Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Il y a des jours où Avery me manquait. J’avais appris à vivre avec cette absence, mais parfois, elle était tellement présente, tellement étouffante que j’avais besoin de pleurer, d’être triste et d’avoir envie d’aller le rejoindre. Pourtant, je ne pouvais pas, je devais rester forte et faire bonne figure. C’est pourquoi pour me soigner de mon mal être, pour être tranquille un moment et réfléchir sur moi-même, je me rendais au cimetière. J’allais parler à Avery, lui raconter ma vie et combien il me manquait, un truc bien niais, mais qui avait le don de soigner tous les maux comme si être près de lui fait qu’il me donnait un signe de sa présence. J’avais besoin de ça, savoir qu’il était encore présent quelque part et qu’il veillait sur moi. Aujourd’hui était un de ces jours sans. Dès le matin, j’avais senti que ça n’allait pas être ma journée. Le réveil sonnant en retard, le cours d’histologie qui se casse la gueule alors que je sortais de voiture, le voisin relou qui est malade même si on est début avril, tout ça à fait qu’au fur et à mesure de la journée, le ras-le-bol s’est installé. En fin de matinée, j’en avais déjà marre et plus la journée avançait, plus ça s’aggravait. STOP ! Voilà ce que j’avais envie de crier, j’avais envie de gueuler ça à pleins poumons pour bien faire comprendre à la vie que j’en avais marre de ce qu’elle me faisait subir ce jour. C’est pourquoi pour me calmer et pour faire un peu le point, je me rendis au cimetière. D’habitude, c’était un endroit calme où je pouvais me poser gentiment sur la tombe d’Avery et lui parler pendant des heures. Il n’y avait que des petites vieilles qui portaient des fleurs sur la tombe de leurs maris, enfants ou autres proches décédés. Elle priait quelques minutes puis s’en allaient comme elles étaient venues. J’aurais aimé finir comme ces dames et non être plus ou moins veuve à presque 18 ans. Tranquillement, les bras croisés sur ma poitrine, je m’avançai vers la tombe de feu mon compagnon. « Bonjour, mon amour. » Je n’avais jamais cessé de l’appeler ainsi. Je savais que je ne devais pas, mais je ne pouvais m’en empêcher. « J’espère que tu vas bien là où tu es. Ici, comme tu as sûrement pu le voir, ce n’est pas vraiment l’éclate. J’ai eu une journée pourrie et j’ai hâte qu’elle se termine. » Je soupirai. « Et oui, comme tu dois te le dire, j’ai encore eu une journée de merde comme à chaque fois que je viens te voir. Peut-être est-ce parce que tu es la seule personne qui peut redonner un peu d’espoir quand ma vie va mal… » Je souris quand soudain, j’entendis des sanglots. Quelques tombes plus loin se trouvait une jeune femme d’environ mon âge, petite et brune. Je tournai la tête vers elle, elle avait l’air bouleversé. Je détournai le regard quelques secondes pour fixer la photo du jeune étudiant. « Je reviens, mon amour, il faut que j’aille la consoler. » Je fis quelques pas, silencieusement. Quand je fus arrivé à sa hauteur, je la reconnus tout de suite. Cette jeune femme qui pleurait à gros sanglots n’était autre que la petite amie d’un copain d’Avery lui aussi atteint d’une leucémie. « Aleyna ? Ca ne va pas ? » Je n’osai pas trop parler de peur de dire quelque chose de travers.

Tu ne m'as pas laissé le temps de te dire tout ce que je t'aime et tout ce que tu me manques On devrait toujours dire avant l'importance que les gens prennent tant qu'il est encore temps. Dans les émissions, les articles de journaux et autres trucs dissertant sur la mort, on ne parlait jamais du manque. Il y avait toujours un morceau consacré au deuil, au comment se faire à l’absence de l’être disparu, mais jamais on ne parlait du manque que les vivants ressentait vis-à-vis de cette perte. Pourtant, c’était la première chose qui apparaissait. Le manque nous bouffe de l’intérieur. Parfois, les coups de blues prennent le dessus sur la vie et ça devient une maladie. Le manque rend malade et pourtant, personne n’en parlait jamais comme si c’était un sujet tabou. Peut-être qu’un jour, je devrais écrire un article sur ce maux, ça ferait peut-être réfléchir tous ces pseudos psychologues qui étudient le ressenti des gens face à la mort d’un proche. Debout devant la tombe de feu Avery Richards, je commençai à lui parler quand j’entendis les pleures d’une jeune femme à quelques tombes de moi. Je tournai la tête pour apercevoir Aleyna. Elle aussi avait perdu son petit-ami d’une leucémie comme moi. Je l’avais rencontré grâce à Avery, il était ami avec le compagnon de miss Forzwood. Je m’avançai vers elle et lui demandai ce qui n’allait pas. La jeune femme tenta de sourire tout en essuyant les larmes qui roulaient le long de ses joues. Elle me salua puis s’excusa de m’avoir déranger en pleurant. « Ne t’inquiète pas, il m’arrive aussi de pleurer sur la tombe d’Avery. » Je lui offris un sourire bienveillant, une invitation à la confidence. Elle m’expliqua les jours avec et les jours sans, ces journées où on souriait, nos problèmes derrière nous et ces autres où on ne pense qu’à ça et où on croit que le monde nous en veut d’être né. « Je sais…Moi aussi, aujourd’hui est un jour sans. » Je souris quand même. Un sourire, ça fait toujours du bien quand on va mal. Elle m’invita ensuite à s’asseoir à côté d’elle. Je m’exécutai et ensemble nous regardâmes la photo de son petit ami. Je ne connaissais même pas son nom. Avery l’appelait toujours « mec » ou « poto » et je n’avais jamais pensé lui demander son nom. Peut-être l’avait-il déjà dit et que j’avais oublié…Ça ne m’étonnerait pas d’ailleurs. Perdue dans mes pensées, c’est Aleyna qui m’en tira. Elle me demanda si je le connaissais, enfin plus que parce que Avery était ami avec. Je réfléchis quelques instants. « Non, pas vraiment. Je savais beaucoup de chose sur lui, mais je n’ai jamais vraiment appris à le connaître plus. Pourtant, j’aurais voulu. J’aurais tellement voulu continuer à vous voir après, mais je n’ai pas su. » Mon cœur se serra rien qu’à la penser de ma dépression. Ça avait été la période la plus horrible de ma vie, un moment que j’ai détesté plus que tout. J’étais tellement vulnérable, tellement anéantie. Je ne savais plus rien faire si ce n’est pleurer et me morfondre sur mon sort alors que d’autres personnes étaient dans des situations bien pire que moi. Elle me demanda ensuite comment je faisais pour ne pas pleurer. Elle n’arrivait pas à se retenir quand elle était face à la pierre sous laquelle il reposait. Son aveu me serra le cœur une fois de plus. Je me raclai la gorge et plongeai mon regard bleu dans ses yeux marron. « Je ne sais pas. Il y a des jours où je ne pleure pas, je n’y arrive pas et des jours où je ne peux m’en empêcher. Je me dis certaines fois où je passe que je ne dois pas pleurer même si j’en ressens le besoin, peut-être ai-je déjà trop versé de larmes et qu’en faire couler encore serait comme lui faire honte, montrer que je ne suis qu’un bébé. Malgré tout, je crois que s’il y a bien un endroit où je peux pleurer sans qu’on me juge, un endroit où je peux ouvrir les vannes sans pour passer pour une pleurnicharde, c’est bien ici. J’ai l’impression qu’Avery m’accepte qu’importe ce que j’éprouve comme sentiment. » Avery était plus que mon ange gardien, il était mon confident, l’amour de ma vie, mon frère. Il était tout et c’est ça que j’aimais et qui m’apportait un peu de réconfort les jours où je me sentais mal.

Il me manque. C’est atroce, il me manque tellement. C’est pas par vagues, c’est constant. Tout le temps, sans répits. J’avais toujours voulu paraitre forte dès les premiers jours où j’ai recommencé à sortir après ma dépression. J’ai mis du temps avant de revenir au cimetière parce que je n’avais pas envie de retomber dans ce gouffre sans fin qu’est cette maladie. Pourtant, j’avais vite ressenti le besoin de venir me recueillir. Les premières fois, ce fut dur. Je pleurais tout le temps et puis au fil du temps, j’ai fini par ne pleurer que quand j’avais vraiment besoin de le faire comme si Avery m’avait vu et m’avait dit que verser des larmes ne servait à rien et qu’il fallait que je sourisse. A partir de ce moment, j’ai commencé à croire à la plupart des propos des psychologues que mes parents m’avaient fait rencontrer et à qui je n’avais jamais voulu parler sans m’emporter parce que je leur gueulais que j’en avais rien à foutre et que plus rien n’avait d’importance depuis que l’homme que j’aimais été décédé. J’avais commencé à avoir foi en l’ange gardien qu’il pouvait être de là où il était et c’est grâce à ça que j’ai pu refaire ma vie. Beaucoup de personnes ne seraient jamais revenu au cimetière après avoir compris une telle chose, mais moi, j’en ressentais le besoin, c’était une façon de venir le remercier d’être là même si je l’aurais préféré à mes côtés. En écoutant Aleyna parler du fait qu’elle pleurait devant la tombe de son petit-ami, je fus choquée qu’elle se sente débile de venir ici pour parler de sa peine avec le défunt qu’elle vient visiter. Cependant, je ne le montrai pas. « Il ne faut pas te sentir conne, c’est tout à fait normal de venir et de parler. Et puis, comme je te l’ai dit, tu n’es pas la seule à pleurer sur la tombe de ton petit-ami. Puis, je suis sûre qu’il t’entend de là-haut, enfin c’est ce que je me dis pour Avery donc c’est que ça doit être la même chose pour toi. » Je souris. Je voulais être rassurante, je voulais l’aider à aller mieux. Aleyna me regarda alors avec une pointe de tristesse dans les yeux. Elle venait de pleurer, c’est tout à fait normal, ce n’est pas pour moi. Je ne voulais pas qu’elle me prenne en pitié ou qu’elle soit triste pour moi, je n’aimais pas ça. Elle s’excusa pour moi puis me dit que si je voulais parler, elle était là et qu’on serait plus forte à deux que toute seule si on voulait vaincre ce manque et faire enfin notre deuil. « Merci, je n’hésiterais pas. » J’avais beau avoir une certaine confiance en la jeune femme par rapport à notre passer commun, je ne pouvais décemment pas lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. Je n’aimais pas étaler ma vie privée. « Je sais ce qu’est de passer dans une phase où l’on déprime après le décès de notre être aimée mais je n’avais pas conscience de tout ceci avant que mon petit ami ne parte. Je ne t’en ai jamais voulu car c’était comme ça et je m’en excuse auprès de toi étant donné que je ne suis pas venue te voir non plus…enfin si mais pas souvent. », me dit-elle alors que nous parlions de mon degré de connaissance d’un des meilleurs amis d’Avery. Je fermai les yeux et respirai quelques secondes, je voulais calmer les larmes qui me montaient. Sous-entendre ma dépression était une des plus horribles choses que je devais parfois faire. « Oh, tu es venue me voir ? » J’étais étonnée, il me semblait que personne à part Juno et Kendall n’était venu me voir durant ces deux années de ma vie où je passais mon temps à me morfondre sur moi-même. Je me repris cependant très vite. « Je suis désolée, c’est juste que je n’ai pas reçu beaucoup de visite dans les deux années après la mort d’Avery et que je suis un peu étonnée que ma maman ne m’ait pas parlé de ta visite. Elle aurait dû savoir que ça m’aurait fait plaisir.» Je souris en guise d’excuse par rapport à mon étonnement précédent.

Moment de silence. Aleyna semblait perdue dans ses pensées. Je ne la dérangeais pas. Soudain, elle sourit et elle recommença à parler. Sa première phrase était plus que censée, il est vrai qu’on ne se rend jamais compte du manque que la perte d’un être cher peut engendrer malgré la préparation des médecins à un sort pas très favorable. Le reste de ses paroles fut confus, mais je compris le sens de ses mots. « Je vois ce que tu veux dire… Quand on perd un être cher, on se rend compte que la vie est trop courte, qu’il faut en profiter et que tout peut nous arriver à n’importe quel moment de notre existence. Je suis tout à fait de ton avis. Le manque, même si, parfois, il prend une trop grande place, nous fait nous remettre en question vis-à-vis de nos attentes dans la vie. Le manque est une prise de conscience sur nous-même malgré que nous pensions à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’est pas près de nous. » Le sujet dériva sur ma capacité à ne pas pleurer sur la tombe d’Avery. Suite à mon explication, Aleyna m’exposa son expérience. Elle n’avait pas encore réussi à la conclusion d’avancer sans son petit-ami et elle me demandait si moi, j’étais passée à quelqu’un d’autre, si quelqu’un avait réussi à rentrer et à prendre place dans mon cœur. Je ne répondis pas de suite, je ne savais pas quoi répondre. La brune continua alors de parler. Elle me demande si j’avais déjà eu l’impression de n’être rien qu’une personne de plus vivant sur cette terre. Que je la regarde qu’elle voulait. Le départ du jeune homme qui partageait sa vie l’avait changé. Elle se tut quelques secondes avant de se remettre à parler. Elle m’expliqua qu’elle passait de lit en lit alors qu’avant c’était une fille joyeuse qui passait son temps avec son copain. Et oui, la mort change les gens. Elle les transforme. Parfois, ça ne se voit pas ou presque pas, mais parfois, ces changements changent radicalement la personne. Apparemment, c’était ce qui était arrivé à la jeune Sigma qui me demandait si j’avais déjà eu cette période. Je me raclai la gorge. « Oui, j’ai réussi à avancer et à passer à un autre homme. Ca a mis du temps, mais, un jour, j’ai compris que je ne pouvais vivre sans cette autre personne et même si j’avais peur, tellement peur qu’Avery m’en veuille, je me suis rendue compte qu’il serait, au contraire, fière de me voir à nouveau heureuse. Alors, j’ai foncé. Certes, je ne lui ai jamais dit que je l’aimais, mais je sais qu’il le sent. Je lui ai expliqué que je n’étais pas encore prête à prononcer ces trois petits mots et il a compris, on va à notre rythme. » Je souris. « Et puis, pour ton changement, je n’ai jamais eu la même réaction que toi. Et rassure-toi, j’aurais préféré l’avoir que d’avoir celle que j’ai eue. Passer de lit en lit au lieu de se fixer n’est pas une tare, je pense même que c’est un moyen de protection. Chacun se forge une carapace quand il a perdu un proche et si toi, c’est en couchant avec le premier venu – excuse-moi pour l’expression – et bien voilà, on ne peut rien n’y faire. » Non, je n’étais pas là pour la juger. Je trouvais même admirable la réaction qu’elle avait, loin de l’état de carcasse que j’avais vécu.

Tout ce que je sais... C’est que des fois, tu me manques tellement, que j’ai envie d’en crever tant ça fait mal... « On était venus te voir quelques fois, y compris 2jours après que…Mais ta maman n’a pas voulu comme tu n’allais pas bien. On a essayé 2autres fois mais le même résultat donc nous avons pris la décision de ne plus venir car il n’arrivait pas à se dire que son meilleur ami était partit avant lui…il a toujours cru qu’il partirait avant. »Comment ma mère avait-elle pu me cacher ça ? C’était horrible ! Elle était la première à dire qu’il fallait que je voie du monde et elle n’invitait même pas les gens à entrer. J’aurais fait un effort même si je n’étais pas du tout présentable et que j’avais les cheveux gras, les yeux rougis et l’air d’une sdf de luxe. « Je suis désolée de cette interdiction. J’aurais vraiment été heureuse de vous voir, ça m’aurait fait un peu de compagnie même si je n’en aurais pas été une très bonne. » Je souris. « Je sais. Avery avait toujours peur que son téléphone ne sonne un jour et qu’on lui annonce cette nouvelle-là, il ne s’en serait pas remis. Il parlait tout le temps de ton copain. Il me racontait certains de leurs délires. Je me souviens d’un jour où il m’avait dit qu’il n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi génial que lui au niveau amical. C’était un gars bien qu’il disait tout le temps. » Et c’était vrai, j’avais toujours trouvé l’amoureux d’Aleyna très charmant, un mec gentil et très courageux, un modèle en somme.

Notre conversation était entrecoupée par de longs silences, chacune ayant beaucoup à penser surtout dans un lieu si peu commun à de telles confidences. Nous parlâmes alors du manque provoquer par la perte de l’être aimé. J’exposais ma théorie et la jeune femme m’écoutait attentivement, hochant la tête pour montrer son attention. Quand j’eus fini, elle me fit part d’une question qu’elle se posait souvent : allait-elle faire le deuil de cet amour ? Elle m’avoua qu’elle ne savait pas par quelle étape il fallait passer. A vrai dire, je n’en avais aucune idée non plus. Elle finit son intervention par me dire que c’était d’ailleurs ce qui lui faisait le plus peur. « Pour tout te dire, je ne sais pas non quelles sont les étapes du deuil. D’après Grey’s Anatomy et divers spécialistes – oui, j’ai des références débiles en psychologie, mais j’ai quand même été vérifié les dires de cette série –, il y en a cinq : le déni, la colère, les négociations, la dépression, l’acceptation. Après, je ne sais pas si c’est exactement celle-là ou s’il y en a d’autres. » Quand je m’étais remise de ma dépression, je n’avais voulu voir aucun spécialiste, je répétais à qui voulais l’entendre que j’allais bien, que je n’avais pas besoin d’aide. Pourtant, un soir, j’avais regardé Grey’s Anatomy, série que j’avais lâchement abandonné alors qu’elle me plaisait bien. Justement, l’épisode commençait par les étapes du deuil. J’avais fait des recherches et j’étais tombé sur les mêmes conclusions que la série. Nous dérivâmes ensuite sur la reconstruction après un évènement comme celui que nous avions connu. Elle était difficile, très difficile même. Chacun reprenait le dessus à sa façon…certains ne le reprenait jamais. J’avais longtemps été malade et aujourd’hui, j’allais bien, j’étais plus ou moins guérie même s’il m’arrivait parfois de ne pas vouloir sortir et de passer ma journée à regarder en boucle nos photos. Malgré tout, j’avais retrouvé un certain équilibre psychique, j’étais même de nouveau tombée amoureuse. D’ailleurs, mon amie brune me demanda si j’aimais vraiment cet homme. Est-ce que j’aimais Sky ? Bien-sûr, j’en étais plus que certaine. Elle ajouta une autre question, le temps que j’avais mis pour être moi-même avec le jeune homme de mon coeur. « Oui, je l’aime. Certes, ce n’est pas le même amour que j’éprouvais pour Avery, je ne ressentirais plus jamais cet amour à part peut-être pour mes enfants…et encore, mais je ressens quelque chose de fort pour ce garçon, quelque chose dont je me suis longtemps refusé à éprouver. Notre rencontre due au hasard d’un soir où la solitude et l’alcool nous avait fait nous avoué nos secrets respectifs. Ensuite, l’amitié qui s’était vite transformé en amour a fait le reste du travail. J’ai toujours été moi avec lui, comme je suis moi avec toutes les personnes qui m’entourent sauf qu’elles ne savent pas ce secret qui me poursuivra. Certes, ma relation avec Avery restera la plus belle, mais je n’ai pas envie que les gens me prennent en pitié s’il savait son destin tragique. » Feu mon petit-ami est et restera l’un des seuls hommes que j’aurais aimé de toute mon âme et de tout mon corps jusqu’à en être malade d’amour. Peut-être était-il mon âme sœur au final, cette personne qu’on chercher tous désespérément et qui, au final, est la personne qu’on s’attend le moins à trouver au détour d’une rue. Peut-être qu’Avery avait été cette personne-là. Peut-être aussi que le petit-copain de miss Forzwood avait été cette homme-là. J’admirais cette jeune femme qui papillonnait sans attache. J’aurais aimé être comme elle. Elle m’avoua qu’elle avait peur, que c’était pour ça qu’elle butinait de lit en lit. Elle ne voulait plus tomber amoureuse par peur de l’abandon, de se retrouver seule une deuxième fois. Combien je la comprenais. J’avais – même si je n’avais pas réagi de la même manière – eu les mêmes craintes. « Je comprends…enfin, j’ai ressenti les mêmes sentiments. Cette peur d’un nouvel abandon, de la solitude, j’ai connu cela. Contrairement à toi, j’ai pris une décision plus radicale : je n’approcherai plus un homme. Je ne pouvais pas me permettre une telle chose, car j’en étais venue à me dire que tomber amoureuse, c’était être heureux un moment et puis quand on avait le cœur emplis de bonheur, on sombrait dans les méandres du malheur comme si la vie refusait qu’on soit heureux. » Elle me dit plus tard qu’elle avait réagi de la même façon que moi, elle s’était un peu renfermée sur elle et c’est grâce à des amis qu’elle s’en était sorti aussi vite. « Oh, je n’ai jamais été seule. Mes amis passaient de temps en temps, mais j’étais tellement bas que je refusais tout et que je passais mon temps à me morfondre sur moi. Ils ont arrêté de venir, seulement les plus fidèles sont restés et ils ne sont pas beaucoup. » Je l’avais pris très mal d’ailleurs. Certes, j’avais une grande part de responsabilité dans cette histoire, mais la plupart s’était dit mes amis et m’avait laissé tomber quand j’avais eu besoin d’eux. Un comportement ignoble que j’avais encore du mal à pardonner.