Aujourd'hui je me transforme en adulte, aujourd'hui je deviens une étudiante et aujourd'hui je suis enfin à Berkeley ! Mon rêve américain. En même temps, qui n'aimerait pas aller à cette université ? Pas moi en tout cas. Adieu papa, maman, et les grandes sœurs, me voilà enfin libre, volant de mes propres ailes. « Papa ! Maman ! Je pars pour les inscriptions. » Mettant mes baskets, je me mis à partir en sprintant. En même temps, il est difficile de se réveiller quand votre sœur a explosé votre réveille, que votre portable n'a plus de batterie et que vos parents oublient de vous lever. Oui, aujourd'hui est une journée qui va merveilleusement bien se passer. A bout de souffle, je rattrapai tant bien que mal mon bus. Entre temps, je réussis à me prendre un pigeon dans la gueule, suivi d'un poteau, et à me manger un trottoir. Les transports en commun, pas pour moi, mais faute de choix, nous n'avions pas les moyens pour m'acheter une voiture. Et puis, tous les microbes qui sont dans les bus, beurk. Je n'ose même pas tenir la barre de fer. Heureusement j'ai une technique infaillible : la manche du pull comme bouclier. Croyez-moi, zéro parasites sur vos mains. Enfin bref. Collée serrée à des hommes transpirant comme jamais, je réussis à tenir ma respiration pendant une minute, un record. Dix minutes après, le bonheur se lisait dans mes yeux. J'étais enfin à l'université de Berkeley. Mes yeux s’écarquillèrent et ma bouche s'ouvrit laissant s’échapper un mince filet de bave. Pas très élégant. Prenant mon courage à demain, je me rendis devant le panneau des inscriptions. ''Prendre le chemin qui est tout droit.'' Bah, c'est pas si compliqué que je l'espérais. Me retournant, j’aperçus au loin un petit groupe d'ami. Rien de plus banale, sauf qu'une des filles me ressemblait trait pour trait. Mais c'est quoi ce délire, j'ai un sosie ? Voilà une super nouvelle. Moi, Plum Petrov-Versier, j'ai trouvé mon double. Encore six autres à trouver. N’empêche, c'est vraiment marrant de savoir qu'il y a sept personnes dans le monde qui vous ressemble, et voilà que j'en ai trouvé une. La regardant au loin, je pris mon classeur et le mis devant mon visage pour ne pas me faire apercevoir par mon double. Je n'ose même pas la regarder dans les yeux. Traçant tout droit, je me rendis à l’accueil. Une demi-heure après, les inscriptions étaient faites. Me voilà enfin étudiante à Berkeley. La classe. Le soir même, à la maison, il n'y avait que mon père et moi. Les autres étaient parties soit travailler, soit s'amuser. « Papa ! Tu ne devineras jamais ! » les yeux pleins d’excitations je le regardais prête à exploser. « J'ai un double ! C'est vraiment incroyable, elle me ressemble comme deux gouttes d'eau. Enfin j'ai pas eu le temps de la regarder de plus près, mais de loin, c'est vraiment ouah ! » Sa réaction ne fut pas celle que j'espérais. Son visage s'assombrit et devint d'un blanc inquiétant. Il me prit la main et m'obligea à m’asseoir près de lui. Soudain, la peur m'envahit, voyant ses mains trembler, je me préparais à une éventuelle crise cardiaque. Ses lèvres s'entrouvèrent laissant s'échapper un léger soupir. «  Plum, ma princesse. Je suis vraiment vraiment désolé. Mais cette fille que tu as vu, ce n'était pas ton sosie, mais ta sœur jumelle. » La confusion s'installa et toutes sortes de questions s'embrouillèrent dans ma tête. C'était insensé. «  Mais alors, ça veut dire qu'elle a été adopté ? Si c'est ça, il faut lui dire que tu es son vrai père ! » Sa tête tourna de droite à gauche, m'indiquant l'imaginable. Ce n'est pas elle qui a été adopté, c'est moi. Après m’être rendu compte de ce qui se passait des larmes se mirent à couler. « Pardonnes moi. Ta mère et moi, nous voulions te le dire mais nous ne savions pas quand était le bon moment. » Mon père, ma mère et mes sœurs étaient maintenant des inconnus. Depuis toute mon enfance, les personnes qui m'étaient les plus chères m'avaient menti sur mon identité. Courant dans ma chambre et fermant à double tour, je me mis une nouvelle fois à pleurer mais cette fois, avec plus de rage et de haine. Le lendemain fut l'une des plus froides journées. Me réveillant à l'avance, je mis un temps fou à me préparer. Le petit pull en cachemire crème avec un jean noir levis et des chaussures à talons, et me voilà enfin prête à avoir ma première journée de cours . Le maquillage discret et les cheveux lisses, tout était parfait. Je sortis de la maison, essayant de ne pas déranger les autres et partis pour l’arrêt de bus. Hier soir, après l'arrivée de toute la famille, nous avions fait en quelque sorte une petite réunion. Chacun disait ce qu'il pensait de cette nouvelle et les solutions qu'il fallait prendre pour être une famille unie. Quand je leur ai demandé pourquoi mes parents biologique m'avaient abandonné, aucune réponse ne sortie de leur bouche. Ils n'en avaient pas la moindre idée. La seule chose qu'ils savaient était que j'avais une sœur jumelle du nom de Manon. Manon. Nul comme prénom. Non sérieusement, qui appellerait leur fille Manon ? Pourquoi pas Marie ou Clémentine tant qu'on y est. Bon, pour être honnête son prénom est plutôt cool, un peu vieux mais cool. C'est juste que je suis un peu jalouse. C'est elle qui a vécu auprès de ses vrais parents, pas comme moi. Mais bon, j'ai eu la chance d'avoir des parents adoptifs géniaux. Pas riches, mais super. Perdu dans mes pensées, je ne me rendis pas compte que je restais plantée là, en plein milieu du trottoir. Quinze minutes étaient déjà passée. Me voilà une nouvelle fois en retard. Géniale. Reprenant mon sprint d'hier matin, mon talon ne mit pas longtemps à se casser sous mon poids. Stupide chaussures. Heureusement pour moi, j'avais mes baskets dans mon sac. Me remettant à recourir de plus belle je ne mis pas beaucoup de temps avant de me prendre un arbre et de marcher dans une crotte de chien, et du pieds droit en plus. Après cinq minutes à retrouver mes esprits et à nettoyer cette saleté sur ma chaussure, j’arrivai enfin devant l’arrêt de bus. Et vous ne croirez jamais mais … j'ai raté mon bus. La plus belle journée de ma vie. Huit minutes à attendre et dix à rester dans le bus, j’arrivai enfin devant l'université. Mes cours ne commenceront qu'à dix heures, la chance. Passant devant le portail, quelle ne fut pas ma surprise en recevant un vers d'eau en plein visage. « Va te faire Manon ! » Quoi ? Mais c'était quoi ces conneries ? Une pauvre fille m'avait prise pour ma sœur jumelle. Nan mais faut le faire. Trempée jusqu'aux os, je pris un passant par le col et le regarda droit dans les yeux. « C'est qui cette Manon au juste ? » Ma colère était tellement grande que je ne me rendis pas compte de la peur qui se lissait sur le visage de l'étudiant. Après un long récit, j'appris que celle-ci était le genre de fille à être manipulatrice, égoïste et narcissique, une garce en gros. Tout le contraire de mon caractère. C'est comme si Manon était la sœur diabolique et moi le petit ange. Complètement bizarre. Marchant dans la pelouse, je vis au loin celle que je ne voulais absolument pas voir aujourd'hui. Décidément, le sort s'acharnait sur moi. Et puis, je n'étais pas d'humeur à lui faire la conversation. Mais bon, après mûre réflexion je me résignai à la voir. « Toi là ! Je ne te connais pas, et je ne veux pas te connaître, donc même si on est des jumelles, compte pas sur moi pour faire ami-ami avec toi. Sur ce, salut. » Un peu brutale comme première rencontre je sais. En tout cas, ma sortie aurait été extraordinaire si je ne m'étais pas prise le banc, m'étalant littéralement au sol. C'est sûr, j'avais fait fort.

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