❝ You got a thing about you, I just can't live without you. ❞ I let it fall, my heart, And as it fell you rose to claim it. It was dark and I was over, Until you kissed my lips and you saved me. My hands, they were strong, but my knees were far too weak, To stand in your arms without falling to your feet, But there’s a side to you that I never knew,never knew. All the things you'd say, they where never true, never true, And the games you'd play, you would always win, always win. But I set fire to the rain. Watched it pour as I touched your face. ◂ elmas & timéo

elmas&timéo ϟ Vous est-il arrivé d’entendre une blague si souvent que vous en oubliez pourquoi elle était drôle ? Puis vous l’entendez une seconde fois et soudain elle vous apparaît comme neuve et vous vous rappelez alors pourquoi vous l’avez adoré la première fois. ;; big fish

Installée confortablement devant la télévision, je n'attendais plus que la scène finale, celle qui allait chambouler la suite du film. Un changement de situation que malheureusement je ne saurais jamais. La cause de cela ? Timéo, mon colocataire qui venait d'entrer en criant dans tout l'appartement. « Elmaaaaaaaaaaaas ! T'es lààààà ? » Question purement rhétorique, il a dû comprendre que j'étais là dès qu'il vit mon sac balancé par terre au même endroit que d'habitude, et moi crier du salon « Mais Tiiiiiiiim, t'aurais pas pu venir plus tard ? Il se passait un truc trop bien !! Pour la peine, débrouille-toi pour le rangement. » Faisant mine d'être énervée, il comprit très vite que je n'étais pas sérieuse. Ca ne marchait jamais avec lui, il me connaissait trop bien pour se laisser berner. Notre première rencontre date du lycée, ô lointaine époque où nous étions si jeunes encore. C'était la première personne à qui le proviseur m'a présentée, et j'avais eu beaucoup de chance de tomber sur lui. Même si au départ communiquer n'était pas chose facile, j'appris assez vite, et heureusement. Ce soir, nous avions prévu une soirée détente, comme nous les aimons tant. Après autant d'années à se côtoyer, nous avions nos petites habitudes, comme un vieux couple, sauf que nous, nous ne nous lassions jamais d'être ensemble. « Pizza, pizza, pizza. J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim ! » Un léger rire de ma part se fit entendre, j'avais l'habitude maintenant de ce genre de phrases qui voulaient absolument tout dire. Sur le côté, je m'amusais à le regarder s'agiter comme un asticot. C'était une vraie boule d'énergie, il était infatigable. D'ailleurs c'était l'une des caractéristiques que j'appréciais le plus chez lui : il vivait pleinement sa vie. Et tant mieux, je ne m'ennuyais pas avec lui au moins. Aujourd'hui, je pouvais fièrement le présenter aux autres comme étant mon meilleur ami, l'une des personnes qui me connaissait probablement le mieux. Ou presque. Mon passé était toujours resté une sorte de mystère pour lui, non résoluble. Et parfois je m'en voulais de lui cacher tant de choses. Il devait probablement se douter que ma situation n'était pas vraiment confortable et qu'il valait mieux d'attendre. Mais tôt ou tard, je lui raconterais tout, il le méritait bien, après tout ce qu'il a fait pour moi c'était la moindre des choses. « Les glaces, j'espère que tu ne les as pas oublié ! Si oui je te renvoie aussi rapidement que tu n'es arrivé ! » Le regardant du coin de l'oeil, il leva en l'air deux énormes pots et j'eus l'immense joie de remarquer qu'il avait choisi celle que je préférais : les Häagen-Dazs aux spéculos, un pur délice. « Titi, tu gères, merciiiii. » Le coupant dans sa phrase, il s'avança vers le salon et à peine était-il arrivé que je lui sautais dans les bras, comme j'avais tant l'habitude de faire. Cette proximité, je ne l'avais avec personne d'autre que lui et il avait toujours été un repère pour moi. Toujours présent au bon moment, avec LA petite phrase qui me faisait pleurer de rire jusqu'à ce que j'en oublie tous mes soucis : il était vraiment l'ami parfait.

« J'espère que t'es pas fatiguée, parce que tu n'es pas prête d'aller te coucher ! » Je relâchais mon étreinte quelques secondes pour qu'il puisse respirer et en profita pour me déposer un léger baiser sur la joue en guise de bonjour. Aussitôt fait, aussitôt reparti. Je me doutais bien qu'il allait me filer sous les pattes, mais la c'était pour la bonne cause : soit je le retenais encore plus longtemps, soit les pizzas brûlaient. Je préférais patienter un petit peu pour avoir de quoi manger dignement et l'avoir pour toute la soirée par la suite. Sa présence m'avait tellement rendue joyeuse que j'en avais complètement les faits des derniers jours. Mon visage devint tout de suite un peu plus sombre. Je repensais encore une fois à Zachariah, à qui j'avais avoué mes sentiments quelques jours auparavant. J'espérais tout simplement que ça n'allait pas gâcher notre amitié. Mais dans le fond, même si c'était peu probable, j'espérais qu'une petite partie de lui ne m'aime plus qu'une simple petite sœur. Je n'étais que ça à vrai dire. Rien de plus. La voix de Timéo me ramena à la réalité. « Qu'est-ce que tu veux à booooooire ? » M'enfonçant un peu plus dans le canapé, j'avais de plus en plus de mal à chasser ces images de l'autre jour. « Ramène-moi une bonne bière tu veux ? » La bière, voilà une chose dont j'avais particulièrement horreur. Je préférais largement le bon champagne. En réalité, je la trouvais délicieuse que lorsque quelque chose n'allait pas. Je me réconfortais de cette manière dirons-nous. Et pourtant Dieu sait que je dois éviter d'en consommer trop. Avec un seul rein en marche, une trop forte quantité d'alcool m'apporterait de nombreux problèmes. « Boooon qu'est-ce que tu as de croustillant à me raconter aujourd'hui ? » Marquant une pause quelques secondes, je repris. « Booof, pas grand chose de bien intéressant. Lever, cours, déjeuner et glandage devant la télé. Et toi ? » A San Francisco, nous n'avions pas le temps de nous ennuyer. Disons que ces derniers temps, je n'étais pas vraiment d'humeur festive. La fusillade m'avait particulièrement marquée, d'autant plus que Camille en était ressorti blessé. « Et pas de mensonges hein ! Tu sais que ça n'marche pas avec moi. » J'arborais un large sourire, qui généralement avait son petit effet sur Timéo. « Oh non, je n'oserais pas. Tu me connais trop bien ! Et puis, tu sais qu'en ce moment à part le trajet Université – appartement je ne fais pas grand chose ! » Buvant une gorgée, je manquais de m'étouffer quand il reprit la parole. Décidément, il était toujours plein de surprises. Et chaque fois, il m'étonnait davantage. « Haan !! Et si on faisait un action et vérité ? Tu veux jouer, diiiiiis ? » J'avalais la gorgée qui resta en travers de ma gorge pour ensuite poser la canette sur le sol. Essayant toutefois de reprendre mon sérieux, je n'arrivais pas à calmer cette crise de fou rire. « Enooorme, j'adore, j'adhère. On commence tout de suite ? Vas-y, demande en premier ! » J'attendais sa question avec un sourire le défiant. Au fil des années, je m'étais habituée à ce qu'on retombe en enfance, et cela m'avait permis de m'améliorer sur beaucoup de points. Je n'ai jamais pu profiter pleinement de cet âge-là, donc je me rattrape aujourd'hui. Timéo était vraiment doué dans ce domaine. Chaque fois, il avait de nouvelles choses à proposer. Voilà ce que c'est de profiter de la vie.

elmas&timéo ϟ Vous est-il arrivé d’entendre une blague si souvent que vous en oubliez pourquoi elle était drôle ? Puis vous l’entendez une seconde fois et soudain elle vous apparaît comme neuve et vous vous rappelez alors pourquoi vous l’avez adoré la première fois. ;; big fish

L'ambiance dans notre charmant appartement était toujours au beau fixe. Pas le temps de déprimer ici, il faut juste s'amuser. Enfin, on fait des exceptions devant les films bien sûr. Parce que ce cher Timéo m'avait vue plus d'une fois fondre en larmes devant Titanic ou bien Bambi quand la mère se faisait tuer. « Tu regardais pas un disney sans moi j'espère ? » Si seulement. Le film n'était pas intéressant, c'était juste histoire de faire passer le temps. L'intrigue n'était pas top non plus, quelque chose de basique. « Si seulement … Ce que je viens de voir n'a rien à voir avec la qualité de nos dessins animés ! Et regarder sans toi, comment aurais-pu faire ça ? Ca aurait été de la traîtrise à haut niveau là. » Et oui, c'était une règle fondamentale ici, interdiction formelle de regarder un Disney sans son colocataire. Nous sommes bizarres mais on s'en fiche totalement. Au moins on s'amuse, comme des gamins de huit ans, mais on s'amuse et là était l'essentiel. A son arrivée, j'augmentais encore plus le son de la télévision, pour mieux entendre ce qu'il se passait même si depuis son arrivée je n'accordais plus vraiment d'importance à suivre le film. Alors que je m'assurais qu'il n'avait pas oublié mes glaces favorites, je remarquais que ma remarque lui avait déplu. Il était lui aussi devenu un fan des Haagen Dasz, en particulier des spéculos. Mais il faudra que je lui fasse goûter ceux aux oréos également, qui sont bons aussi. Après avoir exprimé ma reconnaissance, je me jetais dans ses bras pour le serrer le plus fort possible. Tellement que je sentis son cœur battre la chamade. Le pauvre, il s'était tellement pressé que le voilà complètement essoufflé. Jamais je ne me serais doutée qu'en réalité mon meilleur ami depuis le lycée entretenait des sentiments amoureux à mon égard. Quelle magnifique naïve je faisais... Magnifique – à prendre au premier degré bien sûr – mais naïve !! La chose qu i doit cacher tout mon charme. Ou peut-être pas. J'arrivais à faire craquer Timéo avec mes nombreuses mimiques. Il avait vraiment du mal à me résister et j'adorais sortir gagnante. Pour moi, Timéo représentait une partie importante de ma vie. Celle que j'avais construite aux Etats-Unis. C'était en partie grâce à lui que j'en étais là. Il m'a fait redécouvrir le bonheur. J'aimais particulièrement son esprit enfantin, qui réussit à me libérer de mes démons petit à petit. En plus, j'étais totalement au point sur les Disney, connaissant quasiment tout par cœur. Dans ses bras, je me sentais plutôt bien. Notre amitié était tellement forte. J'avais vraiment de la chance de le connaître. « Je ne te le répéterais jamais assez Timéo Avery-Dewhurst, tu es mon rayon de soleil. » Levant ma tête pour me retrouver face à son visage, je lui adressais un large sourire, pour appuyer mes paroles. « Ma plus belle rencontre ! » Le destin a voulu que nous nous rencontrions, et il a plutôt bien fait.

Seulement mon air se fit plus grave lorsque le souvenir de Zachariah me revint. J'avais réussi à l'oublier pendant quelques minutes, quelques minutes de réel bonheur, mais rien ne dure. J'avais demandé une bière alors que je n'aimais pas cela. De plus, ne fonctionnant qu'à un seul rein, mon corps supportait mal la consommation d'alcool. Il fallait donc que je me tienne à carreau ce soir afin d'éviter tout comportement abusif. Je n'avais aucunement envie de me retrouver à l'hôpital et par la même occasion gâcher notre soirée. Je détestais mentir à Timéo, mais là, je ne voulais prendre aucun risque. Ayant tout de même un peu honte de mon comportement, je détournais les yeux pour éviter de lire la frustration dans les siens. Mais rapidement, il changea de sujet. Il avait ce don particulier de me mettre à l'aise même après une situation gênante. « Haan, mais je t'avais parler de Ebony ? Tu sais mon amie d'enfance. Hé ben je l'ai croisé à l'absinthe bar l'autre jour. Après plus de cinq ans sans se voir, t'imagine le choc ! » Cette nouvelle me fit un choc. En effet, je ne m'attendais pas du tout à cela. Il m'avait longuement parlé de son enfance alors que j'essayais de rester la plus discrète possible quant au mien, et je serais une amie indigne si je ne connaissais pas cette Ebony. Sans l'avoir pour autant eu dans mes amis, je savais qu'elle avait été importante pour lui. Mais j'avais légèrement envie de jouer avec ses nerfs en le maintenant en haleine. Quelle pitre comédienne je fais ! En même temps, les gestes associés à mes paroles étaient largement exagérés, lui montrant qu'en réalité je n'étais pas sérieuse. « Ebony... Laisse moi réfléchir. Ca remonte à loin dis donc ! » Ne laissant plus durer le suspens, je reprenais enfin mon sérieux, impatiente d'écouter ce qu'allait raconter mon ami. « Quel choc en effet, tu dois vraiment être heureux ! Comment ça s'est passé alors ? Raconte moi tout ! » Je préférais largement écouter ce qu'il avait à dire, sa vie était tellement plus intéressante que la mienne. Je me gardais certains détails. Il fallait me laisser encore un peu de temps avant de me laisser m'exprimer totalement. Puis celui-ci annonça une soirée sous le rythme de l'action ou vérité, jeu simple mais tellement drôle et évoluant souvent vers des situations tellement farfelues. D'autant plus que ce soir nous étions seuls. Tous les deux, dans notre appartement, à jouer à ce jeu. Les questions ainsi que les actions n'allaient sûrement pas être de la même ampleur que celles posées en publiques. Mais c'était ce qui rendait la situation encore plus excitante. On allait vraiment nous amuser. Alors que je l'invitait à me poser la question en premier, il me fit ce regard de tueur dont je raffolais totalement et alla même me faire des menaces. « Je serai sans pitié quelque soit ta réponse ! Action ou vérité ? » Amusée, je faisais mine de réfléchir quelques secondes, histoire de rendre l'attente encore moins supportable. « J'implore votre clémence, mon grand Timéo ! » Un rire s'échappa, puis de suite je devins plus sérieuse. Le choix était imporant, action ou vérité ? « Aloooors, j'hésite vraiment. Dans les deux cas tu vas me pondre un truc de fou donc bon. On n'a qu'à commencer doucement, aller ! » Je le regardais avec insistance, un sourire en coin. Je le voyais, il mourrait d'impatience, et j'adorais le voir dans cet état. C'était tellement drôle. Une minute presque passa et j'estiments le temps d'attente assez long. En fait, moi aussi je mourrais d'impatience de savoir ce qu'il m'avait réservé. « VÉRITÉ ! » Game on. Tu as toutes les cartes en main, mon Tim.

« Encore heureux ! » S'il ne m'avait pas cru, j'aurais été terriblement vexée. Mais il me connaissait par cœur ce Timéo, alors il savait pertinemment que j'étais incapable de savourer un Disney sans lui. Parce que sinon je m'ennuie. Je peux par rigoler tranquillement au risque de déranger la personne avec moi. Et puis, il était beaucoup plus bruyant que moi, à donner la réplique à tous les personnages. Mais justement, c'était ça que j'aimais. Ca rendait le dessin animé encore plus drôle, plus magique, tout simplement parce que j'étais avec mon Timéo quoi. C'était probablement la personne qui m'était le plus cher ici. Il n'était pas comme les autres, pas comme un simple ami ou un petit copain. Jusque là, toutes les personnes que j'ai pu rencontrer, que ce soit en amour ou en amitié, personne n'avait jamais réussi à être à sa hauteur. Le genre de personne qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie. Et encore. Parfois cela n'arrive jamais. « Maaah, qu'est-ce que j'aime la Elmas bisounours » Un bisounours ? Moi. Bien sûr ! Sa remarque me fit rire, et je n'en attendais pas moins de sa part. Au moins, il ne m'avait pas comparée à un personnage de Disney pour une fois. « Profite bien parce que ça ne durera pas longtemps ! » lui lançais-je avec un sourire malicieux juste avant d'attraper le coussin derrière mon dos et de me jeter sur lui avec. Trop faible par rapport à lui, je me retrouvais de l'autre côté du canapé en quelques secondes seulement. Me protégeant à l'aide de mes bras, je donnais le plus de coups possible sur le coussin qu'il tenait à la main. « Mais c'est pas juuuuuuste, t'es plus fort que moi ! » Nos voisins devaient être fous à l'heure qu'il était. Et encore, ce n'était que le début. La soirée n'avait même pas encore commencé. « C'était comme se réveillé après une looongue nuit de sommeil... Nan très mauvaise métaphore oublie ça. C'était super. J'avais oublié à quel point c'était agréable d'avoir Ebony à mes côtés. Ah, et puis elle étudie à Berkeley, elle fait partie de la confrérie des gammas. » . J'étais heureuse de voir Timéo aussi enthousiaste de retrouver son amie. Tellement qu'il se mettait carrément à faire des métaphores. Mais sa dernière phrase avait eu le mérite de m'interpeller un peu plus. Il venait non seulement de revoir Ebony mais celle-ci fréquentait la même université que nous depuis trois années. Comment avions-nous fait pour ne pas remarquer sa présence pendant tout ce temps ? Le campus était très grand oui, et le nombre d'élèves impressionnant mais ça m'étonne vraiment de ne l'avoir jamais croisée, même de loin. « T'es sérieux ? J'en reviens pas ! Trois ans quand même ! » Je me remettais du choc doucement alors que nous enchaînions sur un jeu d'action ou de vérité. J'avais préféré choisir vérité pour commencer, il fallait bien commencer en douceur. Et puis, les actions ont toujours été plus drôles et intéressantes à faire, donc je réservais ça pour d'autres questions. « Quel est ton personnage préféré dans Pirates des Caraïbes ? » Faciiiile, je m'attendais à tout sauf à ça. Quelque chose de pire en somme. Alors que je réfléchissais à sa question, je n'eus même pas le temps de me prononcer qu'il enchaîna directement sur autre chose. « « Mouahaha, comme si j'allais être aussi gentil ! Bon alors plus sérieusement Burnett-Matveïv, je te connais par coeur et je sais exactement quand ça ne va pas. Alors qu'est-ce qui te tracasse ? » Etonnée, je détournais mes yeux. Finalement, je préférais largement discuter de Pirates des Caraïbes. « Pas ce soir. Pas la peine de discuter de ça, je t'assure... » Me levant du canapé, je me dirigeais vers la cuisine pour apporter d'autres choses à manger comme des chips et de la boisson encore. J'avais déjà terminé ma bière et je m'en servais une nouvelle. Je n'étais pas saoul pour autant et gardais toute ma conscience. « Tu connais les règles, tu ne peux pas échapper à ma question ! Allez crache le morceau et puis en échange t'auras le droit de me lancer un gage. » [/color] Alors là, j'étais complètement piégée. Et comme notre règle de d'or s'appliquait à toutes les questions possibles et imaginables, j'étais dans l'obligation de lui répondre. « T'es vraiment fourbe Tim. Tu m'as bien eue ! » lui répondis-je en souriant. Je me mordais la lèvre inférieure, ce qui prouvait à quel point la situation me gênait. Pour le moment, je n'avais pas vraiment parlé à quelqu'un de ce qu'il s'était passé avec Zachariah quelques jours après la fusillade. Nous étions tous les deux dans une salle de musique, remettant au point les derniers événements marquants de notre vie. Il avait évoqué son adoption, et moi les horreurs de la Russie puis j'avais légèrement divagué. J'étais allée beaucoup trop loin. Face à Timéo, je baissais les yeux. Je n'arrivais pas à trouver les paroles justes, mais dès que ça sera le cas, je deviendrai un véritable moulin à paroles impossible d'arrêter. « J'ai connu Zachariah en Russie. Notre amitié était parfaite. Parfaite, jusqu'à ce que je me fasse enlever et ne disparaisse pour de longues années. Et le revoir après tant d'années, me rendant compte que les liens qui nous unissaient étaient encore bel et bien présents, j'ai perdu le contrôle. Petite, je l'aimais, mais j'ai essayé de l'oublier. Je savais que là où j'étais, je ne reverrai personne. Pas même Eden. Oui, je parle bien d'Eden Hastings-Matveïv, la charmante epsilon qui me ressemble un peu trop. Beaucoup même, mais elle a la classe en plus. » Je m'arrêtais quelques secondes alors que Timéo m'écoutait encore. Le pauvre, en une seule soirée il apprenait des choses que je lui avais caché pendant plusieurs années. Ces petits secrets dont personne devait être au courant à la base, mise à part ma famille. « En le revoyant, tous mes sentiments refoulés pendant tout ce temps refirent surface, ce qui prouvait que je l'aimais toujours. Mais c'est fini. Parce qu'il ne m'aime pas. Et je devais m'y attendre de toutes façons. Une quinzaine d'années ont du s'écouler et on a changé. Mais fort heureusement, notre amitié est toujours là. Je venais seulement de le retrouver, alors devoir renoncer à lui si vite, je n'aurais pas pu. Au moins, ça m'a appris qu'il ne fallait plus que je vive dans le passé. Sinon, ça allait me ronger. Je me focalise trop sur mon ancienne vie. Mais nous sommes restés amis, et j'en suis vraiment heureuse. Finalement, c'est mieux que ce que je pouvais attendre. » Les larmes me montaient aux yeux et je faisais tout mon possible pour ne pas me laisser submerger. Buvant une gorgée, je recentrai le sujet vers Eden. « Et Eden, c'est ma jumelle. Elle croît que je suis morte dans l'incendie qui a ravagé notre appartement. Elle était la seule survivante, du moins elle le pense. Parce qu'avec deux autres enfants, nous étions toujours là. Morts aux yeux de tous, mais bien là. La Russie et ses bas-fonds, génial. » Je lui expliquais ensuite toute la machination mise en œuvre ce jour-là. Un trafic d'enfants s'était créé, et des hommes venaient chercher la marchandise. Tout avait dégénéré, d'où l'incendie. Mais pour le reste, les années d'enfermement, comment j'ai fait pour m'en sortir, et l'énorme cicatrice sur mon ventre, je ne me sentais pas encore prête. Et puis, il fallait qu'il encaisse la nouvelle également. Le pire était la suite, et c'en était déjà trop pour ce soir. Je ne voulais pas gâcher notre soirée. « Tu vas certainement m'en vouloir de ne t'avoir rien dit. Mais tu peux comprendre que c'est difficile. Je suis désolée … » Je le pris dans mes bras, à la fois parce que je n'osais plus le regarder dans les yeux, y voir la déception, mais aussi parce que les miens commençaient sérieusement à me piquer. Après quelques minutes de silence le temps de me remettre de toute cette histoire, je repris avec un petit sourire. « Booon, on arrête de parler de moi, d'accord ? A toi maintenant. Action ou vérité ? » J'essayais d'être la plus joyeuse possible pour lui montrer que j'allais bien, mais son silence me montrait qu'il n'était pas du tout convaincu. J'aurais tout fait à ce moment là pour pouvoir lire dans ses pensées. Avec la main, je lui faisais des signes devant les yeux pour le réveiller. Après tout, mon récit était ennuyant aussi ! « Tim ? Alors, je t'écoute ! »

Il est clair que face à Timéo je ne faisais pas le poids. Mais mes entraînements de cheerleading sont quand même efficaces. « Ça m'empêche de devenir un gros tas ! » Et c'était la vérité. Si je ne pratiquais pas de sport, je serais devenue obèse tellement je mange. Notre soirée avait tout pour être réussie. Pourtant, l'ambiance fut très vite détériorée lorsque je me mis à parler de mon passé. Quelle idiote. Nous étions censés passer une soirée comme nous les aimions et en quelques minutes je venais de tout gâcher. Et puis je n'avais pas le choix, mon Timéo m'avait complètement piégée à l'aide d'un simple jeu. Il me surprendra toujours. Lorsque je me mis à parler de Zachariah, son visage se crispa légèrement. Cette réaction m'étonna beaucoup. Enfin bon, ça ne devait pas être important. Il le connaissait probablement. Un étrange sentiment me prit lorsque je prononçais son prénom. Je venais de raconter à Timéo ce que j'avais sur le cœur depuis de nombreuses années, et m'entendre révéler mes sentiments à quelqu'un d'autre que Zachariah me touchait plus que je ne le pensais. Ce n'est pas facile après tout de tourner la page, d'oublier la première personne que l'on a aimé étant petit. Mais il fallait se rendre à l'évidence, tout était terminé. J'avais quand même de la chance d'être restée amie avec. Mon cœur faisait des bonds à chaque fois que nos regards se croisaient. Petit à petit, je m'habituais à cette situation. D'ici quelques semaines, ou mois peut-être, je ne ressentirai que de l'amitié. Le plus tôt possible sera le mieux. Bref, là n'est pas la question. Alors que j'étais encore chamboulée par toute cette histoire, Timéo se leva pour me prendre dans ses bras. En ce moment même, je ne voudrais être nul part ailleurs. J'étais tellement bien avec mon meilleur ami, il était le seul qui pouvait me redonner le sourire à tout moment. « C'est le pire des imbécile dont j'ai pu entendre parler s'il n'a pas voulu de ton amour. » Ses dernières paroles me firent sourire. « Tu as toujours les mots justes, merci Tim » Je le pris une dernière fois dans mes bras, en serrant le plus fort possible mon étreinte. « Bon, je n'arrive pas à te prendre dans mes bras aussi bien que toi, encore ma force de mouche. Mais ne crois pas que je m'arrêterai là ! » Chaque moment que je passais avec lui me rappelait la chance que j'avais, celle d'avoir survécu. La vie est tellement précieuse, mais elle l'est encore plus lorsqu'on la côtoie avec des personnes en or. Enfin, je repris pour faire quelques révélations sur ma sœur jumelle. « C'est plutôt une bonne nouvelle ça, non ? Tu vas pouvoir apprendre à la connaître ! Tu lui as déjà parlé ? » Tout personne normale aurait accouru vers sa moitié pour retrouver la complicité d'antan. Mais pas moi. « Je le pensais au départ, mais finalement non. Elle n'est plus du tout la même. Je savais à quoi m'attendre, mais c'est toujours étonnant de voir à quel point nous avons évolué différemment. Je lui ai déjà parlé, plusieurs fois même, sans lui dire qui j'étais vraiment. Jusqu'au douze février dernier. » Si je pouvais remonter le temps, je ne me serais pas défilée devant elle. La première fois que je l'ai vue, j'étais tellement intimidée que je n'ai pas réussi à lui dire la vérité. Ensuite, en l'observant, je me suis rendue compte qu'elle n'était pas forcément aimable. Elle avait été adoptée par une famille très aisée, et donc ça influa énormément sur son caractère. Hautaine et froide, ma jumelle s'était littéralement transformée. « T'en vouloir ? Sois pas ridicule Elmas, tu sais bien que je ne t'en voudrais jamais. Et puis je suis plutôt content que tu te sois confiée à moi, bien que j'aurais préféré que ce que tu ais à me dire sois un peu moins triste. Quoi que je reste persuadé que pour ta soeur jumelle, c'est quelque chose de positif. S'il peut y avoir une autre personne aussi géniale que toi sur cette terre, ça ne peut qu'être positif. » Ses paroles me réconfortaient vraiment. Je ressentais tellement de sincérité dans ce qu'il disait que je ne pouvais m'empêcher de sourire. « Oh tu sais, c'est assez tendu. Ce n'est pas une fille de cœur. Eden Hastings-Matveïv, ça te dit quelque chose ? Elle est chez les epsilons. » Qui ne connaissait pas Eden ? Que ce soit de manière positive ou négative, tout le monde savait qui elle était. Je repensais à ce dimanche. Notre conversation avait été si intense, je lui avais montré toute ma colère. Je n'arrivais pas à accepter ce qu'elle était devenue, même deux ans plus tard. « Tu t'en tireras pas comme ça Matveïv ! Je ne m'arrêterai pas de te réconforter jusqu'à ce que j'obtienne un vrai sourire sincère ! Booon, Action ! Après tout ce que tu viens de me raconter, t'as quand même le droit de me lancer un gage ! Quelque chose de pas trop bruyant si possible, parce que les voisins vont finir par nous tuer ! » Le connaissant presque par cœur, je savais qu'il disait vrai. Il ne me lâchera pas tant que je n'irais pas mieux. Mais passer ces quelques instants avec lui m'aidait déjà à aller mieux. Tout est tellement simple avec lui. C'est ce que j'apprécie. « Ça je le sais, et c'est pour ça que je t'aime plus que les autres. Tu n'es pas mon meilleur ami pour rien ! » Je retrouvais le sourire tellement vite que je ne pensais plus qu'au jeu maintenant. Il fallait que je trouve quelque chose de bien à faire. « Pas trop bruyant ? Impossible, on ne connaît pas ça ! Ils ont bien été jeunes un jour, c'est fini pour eux, à notre tour de prendre du bon temps. » Je me levai du canapé pour marcher dans l'appartement. Quand je n'avais pas d'idées, je faisais toujours ça. Minutieusement, j'inspectais les lieux pour trouver une source d'inspiration. J'avançais même au ralentis, et il est vrai que j'étais un peu ridicule. « Aloooors. Tu vois le pot de nutella là-bas ? Tu t'en tartines le visage, mais vraiment partout, jusqu'à devenir tout marron. Bon, je t'épargne les cheveux après c'est vraiment lourd à nettoyer. Ensuite, tu vas chez le voisin, tu sais, le vieux de cinquante ans, et tu lui dis : ' Tu veux du chocolaaaat ? ', et sans lui laisser le temps de répondre tu te jettes dans ses bras pour lui en mettre partout. » J'imaginais déjà la scène, ça allait être tellement drôle. « Et n'oublie pas, tu ne peux pas refuser ! » Un petit rire satisfait retentit dans la pièce et je n'attendais plus qu'il s'exécute. « Vois le bon côté des choses, ce n'est pas trop bruyant ! »