Nous étions sur la fin. Il ne demandait qu’une chose, la libération. Nous étions sensuelles et sauvages, tout ce que ce beau chirurgien réclamait et attendait lors de ses longues soirées dans l’hôpital. Un peu d’amusement, sortant de l’ordinaire et du quotidien était bénéfique, et il pourra nous remercier car son bistouri en sera meilleur. Grâce à nous, ce beau spécimen allait s’appliquer davantage puisqu’il aura été heureux de partager un moment aussi privilégié avec les deux coquines que nous sommes. Mais alors que nous allions commencer dans l’action pure, je vous Juno se raidir complètement à côté de moi avant de plonger sous le brancard. Fronçant des yeux, je cherche ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état. Car pour mettre Juno à bas, il en fallait beaucoup croyez-moi. Je baisse le visage vers elle, complètement dans l’incompréhension et la rejoint sous le brancard. Et là, elle m’explique alors pourquoi elle s’était soudainement changée en glace alors que nous étions deux braises quelques secondes auparavant. Sa mère. J’avais su que la situation familiale de Juno était délicate, comme la mienne et c’est ce qui nous avait encore plus rapprochés. Mais je ne m’attendais pas à ça. Coup de massue. Écarquillant les yeux, je grimace à la fin de ses révélations. « Charmant, comme tu dis… En effet, vaut mieux pas qu’elle nous voit, et surtout dans cet état… » J’esquisse un sourire, car la situation, même angoissante, étant tout de même amusante. Mon cœur s’était accéléré et je sentais l’adrénaline remplir mon être. Encore mieux que tout. Remettant ma veste en place, je me redresse et on s’excuse auprès de chirurgien qui ma foi, avait plus envie de nous trancher la gorge que nous faire crier, c’était certain. Je souris à la léchouille de Juno sur sa joue avant qu’elle ne m’attrape par la main pour qu’on sorte dans le sens opposé de sa mère. On dévale les couloirs à une allure raisonnable, pour éviter aucun soupçon avant qu’elle nous enferme dans une pièce informatique. Excitée par son plan d’évasion, je m’adosse contre la porte de la salle. « Très bonne idée… Dommage qu’on ne puisse pas faire les Rambo en même temps… La prochaine fois… » J’étire mes lèvres dans un sourire rêveur.

« On va aller chez moi… J’ai tout ce qu’il faut pour continuer la soirée sérieusement. Et je compte bien à ce qu’on reprenne notre pari ma chère… Cette nuit ou demain, je sais que tu tiendras parole. » Je sors une cigarette de ma poche de blouse qui contenait également mon portable. De toute façon, elle allait déclencher une alarme alors un peu plus de fumée ou non. Je reste appuyée contre la porte le temps que mon amie s’occupe à manipuler avec expertise le clavier tout en s’infiltrant dans le système. Un vrai génie, digne de Cortex lui-même. Bien qu’heureusement pour elle et son esthétique, son cerveau n’était pas aussi développé physiquement parlant. Alors que j’écrase mon mégot sur le sol, l’alarme retentit à tel point qu’il faut se boucher les oreilles. Hilare, on sort de la pièce alors que déjà la panique semble prendre place dans les couloirs. Attrapant la main de Juno, on se dirige vers les escaliers de secours en vitesse et on les dévale en entendant déjà les pas derrière nous. Mieux valait pour nous ne pas faire de vieux os et descendre par les garages sous-terrain. Je ne pouvais contenir mon rire de la situation cocasse et épique. La porte claque contre le mur et on traverse le parking pour aller jusqu’au grille extérieur. Encore un coup de mon petit génie auprès du système d’ouverture et nous voici à l’air libre. Mettant mes mains sur mes cuisses, penchée en avant pour reprendre mon souffle, je croise le regard de Juno et nous explosons de rire. « Ah, c’était encore mieux que mes orgasmes passés ! » Puis, les sirènes retentissent et on fait mouche de l’endroit où nous étions. Déambulant dans les rues sombres de San Francisco en blouse de médecin, on va jusqu’à mon appartement dans les quartiers dit « campagnard » de la ville. Mon appartement était certes couteux mais modeste en apparence. On grimpe les étages rapidement avant que je fasse tourner la clé. C’était un studio sur deux étages. Un grand salon ouvert sur ma cuisine et à l’étage, les chambres. Les parents riches, bien que souvent contraignant, avait un avantage considérable en ce qui concerne le matériel. Je retire ma blouse sans me soucier de ma tenue légèrement et attrape deux peignoirs dans la salle de bain. J’en lance un à Juno. « Bien… Comment tu comptes faire pour savoir pourquoi elle était là ? Tu veux mon ordinateur ? Tu as besoin de quelque chose en particulier ? » J’ouvre mes placards et ramène diverses friandises ainsi que des boissons, puis je me pose dans mon canapé en soupirant. « Quelle soirée… »

Je souris à Juno. Le coca frappé était notre boisson après l'alcool. Nous nous ressemblions sur bien des points que c'était troublant. De plus, nous étions toutes les deux des bonbonvores. En d'autres termes, nous dévorions les sucreries avec facilité, vidant les paquets sans s'en rendre compte. On pourrait croire que nous sommes des clones, bien que je n'ai ni ses formes sulfureuses, ni son intelligence surdimensionnée. Je ne suis pas conne pour autant, mais je n'ai pas le cerveau d'Einstein. Chercher un moyen de savoir pourquoi sa génitrice était ici. Mais Juno semblait non pas perturbé, mais gêné par le fait qu'elle soit en ville. Ce qui était compréhensible. Et je ne pouvais que la soutenir. Aussi, je me contente de hausser les épaules lorsqu'elle dit avoir besoin de mon ordinateur, mais qu'elle effacerait ses traces. Ma bouche s'ouvre lorsqu'elle avoir planté le système du gouvernement et elle enchaîne en me promettant de me le raconter. Je souris en ajoutant : « J'y compte bien » avec un haussement de sourcil. Croisant les jambes, j'ouvre le paquet de bonbons et sors un crocodile dans lequel je mords avec vigueur avant de redresser le regard vers Juno suite à sa question. « Honnêtement, je ne saurais te dire. Je la connais pas donc je ne peux pas dire si c'est dans un but maternelle ou professionnelle. Mais une chose est sûre, elle semblait plutôt ressembler à un prédateur qu'une mère cherchant son enfant dans l'hôpital. » Je grimace. J'étais consciente de ne pas l'aider, mais le cerveau c'était elle. Et puis, c'était un truc familial qui n'était pas dans mes cordes. Mon père était certes l'un des meilleurs avocats de New York, mais je n'avais jamais été mêlé à ses affaires, question de sécurité. Elle retire sa blouse pour mettre également le peignoir. On était plus au chaud et aussi plus à l'aise que dans cette tenue utile uniquement pour attirer les sexys docs dans nos filets.

Elle prend mon ordinateur portable et lève le regard dans l’attente d’un accord que je lui donne avec un sourire. Le silence s’installe alors que ma geek préférée commence à pénétrer dans le système du FBI. J’en profite pour m’allumer une cigarette, posant ma tête contre le dossier de mon canapé en faisant des ronds avec ma fumée. Je passais le temps, pour finir par me redresser lorsqu’elle parle de prostitution. Mes yeux s’illuminent aussitôt et avec un sourire en coin, je réponds d’une voix amusée. « Ça veut dire que j’ai hâte de ressortir ma belle tenue que tu m’as offert pour cette soirée pasteur et catin l’année dernière… » Je ris légèrement à ce souvenir. Des hommes en prêtres alors que toutes les filles étaient déguisées en putes. Un remake d’un film le temps d’une soirée, et croyez-moi que Juno & moi avions fait encore des nôtres. Mais où que nous soyons, tant qu’on était ensemble, on risquait toujours de semer la zizanie. Et c’était notre but ultime. J’avance mon buste pour écraser mon mégot de cigarette avant de porter mon verre de coca frappé aux lèvres. « Pourquoi être à l’hôpital si c’est une question de prostitution ? Tu crois qu’elle avait un contact au sein de l’hôpital ? » Simple coïncidence ou ma belle brune était suivie depuis le début de la soirée ? Car si la deuxième option était véridique, ils étaient donc près de mon appartement. Pris de panique un court instante, je me redresse et tire les rideaux de ma grande baie vitrée pour scruter l’extérieur. J’étais légèrement parano parfois, que voulez-vous. En traînant avec une fille comme Juno, sachant de quoi elle était capable, y’avait de quoi serrer les fesses parfois. « Simple question. Je sais, tu vas dire que c’est stupide, mais… Ta mère ne risque pas de te reconnaître si on s’incruste en prostituée là-dedans ? À moins que tu te déguises en homme et que tu fasses mon Mac ? Ou on échange les rôles, mais t’as intérêt à sacrément te maquiller… » Je lève un sourcil en m’installant de nouveau sur mon canapé, rassurée de n’avoir rien vu dehors.