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 |  Sujet: everything in its right place ♦ noelynn&jack Lun 23 Mai - 13:46 | |
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"HAVING A SISTER IS LIKE HAVING A BEST FRIEND YOU CAN'T GET RID OF. YOU KNOW WHATEVER YOU'LL DO, THEY'LL STILL BE THERE." •• JACK&NOELYNN |
Starbucks Coffee. Le type de café typiquement américain, avec lequel j’avais été élevée. Surtout celui de San Francisco, qui n’était pas extrêmement loin de la maison dans laquelle j’avais passé mon enfance. C’était devenu une habitude, de m’y rendre, de prendre mon latte, de rester assise et de faire divers trucs sur mon Mac qui ne me quittait que rarement. C’était un peu ma deuxième maison, je connaissais les patrons, les serveurs, tout le monde. Et c’était d’un endroit comme celui-là dont j’avais besoin, un terrain que je connaissais, un terrain neutre, pour donner rendez-vous à ma cousine, Noelynn. Cousine, ou devrais-je dire sœur. Ouais, j’avais toujours soupçonné l’existence d’un frère ou d’une sœur eut égard aux multiples infidélités des deux côtés chez mes parents. J’attendais presque avec joie que l’un des deux prenne un ton grave et sérieux pour m’annoncer qu’à cause d’une erreur de parcours, je n’étais pas la seule Rosebury ou la seule Baxter du quartier. Finalement, aucun des deux n’a eu besoin de me le dire, je l’ai découvert toute seule, comme une grande fille. D’une façon tellement stupide que même trois mois après j’avais encore moi-même un peu – beaucoup – de mal à y croire. Vous imaginez, vous, vous réveiller un matin et apprendre que votre cousine et votre cousin, que vous adorez, par ailleurs, avec lesquels vous avez passé toute votre enfance, sont en réalité vos frère et sœur ? Moi personnellement j’ai encore un peu de mal à me faire à cette idée. Raison pour laquelle le célèbre duo Hildebrand/Rosebury-Baxter s’était quelque peu terni ces dernières semaines. Ok, je l’avoue, j’évitais complètement Noelynn, ne répondant à aucun de ses sms, pas plus qu’à ses appels, et m’arrangeant toujours pour ne pas me retrouver au même endroit au même moment ce qui, dans une université aussi grande que Berkeley, n’était pas vraiment très compliqué. Mais ce matin, je me suis réveillée, et je me suis dit que ça ne pouvait pas continuer comme ça. Noelynn me manque, j’ai besoin de passer du temps avec elle et en plus de ça il n’y a pas de raison pour que je sois la seule à porter le fardeau d’un tel secret, gardé précieusement tel un secret de Polichinelle. J’avais décidé comme une grande qu’ajourd’hui, les masques tomberaient et que les plus lourds secrets familiaux seraient révélés.
C’est donc ce qui explique ma présence au Starbucks, noir de monde, comme d’habitude, puisque c’est l’heure de pointe des étudiants en manque de caféine. J’ai réussi à me frayer un chemin jusqu’à une table toute proche de la fenêtre, mon lieu de prédilection. Pour une fois, j’avais accompli l’exploit d’être à peu près à l’heure, voire même en avance ce qui, quand on me connaît, n’est pas franchement habituel. J’avoue que je suis obligée de tenir mon café avec mes deux mains pour que celles-ci ne tremblent pas parce que je suis carrément stressée. Deux heures plus tôt, j’avais envoyé un sms à ma cousine slash sœur pour lui demander de m’y retrouver, demande à laquelle elle avait répondu positivement et avec entrain, qui plus est. La pauvre, elle devait probablement se réjouir d’enfin pouvoir passer du temps avec sa chère Jacqueline – Jack pour les intimes, et pour tout le monde en fait. Je me suis souvent demandé si elle avait compris ou même remarqué que je passais mon temps à l’esquiver ou si elle ne s’en était même pas rendu compte et continuait son petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était. Mais je suis persuadée qu’elle l’a remarqué, enfin quand même, je veux dire, c’est plutôt difficile de passer à côté d’un truc comme ça, quand on sait que nous avons passé 21 années ou presque comme culs et chemises ensemble. Je n’ai pas encore réfléchi à la manière dont je vais me comporter avec elle, ou comment je vais pouvoir lui annoncer la nouvelle qui lui fera probablement l’effet d’une bombe parce que, soyons honnêtes, c’est pas vraiment le genre de trucs que t’apprends tous les jours. J’avais envisagé diverses possibilités, le dire rapidement pour mieux faire passer la nouvelle, ou le dire d’un ton grave qui ne me correspond pas du tout, ou le lui dire sur le ton de l’étonnement, ou de la joie, comme si c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Ou encore ne pas lui dire du tout. Oui, je ne vais pas vous mentir, l’idée m’a traversé l’esprit plus d’une fois. Faire comme si de rien n’était et puis je lui dirai plus tard. Mais je me connais, et si je ne lui dis pas maintenant, je ne lui dirai jamais. Alors prenons le taureau par les cornes, Jack et allons balancer joyeusement une bombe sur notre si parfait petit monde familial. Mes parents me détesteront probablement ad vitam aeternam mais vu l’opinion que j’ai de ma mère et mon attitude qui a depuis légèrement changé à l’égard de mon père, j’en ai franchement rien à faire. Et puis ça serait un peu l’hôpital qui se fout de la charité s’ils me reprochaient un truc comme ça, je veux dire, on peut pas attendre de moi que je découvre ça et que je ne dise rien à personne et que j’enterre le secret en moi pour toute une vie. Je ne vais pas dire que ça me bouffe de l’intérieur, mais en tout cas je suis sûre d’une chose, il faut que j’en parle à Noelynn parce qu’elle aussi elle a le droit de savoir. Et puis après j’en parlerai à Havier, mon cousin slash frère, donc, pour lui annoncer la « bonne » nouvelle.
Mon latte n’a même pas eu le temps de refroidir quand une petite blonde – oui, je dois faire 15 bons centimètres de plus qu’elle – débarque dans le café. Je ne dirai pas qu’elle est tout sourire mais une chose est sûre : elle n’a probablement aucune idée de la raison pour laquelle je l’ai invitée. Ce qui serait marrant, ce serait qu’elle pense que j’ai couché avec son ex, ou un truc du genre – ça ne me ressemble pas, mais sait-on jamais – et qu’elle soit persuadée que c’est ce genre de nouvelle que je veux lui annoncer. Bad luck, Noe, ça n’a rien à voir mais ça va pas te plaire non plus. Ou peut-être que si en fait, peut-être qu’elle sera plus heureuse de la nouvelle que moi, mais je crois d’abord qu’elle sera à peu près aussi choquée que moi. Et surtout, bonne journée hein. Je l’accueille avec un sourire un peu froid, ou gêné, je ne sais pas trop. Je ne prends même pas la peine de me lever pour la serrer dans mes bras en fait et je lui propose d’emblée de s’asseoir en face de moi. « Salut. Merci d’être venue me retrouver. En fait je ne t’ai pas demandé de venir juste pour qu’on passe du temps ensemble, mais il faut que je te parle d’un truc. Un truc du genre… plutôt important ». Here we are, maintenant que j’ai aiguisé sa curiosité, plus moyen de faire marche arrière. Famille, je vous aime. |
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