Ce soir, ma mère a invité une de ses collègues. Calyope qui est elle aussi, une professeur. Je la connais un peu, mais plutôt bien puisqu'en faite, j'ai couché avec elle. J'pense pas que ma mère soit au courant et j'éviterais de lui faire savoir mes exploits bien qu'en réalité, j'serais flatté que son amie aille lui vanter mes mérites au lit. C'est d'ailleurs en pleine conversation quand aux relations qu'elle entretiennent avec les étudiants que je fais irruption dans le salon en les saluant rapidement. Pas de blabla, j'ai pas envie de m'attarder sur le repas. J'ai pas faim, c'est tout. Oh et puis les conneries de femmes et les ragots, c'est pas mon truc. Mais à peine eus-je le temps de traverser le salon pour m'isoler à la cuisine que ma mère se levait pour me rejoindre en prétextant devoir me parler. Je soupire en l'ignorant alors que je m'appuie contre le plan de travail en sirotant ma bière. Il est tard, l'heure du repas touche presque à sa fin et mon père n'est toujours pas là. Je lui envoie alors un SMS, sans réponse. Puis Gemma débarque et brise le silence d'une voix qu'elle se force presque à faire douce « Tu étais au courant que Calyope venait dîner à la maison, tu aurais pu faire un effort, Marvin... commença t-elle en s'approchant de moi, une grimace se dessina sur son visage avant qu'elle ne reprenne Et je t'ai déjà dit d'arrêter de fumer, il y a rien de plus mauvais... » Un léger rire s'échappa alors que mes lèvres alors que je portais ma bière à ma bouche pour une boire une longue gorgée. Je la dévisageais et un sentiment de dégoût semblait m'envahir dès lors que mon regard croisa le sien. Son autorité n'avait plus aucun effet sur moi, et la réputation qu'elle possède à l'université n'est pas pour améliorer les choses. « Fous moi la paix avec ton dîner à la con ! J'en ai rien à foutre ! J'suis jamais à la maison, comme papa d'ailleurs et d'habitude tu t'en fiche parce-que t'en profite pour foutre le camp ! Et parce-que t'as une invitée, tu voudrais qu'on soit la famille modèle et qu'on soit présent pour bouffer ton foutu dîner ? » lui dis-je sèchement alors que je sentais mes nerfs en pleine ébullition. Mon impulsivité me jouera bien souvent des tours mais cette fois je crois que je ne saurais me contrôler, j'ai trop de choses à lui claquer et ce repas est une occasion rêvée pour révéler les secrets au grand jour. Du moins, certains secrets. Pas les miens en tout cas. Mais dans ma tête, une petite voix me prie de me calmer. Une voix de gamin, celle de Calvin je crois. Elle me paraît si lointaine qu'à force, j'ai peur de l'oublier. Peur de ne plus l'entendre. Il vaudrait peut-être mieux que je l'écoute afin que la soirée ne vire pas au drame mais il m'est d'hors-et-déja impossible de me calmer. L'alcool et la drogue envahissent mon organisme de seconde en seconde, les effets se font déja ressentir. Mon corps est là, mais mon esprit s'éloigne petit à petit. Je soupire bruyamment en osant poser une nouvelle fois mon regard sur ma mère puis je tourne les talons, et quitte la petite cuisine en la laissant seule devant l'horloge. Mes pas me mènent au salon où Calyope attend sagement que la discution mère-fils soit terminée. Un sourire en coin, je fais semblant de rien et vais naturellement me présenter à l'invitée de ma mère « Excusez-moi pour mon impolitesse. Moi c'est Marvin mais elle a déja du parler de moi » J'affiche un demi-sourire avant que ma mère ne revienne à la charge en nous retrouvant au salon. Bon, j'suis un bon acteur et un super manipulateur donc elle ne verra rien, et puis Calyope est professeur de théâtre donc elle a sûrement plus d'un tour dans son sac. Puis un éclair de lucidité me vint. Je n'ai pas envie de plomber l'ambiance, ni encore moins de faire la gueule. J'ai plutôt envie de m'amuser, de foutre ma mère mal à l'aise et d'en rigoler un peu « Bon allez, vous pouvez parler de vos cachoteries avec vos étudiants hein, c'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace » la réaction de ma mère fût presque celle attendue puisqu'elle écarquilla les yeux, gênée. Un rire provocateur se fit entendre de ma part puis je m'éloigne en les laissant tous les deux. Un point pour Marvin, un.

Une fois ma canette terminée, je vais la jeter puis me précipite à l'étage où je m'enferme dans la salle de bain pour me préparer. Musique à fond, je disparaît sous une douche bouillante tout en me perdant dans mes pensées. Ou est donc mon père ? Est-il infidèle comme le prétends ma mère ? Profite t-il de son métier pour l'être ? Au fond, il n'a peut-être pas tord et puis c'est peut-être sa manière à lui, de fuir les tensions de la maison. Mais ma mère, l'est-elle comme le disent les rumeurs de Berkeley ? Couche t-elle avec l'un des professeurs dont j'ignore encore l'identité ? Voit-elle des étudiants en dehors de ses cours ? Je soupire et sort alors de la douche en m'enroulant dans une serviette mais un élan d'impulsivité me gagne, envoyant mon poing dans le miroir. Ce dernier, ne résista pas et se brisa sous le choc alors qu'un filet de sang s'écoulait dans le lavabo blanc. Un sourire sadique, presque pervers étira mes lèvres en voyant les conséquences de ce coup. Tanpis. Enroulant rapidement une serviette autour de mon poing, je ramasse les débris pour les jeter à la poubelle avant d'aller dans ma chambre pour me préparer. Un jean clair assez moulant aux fesses ainsi qu'un teeshirt assorti, laissant ressortir mon teint et mes muscles. L'affaire et dans le sac. Un peu de parfum, une coiffure à l'arrache et un rasage parfait. Me voilà fin prêt sauf que ma mère ensanglantée elle, ne l'est pas. Oh et puis, c'est pas grave ça. Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort comme on dit non ? Je descends alors les escaliers quatre à quatre après une bonne heure à m'être préparé.