*Mais quel est donc le problème de ce professeur ? Ils se sont tous passé le mot pour me gonfler aujourd'hui quoi ?*, pensa Davery. En effet, elle ne s'était pas imaginée que la journée serait aussi longue et fatigante en se levant ce matin. Entre une panne de réveil qui n'aurait pas pu arriver à une date aussi horrible qu'aujourd'hui, son professeur de sociologie qui n'est pas d'accord de lui faire rattraper l'épreuve, et la lettre de Berkeley lui indiquant qu'il ne reste qu'un mois à Davery pour payer son dernier semestre de cours, c'était vraiment l'angoisse. Comment allait-elle faire si l'université décidait de la mettre à la porte ? Bien que les parents de Davery soient plein aux as, la demoiselle ne peut pas profiter de cet argent puisqu'ils ne se parlent plus. D'ailleurs, quand la jeune fille pense aux raisons de leur différend, elle n'en croit pas ses oreilles. Comment des parents peuvent-il vous renier parce que vous avez choisi d'aller dans une autre université que la leur ? Mais enfin, cela la dépassera toujours. Elle n'avait plus qu'à prier pour que ses dernières demandes d'emplois soient acceptées et que les horaires coincident avec ses cours. Et quand même le pire devait se passer, jamais ses parents ne doivent être au courant. Perdre la fasse devant serait de loin une grande épreuve pour Davery. Et dire qu'il n'était que deux de l'après-midi ! La journée était loin d'être terminée.

Tandis que Davery était particulièrement de mauvaise humeur, elle décida de passer au toilette afin de se rafraîchir un peu et se remettre les idées en place. Elle poussa le battant de la porte et remarqua qu'il n'y avait personne. Du coup, elle se déplaça jusqu'au miroir et fixa son propre regard dans la glace et se répéta à haute voix : « Tu vas t'en sortir Dav, tu vas t'en sortir. Tiens bon. » Elle pesait ses mots, espérant du plus profond d'elle-même que ses prières se feraient entendre et que tout allait finir par s'arranger. Bientôt. Une larme coula sur sa joue. Elle se passa un peu d'eau sur la figure, s'essuya un petit peu et sortit des toilettes, ni vu ni connu. Bien trop fière, Davery ne pleure jamais en public et ne parle que très rarement de ses problèmes. Elle préfère largement y faire face et faire croire à tout le monde - y compris à elle - que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Se rappelant soudain que l'heure avançait de plus en plus et qu'elle n'avait toujours rien avalé de la journée, Davery décida de passer au bar à pâtes du coin. Les pâtes, soit le grand amour de Davery. Elle avait beau ne pas être italienne, son goût pour ce plat était très prononcé. Heureusement, vu l'heure, il n'y avait pas de queue, juste un type plutôt mignon que venait chercher un café. « Pâtes sauce bolognaise avec double ration de fromage, comme d'habitude ? » demanda la serveuse à Davery. « Exactement » répondit la demoiselle avec un sourire. Une fois servie, elle se dirigea vers les parcs, un des endroits de l'université qu'elle préférait. Il y avait toujours une ambiance sympa, tranquille et la plupart du temps assez calme. Et puis aujourd'hui, le temps et la chaleur étaient au rendez-vous. Il faisait presque 25 degrés. Alors qu'elle avait à peine pénétré dans l'enceinte du parc, Davery aperçu une brunette donc le visage lui était familier. Il s'agissait d'Aubrey Hammersmith, une sacrée peste. Enfin, disons que Davery n'a rien contre elle en particulier.. il semblerait plutôt que la Thêta lui en veuille pour quelque chose. Elle a une dent contre la Iota, cela se sent et se voit à trois kilomètres à la ronde. « C'est pas un défilé ici ! Dans le genre superficielle, t'es devenue la reine ? Mademoiselle qui à la vie rêver ! ». Et voilà, dix secondes chrono avaient suffit à miss Hammersmith pour cracher son venin sur la jeune Clarke. Plutôt mature, Davery n'est pas du genre à faire des histoires pour rien, mais elle n'est pas non plus du genre à se laisser marcher dessus, ni à se faire traiter comme la dernière des connes. Après une telle journée, elle décida de se poser un peu plus loin et ignora complètement Aubrey. Après tout, l'ignorance n'est elle pas la pire des vengeance ? Davery se posa dans l'herbe, enleva sa jaquette ainsi que ses chaussures, dans le but de bronzer un peu. L'été approchait et la demoiselle voulait être au top. Non pas pour draguer les beaux mecs, mais avant tout pour elle. Il faut dire que Davery n'était pas dans la meilleure des formes ces temps, avec tous les soucis qui lui tombent dessus, elle avait même perdu 2 ou 3 kilos. Tandis que Davery avait à peine eu le temps de se poser et de commencer à manger, Aubrey était de retour. La demoiselle était en train de traverser le parc, tout en fixant sa jeune rivale. « Mais qu'est-ce qu'elle me veut encore ? Elle a pas fini de me gonfler avec ses gamineries bientôt ? » se dit Davery en lâchant un gros soupir. « Il faut que je te parle... C'est important. » Ne laissant même pas le choix à Davery, la brunette la pris par le bras et l'entraina un peu plus loin. Puis, contre toute attente, lui sourit. « Je... ne suis pas du genre à m'excuser tu sais... Jamais je n'aurais pu imaginer que je serais là, devant toi, à te supplier de me pardonner. Non, crois-moi, c'était impensable auparavant. Mais je suis vraiment désolée, je t'ai jugé sans te connaître. Sans connaître ton histoire... Si tu as besoin, tu connais mon nom, tu sais où me trouver »Davery n'en croyait pas ses yeux. Comment cette fille, qui n'arrêtait pas de la critiquer et de l'insulter en public osait-elle lui parler de son passer ? Et déjà, comment était-elle au courant de ce qui avait bien pu se passer dans sa vie ? « C'est bien gentil de me présenter tes excuses, mais la pitié des gens, ça ne m'intéresse pas. Surtout quand je doute de la sincérité des propos. Je ne te fais pas confiance. Et puis d'abord, qu'est-ce que t'en sais de ce que je vis ou de ce que j'ai vécu ? Je serais bien curieuse de le savoir. » lança Davery d'un ton plutôt sec, mais toutefois surprise de ce qu'Aubrey venait de lui dire. Bien que rancunière, Davery n'avait pas envie de se mettre cette fille encore plus à dos, si toutefois c'est possible.