Un mot, huit lettres, VACANCES. Elles étaient enfin là. Après un an de travail intense pour pouvoir dans la classe supérieure, voila qu’elle y était arrivée. Les vacances étaient vraiment méritées après tout ce qui était arrivé ces derniers jours. Non seulement ses derniers examens avaient été redoutables, mais en plus sa vie amoureuse avait fini par être une véritable catastrophe. Comment était-elle tombée aussi bas en quelques jours à peine ? Mystère non résolu. Alors quand bien même, les élèves s’étaient précipités à Cancun sourire aux lèvres grâce à un match gagné par les Iotas, dont elle ne faisait désormais plus partie, elle avait préféré décliné l’invitation et rester ici-même à Berkeley avec comme seul ami désormais, son ennui profond. Il est vrai que peut-être le Mexique aurait pu lui faire du bien mais elle ne se voyait décemment pas, se retrouver dans le même hôtel avec Ethan et Damian. D’autant qu’aux dernières nouvelles le premier y était parti pour faire un maximum de « rencontre » et le second avec Constance La Tour Dubois. Autant dire que si elle ne voulait pas se tirer une balle moins d’une journée après avoir mis les pieds sur la plage, rester en Californie restait une bien meilleure option. Elle aurait souhaité passer plus de temps avec sa sœur jumelle, mais ses plans avaient été contredis par le fait que Manon ait fait ses bagages directions Paris. Elle comptait retrouver ses anciens amis français et Plum se voyait mal faire le boulet en la suivant, d’autant qu’elle ne maitrisait toujours pas des masses la langue Française.

Ainsi après avoir réfléchi à un moyen de se tuer en bonne et due forme – plaisanterie, quoique- , elle chercha un moyen de passer son été. Elle avait prévu de retourner chez ses parents adoptifs en aout, mais elle ne comptait pas passer les deux mois avec eux. Si seulement un de ses amis étaient restés en Californie cet été, ils auraient pu à deux faire la tournée des bars et passer un été de folie. Ce n’était malheureusement pas le cas, il fallait bien qu’elle accepte son triste sort. Elle allait passer le pire été de sa vie à broyer du noir. Du moins c’est ce qu’elle avait pensé avant de passer par hasard devant une annonce faite par l’université elle-même, qui demandait des inscriptions de tuteurs pour différentes matières. Ni une, ni deux Plum avait inscrit son nom en grosses lettres. Elle était douée pour aider et expliquer aux gens leur pourquoi du comment des sciences, d’ailleurs régulièrement et ce depuis sa première année, elle aidait différentes personnes de sa classe dans le besoin. Elle avait un très grand cœur et elle n’hésitait jamais à aider les autres quand elle le pouvait, jugeant que si elle était capable de le faire, ce serait un crime de ne pas mettre son don aux services des autres. De plus le meilleur moyen de ne pas déprimer restait encore de s’occuper les neurones, se plonger dans les bouquins et n’en sortir que très tard le soir, sauf que son niveau était déjà supérieur à beaucoup d’autres élèves de sa promotion, et qu’elle ne voyait pas trop ce qu’elle pourrait approfondir dans son savoir de la science, le tutorat semblait donc être la meilleure option possible.

Et le soir même, elle reçu un coup de fil d’une certaine Alexeen, qui voulait revoir ses bases en biologie, après avoir pris son numéro de téléphone au cas où elle aurait un empêchement de dernière minute, elle lui donna rendez-vous dès le lendemain matin à neuf heures en salle de tutorat. Plum était très matinale et cela ne la dérangeait absolument pas de se lever tôt même en période de vacances, mais elle voulait surtout tester sa nouvelle élève et ses motivations. Elle savait juste qu’elle était une Epsilon, et même si elle évitait d’avoir des préjugés sur les gens, elle ne pouvait s’empêcher de craindre le pire. Elle connaissait des Epsilons tout à fait adorable, dont une faisait d’ailleurs partie de ses meilleures amies, mais elle en connaissait aussi de vraies teignes, qui prenaient les gens de haut et qui se sentaient supérieurs à la moyenne. Elle craignait que la jeune femme ne se lasse bien rapidement d’étudier et qu’elle préfère au final, aller faire flamber la carte de crédit de papa/maman. Et s’il y avait bien une chose que Plum détestait c’était l’échec par abandon. Elle se rendit donc à ce premier cours de tutorat, avec l’idée de la tester. La chose était très simple, si Alexeen n’en faisait qu’à sa tête et ne se montrait pas motiver, elle n’aurait qu’à se trouver un autre tuteur qui veuille bien d’elle. Après tout, rien ne l’obligeait à passer son été à donner des cours de soutien ou de rattrapage et bien que Plum ait d’ordinaire un excellent caractère, les événements récent, l’avait mise dans une sacrée mauvaise humeur. Mieux valait donc que Alexeen fasse profil bas, et sois une gentille élève attentive au lieu d’être une grande gueule casse pied. Peut-être même qu’elles pourraient se trouver des points communs et être devenues proches à la fin de l’été.

Pénétrant dans l’enceinte de l’établissement, faisant claquer ses ballerines sur le sol, elle se dirigea vers la salle de tutorat où elle eut la bonne surprise de voir d’ors et déjà son élève. Cela faisait un bon point pour elle. Lui souriant légèrement, Plum s’approcha d’elle et lui tendit la main de manière très conventionnelle. Après tout, elle ne la connaissait pas encore et ce qui allait les lier c’était une relation de travail bien qu’il n’y ait aucun salaire à la clef. « Je suis Plum, ta tutrice. Et tu dois être certainement Alexeen. » Commença-t-elle. « Contente que tu sois à l’heure, c’est déjà un très bon point. » Lui avoua-t-elle, sans toutefois lui dire qu’elle avait bien cru qu’elle aurait changer d’avis pendant la nuit et qu’elle aurait préféré faire la grasse matinée plutôt que de se pointer à ce cours très matinal. « J’aimerais toutefois mettre les choses au clair, si tu n’es pas motivée et que tu penses abandonner dès le second cours, tu peux directement sortir de cette salle. Je ne perdrais pas mon temps avec une élève démotivée. » Le message était passé, si Alexeen ne se sentait pas d’attaque c’était le moment pour elle de prendre la suite, elle s’engageait sinon à être une élève sérieuse et ce même si le soleil et la plage lui faisait de l’œil plus que ses bouquins.

Elle avait l’impression d’être puni, puni pour un crime qu’elle n’avait pas commis. Elle était devant un tribunal et il la condamnait à des semaines de dépression alors qu’elle n’était pas la coupable dans l’histoire. Ethan, c’était lui qui avait mis en péril leur relation, lui qui l’avait humilié et aussi celui qui s’en sortirait dans l’histoire alors qu’elle allait passer le pire été de sa vie. Elle ne méritait pas de rester à berkeley cet été à bouquiner des livres qu’elle connaissait par cœur, à regarder des films qui lui donnerait envie de pleurer comme une madeleine, à sortir avec des gens qu’elle n’avait pas vraiment envie de voir mais qu’elle n’avait pas le choix parce que les autres avaient disparus à l’autre bout du monde. Et pour le finir, le pire du pire, donner des cours gratuitement à des élèves ingrats qui la détesteraient probablement parce qu’elle allait les empêcher de profiter pleinement de leurs vacances, alors qu’elle n’y était pour rien. Bien sûr elle aurait tout de même pu se rendre à Cancun, mais elle était certaine que si elle l’avait fait, elle aurait au final plus pleuré que rit. Elle ne voulait pas paraitre pitoyable devant les autres, elle voulait faire bonne figure. Ainsi lorsque tout le monde reviendrait de vacances et étaleraient leurs souvenirs plus heureux les uns que les autres, elle n’aurait qu’à inventer une histoire à dormir debout pour expliquer le pourquoi du comment elle n’avait pas mis les pieds ailleurs qu’en Californie. Elle pourrait toujours dire qu’elle avait rejoint sa sœur à Paris pendant quelques jours même si ce n’était pas vrai, après tout qui irait vérifier ? Perdue dans ses songes toutes plus déprimantes les unes que les autres, elle avançait doucement vers la salle de tutorat sans aucune conviction dans ses pas. Elle ressemblait à un gosse avant sa rentrée scolaire ou encore à un autre enfant venant d’être puni, se dirigeant tout droit vers le coin. C’était à peu près cela, elle était de corvée pour les vacances, elle était punie pour avoir donné son cœur trop facilement. On ne l’y reprendrait plus. Elle pensait à cet instant à cette fameuse fable sur un corbeau et le renard. Elle était sans aucun doute le corbeau intelligent mais qui s’était tout de même fait tiré son fromage par le renard, en l’amadouant avec sa belle voix. Oh naïve Plum, trop naïve. En attendant, elle allait devoir arrêter de s’apitoyer sur son sort parce qu’elle avait un cours de biologie à donner dans quelques minutes à une étudiante dont elle ignorait tout sauf le nom. Elle savait qu’elle était epsilon et maintenant elle craignait de tomber sur une riche imbu d’elle-même sans cervelle qui était arrivée dans cette confrérie par la grosse donation annuelle de son papa. Elle allait sans aucun doute découvrir tout cela dans les prochaines secondes puisqu’elle pénétra la salle de tutorat et qu’elle tomba nez à nez avec la blonde. Légèrement déconcertée elle se demanda ce qu’elle fichait ici à cette heure-ci. Elles avaient bien rendez-vous ensemble à cette heure là mais à vrai dire Plum s’était imaginée qu’elle aurait au moins une bonne demi-heure de retard. Elle s’était visiblement trompée.

Ne se déstabilisant pas, elle ne montra rien de sa surprise à son élève. Resserrant ses bouquins contre sa poitrine, elle pinça les lèvres avant d’avancer dans la salle, passant devant son élève et la prévenant sur ce qu’il adviendrait si elle n’avait pas la motivation nécessaire pour ses cours. C’était bien simple, elle faisait cela sans rien en échange, sans rien en retour alors elle désirait seulement la bonne volonté de son élève. Est-ce que cela était trop demandé ? Non. Est-ce que son élève le prendrait mal ? Peut-être. Est-ce qu’elle s’en préoccupait ? Certainement pas. Elle était l’une des seules à faire rattraper les cours de biologie donc elle n’aurait pas d’autres choix que de s’appliquer à ses règles ou de se trouver un tuteur en dehors de cette université, ce qu’elle n’aurait de toute façon pas de mal à trouver vu le compte en banque que ses parents devaient avoir. Voila qu’elle recommençait avec ses préjugés. C’était plus fort qu’elle aujourd’hui. Tant qu’elle taisait ses pensées, çà irait. La blonde s’exprima sur le fait qu’elle ne comptait pas lâcher l’affaire de sitôt, ce qui amena Plum à hocher la tête en direction de son élève. Elle la sentait motivée pour le moment, elle verrait son comportement après le premier cours. Plum était une très bonne tutrice, toute au long de l’année elle avait fait cela mais elle pouvait se montrer ferme et même dur avec ses « élèves » lorsqu’elle en voyait la nécessité. Elle espérait ainsi que Alexeen n’était pas ce genre de fille capricieuse qui jetterait l’éponge à la première contradiction de sa part. Pénétrant enfin dans la salle, suivie par son élève, elles s’installèrent l’une à coté de l’autre et Alexeen commença à lui expliquer le pourquoi du comment des cours qu’elle prenait avec elle. « Je comprends, il parait que la médecine fait partie des études les plus dures de cette université. » Lui confia-t-elle selon les dires qu’elle avait entendus. Etant elle-même en biologie/physique chimie, elle connaissait très bien les sciences et savait très bien que contrairement à ce que l’on pouvait croire, la logique et la réflexion ne suffisaient pas toujours à comprendre. « Ne t’inquiète pas, si tu as toujours été sérieuse dans tes études, tu n’auras aucun mal à rapidement te mettre à niveau. » Sous entendant, qu’avec elle cela serait évidement encore plus facile. Ouvrant le manuel à la page elle tendit ensuite le livre à son élève pour qu’elle la contemple. C’était un livre de première année et Plum se rappelait très bien de ne pas avoir eu les bases nécessaires lorsqu’elle était entrée à l’université pour ce chapitre et s’être planté à un examen de demi-trimestre. Fort heureusement elle avait eu celui de semestre, mais elle pensait qu’il serait sage de faire découvrir tout cela à son élève en avant première histoire qu’elle comprenne très rapidement quand le professeur démontrerait l’expérience. « Est-ce que tu comprends ? »