Si au départ l’une des deux sœurs se montrait réticente quant à une sortie ou une idée loufoque de la part de l’autre, elles se convainquaient avec force pour pousser l’autre à sortir. Et ça fonctionnait toujours. Aussi, lorsque Juno avait demandé à Elina de l’accompagner dans un cabinet d’avocat pour l’aider à régler certains détails personnels, Elie avait fini par céder lorsque Juno lui avait expliqué de long en large que c’était impératif qu’elles y soient ensembles. Le rendez-vous fut donc donné et Elie dut capituler avec amusement. Le ton avait été également donné, décadence et tenue sexy oblige. Elina dû fouiller au plus profond de son armoire pour sortir des vêtements féminins et surtout éloquent. Elle enfila un short en jean court, un haut dos nus et laissa ses cheveux miels descendre en cascade dans son dos. Un maquillage sobre pour mettre en valeur ses yeux bruns et elle était fin prête pour draguer de l’avocat. Car elle se doutait qu’après les efforts, le réconfort serait de rigueur. Elina était presque prête, elle mettait la dernière touche sur sa tenue lorsqu’elle remarqua l’heure tardive. Jamais, ô grand jamais elle n’avait été en retard jusqu’à présent et ce n’est pas ce soir que ça arriverait. Redoublant d’ardeur, la jeune femme quitta sa chambre pour partir rapidement jusqu’à l’adresse donné par Juno. Le trajet fut rapide bien qu’elle observait souvent sa montre, de peur que les aiguilles avancent subitement plus vite que de coutume. Alors qu’elle arrivait sur place, la jeune femme sortit un billet pour payer le chauffeur avec un sourire séducteur.

« Désolée, vous n’êtes pas sur ma liste aujourd’hui. »

Un clin d’œil suggestif et la belle Gamma quitta la voiture pour rentrer dans l’immeuble. Ca respirait l’argent, chose qu’Elina détestait. Mais pour l’instant, aucun gosse de riche et ou de blindés en vue. Elle se présenta à l’accueil avec un sourire Colgate au visage pour se montrer la plus gentille possible.

« Yop ! Ma sœur Juno avait rendez-vous aujourd’hui. »

La secrétaire redressa le visage de l’ordinateur devant lequel elle était et elle adressa un long regard avant de répondre enfin d’une voix criarde. « Au premier étage, porte gauche. Mais vous ne pouvez pas interrompre un rendez-vous… MADEMOISELLE ! » A peine avait-elle donner le lieu qu’Elie se précipitait dans les escaliers sans faire attention à la vache folle qui beuglait dans son dos. Une fois au premier étage, Elie partit sur la gauche et ouvrit la première porte qui donnait sur un placard à balais.

« Putin de merde ! »

Elle claqua la porte avant d’avancer jusqu’au fond du couloir. Priant intérieurement pour que ce soit la bonne porte, elle était pile poils à l’heure. Et si elle était en retard, elle aurait droit à un gage des plus écœurants pour la jeune femme. Un jeu en place entre les deux sœurs depuis des lunes. Elle ouvrit la porte qui donnait sur un grand bureau. Juno s’approcha de sa jeune sœur, fermant le clapet de la secrétaire d’un regard et Elie la qualifia d’un sourire complice. En retard elle ? C’était passé près mais finalement, elle était pile à l’heure.

« J’ai bien cru que moi aussi, j’allais l’être… Mais tu sais ce que c’est, l’appel de la folie est plus grand que n’importe quoi. Une météorite pourrait s’écraser que je ne manquerais pas notre rendez-vous, même si j’y perdais les jambes. »

La belle Elie leva un sourcil avec un sourire en coin. Sourire qui s’accentua sur les compliments de sa sœur par rapport à sa tenue parfaite pour l’occasion. Son regard s’attarda également sur Juno qui était d’une beauté unique. Puis, elle se détourna sur l’avocat toujours présent en proie à un désir visible. L’œuvre de sa sœur, c’était certain. Elie se passa une main dans ses cheveux tout en se tournant vers la porte fermée.

« Je crois que j’ai bien envie de découvrir un peu les étages. Tu crois que chaque étage peut correspondre à une étape dans l’orgasme en puissance ? Septième étage pour septième ciel ? »

Elie sourit avec amusement. Directe, elle l’avait toujours été et sa sœur n’était jamais surprise de sa façon d’agir, de se comporter ou de parler. Elles étaient tellement semblables et pouvaient se comprendre d’un simple regard.

Elie eut un sourire. En effet, elle ne manquait pas de vaillance pour obtenir quelque chose d’aussi bon qu’un orgasme. Bien qu’elle doutait que chaque futur partenaire pouvait lui en offrir un. L’orgasme d’une femme est une qualité soudaine, et surtout rare. Un bon amant capable d’offrir un nirvana de plaisir à sa conquête, peut-être certain qu’elle signe à l’encre invisible un contrat pour rester, ou alors garder cet être rien que pour elle. Ce dont était certaine la jeune Gamma, c’est que sa sœur prévoyait toujours tout. Elle faisait toujours tout dans la douceur alors qu’Elie se montrait plus brutal et direct dans ses gestes. Mais leur caractère bien que complètement différent se rejoignait dans un point d’ancrage et se liait avec force, sans possibilité de décoller les deux demoiselles une fois ensemble. Et c’est probablement ce qui allait se produire aujourd’hui dans les étages d’un cabinet d’avocat très réputé sur San Francisco. Elie avait su dès le début qu’aller avec sa sœur dans cet endroit ne signifierait pas uniquement paperasse. Haussant des épaules à sa question, Juno la connaissait et savait que ce geste voulait dire « on improvisera ». Mais c’était sans compter sur la prévoyance de Juno qui avait embauché quelqu’un pour les aider dans leurs tâches de luxure. Elle sauta sur place, comme excité à l’idée d’employer Jaimie dans une combine audacieuse et surtout, loufoque. Mais Juno et Elie ne sonnaient pas avec simplicité.

« HAN ! C’est une première pour la terreur. Il va falloir fêter ça s’il se montre digne de nous, ma chère sœur ! »

Haussement de sourcil suggestif quant à la pseudo fête. Une montagne de sucrerie était la première idée, suivie d’une nuit complète de folie et d’amusement. Bref, un programme haut en couleur et digne des Valentyne-Brown. Se retournant vers l’avocat que Juno avait déjà préparé à une éventuelle possibilité de proximité, Elie lui offrit un sourire alors que déjà Juno expliquait les règles. Elle hocha de la tête comme pour appuyer les paroles de sa sœur. Un dessert s’il s’en montrait digne. Car Elie n’aimait pas rester sur sa faim. Sortant de la pièce en suivant Juno, Elina marchait au côté du jeune frère déjà tout excité à l’idée d’aider ses sœurs dans un de leurs coups. Il avait tellement entendu des détails toujours soft devant lui –enfin quand Juno ralentissait la fougue verbale d’Elie- il voulait absolument y participer et montrer que lui aussi faisait partie de nous. Certes, il n’égalerait certainement jamais les deux sœurs terribles, mais il serait à la hauteur. Ils arrivèrent à l’étage et Juno expliqua les règles au jeune frère. Elie se pencha vers lui en passant une main affectueusement dans sa chevelure rebelle.

« Allez la terreur, montre-nous un peu ce que tu as dans le bide et que tu as des couilles ! »

Déjà Elie entendait sa sœur la reprendre sur ses paroles. Mais Jaimie avait quinze ans, pas dix. Serrant la main de son frère, elle partit ensuite avec sa sœur dans les corridors. Elie offrit un sourire complice à sa sœur.

« Je suis prête depuis ma naissance Honey ! Tu me connais… Je sens qu’on va encore faire regretter certains hommes d’être marié. »

Elie et Juno s’arrêtèrent devant la dernière au bout du couloir. Elie se plaça face à sa sœur et fit semblant de mettre une casquette sur sa tête.

« Je t’explique la scène. Nous sommes lesbiennes et on souhaite se marier. Cet homme va nous aider à trouver ce dont on a besoin. Si je me souviens bien d’un vieil article que j’ai lu, ils sont pour l’homosexualité dans ce cabinet, un point pour ce scénario… Et surtout, les hommes aiment deux femmes. Offrons-leur du rêve Honey, avant de leur voler leur fougue bestiale. »

Elie pencha la tête sur le côté avant de frapper à la porte. Le jeu était lancé et les deux sœurs pénètrent dans le bureau grande classe d’un bel homme dans la quarantaine. Se tenant la main, les deux sœurs s’avancèrent jusqu’au bureau avant qu’Elie qui avait mis en place le premier scénario ne mette les cartes sur la table. Chacune leur tour, elles allaient s’organiser des scènes pour palier les étapes et peut-être, toucher les étoiles.

« Bonjour. Voilà… Ma copine et moi aimerions nous marier et avant ça, on aimerait faire… un contrat. Vous comprenez… Nous sommes toutes les deux particulières et donc, on souhaite s’assurer avant de s’engager, vous comprenez ? »

Elina ne doutait jamais de sa sœur pour qu’elle la suive dans ses idées de scénarios. Et malgré l’idée plutôt culottée, Juno acceptait le deal à condition d’accélérer et d’y mettre son grain de sel. Aucunement fâchée à l’idée d’accepter une idée –qui en plus était génial—, Elie eut un sourire significatif avant qu’elles n’entrent dans le bureau de l’avocat. Après une rapide explication pour mettre les choses en jeu, Juno se permit d’enchaîner aux paroles d’Elie pour ajouter des détails importants et déjà faire monter la pression chez l’avocat face à elle. Elina prit place dans le fauteuil que lui indiquait l’avocat alors que Juno elle passait déjà à l’attaque. Mais… il y avait toujours une règle entre les deux jeunes femmes. Toujours laisser l’autre faire en solitaire sauf si elle l’appelle. À l’instant, Juno ne ressentait pas le besoin d’avoir Elie à ses côtés et la brune observait sa sœur avec amusement. L’avocat semblait déjà au bord de capituler et d’allonger avec férocité Juno sur le bureau, renversant papier & Co pour la prendre sauvagement. Une lueur profonde dans le regard, Elie vit avec plaisir sa sœur revenir s’installer près d’elle alors que l’avocat semblait sur sa faim. Échange de regard entre les jumelles maléfiques et la brune se levait, une main sur le bureau et caressait le bois en s’approchant de l’avocat. Elle posa sa main sur son épaule et avec une voix sensuelle, lui murmura suavement.

« Vous devriez vous asseoir… »

Appuyant sur son épaule, il obtempéra et prit place dans son fauteuil. Elie glissa sur lui à califourchon et prit les mains de l’avocat pour les poser sur sa chute de rein scandaleuse. Ses mains passaient sur son torse, en caresse lascive et suggestive, mais en restant sobre et ne descendant nullement en bas de la ceinture. Elle pouvait déjà sentir la fermeté que l’homme ressentait déjà et le désir profond par sa respiration plus soutenue.

« Vous devez savoir que… ma compagne et moi ne voulons pas regretter un tel engagement. Et je pense que vous serez à même de nous donner toutes les cartes en main pour éviter que nous revenions demander un divorce d’ici peu, n’est-il pas ? »

La brune sulfureuse se pencha en avant, approchant ses lèvres gourmandes de l’oreille de l’avocat pour attraper son lobe entre celles-ci. Elle le sentit se raidir et lâcher un profond soupire. Les mains de l’étalon déjà prenaient ses aises sur les fesses d’Elina et celle-ci fut amusée par la facilité de mettre un homme en rut. Elle s’écarta avec un sourire aux lèvres, finissant par se lever en frôlant son entrejambe intentionnellement. Elle retourna auprès de sa sœur sur les sièges et plaça une main sur la cuisse de Juno avec un regard de profond désir envers l’avocat.

« Pour la documentation, je souhaite que tout ce qui m’appartient soit également à ma future femme. Nous partageons vraiment… tout. Et je veux que ce soit la même chose dans le mariage. »

Elina tourna son regard vers sa sœur, affichant une mine d’affection. Ce qui n’était pas difficile, car elle aimait sa sœur du plus profond de son cœur –bien qu’elles ne soient pas sœurs de sang- et malgré les futures choses qu’elles allaient partager, elles n’avaient aucun complexe et aucune peur à devoir s’embrasser ou même pousser le vice à quelques attouchements. Mais pour cet homme-là, Elie savait déjà qu’elles n’auraient pas forcément besoin d’en faire beaucoup pour qu’ils finissent par oublier son mariage et s’accouple avec les deux Gammas sans aucune retenue. Le voyant desserrer sa cravate, les deux sœurs eurent le même regard et se levèrent en même temps pour s’approcher de leur proie. Elie se posa sur le bureau, son pied allant directement caresser son entrejambe alors qu’elle observait sa sœur prendre les choses en main.

Bien que sportive, il fallait avouer qu’Elina était au bout du rouleau. Plus de cinq cents marches en seulement deux heures de temps, sans compter l’effort physique avec des hommes, plus les émotions en ébullition par le plaisir ressentit. La jeune femme était complètement sur les rotules. Et pourtant, il leur restait encore suffisamment de fougue pour parvenir au premier but, soit une septième victime. Elles avaient donc décidé de retourner auprès du premier avocat et Elina commençait à avoir les escaliers en horreur. Jaimie lui, continuait d’être aussi excité qu’une puce, ne comprenant pas vraiment comment ses deux sœurs pouvaient se fatiguer aussi facilement. Il le saurait tôt ou tard, le morveux. Elina s’avachit dans le fauteuil à la suite de sa sœur, son regard cherchant une quelconque marque sur le mollet de Juno. Si trace il y avait, sang coulerait. La jeune Gamma ne supportait pas qu’on fasse du mal à sa sœur, même si c’était à la base à cause d’une partie de jambe en l’air. L’avocat commença alors un long massage langoureux sur les épaules d’Elie, alternant avec sa sœur et la brune commençait à perdre pied, trouvant les caresses purement plaisantes. Mais la tranquillité de cet instant fut brisée par une furie hystérique qui pénétra dans le bureau, hurlant et accusant l’avocat. Elina observait l’échange, franchement amusée par la situation sans penser à mal. Mais, celle-ci se retourna contre les deux sœurs, les accusant de pervertir son mari. Elie leva ses sourcils bien hauts alors que sa sœur commençait déjà les hostilités. La brune s’était levée de sa chaise, car la patiente n’était pas son fort. Et encore moins la diplomatie.

« Encore un seul mot grosse vache et ce sera les derniers ! »

Mais la bonne femme semblait ne pas prendre les menaces des deux sœurs au sérieux, et c’était un tort. Car quiconque connaissait Juno & Elina, savait qu’il ne fallait pas s’y frotter de trop près au risque d’en ressortir avec des séquelles. Appuyant sa sœur sur ses propos, Elina se contentait de lancer un regard meurtrier à la pauvre bourgeoise qui s’avançait toujours des deux sœurs, se croyant menaçante. Elie ne supporta plus ses mots et le premier coup partit. Elle se retourna vers Juno avec une grimace.

« Désolée… tu sais bien que je ne suis pas aussi diplomate que toi… »

Déjà l’avocat se précipitait sur sa pauvre femme, hurlant sur les deux sœurs qu’elles étaient folles et qu’il allait appeler la police. Et blablabla. Des paroles qu’il prononçait dans le vent, car les deux sœurs ne l’écoutaient déjà plus. La bonne femme se releva, la joue rouge et encore plus furieuse au possible. Elle ressemblait étrangement à un singe rouge et si ce n’était pas la réalité, Elie aurait presque cru voir des larmes sortirent de ses yeux par les côtés et de la fumée sortir de ses oreilles. Un tableau comique qui lui fit étirer un sourire moqueur. La gifle arriva sans qu’elle ne s’en rende compte et son visage pivota sur la gauche. Grand moment de silence dans la pièce. Elle avait osé toucher Elina. La vieille peau avait osé effectuer un geste qui signifiait son arrêt de mort. Car on ne touchait jamais à l’une des deux sœurs. Si Elina ne répliquait pas, c’est Juno qui allait le faire. Sauf qu’aucune des deux ne put réagir suffisamment rapidement, car elles entendirent un « touche pas à mes sœurs » avant que la terreur en personne ne saute sur la bourgeoise pour lui régler son compte. Si elle touchait à un seul cheveu du jeune homme, les deux filles lui péteraient les dents si sauvagement que même le plus respecté des dentistes ne pourra jamais arranger les choses. Elina fonça dans le tas sans réfléchir, sa joue encore brûlante d’humiliation et de colère. Attrapant son frère par les aisselles, elle le sortit de sa furie mystérieuse avec un sourire. C’est qu’il était vraiment à la hauteur, ce petit bonhomme.