Vendredi 21 octobre. Cela faisait un peu près un mois que Zara avait entamé ses études afin de devenir infirmière et elle n'avait qu'un mot à la bouche: travail! On aurait pu clairement se demander où été passée la jeune fille si fêtarde qu'elle était lors de ses années de mannequinat. Mais Zara n'avait plus 18 ans et cette envie de s'éclater, bien que présente, diminuait face à cette envie de se surpasser. Reprendre ses études était comme une nouvelle chance pour une nouvelle vie. Zara avait toujours fonctionné ainsi. Afin de se relever, elle préférait recommencer tout de zéro. La toute première fois que cela c'était passé, elle était arrivée ici en Californie. Elle avait seize ans et avait toute une vie à construire. Ses rêves de petite fille s'étaient déjà envolés. On lui avait volé un bout de son innoncence. Zara avait failli sombrer. Mais le changement de pays lui avait fait le plus grand bien et elle s'était relevée plus forte que jamais. Bien sûr, elle gardait des séquelles de son passé mais maintenant, elle vivait de mieux en mieux avec. Alors quand la jeune fille avait retrouvé son fiancé dans les bras d'une poupée barbie, elle fut sous le choc. Zara ne trouvait plus le goût de ne rien faire, même son métier: le mannequinat. Et encore une fois pour ne pas sombrer, elle changea de cap, misant sur une reprise d'études. Avec plus de maturité, elle pensait que cela serait beaucoup plus facile. Sauf qu'à force de voyager, de s'amuser, Zara en avait oublié la fatigue que cela engendrait de bosser dur. La demoiselle n'avait encore organisé aucune sortie et ses temps de poses étaient consacré à l'étude de ses cours, tous plus passionnants les uns que les autres.

Mais aujourd'hui, c'est dépitée qu'elle sortit du cours de biochimie. C'était la première fois qu'elle s'était sentie si désemparée face à un cours. Elle n'avait pas su se concentrer et résultat, elle n'avait pas compris grand chose à la leçon. La jeune américo-australienne soupira avant de prendre la décision de lâcher prise et d'aller se prendre un bon chocolat chaud à la cafétaria de l'université. Ce remède avait toujours eu le don de la réconforter, c'était son échappatoire face au stress. A cette heure-ci, beaucoup d'élèves avaient encore cours et l'endroit était donc assez calme. L'ambiance était parfaite pour la jeune fille qui s'installa à une table non loin d'une fenêtre. Elle avait pris cette habitude de toujours pouvoir observer au dehors. C'est d'ailleurs avec une ébauche de sourire sur les lèvres que la jeune fille suivit des yeux un groupe d'élèves qui se dirigeaient vers des amphithéâtres. Zara avait la chance d'avoir une heure de fourche en plein milieu de la matinée et était contente de ne pas avoir à lutter contre le froid qu'il faisait aujourd'hui. Maintenant habituée à mettre ses temps libres à profit la jeune fille sortit son agenda et tomba nez-à-nez avec une photo. La photo n'était pas récente mais cela ne faisait pas si longtemps que cela qu'elle avait sa place dans l'agenda de la jeune américo-australienne. Zara avait viré la photo d'Ismaël & d'elle, tout sourire et l'avait remplacée par celle d'un homme qu'elle ne connaissait pas encore mais qui faisait l'objet de ses recherches quand elle en trouvait le temps. Machinalement, elle retourna la photo comme si l'adresse de cet homme allait lui apparaître, alors qu'elle savait qu'elle ne trouverait que le nom de celui-ci: Achille Brookens. Sa mère lui avait dit qu'il avait été une petite amourette. Et que cette petite amourette lui avait donné neuf mois plus tard deux adorables filles, autrement dit: Théa&elle. Cet homme ne le savait pas. Zara n'avait jamais jugé utile de retrouver ce père biologique et encore maintenant, elle se demandait pourquoi elle avait entreprit des démarches. Démarches qui n'avaient d'ailleurs mené à rien puisqu'Achille était introuvable dans les registres. Comme si il n'existait pas. Zara soupira tout en contemplant l'homme qu'elle aurait du connaître si tout c'était déroulé comme prévu. Mais rien ne se déroulait jamais comme prévu, pas vrai?

Achille Brookens. Combien de fois Zara n'avait pas essayé de l'imaginer vivre dans son espace? Faire partie de sa vie? Elle ne les comptait même plus. Quand elle était plus jeune, elle avait d'ailleurs esperé qu'il fasse sa réapparition et son monde aurait certainement été meilleur. Car dans ses pensées l'homme ne devait pas être un homme mauvais si sa mère était tombée amoureuse de lui. Mais bon, sa mère ce n'était pas non plus une référence en matière d'amour. Il n'y avait qu'à voir son ex-beau-père. Sans lui, la jeune australienne aurait certainement réussi à vivre sans démon. Si seulement son père biologique n'était pas parti comme un lâche, sa mère ne se serait pas remariée avec cet homme. Cet homme qui l'avait violée quand elle avait quinze ans. Il avait fallu un an à sa mère pour comprendre que l'homme qu'elle aimait et qui lui avait donné deux autres enfants n'était pas l'homme qu'elle croyait. Il était capable du pire! La réaction avait été immédiate. Ils avaient fuit. Mais fuir le passé n'était pas une chose facile. Car même si elle avait changé d'environnement, Zara revoyait chaque nuit ce qui s'était passé avec cet homme répugnant. Cauchemard sur cauchemard, comme si il la poursuivait encore. Oui, elle était hantée par cet ex-beau-père et cela se répercuttait sur ses relations face aux hommes. Le seul chéri en qui elle avait eu confiance, le seul qui avait réellement su l'approcher, leur relation avait été gachée, comme souvent. Zara secoua la tête, préférant ne pas penser au jeune homme. Elle ferma les yeux et essaya d'imaginer, une nouvelle fois Achille en action. Et si elle se retrouvait face à lui? Comment réagirait-elle? Et lui? Il se retrouverait face à une demoiselle de 24 ans...

« Désolée de te déranger mais, où as-tu eu cette photo ? »

Zara sursauta légèrement sur sa chaise, rouvrit les yeux et posa son regard bleu sur la demoiselle qui venait de la sortir de ses rêveries où son père aurait été un homme de confiance, un homme droit, un homme qui n'aurait pas abandonné sa mère. La demoiselle observa un cours instant la jeune femme qui se trouvait face à elle avant de se rendre compte que celle-ci venait de lui poser une question. Où as-tu eu cette photo? Mais quelle importance cela avait? Zara fronça les sourcils avant de penser qu'il était probable que la demoiselle qu'elle ne connaissait pas sache qui était ce Achille. Peut-être était-ce son voisin? Ou alors son oncle? Une tonne de questions traversèrent l'esprit de Zara mais elle se devait d'abord de répondre avant de questionner à son tour la jeune femme.

" Ma mère me l'a donnée "

C'était court mais elle ne se voyait pas déballer sa vie à une demoiselle qu'elle ne connaissait pas.

" Et toi, d'où connais-tu cet homme?"

Elle allait enfin savoir. Après des heures de recherche, elle allait enfin pouvoir avoir une réponse à sa question: qui était son père? Le coeur de Zara se mit à battre un peu plus vite, tout en attendant la réponse de la jeune femme.