« La jeunesse est un art qui se cultive à force d'erreur et de compromis »

La soirée battait son plein au Lexington Club. La musique faisait danser les jeunes, et les jeunes faisaient vibrer la musique. S'amuser. Louve se serrait contre lui et cala sa tête au creux de son cou. Ce n'était pas une relation officielle qu'était celle qu'elle menait avec ce jeune homme, bien qu'ils se côtoyaient depuis longtemps déjà pour s'être rencontré au collège. Sa présence lui était agréable, presque indispensable et cela se vérifiait chez lui aussi. Alvin laissa égarer ses mains sur les hanches de sa cavalière avant de l'entraîner dans un coin reculer de la boite.

Son regard malicieux présageait du meilleur comme du pire et la belle l'interrogea du regard. Celui-ci bien heureux d'obtenir son attention sortit de sa poche intérieur un sachet de poudre fine. Cette farine la fit sourciller mais lui promettait une très belle soirée en perspective. En bon prince, il la conduisit dans une pièce annexe du Lexington avant d'accommoder les poufs de manière à leur procurer un petit coin tranquille. Le bel homme s'affala avec nonchalance sur ceux-ci avant de dégainer un maigre livre de poche sur lequel ils pourraient assouvir leurs besoins. La demoiselle se massait les cheville pendant ce temps-ci, mais que lui avait-il prit de revêtir des Fendi aussi hautes ? Toutefois, elle demeurait élégante avec ses escarpins sombres et cloutés sur le bout, et sa robe doré dont le décolleté du dos était pigeonnant ; en contre partie celui de devant était au raz-du-cou, ce qui permettait de faire un contraste. Elle se terminait à mis-cuisse, dévoilant une paire de jambes digne d'une déesse, quoiqu'un peu maigre.

À l'aide d'une carte bancaire, son apollon traça une ligne nette sur le livre avant de la tendre à sa cavalière. Tentée, sa main s'en saisit et elle extirpa de sa minaudière un billet de cent dollars qu'elle roula avant d'aspirer de par les voies nasales ce poison qui conduisait pourtant aux portes du paradis. Pendant ce temps, il faisait de même et dès qu'ils furent au même point d'extase, le couple se lova l'un sur l'autre. Leurs gestes demeuraient timides malgré qu'ils se connaissaient depuis longtemps déjà. Louve se releva tant bien que mal et tenta de faire glisser sa robe à terre. Cette dernière tomba avec peine et dès que l'angélique voulu se rapprocher de son amant, la porte s'ouvrit en un grand fracas sur un jeune homme affolé. Zadig.

«Louve, je te cherchais ! Mère voulait te donner un colit envoyé par...» Son discours s'arrêta net sur sa sœur en sous-vêtements. Encore cet accoutrement ne l'aurait nullement gêné puisqu'elle était de son sang, mais comme un homme qu'il ne connaissait que trop bien lui faisait face... Le rouge lui monta aux joues et il commença à balbutier et à baisser le regard. «Et bien je passerai sans doute après demain.» La belle cacha sa maigre poitrine en y croisant ses bras avant de se retourner vers son cadet et le convier à s'en aller. Cette intrusion l'avait dégoûtée de toute folie ce soir, ce qui décevait son partenaire, toutefois il se montra gentleman et ne s'en formalisa qu'un peu. Alvin l'aida à se rhabiller tout en la couvrant de baiser et lui murmurant que sa beauté n'avait d'égal.

«Au pire, j'ai un peu d'héro sur moi.». Incrédule, il fixait son amante. Certes il était bien au courant de sa consommation de drogue puisqu'il était lui-même dealer. Cependant, l'entendre le dire rendait ceci si réelle qu'il pensait recevoir une dague en plein cœur. Sans même attendre son approbation, Louve retomba mollement sur le pouf de cuir avant de sortir de sa pochette une seringue. D'un mouvement bref, elle se piqua et laissa la moitié de ce poison si plaisant à s'injecter pour Alvin. Après un énième soupire, il s'y essaya et retomba dans les mêmes enfers de plaisir que sa copine.

Après une demie-heures, les deux loques se relevèrent aux prix d'efforts colossaux. Un grand miroir leur permit de se refaire une beauté et de chasser les effluves de leurs moments de perditions. Suite à un bref débat, ils décidèrent de passer la nuit ensemble au loft et de terminer ce qu'ils avait commencé. Le pas chancelant, ils quittèrent ce endroit huppé avant de s'engager sur le macadam de San Francisco. Bras dessus-dessous, les amoureux arpentèrent la rue, les jambes tremblantes. Louve dû s'y reprendre à deux fois pour ne pas s'écouler et défit ses talons afin de mieux se mouvoir. En excellent chevalier, Alvin avait tout calculé, il extirpa de sa besace une paire de slippers chat qu'il lui réservait comme cadeau. La jeune fille lui sauta au cou tant bien que mal et termina par s'affaler sur le trottoir. Sa tête tournait, elle se sentait mal, certes ce n'était pas une overdose puisqu'elle avait déjà prit bien plus mais son corps ne supportait plus rien, il était laminé de cette vie de fête. Ses bras protecteurs l'enlacèrent tandis qu'une silhouette féminine se campait devant elle.