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 |  Sujet: Assieds-toi… et dites-moi tout {Yseult} Mar 1 Nov - 12:26 | |
| Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a… C’était vrai, certes, mais qu’est-ce que c’était frustrant !
Alcide vivait avec tant de résignation et de frustrations diverses qu’il lui arrivait souvent d’avoir l’impression de cultiver lui-même sa propre dérive, ne sachant pas plus comment s’en tirer que comment se satisfaire de ce qu’il avait.
C’était toujours la même rengaine, au fond, mais l’homme commençait à avoir beaucoup de difficultés à gérer tout cela. Il avait déjà beaucoup d’échecs à son actif, familiaux ou sentimentaux pour la plupart, et cela avait quelque peu tendance à le pousser vers l’aigreur.
Depuis quelque temps, heureusement, le quinquagénaire avait trouvé une personne tout à fait apte à écouter ce qu’il avait à dire. Bon, Yseult était une collègue psychologue. Et alors ? depuis le temps que van Stexhe cherchait un bon psy, trouver une psy qui était bonne c’était tout à fait convenable et correct pour lui. Bonne dans le sens de « compétente », bien sûr.
Avec elle, il y avait deux versants à la relation. D’abord un aspect professionnel se traduisant, du côté d’Alcide, par l’emploi du vouvoiement et de tournures plutôt polies et recherchées, en bon littéraire qu’il était à la base. Ensuite, eh bien, il y avait le côté amical… deux collègues qui s’entendent relativement bien et qui assument une relation de confiance réciproque et de confidences réciproques… parfois il était un peu difficile de faire la différence entre une petite confidence faite à sa psy ou à une amie, mais Alcide avait l’impression que cela se passait plutôt bien malgré tout. En tout cas, ça ne se passait pas trop mal.
Ce jour-là, était-ce la psychologue ou l’amie que l’homme avait envie de voir ? Lui-même avait du mal à bien définir ce qu’il cherchait exactement. Alors, oui, il fallait essayer de s’y retrouver en usant de petits stratagèmes comme le tutoiement et le vouvoiement. Mais bon, ce n’était de toute façon pas idéal non plus. Cependant, quand on a cinquante ans et qu’on a enfin trouvé une professionnelle de la psychothérapie qui est capable de nous remettre la tête sur les épaules quand il le faut, de manière plutôt adaptée, on ne cherche pas à séparer vie privée et vie professionnelle. Ainsi, Yseult pouvait tout à la fois être l’amie et la psy, l’homme s’en accommodait très bien. Et elle aussi, de son côté, apparemment.
Il arrivait parfois que l’un contacte l’autre avec le besoin urgent de parler. Alors il était question de procéder comme un pro, de recevoir l’autre comme un patient et d’agir avec lui en conséquence. Et réciproquement. Les rôles n’étaient pas mal définis, ils étaient juste interchangeables. Commutatifs. La consultation pouvait donc prendre une tournure bilatérale à tout moment. Ça ne dérangeait ni Yseult ni Alcide. Ne dit-on pas, souvent, que les psychologues, psychothérapeutes et psychiatres sont les premiers à avoir besoin d’une bonne thérapie ?
Pensant à cette idée stéréotypée, Alcide marchait dans les couloirs de Berkeley. Il devait voir miss Seymour, aujourd’hui. Parce qu’il y avait pas mal de choses qui le turlupinaient et dans lesquelles il avait un peu de mal à voir assez clair pour s’en sortir facilement tout seul. Un regard extérieur et aiguisé, celui d’Yseult, allait sans doute pouvoir faire la lumière sur tout cela.
Arrivé devant la porte du bureau ou du cabinet – il ne savait pas exactement comment il fallait appeler cette pièce qui semblait remplir les deux fonctions – du docteur Yseult Seymour, van Stexhe frappa deux petits coups avant d’ouvrir la porte quand on l’y invita.
"Hello Yseult… Tu as un peu de temps ?"
Il n’avait pas pris rendez-vous. Peut-être une erreur de sa part, mais il n’y avait pas pensé. C’était sans doute pour ce genre de distractions, aussi, qu’Yseult était la seule avec qui cela se passait si bien. Elle était la seule à accepter les oublis de venir ou les oublis de prendre rendez-vous. Peut-être bien passait-elle l’éponge parce qu’ils étaient aussi des amis, mais ça arrangeait bien van Stexhe qui avait régulièrement des trous de mémoire de ce genre-là…
Qu’elle ait ou non du temps à lui consacrer, Alcide était au moins venu jusqu’à elle pour lui faire la bise. En toute amitié. Il n’aurait pas pu faire autrement que la saluer, de toute façon.
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| | Sujet: Re: Assieds-toi… et dites-moi tout {Yseult} Mer 21 Déc - 11:28 | |
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