les bas-fonds n’étaient pas encore atteints. Notre capital méchanceté n’était pas arrivé à son terme, et les mots qui suivirent ne firent que le confirmer. Francesca. Elle me parlait de Francesca, d’une voix qui témoignait de toute sa hargne et de sa haine contre ma sœur, tout en la plaçant dans une situation peut avantageuse. Oh merde, tu viens de faire une grave erreur, Micah. Je t’aime bien, plus que bien même, mais il y a certaines choses auxquelles il ne vaut mieux pas s’en prendre. Ma Frani, ma sœur chérie, celle qui avait toujours été là pour moi, celle qui m’avait toujours soutenue. Dans les moments difficiles, ma sœur avait pris une place considérable. Alors oui, lorsque Micah était arrivée, Francesca n’avait pas adopté le bon comportement. Oui, elle avait abusé et dépassé les bornes. Oui, elle avait été une garce avec la blonde si chère à mon cœur, et oui, je n’avais pas apprécié sa façon de réagir. J’avais toujours vaguement tenté de prendre la défense de ma sœur, espérant secrètement que je parviendrais à réunir et réconcilier les deux. Doux utopiste que j’avais été, je m’étais entêté. Désormais, je savais pertinemment que c’était vain. Les deux femmes de ma vie ne s’entendaient pas, et ne s’entendraient probablement jamais, point final. Je n’avais plus qu’à me faire une raison. Mais de là à la comparer à mon idiot de frère jumeau… Non, non, mille fois non. Un monde séparait ma sœur préférée de mon sosie, ça c’était clair et net. « Pas Francesca. » Soufflais-je en relevant les yeux. Je refusais clairement d’entendre Micah me parler de Francesca, pour la simple et bonne raison que je savais qu’elle le ferait en termes négatifs. Moi qui portais hautement ma sœur en estime… Au cours de notre relation, j’avais préféré faire l’autruche dès l’instant où j’entendais parler d’une quelconque querelle Micah – Francesca. A vrai dire, je n’avais jamais voulu réellement m’engager sur ce terrain ; ma prise de position n’aurait fait qu’envenimer les choses. Hors, les filles n’avaient pas besoin de ça ; Francesca utilisait le moindre prétexte pour reprocher à Micah son comportement. « Je sais que tu la détestes, qu’elle n’a aidé en rien pour ton intégration. » Dis-je, d’une voix calme. L’affronter sur ce terrain n’aurait eu aucun sens ; je préférais reconnaître les faits, plutôt que de les nier. Défendre ma sœur corps et âme n’avait aucun intérêt ; ça n’aurait été que mentir, et aggraver mon cas. D’autant plus qu’à cet instant, il n’y avait aucun enjeu, ni pour elle ni pour moi. Micah cherchait juste à dénigrer Francesca, qui n’était pas au courant de son retour dans ma vie. Eh oui, contrairement à ce que j’avais imaginé et ce que j’avais dit à Micah, j’avais su garder le silence, et faire comme si de rien était. J’avais joué la comédie, fait semblant devant ma sœur, prétendu que j’étais dans une bonne passe. Elle avait avalé tous mes mensonges. Jusqu’à quand ? Peut-être jusqu’à ce qu’elle recroise ma blonde préférée dans San Francisco, ou à Berkeley. Ou peut-être jusqu’à demain, parce que je ne pourrais cacher la souffrance qu’elle m’avait infligé ce soir. « Je sais aussi qu’elle n’a pas été agréable avec toi, ni tendre. Francesca n’est pas une sainte. » Trois ans plus tard, j’avouais. Je l’avais toujours su, mais j’avais préféré garder le silence, en espérant que la gentillesse de Micah ferait le reste. En vain ; comme elle me l’avait si bien dit, elle était certes gentille, mais pas idiote. Alors, au cours des deux ans que nous avions passé ensemble, j’avais tenté de rassurer Micah, contredisant les mots de ma sœur. Mais ça n’avait probablement pas suffit, et il devait lui rester quelques séquelles. Pourtant, encore une fois, même lorsque je souhaitais éviter de prendre la défense pour ma sœur, je ne pouvais m’empêcher de balancer de fausses excuses. Bien sur que non elle n’était pas une sainte ; pour autant, cette caractéristique ne justifiait pas son comportement d’antan. « Enfin… Peu importe. » Dis-je, comme si cela pouvait suffire en guise de conclusion. Néanmoins, désirant ne pas suspendre la conversation sur une note que Micah pourrait prendre de la mauvaise façon, j’ai enchaîné d’une voix calme : « Tout ça pour dire que je n’ai jamais été aveugle. J’étais conscient de la haine qu’elle te vouait. J’avais juste espéré pouvoir vous réconcilier… » En vain, je n’avais fait que perdre mon temps. Ah Sandro, quand tu auras compris que ton monde tout beau tout gentil ne prendra jamais forme, tu auras compris une grande chose. Pourtant, le calme qui me caractérisait à cet instant finit par s’envoler. Là où elle s’envolait dans ses réactions et dans ses mots, je tentais – parfois en vain – de rester calme. A l’inverse, elle savait me faire baisser le ton lorsque c’était nécessaire. Elle soufflait le chaud autant que je soufflais le froid, et inversement. La complémentarité, encore et toujours. Cette même complémentarité, qui m’avait tellement plu autrefois, parce qu’elle était la preuve de notre stabilité commune. Nous étions un couple uni, envers et contre tout, envers et contre tous. A l’époque, si l’on m’avait dit que Micah et moi terminerions dans les conditions qui avaient été les nôtres, je ne l’aurais jamais cru. Je n’avais jamais pensé – d’ailleurs je n’avais même jamais eu l’idée d’imaginer – que notre couple aurait pu être un échec. Pour moi, la chute, l’échec, la séparation, n’avaient jamais été à l’ordre du jour. Jusqu’à un beau matin ensoleillé, où là, j’avais complètement déraillé. Le résultat était là : nous nous prenions la tête comme ça n’avait jamais été le cas auparavant. Ô, monde cruel et douloureux, épargne-moi. Ou achève-moi, parce que mon cœur risque de ne pas supporter longtemps cette ballade en montagnes russes. « Oh Micah, je t’en prie, cette généralité m’est directement adressée, je le sais pertinemment. » Murmurais-je d’une voix neutre. Le Sandro était certes amoureux et un brin déprimé, il n’en était pas pour autant moins perspicace ou intelligent. Je ne me voilais pas la face, je ne cherchais même pas à faire semblant. Ma fierté s’était écrasée au profit de Micah. Tant pis pour moi, tant mieux pour elle. Aux yeux des autres, évidemment, ce laisser-aller, cette odieuse incartade de ma part, aurait pu être surprenant. Depuis quand les Pelizza Da Volpedo s’écrase devant les autres ? Pourtant, après réflexion, je trouvais cela presque normal de faire profil bas. Elle méritait tout, elle méritait le meilleur. Ma perfidie et moi étions de trop pour former un duo en osmose avec la parfaite Micah. Comprenant que mes espoirs de couple s’envolaient plus loin que jamais, je ne pouvais désormais plus que me contenter d’être réaliste. Je n’allais pas faire de notre duo ou de notre relation un mystère. Il n’y avait pas de miracle, pas de légende. Ceux qui pensaient cela étaient idiots ; tout le monde, un jour ou l’autre, finit par être oublié. Triste vie, triste constatation. Je m’enfonçais, toujours un peu plus, dans un mélodrame empreint de nostalgie et de mélancolie. Je me laissais submerger par mes émotions, qui se laissaient voir au monde comme jamais. Je n’étais rien d’autre qu’un être chétif, qui se contentait de se défendre ardemment avec des mots blessants. La spécialité de la famille Pelizza Da Volpedo. Sur le coup, penser à ça me donna presque envie de ricaner. Ou pleurer, au choix. Voilà à quoi menaient les mots tranchants, les mots cinglants, les attaques acerbes et le comportement hautain. Tout ça ne menait qu’au néant, qu’au vide. Tout cela me menait à l’absence de Micah. Notons l’ironie de la situation, quand on sait que je ne supporte pas la solitude, et que mon seul et unique rêve est de vouloir partager les maigres années qu’il me reste avec mon ex petite amie. I spend my life, thinking about, you and I ♫. « J’aimerai vraiment que tu me crois sur parole, mais… Je comprends tes réticences. » Autrement dit, mea culpa. Le Sandro a joué, il a perdu, et maintenant, il n’a plus qu’à se cacher dans son lit jusqu’à la fin de ses jours. Bon, ok, j’avais un peu tendance à dramatiser la situation, en m’imaginant déjà avoir un pied dans le caveau familial. Quoique… A peine, en fait. Dans les pires moments, j’avais une violente tendance à m’enfoncer tout seul. Je me voyais déjà, seul, désemparé, déprimé, contemplant avec peine le désastre de ma vie. Broyer du noir avait fini par devenir ma seconde nature. Je n’avais jamais été d’une nature optimiste ; en revanche, là, ça atteignait clairement des sommets. Francesca allait encore devoir me ramasser à la petite cuillère, sans connaître la raison de mon malheur. Elle allait s’énerver, me poser des tas de questions, et comme à mon habitude, je resterai silencieux et inflexible. Enfin, l’heure n’était pas aux spéculations. J’aurais tout mon temps pour méditer sur ma situation et pleurer sur mon cas, suite à cette maudite soirée. En attendant, il me faudrait continuer à être imbuvable avec Micah. Je ne pouvais pas, d’ailleurs je ne devais pas, perdre la face. Je refusais de passer pour le faible de notre duo ; pourtant, au fond, je savais pertinemment que j’étais la partie défaillante. Grand adepte du pseudo adage « Live fast, die young. », je fonçais droit dans le mur, parfaitement conscient de la collision qui m’attendait au bout. J’étais un monstre. Alors que nous étions sur le point de nous entretuer, je ne pensais qu’à mon profit. « Ahah, ahah ! » M’exclamais-je, volontairement ironique, et carrément mauvais. Très drôle Micah, tu devrais te lancer dans une carrière de comique, parce que là, tu excelles dans ton domaine. Alors qu’elle affichait un petit sourire sarcastique, j’ai eu une profonde envie de lui arracher sa soit disante bonne humeur. Elle pouvait bien remballer son sourire, son air moqueur, et toute sa panoplie de fille parfaite. Puisqu’elle me cherchait, elle allait me trouver. Désolé ma chère et tendre Micah, je sais déjà que je vais regretter les mots que je vais prononcer, mais là, c’est plus fort que moi. « Désolé de te le dire, mais à cet instant, tu ne lui as jamais autant ressemblé. » Lâchais-je sur un ton faussement indifférent. Oh merde, merde, merde, mille fois merde, qu’est-ce que je viens de faire… Ma phrase puait la contradiction ; d’un côté, je m’excusais auprès d’elle, je m’excusais de la blesser avec tant d’atrocité, et pourtant, d’un autre côté, je cherchais à la mettre plus bas que tard. L’art du paradoxe, tout simplement. Je regrettais déjà ce que j’avais fait. J’allais en prendre une, c’était presque sur. Quoique, finalement, peut-être pas. Elle était bien trop classe, bien trop raffinée pour me mettre la tarte que je méritais. A voir. En tout cas, il était évident que je la méritais plus que jamais. « Non. Non, oublie. » Murmurais-je. J’ai détourné les yeux de Micah, incapable d’affronter son regard. J’avais dépassé les bornes, et il ne me restait plus qu’à m’excuser. Encore une fois. Mais qu’importe ; elle le méritait amplement, j’étais le seul et l’unique responsable de cette maudite situation. « J’le pensais pas, je ne l’ai jamais pensé. J’voulais juste te faire mal. » Avouais-je en contemplant le premier tableau qui s’offrait à ma vue. J’avais honte. Et là, plus que jamais, Micah avait raison. Jamais je n’avais autant ressemblé à mon frère jumeau que ce soir. Amère constatation. Je voulais qu’elle souffre, je voulais qu’elle ait mal, je voulais qu’elle sache ce que ça faisait d’avoir mal. Le plus simple aurait sans doute été de lui exprimer clairement ce que je ressentais, mais cela aurait signifié reconnaître officiellement que j’étais toujours amoureux d’elle. J’étais dans une impasse. Inconscient des têtes qui se tournaient sur notre passage et du spectacle que nous offrions aux yeux des invités à ce gala, j’avais été acerbe, et mon ton avait monté. Les choses auraient continué de s’envenimer, d’ailleurs, si Micah n’avait pas mis de barrière. Ses doigts se posant délicatement sur mes avant-bras eurent l’effet d’un électrochoc. J’avais l’impression d’être un gamin, pris la main dans le sac après avoir commis une faute. J’ai hoché la tête, après avoir instantanément retrouvé mon calme. « Oui, promis, j’arrête. » Murmurais-je alors que ses prunelles azures captaient les miennes. J’arrête de m’emporter comme un gamin, j’arrête les caprices, j’arrête de te faire du mal. C’est promis, je te le promets, tu vaux mieux que ça, et tu mérites mieux que ça. « Je suis désolé, je ne voulais pas nous faire repérer. » Ajoutais-je après une seconde de silence, alors que mon regard ne lâchait pas le sien. Mais tu me connais ma Mimi, lorsque je suis parti dans les tours, on ne m’arrête plus. Mon tempérament me fait défaut, et me dessert encore. Moi qui n’aimais pas être le centre de l’attention, c’était loupé pour ce soir. J’ai pris conscience de la soudaine attraction qu’était notre duo. Mes yeux se posèrent sur les mains de Micah, toujours posée sur mes avant-bras. Pitié, ne me lâche pas, ne me lâche plus, et reste avec moi. On n’aurait pas dû se séparer, on n’aurait pas dû continuer nos vies chacun de notre côté. C’était ridicule, risible, et ça n’avait aucun sens. Notre souffrance faisait peine à voir, et témoignait d’un malaise ambiant. Ni énervé, ni agacé, ni en colère, j’acceptais la critique. Chose à la fois surprenante, et en même temps, elle semblait tomber sous le sens. Micah avait toujours eu ce don ; elle savait m’arrêter quand il le fallait, me calmer quand c’était nécessaire, m’encourager dès qu’elle pensait que c’était pour mon bien. Autrement dit, elle avait le pouvoir. Sur moi, sur mon comportement, sur mes réactions. Je ne m’en plaignais pas, loin de là ; jusqu’à maintenant, elle n’avait absolument rien fait pour me desservir ou pour me blesser. Au contraire ; elle avait toujours été présente, rassurante, aimante. Elle était tout ce que je voulais, tout ce que je désirais ; mon équilibre, le centre de ma vie. C’était mielleux à souhait, niais à pleurer, mais ces mots résumaient parfaitement ce que je pensais, au fond de moi-même – une fois la haine, la colère, la rancœur, l’amertume, la tristesse, et tout ce qui va avec, dépassés – de Micah. Reprenant une voix calme, je n’en avais pour autant pas fini avec mes remarques acerbes. Bien sur que si c’était ces affaires, tout ce qui me concernait, par extension, la concernait. J’aurais aimé qu’elle me secoue comme un prunier, qu’elle me hurle dessus, qu’elle me mette une claque monumentale pour que je réagisse. Pourtant, elle ne fit rien de tout cela. Cette fois-ci, elle me montrait clairement que j’avais dépassé les bornes. Elle se détournait de moi, ce qui n’avait jamais été une bonne chose. J’ai dégluti, alors que je sentais le poids de la culpabilité m’accabler. Une boule dans ma gorge s’était formée, alors que je l’implorais d’une voix plaintive. « Non, s’il te plait Mimi, pleure pas. » Il n’y avait rien de pire pour moi que de la voir pleurer. Déjà à l’époque, je ne pouvais tolérer ses larmes ; je ne pouvais pas supporter sa douleur, sa souffrance. L’empathie que j’avais pour elle à l’époque, je la ressentais encore aujourd’hui. Les larmes étaient le signe extérieur de sa souffrance, le signe extérieur de mon imbécilité profonde. J’avais joué au plus malin, j’avais perdu. L’image qu’elle me renvoyait n’était pas supportable pour ma pauvre conscience. En même temps, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Dire qu’il y a quelques semaines, nous avions entretenu l’ambiguïté comme jamais… Je pouvais presque encore sentir ses doigts se balader dans mes cheveux, ses mains se poser innocemment sur mes joues, son sourire animer son visage. Ça avait eu un doux et agréable goût de passé, ça avait été un souvenir mémorable. Un souvenir qui m’avait marqué au fer rouge, un souvenir que je n’étais pas prêt d’oublier. Autrement dit, ce serait très probablement le dernier souvenir heureux et agréable que j’aurais de ce « nous » que j’affectionnais tant. Ce « nous », auquel j’aurais voulu revenir, que j’aurais voulu voir reprendre forme. Je ne voulais pas que cela reste une idée abstraite, je voulais que ce soit du concret. Dommage pour moi ; j’avais distribué les cartes d’une telle façon que je ne pourrais jamais revenir en arrière. Plutôt que de garder mon calme, que d’être doux et compatissant, j’avais cherché la confrontation, comme si ça avait été ma pire ennemie. J’avais vaguement tenté de me reprendre, en lui disant que notre couple avait compté, mais ça avait été vain. Elle mettait un terme à notre conversation, à ce « nous » utopique dont je rêvais encore. Plus de Micah et de Sandro, plus de rien. Le néant frappait doucement à ma porte, et n’allait pas tarder à me happer dans le monde détestable de la mélancolie. Et je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer. Néanmoins, une dernière fois, j’acceptais de revenir sur les liens qui m’avaient momentanément lié à Manon Petrov-Versier. J’acceptais, au moins pour Micah, de lever le voile sur la relation que j’avais entretenu avec la Iota. Si on pouvait parler de relation, évidemment. A vrai dire, je considérais plutôt notre supposée relation comme un plan machiavélique, un accord, voire même une vengeance. En aucun cas, je qualifiais nos plans de « relation ». Ça aurait été accordé trop d’importance et trop de crédit à cette garce de Iota. Je m’étais servi d’elle, désormais, elle pouvait retourner dans les bras de mon abominable frère. Quant à moi, je pouvais reprendre ma vie en main, et réparer tous les dégâts involontaires, les dommages collatéraux que j’avais provoqués. Autrement dit, le plus dur était à venir. « Oui. Malheureusement, il semblerait que ce soit ça. » Murmurais-je suite au constat de Micah. Je lui avais brisé le cœur pour me venger. Involontairement, certes, mais je lui avais brisé le cœur. Et si je lui avais brisé le cœur, ça signifiait qu’elle ressentait encore quelque chose pour moi. Et merde, j’ai vraiment déconné. J’ai déconné, sérieusement déconné, et je ne pourrais rien faire pour revenir en arrière. Non, ce n’était pas possible. J’ai dégluti, passant une main sur mon front, après une seconde de silence. « Mais je ne voulais pas. Je n’ai jamais voulu ça, je ne voulais pas te faire de mal. » Soufflais-je, sincère. Elle allait sans doute me dire que c’était trop tard, que j’avais fait des choses atroces qu’elle ne pourrait jamais oublier, que je l’avais blessée à jamais. Mais il fallait qu’elle sache. « Si j’avais su que ça allait te faire autant souffrir, je n’aurais jamais fait ça… » Ajoutais-je, toujours aussi sincère. Seulement, cette fois-ci, je ne savais pas si la sincérité allait me suffire. Au contraire, j’imaginais plutôt qu’elle allait me desservir. Micah risquait de s’énerver, de mal le prendre, et de me dire que je n’étais qu’un crétin sans nom, pour avoir été aussi aveugle. « Je serai revenu vers toi, parce que c’était ce dont je rêvais. » Ultime déclaration, et me voilà mis à découvert. Ce n’était pas prévu, je n’avais jamais imaginé lui dire ça, mais maintenant que c’était fait, c’était trop tard. Je me consolais en me disant que cette annonce avait au moins un mérite : celui de fixer les choses entre nous. Je venais de lui avouer mon plus grand secret ; certes, je ne lui avais pas fait une déclaration en bonne et due forme, mais ça n’en signifiait pas moins. J’étais amoureux d’elle, comme avant ; ces trois ans n’avaient pas atténué ma peine et ma douleur. « Alors non, tu vois, ça n’en valait pas la peine. Peut-être que tu préférerais entendre le contraire, mais j’en ai marre de te mentir. J’en ai marre de faire comme si de rien était, comme si tout cela ne me tuait pas à petit feu. » Commençais-je en soupirant. Ton calme et posé, ce soupire n’avait rien de provocateur. L’énervement n’était plus à l’ordre du jour, en tout cas pour moi ; ça n’aurait fait qu’envenimer les choses, qui étaient déjà bien assez tendues comme cela. J’ai eu un pauvre sourire alors qu’elle me disait qu’elle m’en aurait bien collé une. Accepter, ça allait finir par devenir mon nouveau hobby. Dire que j’étais le pro de la mauvaise foi… « Alors vas-y, fais-toi plaisir, de toute façon, je ne mérite pas moins. » Ce soir, je n’étais plus à ça prêt. J’étais prêt à renoncer à la discrétion, si ça pouvait soulager la conscience de ma blonde préférée. Tant pis, au moins, cette claque aurait le mérite de donner de la matière aux spectateurs. Ils parlaient pour quelque chose, et ça pimenterait leur soirée. Mais je doutais de Micah ; elle ne franchirait pas cette borne. Pour deux raisons ; la première, la plus évidente, ni elle ni moi n’aimions être sur le devant de la scène. La seconde, que je devenais à travers ses lèvres pincées et ses mots tranchants, elle avait une opinion bien trop piètre de moi pour s’abaisser à ça. Autrement dit, je ne mérite pas son attention, et encore moins ses réactions. Dommage pour moi. Suite à cette soirée, je voyais déjà les contours de ma chute se dessiner. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de vouloir sortir ce soir, précisément ? Encore une fois, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer que le destin s’était ligué contre moi. Que la fatalité agissait en moi comme une chimère. J’avais fait une belle connerie. Enfin… Une de plus. J’aurais dû faire confiance à l’air pincé et agacé de ma sœur. J’aurais dû rester bien sagement chez moi. « Je ne vais pas faire ça. J’ai compris. J’ai joué, j’ai déconné, tu as souffert, et je suis grillé auprès de toi. » Constatais-je en baissant les yeux. Je ne cherchais même pas à la remettre en question, dans la mesure où elle avait raison sur toute la ligne. « Arrête avec ça. Je t’en prie, arrête. » Lâchais-je en serrant les dents. Arrête de me comparer à mon frère, c’est insupportable. Alors oui, j’avais agi exactement comme Augusto l’aurait fait. J’avais commis une erreur, j’avais fait un choix qui allait pourrir ma vie pour les prochaines semaines, si ce n’est plus. « Ne remue pas le couteau dans la plaie, j’ai compris. Tu me détestes, tu avais raison, et j’ai eu tort. » Commençais-je en relevant les yeux vers elle. Une dernière fois, je voulais observer ses traits, alors qu’elle me marquait au fer rouge. C’était bien fait pour ma gueule, je l’avais mérité. La situation était inversée ; Micah devenait le bourreau, et j’étais la victime. Chacun son tour de ramer, et le mien venait d’arriver. J’ai dégluti, voyant un gouffre s’ouvrir sous mes pieds. Finalement, peut-être que ce ne serait pas la maladie qui m’emporterait. Mon ex petite amie et ma propre culpabilité s’en chargeaient très bien. « Eh oui, tu vois… La maladie ne nous a pas rendu plus intelligents, ni plus malins. Et encore moins perspicaces… » Murmurais-je alors que notre séparation avait été une erreur de plus. Dans un sens, j’étais soulagé de constater que Micah pensait la même chose que moi. Rassuré de voir que je n’étais pas le seul à regretter cette amère erreur, je me sentais moins seul. Cependant, le plus dur restait quand même de voir que nous avions foncé droit dans le mur, sans nous en rendre compte, mais qu’aucun de nous n’avait été capable de faire marche arrière. Pire encore, nous en étions encore à nous bouffer le nez. Nous n’étions réduits qu’à l’état de deux gamins immatures et incapables de passer au dessus des faits, ni plus ni moins. Je ne blâmais pas Micah ; au fond, j’étais sans doute le premier sur qui il fallait rejeter la faute. « Eh ouais, tu vois… » Dis-je en lui adressant un vague sourire moqueur. Sous-entendu, tu vois, je m’en balance complètement de tes conneries. Mon maigre mensonge faisait peine à voir, tant il sonnait si peu vrai. Allons Sandro, sois donc un peu crédible, tu deviens triste et ennuyeux à mourir. Comme quoi, faire le Gusto, ça ne dure qu’un temps. Je n’étais pas assez expérimenté dans la matière pour jouer au parfait salaud. Désirant revenir à un sujet de discussion plus intéressant – non pas que celui-ci n’eut aucun intérêt, mais nous avions d’autres choses à régler – j’ai enchaîné, reportant la faute sur elle. Evidemment, c’était facile d’agir ainsi. De vouloir me blanchir alors que l’on pouvait me considérer comme le principal coupable. C’était tellement facile, même… Dans le genre « je suis de mauvaise foi », on faisait difficilement mieux, et Micah le savait. Mais j’avais l’opportunité de mettre des mots sur tout ce que je ressentais depuis la soirée de la fusillade ; et cette opportunité, je refusais de la laisser passer. « Peut-être. Au moins, je souffrirais sans doute moins. » Soufflais-je d’une voix profonde. A vrai dire, j’en étais arrivé à un stade où je me demandais si une lobotomie aurait l’effet escompté sur ma personne. Micah était partout. Elle me hantait, littéralement. Sa présence, son odeur, son souvenir… Tout son souvenir m’habitait. La moindre petite chose me rappelait l’importance – éternelle – qu’avait eue et qu’aurait mon ex petite amie dans ma vie. Elle était tout pour moi, depuis bien longtemps. J’étais lié à elle, intérieurement, jusqu’à la fin de mes jours. Je la connaissais mieux que personne, et j’avais une confiance aveugle en elle. Elle était une partie de moi, définitivement. Elle était tout, elle était mon tout. Entendant sa requête, j’ai relevé les yeux vers elle. « Je… » Commençais-je, bien décidé à lui dire à quel point je la détestais, à quel point elle m’avait fait souffrir, à quel point j’étais cruellement dépendant d’elle. Mais je me suis rapidement arrêté, bien incapable d’enchaîner. Parce que oui, en ce moment, j’avais l’impression de la détester ; pourtant, au fond, je savais que ce n’était pas le cas. J’étais amoureux, point barre. Pas la peine de me justifier là-dessus. « Bien sur que je veux t’oublier ! » M’exclamais-je en posant une main sur mon front. « Je veux que tu sortes de mon esprit, je veux arrêter de penser à toi ! » Continuais-je sur la même lancée. Ah ma chère, tu ne vas pas être déçue du voyage. « Je veux arrêter de me faire des films, de croire que tu vas revenir. Tu comprends ça ? Parce que c’est exactement pour ces points que je veux t’oublier. Tu me hantes, et vivre dans le passé n’est jamais très bon. » Lâchais-je d’une voix glaciale. Mes yeux lançaient des éclairs, mais quiconque assisterait à cette scène n’aurait pu remettre en doute ma sincérité. « Non, bien sur que non, je ne veux pas que l’on finisse comme ça. Maintenant, tu le sais. » Murmurais-je sur un ton désemparé. Sortez les mouchoirs, Sandro Vittorio Pelizza Da Volpedo est en train de s’effondrer, et il risque de ne pas s’en remettre. Pourtant, alors que nous étions enfin seul à seul, j’ai engagé mon ultime bataille. La guerre allait enfin se terminer, mais avant ça, il me restait un dernier combat, contre un adversaire complètement abstrait, et qui se résumait en un mot : la reconnaissance. « Ah ouais ? J’vais me gêner, tiens. » Lâchais-je, un horrible sourire narquois sur les lèvres. Le gentil Sandro avait disparu, laissant place à l’abominable Italien sanguin, et jaloux comme jamais. « Toute recherche d’un héros doit commencer à tout ce qui est indispensable à tout héros : un ennemi. » Mission Impossible. Ouais, bon, pour la référence culturelle, on repassera. Pourtant, cette phrase résumait clairement mon état d’esprit : l’ennemi, mon nouvel ennemi, avait les traits de Peter Parker-Kennedy. Homme qui, il n’y a encore pas si longtemps, était un illustre inconnu. Aujourd’hui, je pouvais presque réciter son CV par cœur. Dès l’instant où je l’avais identifié en tant que rival, j’avais tout fait pour en apprendre le plus possible sur son compte. Son nom, sa confrérie, ses projets… J’avais interrogé et épuisé toutes les bases de recherche informatique. Google était devenu mon meilleur ami, mon plus fidèle allié dans cette quête de savoir. Malheureusement pour moi, je ne possédais que de maigres informations sur le compte du nouveau Gamma. « Bien sur, c’est tellement facile de me dire ça. Je suis le pire monstre que la terre eut connu, tandis que Peter… Peter est gentil, Peter est un sauveur, Peter est génial, Peter m’aime, Peter est le nouvel homme de ma vie. » Crachais-je, esquissant une imitation ironique de la fille en émoi devant son nouveau chevalier servant. Encore une fois, je me laissais dépasser par mon tempérament jaloux. Dépassé par la situation, je me suis détourné d’elle. « Alors comment le méchant Sandro pourrait rivaliser ? » Demandais-je d’une voix plus calme. Question purement rhétorique. Amère constatation, venant d’un homme blessé. « La vérité, c’est que je ne peux pas rivaliser avec lui. » Soufflais-je à voix basse. Progressivement, je prenais conscience des choses, de l’impasse dans laquelle je m’étais fourré. Au pied du mur, je ne pouvais que constater l’étendue des dégâts. « Je rends les armes, j’abandonne. » Autrement dit, j’arrête. Reprends ta vie où tu l’as laissée, là où elle en était lorsque tu es arrivée à ce foutu gala de charité. Retourne au creux des bras de ton sauveur ; lui t’apporte la sécurité et le confort, tandis que moi… Moi, je suis son exact opposé. « Je te souhaite le meilleur, Mimi. » Ajoutais-je sur une voix plate. Notre enclin à la dispute et aux chamailleries semblait s’être estompé ; l’heure n’était plus à la discorde. J’ai porté une main honteuse à ma bouche, alors que je réalisais que j’avais employé son ancien surnom. Mimi, ma Mimi, comme je l’appelais lorsqu’aucun nuage ne venait obscurcir notre ciel bleu. « Ouais. Maigre consolation. » Ajoutais-je sur un ton des plus neutres. Pas de haussement de voix, pas d’épaules qui témoignent de la lassitude, pas de soupires qui laissent présager le pire. Je constatais, un point c’est tout. Egalité entre nous deux, balle au centre. Le jeu était calmé, la partie était finie. En tout cas, pour ma part. Micah pouvait bien faire ce qu’elle voulait, continuer si elle le désirait ; quant à moi, j’abandonnais. Je rendais les armes, suite à une prise de conscience tardive et culpabilisatrice. « Better late than never », comme on dit. Allez Sandro, ramasse maintenant, et assume les conséquences douloureuses de tes actes. De toute façon, je n’avais plus que ça à faire, si on exceptait le fait de faire profil bas pour les dix prochaines années auprès de Micah. « Non, en fait, ce n’est même pas une consolation. » Rectifiais-je en baissant les yeux. Je prenais conscience de l’absurdité de la chose. De notre absurdité commune, pour commencer. J’avais des torts, elle avait des torts, nous avions des torts. Seulement, c’était d’une tristesse sans nom. Qu’avais-je fait ? Déjà, je sentais la culpabilité m’envahir, comme un poison s’infiltrait lentement dans les veines. Je l’avais blessée. Avec Manon, certes, mais au cours de notre discussion. J’avais répondu à chacune de ses attaques, j’avais réagi à chaque mot qu’elle avait prononcé. Trop fier peut-être, mais surtout trop stupide. Là où j’aurais dû me montrer calme, la rassurer, lui expliquer les choses, je m’étais emporté. J’avais voulu qu’elle ait mal et qu’elle souffre, au moins autant que moi. Si ce n’est plus. J’avais voulu l’entraîner dans ma propre chute, incapable de supporter la jalousie qui me rongeait de l’intérieur. Encore une fois, mon égoïsme m’avait entraîné sur la mauvaise pente. La pire pente qui puisse être, d’ailleurs. J’avais blessé Micah. Ma Mimi, celle qui comptait plus que n’importe quoi, plus que n’importe qui. J’avais déconné. Sérieusement, gravement, fatalement même. Je lui avais fait du mal. Et une fois que j’ai réalisé ça, comment suis-je censé pouvoir le supporter ? Comment pourrais-je oser me regarder encore dans la glace ? Je m’emportais vite, sans réfléchir, et le remord pointait le bout de son nez une fois l’atrocité commise. C’était toujours comme ça. Sauf que désormais, il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer. Il me faudrait composer avec un futur que je ne désirais pas, avec des données qui ne me plairaient pas. Tant pis, je l’avais mérité. La prochaine fois, peut-être que je réfléchirai à deux fois avant de me comporter comme le plus grand des connards. « Je sais pas Mimi. » Lâchais-je platement, après avoir laissé un court silence s’installer suite à sa question. Dos à elle, j’étais absolument incapable d’assumer. Incapable d’assumer les conséquences de mes paroles et de mes actes, incapable d’assumer la souffrance que je lui avais causée, incapable d’assumer ma lamentable ignorance. La confrontation avait suffisamment duré, pour elle comme pour moi. Nous étions las, et cela se percevait clairement dans nos comportements, dans nos voix. Déjà bien abîmés par la vie et par la maladie, nous ne nous étions accordés aucun répit, nous enfonçant chacun mutuellement. L’animosité qui avait régné entre nous tout au long de la soirée avait fini par s’éclipser, laissant derrière elle des plaies béantes. Moi qui n’avais pas su faire le deuil de notre relation, comment allais-je pouvoir supporter ça ? Et elle ? Qu’allait-il advenir de nous, si « nous » il y avait encore ? Notre chemin semblait se finir en cul de sac. Nous étions face à un mur. A nous de voir si nous étions capables de le franchir, ou s’il nous faudrait rebrousser chemin. « J’en sais rien… » Répétais-je, désemparé. Prenant mon courage à deux mains, j’ai osé relever les yeux vers Micah. J’espérais sincèrement trouver la réponse à sa question dans ses prunelles bleus azures. Pour la première fois de sa vie, l’intelligent Sandro, le chouchou des professeurs, n’avait pas de réponse. Alors dans ces cas là, comme à chaque fois que je me sentais perdu, je faisais ce que je pensais être le mieux : je me raccrochais à la première personne que j’aimais et qui se trouvait dans les parages. Je me raccrochais à cette personne furieusement, désespérément, en espérant secrètement qu’elle m’aiderait à y voir plus clair. Mais cette fois-ci, je n’étais pas sur que ça fonctionne. Je ne savais pas vraiment qui de elle ou de moi était le plus perdu, le plus désemparé. A croire que les questions existentielles qui concernent les couples restent insolvables. A mon plus grand malheur, soit dit en passant. « Dans quoi on s’est embarqué ? » Murmurais-je. Question purement rhétorique, qui n’attendait aucune réponse. C’était dans ces moments là où je regrettais notre erreur passée. Idiots que l’on avait été, on s’était séparé. Pourquoi ? Parce qu’on pensait que ce serait mieux, que l’on pourrait plus profiter, que l’on pourrait découvrir le monde. Bah bien sur, n’importe quoi. Il n’y avait eu que deux abrutis sur terre pour gober un truc pareil, et il avait fallu que ce soit nous. Peut-être aussi parce que « Olééééé, on est malade, on a vécu une bonne expérience de couple, maintenant on n’a qu’à aller essayer de profiter de la vie l’un sans l’autre. » En gros, c’était ça. Ironie de la situation, ni elle ni moi ne parvenions à gérer cette séparation, qui datait pourtant d’il y a trois ans. Tout le monde dit que c’est elle, qu’elle est faite pour toi, tout le monde dit que c’est elle, tout le monde dit qu’elle t’enterrera ♫. Courage Sandro. Si tu as de la chance, il ne te restera que quelques mois à patienter. « J’aimerai qu’on reparte sur de bonnes bases, mais je doute que ce soit possible. Faire semblant, tout ça… Ça ne me ressemble pas, ce serait être hypocrite. Et je ne le suis pas. » Dis-je d’une voix calme. J’exposais les faits d’une réalité que j’abhorrais à reconnaître et à accepter. « Je ne veux pas de ton amitié, je veux tout. » Annonçais-je d’une voix douce, presque mélancolique. Voilà Micah, maintenant tu sais tout, vraiment tout. Plus besoin de chercher à me décrypter, à me comprendre, il n’y avait plus rien à deviner. Je m’étais dévoilé entièrement à ses yeux azurs, lui accordant une ultime fois ma totale confiance. Comme autrefois, me rappela ma détestable conscience. J’avais fait preuve de vérité, j’avais été honnête. Je lui devais bien ça.
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Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Empty
MessageSujet: Re: Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro Caught you crashing my dreams again when I'm trying to get over you ► micah & sandro EmptyDim 15 Avr - 23:01

❝.I'm too far gone, I'm broken.❞
Katherine Pancol : Il faut du courage pour être heureux. Se retrousser les manches et ne jamais renoncer. Peut-être ferais-je mieux de m'en aller sagement, silencieusement. Tourner le dos à quelque chose de désormais révolu, faire un pas chassé vers l'inconnu, le futur. Mais moi j'ai peur du futur. J'ai pas peur de mourir, loin de là, je l'attends depuis déjà longtemps la mort. J'ai plutôt peur de vivre, parce que vivre c'est difficile et moi je savais depuis le premier chapitre que ma petite existence était irrémédiablement promise à s'évanouir en plein milieu du livre. J'ai peur de vivre seule aussi, parce que forcément pour être heureux, faut partager. Et moi j'ai tellement partagé dans ma vie, avec lui par exemple. Même pas un exemple parmi tant d'autre, mon seul exemple, ma thèse et mon antithèse, l'œuvre de ma vie peut-être. S'il savait combien cette conversation me brisait. Pourtant j'étais seule fautive, j'avais cherché et je le trouvais bien dans les formes. Mon élu se trouvait en grande forme et ne faisait que répondre à mes attaques après tout. Tenancière de mes déboires, je constatais que mon existence entière ne jurait que par ses traits. Mes émotions, jusqu'à la plus petite fibre de mon âme ne demandait qu'à ressentir encore notre passé, même un tout petit peu, juste le serrer dans mes bras cinq secondes, sentir son parfum et après, tout pouvait arriver. Crise cardiaque, étourdissement, évanouissement, coma. Qu'importe, je ne suis pas difficile moi comme fille, plutôt arrangeante. Au final pourquoi je me souciais du passé alors que l'ont m'offrait le présent. Qui plus est, j'ai à ce jour toute les raisons de croire qu'il me valait mieux profiter du présent que d'un futur qui m'était refusé. Je perdais mon temps à renier, même bousculer, mon unique aimé. Puis moi de la fierté, en général j'en ais pas. Elle s'est réveillée ce soir en réalité, ma petite fierté personnelle, mon égo jusqu'alors aux abonnés absents. Son ombre peinte sur mon panorama avait égayé une part de personnalité que moi, ou n'importe qui, aurait juré ne jamais exister. Love makes you do crazy things . Vous savez ce qu'on dit, l'amour ça rend bête. Et moi peu habituée à fricoter avec la connerie, je me retrouvais à me donner en spectacle, autant devant lui que devant les autres. Représentation unique, la Micah dans l'unique domaine où elle n'excellait pas, la méchanceté. Quoi que vu sa gueule, il devait apprécier l'exhibition et je devais être plus convaincante que ce que je ne pensais. Nous avions l'air de deux andouilles. Autant lors de notre dernière rencontre, n'importe qui aurait pu avoir deviné l'ambiguïté de notre rencontre, autant maintenant, nous pouvions dessiner au sol les contours du grand canyon qui nous séparait au crayon à papier. Deux andouilles, chacun d'un côté du précipice, refusant de se laissant la corde afin de traverser et dans leur contradiction la plus hardie, à se lâcher du regard et partir dans des directions opposées. Moi j'attendais un signe, c'est tout. Mais le signe, il n'arrivait pas, alors énervée d'attendre l'improbable, pour ne pas dire l'impossible, je provoquais les choses à coup de sarcasme, puisque dans notre monde d'aujourd'hui, y a que les connasses qui attirent l'attention et obtiennent les bonnes grâces de ces messieurs. La preuve, Sandro, il préfère les connasses, petite et brune de préférence. Bref, le contraire de la gentille et blonde de cheveux Micah qui n'avait aucune chance, évidemment. Dramaturge à ses heures, Micah Sinclair. « .Je suis désolé. » J'aurais voulu avoir le courage de lui dire '' Va te faire foutre ''. Faut croire que j'étais pas assez caractérielle, même dans ma montée en puissance de ce soir, pour pouvoir enfoncer le clou un petit peu plus. J'étais gentille de nature, d'une bonté inépuisable, incapable de profaner qui que ce soit à coup de méchanceté, mais alors lui, encore pire. Je me demandais d'ailleurs si j'allais survivre. A ses grossièretés, ses haussements d'épaules, ses soupirs, l'indifférence dont il faisait preuve, mais aussi à la tristesse que je déchiffrais dans ses prunelles alors qu'il s'excusait. Et, mais surtout, si j'allais survivre à l'idée que tout était de ma faute, que je l'avais cherché. C'était moi l'emmerdeuse qui arrivait sur ses grands chevaux ce soir, qui le bousculait, à coup de mots méprisant et de faux sourires. Putain, j'aime pas être méchante. '' Va te faire foutre '', c'est pas de mon genre, c'est pas moi. Moi c'est '' ce n'est pas grave, je comprend '' même si c'est pas vrai. Parce que c'est plus simple à accepter, plus simple pour tous le monde. J'étais ça, une fille simple, presque sans intérêt. Personne n'avait grand intérêt pour moi, maintenant, puis même avant, mais je m'en étais jamais plainte. Personne sauf une. Peut-être ( surement ) que c'était pour cela que j'insistais, je persistais, je signais pour lui. Sandro c'est le seul. - Sandro t'avais promis que tu m'aimerais toujours - . Et moi, j'espérais bêtement qu'il n'avait qu'une parole, même si sa parole en avait pris un sacré coup lors de notre séparation. Y a des choses comme ça, on peut pas changer. On peut pas changer le passé, on fait avec et moi belle idiote, je me cramponne à quelqu'un qui est aveugle face à mes réactions. N'importe qui pouvait lire à travers mes mots que tout ce que je balançais c'était du désespoir mal dissimulé, amoureuse blessée qui ne sait pas comment contrôler une jalousie jusqu'alors jamais soupçonnée. Mes méchancetés criaient le paradoxale, le gros '' je suis jalouse, tu devrais être à moi, moi je ne jure que par toi ''. Pathétique, grotesque un peu. Calmée mais pas pour autant résolue à changer de comportement, je poussais un soupir vaincu. « .Et c'est supposé tout changer c'est ça ?. » éludais-je hésitante. J'aurais pu lui dire '' excuse acceptée '' et juste faire avec, me barrer genre, ou bien le regarder jusqu'à tant qu'il ne me dise autre chose de plus intéressant. Genre Je t'aime, reprenons de zéro, j'en ais marre de dormir sans toi. Cela sonnait si doux dans mes oreilles, mais bon c'est d'un utopique maintenant. J'aurais pu le lui dire aussi réflexion faite, après le '' excuse acceptée '' que je n'avais pas osé, mais dans le genre idiote qui se crois dans sa chimère et qui va se réveiller seule, le cul par terre et triste de s'être crue dans la réalité, j'allais me poser là dans un gros fracas. Ne jamais renoncer on as dit, du moins Katherine Pancol. J'étais encore dans ma phase où je réagissais comme une crétine, je balançais tout ce que j'avais de mauvais à son égard histoire de l'enfoncer profond dans un trou que je ne prenais même pas plaisir à creuser. Alors le bonheur, j'y renonçais évidemment. Plus il allait être malheureux, plus j'allais être malheureuse, c'est l'adage qui veut ça, quand on aime c'est bien, puis des fois c'est mal. Comme maintenant. Maintenant que j'osais le frère et maintenant, la sœur. Femme de sa vie, femme de ses nuits. L'atroce de envie de le secouer de toute ma petite force de poulette, jusqu'à ce qu'il ait le tournis et qu'à force de crier, sa voix se taille dans un aiguë dégueulasse qui me ferait rigoler à la place de pleurer. Je ne savais pas pour Francesca, si j'étais simplement jalouse de leur relation, ou bien simplement énervée qu'elle ne m'aime pas sans raison. Enfin, sans raison qui en valent la peine. Parce que son '' elle me vole mon frère '', en vérité, j'en avais plus pitié qu'autre chose. Si je ne l'avais pas autant aimé son frère, je lui aurais probablement rendu de bon cœur. Y a que les fous qui oseraient s'aventurer sur un terrain aussi miné et bon sang, si au moins il se réveillait le Sandro. Si au moins il se rendait compte que sa relation avec sa sœur allait le bouffer. Mais même pas. En attendant, je haussais les épaules alors qu'il débutait un petit monologue, que j'écoutais à peine évidemment, peu avenante que j'étais. Parler d'une connasse avec un connard, non ça va, j'ai une moyenne qui frôle le vingt sur vingt moi, j'ai pas de temps à perdre à bavasser sur une portée d'idiot. Toutefois évidemment, j'écoutais, même si je mimais une grande indifférence, les bras croisés, l'air renfrogné, toute la panoplie de la petite enfant capricieuse de sortie, je me contentais de dévier mon regard sur le carrelage de temps à autre. « Tout ça pour dire que je n’ai jamais été aveugle. J’étais conscient de la haine qu’elle te vouait. J’avais juste espéré pouvoir vous réconcilier… » Donc en gros, il espérait qu'un jour les poules aient vraiment des dents. Autant je m'étais perdue dans mes espoirs de me remettre un jour avec lui, autant lui il partait encore plus loin dans ses rêveries à s'imaginer qu'un jour la Francesca m'accepterait. Quand bien même, après tout ce que j'avais entendu, tout ce que j'avais vécu par sa faute, il était fort probable que je ne rechigne à signer l'armistice. Ainsi décidais-je de clarifier les choses une bonne fois pour toute, résolue à clore au moins un chapitre ce soir, celui de la sœur hystérique. « .Je ne la déteste pas et tu le sais. Elle a fait de ma vie un enfer certes, mais je ne m'abaisse pas à ça moi. Donc tu peux prétendre tout savoir, tout comprendre, cela ne t'empêchera pas de dresser ta sœur sur un piédestal et ça mon pote, c'est à toi que ça portera préjudice, pas à moi. » pestais-je à son égard, mon index appuyant sur son épaule droite avec insistance, une fois, deux fois, histoire de le faire reculer et de bien prouver, autant à lui qu'au reste du monde que Francesca Pelizza Da Volpedo n'aurait plus jamais à entendre parler de moi. Seulement face à la mine déconfite qu'il affichait, je ne pu que calmer mes hardeurs. Une fois de plus, j'étais celle qui cherchait la confrontation, celle qui jetais de l'huile sur le feu, de l'eau dans le gaz, bref, tout pour raviver le brasier. A croire que tant qu'on ne s'engueulait pas, cela ne valait à mes yeux pas le coup. N'importe quoi, ma connerie. Poussant un soupir comme pour me dépêtrer de mon insolence, je trainais encore mes prunelles sur le bout de ma chaussure, tapotant nerveusement du pied au sol. « .Je crois que cela n'a plus grande importance maintenant, mais navrée que tes espoirs de réconciliations soient vains. » marmonnais-je rapidement en gage de pseudo paix, du moins concernant Francesca ainsi que le reste de sa famille. J'arrivais encore un peu à faire la part des choses fort heureusement, je n'avais pas perdu toute ma tête. Je réagissais de cette manière car je savais que sa famille était loin d'être '' cadeau '', pour l'avoir vécut grandeur nature. Toutefois je préférais faire l'impasse, car j'avais le sentiment de juger ce que je ne connaissais pas, je n'avais pour seule famille que mon père et même si j'avais longtemps considéré Sandro comme ma famille aussi, maintenant j'étais juste moi, enfant unique, à mon grand dam. J'épargnais sa famille certes, toutefois cela ne m'obligeait pas à l'épargner lui. Ainsi délivrais-je de sarcasmes portés à sa seule personne. C'était une toute autre dimension en réalité, d'être méchant, d'avoir du caractère. Je comprenais désormais pourquoi certains et certaines s'évertuaient à se proclamer enfoiré de service, après tout, on se cache derrière ses sifflements étreint de mépris, la personne d'en face en perd son teint et vous êtes déclarés gagnant de l'intermède. Après à voir si cela valait le coup, j'en étais moins convaincue. « Oh Micah, je t’en prie, cette généralité m’est directement adressée, je le sais pertinemment. » daa fuck. Oh Micah. Tiens, j'avais l'impression de me faire enguirlander. C'est comme avant, Oh Micah, dès que je faisais quelque chose qui n'allait pas dans son sens, lorsqu'il n'était pas d'accord ou bien lorsque je l'exaspérais. Oh Micah ! Traduction : Oh Micah, tu m'emmerdes. Oh Sandro ! Traduction : C'est réciproque. Haussant les épaules, je lui adressais un air dédaigneux. Et alors, qu'est-ce que cela pouvait faire que ma supplique le concernait. Ce n'était pas étonnant finalement, vu la conversation entre quatre yeux que nous avions à présent. Mais enfin, je devais avouer que moi aussi je me perdais dans mes bêtises. Qu'étais-ce donc qui lui était directement adressé là où je faisais semblant d'être évasive ? Aucune idée. Mais bien entendu bornée dans ma connerie, je préférais encore feindre l'indifférence. Parce qu'évidemment j'ai appris dans le guide de la connasse de service, aux éditions francesca pelizza da volpedo ( pim ) que l'indifférence était encore pire que la haine. J'avais envie de lui faire mal, même si à présent je commençais doucement à tomber dans l'abime, complètement anesthésie par tant de méchanceté de ma part, trop d'un coup, la conversation en devenait presque fou. Ainsi décidais-je du coup de rester évasive, de pester un peu, histoire qu'il ne remarque pas que j'avais perdu le fil de la conversation et donc qu'il était en train de gagner. «. Et alors ? Tu le prends mal ? Je m'en fou. » déballais-je telle une enfant capricieuse et renfrognée. Peut-être aurais-je tiré la langue que cela n'aurait offusqué personne, heureusement, j'avais encore assez de retenue pour ne pas le faire. Dieu merci, sinon la baffe qu'il méritait, il l'aurait prise depuis fort longtemps. Et le pire dans tout cela, c'est quand même que lorsque je peste, j'ai toujours une tête d'enfant, compromettant ainsi toute la crédibilité de mes propos. Évidemment que je ne m'en fichais pas, c'était lui en face, donc je mentais. Je mentais mal, mais je mentais quand même. Sandro, Sandro, Sandro. L'indifférence m'était interdite lorsqu'il s'agissait de lui, le moindre détails, l'insignifiante poussière le concernant m'intéressait, que cela me concerne ou non. Theres something I cant quite explain, i'm so in love with you, you'll never take that away ♪ Je baissais les yeux, consciente que cela n'allait plus du tout. Le soufflé retombait et ce que je pouvais éprouver comme colère venait de littéralement s'évaporer. Elle revient la véritable Micah, chassez le naturel, il revient au galop. Las d'être l'affable ex petite amie, je poussais un soupir, évacuant peu à peu la colère. Sauf qu'après la colère, vient l'amertume et ça, ça commençait à vraiment piquer. Ma culpabilité me menaçait tel un couteau sous la gorge, se rapprochant un peu plus de ma peau à chaque mot s'échappant de ma bouche discourtoise. Au final à trop faire la maligne, j'allais tout perdre. Pour ne pas changer. « Désolé de te le dire, mais à cet instant, tu ne lui as jamais autant ressemblé. » Salopard de merde, j'aurais ta peau. Culpabilité coulée dans un grand plouf. Reprenons où nous en étions. Il m'emmerdait, avec son ton indifférent, ses réflexions à la con. Autant je plaisantais et j'avais tous le droit de me foutre de sa gueule vu la façon dont il me menait en bateau depuis le début, autant Sandro, tabouche. Je ressemblais selon lui à tout ce qui n'était pas moi. Logique. Petite brune, idiote, superficielle, hystérique. Voilà donc la bassesse du portrait qu'il dressait de moi. Je lui aurais arraché la tête avec le dent qu'on aurait trouvé cela normal. Touchée, mais surtout profondément blessée par ses propos, je le regardais me demander d'oublier ce qu'il venait de dire. Croisant les bras sur ma poitrine, lui adressant un regard au départ outré, je réalisais qu'en réalité, j'étais surtout blessée. Manon ne signifie rien pour moi et tu lui ressembles énormément. Mes lèvres se pincèrent, je l'incendiais carrément du regard, quasiment prête à lui exploser au visage. Néanmoins j'optais pour un plus sage : « .Et il a osé. » constatais-je en bougeant la tête de droite à gauche avec nonchalance. Ne cachant désormais plus mon écœurement, je me contentais de serrer les bras sur ma poitrine avec plus d'insistance, de le fixer avec entêtement jusqu'à ce qu'il ne daigne s'assumer et me toiser comme il savait si bien le fait. Seulement il était aussi courageux que moi, ironiquement parlant évidemment. Nous étions deux courageux, mais pas téméraire. A bazarder divers mots acerbes au milieu d'une conversation éreintante, tout cela dans un climat pénible. Chaque paroles étaient à prendre avec délicatesse, je devais prendre ses paroles avec du recul sinon je jurais avoir la force de l'abattre à l'endroit même où il se tenait. Me comparer à ce que je m'évertuais à éviter en matière de comportement, tout ce qui ne me caractérisait pas, l'opposé même de ce que j'étais en tant que personne, tout cela pour une simple plaisanterie. Plaisanterie de mauvais goût, certes, mais qui à mes yeux ne valaient certainement pas d'être rabaissée au rang de pimbêche. « J’le pensais pas, je ne l’ai jamais pensé. J’voulais juste te faire mal. » Je poussais un soupir, haussant les épaules, même pas surprise par sa justification. Après tout, je l'avais bien mérité, tout ce que je voulais à présent, la seule ambition qui m'obligeait à mener cette conversation douloureuse de front, c'était de le voir descendre de son trône et tomber dans le gouffre dans lequel j'avais établis ma forteresse. Détournant mes prunelles de sa personne, je préférais encore flatter les œuvres d'autrui plutôt que de contempler le désastre des miennes. Nous étions perdu, cantonnés dans l'impossibilité de faire demi tour, notre couple s'assoupissait à tout jamais sous mes prunelles impuissantes,. Condamnée à errer telle une âme perdue, dans un monde sans couleur ni saveur, ma triste constatation agrippa mon estomac d'un geste énergique, vif, coupant ma respiration. C'était comme tomber d'un gratte ciel, la chute qui semble courte en réalité, mais qui au finalement est plutôt longue. Et spouik. « .Je crois que tu as réussi,. » soufflais-je, presque en manque de respiration. J'aurais voulu mettre ça sur le compte de la maladie, me voiler la face un bon coup et me dire que j'étais mal parce que j'étais sur une pente a 90° pour ma Leucémie. Néanmoins j'étais trop lucide pour ça, à mon grand désarroi. Je savais que cela n'avait rien à voir et que la source de mes maux se trouvaient à mon côté. Je hochais la tête, comme pour me réveiller. Mes doigts se posaient sur mon front, le pouce sur le menton, je hochais encore la tête, respirait longuement avant de reprendre un semblant d'attitude correcte. Il était vraiment temps que je m'en aille. « .Mais un peu plus à peu moins, au point où on en est. Je te compares à ton frère, tu me rabaisses à la dernière pimbêche que tu t'es attrapé. Je suppose que c'est de bonne guerre. » déclarais-je à la va vite, dénuée cependant de toute animosité. Je constatais, je te donnes, donc tu me donnes, c'est de bonne guerre. J'accepte les règles, même si je n'en acceptes pas les conséquences. C'était ça de vouloir jouer dans une cours qui n'était pas la sienne et qui ne le serait probablement jamais. Le bien ne peut pas jouer avec le mal, car le bien joue dans les règles, le mal pas. A thousand lies have made me colder and I don't think I can look at this the same ♪ Affrontant le passé dans un présent tumultueux et éphémère, après un contact apaisant, mes mains baladant sur ses avant-bras, eye contact and everything, je calmais l'ascenseur émotionnel en un battement de cils dévoué à la seule vision de ses traits. J'en avais presque oubliée que ses yeux étaient aussi bleu que les miens et complètement hypnotisée par ses saphirs, je nous laissais un instant de répits, me contentant d'acquiescer d'un vague signe de tête à ses plates excuses. Excuse toi tant que tu le veux, je ne t'écoutes plus. Mon attention t'es entièrement dévouée, ma gorge se serre alors que je te regarde and just one look is enough for me to be yours ♪ Méditation de courte durée, aussitôt renversée par la marée engendrée par de bien piètre, mais au combien bouleversant aveux. Il m'arrachait le cœur et piétinait guilleret sur mes restes dans une somptueuse farandole. « Non, s’il te plait Mimi, pleure pas. » . Je m'éloignais, dégoutée. Mes prunes céruléennes papillonnèrent aussitôt dans la marée, une décharge électrique tira d'un coup sec sur chaque pan de ma peau de pêche, je sombrais dans un état de second, sans nom. Je le regardais avec un mélange de dégout et de bouleversement, alors qu'une perle de tristesse débutait sa course sur ma joue. Épongeant la malheureuse d'un revers de manche, je sentais l'aigreur prendre brusquement l'ascendant sur la peine. « .T'es pas en position de demander quoi que ce soit. Puis va te faire voir avec ta ''Mimi'' tu veux ? Je t'interdis de m'appeler comme ça. Mimi, c'était avant. » crachais-je d'un coup d'un seul, furieuse. ça c'est fait. Il osait le '' mimi ''. J'étais en général indifférente à l'appellation toutefois je décidais que lui et moi n'étions plus assez intime depuis trop longtemps pour qu'il se permette ce genre de petite folie à mon égard. Son air penaud me révulsa d'autant plus que je m'imaginais, à tort ou à raison, qu'il jouait la comédie. D'un geste de main vif sur l'épaule, mais pourtant frêle du fait de ma petite force ridicule, je le repoussais. Éloigne-toi, tu m'étouffes, je manque d'air et je ne veux pas partager le tien. T'étais bien quand je te croyais encore loin, mon existence entière tombait en morceau depuis que je le savais ici. Nous arpentions les même couloirs, visitions les même rues, mais nous ne partagions pas les même peine, ça j'en étais sure. « .Je vais pas pleurer pour toi, j'ai déjà assez chialé au cours des trois dernières années pour toi. » Tiens, la voilà ta baffe. Baffe métaphorique, mais il paraît que les mots font plus de peine que les gestes et n'étant pas très férues de tout ce qui était de l'ordre des démonstrations publiques, je lâchais toute ma réserve dans le caniveau pour pester tout ce que je pouvais. J'en avais versé, des litres et des litres de tristesses depuis trois ans. Ou non en réalité. Au bout de quelques mois après notre séparation, je m'étais asséchée. Déshydratée. J'attendais silencieuse un je ne sais quoi qui m'avait échappé complètement mais qui me sautais aux yeux à présent. What do you usually do when I'm gone ? - Wait for you to come back. disait Bob l'éponge à son copain Patrick l'étoile de mer. Puis après, on se rend compte qu'on as plus rien a attendre. Qu'on est plus rien et qu'on as une vie à vivre. Le moment où on est tellement habitué à être mal et triste, on se rend compte qu'on a arrêté d'attendre et que le monde continue à avancer sans nous. Mais aussi le moment où on arrête d'exister vraiment et qu'on préfère utiliser le terme subsister plutôt que vivre. Aimer c'est le mal, même Bob l'éponge devrait le savoir. Au moins si je vivais dans la mer, on ne verrais pas mes larmes perler sur mes pommettes, cqfd. « .Et même si je pleure, qu'est-ce que ça tu vas faire ? Tu vas rester comme un con à me regarder, normal. » conclusion, point final terminé. Je le regardais en serrant la bouche, cherchant pas tous les moyens de rester fière alors que mes yeux trahissaient le panorama. « Mais je ne voulais pas. Je n’ai jamais voulu ça, je ne voulais pas te faire de mal. » Oh fou moi la paix avec tes phrases toutes faites. Je haussais les épaules, lui adressant un sourire dépité, que dis-je, un rire sarcastique. « .Encore heureux que tu ne le voulais pas, manquerait plus que ça. » maugréais-je revêche. Qu'est-ce tu croyais, que je te prendrais en pitié parce que tu voulais pas me blesser ? Il venait de passer sa soirée à ça. Moi aussi d'ailleurs, mais moi je n'avais jamais rien fait pour le blesser avant ce soir alors que lui, seigneur, sa bévue estampillée Petrov-Versier comptait au moins pour mille. J'étais repartie pour encore l'enguirlander, furieusement même, j'avais l'impression d'être une locomotive à vapeur, fonçant tout droit vers le vide. Ou pire, comme dans les mauvais westerns, un train qui va à vive allure, un pont qui menace de s'écrouler dès la première charge. Et moi comme le train, inconsciente du danger, j'y allais à toute vitesse. Bref. Suffit de philosopher, place à la réalité. « .J'en venais à me demander ce que j'avais bien pu te faire pour que tu me fasses un coup pareil. En fait, tu voulais rien de plus qu'emmerder ton frangin. Fatalité quoi. » Appelez-moi dommage collatéraux. Même si je savais d'avance que je pouvais pardonner, soyons sérieux, il s'agissant de Sandro et sa qualité d'homme de ma vie lui permettait de faire toutes les merdes possibles que je lui pardonnerais encore, ce que je savais aussi, c'était que je n'oublierais jamais. Jamais jamais jamais. Et quand on oublie pas, au fond on se méfie toujours un peu. La trahison, c'est moche, surtout pour un motif aussi dérisoire que le sien. « Je serai revenu vers toi, parce que c’était ce dont je rêvais. » Mes lèvres se pincèrent pour ne pas pleurer un peu plus. Il est trop mignon, avec ses aveux et son air coupable déconfit. Je me stoppais dans un instant de silence. Ce dont il rêvait. J'oscillais entre You're a hurricane full of lies and the way you're heading, no one's getting out alive , c'est à dire décider de ne pas le croire, renchérir sur une grande et majestueuse phrase cinglante qui mettrait un terme à toute communication, ou bien Dis-moi juste que tu m’aimes. Parce que moi j’oserai jamais te l’dire la première. qui nous mènerait sur une voie qui m'était pour l'instant encore floue. Faute de savoir quoi dire, je balbutiais quelques mots dénuées de sens, traduisant bien là mon état. Je me contentais de le regarder, interloquée. « Alors non, tu vois, ça n’en valait pas la peine. Peut-être que tu préférerais entendre le contraire, mais j’en ai marre de te mentir. J’en ai marre de faire comme si de rien était, comme si tout cela ne me tuait pas à petit feu. » Aussi oui. Toujours étourdie par ses propos, je me contentais surtout de ne pas pleurer en repensant à la situation que nous étions en train de vivre. Si jamais on me l'avait décrite, je ne l'aurais probablement jamais cru. Je ne prenais jamais les choses à cœur, du moins pas autant que cela. D'ailleurs réflexion faite, si je ne les avais pas prise autant à cœur, nous n'en serions pas là. Je voulais de réponse en le provoquant, je venais de les avoirs et je n'arrivais pas à les avaler. Micah elle amoureuse de Sandro et elle le vit pas bien. « .ça te tue ça ? Tu te serais rendu compte de rien avant ce soir si je ne t'avais pas fait une scène. On doit pas avoir la même conception de '' tuer à petit feu '' parce que si tu veux, moi je vais t'expliquer comment je vivais pendant que tu te pavanais fière de ta connerie devant toute la fac. » finis-je par lâcher. Tout dans un même bloque, croisant les bras nerveusement sur ma poitrine une fois de plus, au bord du gouffre, mais aussi au bord de la crise de nerf. Ma main droite me démangeait nerveusement, ne quémandant qu'à rencontrer la joue droite de l'italien avec vélocité. « .Alors vas-y, fais-toi plaisir, de toute façon, je ne mérite pas moins. » L'important c'est de l'avouer. Dans tous les cas, il savait pertinemment que je n'étais pas ce genre-là. Clairement grande bouche pour ce coup-là, je n'allais jamais oser le baffer, pas devant tous le monde et même si nous n'étions que tous les deux, je n'aurais jamais osé. Du moins, tant qu'il ne m'insultait pas, après y a moyen de s'arranger. Jetant un regard furtif à la bande d'éberlués qui se contentait de nous regarder avec insistance mais non sans curiosité. « .Arrête, tu sais que je ne vais pas le faire. » marmonnais-je rapidement, convaincue que ma supplique n'avait aucune utilité car il savait déjà de quoi il en retournait. Je ne vais pas le faire, mais ce n'est pas l'envie qui me manque mon chéri. « .Ne remue pas le couteau dans la plaie, j’ai compris. Tu me détestes, tu avais raison, et j’ai eu tort. » Je pouvais l'enfoncer encore un peu et lui dire que je m'en foutais de ses aveux, qu'il ne réalise l'étendue de sa bêtise, seulement à quoi bon. J'y perdais autant que lui, à toujours renchérir et las d'être la désagréable de nous deux, je poussais un soupir. « .Je ne te déteste pas, tu le sais très bien. » lâchais-je plus calme, presque conciliante pour le coup, lui adressant un regard conciliant. Je ne t'aime pas particulièrement là maintenant de suite, nuance. Mais le détester, jamais. Il le savait, never have, never will. J'avais l'impression que nous marchions tous deux beaucoup au '' et tu le sais très bien ''. Oui je sais beaucoup de chose sur lui, inversement. C'est ça la magie, probablement. Love is the most powerful magic of all . Enfermé dans une conversation que je présumais sans issue - si ce n'est la mort subite ah - . Appuyée contre une table, je laissais mon regard vagabonder honteusement sur le sol, embêtée par une conversation que je savais indispensable, mais qui allait mettre fin à ma vie telle que je la connaissais à présent et donner le ton pour ma prochaine. « .Peut-être. Au moins, je souffrirais sans doute moins. » Bim. Un point pour Sandro. Mécontente de la réponse, je lui adressais un regard noir sans forcément le vouloir vraiment, disons spontanément. « .Heureuse de l'apprendre. » grommelais-je agacée, affublée d'un air renfrogné qui vint rapidement s'intensifier à la suite de la conversation. « .Bien sur que je veux t’oublier !. » Il persiste et il signe. Mais enfin, je n'étais plus à ça prêt, je voyais le précipice se dévoiler sous mes pieds, le supplice de la planche me rapprochait petit à petit du bord et ses mots m'incitaient à faire un pas en avant. Saute Micah, les crocos se chargeront de te croquer en une seule fois afin de t'épargner la douleur. « .Et t'arrive à te regarder dans un miroir le matin quand tu te lèves ou … ? . » maugréais-je, plantant par la même occasion mon regard dans le sien. Seulement je savais que je n'avais pas le droit de jouer la fille blessée, même si je l'étais. Nous étions deux dans la même barque et j'allais très bientôt comprendre que ma souffrance était partagée, plus que je ne me l'étais imaginé. « .Je veux arrêter de me faire des films, de croire que tu vas revenir. Tu comprends ça ? Parce que c’est exactement pour ces points que je veux t’oublier. Tu me hantes, et vivre dans le passé n’est jamais très bon. » ses mots me bousculèrent. Je le regardais muette, incapable de savoir quoi répondre, me repassant ses mots en boucle dans l'esprit à un rythme effréné comme une cassette radio dont la bande passait et repassait sans cesse à tout rompre. Mes mots favoris, mon favoris. Attendris, j'en perdais presque mon regard noir, plus douce, je penchais la tête sur le côté, me contentant de lui servir un regard cajoleur. « .Si tu voulais que je revienne, tout ce que tu avais à faire c'était de le montrer. » déclarais-je plus calmement, dans l'espoir qu'il appose lui aussi son timbre de voix dans un registre plus serein. Mes saphirs détaillaient son visage, je décidais de renchérir du même timbre. « . et ça l'est lorsque le passé valait la peine. » Et dieu seul sait combien il valait la peine. Nous avions bravé la maladie, les préjugés, les méchancetés. Tout ça pour terminer comme deux malheureux à se disputer dans une réserve remplies de toiles d'araignées et de tableaux de grand maitre. Nous avions bravé beaucoup de choses, tout ça pour se séparer bêtement sur la simple idée de '' voir ce que la vie donne séparément ''. Peut-être était-ce le temps d'arrêter les frais. « .J'en ais toujours eut que pour toi Sandro, tout ce que t'avais à faire c'était me tendre la main. Mais à la place t'es parti dans le sens inverse et nous y voilà... » l'aveu qui me coutait le peu de fierté que j'avais. Au moins l'ont ne pourrais pas me reprocher un manque de franchise. Évidemment je ne voulais pas remettre toute la faute sur lui, j'avais moi aussi ma grosse part de responsabilité, je me contentais de constater. J'optais pour un calme olympien et une gentillesse qui me caractérisait, sinon j'allais tout perdre à faire la peste. Seulement plus simple sur le papier que sur la réalité, je constatais qu'il n'était pas chose aisée de rester dans les tons paisibles lorsque le voisin passait en mode mission impossible. « .Bien sur, c’est tellement facile de me dire ça. Je suis le pire monstre que la terre eut connu, tandis que Peter… Peter est gentil, Peter est un sauveur, Peter est génial, Peter m’aime, Peter est le nouvel homme de ma vie. » Too much of everything. Je levais les yeux au ciel, profondément agacée par ses mots et pire encore ses gestes. Je rêvais ou bien il essayait de me refaire ? Dans une caricature grotesque, presque insultante pour le coup. D'autant que ses propos sortaient de nul part, je n'avais jamais rien dis de tout ce qu'il venait de sortir. Coute Sandro si t'as envie de faire du théâtre, tu vas prendre des cours mais tu nous fais pas chier avec tes absurdités. Il déformait complètement ce que je disais, mieux encore, réinventait mes mots. Le pire dans tout ça, c'est qu'il trouvait le moyen de faire le malin alors que je venais clairement de lui dire que si Peter n'était pas là, je serais probablement entre quatre planches à l'heure qu'il est et lui m'aurait enterré des semaines auparavant avec le reste des défunts du quatorze. On m'aurait dis la même chose, j'aurais probablement été reconnaissante envers la personne qui la sauvé. ( parce qu'on aime tous constance ! ). « .Oh tais-toi, je n'ai jamais dis ça. Qu'est-ce qui te prends à réagir comme ça ?. Je n'ai jamais dis que tu étais un monstre, que Peter était parfait et encore moins qu'il était de nouvel homme de ma vie, arrête un peu ton cirque. » pestais-je affable. Envoyant une fois de plus mes yeux valser vers le plafond. Son discours ne tenait pas la route et je préférais encore être mille fois sourde plutôt que d'entendre pareilles inepties. « .La vérité, c’est que je ne peux pas rivaliser avec lui. » Et encore. Qui parlait de rivaliser. Rivaliser, rivalité. Nous ne vivions pas dans un monde de chevalier. Celui qui galope le plus loin le plus vite à gagné un bisou de la princesse ! Fallait se réveiller et vite, tant que nous étions encore dans la réalité. « .Arrête, il n'a jamais été question de rivaliser. Vous n'êtes pas comparable à mes yeux et tu le sais très bien. » répondis-je sereinement, parfaitement sûre des paroles que j'avançais. Il n'y avait rien de comparable entre eux deux, ils étaient à mes yeux deux personnes totalement différentes, deux relations toutes aussi différentes. « Je rends les armes, j’abandonne. » Sa supplique m'anesthésia, une fois de plus. Je le regardais, prise d'un instant de stress. Comment ça j'abandonne. Non non on continue. Tant que tu me parles, même si c'est pour m'insulter, m'engueuler, on continue. Moi je n'avais pas envie qu'il parte, même si la seule chose que je voulais depuis le début de soirée c'était juste partir et aller m'écrouler dans mes draps. Pïre, je n'avais pas envie qu'il laisse tomber. A mes yeux cela sonnait comme un '' me laisser tomber '' et je n'arriverais pas à accepter. Lâcher l'affaire, laisser tomber Mais non, pour moi c'était inconcevable, ni maintenant, ni jamais. « .Arrête, dis pas ça. » le suppliais-je presque, lui adressant un regard triste que je déviais vers les carreaux, remarquant ainsi qu'il pleuvait dehors. Inattentive, je regardais la pluie encore faible clairsemer sagement les vitres, laissant se disputer avec ses incertitudes un moment. Je pensais, je réfléchissais. J'essayais d'apaiser la tempête entrelaçant mes songes avec véhémence, faire le vide, penser à des choses positives alors que cela n'allait pas du tout. Pour une fois que j'avais dans tête dans les nuages, je restais un instant à l'écouter d'une oreille, clairement perdue dans mes pensées. go and tell me you leave again, you'll just come back running, holding your scared heart in hand ♪ . Le regard vide, dessinant les perles de pluies marteler la vitre, apaisée par le son de la petite averse clapotant sur le hublot, je poussais un soupir. En réalité, je n'avais rien a perdre et peut-être tout à gagner. J'avais déjà perdu le cœur quelques années auparavant, que pouvait-il m'arriver de pire que d'être enfin fixée sur notre destin. Notre destin, pas le mien, ni le sien, le notre. Je ne savais pas ce que je voulais, mais je comprenais que pour savoir ce que moi je voulais, il me fallait savoir ce que lui désirait avant tout. « .Je ne veux pas de ton amitié, je veux tout. » Réponse rapide, apportée sur un plateau d'argent. Comme s'il lisait dans mes pensées. Fronçant les sourcils, étonnée par le timing, je lui accordais un regardé offensé. Et dans un bon sens, offensée par tant de clairvoyance, d'instinct, de perfection presque. Un sourire dessina mes traits, je le contemplais comme s'il était une chimère, quelque chose de totalement irréel mais de tellement fabuleux. L'impossible sous sa forme la plus belle, la plus plaisante. Je devais probablement avoir l'air d'une idiote à lui sourire de la sorte, encore que, je souriais simplement, pas de toute mes dents, juste deux fossettes traçant mes commissures vers mes pommettes, un sourire faible mais un sourire quand même. Puis finalement, c'était l'évidence quand même. Outre tous les problèmes, parfois je me rappelais pourquoi c'était lui et pas un autre, comme maintenant. Dans ma contemplation enfantine, je m'étais approchée, une petite idée en tête. Juste pour voir. Quelque chose de simple, mais qui voulait tout dire. Qui ne tuerait personne, mais ferait au moins une heureuse sur deux. J'en avais envie. L'embrasser. Timidement, histoire de se rendre compte, sentir son parfum, sa saveur. Non ça n'allait tuer personne. Un petit contact comme ça, juste pour essayer. Ce n'était qu'un baiser après tout, qu'est-ce qui pouvais m'arriver de pire que la soirée que je venais de vivre. J'hésitais, pourtant je m'approchais toujours un peu plus, lui laissant le temps de réagir et me remettre à ma place avant que je n'aille trop loin. Le bout de mon nez effleurant le sien, la tentions palpable, je fixais tour à tour ses prunelles puis ses lèvres que les miennes recherchaient timidement. J'hésitais encore, fermait les yeux, impatiente de toucher le fruit défendu, appréhendant pourtant la rencontre qui allait signifier tout en un geste aussi simple. L'embrasser. Mère nature m'avait doté d'un cœur à toute épreuve, ainsi pouvais-je sentir l'impétueux me torturer à l'extrême. J'avais un cœur à toute épreuve, moi, mais ce n'était pas le cas de tous le monde dans cette pièce. Repousse-moi si c'est trop, si tu veux pas. Just a kiss on your lips in the moonlight ♪ . Ce n'est qu'un baiser Micah, rien d'autre. Mais cela signifiait tellement pour moi que j'en perdais la notion du temps, une seconde, le bout de mon museau chatouillant craintivement le sien, ma bouche à l'orée de la sienne, une seconde encore et nous y étions. « .Mademoiselle Sinclair ?. » Ouiiiiiiiii ? Je fronçais les sourcils, m'imaginant un moment qu'on m'interpellait. Mais oui, on m'interpellait. J'aurais voulu prétendre que ce n'était que le fruit de mon imagination, toutefois je savais que je n'étais pas la seule à avoir entendu. Je restais figée dans mon exacte position, engourdie par notre proximité, mais assez consciente néanmoins pour me rendre compte que j'avais trop tardé, trop hésité. Monsieur le conservateur et sa voix résonnant à travers la porte, l'art de tomber à pique. Évidemment nous foutre la paix, ça aurait été trop facile. « .Qu'est-ce donc que cette porte. » ajoutait-il, cherchant à ouvrir la porte que je bloquais par ma seule présence. Je poussais un soupir. On dis merci le conservateur, prévenant au possible quant aux oeuvres de sa réserve. Nous n'allions rien casser, grands amateurs d'arts que nous étions. Toutefois je m'offusquais à l'idée qu'il ne peinait pas à remarquer que deux de ses convives manquaient. Même si après le cirque que nous avions fait tout deux, il était justice qu'il ne vienne voir si nous nous portions bien. Si l'un de nous deux n'étaient pas mort de la main de l'autre. « .Si ça ce n'est pas un signe. » murmurais-je dans un soupir, dépité par l'intervention, mais surtout par ce que je venais de louper. Mais c'était un signe. Un signe que c'était mal, ou bien trop tôt, à voir comme nous préfèrerions l'interpréter. L'idiot venait de faire chuter un moment crucial et c'est désenchantée que je décidais de dégager le passage de la porte, me dépêtrant ainsi de mon agréable proximité avec Sandro. « .Je vous pensais prisonnière. Mademoiselle Heineken-Delwitt vous attends en bas des marches. Elle dit que si dans cinq minutes vous n'êtes pas là, elle quittera la soirée sans vous et vous rentrerez à pied. » annonça-t-il d'une voix on ne peut plus déconcertée. A croire que nous n'étions pas les deux seuls surpris de la scène. J'avais l'impression d'être une adolescente prise en flagrant délits. Ma gorge se serra, je restais un moment silencieuse, gênée par l'intrusion dans un tel moment. « .Merci. » marmonnais-je vaguement, le gratifiant d'un signe de tête positif tandis qu'il fermait la porte derrière lui, nous laissant à des activités qui désormais s'étaient évaporée dans l'anxiété. M'éclaircissant la gorge comme pour battre le silence qui s'installait peu à peu, je commençais déjà à chercher mes mots, pour faire bref. Mais qu'est-ce que je pouvais bien dire dans pareille situation. J'avais failli l'embrasser, sans préavis, sans permission. Un baiser volé. Moi qui n'étais d'ordinaire pas entreprenante pour un sous m'était retrouvée à le vouloir plus que tout, coute que coute et prise la main dans le sac. Je prenais ça pour une intervention sur le gong, comme si le monde entier avait senti qu'un coin du musée tournait au ralenti, comme si l'ont sentait la catastrophe magnifique arriver mais que l'ont ne voulait pas qu'elle se produise. « .Je suis désolée. » Désolée d'être audacieuse, peut-être irrespectueuse à tes yeux. Désolée de tenter le diable, désolée de tout, de rien. Je murmurais mes mots timidement, sentant déjà le rose peindre mes pommettes, un regard transit d'affection pour le carrelage. Mes doigts jouaient les uns avec les autres, fruit d'un stress démesuré. Je reculais d'un pas, puis d'un autre, craintive comme jamais. Je n'aurais pas du. Je m'appuyais contre la porte, dix minutes qu'elle me laissait la Heineken-Delwitt. A moins que Sandro ne préfère se joindre à moi dans une longue marche dans le silence nocturne. Mes sentiments menaçant de faire exploser mon cœur, je cherchais un moyen de me délivrer de cet embarras qui me troublait à outrance. awkward. « .Mon avis n'a pas changé. Si tu veux que tout te revienne...» finis-je par lâcher, dans un moment de courage. Ou bien de folie. Tout te revienne. Je levais les yeux au ciel, peut-être était-il temps d'arrêter d'être approximatif et de préciser, j'en avais assez de tourner autour du pot, je voulais être fixée. « .Si tu veux que je revienne. Tout ce que tu as a faire c'est de le montrer, ou de le dire, peu importe. » précisais-je d'une voix un peu plus sereine. Seulement je n'en menais pas large, finalement c'est moi qui va faire une attaque de nous deux. « .Mais sois sur de ce que tu veux vraiment. Parce que moi je ne veux pas revivre ce genre de soirée, ni même les trois dernières années. Humainement, c'est pas possible. » ajoutais-je finalement d'un ton plus décidé. Il était hors de question que je ne redescende dans les abimes, une fois suffisait largement. Même si dans tous les cas, si je me prenais un vent monumental, j'allais retomber profondément dedans et probablement ne jamais me relever. C'est ça de jouer avec le feu, soit tu maitrises, soit tu te brûles et tu ne peux pas retourner en arrière. J'osais un regard vers lui, mes prunelles croisèrent les siennes, je restais figée dans son regard un instant, comme paralysée par ses yeux. J'en oubliais de respirer, pauvre idiote. Je le regardais, loupais un battement. En vrai j'avais seulement de me dépêtrer son regard. Qu'est-ce que j'avais l'air stupide dans mon genre. La conne monumentale. Oh Micah. ''Quand deux personnes s'aiment vraiment, la distance n'empêche pas leur histoire. Ce qui l'empêche, c'est la peur.'' Et moi j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur. Je me le répète, même si j'ai pas besoin que ça rentre, mais putain j'ai peur. C'est un constat. J'ai peur et je reste plantée devant lui, sans bouger, juste à me dire que j'ai peur et à regarder par terre dans l'espoir de trouver le remède contre la peur. J'aurais plus de chance de trouver le vaccin contre le sida cela dit. Le mieux, c'est de me dire '' j'ai osé ''. J'ai osé, j'aurais pas de regret. Je tourne la tête vers la porte, dans l'idée de juste me barrer avant de me prendre la taule de ma vie. Dans tous les cas, Némésis m'attendait et je venais déjà de perdre 5 minutes, mais s'il me donnait l'envie de rester, j'allais m'arranger. « .Peut-être que je devrais filer, en fait. » marmonnais-je en parfaite contradiction avec moi-même finalement. En grande peureuse que j'étais, j'avais déjà un pied hors de la salle, parce qu'évidemment, c'est trop difficile d'affronter une si grande crise pour une si petite personne. If I lay here, If I just lay here … ♪
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