‘‘ Please dont leave me I always say how i dont need you But its always gonna come right back to this Please dont leave me ’’
« nice to meet you »
Il y a des jours où tout va très bien. La journée passe tranquillement, pas de nuages pour venir obscurcir le paysage. Mais que serait la vie sans journées où tout va mal ?
Jugg en vivait une, de journées où tout va mal. La rentrée venait de s’amorcer à l’université, elle venait de débarquer sur le campus, guitare et valises en main. Elle savait que maintenant, sa vie prenait un tournant décisif. Fini la débauche, l’alcool et la drogue, elle voulait essayer de reprendre sa vie en main… bien que cela sera grandement difficile. Très peu après son arrivée, Jugg a tissé des liens avec des étudiants, des Gamma plus précisément. Avec eux, elle faisait les 400 coups, et elle flanchait dans ses résolutions. L’année scolaire venait à peine de commencer et elle aimait déjà les cours – surtout ceux qui portaient sur la musique, principalement. Pour les autres, elle tentait tant bien que mal de rester éveillée pour noter des brides du discours du professeur.
Jugg avait cours que le matin, et elle était restée bloquer dans son lit. Sa fièvre était grande et elle avait très mal à la gorge. Courbatures, et tout le toutim, cela ne faisait pas de doute, elle était malade. La jeune femme pesta faiblement toute la matinée, et tentait comme le pouvait de se lever. Vers le début de l’après-midi, après avoir réussi à se mettre debout, elle décida qu’elle devait aller voir un docteur. Son traitement n’était pas adapté pour… un simple rhume. Elle attrapa les premières fringues qui lui passèrent sous le nez – un jean déchiré et un très gros pull – et les enfila. Malgré la chaleur de l’extérieur, Jugg frissonna. Non, elle n’allait vraiment pas bien.
N’ayant toujours plus de permis – la récidive de conduites en état d’ivresse étant très mal vu – Blondie tituba dans la rue jusqu’à l’hôpital. Heureusement qu’elle connait la ville, elle se serait définitivement perdue. Elle déboula dans le service d’urgence, et demanda à voir un docteur. L’intendante regarda son physique de fille défoncée, et replongea dans ses documents, lui indiquant qu’elle devait patienter comme tout le monde. Jugg n’eut pas la force de protester et se rendit dans la salle d’attente. Elle gémit en voyant tous les malades, agglutinés sur les petites chaises inconfortables. Elle se fraya un chemin entre les adultes pâles, les gosses gueulards et les personnes âgés endormis. La seule place vacante qui se proposa à elle, était entre un homme bedonnant qui sentait, non plutôt qui puait l’alcool et les poubelles, et un jeune homme qui devait avoir le même âge qu’elle. Arrivée, elle tomba raide de fatigue dessus.
L’homme qui sentait la mort roupillait en ronflant comme une tronçonneuse. Et en plus, il se collait contre Jugg qui tentait de se déplacer sur le côté. Pas d’humeur à gueuler sur ce lourdaud, elle se laissa faire en pleurnichant un peu.
L’attente allait être longue.
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Sujet: Re: nice to meet you ✿ pv. Ven 24 Sep - 11:26
Humains, nous avons trop souvent tendance à songer à la mort et tout ce qui l’entoure. Pensées dérisoires mais qui peuvent cependant être fatales à quiconque ignore la signification de ce genre de choses. Et plus d’une fois Benjamin s’en était joué. Riant à plein nez de la vieillesse qui le consumerait tôt ou tard. Se fichant éperdument de mourir écrasé par une voiture ou tuer sur un champ de bataille. Qu’à cela ne tienne, on passait tous par cette délicieuse étape n’est-ce pas ? A qui bon s’en effrayer. Néanmoins, si ce n’était pas le fait en lui-même de perdre la vie qui l’inquiétait, prendre conscience de tout ce que l’on abandonne derrière nous est là en revanche, bien plus détestable. Ce fût le jour de ce foutu accident qu’il commença à s’interroger sur la chose et en pris pleinement conscience. Qui plus est, désormais fixé quant à son avenir très compromis, le temps allait bien vite le rattraper. Et ce, un peu plus tôt qu’il n’y songeait. Satané cancer. Comme quoi, les cigarettes auront eu raison de lui, et certainement que l’alcool et toutes ces autres ordures de choses n’ont en aucun cas amélioré sa fiche de santé. Tout comme le fragile petit enfant qu’il aimait, le voilà devenu soumis à ce que l’on appelle ‘les règles de la nature’. Des putains de maladies. Une place qui se libère pour accueillir quelqu’un d’autre, hallelujah. La vie est sacrément injuste. C’est une fois le bonheur ancré dans notre âme qu’elle vient s’arracher de notre poitrine. Comme si l’homme n’avait le droit d’être heureux que l’espace d’une poignée de seconde… Fuck le monde.
Une main posée sur le visage, l’autre appuyée sur le carreau de la vitre du métro, il écoutait en silence le bourdonnement des alentours. Bébé pleurant à la mort en réclamant son jouet. Adolescente riant aux éclats à propos d’une blague de son petit ami. Vieille femme fouillant vraisemblablement dans ce qui semblait être un sac en plastique… La tension s’immisçait doucement mais sûrement à travers lui. Ses poumons criaient et son cœur battait une douce chamade contre sa poitrine. Coup de chance pour lui que la prochaine sortie de métro se trouvait à proximité de l’hôpital. Il ne tiendrait certainement pas dix minutes de plus sans cracher rouge au sol. Mais qu’est-ce qui le retenait de le faire après tout ? Hé merde. Soupirant de lassitude et grimaçant fébrilement, il guettait d’un coup d’œil l’heure affiché sur le cadran du train. Génial, début d’après-midi. Ce qui signifiait visite à gogo chez monsieur le médecin. Par ailleurs, il en aurait mis sa main à couper : cet espèce d’alcoolique buvant sa bière allait sans doute finir face à lui dans la salle d’attente pour les consultations. C’est qu’à force de boire de la bibine, on avait quelques douleurs au niveau de l’estomac…
Chose promise, chose due : un peuple d’enfer qui s’attardait dans les couloirs de l’hôpital. Quelle aubaine. Il roulait des yeux, essuyant d’un revers de manche son front se faisant peu à peu humide. Et c’est sans surprise qu’il croisa le regard à moitié conscient de l’homme à la bière se trouvait juste là, installé nonchalamment sur son siège et prêt à s’effondrer au sol. Une journée promise aux bonnes surprises. Il soupira une nouvelle fois, se posant à son tour sur l’un des –rares- sièges libres. Douce torpeur qui s’emparait peu à peu de chacun de ses sens, il en fallait de peu pour qu’au bout d’une quinzaine de minutes le Thêta en vienne à sombrer dans les bras de Morphée. C’est le contact d’une épaule contre la sienne qui le fit doucement s’éveiller. Rouvrant docilement les yeux, il les posa sur la jeune silhouette installée près de lui. A croire que l’odeur nauséabonde de notre alcoolique n’enchantait guère la jeune femme. Il sourit doucement, supportant sans la moindre impatience le fait qu’elle se repousse au plus loin du vieil homme. L’attente allait être longue, au vu de la vitesse à laquelle les consultations se faisaient. Autant faire en sorte que l’instant se déroule plus rapidement en l’occupant. Se penchant légèrement en avant afin de poser les yeux sur l’énorme silhouette du gras alcoolique, Benjamin arqua un sourcil. Il avança une main en repoussant de la paume le bonhomme presque étalé désormais sur sa voisine de siège, qui endurait en silence son odeur et son poids. Et c’est ainsi que le vieux graisseux bascula lentement mais sûrement de l’autre côté, posant sa tête sur l’épaule de son autre voisin –qui laissa échapper un grognement-. Sourire aux lèvres, l’étudiant jeta un coup d’œil à la jeune femme, doucement amusé. « Habituée aux salles d’attente ? » Une voix à peine audible, mais néanmoins soufflée. Il se réinstalla ‘confortablement’ contre son siège, croisant les bras contre son buste avant de soupirer en grimaçant de nouveau : « Même pas de distributeur de café pour aller renverser son verre sur les voisins en attendant… Ca ne vous dirait pas d’aller toquer directement à la porte du médecin ? Au pire, tous les patients ici présents sont endormis –ou presque-. Ils ne remarqueront même pas qu’on est passés avant eux. »