Fin d'un cours, début d'un autre ; aujourd'hui, je les avais enchaîné avec plaisir, jusqu'au dernier. J'étais que très rarement fatiguée, lassée de devoir me rendre dans une salle de cours, j'étais au contraire toujours pressée d'en apprendre davantage sur ce qui me passionnait. Chaque cours m'apportait de nombreuses informations, chaque cours me semblait nécessaire. D'ailleurs, si je le pouvais, j'en suivrais bien plus. Maintenant, je quittais ma salle, détachant mes cheveux que j'avais pris le soin d'attacher afin d'être plus à mon aise. C'était une de mes plus grandes habitudes, j'attrapais un élastique et me faisait toujours un petit chignon, rapide mais efficace. Je glissais d'ailleurs une main dans mes cheveux afin de les ébouriffer et ne pas les conserver sur mon visage. J'étais à présent libre de faire tout ce que je voulais, libre de me poser ou alors d'aller faire un petit tour à la bibliothèque universitaire. Je m'avançai le long des couloirs, mon portable en main, mes lèvres pincées. Je me redressai afin d'ouvrir une porte, tombant alors nez-à-nez face à un jeune homme auquel j'ai aussitôt sourit. Sans trop savoir pourquoi, un blanc s'installa, nos regards s'ancraient l'un dans l'autre. Hm .. excuse moi, tu n'aurais pas envie d'être modèle pour un photographe à la recherche d'inspiration ? Je parle de moi, évidemment me demanda-t-il. Une expression de surprise envahissait mon visage, une agréable surprise ; c'était la première fois qu'on me faisait une demande de ce genre, la première fois que quelqu'un pouvait être attiré par ma personne afin d'en faire des photos. Moi, modèle pour un photographe ? Je me décalais de la porte, l'entraînant avec moi puisque nous bloquions le passage. Oui, toi répondit-il. Je penchais mon visage, il m’intriguait. Il semblait si calme, si fermé mais si agréable à la fois. Ma fâcheuse tendance à ne considérer que les bons aspects des personnes m'entourant se réveillait, j'allais accepter une proposition totalement dingue, sans prendre le temps d'y réfléchir. Hum, et bien, d'accord. Si tu veux. Mon regard se posa sur l'appareil photo qu'il portait autour de sa nuque, très bel appareil. J'avais attiré le regard d'un photographe, j'allais être le modèle d'un homme, voilà comment allait se dérouler la fin de ma journée. J'adorais quand de l'imprévu s’insérait dans mon quotidien, rare était les fois où je n'en profitais pas.

Nous avons ensuite discuté, très peu discuté. J'avais juste réussi à obtenir quelques petits renseignements à son sujet : je possédais donc maintenant un prénom à mettre sur le visage de ce photographe, Ezekiel ainsi qu'une confrérie : les gamma. La plupart d'entre eux m'amusaient, mais je n'avais encore jamais réellement discuté avec l'un d'entre eux, il était le premier. Ezekiel m'a dit préféré un endroit calme afin de me photographier, la seule idée qui m'est montée à l'esprit fut celle d'aller se poser dans ma chambre universitaire. Ne me prenez pas pour une folle, je me sentais en confiance auprès de ce type - je n'étais pas de ceux qui pensaient pouvoir un jour vivre un de ces histoires dignes d'une série policière. Je ne me méfiais que rarement des gens, leur accordant ma confiance à la moindre parole, ou sourire de leur part. Sur le chemin à la maison de ma confrérie, nous avons peu parlé. Je respecterais son silence, et préférait ne pas m'y insérer. Il semblait discret, peut-être même timide ? Je n'en savais rien, et avait tant envie d'en découvrir sur cet homme. De toute façon, la règle est très simple avec moi : plus les personnes savaient m'intriguer, plus je voulais en découvrir sur elles. J'ouvrai la porte de notre maison tout en le laissant d'abord entrer, j'étais avant tout galante, même envers un homme. La différence entre les deux sexes ? Si ce n'est la paire de couilles que se trimbalent les hommes, je ne vois pas. Je refermais la porte avec mon pied, saluais les quelques membres présents avant de le faire monter jusqu'à ma chambre. J'espère que ça t'ira, sinon tu n'hésites pas à me dire ! Je comprendrais. J'entrais dans ma chambre, refermant aussitôt la porte après qu'il soit rentré. Je déposais mon sac par terre et me laissait tomber sur le bord de mon lit, prête à écouter ce qu'il attendait de moi. Je croisais aussitôt mes jambes afin de ne pas éviter d'être en "porte ouverte" au niveau de mes cuisses, étant donné que j'étais vêtue d'une jupe. Mais, avant tout, je me contentais de le regarder, un petit sourire glissé sur le coin des lèvres. Il était là, planté dans ma chambre, sans trop apparemment savoir quoi faire. Mets-toi à l'aise ! glissai-je tout en tendant mes bras derrières moi afin d'y prendre appui. Je m'amusais moi-même, et cette simplicité que je possédais. Me retrouver dans ma chambre, en compagnie d'un pur inconnu pour me faire photographier, une première. J'aimais les expériences.

Tomber nez-à-nez face à un photographe qui craque sur votre charisme, c'était bien la première fois que cela m'arrivait - et surement la dernière. J'avais été surprise, très surprise. Il était calme, trop calme, mais il dégageait tellement de mystère que cela m'a poussé à accepter sa proposition. J'aimais les défis, j'aimais creuser dans les personnes afin d'en découvrir la véritable nature ; les pousser à bout afin qu'il craque, se sente en confiance à mes côtés et me livre tout de leur histoire. Il m'offrait une image si neutre de lui que j'en étais intriguée, ce type avait tout pour me plaire. A partir du moment où l'on me perturbe, attire mon regard, je ne lâche que peu facilement l'affaire, tentant toujours et par tous les moments d'arriver à mes fins. C'est donc tout naturellement que j'acceptais, l'emmenant alors dans ma chambre universitaire. Ezekiel désirait un endroit calme ? Je ne voyais pas ce qui pourrait mieux convenir. J'étais certaine que ce geste allait le surprendre, que ce geste était d'ailleurs susceptible de surprendre toute la galerie. Amener un inconnu, un homme dans sa chambre, sans même prendre le temps de savoir qui il est, rares sont les personnes qui le font - à part les obsédés sexuels qui aimaient faire l'amour avec le premier venu, ce que je n'étais pas. Je le sentais bien cet homme, je n'avais pas peur de lui et me sentais en confiance. Etais-je folle ? Sûrement. Etais-je encore une fois en train de me faire avoir par ma naïveté ? Sûrement. Je profitais seulement de cette occasion qui m'était tombée dessus.

Une fois arrivée dans la maison de ma confrérie, je l'ai aussitôt emmené dans ma chambre. J'ai balancé mes affaires et me suit posée sur le bord de mon lit. Il semblait toujours aussi froid, distant et même gêné par cette situation - ce que je pouvais comprendre. Je l'avais ramené ici sans même m'assurer qu'il était réellement d'accord. Depuis mon enfance, j'ai toujours été ainsi, prenant les devants dans les situations. Ce petit côté "je gère la situation" m'amusait. J'espère que ça t'ira, sinon tu n'hésites pas à me dire ! Je comprendrais. Je le regardais, amusée de découvrir un homme qui semblait timide, surtout avec cette carapace d'homme sûr de sa personne qu'il renvoyait. Mets-toi à l'aise ! Je n'aimais pas savoir les personnes m'entourant gêné, et encore moins le savoir droit comme un piquet au milieu de ma chambre. Il se posa à mes côtés, je me redressais afin d'avoir mon buste auprès du sien. J'observai toujours son appareil avec curiosité, il me plaisait, il m'attirait, je l'enviais. Mes petites mains se faufilèrent doucement sur l'appareil que je pris le soin d'attraper délicatement, sans pour autant retirer la bandoulière qu'il avait autour de la nuque. Belle bête. Je rigolais, tout en lui glissant un clin d’œil. Je me savais douée pour mettre les gens à l'aise, j'espère seulement que ce trait de mon caractère allait fonctionner en compagnie d'Ezekiel. J'allumais donc l'appareil, et afin d'observer la qualité de son image, je prenais en photo mon sac traînant sur le sol. Je pouvais paraître comme étant sans gêne, mais ce n'était pas le cas, je savais me tenir ! Seulement, dans ce genre de situation, je préférai oser plutôt que de laisser un silence s'instaurer.

Je relâchais son appareil, me calant en tailleur sur mon lit. J'avais cependant garder mes talons au bout des pieds, rien de très propre mais rien de bien grave non plus. Je prenais du recul afin de mieux l'observer, toujours un grand sourire sur le coin des lèvres. Tu fais de la photo depuis longtemps ? Avant de le laisser me photographier, je préférais quand même en savoir davantage sur lui. Après tout, j'avais bien le droit de le vouloir ? Non ? Si. Maintenant que nous étions tous les deux dans ma chambre, il pouvait se livrer avec plaisir. Mais s'il n'en avait pas envie, je le respecterais, me tairais, et me laisserais photographier tout en étant intriguée par sa personnalité. J'attrapais mes cheveux blonds afin de tous les glisser d'un même côté de ma nuque, c'était ma plus grande manie. J'attendais une réponse, ou pas ; j'attendais qu'il me dise quoi faire, ou pas. J'aimerais entendre sa voix, en savoir davantage sur sa personne et sur ce qu'il cache derrière cette carapace d'homme froid et distant. J'étais comme toujours curieuse, trop curieuse.

Spoiler: