Journée catastrophique. Voilà comment je pouvais caractériser la journée qui venait de se passer. Je ne m’étais que peu remise de ma mésaventure d’il y a trois jours, qui avait en plus fait les gros titres. Evidemment, je n’étais pas passé inaperçu dans les journaux. En même temps, j’étais la seule débile à avoir été blessée par l’homme qui avait braqué le starbucks. Pourtant je n’avais même pas cherché à faire mon héroïne ou quelque chose du genre. J’avais juste par fatigue soupiré du temps que cela allait prendre, ce qui apparemment, n’avait pas plus au taré qui avait braqué le célèbre café. Cela m’avait valu un petit aller retour à l’hôpital de San Francisco et un petit coucou à mon docteur préféré. Bien sur je m’en serai bien passée mais tant pis, je n’avais pas eu le choix, j’avais bien du faire recoudre cette foutue arcade sourcilière.
Du coup depuis trois jours, je me baladais avec un mal de tête atroce qui ne me lâchait pas un seul instant, et de beaux pansements collaient sur mon visage pour protéger mes points de sutures. J’avais beau porté un bonnet de manière cacher le plus possible les marques que l’arme avait laissé sur mon visage, on voyait malgré tout que j’avais subi quelque chose, et les questions allaient bon train. Mais comme d’habitude, je préférais laissé couler, laisser les gens parler autant qu’ils le voulaient, et ne pas me prendre la tête avec ce genre de détails. De toute façon, vu le mal de tête que je me trimbalais, je n’arrivais même pas à me préoccuper de ce qu’on pouvait dire à mon sujet.
Heureusement pour moi, les cours de surf étaient suspendus le temps de l’hiver – autant évité de tomber malade à rentrer dans une eau ne dépassent pas les 10° - et je n’avais donc pas eu cours de l’après midi. Les cours de psychologie de ce matin avaient cependant étaient assez costauds et j’avais eu un peu de mal à suivre malgré l’excellent professeur qu’était Alcide. J’avais toujours admiré ses cours peut-être parce qu’il avait une grande prestance et un charisme impressionnant. J’appréciais surement aussi ses cours parce qu’Alcide avait été d’un grand secours pour moi et m’avait bien souvent aidé. C’était lui qui avait aiguillé Elena sur mon chemin et qui m’avait permis de rencontrer ma super marraine qui pourtant avait malheureusement quitté l’université, et moi avec… Enfin bref.
J’avais passé mon après midi à dormir car je savais pertinemment qu’une grosse soirée s’annonçait devant moi. J’avais peut-être renoncé à travailler quelques soirées de plus au Manhattan Lounge, mais définitivement pas au bar. Avec l’argent que j’avais hérité de ma famille biologique que je venais à peine de retrouver, j’avais pu réduire mon temps au club de strip-tease (ce qui n’était pas plus mal ) et idem au bar. Mais je passais malgré tout, toujours deux soirs par semaine au bar et deux soirs au club de strip-tease. Autant dire que cela restait malgré tout conséquent dans mon emploi du temps. Alors, avoir la possibilité de dormir cet après midi avant d’aller travailler au bar était une bénédiction, surtout avec le mal de tête que je me tapais. J’allais devoir prendre une tonne de cachet pour pouvoir supporter la musique assourdissante qui regnait en général dans les bars tels que celui où je travaillais.
Heureusement pour moi, j’allais avoir la possibilité de m’amuser avec Esmeralda, une sigma avec qui je m’entends exceptionnellement bien. La première fois que nous nous étions rencontrées était lors d’une réunion des présidents de confrérie de Berkeley. Nous avions plutôt bien sympathisé et même rigolé lors de cette réunion alors qu’elle était réellement ennuyeuse. Et puis deux soirs plus tard, je l’avais remarqué au bar, derrière le comptoir. Je n’avais pas compris pourquoi elle se trouvait là, je ne l’avais jamais vu auparavant dans le club. Je m’étais alors approchée d’elle, tout en lui demandant ce qu’elle faisait là. Elle m’avait alors expliquée qu’elle travaillait aussi plusieurs soirs par semaine mais que son emploi du temps venait tout juste d’être modifié, et ses horaires avaient été calé sur les miens. Autant dire que nous allions passé un paquet de temps ensemble et ce n’était pas plus mal. Depuis cette première soirée de travail ensemble, nous avions littéralement fait les folles tous les soirs qui avaient succédé à celui là. Autant dire que ce n’était que du plaisir à gogo. Les clients d’ailleurs adoraient nous voir ensemble et demandaient souvent quels étaient nos horaires de travail, histoire de pouvoir assister à nos conneries de travails. En même temps, quand deux barmaids s’entendaient si bien et cherchaient tout le temps à innover par les boissons ou l’animation, cela attirait forcément le client, en particulier quand les deux barmaids étaient deux filles sexy, étudiantes dans l’une des universités les plus réputées au monde !
Il était vingt et une heure, et il était temps pour moi de partir pour le bar. J’embauchais à vingt et une heure trente, et je n’avais pas l’intention d’être en retard. Comme à mon habitude, j’avais fait un effort vestimentaire pour aller travailler là bas. Je ne pouvais pas me balader comme à mon habitude, avec un sarouel ou un short troué. Je devais être un minimum féminine, histoire d’attirer le client. Après tout, c’était bien là l’avantage d’avoir une barmaid sexy, attirer le client. Malheureusement pour moi, ce soir j’allais avoir un visage assez balafré à cause de mon petit accident d’il y a quelques jours. Et là, je ne pouvais pas camoufler cela par du maquillage ou même par un bonnet. J’allais devoir le montrer à tous et assumer les questions qui allaient m’être poser. Mais au moins, cela allait permettre aux clients d’engager la conversation. C’était le point positif.
J’arrivais donc au club à vingt et une heure vingt, quelques minutes avant l’heure, ce qui n’était pas plus mal. Je me dirigeais vers celle qui travaillait avant moi et lui dit qu’elle pouvait y aller, je prenais le relai. Elle acquiesça et partit, me laissant seule face à une montagne de client n’attendant qu’une chose, être servis. Avec le bruit ambiant, je n’entendis pas Esmeralda qui arrivait derrière moi et qui me cacha les yeux avec ses mains. Enfin, je supposais que c’était elle, mais je n’avais pas trop de doutes à ce sujet. Je la connaissais assez bien pour savoir que c’était son genre de faire ces styles de blague. Je rigolais tout en reposant les verres et la bouteille de whisky que je tenais à la main.

_ « Alors ma sigma d’amour, comment vas-tu ? Prête à rockser tout ?? Vu le monde qu’il y a ce soir, j’espère que t’es prête parce qu’on a pas fini notre service je crois. »
Déclarai-je en rigolant.

C’était vrai que le bar était bondé ce soir et que cela n’allait pas être une partie de plaisir de travailler dans ces conditions. Mais bon, il fallait faire avec et c’est ce que j’allais faire. J’avais beau avoir reçu une certaine somme d’argent de la famille Blackwood – oui je n’étais pas encore décidé à parler d’eux comme ma « famille » - je n’étais pas prête à arrêter de travailler. Je n’avais pas l’intention de dilapider tout l’argent que j’avais eu, sous pretexte que les Blackwood étaient riches et qu’ils pourraient me redonner de l’argent après coup. Non, je n’étais pas comme cela, et de toute façon, je n’avais jamais trop aimé dépenser de l’argent n’importe comment, en particulier dans le shopping. Qu’est-ce que je pouvais détester cela ! Pourtant, Memphis m’y trainait bien souvent après nos séances de sport, mais je ne m’y rendais que pour lui faire plaisir.
Enfin, j’avais du mal à me faire à l’idée que j’avais de l’argent. J’avais toujours eu une certaine aisance lorsque j’étais toujours une membre à part entière de la famille Ashbury, mais j’étais loin de pouvoir prétendre appartenir à la confrérie des Epsilons. Là cependant, en étant une Blackwood, j’avais parfaitement le compte en banque pour l’intégrer. Mais c’était quelque chose que je ne ferai pas. Je trahirai les Sampi en y pensant un seul instant et je ne voulais pas ça. C’était les Sampi ma famille, ceux qui m’avaient remis sur les rails après mes allers retours à l’hôpital. Alors je n’allais définitivement pas les quitter pour une confrérie qui m’avait toujours dégouté. Ils étaient tout le temps avec leur grand air de fils à papa, de riches gamins pouvant se payer tout et n’importe quoi. Non je n’allais pas aller vers eux, j’allais rester chez ma famille, chez les sampi. Et puis, j’étais leur présidente, je n’allais pas les abandonner comme ça !

Je regardais Esme, s’activait à son poste et servir les boissons à la vitesse de l’éclair, tout en rigolant avec les clients quand un détail me fit tilte. A son annulaire gauche trônait une jolie bague, que je n’avais jamais vu auparavant. C’était étrange de la voir avec une bague à cet emplacement, je ne l’avais jamais vu auparavant. Je me demandais bien pourquoi elle l’avait placé quand soudain je me souvins qu’elle était partie quelques jours à Las Vegas. Se pourrait-il que… Non quand même pas. Aidhan avait déjà fait cette bêtise, Esmeralda n’avait quand même pas fait celle là aussi ? Elle ne s’était pas marié à un parfait inconnu…

_ « Dis moi Esme, que fait cette bague à ton annulaire ? Rien à voir avec ton road trip à Las Vegas d’il y a quelques jours non ? »

J’espérais de tout cœur qu’elle me dise que cela n’avait rien à voir avec Las Vegas car en général, les mariages impromptus fais là bas, il n’en ressortait rien de bon. J’espérais encore moins d’ailleurs qu’elle se soit mariée avec Dominic. Il avait beau l’avoir aimé, il l’avait trompé avec Kyarah ma cousine, et cela, je ne l’avais que très peu accepté. Esme en avait souffert et j’espérais que ce n’était pas avec lui qu’elle s’était mariée. Ca aurait été une horrible erreur, et l’idée qu’elle se soit mariée avec un inconnu me rassurait presque plus. Je ne comprenais pas comment les gens en venaient à se marier comme ça, sur un coup de tête. Mais en même temps, Las Vegas était réputé pour être une ville où l’alcool coulait à flot, et l’alcool ne faisait jamais très bon ménage avec bon sens. J’en étais d’ailleurs un exemple parfait puisque plus d’une fois, il m’était arrivé de faire une bêtise énorme en buvant un peu trop. J’avais plus d’une fois couché avec le mauvais garçon après avoir bu beaucoup trop – et ce, mélangé à la drogue - , ce qui était la pire des erreurs… Mais tout cela était derrière mois puisque j’avais arrêté la drogue, et je buvais beaucoup beaucoup moins, en particulier depuis que je travaillais au sein de ce club. J’avais eu l’occasion de voir bon nombres de déviances liés à l’alcool, et cela m’avait convaincu de ne plus trop boire. Au moins, travailler dans ce club m’aura été bénéfique sur ce point là, ce qui était une bonne chose. Car lorsque j’étais dans ma période alcool –drogue, je faisais de nombreuses conneries, et je finissais souvent à l’hôpital étant donné que l’anorexie venait mettre son nez dans le beau bordel qu’était ma vie. Enfin, tout cela était derrière moi, autant l’anorexie que la drogue, ce qui était peut-être l’une des meilleures choses que j’ai choisi de faire.

Commettre un meurtre. Voilà ce qui lui tournait en tête depuis quelques jours déjà. Commettre un meurtre. Elle avait bien le droit après tout de vouloir briser quelques nuques, arracher quelques cœurs et vouloir se faire plaisir en voyant certaines personnes six pieds sous terre. Quel mal y avait-il de penser à cela ? Aucun. Au pire, elle se retrouverait en prison, à se faire des amies plus louches les unes que les autres. Elle aurait suivit les pas de son père qui, elle en était sûre, serait ravie d’apprendre cette nouvelle. Prenant une profonde inspiration pour ne pas taper sur le premier abrutit qui passait, la Sigma ferma un instant les yeux pour se rappeler du pourquoi elle ne devait pas laisser libre court à ses envies, encore moins au stress. Ce n’était bien ni pour le bébé, ni pour elle. Se calmant légèrement, elle prit le chemin d’une des salles de musique, rien de mieux pour se détendre que de jouer de la musique. C’était beaucoup plus apaisant que de parler à un psy et ça éviter des effusions de sang ce qui n’était pas plus mal à cet instant. Et oui ! La jolie brunette voyait toujours ce même psy qu’elle avait consulté après son agression. Elle mettait un point d’honneur à ne jamais rater ses rendez-vous, seulement, ces dernières semaines, les choses étaient différentes. Elle y allait beaucoup moins. Grossière erreur surement. La vérité était qu’elle ne se sentait pas la force d’ouvrir son cœur à cet inconnu qui était devenu au fil des années la personne la plus proche d’elle. Lui parler de ses sentiments et se mettre à nu devant lui signifiaient s’avouer à elle-même que tout ceci l’atteignait beaucoup plus qu’elle n’aurait aimé le croire. Elle n’était tout simplement pas prête à sauter le pas. Dire à haute voix qu’elle était tombée amoureuse de Dom et qu’elle tenait énormément à lui serait lui donner une place trop importante dans sa vie ainsi que dans son cœur. Était-elle vraiment prête à le faire ? Elle l’ignorait. Certes, elle l’aimait. Certes, elle ne s’imaginait pas une seule seconde vivre loin de lui. Était-ce seulement suffisant ? Pas le moins du monde. C’était un engagement qu’elle ne prenait pas à la légère, qui plus est, sa relation avec Dominic n’était pas au beau fixe.

Heureusement, l’après-midi fût plus calme, elle était rentrée chez elle pour se reposer un peu et se retrouver seule. Surtout se retrouver seule. Lorsqu’elle sortait de son appartement, elle devenait la fille sans problèmes au sourire toujours accroché aux lèvres. Elle devenait l’amie de tout le monde et proposait même son épaule à qui le voulait pour pleurer. A croire qu’elle n’en avait pas assez de ses propres problèmes. A croire que ce qu’elle vivait ne lui suffisait pas. C’était sa manière à elle d’envoyer balader son monde, son malheur ne l’empêcherait pas d’être ce qu’elle avait toujours été. A l’écoute des autres et présente pour ses amis aussi longtemps qu’ils auraient besoin d’elle.

La journée passa à une vitesse folle et l’humeur de la jolie grecque s’améliora, elle n’était pas non plus au meilleur de sa forme mais, ça allait un peu mieux qu’en début de journée. Tant mieux d’ailleurs. Elle bossait ce soir au bar et ne pas être d’humeur à discuter avec les clients et à faire ses plus beaux sourires n’allait pas l’aider à garder son boulot. C’était un boulot comme un autre, en plus de son travail au casino. Fatigant, épuisant mais, nécessaire si elle espérait rester à Berkeley tout en se payant son traitement. Elle n’avait encore parlé à personne de son insuffisance cardiaque, pas même à Perdi, elles ne se voyaient pas aussi souvent qu’elles l’auraient voulu. Elle se retrouver donc à devoir garder pour elle ses problèmes ce qui n’était pas très recommandé. Lorsque Victoire lui avait communiqué ses résultats, la jeune femme avait très bien insisté sur le fait qu’elle aurait besoin d’un véritable soutien, surtout dans sa situation. Elle avait bien sûr acquiescé mais, en réalité, il n’y avait pas grand monde qui pouvait l’aider. Chacun avait ses propres problèmes, elle n’allait surement pas encore les encombrer avec les siens. Prenant soin de bien refermer la porte de son appartement derrière elle, la jolie grecque prit sa voiture pour se rendre à son lieu de travail. Travailler en compagnie de Dylan, une barmaid aussi folle qu’adorable, lui ferait le plus grand bien. Ces deux là s’entendaient à merveille et se retrouver à faire le même boulot pour subvenir à ses besoins créait inévitablement des liens, assez forts en prime. Cachant de ses mains les yeux de son amie, elle laissa apparaitre un sourire sincère sur ses lèvres lorsque cette dernière la reconnut.

« Je vais bien ma chérie et toi alors ? Je dirais même plus : prête ! » Elle laissa échapper un léger rire avant de reprendre tout en se déposant son sac et de prendre sa place derrière le bar. « Ca tombe bien, je suis en forme ce soir ! Prépare-toi parce que ce soir, on fait exploser le chiffre d’affaires ! » Un sourire malicieux sur le visage et la jeune femme se mit au travail.

Malgré le fait que le bar soit bondé et qu’elles allaient passer une longue nuit debout derrière le comptoir à servir, faire la conversation, sourire et faire les folles, cet endroit était tout ce qu’il y avait de plus agréable. Agréable lorsqu’il n’y avait pas ces ivrognes qui essayaient de faire éclater des bagarres ou encore de pauvres types qui n’avaient rien d’autre à faire à part venir les embêter et tenter leurs chances avec elles. Ceux là étaient vraiment collants et souvent flippant. Heureusement encore qu’elles n’étaient pas seules, ça aurait surement été la catastrophe. S’occupant de ses clients, dont certains étaient devenus de vrais habitués, Esme se mit à faire la conversation avec eux tout en leur préparant leur boisson. C’était d’ailleurs l’une des meilleures parties de ce travail, faire de nouvelles connaissances, voir de nouvelles têtes et élargir ses horizons. Toutes ces personnes étaient tellement différentes les une des autres, la présidente des Sigma avait toujours eu le contact facile avec les autres ce qui lui facilitait la tâche aujourd’hui. Occupée à rire avec l’un d’entre eux, la jolie grecque ne remarqua même pas que sa Sampi préférée avait momentanément arrêté son boulot pour l’observer. S’arrêtant aussitôt que la phrase de Dylan eut franchi la barrière de ses lèvres, elle reprit néanmoins très vite contenance avant de reprendre où elle en était. Posant son verre devant le client avec qui elle discutait quelques secondes plus tôt, elle se retourna vers la belle brune, souriante.

« Elle ne te plait pas ?! » Blaguer n’était peut-être pas la meilleure solution, pensa-t-elle en voyant le regard insistant de son amie. « J’ai bien peur que si… Bon, regarde le bon côté des choses, il est assez mignon, j’avoue ! »

Que pouvait-elle dire d’autre en ces circonstances ? Ce qui était fait était fait, elle ne pouvait plus revenir en arrière même si elle le voulait. Non pas qu’elle le refusait seulement, sa mère lui répétait souvent que dans la vie, tout arrivait pour une bonne raison. Ne lui restait plus qu’à découvrir qu’elle était cette BONNE raison et le tour serait joué.

« Ne me regarde pas comme ça ! Ce n’est pas comme si j’avais tué quelqu’un et ce n’est pas non plus comme si j’étais avec quelqu’un et que je le trahissais ! Et puis, Andrea n’est pas mal dans son genre. »

Se reconcentrant sur ses clients qui défilaient, la jeune femme eu la naïveté de croire que le sujet serait si facilement clos, c’était très mal connaître Dylan. Bon d’accord, elle ne lui disait pas toute la vérité. Son célibat ne lui était pas insignifiant et son mariage avec l’Epsilon n’était pas sa meilleure décision mais, en y repensant bien, Dom l’avait bien cherché après tout. Ce n’était que de bonne guerre même si à l’instant où elle devenait Mme De Rossi, le beau brun qui lui servait autrefois de petit ami semblait être à des années lumières de ses pensées ainsi que de sa vie.

Ma tête me faisait affreusement mal, et pourtant, je ne pouvais m’arrêter de faire tous ces cocktails. J’entendais de tous côtés un « Cosmopolitan par ci » « un Mojito par là » et mes mains suivaient inlassablement le rythme qu’elles connaissaient depuis déjà tant de temps. Cela faisait plus de deux ans que je travaillais dans ce club, et autant dire que cela était devenu de plus en plus facile pour moi de faire ces nombreux cocktails. Il m’avait fallu un certain temps pour enregistrer toutes ces combinaisons pour faire le parfait mélange, et avec de l’entrainement j’avais fini par savoir les faire par cœur. Même les yeux bandés j’étais capable de faire un cosmopolitan ou même une piña colada les yeux fermés et à vrai dire, j’adorais ça. Je n’étais pas au départ prête à devenir une barmaid, juste une employée, mais au fil du temps, j’avais appris à aimer ce métier et à en connaître toutes les facettes. Au fil du temps, j’avais fini par devenir une vraie barmaid.
Esmeralda était pareille, il n’y avait aucun doute là-dessus. Elle aimait ce job, et cela se voyait. Toujours un sourire aux lèvres, elle était pleine de joie de vivre, et les clients aimaient ça, c’était indéniable. Pourtant, j’étais à peu près sur que lorsqu’ils remarqueraient la jolie bague trônant à son annulaire gauche, les choses ne seraient plus aussi réjouissantes pour eux qu’auparavant.
La jeune sigma commença à plaisanter au sujet de son alliance ou supposé alliance puisque cela pouvait tout aussi bien être une bague quelconque, qu’elle avait mis à cet endroit pour faire fuir des éventuels clients trop entreprenants. Mais Esmeralda m’avoua qu’elle était belle et bien mariée. Elle me rajouta que ce n’était pas comme si elle avait tué quelqu’un, qu’après tout, son mari était plutôt pas mal ! Et à cette réflexion, elle donna un nom. Le nom d’Andréa. Il n’y avait pas trente six mille mecs qui s’appelaient Andréa à l’université Berkeley, et le seul qui correspondait à ce nom était Andrea de Rossi, un Epsilon. Mon Dieu, un Epsilon ! Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien m’insupporter ceux là… Rares étaient ceux que j’appréciais hormis Alaska ou même Francesca. Et Esme m’avouait qu’elle était mariée à l’un d’entre eux… Je n’arrivais pas à y croire et pourtant cela semblait bien vrai. Mais qu’est-ce qu’il lui était passé par la tête quand même ?

_ « Naaaaaaan t’es sérieuse là ? Tu t’es mariée à un Espi ? Mama la seule chose de bon qui en ressort selon moi c’est que t’es un accès à son compte en banque faramineux et qu’il ne peut pas te le reprocher parce que vous êtes mariés !! Non mais sérieusement, Dada, pourquoi tu t’es mariée ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On ne se marie pas comme ça sur un coup de tête ! Encore moins quand on est déjà engagée dans une relation avec quelqu’un d’autre, un autre Epsilon qui plus est ! »

Je n’en revenais pas quand même ! Je me demandais comment elle allait pouvoir m’expliquer une telle chose ! C’était vraiment la mode ! Aidhan m’avait fait la même annonce trois jours auparavant alors que je rentrais de l’hôpital. M’annoncer dans ces conditions qu’il était marié à une jeune Alpha qui de surcroit, s’était barrée précipitamment sans le prévenir il y a de ça deux jours avait été une erreur fatale pour lui aussi. Je n’avais pas été très accueillante, je devais bien le reconnaître. En même temps, il l’avait mérité. Il m’avait laissé pendant plus de deux mois sans nouvelles, sans la moindre information sur là où il était, avec qui, ce qu’il faisait, s’il allait bien. Je m’étais faite un sang d’encre pour lui et le voilà qui revenait la bouche en cœur, comme si tout était normal alors que c’était loin d’être le cas.
Un client me sortit de ma rêverie et m’interpella au bar en me demandant un cuba libre. J’acquiesçais et m’attelais à faire son cocktail à ce client. Je revins vers lui quelques secondes plus tard, lui apportant sa commande et la note en même temps. Celui-ci me tendit un billet de dix dollars, tout en regardant mon front avec insistance. Je ramenais quelques mèches sur mes yeux, histoire cacher au mieux mon arcade sourcilière toute défigurée. Heureusement pour moi j’avais de longs cheveux et je pouvais à l’aise masquer mes yeux.
Il commença à vouloir me demander ce que j’avais au front, question que j’arrêtais d’un revers de main. C’était personnel, et je n’avais aucunement l’intention d’en parler à un inconnu. Il me dévisagea un peu plus quand sa bouche s’ouvrit plus grande, comme s’il venait de comprendre la nouvelle du siècle. Les seules choses que j’entendis sortir de sa bouche furent un « t’es la fille de… », ce que je coupais net. J’avais suffisamment mal à la tête et à mon arcade pour qu’en plus un abruti à moitié bourré vienne me rappeler ce qu’il m’était arrivé cinq jours auparavant.
Je revins vers Esméralda qui dansait tout en faisant ses cocktails. Elle n’avait pas l’air très pressé de me répondre, ce qui m’agaçait un peu ! Il était rare que la présidente des Sigma évite de répondre à l’une de mes questions, aussi indiscrète soit-elle. Dans le cas présent, la question était loin d’être indiscrète puisque cela était affiché aux yeux de tous avec la présence de la bague au doigt d’Esméralda. Et puis, il fallait bien s’y attendre, Watch Out allait finir par être au courant de cette nouvelle, et cela allait faire les gros titres !Je voyais déjà le truc d’avance. « LA PRESIDENTE DES SIGMA CHANGE D’ESPILON ! APPAREMMENT, L’APPAS DU GAIN EST PLUS FORT QUE L’AMOUR » Enfin, c’était souvent le genre de titres que la garce aux gossip balancait. Je savais pertinemment qu’Esméralda était loin d’être une poule, une fille ne cherchant que les mecs aux œufs d’or.
Mais d’un coup je repensais à un truc. Une dizaine de jours auparavant, Esmé m’avait appris une nouvelle des plus géniale, elle attendait un enfant. Mais à ce moment là, elle n’était pas encore mariée ou du moins, je ne le savais pas encore. J’avais supposé que Dominic était le père de l’enfant, et je n’avais rien dit à ce propos. Mais maintenant qu’Esmé était mariée, je me demandais qui était le père, et comment allait-elle gérer cette histoire avec les deux hommes ?

_ « Ma Esmé, j’ai une petite question qui me taraude. De qui est ton enfant ? Je ne juge pas loin de là tu t’en doutes. Mais quand tu m’as appris la nouvelle de ta grossesse, j’étais sur que Dom était le père. Mais là, vu que tu es mariée et tout… je ne sais plus trop du coup. Et même si Dom est le père, comment tu vas faire ? Avec Andréa et tout le tralala ? »

J’avais promis à Esmé d’être là pour elle lors de sa grossesse, de la soutenir du mieux que je pouvais, tout comme je l’avais fait pour Kendall. La Iota était elle aussi enceinte, mariée, mais la différence était que son mari était militaire et donc, majoritairement absent. Je lui avais donc assurée que je la soutiendrai du mieux que je pouvais ! Et là mine de rien, je me retrouvais avec deux femmes enceintes autour de moi. A croire que les mariages impromptus et les grossesses étaient à la mode ces derniers temps. Enfin je n'allais pas vraiment m'en plaindre, j'adorais les enfants. Alors c'était là l'occasion pour moi de devenir une sorte de tatie. Car après tout, ce ne serait pas avec Kayla que j'aurai la chance de le devenir. Et puis, ma soeur Blackwoods, ma soeur biologique était loin d'avoir le désir d'être mère. Autant dire que ce ne serait certainement pas avec elle que je serai tante de suite.

Ne plus avoir de nouvelles de Maya ne lui plaisait guère, sa camarade de conneries lui manquait indéniablement et ne pas savoir si elle allait bien ou comment avait réagit son père la mettait dans tous ses états. La jolie blonde avait été d’un soutien parfait lorsqu’elle avait appris pour sa maladie, étant elle-même dans la même situation, les deux demoiselles se comprenaient, pas besoin de mots pour savoir ce que l’autre pensait ou ressentait. Un détour par la case prison qui restait malgré tout un excellent souvenir avant de quitter la belle ville qu’était San Francisco pour rejoindre Las Vegas. Ce soir là, Maya et Esme avaient eu besoin de faire une pause, de laisser en plan leurs vies respectives pour ne s’occuper que d’elles-mêmes. Elles avaient eu envie de changer d’air, de laisser derrière eux pour une seule soirée leurs problèmes et leurs possibles morts pour juste oublier et faire la fête. Deux amies qui profitent de la vie en somme. Malheureusement, tout s’était passé autrement. La fête, elles l’avaient faites mais, pas comme elles l’avaient imaginés. Lorsque la Sigma avait ouvert les yeux dans cette chambre d’hôtel avec pour seul habit sur elle une simple alliance à son doigt, sa vie avait pris un autre tournant. Comme si tout ce pourquoi elle s’était battue jusqu’à présent ne signifiait rien, que tout cela n’avait aucune importance. Bien sûr qu’elle ne pouvait que se blâmer elle-même, personne d’autre ne pouvait être tenu pour responsable. Seulement, elle lui en voulait, à Dom, d’avoir décidé qu’elle ne méritait pas sa confiance et qu’elle ne pouvait pas l’aider à la mort de ses parents. Certes, elle comprenait mieux que quiconque ce besoin de solitude mais, elle avait été la seule à être mise à l’écart. Le beau brun avait continué sa vie, était revenue à Berkeley et avait même changé de confrérie et tout cela sans qu’elle n’en sache rien. Elle en avait entendu parler de par son nouveau poste à la tête des Sigma, sans cela, elle doutait qu’elle aurait un jour pu le revoir.

« Bin quoi ? Tu sais ma chérie, en général, ce n’est pas bien d’avoir des préjugés…Après tout, les Epsilon sont des êtres humains comme nous…Bon d’accord, avec un compte en banque en plus et un égo sur dimensionné mais, ce ne sont que des détails ! » Ou pas. Esme n’aimait pas plus que Dylan les fils de riche qui se prenaient pour les maîtres du monde alors qu’ils n’étaient même pas capable de compter jusqu’à dix. Seulement, ils n’étaient pas tous comme ça. « Pas la peine d’en faire tout un plat, il n’y a pas mort d’hommes ! Qui plus est, l’autre Epsi dont tu parles ne semble pas trop intéressait par moi ces derniers temps. D’accord, je lui ai demandé de me laisser un peu de temps pour réfléchir mais, encore une fois, il disparait de la circulation. Rien, pas un message, pas un coup de fil, rien du tout ! »

Retournant à ses clients, Esme reprit une attitude des plus naturelles, sourire aux lèvres et danse étaient au programme. Son job, elle l’aimait, elle y prenait même du plaisir. Concocter des cocktails pour des clients souvent aimables et contents était un plaisir pour la jeune femme. Travailler dans un bar n’était pas une affaire qui datait d’hier, elle avait déjà rempli la fonction de barmaid lorsqu’elle vivait encore à New York. Elle avait dû prendre ce job pour subvenir à ses besoins et payer les frais médicaux de sa mère. C’était un job qui lui convenait parfaitement, le gérant lui laissait même parfois le micro ou l’un des instruments pour mettre de l’ambiance. Un travail dont tout le monde rêve, en gros. Ou presque. Certains trouvaient ce genre de job assez dégradant, pas elle, encore moins sa Sampi préférée. Se retrouver à bosser au même endroit était ce qu’il pouvait leur arriver de mieux. Toutes deux présidentes de leur confrérie et en plus, elles bossaient ensemble. Que du bonheur et de la bonne humeur.

« Pour être franche, la paternité n’est pas un problème…Le problème c’est qu’avec Andrea les choses se compliquent légèrement ! » Posant un verre devant un client qui venait de passer commande, elle se retourna une nouvelle fois vers Dylan tout en soufflant un bon coup. « Disons qu’il n’y a pas seulement eu le mariage, la nuit de noces à suivit et même si aucun de nous deux n’a v raiment programmé tout ça et puis, je ne sais pas ce qu’il y entre nous, voilà ! »

Au moins, cela avait été dit. Ce que cela signifiait ? Et bien que la grecque était bel et bien dans de beaux draps. Sa relation avec Dominic n’allait pas s’améliorer de si tôt, encore fallait-il qu’il le veuille vraiment. Malheureusement, il n’était pas le seul responsable, elle avait aussi sa part de responsabilité. Ce mariage en était la preuve.

« Pour l’instant, je n’ai aucune idée d’où tout ça va nous mener, Andrea et moi et encore moins ce qui m’attend avec Dom…J’essaye de vivre au jour le jour et voir comment ça marche ! Après, il est vrai qu’il va falloir mettre Dom au courant pour le bébé. Rassure-toi c’est bien lui le père mais, avec ce qui se passe avec Drea, je ne sais pas comment je vais faire. »

Fermant les yeux un instant à cause d’un malaise qu’elle sentait arrivée, Esme se réprimanda intérieurement. Elle devait faire très attention à elle, le stress devait être supprimé de son langage. Elle les rouvrit quelques secondes plus tard, ce n’était qu’une fausse alerte. Son corps semblait vouloir la prévenir d’un éventuel mal être. Comment pouvait-elle continuer de la sorte ? C’était juste impossible. Elle allait devoir mettre les choses à plat avec le bel Anglais et assez vite serait le mieux. Même si elle appréhendait sa réaction, cela devenait néanmoins assez urgent. Pour son bien être à elle et au bébé. Esmeralda se dit que la vie à New York avait été un conte de fée à côté d’aujourd’hui. Elle était fiancée à un homme qu’elle aimait et portait son enfant. Tout ce qu’il y avait de plus normal et simple. Ce qui était tout le contraire maintenant. Mariée à un homme qui ne la laissait pas indifférente et amoureuse d’un autre qui ne semblait plus vouloir lui donner signe de vie.

« Et si on parlait de toi pour changer ma belle ! » Un sourire énigmatique sur les lèvres, elle reprit. « Comment ça se passe avec les Blackwoods ? Et tes histoires de cœur alors ?! »

Est-ce que j’avais des préjugés au sujet des Epsilons ? Définitivement aucun doute là-dessus. La plupart de ce que je connaissais étaient arrogants et prétentieux. Autant dire que les quelques personnes que j’appréciais chez les Epsilons faisaient figures d’exceptions. Et j’étais à peu près sur qu’Esmeralda n’était elle non plus pas fan de ces mauves comme on les appelait dans le jargon Berkeleen. En même temps, le compte en banque de papa-maman leur causait un égo surdimensionné, voir parfois bien pire que cela. De ce fait, voir mon amie mariée à un Epsilon faisait vraiment étrange ! J’étais d’autant plus surprise car Esmeralda était déjà en couple avec un Epsilon et que j’étais persuadée qu’il était le père de son enfant. Avec tout ça, on n’était pas dans la merde. Et d’après les dires d’Esmeralda, Dominic avait complètement zappé sa propre personne. Bordel, comment voulait-elle que je n’ai pas de préjugés et de rancœur à l’égard de cette confrérie, quand tous agissait comme de véritables cons ? Sérieusement, ça avait le don de me mettre en rogne. L’autre abruti avait fait silence radio alors que sa copine était enceinte. Quelle classe, grande classe. Et cela se disait faire partie de l’élite ? Bravo l’élite. Bien qu’Esmeralda ne montrait rien, je voyais bel et bien qu’elle était touchée par son absence de nouvelles. En même temps, je ne pouvais que la comprendre. Elle était folle amoureuse de lui depuis bien longtemps et leur relation, malgré des hauts des bas – que je ne connaissais que trop bien vu les récents déboires de ma cousine et de Dom – avait bien toujours été forte et puissante. Et même si Dominic ne faisait pas parti de mes personnes préférées, je devais bien avouer qu’il avait réussi à rendre heureuse mon amie. Du moins, un certain temps durant… « Oh god ! Qu’est-ce que c’est que cette embrouille ma pauvre Esme. Pourquoi il a foutu le camp l’autre grand dadet ?? Bordel c’est quoi cette manie des mecs de partir à la moindre difficulté sans rien dire ? »

Tout comme Esmeralda, je me reconcentra sur mes clients, tout en essayant de ne pas penser à mon mal de tête foudroyant. Je servais quelques cocktails, puis je fis signe à Esme que je m’absentais quelques instants. Je me dirigeais vers l’arrière du bar, histoire d’attraper une boite de calmants dans mes affaires. Je ne pouvais décemment par rester à travailler avec un mal de tête pareil. C’était tout bonnement impossible. Je devais bien avouer que je me serais bien passer de toute cette agitation ce soir, et qu’un repos dans mon lit n’aurait pas été de refus. M’enfin, je ne pouvais pas abandonner mon boulot, et même en demandant à Esmeralda d’assurer le service seule, je me sentirai coupable de la laisser dans une telle situation. Et puis, je ne pouvais pas me permettre de laisser une journée de travail me filait entre les doigts comme cela. Certes j’avais maintenant une certaine somme d’argent grâce à ma famille biologique, mais inutile malgré tout de tout dilapider n’importe comment. Je n’avais jamais été une grande dépensière, en particulier dans les vêtements et ce genre de choses. Autant dire que cela réduisait fortement les possibilités de dilapidations de mon « héritage » si l’on pouvait appeler cela ainsi.
Une fois mes cachets ingurgités, je repris le chemin inverse vers la salle du bar, et repris mon poste comme si de rien n’était. La conversation redémarra avec pour sujet, le père du bébé. J’étais d’un coup intrigué par qui pouvait réellement être le père. La confusion était totale avec le mariage d’Esmeralda, et donc els questions que je me posais était tout à fait légitime. Et au vue de la réponse d’Esmeralda, je devais bien reconnaître qu’elle aussi se posait beaucoup de questions. Apparemment, le père n’était pas un élément dont Esmeralda soit sure. Et de surcroit, sa relation avec Andréa avait l’air de se compliquer. Ma pauvre chérie, comment en es-tu arrivée là ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ta vie pour que les choses déraillent à ce point ? J’étais à peu près sur que des choses assez graves s’étaient déroulés dans sa vie, sans qu’elle ne m’’en ait tenue informée. Enfin, je n’allais pas la blâmer pour cela. Chacun a ses petits secrets. « Oh ma chérie, je ne sais pas quoi te dire… Mais il va falloir que tu éclaircisses tout cela ! Car Dominic doit apprendre qu’il va être papa. Même si la réponse qu’il va te faire ne te plait pas, il doit le savoir. Et concernant Andréa, vous devez mettre des mots sur votre relation, l’éclaircisse et comprendre ce qu’il en est. Je me doute que ce ne doit pas être facile mais c’est une décision inéluctable. »

Je me doutais bien que la situation était loin d’être facile pour mon amie. Je la voyais bien à son air lasse et fatiguée qu’elle préférait le temps où tout était beau et rose avec Dominic, et où sa vie était bien plus simple. Malheureusement – et je l’avais appris à mes dépends de nombreuses fois, la vie était loin d’être un long fleuve tranquille. Life can be a bitch. Et ces derniers temps, j’avais l’impression qu’elle s’acharnait sur ma petite sigma d’amour. Cette dernière d’ailleurs commença à me questionner sur les Blackwoods et ma relation avec eux, ainsi que sur mes histoires de cœurs. Autant sur ce point, il n’y avait pas grand-chose à développer, à part peut-être ma relation tendancieuse avec Alejandro et encore, ce n’était que du sexe et rien que du sexe. Je préférai nettement garder mon amitié avec lui plutôt que de partir sur une histoire d’amour, d’avance réduite à néant. En plus, je le savais de plus en plus proche de ma cousine, alors pas question de faire capoter notre amitié et leur possible histoire d’amour. Quant aux Blackwoods, les choses suivaient leur cours. « Niveau cœur tu me connais, il n’y a pas grand-chose à en dire à leur actuelle. Personne en vue, personne n’est intéressé par ma personne enfin bon, je ne m’en plains pas pour le moment. Quant aux blackwoods, on apprends petit à petit à se connaître. Je dois avouer que cela me fait quelque peu bizarre de me dire que si j’étais restée auprès d’eux, j’aurai pu finir pimbêche epsilon comme beaucoup de ceux que l’on pouvait voir. Mais bon, ils sont très gentils et ne me mettent pas la pression. Ils veulent qu’on aille à mon rythme et ce n’est pas plus mal. Par contre, concernant Hope, les choses sont différentes. On essaie de se voir pour apprendre à se connaître mais bordel qu’est-ce que je prends sur moi… Elle ressemble à tout ce que je déteste.. Lucky me, c’est ma sœur ! »

Si on venait à entendre parler d’elle et de ses histoires de cœur, on aurait pu croire que la Sigma était le genre de bitch qui s’amusait autant qu’elle le pouvait avec les garçons, quitte à les prendre pour des joujoux qu’elle jetait plus tard. Ce n’était pourtant pas le cas, elle n’aimait pas jouer avec les sentiments des autres, encore moins lorsqu’il s’agissait de personnes à qui elle tenait particulièrement. Esme avait l’impression de tourner dans l’un de ses soaps où tout le monde couche avec tout le monde, où tout le monde déteste tout le monde, où la vie semble totalement différente de la vraie vie. A dire vrai, sa vie était devenu un véritable soap ces derniers temps. Et comme si cela ne pouvait pas être assez exaspérant, elle se devait de comprendre les agissements des uns et des autres, c’était ainsi qu’elle fonctionnait, malheureusement pour elle. C’était d’ailleurs cela qui l’avait empêché de lâcher prise lorsque Dominic avait disparu de sa vie et c’était tout autant cela qui l’avait poussé à prendre la nouvelle de son mariage avec plus de calme qu’elle n’aurait dû le faire. La jolie grecque avait passé sa vie à tenter de faire plaisir aux autres, à les comprendre et à prendre sur elle alors, pour une fois, elle ne pensait à rien d’autre si ce n’est son bien être et celui de son bébé. « Honnêtement, je n’en sais rien non plus…Andrea est apparu dans ma vie à un moment où j’en avais marre, il était là et depuis, il répond présent dès que j’en ai besoin…Quand à Dom, notre dernière discussion n’était pas des plus chaleureuses alors à choisir entre mon mari qui prend bien soin de moi et mon ex qui ne semble plus vouloir entendre parler de moi, le choix est vite fait, tu ne penses pas ?! »

Dylan paraissait tout autant fatiguée que son amie, elles faisaient réellement la paire toutes les deux. Même quand elles ne tiennent plus debout, elles gardent un sourire aux lèvres et viennent assurer leur service. Leur patron était tombé sur de vraies perles rares avec les deux demoiselles. Esme suivit la brunette du regard lorsqu’elle quitta son poste pour quelques minutes. La voir ainsi lui déplaisait énormément surtout lorsqu’on connaissait les dernières mésaventures de la jeune femme. Elle espérait seulement qu’elle aille assez bien. Elle avait bien pensé à lui proposer de la remplacer pour la nuit, ce n’était pas la première fois qu’elle assurait un service seule dans un bar mais, elle connaissait trop bien sa Sampi chérie pour savoir qu’elle aurait refusé. Ce n’était pas difficile, si les rôles avaient été inversés, la Sigma aurait tout autant refusé. Une excellente collaboration, il n’y avait aucun autre mot pour les désigner. Dylan restait d’un soutien sans faille lorsqu’elle en avait besoin, elle aurait voulu en faire autant. « J’aurais seulement voulu savoir où j’en étais moi-même avant de leur parler à l’un ou à l’autre…C’est assez compliqué j’avoue mais, ne pourrais-je pas seulement à continuer de faire comme si de rien n’était ! » Ce n’était pas vraiment une question, juste l’espoir de vivre le plus normalement possible. S’expliquer avec les deux Epsilon reviendrait à mettre des mots sur ce qui la liait à l’un et à l’autre. Pas sûr qu’elle en ait la force, ni même l’envie. Ce n’était pas anodin, ce n’était pas une question de quoi porter pour ce rendez-vous ou comment se coiffer à la prochaine fête. Cela allait surement mettre un terme à sa relation avec Drea ou Dom ou les deux. Se sentait-elle vraiment le courage de le faire et de choisir l’un des deux ? Bonne question, il ne manquait plus qu’à y trouver une réponse. « J’ai appris à connaître Andrea et de même Dom, ils sont tellement différents et en même temps…Argh !!! Je ne sais pas quoi faire enfin, si. Je sais exactement ce qu’il me reste à faire mais, pas sûr que je le veuille… » Laissant échapper un soupir qui trahissait sa lassitude et son épuisement tant physique que moral, la jeune femme reprit néanmoins. « Je n’en parle pas souvent, pour ne pas dire jamais mais, je n’ai quitté New York pour venir m’installer à San Francisco pour mes études et encore moins pour la prestigieuse université qu’est Berkeley, loin de là…A l’époque, j’avais d’autres idées en tête que les études… » C’était le bon vieux temps, pensa-t-elle. Sa vie d’antan lui manquait réellement, la simplicité aussi. « J’ai été fiancée avant de venir ici, disons que c’est à cause du mariage que je suis venue vivre ici ou plutôt le non-mariage…C’est grâce à Maria que je suis là, dans mon idée de base, il était plutôt question de quitter le pays sans me retourner… » Un rire sans joie sortit de sa fine bouche avant qu’elle ne se reprenne. « Je ne sais pas si je vais supporter toutes ces histoires avec Dom…Avec Drea c’est beaucoup plus simple, il ne se prend pas la tête et j’avoue que c’est reposant de ne pas avoir à penser aux conséquences, même si je reste amoureuse de Dominic. » La vie avec Duncan était la plus reposante de toute. Pas de prises de tête, pas de problèmes de clan, d’amis et d’ennemis ou encore de confréries qui se déchiraient pour un oui ou pour un non. Ils avaient eu bien sûr leur lot de problèmes et de galères mais, ils se soutenaient malgré et contre tout. Aujourd’hui, elle ne pouvait compter que sur elle-même et avec le bébé qui arrivait, la pression était deux fois plus forte. Elle avait déjà perdu un enfant par le passé, pas question qu’elle en perde un deuxième. « Je vais devoir prendre une décision à ce que je vois ! » Parler de son passé n’était pas dans ses habitudes, encore moins à Dylan. Les deux filles s’adoraient mais, elles avaient chacune leur jardin secret, leur part de mystère que l’autre respectait. Faire remonter tout cela à la surface n’avait rien de bien agréable, c’était surement nécessaire. Dylan n’avait pas tord, elle n’allait pas pouvoir continuer ainsi pendant encore longtemps. Quelle que soit la décision qu’elle allait prendre, elle devait le faire et vite avant que la situation ne se complique encore plus que cela ne l’était.

« On devrait se faire une virée entre filles, shopping et boîte de nuit, il faut te trouver un beau mâle qui prenne soin de toi…Je t’imagine bien en Epsi, tu t’aurais fait beaucoup d’ennemis ma jolie, ils ne sont pas fait pour toi ! Plus sérieusement, donne-vous le temps de vous apprivoiser, de mieux vous connaître, ce n’est jamais agréable de faire connaissance avec sa famille surtout quand on est différent et puis au pire, je suis là si tu as besoin de moi…Pauvre Hope, vos conversations doivent être des plus passionnantes, est-ce que je me trompe ?! »

Je ne savais plus vraiment quoi penser pour Esméralda ! Et apparemment, elle ne savait plus quoi penser à propos d’elle et de ses amours. Que je la comprenais… du moins, pourquoi elle pouvait être perdue… Je savais à quel point les amours pouvaient causer des soucis et donner matière à réflexion. Et dans le cas d’Esmé, je devais bien l’avouer, elle avait beaucoup à réfléchir. Sa vie était limite une télénovella, et à l’instant même, ça ne me faisait penser qu’à une chose, Seth Cohen de Newport Beach qui sortait cette réflexion au sujet de Ryan et ses deux amours ! Oui les séries me perturbaient un peu trop l’esprit. M’enfin, revenons à nos moutons, qui étaient à savoir Dominic, Esméralda, et Andréa. Apparemment, sa dernière conversation avec Dom avait été des plus houleuses, et Andréa ressemblait au chevalier servant à l’entendre. Je comprenais que son choix se tourne actuellement vers Andréa mais en même temps, il ne fallait pas qu’elle oublie que Dom était le père de son enfant, et qu’Andréa ne serait peut-être pas près à assumer… « Je comprends ce que tu veux dire. Tu réfléchis dans l’immédiat, à ton bonheur, à ton bien-être c’est normal ! Mais Andréa, est-il au courant que tu portes l’enfant de Dom ? Est-il prêt à assumer l’enfant d’un autre ? Est-il prêt à prendre en charge une femme et un enfant ? Et Dom tu crois qu’il va être franchement content en sachant tous ça ? »

Tant de questions auxquelles ni moi, ni Esméralda ne pouvions répondre, j’en étais sur . Et je savais que mes questions ne feraient peut-être pas plaisir à Esmé, mais en même temps, c’était mon devoir en tant qu’amie, très bonne amie même, de l’aider et de la rediriger dans le droit chemin. Elle avait su m’aider fut un temps à m’éloigner de la drogue, même si c’était inconscient de sa part car je ne lui avais pas forcément avoué mes problèmes d’addictions. Elle avait su remarquer que j’avais un problème, et sans forcément savoir quel était ce soucis, elle avait su m’éloigner de cela à sa manière. Aujourd’hui, ses difficultés amoureuses et ses problèmes étaient bien présent, et je me devais de l’aider, d’être à son écoute, comme elle avait su le faire avec moi.
Je voyais bien à quel point elle était perturbée par ce choix cornélien qui se présentait à elle. L’un était plus ceci, l’autre plus cela, en somme, le choix était plus que difficile. Pour ma part, et j’étais peut-être un peu trop conventioniste, mais sa vie était avec le père de son bébé. Il était le père, et en plus, elle l’aimait ! Alors à lui de se bouger les fesses et de réagir ! Personnellement, je détestais Dominic et cela ne changerait certainement jamais. Il faisait tout pour faire enrager Esméralda, et pour cela, il se rapprochait de moi, chose que je n’aimais absolument pas. J’avais beau essayé de le virer, c’était comme la poussière, il revenait dès le lendemain. « Je sais bien que c’est perturbant… enfin, tu sais que si tu as besoin d’un conseil, d’aide pour te décider ou même parler à Dom, je suis là ! »

Et là, voilà qu’Esmé me balançait une bombe. Elle avait déjà été fiancé auparavant et elle avait fui son mariage. C’était la raison pour laquelle elle avait quitté New York, et avait préféré la côte Ouest à la côte Est. Je me demandais ce qu’elle avait bien pu me cacher d’autre… Enfin, après tout, chacun avait ses petits secrets. Esmé ne savait pas que j’avais été accro à la drogue, et que j’avais failli mourir plus d’une fois avec mes conneries d’anorexie ou encore pourquoi j’avais été envoyé à Berkeley plutôt qu’à Sidney… Mais pour le coup, ça faisait vraiment bizarre d’apprendre tout cela au sujet d’Esmé ! Déjà que j’avais du mal à la voir avec Andréa parce qu’habituer à la voir avec Dom, alors avec un autre homme en plus… « Ouch surprise surprise ! J’avais du mal à te voir marier avec Andréa ou même fiancé avec Dom, alors là… Enfin, si tu as envie de m’en parler un peu plus, tu sais que je serai à l’écoute ! Tu me connais, je ne suis pas là pour juger qui que ce soit ! Et malheureusement, il va bel et bien falloir que tu prennes une décision… C’est la dure réalité de la vie… »

J’avais pris Esmé dans mes bras, sachant qu’un petit calin lui ferait plaisir et surtout du bien ! Bien sur, ce genre de choses plaisaient aux hommes, et de nombreux sifflements se firent entendre ! Les hommes… tous les mêmes quoi. La conversation dévia ensuite sur ma relation avec les Blackwood et ce qui se passait avec Hope. Je devais bien être d’accord avec Esmeralda, ma conversation avait Hope n’était pas des plus passionnantes… Nous n’avions pas grand-chose en communs malheureusement et en plus, nos caractères étaient loin d’être similaires. J’essayais de prendre sur moi et de faire des efforts mais bordel que c’était dur.. « Oh oui c’est pas facile avec Hope. Bien au contraire, j’essaie de tout mon possible d’être la plus agréable mais quand je la vois trop préoccuper par sa nouvelle manucure et tout ça… non moyen quoi ! C’est déjà pas mon truc en temps normal, alors dans ces conditions… merci bien ! Enfin une virée entre filles, je ne dirai pas non, bien au contraire ! »

Je poussais légèrement ma mèche, quand je sentis quelque chose de liquide près de ma blessure. Je regardais alors mes doigts où se trouvait quelques tâches de sang. Oh crap. Les points avaient dû sauter ou une connerie comme ça. J’étais bonne pour aller nettoyer tout ça aux toilettes si je ne voulais pas devoir retourner à l’hôpital dans la foulée. « Excuse moi, je dois aller aux toilettes ! » Je savais que mes allers-retours de la soirée devaient préoccuper Esmé, et qu’elle allait finir par me poser des questions. Mais pour le moment, je ne préférais pas lui en parler. Si elle voulait savoir, elle me demanderait, et je lui répondrais. Mais je n’allais certainement pas m’apitoyer sur mon sort.

Travailler lui permettait non seulement de subvenir à ses besoins mais, aussi et surtout à oublier ses problèmes actuels. C’était tout de même ironique quand on y pensait. Son médecin lui avait conseillé de diminuer ses heures de travail à cause de sa maladie associée à sa grossesse et elle multipliait ses heures pour oublier qu’elle souffrait d’une insuffisance cardiaque tout en étant enceinte d’un homme qui ne faisait presque plus partie de sa vie. Malheureusement, elle ne pourrait pas continuer sur cette voie là pendant encore longtemps, cette histoire finirait par lui exploser au visage et ce jour là, elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même. Mais, pour le moment, la jolie grecque avait d’autres chats à fouetter. « J’aimerais seulement pouvoir souffler un peu avant que tout ne se sache…Tu imagines ce que ma vie va devenir quand les deux auront eu vent de ce qu’il se passe…Je n’ose même pas y penser ! » Elle se retourna vers un client qui venait pour payer sa consommation. « Andrea n’est au courant de rien, ni pour Dom et encore moins pour le bébé et c’est bien mieux ainsi et en ce qui concerne Dom…Dom n’a aucun droit de me faire des reproches parce qu’il semblerait que Monsieur ne s’est pas gêné pour prendre du bon temps avec d’autres filles pendant que JE me faisais un sang d’encre pour lui…A croire que je ne suis pas si importante à ses yeux qu’il aimerait le faire croire, une autre fille à son tableau de chasse, rien de plus. » Prenant une profonde respiration, elle continua. « Je n’ai pas l’intention de demander à qui que ce soit de prendre soin de moi et de mon bébé, que ce soit Dom ou Drea, je n’attends rien d’eux, je me suis toujours débrouiller seule et je continuerais à le faire… »

C’était surement mieux ainsi, pouvoir enfin parler à quelqu’un et vider son sac. Dylan était une personne de confiance, sur qui elle avait toujours pu compter et encore aujourd’hui, la jolie brune répondait présente alors que d’autres auraient tout simplement tourné les talons, sans même un regard. Parler de Duncan faisait remonter à la surface certains souvenirs assez douloureux et d’autres biens plus heureux. La jolie Sigma n’aimait pas parler de son défunt fiancé, elle avait toujours ce goût d’inachevé quand il s’agissait de lui ; toutes ces choses qu’ils auraient pu faire, tous ces projets qu’ils auraient pu réaliser et tous ces rêves qu’ils auraient pu voir se transformer en réalité. « Il est mort quelques jours avant le mariage…Disons que c’est une longue histoire… » Lâcha-t-elle en un rire nerveux avant de se reprendre. « Je le sais mais, ce n’est pas évident. J’aime Dom, là n’est pas la question mais, je n’ai nullement l’envie de me réveiller un beau jour en m’apercevant qu’il ne tient pas assez à moi. Et Andrea est vraiment adorable et même si notre mariage ne veut rien dire, cela n’en reste pas moins reposant de ne pas se prendre la tête avec des problèmes à longueur de temps… » Surtout que l’éventuelle présence de son père dans les parages n’arrangeait en rien son état d’esprit. Sa vie devenait de plus en plus compliqué, elle qui croyait avoir atteint le summum il y a quatre ans de cela, elle venait de battre des records. Elle n’aspirait qu’à un peu de calme et de sérénité, ce n’était pas trop demandé tout de même ?! D’un autre côté, sa Sampi chérie n’avait pas tord, les choses étaient allées beaucoup trop loin pour qu’elle continue à faire comme si de rien n’était et que ça lui était égal. Malheureusement, elle ne se sentait pas la force de prendre une décision, encore moins de voir sa vie voler en éclats en moins de temps qu’il fallait pour le dire. Chassant toutes ces idées de son esprit, la jeune femme laissa apparaitre un sourire sur ses douces lèvres avant de croiser le regard de son amie, ce qui allait suivre allait être, elle l’espérait, bien plus joyeux que la conversation actuelle. « Ca ne te dérange pas si on laisse de côté mes problèmes de cœur pour un petit moment, j’aimerais te demander quelque chose… » Esme y avait réfléchit à plusieurs reprises et Dylan lui avait apparu comme une évidence, elle adorait cette fille et ce rôle lui irait à merveille, à condition qu’elle vienne à accepter bien sûr. « Tu voudrais bien être la marraine ? » C’était elle qu’elle voulait et personne d’autre et même si d’autres noms avaient fait leur apparition dans son esprit, la jolie brune était la personne adéquate pour ce rôle et elle savait que son enfant serait entre de très bonnes mains avec elle.

Le petit câlin improvisé semblait faire son effet sur l’assemblée et il avait eu le don de faire sourire la jolie Sigma, le geste de son amie lui remettait du baume au cœur. « God ! Je vois bien le genre, je te plains ma chérie, vous semblez être comme le jour et la nuit…ça doit être frustrant ! La seule chose que je te conseille c’est de penser avant tout à toi et à ton bonheur, ne te sens pas obligé de faire des choses pour leur faire plaisir, encore moins à ta sœur…. » C’était l’unique conseil qu’elle pouvait lui donner, penser à elle-même avant toute chose. Pour le reste, elle n’était pas la mieux placé pour parler de famille, la sienne étant bien différente de toutes les autres et ses relations avec elle ne se limitant qu’à des guerres incessantes, elle serait de très mauvais conseil, concéda-t-elle. « Bien sûr ! » Dylan n’allait pas aussi bien qu’elle le faisait croire et cela inquiétait de plus en plus la belle grecque qui continua à servir les clients, les uns après les autres, toujours le même sourire aux lèvres même si le cœur n’y était pas vraiment. « Vas-tu enfin me dire ce qui se passe ma chérie ? » Dit-elle en posant un regard bienveillant sur la jeune femme qui revenait auprès d’elle.