and don't take that cut, it's not you that gets hurt tonight. and let alone danger, peace of mind is not hard to find. i heard you were lonely, is it worth making me the fool ? for trusting your halo, and those tales that became too cruel. i’ll leave you for someone tonight. the shapes of the city lights, burning too bright. and i know you won’t run, you won’t chase me there, and that gets to me more and more every day.

Mes jambes allaient tout à fait bien. J’avais marché toute la journée. D’abord je m’étais réveillé tôt ce matin pour aller courir autour du quartier du campus. Une heure. Je m’étais assis pour le petit déjeuner ; boire ma tasse de café et manger mes deux tartines au beurre d’arachides avec des bananes coupées par-dessus. Puis j’avais marché en faisant le tour de la boutique de l’université où ils vendaient tous les livres dont j’avais besoin pour cette nouvelle session hivernale. Finalement, j’avais passé la journée à tourner des scènes, ici et là, de gens à leur insu. Ma caméra était pleine de souvenirs et mes jambes allaient bien. Mes jambes allaient bien jusqu’à ce que je pose rapidement un pied sur la marche d’escalier menant au premier étage de la confrérie des artistes. J’allais descendre en trombe comme à mon habitude sauf que là, les lumières s’éteignirent dans un bruit assez inquiétant et je perdis pied. Dans la noirceur, j’avais trébuché sur quelque chose qui traînait dans les escaliers. Je déboulai donc brutalement toutes les marches. Violent. Abruptement. Je m’étalai de long en large en bas des escaliers. L’objet qui m’avait fait tomber roula jusqu’à mes côtés. Je l’attrapai et dans le noir, je reconnus un tube de rouge à lèvres. Justement, la femme à qui appartenait ce tube m’entendit dans ma chute et elle vint voir ce qui s’était passé. « C’est ta faute. Putain de merde Jules. Ça va pas de laisser traîner ton putain de maquillage partout et à des endroits aussi dangereux ? Non mais voilà maintenant j’ai mal partout et j’suis plus capable de me relever ! » Bon, elle n’aurait pu prévoir qu’une panne de courant aller survenir dans le coin, ce soir, mais tout de même. Un tube de rouge à lèvres. Non mais. Je grimaçai dans la pénombre, lâchant des gémissements de douleur. Déjà que ma maladie me donnait des étourdissements et des douleurs dans mes articulations, je doutais fortement que cet accident allait m’aider à me sentir mieux en cette tardive soirée. « Tu peux aller me chercher de la glace ? » Dis-je d’un ton plutôt sec et énervé. « S’il-te-plaît. » Dis-je pour me rattraper, même si mon ton de voix n’était pas du tout détendu.

Journée merdique, c'était le cas de le dire. J'avais foiré mon examen, j'étais fatiguée, et n'avait pas mais alors pas du tout envie de sortir - c'était loin d'être dans mes habitudes. Mais, ce qui m'a réellement rendu, c'est qu'une fois rentrée à la maison de ma confrérie, j'ai, accidentellement, fait tombé tout mon sac dans l'escalier. De quoi rendre plus d'une personne dingue, j'ai donc récupéré l'ensemble de mes affaires - et oublié mon rouge-à-lèvre, que je n'avais d'ailleurs au passage, encore jamais utilisé. Bref, une journée de merde se terminait généralement pas une soirée tout aussi merdique. La preuve ? L'électricité venait de planter, me plongeant dans un noir total. Un bruit assourdissant se manifesta, provenant des escaliers, ce qui m'obligea à quitter aussitôt ma chambre ! Je courrai, les mains tendues pour éviter de me prendre en pleine face un mur. C'est quoi, qui, putain ! C'est grâce à la lumière de la ville que j'ai réussi à reconnaître Jaxhuem, étalé dans le bas des escaliers. Rire ? Jamais, j'ai toujours réagi différemment des autres dans ce genre de situation, m'inquiétant aussitôt pour la personne afin de rire de l'incident. C’est ta faute. Putain de merde Jules. Ça va pas de laisser traîner ton putain de maquillage partout et à des endroits aussi dangereux ? Non mais voilà maintenant j’ai mal partout et j’suis plus capable de me relever ! Je me pinçai la lèvre, gênée. Je déboulais l'escalier, me laissant tomber à genoux à côtés de lui. Je ne voulais m'excuser mais il me coupa la parole. Tu peux aller me chercher de la glace ? me demanda-t-il, énervé. S'il te plaît. Je soupirai, me penchant vers lui afin de déposer un bref mais tendre baiser sur son front - j'ai toujours été ainsi, douce avec des personnes que je ne connaissais que très peu. Je me relevai, parcourant la maison à l'aide de mes repères, j'avais peur de me cogner contre un mur, ou de percuter une porte. Quelques minutes plus tard, je revenais, un sac de glace en main. Excuse-moi murmurai-je tout en me laissant tomber à ses côtés. Tu t'es fais mal où ? demandai-je, le sac me gelait le bout des doigts, une sensation que j'appréciai d'ordinaire mais qui là, m'agaçait.

J'avais l'impression que tous mes os étaient cassés. Que mes muscles s'étaient atrophiés l'instant de ma chute. Je n'étais qu'un paquet de peau étendu sur le plancher de la maison de confrérie, incapable de bouger. Dites-vous que c'est le sentiment que je ressens à peu près tous les matins à cause de ma maladie. C'est pour cette raison que je fais toujours le tour du quartier à la course ; pour habituer mon cœur à l'effort physique et pour réveiller mes muscles et mes articulations. Mon médecin me dit de continuer ainsi, sans trop forcer toutefois. Je n'ai pas une endurance cardiovasculaire comme les autres ; trop repousser mes limites pourrait être dangereux. Après tout, la sorte d'anémie dont j'étais atteint ne pardonnait pas toujours. Et elle ne me pardonnerait probablement pas de si tôt d'avoir déboulé les escaliers de la sorte. C'est pourquoi j'étais si abrupt avec Jules, malgré que c'aurait pu être n'importe qui. Je lui demandai finalement avec une piètre formule de politesse d'aller me chercher de la glace. Elle revint quelques secondes plus tard, se confondant en excuses. « Non c'est bon. Je me suis emporté. C'est le choc de la chute, ça a été douloureux. » J'étais souvent incapable de m'excuser de mes propres torts. Pas que je ne le voulais pas, au contraire je savais que j'avais été beaucoup trop direct envers Jules alors qu'elle n'avait pas du tout fait exprès. Cependant je n'arrivais pas à formuler une excuse qui se glissait bien dans la conversation ; je sais, c'est stupide, mais je suis comme ça. « Tu t'es fais mal où ? » Demanda la jeune artiste en se laissant tomber à côté de moi. Je ne voyais que sa silhouette mais peu à peu mes yeux s'habituaient à la noirceur et je pouvais distinguer ses yeux brillants dans la nuit et sa chevelure blonde qui tombait sur sa poitrine. « Euh ... vite comme ça je te dirais euh ... partout ? » Lançais-je avec un ton un peu plus blagueur, question d'essayer de détendre l'atmosphère. Je m'appuyai sur mes coudes et je me relevai finalement, avec un peu d'aide de Jules et beaucoup de volonté. « Arrrggghhh ... » Grommelais-je en grimaçant. Je m'adossai contre la rampe de l'escalier mais je n'étais pas prêt à me relever complètement. Mon corps était encore sur la défensive et je ne voulais pas trop lui en demander. Je m'assis face à ma consœur. « Tu crois que c'est seulement une panne dans notre confrérie ou c'est généralisé ? » Je ne pouvais pas voir les lumières à l'extérieur.

Je glissai une main dans mes cheveux, les mettant alors tous d'un même côté de mon épaule. Non c'est bon. Je me suis emporté. C'est le choc de la chute, ça a été douloureux. Une grimace ne quittait plus mon visage, j'étais sincèrement gênée par cette situation - j'avais un don pour m'obliger à culpabiliser bien plus que je ne le devrais. Tu t'es fais mal où ? lui demandai-je. Euh ... vite comme ça je te dirais euh ... partout ? J'esquissai un petit rire, nerveux. Il essayait de détendre l'atmosphère ? Cela ne changeait en rien ce que je pouvais penser, j'étais toujours aussi agacée envers ma propre personne. L'entendre grogner lorsqu'il se redressa m'obligea à ronchonner contre moi-même, pauvre idiote, sombre crétine, voilà ce que j'étais. Il semblait avoir mal, très mal. Arrrggghhh ... Je l'aidais à se redresser tout en faisant attention de ne pas faire tomber le sac de glaçon sur son corps, je ne voudrais pas lui rajouter une douleur supplémentaire. Il semblait avoir réellement mal pris cette chute, je me pinçais la lèvre, l'aidant alors à s'asseoir. Tu crois que c'est seulement une panne dans notre confrérie ou c'est généralisé ? Je relevai mon visage vers la fenêtre, ce n'était pas une panne générale. Quelqu'un avait du s'amuser à faire péter le courant au sein de notre maison, peut-être quelqu'un d'une autre confrérie, ou un dingue ayant fait surcharger notre compteur. Seulement nous, c'est pas notre journée. J'irai bien remettre le compteur en route, mais douée comme je suis, je vais faire exploser tout l'quartier disais-je tout en lui tendant de le sac de glace. Tu veux que je le pose où ? Je commençais à avoir les doigts mouillés, totalement refroidis par ce contact, j'avais besoin de m'en débarrassé afin de retrouver ma chaleur corporelle. Je perdis mon regard sur son visage, j'essayais d'y lire ses traits à l'aide du peu d'éclairage que nous possédions. Je ne connaissais pas beaucoup Jaxhuem, mais il m'avait toujours paru comme quelqu'un d'agréable. Il était peut-être temps d'en apprendre davantage sur sa personne ? et surtout, de faire en sorte que cette journée se termine d'une façon plus agréable qu'elle avait su commencer. L'écriture, c'est ça ton truc, non ? J'étais bien plus douée pour les changements de discutions que pour les excuses, ah ça, oui.

Je ne pouvais pas tout à fait bien distinguer son visage, mais je pouvais voir qu'elle n'avait pas du tout envie de rire. Elle était très sérieuse, soucieuse. Moi, dans sa situation, j'aurais probablement rigolé après avoir entendu un de mes confrères se prendre une de ces débarques. Après m'être assuré qu'il n'avait rien de cassé, aussi. Il faut croire que certains sont plus respectueux que d'autres et que le malheur des autres me faisait trop rire. Une leçon à en tirer peut-être. Elle me demanda alors où je m'étais fait mal, toujours aussi inquiète pour la petite personne insignifiante que j'étais. Peut-être avais-je été trop méchant et accusateur après ma chute ; elle l'avait pris personnel, s'était sentie blessée et maintenant elle essayait de se rattraper parce qu'elle prenait tout sur ses épaules. Ce n'était pas vraiment sa faute, en fait. S'il y avait eu de l'électricité, j'aurais vu où je mettais les pieds, et cet accident ne serait jamais arrivé. Finalement, après avoir décidé que ce n'était juste que le choc de la chute qui m'avait fait mal mais pas une entorse ou une fracture en tant que telle, je me relevai en position assise et demandai à Jules si elle voyait d'où le problème pouvait provenir, et si c'était juste chez nous, chez les Sigma. « Seulement nous, c'est pas notre journée. J'irai bien remettre le compteur en route, mais douée comme je suis, je vais faire exploser tout l'quartier » Dit-elle tout en me tendant finalement le sac de glace que j'allais attraper juste avant qu'elle ne demande : « Tu veux que je le pose où ? » J'allais lui répondre que c'était bon, que j'étais capable de le mettre sur ma peau moi-même, mais après les répliques assez abruptes que je lui avais lancées, valait mieux que je sois plus poli et posé. « Euhm ... sur ma cheville droite, ce sera bon ... merci ... » J'esquissai un sourire dans le noir, doutant fortement qu'elle puisse le voir. Je me serais bien levé pour aller voir le compteur et le remettre en route, puisque je savais comment, mais je doutais être capable de me rendre jusque là. Tant pis. Ça attendrait. À part moi, la panne d'électricité ne semblait avoir dérangé personne. Enfin, à part Jules aussi, qui était maintenant coincée avec l'invalide que j'étais. « L'écriture, c'est ça ton truc, non ? » Je fus surpris de cette question. Nous ne nous connaissions pas du tout et pourtant elle savait cela de moi ; j'étais flatté, en quelque sorte. Je souris. « Oui enfin ... l'écriture de scénarios, de scripts quoi. J'aimerais réaliser des films plus tard. Si j'arrive à me faire un nom dans l'industrie peut-être que ... enfin, c'est beau de rêver quoi. » Je rigolai doucement avant de me concentrer sur elle. Je n'avais aucune idée de son domaine d'études, ce qui me donna l'air de ne pas du tout m'intéresser à elle puisqu'elle, elle connaissait le mien. « Et toi ? Je suis désolé, je suis pas très au courant ici ... » Dis-je pour m'excuser de mon ignorance.

Seulement nous, c'est pas notre journée. J'irai bien remettre le compteur en route, mais douée comme je suis, je vais faire exploser tout l'quartier. J'étais pas douée, ce n'était une nouvelle pour personne. Tu veux que je le pose où ? demandai-je, mes doigts réclamaient de la chaleur. J'essayais de le regarder comme je pouvais, mon regard ayant du mal à s'adapter à l'obscurité dans laquelle nous étions tout deux plongés. Euhm ... sur ma cheville droite, ce sera bon ... merci ... Un sourire ? Je ne l'ai pas vu, j'étais plutôt plongée dans une sorte de pseudo-concentration, je ne voulais pas tromper et déposer la glace sur la mauvaise cheville. Après une courte hésitation, je déposais le sac, espérant alors que cette sensation puisse lui faire du bien. Je relâchai le sac, le laissant s'en occupé à sa guise. Puis, je me posais à ses côtés, tentant de plonger mon regard dans le sien. J'étais d'ordinaire bien plus joyeuse, il fallait que je retrouve ce trait de ma personnalité, histoire de ramener un peu de chaleur au sein de notre maison. Je jouais avec ma lèvre, n'aimait pas le silence et encore moins me sentir bête à ce point. L'écriture, c'est ça ton truc, non ? J'en avais entendu parlé, j'étais toujours à l'écoute de tout ce qui pouvait se passer autour de moi, son talent m'est donc rapidement parvenu à l'oreille. Oui enfin ... l'écriture de scénarios, de scripts quoi. J'aimerais réaliser des films plus tard. Si j'arrive à me faire un nom dans l'industrie peut-être que ... enfin, c'est beau de rêver quoi. Je souriais, réellement intéressée par ce qu'il était en train de me dire. Faut croire en ses rêves, toujours murmurai-je. Et toi ? Je suis désolé, je suis pas très au courant ici ... me demanda-t-il, sans que cela ne m'étonne réellement. J'attrapais une fois de plus mes cheveux, m'imposant une pseudo-tresse sur le côté. La musique, mais je suis autant passionnée par la danse que le théâtre. J'ai par contre aucune idée de ce que je vais faire de ma vie .. Bref, sii t'as b'soin d'aide pour un tournage, hésites pas à me demander ! Je tendais mes jambes, j'avais beaucoup de mal à conserver la même position plus de quelques minutes, j'avais besoin de bouger, toujours bouger. Et t'es là d'puis quand ? Ça par contre, je n'en avais foutrement aucune idée. Je n'avais d'ailleurs pas chercher à le savoir, ma curiosité ayant quelques limites - je préférais le demander aux personnes elles-même plutôt que de l'apprendre par le biais de quelqu'un d'autre.

Jules semblait tellement inquiète à l'idée de faire un faux mouvement, de dire quelque chose qu'il ne fallait pas. S'en faisait-elle toujours autant pour des choses aussi bénignes ? Je n'étais pas du genre à me faire du mauvais sang pour un rien. Bien sûr, j'arrivais à me soucier des autres, là n'est pas la question. Ce que je veux dire, c'est que lorsque que quelqu'un se montrait plutôt abrupt avec moi ou qu'on se fâchait après mes actes et mes insouciances, j'avalais la remarque sans la ruminer pendant trois ans. Disons que c'était des événements qui m'importaient peu. C'était donc assez amusant à mes yeux que Jules soit tellement à l'opposé de ce que j'étais. Même placer le sac de glace sur ma cheville semblait être une question de vie ou de mort. Avais-je tant donné l'impression d'être un tyran ? Il fallait que je me rattrape.

Déjà, notre conversation sur nos passions étaient plus légère. Nous avions tous les deux un ton doux. Cela arriverait probablement à la mettre plus à l'aise, plus en confiance. « Faut croire en ses rêves, toujours. » Me murmura-t-elle alors que je venais de lancer, comme ça, en l'air, que je rêvais probablement trop en couleur, que de percer aux États-Unis était difficile pour un cinéaste. J'hochai tout de même la tête face à ces sages paroles bien trop faciles à dire. « Sans doute. Puisque ce sont nos rêves qui nous motivent. Si je ne crois pas en eux, je n'irai pas bien loin. » Déclarais-je avec un sourire songeur et lunatique. Je demandai finalement à Jules ce qu'elle, elle faisait. Après tout, si elle était Sigma, c'était probablement parce qu'elle étudiait l'art, quelle que ce soit la forme qu'il prenait. Et j'adorais tout ce qui touchait l'art de près ou de loin - et puisque l'art touche à à peu près tout, j'aimais pas mal tout plein de choses. « La musique, mais je suis autant passionnée par la danse que le théâtre. J'ai par contre aucune idée de ce que je vais faire de ma vie .. Bref, sii t'as b'soin d'aide pour un tournage, hésites pas à me demander ! » Je la regardai un moment en réfléchissant et en hochant la tête. « Tu composes ? C'est certain que j'aurai besoin de musiques originales pour mes films ... du piano j'adore. Une mélodie un peu nostalgique et rêveuse. Il faut que je trouve un script qui me permettra d'en faire la musique principale. » Je venais carrément de l'inviter à collaborer dans mes futurs projets alors que ceux-ci étaient encore inexistants, et que je n'avais même pas seulement entendu de quoi elle était capable. Il fallait bien s'entraider entre novices. « Et t'es là d'puis quand ? » Je calculai rapidement dans ma tête. « Quatre ans. Je vais bientôt terminer en fait, c'est plutôt terrifiant. Et toi ? » Nous apprenions à nous connaître, hein. Nous en étions encore aux connaissances basiques de l'autre.