DNA Lounge – 6pm.

D’ordinaire, juste après le travail, Maria aurait pris sa voiture et serait rentrée chez elle pour retrouver Edward et les enfants. Seulement ce soir était différent. En effet, au vu de la tension qui régnait chez elle, la brunette avait très clairement décidé de faire un break et donc de s’accorder un petit moment, seule, avant d’affronter ses démons intérieurs. Bien-sûr, Maria aurait donné beaucoup pour pouvoir rentrer chez elle de suite tout en sachant qu’un accueil chaleureux et rempli d’amour l’attendait. Malheureusement pour elle, il n’en était rien, rien du tout même. « Qu’est-ce que je vous sers, madame ? » Une voix grave et accentuée d’un accent du sud du pays la fit sortir de sa torpeur lui demandant ce qu’elle désirait boire. « Euh…je ne sais pas. Servez-moi, euh…un Monaco. » L’homme acquiesça d’un bref signe de la tête, se demandant très certainement s’il n’avait face à lui en ce moment une paumée de la vie. Peut-être était-ce bien ce qu’elle devenait au fil du temps qui passait. Cela correspondait assez bien avec l’idée qu’elle se faisait petit à petit de sa propre existence. *Oh pitié, arrête de te plaindre, Maria !* Pensa-t-elle, soudainement furieuse contre elle-même. Après tout, si Edward et elle en étaient arrivés à ce point qui lui semblait être de non-retour s’ils n’agissaient pas très vite, c’était en partie – en grande partie même – de sa faute à elle. Si elle n’avait pas eu ce comportement totalement stupide après qu’Edward lui ai avoué une dure part de son passé, alors ils n’en seraient certainement pas arrivés là. Mais ce qui était fait était fait, il lui était clairement impossible de revenir en arrière. De toute façon, Maria n’était même certaine que revenir en arrière changerait quoique ce soit. Peut-être qu’il lui avait fallu cela pour comprendre que Maria ne changerait pas. Qu’elle était incapable de s’engager sur la durée auprès d’un homme. Finalement, peut-être que si Matthew n’était pas mort d’un accident de voiture, ils ne seraient plus ensemble non plus. Elle n’en savait plus trop rien, à l’heure actuelle. « Voilà pour vous ! » Le barman lui servit son verre de bière mélangé à de la limonade et à de la grenadine que la brunette observa très longuement avant d’en boire une première gorgée. Payant de suite, Maria soupira par la suite. « Ça n’a pas l’air d’aller, si je puis me permettre. » Continua alors le barman alors qu’il venait de lui rendre sa monnaie en trop. « Les choses iront comme nous souhaitons qu’elles aillent, n’est-ce pas ? » Se contenta de répondre la brunette avant de reprendre une gorgée de sa boisson légèrement alcoolisée.

Take me out tonight where there's music and there's people who are young and alive. Driving in your car, I never want to go home because I haven't got one anymore. ♫ Maria tiqua à l’écoute de la chanson qui venait tout juste de commencer dans le bar. The Smiths. Evidemment. Souriant amèrement, la brunette se passa une main lasse dans les cheveux qu’elle rejeta alors en arrière laissant aux yeux d’autrui la possibilité de voir les toutes petites boucles d’oreilles qu’elle portait en ce jour. Rien d’extraordinaire cependant, de simples petites boules blanches qui faisant habillé, mais sans trop en faire pour autant. And if a double-decker bus crashes into us, to die by your side is such a heavenly way to die. And if a ten ton truck kills the both of us, to die by your side, well the pleasure, the privilege is mine. ♫ Effectivement, il y avait plus drôle comme chanson. Mais Maria adorait malgré tout l’atmosphère que laissait apparaitre les paroles. Take me out tonight, oh take me anywhere, I don't care, I don't care, I don't care. Driving in your car, I never want to go home because I haven't got one. No, I haven't got one. ♫ Avait-elle encore une maison elle, à l’heure actuelle ? Elle en venait quasiment à en douter dorénavant. Comme quoi la situation n’était vraiment réjouissante pour la brunette ces derniers temps. Mais elle ne désespérait pas…pas encore. There is a light that never goes out… ♫ Et la chanson se termina exactement comme elle avait commencé…calmement. Ou Presque.

Assit à son bureau, Cooper était en train de relire un rapport. Ca faisait deux semaines qu’il était sur la même affaire et aujourd’hui le procès avait été bouclé. Son client avait pû s’en sortir et la partie adverse avait perdue. Soupirant, Cooper se souvenait de cette affaire, mais surtout elle passait encore et encore dans son esprit. Un jeune garçon de dix ans avait été voir son institutrice en lui disant que ça n’allait pas chez lui. Elle avait voulue en savoir plus et il lui avait dit qu’il était violenté par son beau-père. La police avait été mise au courant, mais la mère et le beau-père n’avaient rien de mauvais quand on les voyait la première fois. Seulement quelques jours plus tard le petit s’était retrouvé à l’hôpital avec une côte cassée des bleus et surtout des traces de viol. Quand la mère du petit avait demandé à Cooper de prendre son affaire, il avait tout de suite dit oui. Ca lui rappelait toujours son passé, mais ce genre d’affaire, il les prenait tout de suite, sans aucune hésitation. Le beau-père avait dû partir après avoir levé la main sur la mère du petit. La police et des voisins étaient intervenus pour aider la jeune mère et son fils. La procédure avait donc été lancée et Cooper avait vu en face de lui ce type et son avocat. Mais pas n’importe quel avocat, celui qui était assez médiatisé, mais surtout qui défendait vraiment tout le monde.

Soupirant, en fermant son dossier, l’australien se frotta les yeux et se leva de son fauteuil. S’étirant et entant son épaule gauche craquer, il décida de partir. Lui qui restait d’habitude très tard le soir, vit les regards surprit de ses collègues. Après avoir mit sa veste, il partit en ville. Il alla d’abord à Berkeley, il avait un livre à aller chercher. Il en avait besoin pour préparer un cours pour la rentrée, mais il avait aussi envie de voir si quelqu’un ne serait pas partant pour aller faire un tour en ville. Seulement, il ne vit aucun professeur et il dû se résoudre à aller en ville seul. Au hasard des rues, il entra dans un bar et regarda autour de lui. Près à prendre une table, il se ravisa en voyant une personne qui lui était familière. Ca faisait plusieurs mois qu’il ne l’avait pas vu. Même à Berkeley il ne l’avait pas recroisé. A vrai dire, la dernière fois qu’il l’avait vu, il l’avait embrassé. Il n’en avait absolument pas reparlé, non seulement parce qu’ils ne s’étaient pas revu, mais surtout parce que Cooper avait vite comprit que la jeune femme et lui n’avait finalement pas besoin d’en reparler. Il savait qu’elle était en couple, mariée et mère de famille, mais il avait tenté sa chance. Seulement, il savait aussi qu’il ne devait pas être son type, vu la différence de physique entre son compagnon et lui. Enfin bref, il ouvrit sa veste et la retira pour venir s’approcher de Maria.

Un whisky sans glace s’il vous plaît.

Prenant place aux côtés de la jeune femme, il posa sa veste sur ses genoux et la regarda, un sourire aux lèvres.

Etre mariée et mère de famille, ça épuise. Je comprend que vous veniez à cette heure-ci vous saouler avant de rentrer chez vous.

Remerciant le barman quand il lui donna son verre, il en but une gorgée et regarda la jeune femme à nouveau.

Ne s’attendant pas à ce que quiconque vienne lui parler, Maria sursauta légèrement en entendant un homme lui parler. Et pas n’importe quel homme ! Cooper Stevenson, s’il vous plait ! Un homme qu’elle connaissait depuis très longtemps puisqu’il était son avocat et qu’il était un ami. L’était-il encore à l’heure actuelle, O’Berkeley ne semblait malheureusement pas en mesure de répondre à cette question en ce moment au vu des derniers évènements s’étant produits avec cet homme aux cheveux blonds bouclés et aux yeux en amandes lui donnant ainsi un air des plus charmants. Et pas qu’un air d’ailleurs, il fallait bien dire ce qui était, Cooper était un homme tout à fait charmant, et plus encore. « C’est ça, je me saoule et après j’y retourne. » Répondit-elle simplement tout en observant le barman apporter sa boisson à l’homme venant tout de même de commander un whisky pur. « Et c’est moi qui me saoule. » Constate-t-elle simplement en regardant brièvement le verre de l’avocat. Levant ensuite les yeux au ciel, la brunette décida de continuer la conversation, après tout, cela ne lui ferait pas de mal au vu de ces derniers temps. « Ça faisait longtemps. » Effectivement, ils ne s’étaient pas revus depuis le baiser qu’il lui avait brièvement donné un soir, après un dîner qu’elle pensait entre amis et collègues. « Que devenez-vous, Cooper ? » Etrange de considérer que travaillant pourtant au même endroit – tout du moins à mi-temps pour l’avocat – ceux deux-là ne s’étaient vraiment pas revus depuis la dernière fois.

Le sourire aux lèvres, Maria détourna son regard de l’homme pour observer le monde qui pouvait présentement se trouver dans le DNA Lounge. Il était tôt et pourtant, il y avait déjà pas mal de monde autour des tables. Surprenante. La population de Californie était décidément très surprenante, c’était d’ailleurs bien la seule raison qui ne la dégoutait pas d’avoir quitté l’Est du pays. Reportant par la suite son regard sur l’avocat, la brunette le détailla du regard. Toujours avec son fidèle costume trois pièces, c’était à croire qu’il n’avait absolument rien d’autre à se mettre. Dormait-il comme cela aussi ? Cette question amusa la jeune femme qui émit alors un sourire à cette pensée. Toujours bien coiffé, toujours propre sur lui. Décidément, même cet homme était surprenant et pourtant il était autant californien que Maria. Tous deux venaient de bien plus loin que cet état dont la capitale était Sacramento.

Faire des rencontres, c’est soit bien, parce que la personne est agréable, soit mauvais, parce qu’on passe un mauvais moment avec une personne qui n’est pas intéressante. Cooper ne faisait que peu de rencontre. Il n’avait pas spécialement envie d’en faire d’ailleurs. Pour le moment tout ce qu’il voulait, c’était faire en sorte que sa vie actuelle change. Enfin professionnellement parlant, les choses étaient au beau fixe. Les affaires se suivaient les unes, les autres. C’était agréable et il n’y avait rien à en dire. Niveau famille, Cooper ne savait toujours pas qui était ses parents biologiques et il se demandait parfois si cela ne devait pas rester ainsi, malgré ses recherches. Côté personnel c’était le grand n’importe quoi. Il enchainait les conquêtes, qu’elles soient féminines ou masculines. Il avait quitté un étudiant avec qui il avait eu une relation en Australie, puis qu’il avait retrouvé ici, à Berkeley. C’était l’été dernier, mais il n’avait pas eu de ses nouvelles. Il n’avait pas non plus cherché à en avoir. L’égo masculin sans doute. Seulement, il se disait qu’il devait quand même aller voir Seth pour lui parler, ça serait la moindre des choses. Seulement, il n’avait pas encore le courage nécessaire pour le faire. Il devait avouer qu’il ne savait pas comment s’y prendre. Il allait devoir parler de son passé et mettre sa fierté masculine de côté. Il savait aussi que ça pouvait être trop tard, seulement il avait encore un espoir de pouvoir retrouver le jeune étudiant.

Cependant aujourd’hui, le plus important était qu’il avait besoin de se changer les idées. Après tout, il juste envie de prendre du temps pour lui. Alors, il entra dans un bar et près à s’asseoir seul à une table, il remarqua une personne qu’il connaissait, mais qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Maria était son employeur à mi-temps, mais ça n’était pas pour autant qu’il la voyait tous les jours. Commandant alors un whisky, il prit place à côté de la jeune femme et lui fit comprendre qu’il savait ce qu’elle vivait, au vu de sa vie active de femme, mère et directrice et qu’elle devait décompresser en se saoulant avant de rentrer chez elle. Souriant au barman quand ce dernier lui donna sa commande, il écouta la jeune femme parler et se mit à sourire.

Je tiens bien l’alcool.

Levant son verre, il en but une gorgée et hocha la tête à ses propos.

Oui, très longtemps.

En effet, il ne l’avait pas croisé dans l’université et de toute façon il devait avouer qu’il était plu un avocat qu’un enseignant, d’où le fait qu’après avoir donné ses cours, il préférait partir à son cabinet pour voir ses collègues et les affaires en cours. Il ne faisait pas vraiment en sorte de s’intégrer à l’équipe éducative de l’université de Berkeley. Pour le peu qu’il en connaissait de toute façon, il n’avait pas de personne à qui s’attacher. Il y avait bien Cheyenne dont il connaissait les parents, mais ça s’arrêtait là. Sinon pour les autres, c’était plus des connaissances, mais sans plus. Haussant les sourcils à la question de la jeune femme, il soupira doucement.

A vrai dire pas grand chose. Je travaille toujours pour vous à mi-temps, sinon je continue mon métier d’avocat.

Oui, l’australien avait toujours fait une différence entre son métier d’avocat, qu’il avait apprit à l’école et dont c’était son vrai métier et son emploi d’enseignant.

Je profite aujourd’hui d’un moment de détente avant de rentrer chez moi et de finir le nez dans la paperasse comme tous les soirs.

Buvant une nouvelle gorgée de son whisky, il regarda la jeune femme.

Et vous ? Que devenez-vous Madame la directrice ?

« Je travaille toujours pour vous à mi-temps, sinon je continue mon métier d’avocat. » La formulation surprenait toujours Maria qui avait décidément bien du mal à s’accaparer ce nouveau rôle qui était le sien. Elle était dorénavant la Directrice de l’université, mais quelque chose semblait la retenir quant à réellement apprécier la justesse du titre lui ayant été attribué en 2011. « Je profite aujourd’hui d’un moment de détente avant de rentrer chez moi et de finir le nez dans la paperasse comme tous les soirs. » Cela fit sourire la brunette qui se retrouvait finalement à peu près dans la même situation que l’avocat. Elle aussi aurait très certainement de la paperasse avec quoi s’occuper une fois qu’elle serait rentrée chez elle. Évidemment, Maria aurait l’obligation de s’occuper de ses enfants d’abord, puis de vérifier leurs devoirs et enfin de leur préparer à dîner. Mais cela ne serait que peu de choses comparé à tout ce qu’elle aurait à faire vis-à-vis de sa propre profession. « Et vous ? Que devenez-vous Madame la directrice ? » Madame la directrice… Décidément, cette formulation lui convenait de moins en moins. Et ce, sans tellement savoir pourquoi d’ailleurs. Était-ce les responsabilités qui la dérangeaient ? Non, elle y était habituée depuis fort longtemps. Était-ce le bureau qui ne lui plaisait pas ? Certainement pas, il était absolument parfait, spacieux et élégant, comme elle en avait toujours rêvé. Alors qu’est-ce qui la dérangeait ? Elle cherchait la réponse et ne doutait pas un seul instant qu’elle finirait par la trouver, sans pour autant connaitre la date de cette fameuse révélation tant attendue. « Je fais ce qu’on attend de moi. » Oui, c’était exactement ce qu’elle faisait de ses journées. Maria avait différentes tâches à remplir, et c’est en effet ce qu’elle faisait, plus ou moins avec brio. Mais était-ce seulement ce qu’elle voulait faire de sa vie ? Plus le temps s’écoulait, plus la brunette en doutait. Mais finirait-elle par mettre un terme à ses propres doutes ? Voilà un tout autre problème malheureusement. Son couple battait déjà sévèrement de l’aile, ce n’était certainement pas le moment de faire également foirer sa carrière professionnelle qui lui souriait apparemment comme jamais. Elle but une nouvelle gorgée de sa boisson et regarda l’homme assit à ses côtés. Elle lui sourit légèrement. « Et puis j’avance doucement, mais sûrement. Je crois. » L’optimisme était mère de sûreté, non ?

Etre sous les ordres de quelqu’un n’avait jamais repoussé Cooper. Bon d’accord, il savait que ça dépendrait quand même de la personne au-dessus. Ayant crée son propre cabinet d’avocat, forcément, il a tout de suite apprécie le poste de chef. Puis, quand il a décidé d’accepter de travailler à Berkeley, il avait émit ses conditions. Evidemment, ça n’était qu’un travail à mi-temps mais ça lui plaisait. Pas tout de le temps, au vu de certains étudiants, mais en général, ça allait. Au niveau hiérarchie, Maria n’était pas une femme qui lui menait la vie dure. Elle était agréable, il ne pouvait pas dire le contraire. Il l’avait aidé à adopter Ambre. Il avait vu qu’elle aimait vraiment cette petite fille et quand il avait fit ses recherches personnels sur Maria, il avait vu qu’elle n’avait rien d’une criminelle ou d’une femme qui ferait du mal à son enfant. Du coup, il avait réussit à lui faire avoir la garde de Ambre et depuis ce jour là il n’avait pas entendu qu’il y avait un quelconque problème. Mais la dernière fois qu’ils s’étaient vus, les choses avaient été bien différentes. En effet, l’australien avait embrassé celle qui était sa supérieure et il se doutait que depuis elle n’avait pas dû effacer cela de sa mémoire. Mais, il ne comptait pas aborder le sujet, enfin sauf s’il le fallait vraiment.

Parlant donc avec la jeune femme, il répondait à ses questions et les lui retourna. Buvant toujours de son whisky, tout en parlant, il écouta les réponses de sa partenaire. Surprit de la simple réponse qu’elle formula, il fronça les sourcils. Ca ne semblait pas aller. Du coup, il hésita à chercher le pourquoi de cette simple réponse. Peut-être qu’elle n’avait tout simplement pas envie de parler avec lui. Dans ce cas, il était près à aller à une table, ça ne lui poserait pas de problème et il ne se vexerait pas du tout. Puis, hochant à ce qu’elle venait d’ajouter, il but une nouvelle gorgée de son breuvage.

Au moins désormais vous avez les commandes de tout.

C’est vrai qu’il se souvenait qu’elle avait eu du mal à s’entendre avec l’ancien directeur, Carl. Ca n’avait pas l’air d’avoir été simple entre eux, mais aujourd’hui Maria dirigeait l’université de Berkeley ce qui devait être une grande responsabilité.

Comment va Ambre ? Ca fait un moment que je ne l’ai pas vu.

La petite fille était incroyable et Cooper devait avouer qu’il avait aimé les moments passés en la compagnie de la demoiselle.

Les commandes de tout, oui effectivement, mais à quel prix ? Maria bossait encore plus qu’avant, elle était demandée en déplacement très souvent et cela influait négativement sur son couple ainsi que sur sa vie de famille en général. De plus, plus le temps passait, plus Maria se demandait ce qu’elle fichait réellement derrière ce bureau qui était devenu le sien quelques mois plus tôt maintenant. Reprenant une gorgée de sa boisson légèrement alcoolisée en entendant les propos de l’Australien, la brunette reposa par la suite son verre sur le comptoir. « Certes, j’ai les commandes. Mais parfois vous savez, contrôler n’est pas la meilleure des choses que l’on puisse avoir à faire, bien au contraire même. » Alors qu’elle ne le faisait plus depuis un moment maintenant, Maria O’Berkeley était clairement en train de se dévoiler à un homme qui, lorsqu’elle l’avait vu pour la dernière fois avant aujourd’hui, l’avait embrassé alors qu’il la savait engagée envers un autre. Étrange circonstance pour des révélations. Mais elle semblait cependant avoir besoin d’une oreille prête à écouter ce qu’elle ressentait. Enfin.

« Comment va Ambre ? Ça fait un moment que je ne l’ai pas vu. » Ah Ambre, l’un des plus beaux sujets de discussion qu’elle puisse avoir avec quiconque. Quelle que soit la personne, Maria était toujours ravie de pouvoir dire au monde entier combien elle aimait sa fille et combien elle pouvait être fière d’être sa mère, même adoptive. « Très bien, elle grandit si vite que j’ai parfois l’impression de manquer des étapes à cause du travail. » Et voilà, encore et toujours ce fichu emploi qui lui pompait tout son temps. Et pourtant elle n’aurait qu’une vie, et peut-être même réduite si la maladie progressait. Mais ça, la brunette ne pouvait en être certaine, il fallait laisser le temps au traitement d’agir et de voir quelle serait la prochaine étape. Progression ou rémission ? Tous priaient pour la seconde option, bien évidemment. Mais si peu étaient au courant… « Elle est excellente à l’école, elle m’impressionne d’ailleurs. Ses maitres sont très contents d’elles, alors imaginez Ed et moi. »

Soudain, des accords de guitare se mirent à résonner dans tout l’établissement. Maria ne mit guère longtemps avant de reconnaitre le titre « you’re lost little girl » du groupe The Doors que la brunette appréciait grandement, comme énormément d’autres artistes d’ailleurs. « Connaissez-vous ce groupe ? The Doors ? »

Un peu surprit par les propos de la jeune femme, Cooper fronça les sourcils. Se souvenant des problèmes qu’il y avait entre la jeune femme et l’ancien directeur, il trouvait étrange qu’elle n’aime pas avoir le poste en entier entre ses mains. En même temps l’australien lui, ça faisait cinq ans qu’il tenait son cabinet d’avocat. Il était aidé par ses collègues bien sûr, tous avocats comme lui. Mais, lui, son rôle de chef lui plaisait beaucoup et faire plus de paperasse ou passer du temps à son travail ne le dérangeait pas plus que cela. Mais, il pensa alors au côté famille. C’était peut-être cela qui gênait la jeune femme ? Il n’en savait rien, mais il ne préféra pas en demander plus. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il savait qu’il serait mal venu de poser des questions sur ce sujet, vu qu’il avait embrassé la jeune femme quelques mois auparavant, sachant qu’elle était en couple. Du coup, après avoir but une gorgée de sa boisson, il demanda des nouvelles de Ambre. La petite fille avec qui il avait déjà passé du temps, lorsque Maria avait voulue l’adopter. Cette demoiselle avait un sacré franc parlé et il l’appréciait beaucoup, même si ça faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu.

Ambre est une petite fille vraiment géniale. Même si je ne l’ai pas vu autant que vous, elle a un franc parlé qui me plaît.

C’est vrai que la fillette savait ce qu’elle voulait et faisait toujours en sorte de tout avoir. Buvant une nouvelle gorgée de son verre, il écouta la question de la jeune femme. Portant alors son attention sur la musique qui passait, il hocha la tête.

Je connais oui.

Il ne savait pas où elle voulait en venir. Il connaissait le groupe, mais pas plus que cela. Fixant alors la jeune femme, il devait avouer qu’elle ne semblait pas aller bien du tout.

Qu’est-ce qui se passe Maria ?

Il voyait bien que quelque chose clochait, mais il ne voulait pas non plus qu’elle se braque et qu’elle parte. Enfin en même temps, il n’était rien pour elle, mais il pouvait ne faire qu’écouter, ça ne lui couterait rien et il ne serait pas désagréable.

« Qu’est-ce qui se passe, Maria ? » Demanda soudainement l’Australien. Une question dont la brunette se serait volontiers passée. Mais réponse il devait y avoir. Soupirant longuement, la brunette termina d’un seul coup sa boisson qui n’était heureusement pas très alcoolisée sinon les effets de l’alcool auraient accéléré au vu de la vitesse avec laquelle Maria venait d’ingurgiter sa boisson. « Si on vous demande, répondez que tout va bien dans le meilleur des mondes. » Elle n’était pas très sûre de vouloir en parler – que ce soit avec lui comme avec quiconque. « On est en Californie après tout ! L’Etat où tout va toujours très bien selon les Européens. Connerie oui. Ils pensent que parce que l’on vit au bord des côtes californiennes, on passe notre temps à bronzer sur la plage et à boire des cocktails hors de prix. A les entendre, on croirait que nos familles vont toujours extrêmement bien, que tout le monde vit vieux et en bonne santé et qu’on est tous toujours heureux. Si seulement ils savaient vraiment… » Se passant une main dans les cheveux, la brunette poussa à nouveau un soupir, cette fois-ci un peu plus court que le précédent. Qu’est-ce que c’était que ces foutus clichés sur les californiens d’abord ? Qu’est-ce qui permettait aux gens venant d’ailleurs de se persuader que la Californie était l’Etat de la beauté, de la fortune et du bonheur ? Merci la télévision encore. « Les temps sont un peu durs. C’est tout. On a tous nos passages à vide je pense, non ? » En fait, la brunette n’en était même pas certaine. Mais elle préférait encore se dire cela, de manière à ne pas déprimer totalement. Son couple se cassait la gueule, son état de santé se dégradait. Tout était absolument parfait, non ?

« Et vous, pourquoi ? Pourquoi seriez-vous dans un bar à cette heure-là ? Pas de conquête à séduire ? » Il avait sans doute espérer qu’elle eut oublié le baiser qu’il lui avait donné il y avait des mois de cela, malheureusement ce n’était pas le cas. Comment Maria aurait-elle pu oublier un acte comme celui-ci franchement ?