the great escape
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we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥

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MessageSujet: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyJeu 19 Avr - 0:02

MATTHIAS &. THAÏS. ddc family ♥. come on now you're good friends are here waiting this one out. you've gotta come back down, you've gotta come back down. look around you you're the only one dragging this out, you've gotta come back down. all of your wallowing is unbecoming, all of your wallowing is unbecoming. you've gotta take it on your own from here. it's getting pathetic and i'm almost done here. you've gotta take it on your own from here. what you set out to kill off has been gone some time now, you've gotta come back down. head out any further and you might just forget how. all of your wallowing is unbecoming, you gotta take it on your own from here. nos mains le saluaient d'un aurevoir. au plus profond de nous, nous craignons pourtant tous la même chose. de ne plus jamais serrer dans nos bras, le petit gaillard de la famille. il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire.

tu sais, maman, j'aime beaucoup jouer avec ma petite soeur. même si elle est malade. parce que je l'aime de tout mon coeur

dimanche vingt-huit février deux mil dix • san francisco general hospital
9h15. Les fins rideaux de ma chambre laissent filtrer les lueurs matinales du jour, et réchauffent l'ensemble de la pièce, plongée dans une obscurité pesante. Mes paupières s'ouvrent délicatement, et se plissent sitôt, sous l'immense clarté de la boule de feu, constituant notre système solaire. Je bascule mon visage doucement vers la porte d'entrée. Et je les vois. Ils sont là, près de moi. Maman serre ma main dans la sienne brûlante, et m'adresse des premières paroles réconfortantes, la voix brisée. Des cernes creuses entourent ses paupières, sans doute n'a t-elle pas dormi cette nuit. A ses côtés, Nattéo est installé sur un fauteuil, une main plaquée négligemment contre sa joue. Il a le regard vide, déposé sur la lucarne de la chambre. De l'accident, il ne garde que quelques égratignures le long de sa tempe, et des écorchures sur ses lèvres. J'esquisse un mince sourire, ravie de savoir qu'il va bien. Enfin, il y a Matthias, figé au pied du lit, fixant durement mes deux petites jambes immobiles. Il était revenu spécialement pour fêter notre vingtième anniversaire. Misère. Je lis dans leurs yeux une terrible crainte, mélangée à la peur et la culpabilité. Des paroles douloureuses se répètent dans leurs esprits traumatisés, comme elles se répètent dans le mien. 8h27. Des feuilles au langage incompréhensible entre les mains, une blouse blanchâtre sur le dos, le médecin s'avance tout d'abord vers moi, m'expliquant longuement chaque intervention que je venais de subir. A chaque fin de phrase, il s'arrête, laissant un laps de secondes s'égrainer méticuleusement. Comme s'il devait nous préparer à quelque chose de terrible. Enfin. Ils regardent mes frères jumeaux, ma mère et moi-même, nous annonçant d'un ton crispé ce que nous redoutions tous. Un lourd fardeau tombe sur les paupières de maman, qui les ferment aussitôt. Je lâche un léger soupir, serrant fermement sa main. Tout ira bien. Les pas las, le médecin quitte la chambre, nous laissant murer dans un silence pesant et douloureux. Chacun réfugié dans ses propres pensées. Mes deux frères jumeaux se dirigent finalement vers moi, et je sens dans leurs mains, agrippées fortement aux miennes, un immense chagrin. Ils cachent leurs larmes, en me murmurant des paroles embelissents cette sinistre journée de février. Ma tête se vide de tous remords. Ils retiennent ma main, comme ils faisaient si souvent lorsqu'on était des gamins, à monter dans les arbres du jardin de nos grands-parents. Nattéo caresse ma joue froide, parsemée de fils médicales. Et dans la pénombre de cette chambre d'hôpital, au plafond uniforme, j'ai souris. Un grand sourire, illuminant mon visage éreinté. Légèrement, je me suis relevée de mon lit, contemplant le regard de mes frères. Nous étions réunis, tous les trois, comme ils n'en fut pas le cas depuis des mois. Nous devrions être heureux, peu importe les douloureuses circonstances. Je suis encore là, et je vis. Tirant les couvertures qui reposent sur ma poitrine, je les serrent fortement dans mes bras. Je leur sussure doucement au coin de l'oreille. Joyeux anniversaire. Aujourd'hui, vingt-huit février, nous avons vingt-ans. Il me faudra fournir de grands efforts pour leur arracher un mince sourire sur leurs visages renfermés dans la douleur. A l'heure du déjeuner, nous avons dégustés le gâteau préféré de Nattéo, un délicieux coeur fondant au chocolat. Et puis, nous avons passés notre journée à redécouvrir les albums photos de notre enfance, à accomplir nos jeux de grands gosses, et à visionner nos films disney favoris. L'amour brille sous les étoiles, d'une étrange lumière. La Terre entière, en parfaite harmonie, vit un moment royal. Le visage posé sur l'épaule de Matthias, allongé tout contre moi, je me déhanche difficilement enfoncée dans mon lit. Nos éclats de rire résonnent à l'unisson dans la pénombre de cette chambre, pleine d'amour et d'une chaude tristesse. Nous nous regardons, à la fois confiants et terrorisés face à l'avenir que la vie nous réserve. Épuisée, je m'endors devant la télévision allumée, et les sonorités enfantines dans les tympans. A mon réveil, un médecin me présente un petit fauteuil noir, constitué de deux grandes roues de part et d'autre de l'engin. C'est la première fois que je contemple cet objet. Il est là, planté tout près de la porte, et il m'attends. Le souffle court, je m'efforce d'y parvenir seule, en vain. Un pieds déposé sur la fraicheur du sol, je m'écroule. Les genoux stoïques effondrés par terre, Nattéo me soulève en prenant au préalable les précautions nécessaires, et me dépose délicatement dans mon petit fauteuil de princesse. Tous ensembles, nous parcourons les couloirs silencieux de l'hôpital, côtoyant les bruits des lits dévalant les allées, et l'odeur médicamenteuse fortement désagréable parfumant l'atmosphère. Bravant la dernière porte de l'établissement, un bourrasque de vent emporte ma chevelure brune sur mon visage. Je sens la froid de l'hiver hérisser les poils de mes pores, et cet air, pure et sale à la fois, s'engouffrer dans mes poumons. D'une habitude sans faille, je contemple l'éclat des étoiles dans le ciel. Sous la sirène d'une ambulance garée juste devant nous, j'observe une tache blanchâtre venue à l'instant s'abattre sur la paume de ma main. Il neige, me dis-je sitôt. Je sers fermement de mes deux mains, celles de mes frères. Leurs paroles affectives me parviennent, et me réchauffent le coeur. Ils sont là, malgré l'épreuve, le chagrin et l'impuissance. Dans le souffle de cette nuit, froide et sombre, porteuse d'un malheur éternel. Mon regard s'attarde sur leurs deux visages, et leurs grands yeux ouverts, qui me fixent hardiment. Nos prunelles chocolats se croisent les uns aux autres, liées à jamais par l'amour de notre fratrie. C'est ainsi que j'ai compris. Tout au fond de moi, je sais que mon corps pleure, et hurle d'une douleur inhumaine. Des flammes l'embrasent, l'incendient, emprisonnant mes deux petits jambes malheureuses. Des larmes invisibles devraient rouler sur mes joues, et finir leurs courses effrénés sur les courbes de mon menton. Mon coeur, quant à lui, jubile, excité de franchir un mûr immense et tenace. Je me sens bien. La douceur des mains de maman qui caressent mon front, la chaleur de l'étreinte de mes frères, et ces fines couches de neiges blanches venues parsemer mon visage au teint clair. Les yeux dans les yeux, je capture leurs regards, la conviction armant mes paroles. « Aujourd'hui, nous avons vingt-ans. Ce n'est que le début de notre vie. Je sais que cela sera éprouvant pour vous de moi ainsi, mais je vous le promet : je ne renoncerai jamais. Tout ira bien, car je ferai toujours en sorte qu'il en soit ainsi. N'ayez pas peur pour moi, je saurai m'en sortir. Ce soir, nous sommes ensembles. Et c'est tout ce qui compte. »

La tête entre les bras, je daignais aisément écouter la voix monotone de mon professeur d'histoire, fouillant un de mes vieux bouquins illustrant les grands noms du cinéma français. Un soupir relâché dans l'entrave de mes lèvres, je changeais de position, prônant ainsi une posture négligé, une main plaquée contre ma joue. Pour un lundi matin, l'amphithéâtre était bondée, un amas d'étudiants s'étaient entassés dans l'immense salle de cours. De temps à autre, je guettais les aiguilles figées de ma montre, impatiente de sortir de ce trou à rat. Je jouais avec les plis de ma robe de printemps, aux couleurs jaunes et roses pâles, m'amusant à compter le nombre de petits pois sur le côté gauche. La seconde suivante, je mordillais un de mes crayons, dévisageant cette masse humaine assise sur leurs sièges, à avaler passionnément les dires de cet homme barbu et grisonnant. Je reconnaissais quelques connaissances, dont Léonie, une jeune étudiante française appartenant à la même confrérie que moi. Sa chevelure d'un brun foncé brillait sous les lueurs éclatantes de la salle. Deux rangs au dessus d'elle se trouvait un groupe d'amis, abordant des jeans troués et un visage lourdement fardé par des marques sombres. Une des filles se tenait la nuque, et se dirigeait vers la porte de sortie. Sans doute avait-elle trop fait la fête la veille. Une sonnerie studieuse retentissait, sonnant la fin de ce dernier cours de la journée. Ramassant très rapidement mes affaires, je les déposais sur mes genoux, et quittais aussi vite que j'ai pu les lieux. Je me faufilais un chemin tant bien que mal dans cette foule humaine agitée dans tous les sens, et parvenais tout de même à me rendre jusqu'à mon casier. Quelques livres de Musso entre les mains, je me dirigeais vers le campus de l'Université, en regagnant la maison de ma confrérie. Depuis le départ précipité de Nattéo, j'étais contrainte de loger dans une petite chambre étudiante, délaissant ainsi notre sublime appartement dans les quartiers calmes de la ville. M'engouffrant dans ma pièce quotidienne, je balançais mes bouquins sur mon lit, et m'apprêtais à dénicher l'un de mes dvd préférés sur l'étagère, positionnée près de ma bibliothèque légendaire. Je me retournais soudainement, surprise par le grincement habituelle de ma porte d'entrée encore légèrement entrouverte. Des petites mèches brunes négligées sur lr front, une silhouette robuste et vigoureuse, et des traits de visage si familiers. Mon coeur palpitait lourdement dans ma poitrine, tandis qu'un rictus illuminait mon visage. « Matthias.. Mais que fais-tu ici ? … Tu.. tu ne m'as pas dis que tu étais revenu... » bégayais-je d'une voix étonnée. Stupéfaite, je m'avançais doucement vers lui, contemplant les courbes de son visage inchangé, bien que beaucoup plus mature et affirmé. Je ne l'avais jamais vu aussi fort. « Si tu savais à quel point ça me fait plaisir de te voir. J'avais si peur que tu ne reviennes pas. » ajoutais-je le visage légèrement baissé. Le petit gaillard de la famille, laissé aux portes de l'aéroport de Paris, nos visages embués par des larmes de craintes et d'inquiétudes. Malgré tout, je l'avais retrouvé, dieu soit loué. Admirant la lueur craquante de ses prunelles chocolats, j'esquissais un délicieux sourire, tenant sa main fermement. Comme nous avions l'habitude de faire. La petite Jane, escaladant les arbres de ses grands-parents, et son frère Hercule, aux bras de fer, et au sourire d'or. A nouveau réunis.
ce n'est pas de sa faute si elle tombe, c'est parce qu'elle a une leucodystrophie.
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyMer 25 Avr - 19:49


I'm walking down the street and my heart goes boom.
And I never meant to cause you trouble, and I never meant to do you wrong, and I, well if I ever caused you trouble, oh no, I never meant to do you harm ♪ coldplay - trouble. ➺ crédit fantaisiie ; gif : silly love.




Allongé sur mon lit chez les Iota, oscillant entre sommeil léger et réveil douloureux, j’ai vivement sursauté en entendant mon portable vibrer. J’ai grimacé, quittant momentanément mes songes amers, réalisant qu’une tierce personne osait me tirer d’un sommeil que j’avais déjà léger. Je ne savais pas encore qui allait avoir l’immense honneur de subir les foudres de Matthias Dupont de Calendre, mais une chose est sure, cette personne ne recommencerait pas de si tôt. On n’avait pas idée de perturber le sommeil d’un ancien militaire, sérieusement. D’un geste peu habile, j’ai attrapé mon téléphone. Encore plongé dans le vague, je n’ai même pas pris le temps de regarder qui était l’inopportun avant de décrocher, et de maugréer : « Qui que tu sois, je vais être désagréable. » Lâchais-je, me redressant légèrement. Le dos appuyé contre le dossier de mon lit, j’ai soupiré en entendant que personne ne daignait me répondre. Puis, aussi brusquement que cette maudite sonnerie m’avait tiré de mon sommeil, j’ai entendu une voix calme et posée me répondre. En français. Cette voix si particulière, qui me rappelait tant de bons souvenirs, qui me rappelait aussi ô combien j’avais été absent. A l’autre bout du fil, mon frère jumeau, Nattéo, comme à son habitude, gardait son calme dès l’instant où je m’emballais. Cette douce proximité, bien que nos corps soient séparés par des milliers de kilomètres, me radoucit légèrement. « Matthias ? Je te réveille ? » Osa-t-il demander d’une voix fluette. Si ça avait été n’importe qui d’autre, j’aurais pris un malin plaisir à rembarrer cette personne. Que ce soit mes parents, un professeur, un ami, ou même le président des Etats-Unis, je m’en foutais comme de l’an quarante. Mais mon frère, hors de question. Nous partagions ce lien, si étroit, si particulier, si unique. Ce même lien que je partageais avec mon autre sœur jumelle, Thaïs. Je ne pouvais pas donc décemment pas rejeter, je ne pouvais pas l’envoyer paître parce que j’étais vexé d’avoir été perturbé. Même si au fond, j’en étais persuadé, il aurait compris et accepté ma décision. « Oui. Peu importe, je suis réveillé de toute façon. Tu vas bien ? » Première question, première inquiétude. Depuis que mon frère avait eu cet accident de voiture, avec Thaïs, j’avais une légère tendance à m’inquiéter dès l’instant où il m’appelait à une heure peu habituelle. Ce qui était le cas, ce soir. Je me souvenais encore du coup de téléphone que j’avais reçu, peu de temps après m’être réveillé en sursaut. J’entendais encore la voix précipitée d’un médecin urgentiste, dont je n’avais jamais entendu parler, et qui pourtant m’annonçait qu’on avait demandé à ce que je sois prévenu. Prévenu de quoi, de qui, pourquoi ? Aucune idée. Mais je n’allais pas tarder à le savoir, et à comprendre que ce réveil brutal n’était en rien dû au hasard. Ma sœur. Ma sœur n’allait pas bien, elle avait eu un accident de voiture. On ne savait pas trop ce qui était touché, ce qui ne l’était pas. Aussitôt, j’avais coupé la parole du médecin, enchaînant avec tout un tas d’autres questions. Le conducteur ? Nattéo Dupont de Calendre. Soit mon frère. Il allait bien ? Oui, ses blessures étaient mineures et superficielles. Il était conscient ? Absolument, c’était lui qui avait insisté pour qu’on me joigne au plus vite. Je pouvais venir à l’hôpital ? Pour voir Nattéo uniquement. N’attendant même pas que le médecin finisse son message, j’avais raccroché. Je m’étais levé, enfilant les premiers habits qui me tombaient sous la main, à savoir un jogging et un sweat. J’étais parti, défiant toutes les règles de conduite, obnubilé par la peine et la douleur que je ressentais. Pourquoi eux ? Pourquoi eux, eux qui ont toujours été si prévenants, eux qui n’ont jamais franchi les limites ? Pourquoi pas moi, qui vadrouillait depuis presque un an en Irak ? La vie est injuste, la vie est mal faite. « Oui, t’en fais pas, tout va bien. En fait, je t’appelle juste pour savoir… » Nattéo se tut en entendant mon soupir. Ce n’était pas possible ; quand il avait une idée derrière la tête, il ne l’avait pas ailleurs. Il faut croire que la ténacité faisait partie intégrante des qualités – ou dans ce cas précis, des défauts – de la famille Dupont de Calendre. « Non, non, non, mille fois non, je n’ai pas reparlé à Thaïs. » Lâchais-je en roulant des yeux. Quand comprendrait-il, et se mettrait-il dans la tête que je n’étais pas prêt ? Oui, Thaïs était ma sœur, ma jumelle, et j’avais un lien particulier avec elle. Oui je l’aimais, oui elle me manquait, mais non, je n’étais pas prêt à l’affronter. Je ne pouvais pas supporter, et encore moins assumer ce départ pour l’Irak. En trois ans, je n’étais revenu qu’une fois, pour nos vingt ans. Après ça, mes coups de fil s’étaient espacés. J’avais donné moins de nouvelles, j’étais resté vague sur mes activités. Pourquoi ? Aucune idée. Tout ce que je savais, c’était que j’avais eu de plus en plus de mal à gérer et à assumer mon engagement. Le temps avait passé, et avec ça, le sentiment d’abandon s’était amplifié. J’avais merdé, j’avais abandonné mon frère et ma sœur, alors qu’ils avaient vécu un événement traumatisant. J’avais lâchement délaissé ma sœur, alors qu’elle avait été condamnée à vivre sans ses jambes. J’étais un monstre, point final. Je n’avais aucune excuse. « Matty, il faudra bien le faire à un moment ou à un autre… » Commença-t-il. Et bla bla bla. Allait sans doute s’en suivre une leçon de morale monumentale, digne de celle de mon père ou de ma mère. Avant même que Nattéo n’ait le temps d’en placer une, je l’ai coupé. J’étais bien décidé à lui faire entendre le fond de ma pensée. Me dresser contre mon frère ne m’enchantait guère, mais si c’était nécessaire, soit. J’étais prêt à le faire. « Je ne suis pas prêt. Je suis parti, tu comprends ça ? J’ai été en Irak, à l’autre bout du monde, et j’ai presque arrêté de donner des nouvelles. Tu te souviens ? » Oui, bien sur qu’il s’en souvenait. Forcément qu’il s’en souvenait. On n’oublie pas, quand un membre de sa famille risque sa vie pour sa patrie. « Arrête Matthias. Tu te montes la tête tout seul. » Lâcha-t-il après quelques secondes de silence. Désormais bien réveillé par cette foutue conversation, j’ai serré le poing. J’ai regardé mes jointures blanchir, avalant avec difficulté les mots de mon frère jumeau. Moi qui pensais qu’il serait de mon côté… A moins peut-être que je devienne parano. Ce qui n’était pas impossible, soit dit en passant. « N’importe quoi. De toute façon, je ne veux pas en parler. Ce n’est pas le moment. » Dis-je d’une voix glaciale. L’aîné Dupont de Calendre, où le roi de la glace, finit toujours par s’emballer lorsque les choses ne vont pas dans son sens. Et là, en l’occurrence – et malheureusement – c’était mon frère jumeau qui venait d’en faire les frais. Refusant à tout prix de poursuivre une conversation qui ne mènerait à rien, j’ai préféré raccrocher, sans préavis aucun. Poussant le vice au maximum, j’ai éteint mon portable, et j’ai retrouvé ma place initiale. Pourtant, j’avais vite compris que le sommeil ne reviendrait pas. J’allais encore passer ma nuit à me retourner dans mon lit.

J’étais épuisé, et pourtant bien vivace. Depuis de longues minutes, je tournais comme un lion en cage, dans ma minuscule chambre des Iota. Pour ne pas arranger mon cas, je sortais tout juste de chez le psychologue. Apparemment, lui aussi avait envie de se liguer contre moi, et de me reprocher tout un tas de chose. Quelques jours avaient passé depuis le coup de fil de Nattéo, et je n’avais toujours rien fait. J’étais fatigué, épuisé, las de cette situation. J’avais l’impression d’être un monstre. Et mon entourage ne faisait que renforcer cette impression. J’ai dégluti, passant une main sur mon front. A la vue de mon reflet dans le miroir, j’ai préféré baisser les yeux. Même ça, c’était trop dur à supporter. Je ne pouvais plus me voir en peinture, je me dégoûtais. La situation devenait invivable, et je me devais d’agir. Osant finalement ce que je n’avais jamais osé jusqu’à maintenant, j’ai enfilé une veste, et je suis sorti de ma chambre d’un pas précipité. Si je m’en tenais à ce que j’avais décidé, j’allais bientôt être face à ma sœur jumelle. A cette pensée, mon cœur s’emballa dans ma poitrine. Il battait, toujours plus fort. Merde, j’étais stressé. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’étais arrivé à destination. Gloups, l’heure de l’affrontement semblait avoir sonnée. Je me trouvais désormais devant sa porte. J’ai jeté un regard mauvais à un Sampi qui me dévisageait, avant de déglutir. Vas-y Matty, courage, tu peux le faire. Tu as déjà fait plus pire, tu as déjà fait plus dur. J’ai pris ma respiration, avant de pousser la porte. Face à moi, de dos, je pouvais voir les cheveux ondulés de ma sœur. Aucun doute, c’était elle. Et, une fraction de seconde plus tard, son regard faisait face au mien. Mon cœur tambourinait à l’intérieur de ma poitrine ; j’ai fait un pas, avant de refermer la porte derrière moi. Personne n’avait besoin d’être au courant des histoires de la famille Dupont de Calendre. « Je sais. » Murmurais-je en baissant les yeux. « Je n’ai pas osé. J’avais peur de ta réaction… » Soufflais-je, mettant enfin des mots sur mes peurs les plus secrètes. Pitié, ne m’en veux pas pour ma longue absence et ma lâcheté. A l’entente de ses mots, j’ai avancé de quelques pas, jusqu’à me retrouver à sa hauteur. Je me suis accroupi face à elle, passant deux doigts sous son menton. Relève la tête Thaïs, tu es courageuse et tu peux en être fière. « Je t’ai toujours dit que je reviendrais. » Murmurais-je, esquissant un vague sourire qui se voulait rassurant. Thaïs and Matthias, against the whole world. « Et tu vois, je suis revenu. Et je ne vais pas repartir. » Ajoutais-je d’une voix douce. Ma main enserrant doucement la sienne, je redécouvrais avec un plaisir à peine dissimulé les joies des relations fraternelles.
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyMer 9 Mai - 17:21

PRINCESS &. SOLDIER, DDC family.♥ i just, i love you all the time. ❝. Pick it up, pick it all up and start again. You've got a second chance, you could go home. Escape it all. It's just irrelevant. It's just medicine, it's just medicine. You could still be, what you want to, what you said you were when I met you. You've got a warm heart, you've got a beautiful brain. But it's disintegrating, from all the medicine, from all the medecine. You could still be, what you want to, what you said you were, when I met you. When you met me, when I met you.❞ Dans le monde actuel, la dualité était peut-être de mise, mais nous, nous vivions à trois. daughter - medecine.


. I'LL BE THERE FOR YOU LIKE I'VE BEEN THERE BEFORE, CAUSE YOU'RE THERE FOR ME TOO .
Porte fermée, ses prunelles chocolats se confrontent aux miennes, pleines de quiétude et d'hésitation. Il s'approche timidement, encercle mes mains des siennes, avec ce fin rictus marqué sur ses lèvres tremblantes. Nos deux fronts sont réunis. Fenêtre ouverte de la chambre, courant d'air dans mes cheveux. Sa voix résonne dans le silence, m'arrache de délicieux frissons le long de mes bras. J'écoute les yeux fermés, le son de sa respiration légèrement saccadée par la peur et la crainte de nos retrouvailles. Mes pupilles se remplissent de multiples soleils dorés. Et ses mains serrent fortement les miennes, l'amour fraternel au bout de nos doigts. L'adrénaline d'une joie difficilement dissimulé sous les couches de légers sourires. Qui naissent sur ses lèvres. Qui naissent sur les miennes. J'ai de la caféine dans les veines, des éclats de rêves dans la cervelle. Cette envie inattendue, qui réveille nos cœurs si longuement séparés. Les secondes s'égrènent lentement devant nos yeux fixés l'un sur l'autre. J'ai le goût acide du citron dans les narines. Le soleil brûlant de nos étés sur les plages méditerranéennes. Nos visages de gamins aux traits peu affinés, détruisant les châteaux de sables avec la force de nos petits pieds. Du jus de pamplemousse siroté sur la terrasse de nos grands-parents, de petites abeilles volant à travers les arbres du jardin. Des marques de guerre sur nos mains joueuses. Des bulles de savon dans l'air, soufflées sur le bout de nos lèvres. Le parfum sucré de maman sur nos joues rouges, l'odeur de notre enfance. Les gribouillis sur nos tee-shirts trop grands. Les écorchures de guerrier sur nos genoux. Notre lit d'été trop petit pour nous trois. L'herbe fraiche le matin. Les nuits blanches à escalader le portail de mamie. Les étoiles, dans le ciel, dans nos yeux. L'excitation de notre liberté, poussant au creux de nos mains. L'intensité de nos amours. Nous ayant unis, réunis ici. Ce « nous » omniprésent dans nos coeurs. Un court instant, cette époque me paraissait si proche. Le temps de l'insouciance et de l'éternité de nos rêves. Une couleur de feu inonde nos yeux, un élan de joie mélangé à une légère tristesse. De ces années nous ayant séparés. « Je n’ai pas osé. J’avais peur de ta réaction… » Instantanément, mon visage se refermait sombrement. Son départ avait déchiré notre famille, nous qui depuis notre enfance, avions toujours été ensembles. A partager le même lit chez nos grands-parents, nous amusant à tirer les draps chauds avec la force de nos bras d'enfants. A escalader les arbustes des jardins publics. A rester des heures devant notre poste de télévision à mâter des films disney. A courir chaque matin pour pouvoir se rendre le premier dans la petite salle de bain de notre appartement parisien. L'annonce de son départ en solitaire avait hérisser les poils de nos chairs, trop inquiets, trop peureux de le perdre. Matthias avait toujours eu cet air combatif dans le coeur, aidant les autres avant lui-même. Des muscles sur les bras, un regard mystérieux et endurci. Le plus grand gaillard de nous trois. Et, il était parti. Vêtu d'un uniforme militaire couleur kaki, une main nous disant aurevoir. Là , où nos pensées étaient concentrées sur la crainte et l'incertitude de son retour. « Je t’ai toujours dit que je reviendrais. » Sa main a glissé sur mon front, l'a relevé légèrement. La gorge sèche, je l'ai regardée, avec ce sourire de cristal sur le bout des lèvres. Des fines lueurs de larmes dans les yeux. Ses dernières paroles devenaient des petits papillons dorés, noyées dans l'émotion et le bonheur. « Et tu vois, je suis revenu. Et je ne vais pas repartir. » terminait-il à voix basse, le regard posé sur moi. Mes yeux se couvraient, des petites larmes sur les joues. Ces gouttes salées, inondées d'effroi, de peur, d'affliction, s'évaporaient enfin. J'ai fais ce geste. Ce mouvement léger et symbolique, qui nous lie. Une main sur sa joue froide. Un sourire au coin des lèvres salées. Ma poitrine se soulevait contre ma chair. Un air nouveau nous enlaçait. Je le prenais dans mes bras, soulagée que tout ceci soit terminé. Tu ne partiras plus. Tu ne partiras plus. La prochaine fois, je ne te laisserai pas t'en aller. Je ne te serrerai plus dans les bras, en ayant peur de ne plus te revoir vivant. Tu m'as déjà échappée une fois. Je n'ai pas su te rattraper, coincée dans ce fauteuil. Non. Tu ne partiras plus. Jamais. « Tu aurais du le savoir. Je ne peux être heureuse que lorsque nous sommes ensembles. » murmurais-je à son oreille, la voix légèrement brisée par l'émotion. Mes bras fragiles enveloppaient sa silhouette robuste. En déserrant notre étreinte, je l'ai regardé. Perdue dans ces pupilles pétillantes. « Tu m'a manqué pendant tout ce temps. Je n'ai pas cessé de penser à ce qu'il pourrait t'arriver là-bas. Tu sais.. depuis ce qui s'est passé avec Thybalt, j'ai eu tellement peur de perdre l'un de vous deux. La seule façon de vaincre ça, c'était de rester tous les trois. Mais tu es parti. »

Les cheveux bruns éparpillées sur mon visage, je replaçais certaines mèches derrière mes oreilles. Le coeur encore sonné, je le contemplais, scrutant ses traits plus murs par les années, et ce visage endurci par les malheurs de la guerre. Un instant, je l'imaginais avec son costume de guerrier et une arme entre les mains, respirant la poussière et la saleté d'un monde lointain. Lui, saurait courir, rassuré, esquivant les tires de son corps d'athlète. Tirant sur l'ennemi, avec son coeur de pierre. Aujourd'hui, il revenait dans le monde réel, banni de violence et de sauvagerie humaine. Tel Adam, dénudé d'une nouvelle nature qu'il ne reconnaît plus. Je me souvenais de ces cours d'histoires où nous apprenions l'atrocité des guerres menées par nos ancêtres, mais surtout, les souffrances physiques et psychologiques de ces soldats ayant combattus pour leurs pays. Bruitages d'obus omniprésents au fond des tympans, le froid mordant leurs peaux sales, la vision de ces multiples cadavres jonchant les sol de guerre. Des maux terribles, que même le temps, ne réussi pas à effacer. Alors, je l'ai regardée, fixant mon regard dans le sien, avec l'espoir d'y déceler une faille quelconque, pareille à ces troubles d'après-guerre. Ma main autour de la sienne. « Je ne t'en veux pas. L'important, c'est que tu sois revenu, et que tu ailles bien. » soufflais-je doucement, un léger sourire sur les lèvres. Rapidement brisé par une infime grimace vide. Vide de sens. Vide de tout. Perdue, je l'étais, dans la lueur de ses yeux semblables aux miens. Autour de nous, il n'y avait aucun bruit, seulement l'intensité de nos respirations entremêles. J'avais toujours lu sur son visage, j'avais toujours su quand il allait mal. Et pourtant, ce lien si longtemps précieux ne nous unissait plus. Coupé par la force du temps, disloqué par la distance de nos coeurs. J'avais une impression d'impuissance lorsque je l'observais, dans le fond de ses prunelles. Il était vide. Rongé par cette solitude l'ayant confronté aux tourments de sa vie, aux virages de ses choix. Instinctivement, ma main se déposait à nouveau sur sa joue, légèrement tremblante. Je me remémorais nos sourires d'antan, nos rires aigus d'enfants. Mes cheveux bouclés, et ma robe en fleur. Ses mèches brunes sur le front, et son tee-shirt blanc délavé. Je repensais à tous les instants passés ensembles avant son départ. C'était des rituels anodins, dans une vie heureuse et fraternelle, sous le soleil parisien. C'était des regards sincères, des confidences perpétuelles. Désormais, il ne restait plus que des larmes, pour s'inscrire silencieusement le long de mes joues fines. « Tu vas bien, n'est-ce pas ? » le questionnais-je à voix basse, tâchant de me rassurer en vain. Il me semble que je connaissais déjà la réponse. Il me suffisait de le regarder, planté là, abaissé devant moi. Il avait les épaules lâches, le regard vaguement ailleurs, tant d'éléments imperceptibles pour des individus peu proches de sa personne. Mais moi, je le connaissais : je savais ses moindres gestes par coeur, les pensées infiltrés dans son esprit de guerrier, les paroles qu'il prononcerai à l'avance. Mon visage basculait légèrement sur le côté. Je hissais mon épaule, essuyant les petites perles venues s'échouer sur mon menton. Prenant une bouffée d'air, je me ressaisissais, reprise par mes convictions actuelles. Grains infimes, de minutes qui passent, de secondes qui s'envolent. En scrutant un instant mes deux petites jambes immobiles sur mon fauteuil, j'esquissais un léger sourire. J'avais l'image de ce jour fatidique, de l'épave du véhicule sur le bord de la route enflammé, et mon petit corps brisé statique sur le bitume brûlant. Ce 27 février. Seule face à mon destin, j'avais amassé les morceaux de mon ancienne vie, suivant le chaos prévisible de celle qui m'attendais. Mais j'ai couru. J'ai couru très vite à en perdre haleine, mes poumons souffrants du manque d'oxygène. Avec les deux roues de mon fauteuil enveloppant mon corps figé. Et j'ai su ainsi, qu'un simple sourire suffirait à éblouir l'ensemble de ma vie. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, ou si tu veux parler.. de ce qu'il t'es arrivé là-bas, je suis là. Je ne suis pas partie, je suis restée ici pour t'attendre. » susurrais-je lentement, les larmes séchées par l'éclat de mes yeux. Ces paroles fusent doucement comme des prouesses. Elles résonnent dans l'air, et rebondissent tel des soubresauts sur nos cœurs. Un écho d'espoir. Un écho d'échappatoire. Ma petite main de sœur, tendue face à lui. Une lueur qui brille sous l'intensité de notre regard. Un regard foncé, lié, et réunis. Ce délicieux teint de chocolat. « Nous connaissons tous un instant imprévisible dans nos vies, cette route sinueuse qui change notre perception de l'humanité, et notre vie dans sa totalité. La seule chose à faire, c'est de prendre ce virage à faible allure. Fermant une porte de notre existence, et en ouvrant une autre. Pleine d'espoir. »
. I KNOW YOU HAVE A LITTLE LIFE IN YOU YET, I KNOW YOU HAVE A LOT STRENGTH LEFT .
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyLun 14 Mai - 21:49


I'm coming home, I'm coming home, tell the world I'm coming home.
I'm Back where I belong, yeah I never felt so strong, I’m back baby, I feel like there’s nothing that I can’t try, and if you with me put your hands high, put your hands high, if you ever lost a light before, this ones for you, and you, the dreams are for you ♪ p. diddy & skylar grey - coming home. ➺ crédit fantaisiie ; gif : tumblr.




Ces retrouvailles imprévues me brûlent. Un feu, ardent, s’est propagé en moi dès l’instant où mon regard protecteur a enveloppé la frêle silhouette de ma sœur jumelle. Etrangement, pourtant, j’étais glacé. Mes doigts, mes paumes, mes bras, tout était inexplicablement glacé. Un frisson vint parcourir mon corps, le temps d’une seconde. Elle était là. En face de moi. A quelques petits pas. Depuis quand n’avais-je plus eu l’occasion de la contempler d’aussi près ? Longtemps. La vie ne dure qu’un instant ; on n’a à peine le temps de se retourner sur son œuvre que déjà, nos paupières se ferment, pour ne plus jamais se rouvrir. Je l’avais vue, de loin, à plusieurs reprises. Elle souriait, elle riait ; elle paraissait sincèrement heureuse. Retenu par des peurs qui m’empêchaient d’aller me jeter dans ses bras, je l’avais observée du coin de l’œil. Je l’avais vue épanouie, enchantée, amusée, rêveuse. Mais toute observation opportuniste a ses limites ; je n’avais pu partager aucun de ces états d’âme avec elle. Bons ou mauvais, je n’avais été qu’un spectateur discret. Un spectateur honteux, qui surveillait l’avancée dans le monde de sa sœur tant aimée, sans pour autant interférer dans cette situation. Un spectateur inquiet, angoissé, meurtri à la simple idée du rejet qu’il pourrait vivre, si jamais il se décidait un jour à l’aborder. J’avais l’impression de n’être qu’un petit garçon, ni plus ni moins. Un enfant, timide, qui observe une fille le plus discrètement possible, sans pour autant oser aller à sa rencontre. Un enfant qui, pourtant, serait prêt aux pires maux, aux pires punitions, aux pires châtiments, pour quiconque abimerait, ferait de la peine, ou blesserait cette jolie fille, si exceptionnelle. Il suffisait qu’une larme roule sur la joue de Thaïs Dupont de Calendre pour que je sois dans tous mes états. A mes yeux, ma sœur était une perle rare, que l’on devait protéger à tout prix. Loin d’être faible, j’avais pourtant durement réalisé qu’elle était éphémère. Déjà, ses deux jambes l’avaient abandonnée. Je ne voulais pas que l’on m’enlève ma sœur. Être privé d’elle serait l’une des pires tortures que l’on puisse m’infliger. Je ne crois pas beaucoup me tromper en disant que Nattéo ressentait approximativement la même chose que moi. Lorsque l’on est né à trois, que l’on a vécu à trois, notre perception du monde change. L’égoïsme s’enfuit, et laisse place à un partage absolument doux et particulier. Être un trio, ça signifie penser trio, prendre en compte trois. L’individualité s’efface, ou est gommée progressivement, au profit du collectif. Parce que pour combler des triplés, pour les voir épanouis et heureux, il faut forcément qu’ils soient ensemble, ou très proches. Malheureusement, ça n’avait plus été le cas depuis bien des mois. J’avais pointé aux abonnés absents, lorsque j’arpentais le désert. Désormais, c’était au tour de Nattéo de nous priver de sa présence. A croire que le destin prend un malin plaisir à s’acharner sur la famille française, et plus précisément les triplés, Dupont de Calendre. « Nattéo n’est pas là… » Ma voix ne trahit aucun ton de reproche, aucune accusation amère. Je constate, simplement, avec peine. L’absence physique de mon frère me dévore ; j’aurais voulu qu’il soit là, tout près, pour constater et sourire de ces retrouvailles. J’aurais voulu sentir l’une de ses tapes amicales sur mon dos, j’aurais voulu apercevoir son sourire sincère et son regard rieur. Mais je me contente de constater et de goûter au vide acide que génère son absence. Un bras enveloppé autour de la frêle silhouette de Thaïs, notre étreinte se brisa quelques secondes plus tard. « Tu m’as manqué aussi. Natt’ m’a manqué. Vous m’avez tous manqué. » Soufflais-je d’une voix douce. Ma voix était basse, comme si j’étais en train de lui confier un secret de la plus haute importance. Que mes proches s’imaginent le contraire m’était absolument impensable. J’ai baissé les yeux à l’entente du nom de Thybalt, incapable de faire face à cette annonce aussi tragique que morbide. Le monde s’était brusquement écroulé lorsque mon petit frère avait disparu. Le gouffre avait été sans fond, parce que sans fin. Rien, ni personne, ne pourrait un jour soigner, panser, et refermer cette blessure. La vie est faite d’erreurs ; on prend les mauvaises directions, on fait les mauvais choix, on apprécie les mauvaises personnes. Et parfois, oui parfois, on est honteusement et éternellement puni pour ces erreurs. Parfois, la vie décide de vous reprendre ce qu’elle vous a donné. La vie m’a repris mon tout petit frère, qui a à peine eu le temps de découvrir le monde de ses grands yeux émerveillés. Mille fois, j’aurais préféré lui laisser ma place. Mille fois, j’aurais voulu lui donner l’occasion de vivre les dix-sept années que j’avais vécu. Mille fois, je m’étais violemment heurté à une impossibilité. Mille fois, j’avais senti ma gorge se nouer, et l’envie de tout recracher – cette honte, cette peine, cette souffrance –s’était précipitée au bord de mes lèvres. Mais rien n’était sorti, et j’avais ravalé mes regrets. Personne n’avait besoin d’être le témoin de mon propre déclin ; je refusais toute pitié extérieure, même celle de ma famille. Mes yeux s’étaient définitivement asséchés, mais mon cœur saignait abondamment. La blessure était tel un trou béant, que rien n’aurait pu reboucher. Mon frère n’était plus. Et rien, ni personne, ne pourrait le remplacer. « J’avais mes raisons, Thaïs. » Murmurais-je en l’enveloppant d’un regard protecteur. Certains parviennent à faire le deuil en affrontant courageusement et dignement une relation. D’autres s’enferment et se murent dans un silence qui vous glace le sang. Et d’autres, dépassés et englués dans une peine qu’ils ne supportent pas, filent à l’autre bout du monde. J’appartenais à cette dernière catégorie de personne.

Mettant une certaine distance entre nous, je suis allé m’asseoir sur son lit. Voilà que je me retrouvais face à elle, pour la première fois depuis bien longtemps. Aujourd’hui, il n’était plus question de se défiler, de partir à toutes jambes en annonçant mon engagement pour l’armée. Au contraire : l’heure des questions, des temps heureux, étaient revenus. J’ai hoché la tête, lui offrant au passage un sourire ; par cette attitude, je voulais lui confirmer que j’allais bien. Que tout allait bien. Ma sœur n’avait pas besoin de s’inquiéter pour moi. J’étais réapparu dans sa vie, et je ne comptais pas la lâcher. Voilà ce qui importait, rien d’autre. « Ne t’en fais pas Thaïs. Tout va bien. » Murmurais-je. Ma voix se voulait rassurante, apaisante. Mon regard chercha le sien. Regarde-moi Thaïs, et regarde-moi bien. Je ne vais pas t’abandonner, je ne vais pas m’enfuir, et je ne vais pas m’effondrer, ni même me mettre à pleurer. Je ne referai pas cette erreur. Tout du moins, je n’annoncerai pas ça de cette façon. « Ne t’occupe pas du reste. Je vais bien. » Mais c’était mentir. Pourtant, je l’ai fait sans aucune honte, sans même aucun regret. Comment pouvais-je aller bien ? J’avais vu des choses atroces, immondes. J’avais moi-même commis des atrocités. La nuit encore, je me réveillais en sursaut, le sang glacé. J’étais tiré du sommeil par des cris qui ne résonnaient que dans ma tête, par des larmes qui me brûlaient les yeux, par ma gorge qui se nouait douloureusement. Dans ces moments intenses, je pouvais encore sentir un pincement au niveau de la hanche droite. Là, à cet endroit précis, où une balle m’avait un jour éraflé. Rien de grave, heureusement pour moi ; aujourd’hui, il ne me restait qu’une fine trace blanchâtre, qui témoignait des points de suture que j’avais eu, et quelques douleurs psychosomatiques, qui se réveillaient dans les pires instants. J’ai hoché la tête à l’entente de ses mots. Mais je ne pouvais décemment pas lui en parler, ou même vider mon sac. Il y a des choses qu’il vaut mieux garder pour soi, parfois. En tout cas, c’est ainsi que je percevais les choses. De là à savoir si j’avais tort ou raison… Il y avait tout un monde. « Merci. » Soufflais-je d’une voix engageante. Mon regard rencontra le sien, et mes prunelles glacées vinrent se plonger dans les siennes, si chaleureuses. Tout, dans notre physique, dans notre attitude, soulignait le fait que nous étions opposés. Radicalement opposés, même. Et pourtant, contre toute attente, nous étions sensiblement les mêmes. A trois, nous étions inséparables, indestructibles. « J’avais oublié à quel point tu étais exceptionnelle. » Murmurais-je, sur un ton doux. Ma sœur, ma Thaïs, où la femme la plus extraordinaire que j’avais eu l’occasion de rencontrer. La seule femme en qui j’avais une entière confiance, la seule qui pouvait faire s’envoler mes soucis, la seule qui pouvait me faire rire, la seule qui pouvait me soulager. Ma sœur jumelle, si gentille, si douce, si compréhensive, si compatissante, si exceptionnelle. « Tu sais, j’étais rassuré que tu sois là. » Avouais-je en souriant. Bien sur, l’accident avec notre autre frère n’avait apporté un bémol à cette situation idyllique. Tout à coup, je n’avais plus été très sur de moi. Tout à coup, j’avais réalisé que son monde, et par extension mon monde, pouvaient s’écrouler au détour d’un simple virage. Mais la vie est cruelle, et parfois, nous empruntons des chemins sinueux et tortueux que nous n’aurions jamais envisagé prendre un jour. Il fallait juste essayer de s’adapter, et de vivre avec. Tant bien que mal. « Je veux dire, tu es dans un environnement plutôt agréable, tu étudies dans une université prestigieuse, notre mère est dans les parages si jamais tu as besoin d’elle, et Nattéo peut te rendre visite. » Autrement dit, le fait qu’elle vive dans un lieu relativement hospitalier m’avait évité de me faire un sang d’encre pour elle. Elle vivait sa vie, protégée de l’enfer que pouvait connaître le reste du monde, apparemment heureuse et insouciante. « On va se promener. » Annonçais-je en me relevant de son lit, esquissant un pas vers elle. Hors de question de rester confiné dans un endroit minuscule, alors que le parc de l’université, vaste et illuminé par les rayons du soleil, nous tendant les bras. « Dis-moi tout. » Soufflais-je en la poussant vers la sortie. « Tes études, ta vie à San Francisco, tes amours… Je veux tout savoir. Nous avons trois ans à rattraper. » La faute à qui ? A Matthou.

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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyDim 3 Juin - 19:58

❝. Il y a vingt-sept os dans la main humaine. Entre autres, le lunatum, le capitatum et le naviculaire, le scaphoïde et le triquétrum, ou bien encore les minuscules pisiformes cornus de la face extérieure du poignet. ils ont beau être tous différents dans leur forme comme dans leur densité, ils sont tous bien alignés, leurs contours sont parfaitement ajustés et ils sont reliés par un réseau de ligaments qui courent sous la peau. (…) Cassez-vous un bras ou une jambe, et l’os s’en va s’envelopper de calcium en se ressoudant, si bien qu’il sera plus solide qu’avant. Mais cassez-vous un os de la main, et cela ne guérit jamais correctement ❞.
un goût de rouilles et d'os • craig davidson


« Nattéo n’est pas là… » Yeux noisettes, crème chocolat. Sa voix restait blanche, sans l'ombre d'un sentiment. Il y avait sur son visage un air invisible, caché sous son armure de soldat. Et j'éprouvais en cet instant, un savant mélange d'amertume et de regrets, un goût de tristesse sur le bout des lèvres. Je me souvenais de ce jour, où sans un bruit, il était parti. Un papier entre les mains, lui délivrant les frontières de notre pays natale. Avalant ma salive, j'entendais à nouveau le rythme lent de ses pas frappant contre le sol de notre appartement au lever du jour. Il avait sa veste noire sur l'épaule, l'âme vagabonde, il m'avait embrassé sur la joue. Un frémissement surgissait en moi à cette délicatesse, sonnant dans ma mémoire comme un aurevoir. La porte en bois s'était refermée derrière lui, me laissant là, assise sur mon trône de princesse abandonnée, à contempler la petite fenêtre du salon. Et ainsi, pouvoir suivre du regard sa démarche me quitter. Tout simplement. Nous avions vécu séparément pour la première fois de notre vie, chacun séjournant dans un endroit différent. L'un, respirant la poussière irakienne, une arme à la main, costumé de la tête aux pieds de ce vert kaki de guerre. Un vert kaki de sang. L'autre, respirant l'odeur familière de Paris, retrouvant les murs de notre enfance. Des murs bleu pâle, couleur blanche neige. Et puis, il y avait moi. A la peau brunie par les lueurs chaudes de la Californie, serpentant à travers la foule étudiante américaine, de mon petit fauteuil de fer et d'argent. Nous fondions à grands coups de pinceaux les lignes colorées de nos existence séparés. Nous volions à travers les nuages brumeux de nos sentiments, à la rencontre de personnes différentes, à la découverte d'univers totalement opposés. Je me levais de mon lit chaque matin, accomplissant mes tâches quotidiennes les uns après les autres. Forces des bras. Installer. Muscles des poignets. Bouger. Petit bol aux étoiles filantes. Manger. Descendre. Redescendre. Pousser les portes, les retenir. Escalader, braver, franchir. Pages tournées, retournées, arrachées. Étudier. Penser, à ces morceaux de cœur qui me manquent, à ces fragments de mon être égarés à l'autre bout du monde. Au fond d'un cercueil de petit enfant. Thybalt. Terrible souvenir, qui s'infiltrait dans ma mémoire. Il y avait ce soir-là, ce vent violent giflant nos joues froides, et ce petit lac glacée soutenant nos pas au beau milieu de l'hiver. Je me souvenais du regard de Nattéo croisant le mien, un regard que je connaissais déjà. Il était témoin de son étonnement, mélangé à une tristesse profonde. J'avais observé tout autour de moi la silhouette de notre petite frère. Notre petit roi. J'apercevais les branches d'arbres nus couvert de neige s'agités, le manteau rouge de mon frère jumeau à mes pieds. Et puis, mes yeux chocolats s'était déposés sur les siens, déjà refermés sous le poids de la mort. Il était inerte sur la glace, à quelques mètres d'une marée d'eau froide. Ses petites lèvres roses étaient devenues violettes, presque noircies par les ténèbres. Je ne me souvenais plus du reste. Des soubresauts s'étaient emparés de mon corps, et une brume épaisse étaient venues se nicher dans mes tympans. Je n'entendais plus rien, je n'entendais pas mes pleures. Je ne voyais que lui. Plus que lui. Fin de l'histoire. Nous voulions tout reconstruire ensembles, les mains serrées, près du parfum de notre mère. Finalement, nous avons pris des chemins différents, et fait nos propres erreurs. Devenir des adultes, cela devait-il ressembler à ça ? Sans conteste, j'étais celle qui vivait le plus mal cette situation qui nous désunissait à petit feu. « Ne t’en fais pas Thaïs. Tout va bien. (…) Ne t’occupe pas du reste. Je vais bien. » affirmait-il avec conviction en un doux murmure. Les yeux grands ouverts, je contemplais son visage de guerrier insaisissable, tâchant d'y déceler des traits défaillants. Je tentais d'extirper un fragment de cette existence que je n'avais pas connue, celle de la guerre et des flaques de sang. Un combat pour la vie, un combat contre la mort. Perpétuel ritournelle. Il affichait un rictus sur ses lèvres, un éclat de sourire illuminant son visage endurci. Des traits légers, relâchés, simples et familiers. Ce Matthias que je connaissais, et que j'avais toujours si bien connue. Je n'arrivais pas à l'imaginer creusé dans sa propre solitude, détruit par ses souvenirs de terreur. Il avait toujours été le petit gaillard, le bonhomme engagé et avenant, que les mères de famille admiraient tellement pour sa bravoure à la sortie de l'école. Il était fort mon frère, et si fragile à la fois. Pourtant, il ne le montrait pas, préférant fonder des forteresses à son royaume de soldat. Vert kaki, vert kaki rouge sang. Et dans l'ombre de ses nuits de faiblesses, j'étais là à recueillir ses larmes silencieuses sur mon épaule de petite fille, le serrant dans mes bras, lui fredonnant nos mélodies préférés. J'avais toujours été là, nous avions toujours été présent les uns pour les autres. Pourtant, je décelais le fantôme invisible de son sourire. Le masque de guerrier, tâché de sang, tâché de gouttes. Des gouttes salées, des gouttes de larmes dorées. Profondément cachées. « Tu sais très bien que je me ferai toujours du soucis pour toi. N'importe où, et à n'importe quel instant. Nous avons été faits ainsi, nous dépendons tous les trois des uns et des autres. Ne me dis pas que tout va bien pour me faire plaisir. Tout ne peut pas aller bien après ce que tu viens de vivre, du moins j'en doute fortement. Les choses viendront et s'en iront progressivement seulement si tu te donnes les possibilités de les partager avec les autres. Avec moi. Je ne te demande pas de le faire tout de suite, seulement lorsque tu en sentiras le besoin, et que tu seras prêt.» murmurais-je lentement, prise par une foule de sentiments. Une chair de poule me mordait jusqu'au bout des doigts, et faisait frémir mes mains. Je voyais à l'éclat de ses prunelles de perles cachées, une terre fracassée où les fumées noires d'un obus éclaté se propageaient doucement, tout doucement, dans l'air.

Respirant à la douceur de nos retrouvailles, je goûtais chaque ligne de ce nouveau tableau où nous tracions nos propres coups de pinceaux. Je battais les paupières lentement, découvrant les nouveaux traits de son visage, l'étirement de ses lèvres formant un sourire, le creux de ses joues endurcies par les conditions physiques de la guerre. Mon coeur était un vieux fou, se souciant des malheurs des autres, s'emportant dans une danse endiablée infinie. Ma raison frappait douloureusement contre ma crâne. Ne vois-tu donc pas, cette solitude qui rode autour de lui ? Et ses yeux, regardes ses yeux. La terre tourne dans ses yeux, la terre et la poussière, la poussière et la misère. Elles frappent dans ses iris marrons, dans les ruisseaux de son corps. Comme une âme-soeur. Elle s'est emparée de lui, la peur. La peur qui renferme provisoirement les cicatrices des combats. Il se nourrit de désillusions, de jours meilleurs qui n'arrivent pas, retenant l'unique espoir entre ses mains sales. Et ses lèvres, regardes ses lèvres. Tu entends comme ses mots sonnent faux, de mauvaises notes malencontreusement rassemblées. Son mince sourire reste figé dans le malheur et l'insomnie. Silence. Il y avait un silence angoissant encerclant nos deux âmes, ma main dans la sienne, le sourire au bords des lèvres. L'intonation de sa voix grave s'élevait à nouveau dans la pièce. Rompant ce lien intense d'une tension mêlée à une tendresse fraternelle. « On va se promener. » s'exclamait-il enjoué sitôt, en se levant d'un pas affirmé. Je lui souriais vivement, retrouvant l'état d'esprit d'un frère si longtemps parti. Je levais les yeux vers lui, il était en face de moi, ouvrant la porte de la chambre. « Dis moi tout (...) Tes études, ta vie à San Francisco, tes amours… Je veux tout savoir. Nous avons trois ans à rattraper. » poursuivait-il, impulsant mon fauteuil vers les lueurs du jours. Saleté. Je freinais aussitôt sa démarche avec la force de mes mains, reprenant dès lors la maitrise de mon petit trône en fer et acier avec mes propres volontés. Les bruits grinçants de mes roues heurtant le sol du couloir, nous nous dirigions lentement vers l'extérieur. Le temps d'une fin de journée de printemps, nous remplissions nos têtes d'autres horizons, dégageant nos erreurs et nos tristesses mutuelles. Nous oublions un univers hostile, l'époque de nos larmes coulant sur nos joues, de ces épreuves cuisantes écrasant nos crânes. « Les choses sont très différentes de Paris. Tu te souviens, les parcs avec l'odeur de l'herbe verte fraichement coupée, les bâtiments de pierre anciens, les petites ruelles que nous étions les seuls à connaître, la Seine et les ponts alentour, les peaux d'échappement à dix-huit heures sur le périph', les bistros illuminés à la tombée de la nuit. Quand je suis arrivée ici, c'était comme me faufiler dans un nouveau monde, avec des coutumes et des traditions différentes de mon quotidien. Au départ, j'étais la petite française à qui tout le monde souhaitait adresser la parole simplement pour entendre son maudit accent. Et au fil des mois, j'ai réussie à trouver ma place » Petit baume au cœur, pincement au creux des lèvres. Je me livrais à lui tel une jolie rose encore jeune, s'ouvrant délicatement aux lueurs du monde, libérant ses minuscules pétales fragiles, et laissant le vent violent du printemps bousculer son cœur. Nous nous perdions dans ce rituel délaissé durant trois longues années, à parcourir les allées du parc de l'université. A cœur ouvert, je le laissais entrevoir les tréfonds de mon existence. Tel que nous l'avions toujours faits. « Je me suis fais des amis, tu les connais peut-être. Et puis, il y a aussi un garçon, ou plusieurs garçons. Tu sais bien, c'est toujours compliqué pour moi ces choses là. Je suis peut-être amoureuse, peut-être pas. Comment pourrais-je le savoir. J'aimerai sentir cette passion brûler en moi, et qu'elle revienne comme autrefois. Mais tu sais, je préfère attendre que tout cela arrive. Je me résous à regarder le présent, avec ses instants de bonheur et ses parures de malheur. Ce que j'ai me suffit » lui confiais-je d'une voix calme et apaisée. Yeux noisettes, crème chocolat. Éclat de lumière, chaleur de la vie. Je goûtais à ces lueurs chaudes délivrées par notre globe de feu. Le soleil battait fortement de ses ailes dans un ciel dégagé parfaitement bleu. La chaleur brûlait nos chairs, et épousait l'ombre de nos visages. « Il y aurait tellement de choses à te dire, mais pour cela, nous avons encore beaucoup de temps devant nous. A ton tour. Je veux savoir absolument tout. Et puis de toute évidence, tu auras du mal à me cacher quoi que ce soit ! » m'exclamais-je gaiment, enquiquinante à souhait. Un rire bref s'extirpait de mes lèvres, mon coude joueur frappant contre le sien. Nous étions l'un contre l'autre, dégustant l'éclosion de cette belle chose déposée entre nos mains. Un petit espoir au parfum d'un été qui approche. Sans marque de temps. Sans marque de chagrin. Simplement nos sourires qui s'ébruitent. Et nos cœurs qui s'ouvrent à nouveau. En apprenant à tout recommencer, et à découvrir avec un peu d'espoir, que derrière les murs intenses du malheur, se cache judicieusement les portes dorées du bonheur.

MOI J’ÉTAIS TRÈS... J'AIMAIS BIEN QU'ON ME REGARDE. J'AIMAIS BIEN SENTIR QUE JE LES SÉDUISAIS, J'AIMAIS BIEN SENTIR QUE JE LES EXCITAIS, MAIS APRES ÇA M'ENNUYAIS EN FAIT
stéphanie, de rouilles et d'os
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptySam 9 Juin - 22:45


Nobody wants to be alone in the world.
I'm just a kid and life is a nightmare, I'm just a kid, I know that its not fair. Nobody cares, cause I'm alone and the world is, having more fun than me ♪ simple plan - i'm just a kid. ➺ crédit fantaisiie ; gif : tumblr ;



Thaïs, Nattéo et moi avions toujours été ensemble. Petits, nous avions été inséparables. En même temps, n’est-ce pas le lot de tous les triplés ? On vit ensemble, on est éduqué ensemble, on fréquente les mêmes écoles, on a les mêmes amis, on a la même famille, on est sans cesse ensemble. Jamais, dans ma vie d’enfant et d’adolescent, je n’avais ressenti la solitude. Pour moi, il s’agissait d’un sentiment inconnu, et je ne pensais pas avoir à le subir un jour. Heureusement pour moi, le pire ne s’était encore pas produit. Heureusement pour moi, je ne savais encore pas qu’un événement pouvait mettre de la distance entre moi et les personnes que j’aimais le plus au monde. Malheureusement pour moi, l’horreur avait fait irruption soudainement dans ma vie. Brusquement, brutalement, sans crier gare. Elle s’était présentée sous la pire forme qui soit : la mort. Elle nous avait assaillis, enveloppés, englobés. Moi, et le reste de ma famille. Aucun de nous n’avait pu résister aux ravages, aux douleurs intempestives. Aucun de nous n’avait été préparé, aucun de nous n’avait supporté. Chacun avait géré la peine à sa façon. J’avais choisi la fuite. Partir n’avait pas été un choix facile ; pour autant, je considérais que ça avait été une décision aussi bien essentielle que nécessaire. Après la mort tragique de mon frère, j’avais essayé de reprendre le dessus. Après tout, j’avais tout pour m’en sortir. Tout était de mon côté pour que je m’en sorte. Ma famille était plus que présente, tandis que mes amis m’avaient plus que jamais entouré. Je pouvais même encore sentir les doigts blanchâtres de Nastassia se mêler aux miens, dans un geste de réconfort. En vain. Pourtant, malgré leur présence constante, malgré leur soutien sans faille, j’avais l’impression qu’ils étaient loin. Très loin, même. Ils étaient à quelques mètres, quelques centimètres de moi, et pourtant, nous étions séparés par un gouffre. Leurs multiples attentions, fines et délicates, toutes plus douces et agréables les unes que les autres, n’avaient pas suffi. J’avais sombré. La proximité physique n’avait eu aucun impact sur l’amélioration de ma santé, de mon état d’esprit. L’impact psychologique avait été trop fort. J’avais senti le poids de la culpabilité m’écraser, me compresser la poitrine. Alors, la solution ultime, unique, idéale, avait été de m’en aller. Où ? Je n’en avais eu aucune idée. Avec qui ? Personne, je voulais être seul. Je voulais me retrouver, faire le point, découvrir et apprendre de nouvelles choses, qui me changeraient les idées. Je voulais recommencer ma vie, à zéro. Je ne voulais plus sentir les regards plein de pitié se poser sur moi, je ne voulais plus que les gens se montrent compatissants. Ils n’avaient pas à l’être, ils n’avaient pas besoin de l’être. J’étais responsable, et je devrais vivre toute ma vie avec ça. Alors aujourd’hui, l’absence de Nattéo sonnait comme un échec. Nous n’étions pas réunis. Pas encore, pas tout à fait. A croire que le chemin des retrouvailles était long, et semé d’embuches. Mais avec le temps, j’étais sur que nous parviendrions à nous retrouver. Parce que c’était Nattéo et Thaïs. Parce que nous étions des triplés. Parce que c’était nous, tout simplement. Where'd you go ? I miss you so, seems like it's been forever, that you've been gone ♫

Mon cœur saigne, mon esprit pleure, ma vie s’effrite. J’ai beau tout faire pour reprendre le dessus, je réalise peu à peu que je suis marqué à jamais. Marqué au fer rouge, tatoué à l’encre indélébile. Les mots meurent sur mes lèvres, mon esprit s’embourbe dans de sombres pensées, alors que je jure tous les dieux que je vais bien. Moi-même, je voudrais me convaincre de cette prétendue vérité. Je veux y croire, vraiment y croire. Mais on ne revient pas indemne d’une guerre. Jamais. On en revient bouleversé, traumatisé, plein de questions sans réponses. On se sent à la fois innocent et coupable, on ne sait plus trop où l’on en est. Après l’Enfer, il faut se reconstruire, et la tache ne se fait pas en un claquement de doigts. Néanmoins, face à ma sœur, si jeune et pourtant déjà tellement abimée par la vie, je voulais paraître bien. Thaïs n’avait pas besoin de se rajouter une source d’ennui, d’inquiétude. Je n’étais pas revenu pour qu’elle s’occupe de moi. J’étais suffisamment grand pour me prendre en charge moi-même, pour œuvrer afin que j’aille au mieux. Contrairement aux autres, je savais pertinemment qu’elle ne se laissait pas illusionner par mes mots. Loin d’être naïve et ignorante, elle me connaissait trop pour croire en tout ce que je lui racontais. Et ses paroles ne firent que confirmer mes soupçons. Oh, parfois, j’aurais aimé qu’elle soit plus dupe, plus naïve. J’aurais aimé qu’elle soit moins grave, moins solennelle, moins perspicace. « Thaïs, écoute-moi. » Commençais-je en me posant face à elle. Accroupi, je me mettais à sa hauteur. Je souhaitais lui faire comprendre que nous parlions d’égal à égal. Je n’allais pas me mettre en position de dominant ou de dominé. « Je ne remets pas en cause le triangle que nous avons toujours formé. Vous êtes la chose la plus importante à mes yeux, et tu le sais. » Non ma chère et adorable sœur, je ne prends pas notre fraternité par-dessus la jambe. Elle avait parfaitement raison, nous avions été faits comme ça. Nous étions et resterions liés, éternellement. « Mais tu sais aussi quelle position j’ai toujours adopté. » Soulignais-je en lui offrant un léger sourire, qui était le simple reflet de quelques souvenirs, heureux, d’une enfance désormais révolue. J’avais toujours été l’élément fort, la pièce indestructible. J’encaisse avec force, courage, et dignité. Je ne souffre pas, ne laisse pas transparaître ses émotions, et abas les cibles qui se dressent sur mon passage. Aux yeux de tous, j’étais ce Matthias là. Les choses n’avaient pas changé. Même dans les déserts d’Irak, je restais debout. Seul, indifférent, presque imbu de ma personne. Officiellement, je voulais vaincre. Je n’abandonnais pas, je ne lâchais rien. « Te dire que tout va bien, que rien n’a changé, ce serait mentir. » Et je ne mens pas à ma sœur, évidemment. La règle était tacite, mais pourtant bien présente. Certes, il m’arrivait de lui cacher certaines choses – comme en cet instant précis, par exemple – mais lui mentir, jamais. « Mais ça va. Je ne suis pas au bord du suicide, ni sur le point de repartir. » Assurais-je à voix basse. Autrement dit, dors tranquille, je ne vais pas t’abandonner une fois de plus. « Et si jamais j’ai besoin de parler, je me souviendrai de ce que tu as dit. » Concluais-je d’une voix douce. Thaïs et Matthias, plus unis que jamais. L’un et l’autre, ensemble, nous pourrions affronter le monde sans crainte. Ma sœur était avec moi, mes doutes pouvaient s’envoler.

L’heure n’était pas aux lamentations. Et pour échapper à l’atmosphère étouffante de la chambre de Thaïs, j’ai imposé ma volonté. Quittons l’antre trop petit, allons nous promener. D’un geste à la fois déterminé et assuré, je suis allé me poster derrière elle, continuant sur ma lancée. Je voulais tout savoir de sa vie à San Francisco. Ce qu’elle était devenue, ce qu’elle avait fait au cours de ces trois années, si sa vie avait beaucoup changé. Le bien-être de ma sœur sonnait comme un hymne, à mon sens. Mais, alors que j’attendais patiemment qu’elle daigne éclairer mes lumières, je me suis brusquement arrêté en sentant la pression de ses petites mains, fermement serrées autour des roues de son fauteuil. Je me suis légèrement mordillé la lèvre, ne sachant trop quelle attitude aborder face à un tel comportement. Clairement, elle montrait son hostilité face à cette situation. Elle ne voulait pas être la faible de la bande, elle ne voulait pas être vue comme une handicapée. Thaïs, toujours forte, faisant toujours front. Mon respect pour elle n’avait aucune limite. « S’il te plait, Thaïs… » Soufflais-je à voix basse. En aucun cas, je n’avais voulu l’humilier. Simplement, ce geste avait été naturel pour moi. Elle était ma petite sœur, je pouvais prendre soin d’elle comme il se devait. Mais elle était forte, et restait maîtresse de la situation. A la réflexion, elle n’était peut-être pas si différente de moi. « Je ne voulais pas te blesser, tu sais ? » Interrogeais-je à voix basse, alors que je me résignais à marcher à ses côtés. Toi aussi ma Thaïs, quand tu seras prête, tu me feras signe. Dans un futur lointain, je te parlerai de mes craintes en poussant ta chaise roulante. Mes traits n’indiquaient aucun signe de fatigue, de lassitude, ou même d’énervement. Un comble, pour quelqu’un d’impulsif, qui supportait relativement mal toute forme de rejet. Mais j’acceptais son choix, tout comme elle avait accepté mon silence. Ces prochains mois, nous allions devoir jouer sur l’art du compromis, afin de renouer un semblant de relation correcte. Chacun devrait faire des efforts – probablement moi le premier, d’ailleurs – mais j’étais prêt à aller lui décrocher la lune, si c’était sa plus grande volonté. Pour les gens qu’on aime, on est capable de déplacer des montagnes. « Je me souviens. » Dis-je en souriant, posant une main tantôt protectrice, tantôt prévenante sur son épaule. Ô oui, je me souviens de ces temps doux, de ces temps heureux, de ces temps insouciants. Je me souviens de tout, comme si ça datait d’hier. Les souvenirs de Paris valaient de l’or, et je les préservais au fond de moi, comme un trésor intime jalousement gardé. Mon trésor à moi ne se comptait pas en nombre de zéros sur mon compte en banque, et n’était pas une question de patronyme à particule prestigieux. Non, mon trésor si particulier, c’était d’avoir goûté au bonheur. De savoir quel goût avait la confiance, la fraternité, l’insouciance. Tout le monde ne pouvait pas se vanter d’avoir un jour connu des sensations similaires. Mon cœur palpitait avec joie au fond de ma poitrine, à l’appel de ces souvenirs brillants. « Dis-moi qui ils sont, je te dirai si je les connais. » Soufflais-je, alors qu’elle évoquait ses amis. Mon estomac se tordit à la mention d’un garçon. Ma sœur, ma petite sœur, était devenue grande. Plongée dans un monde de requins, elle évoluait avec grâce et dignité. Vouloir la protéger et la préserver des abominations n’avait peut-être plus de sens, aujourd’hui. Mon bras, possessif, glissa autour de son cou, tandis que ma tête venait se nicher au creux de son épaule. J’ai eu un léger sourire en reconnaissant son parfum ; le même qu’il y a quelques années. « J’ai l’impression que tu as grandi tellement vite en mon absence… » Avouais-je à demi-mot. Je suis parti en laissant une adolescente, et à me retour, je retrouve une femme. Autrement dit, ne t’en vas pas. Reste avec moi, encore un peu, parce que je ne peux me résoudre à te laisser partir. « Je voudrais tellement que tu connaisses ça, à nouveau. » Murmurais-je en souriant. Je voudrais à nouveau surprendre tes yeux fixant un point connu de toi seule, je voudrais à nouveau t’observer en train de rêvasser, un sourire niais aux lèvres. Je voudrais à nouveau te voir te réjouir, rire, aimer comme si demain n’arriverait jamais. Matthias n’est pas partageur, mais Matthias désire plus que tout le bonheur de sa sœur jumelle. « Mais je sais qu’un jour, ça reviendra. Tu as le droit à ta part de bonheur. » Concluais-je, maladroitement. Le soleil de San Francisco réchauffait ma peau, et me faisait subtilement plisser les yeux. J’ai eu un franc sourire en sentant son coude frapper le mien. Vieux rituel, vieux souvenir. J’étais de retour parmi les miens. « Je ne suis pas rentré depuis longtemps, quelques semaines tout au plus. J’ai vécu pas mal de temps chez Aurlanne, tu te souviens ? Nous l’avions rencontrée à Paris, avec ses frères. Enfin, peu importe. Elle est repartie, et j’ai officiellement intégré mon réduit chez les Iota. » Expliquais-je, alors que nous avancions dans le parc de l’université. A l’abri du soleil, à l’abri d’une chaleur écrasante. « Je n’aime pas franchement ça, d’ailleurs. Tout le monde me regarde comme une bête curieuse. » Je donnerai tout pour pouvoir faire profil bas. Le problème ? Mesurer un mètre quatre vingt treize ne m’aide pas beaucoup. « Et puis j’ai revu des gens, d’avant. J’ai rencontré de nouvelles personnes, aussi. Je renoue progressivement avec une vie normale, apparemment. » Constatais-je en haussant les épaules. Et franchement, après trois ans de guerre de Irak, je pouvais clairement dire que ce n’était pas chose facile.
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyLun 2 Juil - 20:24

Princesse Courage les souvenirs • david foenkinos
❝. Chaque souffle s'annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l'aimais mais je n'y suis pas parvenu. J'y pense encore à ces mots, et à la pudeur qui m'a retenu dans l'inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. [...] Ces dernières années avaient été pour lui qu'une longue déchéance physique. Il avait voyagé d'hôpital en hôpital, de scanner en scanner, dans la valse lente et ridicule des tentatives de prolonger notre vie moderne. A quoi ont rimé tous ces derniers trajets en forme de sursis ? Il aimait être un homme. Il aimait la vie. ❞. MATTY + THAÏS ; DDC FAMILY, ♥.


❝.SWOLLEN ORANGE AND LIGHT LET THROUGH, YOUR ONE PIECE SWIMMER STUCK TO YOU.❞
« Je ne remets pas en cause le triangle que nous avons toujours formé. Vous êtes la chose la plus importante à mes yeux, et tu le sais (...) Mais tu sais aussi quelle position j’ai toujours adopté. » Délicatement, il avait prononcé ses paroles, le visage proche du mien. Un léger sourire sur les lèvres. Inspirant profondément, je scrutais son regard si vif et spontané, reflétant les moindres parcelles de ses sentiments, qu'il daignait si souvent camoufler. Il avait toujours été ainsi Matthias. Le petit garçon puissant et débrouillard, n'éprouvant jamais le besoin de se plaindre de quoi que ce soit. Le temps balayait ses mauvais souvenirs, rattrapait ses instants de bonheur. Or, je sentais, dans ses mains entourant les miennes, quelques frissons inhabituelles. Le syndrome des soldats survivants, ayant surmontés le noir d'encre de la nuit voilant leurs visages meurtri par le temps maudit de la fatigue. Moi, je ne savais pas ce que c'était la guerre. Je n'arrivais pas à m'imaginer l'épaisse obscurité enveloppant une armée de guerriers expérimentés. Et le son assourdissant de tirs, qui résonnent au fond de leurs tympans. Un chaos terrible, avec des ennemis et des alliés, avec des perdants et des gagnants. Des balles qui fendent dans l'air brusquement, et viennent toucher violemment la chair des méchants, et transpercer leurs poitrines diaboliques. Des hommes capables de s'entretuer, de se faire souffrir jusqu'à entendre pleurer, hurler, gémir, leurs victimes. Les yeux rivés vers un ciel de fumée noire, ces êtres s'agenouillent un à un, visant d'un seul oeil leur proie, pour l'atteindre méticuleusement. L'air est trop lourde, trop sombre, trop noire. Ce sont ces batailles qui s'enchainent, s'accumulent, et engendrent le Mal. De la poussière dans les yeux, une balle encastrée dans l'estomac. Et ce champ d'hommes vaincus, d'hommes vainqueurs. Des battements légers de coeurs d'êtres jonchant la terre brulante, de ceux qui ne se relèveront pas. Les cris hardant des soldats vivants, de ceux qui le lendemain matin, dès l'aube, reprendront le chemin de la guerre. Peut-être même celui de la mort. J'avais la poitrine qui se nouait, de ces images fausses traversant mes pensées. Je regardais attentivement mon frère, de l'éclat de ses prunelles au fond de ses yeux chocolats. L'inquiétude au fond de la gorge, mes lèvres restèrent fermés, prisonnières de cette peur grandissante. « Te dire que tout va bien, que rien n’a changé, ce serait mentir. Mais ça va. Je ne suis pas au bord du suicide, ni sur le point de repartir. » affirmait-il paisiblement, dans un simple murmure. Je n'étais pas rassurée, loin de là. Je savais tout de lui, de ses traits de visage, de sa tache de naissance, de son caractère de combattant. Je tâchais juste de me persuader qu'il finirait par se remettre des atrocités qu'il aura vu, peut-être même subi. Il goutera à nouveau à une vie normale, sans éclat d'obus et le son futile d'un tir lancé dans les oreilles. Pourtant, l'idée angoissante de le perdre une seconde fois torturait mon esprit. Je daignais me pincer fermement les lèvres, afin d'éviter que d'infimes larmes ne viennent éteindre mes joues encore sèches. Je ne pleurais pas souvent, ayant finalement appris à affronter les duretés de la vie et ses milles défauts. Un semblant de sourire se dessinait alors sur mes lèvres, lissant les traits apaisés de son visage d'ancien soldat. Je le serrais dans mes bras doucement, lui évitant de voir cette unique larme qui avait réussie à s'extirper du barrage de mes paupières, suivant sa lente course sur mon joue droite. Je respirais son odeur, cette vieille odeur de l'adolescent que j'avais quittée à l'aéroport Roissy Charles de Gaules trois ans auparavant. Ce terrible souvenir, et celui des jours suivants, où je m'étais sentie dépérir sans lui, où j'avais essayée de m'accrocher à la normalité de ma propre vie. Je savais que la douleur de son absence grandirait au fil du temps, et que je ne pourrai être complètement entière qu'à son retour. Je m'interdisais de ressasser ces moments, serrant mes yeux fermés, respirant ce parfum familier qui m'avait tant manqué. Je ne parlais plus. Seules mes pensées hurlaient à l'intérieur. Matthias, je t'ai retrouvé, enfin. Toi, toujours le même, et pourtant si différent. Soyons à nouveau des petits enfants. Moi, la petite fille avec des cheveux châtains foncés retombant sur ma poitrine inexistante. Toi, le gaillard fort et musclé que tous les garçons craignaient d'approcher. Courrons dans le jardin immense de mamie, essoufflés, rassasiés, à l'unisson de nos deux rires. Comptons les étoiles dans le ciel la nuit, allongés l'un à côté de l'autre sur l'herbe fraiche. Tu te souviens de cette époque là, où nous étions si heureux, si ravis de vivre ensembles sur notre terre natale. J'aimerai tellement que l'on soit à nouveau ainsi. Souriants, forts, unis. Sans avoir peur de se le dire, de se le dire vraiment. A haute voix. Je t'aime.

Les saveurs chaudes du printemps s'infiltraient sur nos visages. Le globe de feu enflammait de ses milles et uns rayons, les pétales des fleurs du parc de l'université, les champs de coquelicots du jardin privé, le souffle léger du mistral. Mes cheveux bruns flottant dans l'air, l'intonation de sa voix grave se mêlait au bruit des roues de mon fauteuil, craquant sous les pierres du chemin. « Je ne voulais pas te blesser, tu sais ? » me questionnait-il à voix basse, sans doute gêné par cette situation. Je l'observais un instant, avant de lâcher un éclat de rire, le regard fixé sur mes deux petites jambes immobiles. Cette tache sombre de ma vie éclatant devant ses yeux inhabitués. Sa phrase tournait dans mon esprit, tel un frisson tenace parcourant la peau de mon avant bras. Ce tas de fer, de rail, d'acier. J'avais appris à positionner mon corps sur ce petit trône en argent, le dos parfaitement droit, les épaules hautes, retenue par la force de ma ténacité. Petit pas à petit pas, j'avançais, gracile et prudente. J'affrontais ce monde sans faiblir un seul instant, l'ombre de mes roues sur le sol, l'ombre d'un sourire sur mon visage. J'avais les bras solides autour de ma taille autrefois, les mouvements dociles de mes deux pieds de danseuse dans l'air. Je me tortillais à présent, dans mon petit fauteuil de fer, allant de l'avant. Sans jamais reculer. Mon petit coeur en chocolat valsait dans un élan de folie. J'avais ce sourire charmeur au bout des lèvres, tenant d'une main le poignet de mon frère jumeau marchant à mes côtés. « Tu ne me blesses pas Matty. C'est juste que je préfère le faire moi-même. Je suis assez grande pour n'avoir besoin de personne, tu sais. Ne t'en fais pas pour ça, tu t'y feras » lui expliquais-je calmement, continuant notre balade dans les recoins ensoleillées du parc. Ma voix ressemblent à une vague de la mer, une grosse vague bleu océan enflant, glissant dans l'eau, s'enroulant brusquement, et venant se propager sur le sable humide de la plage. Je me confiais à lui, reposée et sereine. Cette vie américaine rythmait désormais mon quotidien. J'avais quittée les bistrots parisiens, mes amies d'enfance, ma grande chambre aux quatre murs taupe, les clopes au petit matin installée confortablement sur la terrasse, goutant aux premières chaleurs du soleil. « Zéphyr, c'est son prénom. Il est gentil tu sais, et puis, j'aime bien sa manière de me regarder. Lui, il ne me regarde pas comme tous les autres garçons. C'est différent. Je vois dans ses yeux que je ne suis pas juste une fille en fauteuil roulant. » prononçais-je à voix basse, les tambour de mon coeur accélérant brusquement. Je soupirais discrètement, me remémorant les lignes de cette histoire. La tête basse, le regard fixé sur mes mains repliés contre mes genoux inactifs, je m'étais arrêtée. « Mais.. en réalité.. les choses sont bien plus compliquées. Lui, il aime bien les jolies filles, il doit en avoir beaucoup d'ailleurs. Et puis.. moi, je ne veux plus rien de tout ça. L'amour, je n'y crois plus vraiment tu sais. Alors au fond, je me suis dis qu'il valait mieux attendre que quelque chose se passe. Mais c'est vrai.. parfois, ça me rend triste. » avouais-je hésitante, ma voix perdant de son intensité à l'intonation des dernières syllabes. Je respirais profondément, reprenant mes esprits. D'un seul mouvement, mes mains se déposèrent sur mes roues d'une détermination surprenante, accompagnant l'engin dans sa démarche initiale. Je paraissais toujours infaillible, la rage du malheur et les méandres de la tristesse ne pouvant m'atteindre. Je croyait au bonheur, à la bonté des personnes humaines, à notre monde pourtant si puéril et veineux. Je ne m'arrêtais plus sur les aspects pessimistes de mon existence. J'avais l'âme exploratrice, l'âme aventurière. J'aimerai bousculer les frontières des pays en conflits, les rassembler pour les réunir dans la paix. Serrer dans mes bras, le corps fragile d'un nourrisson abandonné dans un orphelinat, lui dire qu'il sera toujours aimer, que sa vie sera belle et merveilleuse. Être humaine, et vivre avec son temps, ses besoins et sa générosité. Je donnais beaucoup de mon jolie coeur chocolat. Je contemplais ce monde sur le rebord de ma fenêtre, vainquant mes faiblesses, saisissant mes victoires. « Aller, viens suis moi, on va pas rester là ! » m'écriais-je sitôt, mon fauteuil glissant contre le sol à une rapidité remarquable. Une allée d'arbres fleuris défilaient des part et d'autres du chemin, leurs ailes gracieuses s'unissant pour former une ombre épaisse contre la chaleur alentour. « Mais ne t'en fais pas pour moi, petit frère, je vais bien. D'ailleurs, je suis persuadée qu'un jour, j'arriverai à marcher à nouveau. Je crois à ma petite étoile, et je sais que notre petit ange veillera sur moi quoi qu'il arrive. » Le bout du nez pointé vers ce petit coin de ciel bleu, et son visage d'enfant dessiné dans mon esprit. Mon petit Thybalt. Si seulement je t'avais vue grandir. M'approchant un peu plus de mon frère soldat, je l'écoutais à mon tour me raconter sa nouvelle vie, en dehors cette guerre l'ayant, j'en suis certaine, d'une manière ou d'une autre profondément détruit. Je scrutais la silhouette de ces arbres immenses allongeant leurs corps au dessus de nos têtes. Je me rappelais ces soirées nocturnes d'échappées belles les vacances d'été, à monter dans les arbres derrière la maison de mamie. J'étais Jane, ils étaient Tarzan. Nous parcourrions les hauteurs des arbustes, mes petits genoux de fillettes souffrant bien plus que les leurs. J'étais toujours celle qui savait monter, mais pas descendre, celle que Matty venait sauver. Ça me faisait sourire bêtement. Des brimes d'une enfance heureuse, une enfance à trois. « Je sais ce que ça fait d'attirer rapidement l'attention. » plaisantais-je un instant, avant de me diriger auprès d'un banc en bois, sous un de ces arbres séraphiques. Il s'était assis, j'étais là, juste en face de lui. Un délicieux sourire illuminant mon visage de princesse. « Sérieusement, je suis persuadée que tout ira mieux avec le temps. Et, de toute évidence, nous sommes ensembles désormais. Plus rien de mal ne pourra nous arriver. » Une de mes mains se déposèrent délicatement sur sa joue. Je lui souriais, profitant de cet instant silencieux pour goûter au joie de nos retrouvailles. Le souffle du vent faisait virevolter mes cheveux bruns, certains venant d'ailleurs se nicher devant mes yeux. Je l'ai à nouveau pris dans mes bras. Le serrant très fort contre moi. « Tu sais maintenant, tu n'auras pas à avoir peur de qui que ce soit. Je t'aiderai à avancer, comme tu m'as aider à le faire. Et si tu veux, on pourra toujours se retrouver un appartement : c'est vraiment déprimant de regarder des dessins animés sans vous deux ! » murmurais-je à son oreille, tâchant de le rassurer avec mes faibles éclats de rire. Le Roi lion, l'Age de glace, Pokémon, les Simpson, Madagascar, la Belle et la Bête. Autant de films d'animation présents dans mon immense bibliothèque cinématographique. Des petites histoires enfantines, que nous regardions toujours ensembles, tous les trois, affalés sur un canapé trop petit. Des rires éclataient sans cesse, des pop-corn encore chauds volaient dans l'air, des paquets de Tagada déjà vides recouvraient le tapis du salon de l'appartement. Courses folles dans le couloir, des nuits blanches à faire des batailles de polochons. C'était nous, ça l'était encore. L'Art des Dupont De Calendre.
❝.ELLE AVANÇAIT VERS LUI ... ELLE ÉTAIT SI BELLE ... DE CETTE BEAUTÉ A METTRE DES POINTS DE SUSPENSION PARTOUT ... .❞
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyLun 9 Juil - 0:32


Lost and insecure, you found me.
But in the end, everyone ends up alone, losing her, the only one who's ever known, who I am, who I'm not, who I want to be, no way to know, how long she will be next to me ♪ muse - resistance. ➺ crédit fantaisiie ; gif : tumblr + tumblr.



Perdu dans le grand désert sablonneux d’Irak, allongé sur ce que j’appelais désormais mon « lit » même si ça tenait plus d’une paillasse qu’autre chose, je m’étais laissé aller à quelques suppositions quant à mon retour. J’avais appris, depuis quelques heures maintenant, mon départ prochain pour les Etats-Unis. J’allais rejoindre mes proches – excepté mon père, resté à Paris – et recommencer ma vie à zéro. Mes relations sociales étaient proches du néant, et mon activité scolaire stagnait depuis presque trois ans. Dire que j’appréhendais le retour à une vie normale était proche de l’euphémisme. Intérieurement, je sentais la panique et l’angoisse monter, lentement, comme une vulgaire chimère. Mais le pire, à mes yeux, était encore l’appréhension des retrouvailles avec mes proches. Il y a trois ans, j’avais fui, clairement. Il n’y avait pas d’autre mot, et rien ne pouvait excuser mon comportement. Après le décès de mon petit frère, c’était comme si toute forme de courage avait disparu. Je n’avais plus qu’une idée en tête : partir. Je voulais quitter notre nid douillet parisien. Je voulais mettre le plus de distance possible entre moi et mes proches, entre moi et ma vie. Je voulais être dépaysé, découvrir de nouvelles choses, éviter de côtoyer ceux qui me rappelaient sans cesse mon erreur. Plus les jours passaient, plus je me rendais compte de l’absurdité, omniprésente, qui rythmait ma vie. Mes parents se déchiraient, mon frère était, la plupart du temps, retranché dans sa chambre. Quant à ma sœur, nous passions notre temps à échanger de longs monologues silencieux. La situation était devenue invivable, et je me voyais dépérir, jour après jour. Qu’est-ce qu’il me restait ? La seule option envisageable, pour moi, avait été de partir. Et c’est complètement par hasard, après avoir vu une publicité à la télévision, que j’avais eu une révélation. L’armée. Quoi de mieux que ce domaine pour démarrer quelque chose de nouveau, de dépaysant ? Sans en parler à quiconque, je m’étais engagé. Et, quelques semaines plus tard, j’avais annoncé mon départ. Il était trop tard pour discuter mon choix, trop tard pour me faire changer d’avis. J’avais œuvré, en douce. Alors aujourd’hui… Quelles allaient être leurs réactions, à l’instant où il me verrait ? La colère ? La déception ? Le soulagement ? La surprise ? J’étais un peu près certain que ma mère allait me sauter au cou, les yeux inondés de larmes, soulagée de me revoir en vie. Elle avait perdu un fils, elle ne voulait pas en perdre un deuxième. Elle l’avait dit, murmuré au creux de mon oreille, comme pour me faire promettre que j’allais revenir en un seul morceau. Pour mon père, la question ne se posait même pas : je ne comptais pas le prévenir de mon retour. Il avait été clair ; pour lui, nous n’étions rien d’autre que des assassins, qui se protégeaient mutuellement. Grand bien lui face, j’avais tiré une croix sur sa petite personne. Rancunier, je ne pardonnais pas facilement. Mais lui, après toutes les immondices qu’il nous avait balancées à la figure… Hors de question. Mais les réactions que je craignais le plus, définitivement, étaient celles de mon frère et de ma sœur. En partant, j’avais mis notre trio en suspens. Pour la première fois, je les avais laissés derrière moi. Je n’avais pas pris en compte leurs avis, pourtant si précieux. Je les avais abandonnés, tout simplement. Moi, le courageux, le téméraire, le plus vieux des trois – à quelques minutes près – j’avais fui, égoïstement. Le trio avait laissé place à un duo. Comment ne pas se sentir coupable, après un tel revirement de situation ? Désormais, je n’avais plus qu’à assumer, et à leur prouver qu’ils pouvaient toujours avoir confiance en moi. La tâche ne serait peut-être pas aisée, mais j’étais déterminé à la mener à bien.

Dans le parc de l’université avec ma sœur jumelle, je goûtais pleinement aux retrouvailles familiales. Pas de cris, pas de larmes, pas de haine. En fin de compte, contrairement à tous les plans que j’avais pu échafauder, tout s’était bien passé. Mon pessimisme ambiant avait, bien malgré moi, pris le dessus. Néanmoins, je me sentais actuellement soulagé, et décontracté. J’avais retrouvé mes marques, avec un plaisir non feint. Mais déjà, je me trouvais confronté à ma première difficulté : Thaïs venait de refuser mon aide. Ne sachant trop comment réagir sur le coup, je me suis contenté de déglutir. Surtout, ne pas m’emballer, ne pas me vexer pour si peu. Elle ne faisait pas ça pour me blesser, j’en étais persuadé ; elle voulait simplement me faire comprendre qu’elle avait appris à se débrouiller seule, par elle-même. « Bien sur que je sais tout ça. » Murmurais-je, regardant droit devant moi. A cette heure-ci, le parc de Berkeley, pourtant immense, offrait une intimité parfaite. Tranquillement, sans nous presser, nous avancions au milieu des grandes allées, cachées du soleil par les arbres qui bordaient le chemin. Si Thaïs affrontait avec dignité et courage son handicap, moi, je gérais mal d’être le grand frère relégué au second plan. Maintenant que j’étais rentré, j’aurais voulu m’occuper d’elle, reprendre le rôle que j’avais délaissé en partant. Dorénavant, elle n’aurait plus rien à craindre, ne serait plus jamais seule. De retour dans les parages, je comptais bien être plus présent que jamais ; nous avions trois ans, trois longues années à rattraper. « Mais comprends mon point de vue, aussi. » Dis-je d’une voix douce, tandis que je jetais un rapide regard sur elle. Mes doigts vinrent trouver ceux de Thaïs, qui jusqu’à maintenant, tenaient fermement mon poignet. J’avais bien conscience que si quelqu’un nous croisait, cette simple vue allait générer de nombreux soupçons, voire même de nombreux ragots. S’il y avait bien quelque chose qui ne m’avait pas manqué, lorsque j’étais perdu dans le désert d’Irak, c’était bien ces murmures, ces suppositions qui n’avaient pas de fond. « Je veux juste que tu saches que je suis là pour toi, désormais. Si tu as besoin d’aide, pour quoique ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi. » Commençais-je, posant un regard attentionné sur elle. Ma sœur, la plus belle, la plus gentille, la plus courageuse. « Tu m’as manqué quand j’étais là-bas. Mon rôle de frère m’a manqué. Alors je sais que tu peux faire les choses par toi-même, je n’en doute pas une seconde. Mais laisse-moi t’aider, de temps à autres. Pas tout le temps, mais parfois. » Demandais-je d’une voix presque suppliante. S’il y avait bien une chose que je ne supportais pas, c’était de me sentir inutile. Alors cette sensation, combinée au fait que ma sœur venait de me rejeter… C’était définitivement trop pour une seule journée. Déviant vers un sujet beaucoup moins épineux, j’ai observé ma sœur en silence tandis qu’elle me parlait d’un éventuel petit-ami dans sa vie. « Je ne le connais pas. Tout du moins, pas encore. » Rectifiais-je. Il semblerait qu’une certaine Betty Bitch prenne un malin plaisir à révéler les derniers potins sur les élèves. Et même si j’abhorrais ses méthodes et ses buts, je n’allais pas me priver d’aller consulter son dossier d’archives. Sait-on jamais, sur un coup de chance, je pourrais peut-être trouver quelques informations sur ce fameux Zéphyr. « Je suis content pour toi, vraiment. » Dis-je en hochant la tête. J’avais délaissé ma sœur adolescente, je retrouvais une sœur devenue femme. Etrange sensation. Le temps avait fait son œuvre, et je devais me mettre à la page. « Tu n’es pas qu’une fille en fauteuil, Thaïs. Les gens qui s’arrêtent aux apparences sont idiots, et ne savent rien. Rien du tout. » Répétais-je, désirant enfoncer le clou. Jalousement, je désirais garder les moindres secrets qui entouraient les triplés Dupont de Calendre. Entretenir une part de mystère, pour avoir toujours une longueur d’avance sur les autres, pour ne pas être blessés. A trois, nous avions un avantage considérable ; nous étions plus forts, nous pouvions compter les uns sur les autres. Mais à trois, nous avions aussi une faiblesse apparente : il faisait qu’un membre du trio soit touché pour que les deux autres laissent percevoir leurs failles. Hors de question que ça nous arrive, à nous. Désirant chasser mes mauvaises pensées, je me suis concentré sur le principal sujet : le fameux Zéphyr. « Tu l’as rencontré comment ? Vous êtes de la même confrérie ? » Demandais-je. Ma sœur avait éveillé ma curiosité… Et venait de me miner pour la journée. Elle semblait peu sure d’elle, presque inquiète. Elle s’était arrêtée, et s’était repliée sur elle-même. Son ton enjoué avait disparu, laissant place aux doutes. « C’est vrai. Je ne vais pas te mentir, les mecs aiment les jolies filles. » Avouais-je en haussant les épaules. Inutile de nier, la gente masculine avait été grillée depuis des siècles déjà. Je n’échappais pas à la règle, malheureusement. « Mais regarde où ça nous mène. » Ajoutais-je en roulant des yeux, légèrement amer. Nastassia, si tu m’entends… M’enfin, ce qu’elle ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal. En espérant qu’Eden tienne sa langue, aussi. J’essayais de me consoler avec ça, tant bien que mal. « Je crois que tu devrais prendre ton temps. Attends. Vois comment les choses se passent. Profite de la vie. » Profite, à fond, parce qu’elle est courte. J’avais l’impression d’être mal placé pour donner ce genre de conseils, moi qui n’arrivait pas à faire face. J’étais parti, je n’arrivais plus à m’attacher aux gens, je trouvais la vie réelle absurde et sans grand intérêt, et pourtant, je demandais à ma sœur d’exceller dans tous ces domaines, tandis que moi-même, je n’en étais pas capable. « Le temps apaise tout, parait-il. Même la tristesse. » Soufflais-je en posant une main sur son épaule. Alors que le temps fasse son œuvre parmi les Dupont de Calendre, pitié. Ma sœur s’élança, rapidement, comme pour quitter au plus vite cet état dans lequel je l’avais involontairement plongée. Elle allait de l’avant, elle ne se laissait pas abattre. Souvent, je me demandais où elle allait puiser toute sa force. Son ordre me fit sourire, largement, et en quelques foulées, je l’avais rattrapée. En cet instant précis, tels deux gamins qui s’étaient lancés dans une course vaine, je me sentais léger, et heureux. Pour la première fois depuis bien longtemps, un rayon de soleil avait transpercé ma vie. Il avait été court, il avait été bref, mais il avait été intense. Peut-être qu’un jour, je pourrais à nouveau profiter, moi aussi. « J’espère tellement pour toi. Pour Nattéo, aussi. » Je n’étais pas sans savoir que mon jumeau se sentait affreusement coupable de la situation actuelle de Thaïs. Mon estomac fit un bond à la mention de mon petit frère, Thybalt. Si Thaïs en parlait – apparemment – ouvertement et librement, ce n’était pas mon cas. Le sujet restait sensible, très sensible même, et la culpabilité profonde. « Crois-moi, à nous deux, on détonne. » Plaisantais-je à mon tour. Thaïs, la courageuse en fauteuil, et Matthias, le mystérieux revenu d’Irak. Quel beau duo nous formions ! Désormais à l’ombre, nous nous sommes dirigés vers un petit banc. Nous nous posions, enfin. Ses mots me touchèrent en plein cœur, tandis que j’appuyais légèrement la tête contre sa main fraîche. Une seconde plus tard, elle était assise à mes côtés, et mon menton glissait au creux de son cou. Mes bras l’enveloppaient, tendrement. Pour la première fois depuis le début de notre entrevue, je me lançais aller à une attitude plus normale, plus humaine. Je cherchais du réconfort, et je l’avais trouvé. « Je te crois. Je sais qu’ensemble, on sera plus fort. » Assurais-je en chuchotant. Parce que ça a toujours été comme ça. « Je me sens déjà moins vulnérable, maintenant que tu es là. » Avouais-je en caressant légèrement la pointe de ses cheveux. Un étudiant, qui passait par là, nous jeta un rapide coup d’œil. J’ai eu un léger sourire amusé. « A ton avis, combien de temps avant que notre relation fasse jaser ? Et que notre lien de parenté soit découvert ? » Prenons les paris, nous qui avons toujours aimé ça. Je n’aimais pas vraiment l’idée d’être exposé encore plus qu’actuellement, mais telle était la dure loi des ragots et des universités américaines. L’anonymat était devenu un luxe, auquel ni Thaïs ni moi n’avions droit. Dommage. Les mots qu’elle me murmura ensuite à l’oreille me firent tressaillir. Ce que je redoutais venait de se produire. J’ai dégluti, ne sachant trop comment lui expliquer les choses sans la blesser. « Ecoute Thaïs… Ça ne va pas être possible. Pas tout de suite, en tout cas. » Commençais-je en passant une main dans ma nuque. Le signe ne trompait pas : j’étais nerveux. « Regarder des dessins animés, d’accord… Mais habiter ensemble, je ne suis pas prêt. Laisse-moi un peu de temps. » Demandais-je en baissant les yeux. Ce n’est pas que je ne t’aime pas suffisamment, ou que je n’en ai pas envie, c’est plutôt que je crains tes réactions quand tu m’entendras me réveiller en hurlant, en pleine nuit. L’idée de vivre à nouveau auprès des miens était alléchante, mais je détestais devoir leur montrer à quel point j’étais différent du Matthias d’avant.
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MessageSujet: Re: we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ we are all connected in the great circle of life ▬ ddc family. ♥ EmptyLun 13 Aoû - 16:59

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