Le souffle court, les jambes fléchies, telle aurait pu se dérouler la soirée du bellâtre bien qu’il en était tout autre. Au détour d’un flyer il avait songé à s’offrir un luxe qui lui paraissait plus qu’ennivrant, une étrange soirée aux consonnances divertissantes. C’est le regard curieux, l’ombre imposante et la chemise avec quelques boutons dégraffés qu’il fit part de sa présence là où il avait été convié. La musique faisait danser les plus hardis tandis que beaucoup somnolaient sur les bords de la scène dans ce décor mi romanesque mi victorien, offrant une chance aux nouveaux venus de les sortir de cette létargie dans laquelle ils s’étaient plongés, tentant de feindre l’indifférence et l’amusement en bougeant quelque peu le pied, histoire de se mettre dans le rythme. On se serait cru revenu dans un monde oublié, un opéra mystérieux où beaucoup se sont prêtés au jeu. Nous n’étions plus à Berkeley, nous n’étions plus sur cette Terre telle que nous la connaissons d’ailleurs, nous étions ailleurs…Au beau milieu d’une soirée dont il comptait profiter. L’entraînement de l’après-midi avait entâché sa motivation à s’amuser et bien, rien qu’en apercevant le rayon de soleil qui lorgnait dans sa direction depuis de longues et interminables minutes désormais, son poigne le reprit, sa fougue le surprit, désirant qu’elle soit plus proche de lui et qu’elle décroche ce masque qui la rendait ridiculement éphémère.

Etre belle est un luxe que l’on peut s’offrir mais être charmante, charismatique et désirable est l’un de ceux qu’il faut travailler, l’un de ceux qu’il faut presque posséder à la naissance pour qu’on le remarque. Le jeune homme avait cotôyé de splendides créatures mais lorsque la donzelle se retrouve avec un QI de moineau, on préfère la croquer et l’oublier qu’en faire son éternel dîner. Les relations ne sont guère sont forts, Ethan n’est pas gentil, Ethan sait faire mal, Ethan est un vantard et n’a pas sa langue dans sa poche mais Ethan est classe et possède une certaine prestance, qu’on l’aime ou le déteste, il attire presque obligatoirement le regard. Tandis que celui-ci s’attardait sur les multiples facettes de la soirée, ses yeux se posaient inévitablement sur les courbes qui semblaient s’offrir à lui, sur ce masque énigmatique qu’il aurait tranché à coup de sabre s’il fut chevalier en un ancien temps, bien que son rôle aurait plutôt été celui d’un assassin ou d’un mercenaire, voleur de renom venu perturber la soirée. Il se surprit à envisager de s’offrir un remontant pour abaisser la tension qui s’échauffait autour de lui juste au moment où la désirable créature se plantait devant lui. Elle glissa une significative rose au sein de sa poche et se dit être sa maîtresse pour cette fête. Le regard audacieux, un narquois sourire se dessina sur les lèvres du sportif. Quelle fougue pour si fine demoiselle, faudrait-il donc la remettre à sa place ? Assurément que oui.

« Cendrillon se prendrait-elle pour une reine ce soir ? Préférant prendre la place de princesse et me réléguer à celui de valet ? »

Empoignant habilement le bras droit de son interlocutrice, il la fit basculer en glissant son autre bras le long de son dos pour qu’elle ne tombe point. Laissant un instant d’hésitation s’installer entre eux, il entrouvit la bouche pour proférer quelques vers qui parlaient pour sa personnalité.

« Milady irait me chercher une bière ? »

Tel est pris qui croyait prendre. Enfin, la bière reste peu élégante mais le sportif ne se refait pas…