you came with the season, as the first swallow sang. a blond headed stranger, with a five-letter name. we planted our kisses where the wild berries grow my feet ; sprouted wings and i flew all the way home. my cheeks red like fire engines racing straight to the heat of your skin and i know our days are numbered,early bird of the summer you'll fly south just as the fall begins.

Nob-Hill était si belle quand le soleil se couchait et que les lumières des manèges commençaient peu à peu à s'allumer, au même rythme que la foule commençait à se ramener. Les vendredi soir, c'était la fête foraine qui rassemblait le plus d'universitaires. Comme si après une semaine chargée, nous avions tous un peu besoin de retomber en enfance. La Grande Roue s'élevait très haut dans les airs, jusque dans les étoiles qui devenaient de plus en plus perceptibles à mesure que le soleil se cachait sous le niveau de la mer. Je souris à la vue de tous ces sourires et de ces bandes d'amis devenus enfantins. Moi-même je m'étais accompagné de quatre de mes amis de ma confrérie. Ils avaient eu envie d'utiliser de leurs talents afin d'essayer de gagner dans les arcades ; je voyais mal en quoi un peintre ou un photographe avait un avantage sur les autres, mais je les laissai vivre leur illusion.

Je tournai un moment la tête de l'autre côté des courses de chevaux en carton alimentés par les jets d'eaux pour regarder autour de moi, et c'est là que je l'aperçue. Ses cheveux longs et blonds brillaient encore de mille feux malgré que le soleil n'avait laissé que des traces roses et oranges dans le ciel. Son sourire aurait pu illuminer Nob-Hill en entier. Je crois bien que là, mon coeur a cessé de battre. Avec l'anémie dont je souffrais, ce n'était pas l'idéal. Ma tête commença à tourner, je n'étais plus certain que ma vision soit juste. Un de mes amis se tourna vers moi et posa une main dans mon dos. « Hey Jax' ça va ? T'es tout blême ! » Je pris une grande inspiration en cessant de la fixer. Je me tournai un moment vers lui. « Un fantôme. » Dis-je, encore perdu dans mes pensées malgré mes vains efforts. « De quoi tu parles ? » Là, je le vis vraiment. Je le regardai dans les yeux, retombant sur terre devant son incompréhension. Et la mienne. « Hein ? Non rien. Je reviens. » Je les laissai en plan, comme ça, même si c'était moi qui avait lancé l'idée de la fête foraine ce soir.

Je l'avais perdue de vue. Ma Jodie. Ma muse. Ma belle qui m'avait été arrachée par l'automne. Je tournai sur moi-même, tournant en rond à la recherche de ses doux yeux qui, comme l'océan au beau milieu d'une tempête, pouvait ravager mon coeur. Puis de nouveau, je pu la contempler. Elle était avec une bande d'amies, elle riait aux éclats, elle avait l'air tellement heureuse. Alors là, le doute s'installa en moi. Et si elle m'avait oublié ? Et si elle avait tourné la page et qu'elle était rendue bien ailleurs dans sa vie ? Après tout, cela faisait des années que nous n'avions eu de nouvelles l'un de l'autre. Je n'étais qu'un infime souvenir au fond de sa mémoire.

Tant pis. J'étais venu pour elle. Moi, je ne l'avais pas oubliée. Je marchai jusqu'à elle et traversai son cercle d'amies sans trop m'en gêner. Je l'attrapai par la main et me tournai vers ses copines. « Je vous l'emprunte un moment. » Sans explication, je tirai Jodie jusqu'à l'arrière d'un stand à barbe à papa, ou personne n'était, et j'approchai son visage du mien pour l'embrasser. Comme ça. Me fichant bien d'où elle en était dans sa vie. Moi, j'en étais là, et elle m'avait manquée.

Retrouver ses lèvres, c’était comme retrouver un certain goût à la vie. Il y avait si longtemps que je rêvais de ce moment que j’avais bien cru mourir durant ce sommeil qui m’avait semblé éternel. Sans elle, j’avançais sans vraiment savoir où je m’en allais. Sans elle, je ne respirais que par automatisme, et non par envie. Disons qu’elle avait été un tout, durant un été complet, un tout qui prenait toute sa place sur le reste et qui m’enlevait intérêt dans n’importe quoi d’autre. Traitez-moi d’obsessif, de dépendant, de fou. Je l’aimais, moi. Je ne savais pas si j’avais pris autant d’importance dans son cœur à elle mais après tout, tout cela m’importait peu. Ce qui était important, c’était les sentiments que j’avais éprouvés, et que j’éprouvai encore après l’avoir embrassée, aussi furtivement furent ces retrouvailles. Alors que j’allais m’éloigner d’elle pour que nous puissions parler, se retrouver réellement par les paroles qui, un jour, avaient été si chères à notre union, Jodie me devança dans mon geste et elle me repoussa d’elle. « Arrête, s’il te plait. » Elle baissa la tête alors que moi je l’inclinais légèrement en fronçant les sourcils. Ma bouche légèrement entrouverte, je laissai finalement mes sourcils se hausser en secouant la tête alors qu’elle me disait : « Je…Je…Je ne peux pas. » Elle bégayait, elle perdait tous ses moyens. Loin d’être la Jodie calme, posée et confiante que j’avais connue. Celle-ci ne semblait pas savoir où elle s’en allait. Ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas. Je m’exclamai donc, avec un ton de surprise mais aussi une bonne dose de colère et d’incompréhension : « Mais de quoi tu parles, tu ne peux pas ? Qu’est-ce que ça veut dire ça ? » Demandais-je, beaucoup moins calme que ce que j’aurais voulu. Mais c’était plus fort que moi. Je m’étais imaginé qu’elle serait contente, euphorique même, de retrouver notre amour perdu. Il fallait croire que j’étais le seul à en être resté à cette page, attendant de pouvoir continuer à l’écrire. Elle, elle avait terminé le chapitre de façon abrupte, laissant les lecteurs sur leur faim, pour passer au chapitre suivant. Au numéro suivant. Et moi, je n’étais qu’un numéro parmi tant d’autres, peu important « Je n’ai pas le droit. » Alors peu à peu, le doute s’installa dans ma tête. Elle était assez vieille maintenant, mi-vingtaine. Et si elle s’était fiancée ? Pire, mariée ? Tout de suite, mon regard se posa sur ses mains. Rien. Aucune bague, aucun jonc. Aucun attachement de la sorte avec qui que ce soit. Alors peut-être en couple, tout simplement. Amoureuse d’un autre que moi. Je soutins tout de même son regard. « Pas le droit ? Mais c’est ridicule. On ne s’est jamais empêchés de quoi que ce soit ensemble. » Je me rapprochai un peu d’elle, posant ma main sur sa joue et déposant un baiser sur le dessus de sa tête, sur ses cheveux blonds éclatants qui sentaient bons. Si bons. Puis je posai mon front contre le sien et la regardai dans le blanc des yeux. « Jodie … je ne suis venu que pour toi … que pour toi … alors ne viens pas me dire que c’est terminé … ça ne l’a jamais été et tu le sais … »Nous avions encore tant de pages à composer ensemble.