Qui était cet imbécile qui laissait croire aux gens que le yoga détendait ? Surement un triple idiot qui ne savait surement pas de quoi il parlait, un sombre crétin qui ne devait pas avoir de problèmes de sa vie. Ah si, il avait des problèmes comme savoir comment peigner le peu de cheveux qui lui restait sur la tête ou encore quelle couleur faisait ressortir la couleur de ses yeux. C’était la seule explication plausible, impossible que ce soit autre chose, on ne pouvait pas sciemment faire croire que quelques positions pouvaient faire envoler vos problèmes comme par magie. Balivernes. Cela faisait près d’une heure que la jolie russe courait dans les rues de San Francisco, essayant d’évacuer tout le stress accumulé ces dernières semaines. La nuit avait été de courte durée, le peu de temps qu’elle avait dormi n’avait servi à rien puisqu’elle était toujours au même point. Calyope était dernièrement sujette à des insomnies et dans ces cas là, elle passait la nuit dans la chambre de son fils, à le veiller. Les cauchemars du petit garçon faisaient de moins en moins acte de présence mais, ils étaient bel et bien présents alors, elle restait à ses côtés pour le calmer et le rassurer. Le travail d’une mère en somme. Dans ces moments là, ses pensées la ramenaient malheureusement toujours à Zoé. La fillette n’avait pas eu le temps de s’habituer à sa nouvelle famille, sa nouvelle vie qu’on la retirait déjà de cet environnement qu’elle affectionnait. Ne pas pouvoir prendre la fillette dans ses bras, la rassurer quand au futur lui faisait ressentir son impuissance. Et lorsque les journées commençaient ainsi, même le yoga ne servait à rien pour la détendre. En Angleterre, la brunette se serait surement occupée de ses affaires, légales ou pas, elle se serait tuée à la tâche jusqu’à ne plus penser à ses problèmes. Un break qui lui permettait de reprendre le dessus. Mais elle n’était pas en Angleterre, elle n’était plus la femme d’affaires qui débarquait à n’importe quelle heure pour s’assurer que tout allait bien. Non ! Elle était simplement un professeur de danse et de théâtre qui confiait son fils à son gentil voisin à une heure matinale pour pouvoir se vider l’esprit en courant. Calyope devait avouer que cette technique était bien plus efficace, même si ses problèmes restaient bien encrés dans son esprit, la journée pouvait enfin commencer.

Une fois rentrée chez elle, la belle O’Bannion prit une douche avant de prendre son petit-déjeuner en compagnie de son fils. Ils prirent ensuite la route de l’école où la jeune mère déposa son fils avant de reprendre la route pour l’université où elle devait donner des cours. Garant sa voiture dans le parking, elle se dirigea vers la salle de danse où ses étudiants devaient surement l’attendre. Non pas qu’elle était en retard mais, depuis qu’elle était arrivée à Berkeley, les règles avaient été claires : aucun retard ne serait toléré. Elle n’aimait pas que son cours soit dérangé par les retardataires, la danse nécessitait une concentration totale et complète. Mais il fallait croire que tout le monde n’était pas du même avis. Malheureusement pour le professeur de danse, la salle de musculation était juste à côté et cela rendait le travail un peu plus compliqué car bien sûr, les jeunes filles étaient occupées à autre chose. Rappelant à l’ordre ses étudiants, la jolie brune se remit à enchaîner les pas sous leur regard attentif, pas qu’ils s’empressèrent de reproduire tout en suivant les conseils de leur aînée. Et lorsque le cours se termina, Calyope préféra continuer seule, la danse l’apaisait. Lorsqu’elle dansait, plus rien n’avait d’importance. Lorsqu’elle dansait, le monde autour d’elle n’existait plus. Lorsqu’elle dansait, elle avait l’impression que rien ne pouvait l’atteindre. « C’est bien pour ça qu’ils sont là, pour apprendre. » Répondit-elle d’un ton calme en se retournant vers le perturbateur. « Seriez-vous en train de vous jeter des fleurs ? » Questionna-t-elle ensuite en lui offrant l’un de ses plus beaux sourires. A croire que la journée n’était pas totalement fichue, elle prenait même un tout autre tournant.

La vie de fugitive n’était pas de tout repos, elle n’était pas non plus si excitante que ce que pouvez penser les autres, ça non. Bien sûr, il y avait cette montée d’adrénaline, cette sensation d’aventures qui n’en était pas une d’ailleurs, ces sensations fortes lorsqu’on se retrouvait traquait comme un gibier et qu’on réussissait à s’échapper. C’était une bien belle vie pour quelqu’un qui n’avait ni obligations, ni devoirs, pour une femme n’ayant pas un enfant à sa charge. Elle le retenait bien Maximilian et ses satanées histoires. Qu’il brûle en enfer ! Il le mériterait bien. Calyope lui en voulait tellement et en même temps, elle ne pouvait s’empêcher de l’aimer, certes elle ne tenait plus à lui autant que par le passé, il avait mis en danger leurs vies et celle de leur fils et ça, elle ne lui pardonnerait jamais. Il restait le père de son enfant, il restait un homme qu’elle avait aimé de tout son être et il restait malheureusement une partie de sa vie, inoubliable. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour se retrouver en Angleterre ou en Russie ou dans un tout autre endroit de sa vie d’avant. Mais c’était tout simplement impossible. Ce serait s’exposer, elle et Lukas, c’était beaucoup trop risqué surtout maintenant qu’elle arrivait un tant soit peu à reprendre un rythme de vie à peu près normal. Son esprit ne connaissait pas le repos, les idées n’arrêtaient pas de fuser et ces derniers temps c’était encore pire. Danser lui permettait de faire un break et d’oublier pendant un certain laps de temps qu’elle devait se battre pour sa liberté et garder le semblant de famille qui lui restait intact. Lorsqu’elle dansait, elle était tout simplement une femme qui s’évadait de sa vie de tous les jours et qui récrivait son histoire de la plus belle des façons. « Et flatteur en plus de ça ! » Commença-t-elle toujours ce même sourire aux lèvres. « Ne vous en faites pas pour moi, mes étudiants n’ont pas besoin que je les rappelle à l’ordre pour me suivre… A l’exception bien sûr de ces pauvres filles qui n’ont jamais du voir un homme de leur vie et qui serait prête à sauter sur tout ce qui bouge… Mais, on ne peut pas leur en vouloir, n’est-ce pas ?! » Elle n’avait rien contre ces étudiantes, elle n’aimait tout simplement pas qu’on lui fasse perdre son temps. Elles étaient là pour apprendre à danser et non pas pour baver sur des garçons comme si c’était la première fois qu’elles en voyaient un. Les jeunes d’aujourd’hui, même pas capable d’être sérieux. « Ca c’est vous qui le dites ! » La belle russe adorait provoquer les autres surtout lorsqu’il s’agissait des hommes. C’était l’un de ses passe-temps favoris et l’un de ses talents aussi. « Calyope Ilena O’Bannion, enchantée. » Que la partie commence, pensa-t-elle. Ils allaient bien s’amuser. Debout au milieu de la salle de danse, elle vit son interlocuteur se débarrasser de son sac ainsi que de sa veste sans vraiment en comprendre la raison, raison qui ne tarda pas à lui être dévoilée. D’abord surprise, elle ne tarda pas à prendre sa décision. Ce n’était pas tous les jours qu’on lui proposait de danser un tango et elle ne pouvait clairement pas refuser surtout que Charles-Edouard ne la laissait pas indifférente. C’était une femme après tout et lui un homme. Ils étaient majeurs et vaccinés. S’approchant un peu plus de lui, elle laissa trainer sa main sur son torse avant de murmurer à son tour. « Tu ne seras pas déçu du voyage ! » Elle se retira aussitôt sa phrase terminée, lui tournant le dos, accentuant son déhanchement. Elle changea la musique déjà présente par une autre plus appropriée pour un tango. « Laisse-nous voir de quoi tu es capable… » Lâcha-t-elle toujours aussi provocante. La vie ne valait rien si on elle n’était pas pimentée de la sorte.