I don't wanna hear your lies ;
Si tu m'ignores, ne t'étonnes pas que je veuille mordre...

« Tu peux pas regarder où tu vas abruti ?!? »

Cette voix désagréable n’était autre que celle de notre chère Abbygail Vodianova, de bien mauvaise humeur en cette fin de journée. Il y avait de quoi, elle venait d’avoir neuf heures de cours dans les bottes, si bien que le pauvre jeune homme qui l’avait bousculée s’était pris tout cet élan de mauvaise humeur en pleine figure. Il fallait dire que la jolie blonde ne pouvait s’empêcher d’en avoir assez d’être transparente. Avant, les gens la remarquaient et ne la bousculaient jamais…Mais depuis son accident, elle était devenue comme obsolète, comme si personne ne la voyait, alors que c’étaient eux, les voyants. La demoiselle soupira plus fortement encore en constatant que son sac en bandoulière s’était déchiré sous le choc. Elle posa donc sa précieuse canne d’aveugle à terre, sans lâcher la laisse de son labrador blanc afin qu’il ne soit pas possédé par l’envie de se sauver. Ce fut donc à tâtons et dans l’hésitation perpétuelle la plus totale qu’elle commença à ramasser ses affaires, en soupirant et soupirant encore, comme si le monde s’était soudainement écroulé. L’envie de rentrer chez elle n’y était vraiment pas, surtout si c’était pour entendre sa jumelle se plaindre de ses cours, de ce fameux voisin de travaux dirigés qui passait le plus clair de son temps à bavasser, ou encore de la prochaine venue de leur mafieux de père, pour leur anniversaire. En somme, que de réjouissances qu’elle n’avait absolument pas envie de côtoyer pour l’instant. A cette pensée, elle se mit à réfléchir comment tuer le temps jusqu’à ce que la nuit tombe, et même au-delà, maintenant que les examens étaient passés et que sa troisième année était effectivement validée. Cependant, l’envie de danser était encore et toujours présente, si bien qu’elle se dépêcha de ramasser l’intégralité de ses affaires avant de s’élancer à l’autre bout de l’université, dans un coin dont elle avait entendu parler par hasard. Elle sillonna plusieurs couloirs, se trompant à plusieurs reprises avant de se souvenir qu’en vérité, il fallait qu’elle sorte du bâtiment où elle se trouvait pour s’y rendre. En chemin, elle surprit une conversation entre un jeune homme et une jeune demoiselle…Elle n’avait aucune idée de l’identité de la fille, en revanche, la voix du garçon lui disait vaguement quelque chose. Ce ne fut que lorsque la fille s’exclama qu’elle pu relier le tout :

« Oh Maxime, tu m’as tellement manqué ! T’as pensé à moi quand t’étais en France ?! »

Maxime…France…Maxime de Bergerac ! Voilà d’où elle connaissait cette voix, même si elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi ce charmant jeune homme, avec qui elle était pourtant relativement proche, avait omis de l’avertir de son retour. Il était parti du jour au lendemain sans rien lui dire, et visiblement, il était prêt à recommencer l’erreur dans l’autre sens, sans même chercher à la joindre ! Ce fut pourquoi elle sortit de son coin, posant son sac, sa canne d’aveugle ainsi que la laisse de son chien derrière le mur, pour éviter de se faire repérer en tant qu’aveugle, avant de s’avancer de quelques pas et d’élancer d’une voix glaciale :

« Bien sûr que non tu lui as pas manqué ! Tu crois franchement qu’il en a quelque chose à foutre ? Suis mon conseil, va t’acheter une poupée gonflable, elle te donnera plus d’attention ! »

Simple intervention d’Abby, qui avait sûrement eu son petit effet, bien qu’elle ait déjà tourné les talons pour reprendre le chemin vers sa destination première, autrement dit la R.A.Z. A peine en eut-elle poussé la porte qu’une affreuse odeur de poussière vint lui chatouiller les narines. Elle eut le réflexe de poser toutes ses affaires sur la première table qui lui passa sous la main, avant d’ouvrir toutes les fenêtres en grand. Cela offrait une lumière plus agréable, bien qu’elle ne puisse pas voir celle-ci, mais surtout, cela renouvelait l’air de l’immense pièce. Maintenant que cela était fait, elle s’empressa de glisser la composition de Yelyah dans l’immense poste qui se trouvait dans le fond de la pièce, avant d’enlever son grand manteau noir moulant ses belles courbes. Dès lors que les premières notes de la chanson parvinrent à ses oreilles, Abby se mit à esquisser des mouvements nouveaux, audacieux, d’une grâce éblouissante. La jolie demoiselle semblait se défouler comme jamais, en alternant mouvements violents et sensuels, oubliant complètement le monde l’entourant. Elle ne se stoppa brusquement de danser que parce que la musique fut coupée en plein milieu…Par qui et pourquoi, c’était un mystère cependant.

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En entendant la voix de Maxime s’élever à nouveau dans l’atmosphère, Abbygail en conclut vite qu’il l’avait suivie dans le but d’obtenir des explications sur son comportement. Hélas, il attendait une raison, et elle n’était pas réellement prête à la lui donner, du moins pour l’instant. Ce fut pourquoi un large sourire narquois se dessina contre les lèvres de la jolie blonde, avant qu’elle ne pose ses mains contre ses hanches, d’un air proprement triomphant. Il pouvait dire ce qu’il voulait, elle n’en avait cure. Après tout, ne l’avait-il pas purement et simplement rayée de sa vie en partant du jour au lendemain pour une destination qui restait inconnue à ses yeux ? C’était bien simple, Maxime s’était subitement trouvé injoignable, et Abby avait appris par des rumeurs qu’il était parti, même si elle avait été incapable de savoir où il pouvait bien se trouvait ; et désormais qu’il était de retour, elle l’apprenait par des rumeurs et une rencontre fortuite dans un couloir ? C’était trop pour la demoiselle, qui se faisait une idée très personnelle de l’amitié. Après tout, elle s’était toujours montrée disponible pour lui, malgré une dispute ayant quelque peu noirci le tableau, peu avant son départ. Abby en avait rapidement conclu, à tort, qu’il était parti à cause d’elle, faisant preuve d’un sentiment plutôt habituel chez elle : Elle avait toujours apprécié le fait d’être le centre du monde, auparavant. Même si la donne était bien différente depuis son accident, il n’empêche que c’était exactement ce qu’elle avait ressenti au moment même où elle avait compris qu’il était partit. Elle avait donc l’impression de n’avoir jamais compté, ne serait-ce qu’un peu, dans la vie de cet ami qu’elle peinait à reconnaître. Pourtant, plutôt que de lui énoncer clairement tout ce qu’elle avait en travers de la gorge, elle se contentait de jouer à la fille la plus insupportable que la terre ait jamais portée. C’était tellement plus simple de se faire détester plutôt que de se faire apprécier des autres…Se dévoiler, Abby n’avait jamais été douée en la matière. Maxime l’avait probablement remarqué au fil des jours qui avaient suivi leur rencontre. Mais ce jour lui semblait diablement loin, désormais. Comme s’ils se retrouvaient dans la peau de parfaits inconnus, comme s’ils ne s’étaient jamais parlé et qu’ils n’avaient jamais rien partagé ensemble. Cette idée lui fit mal…Abominablement mal.

« Le fin mot de l’histoire, hein…Tu vas peut-être m’expliquer en premier pourquoi t’as fuis sans même un mot, et pourquoi j’apprends ton retour par des rumeurs ?! Ca, ce serait un meilleur début. »

Abby soupira avant de rire de manière purement narquoise, comme si elle se moquait de la situation frôlant le ridicule. Pourquoi cherchait-elle à obtenir des explications si elle trouvait qu’ils étaient de parfaits étrangers ? Mystère et boule de gomme. Disons qu’Abby ne pouvait pas se résoudre à partir du principe qu’il était parti sans un mot et revenait comme une fleur sans qu’elle ait son mot à dire. Après tout, avait-il seulement eut envie de la revoir, ou bien leur dispute avait-elle eu définitivement raison de leur amitié ? Si tel était le cas, alors il y avait là un bien triste bilan de la situation…Une sorte de constatation qui ne pourrait jamais réjouir Abby de quelque manière que ce soit.

« T’es parti à cause de quoi ? Parce que je t’ai dit que je te trouvais sans cœur et que la situation s’est envenimée ?! Je t’ai déjà fait mes excuses, on va pas s’attarder là-dessus pendant un siècle, merde ! »

Abby s’était approchée de l’immense sono, non sans une large part d’hésitation, ses membres tremblants sous l’effet de l’excitation et de la colère. C’était incroyable comme elle peinait régulièrement à se contrôler, sans compter qu’elle savait que Maxime ignorait son handicap. Pour le moment, sans doute était-ce préférable.

« Si jamais t’es parti à cause de ça, alors c’est que notre amitié valait pas un clou rouillé. Un vrai ami ne croit pas que l’amitié est finie après une dispute…Il t’appelle pour essayer de comprendre et il prend pas la fuite comme un voleur, sans un mot en plus ! Putain Max, tu sais que t’es autant une tête à claques que moi ?!? »

Abby soupira une fois encore, se plaquant une main sur le front avant d’avoir un rire nerveux. Décidément, il aurait mieux valu qu’il ne se pointe pas ici et ne la coupe pas dans son élan pour danser. Résultat, elle allait être de mauvaise humeur toute la soirée…

« Bref. Si t’as rien d’autre à dire, j’ai une choré à bosser. »

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Abbygail manqua de pousser un long soupir au début du récit de Maxime. Cependant, elle se retint, prenant conscience au fil de ses paroles que cet acte irréfléchi était sans doute regretté par le jeune homme…Cependant, elle ne pouvait décemment pas comprendre ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour en arriver là. Se marier à Las Vegas, c’est bon pour les tarés congénitaux incapables de penser par eux-mêmes…Elle pensait naïvement que Maxime valait mieux que toutes ces conneries, même si elle était forcée de constater qu’elle l’avait sans doute placer un peu trop haut sur son piédestal. Qu’il se soit trouvé dans un triangle amoureux difficile à supporter n’était pas une excuse dans le sens où il l’avait volontairement écartée de sa vie. Elle n’avait jamais eu vent de ses problèmes avant aujourd’hui, si bien que ses poings ne cessèrent de serrer et de se desserrer. La colère était encore présente dans tout son corps, et cela ne laissait absolument rien présager de bon pour la suite. Certes, Abby était une défenderesse inconditionnelle de la franchise, partant du principe que le mensonge ne peut jamais avoir une fin heureuse…Mais entendre toutes ces choses lui faisait mal. Cela ne faisait que la ramener à sa triste réalité, à sa condition misérable, et il n’y avait rien de pire à supporter. Pourtant, en aucune façon elle ne le coupa dans son élan, et ne soupira pas une fois. Elle demeura aussi calme que possible, le visage parfaitement impassible pour qu’il n’ait surtout pas l’idée de ne pas continuer. Au contraire, il était plus que temps qu’il apprenne que la fuite ne peut en aucun cas être une solution. Après tout, Abby était particulièrement bien placée pour le savoir, elle qui devait affronter la méchanceté des autres depuis qu’elle ne voyait plus, et qui avait été contrainte de fuir toute sa vie à cause de son mafieux de père ! Mais Maxime, lui, n’avait pas de raison valable. Il n’était pas seul, il était aimé et entouré…Sans doute pas aimé comme il le voulait pour certaines personnes en particulier, mais il ne pouvait pas se plaindre pour tous les autres ! Abby s’était souvent coupée en quatre pour essayer de le conseiller…Mais quand elle avait eu le plus besoin de lui, il n’avait pas été là. Il avait fuit…Et ça, ce n’était pas une preuve d’amitié, bien au contraire. Voilà la raison de sa colère indicible…

« Tu n’es peut-être pas parti à cause de moi mais tu m’as tout de même joyeusement rayée de ta vie ! Tu as été amoureux, rejeté, ravie de l’apprendre ! C’est ça, pour toi, la notion d’amitié ? Oublier de confier ce qui te tient à cœur, ce qui te fais souffrir ? Putain, mais merde Maxime ! On est amis, je t’ai déjà prouvé à maintes reprises que tu pouvais me faire confiance, non ?! Je t’aurais écouté, moi ! Je t’aurais conseillé, je t’aurais empêché de fuir, je t’aurais fais voir toutes les options ! Mais non, tu as oublié de me faire confiance ! Bravo, elle est belle, l’amitié ! »

Maxime devait pourtant le savoir, Abby avait une notion bien particulière de l’amitié. On ne se dit pas forcément tout, mais on se fait confiance, et on fait appel à l’autre en cas de besoin. C’était le symbole même de l’échange, entre amis…Et il ne venait que maintenant lui apprendre qu’en plus d’avoir fuit et de lui avoir laissé croire qu’elle en était la responsable, il lui avait caché des évènements importants. La pilule était dure à avaler, et elle ne pouvait décemment laisser passer une telle chose. C’était plus fort qu’elle, en fait…

« Franchement je serais curieuse de savoir ce qui t’es passé dans ta putain de tête pour que tu ailles te marier à Vegas ! Tu t’étais murgé j’espère, parce que je te croyais vraiment au dessus de ces conneries ! »

Le fameux soupir lancinant et douloureux d’Abby se fit entendre à ce moment précis. La pression tout comme la colère redescendait peu à peu, sentant que ce n’était pas forcément utile de le marteler de reproches. Ce qui est fait est fait, comme dit l’autre…Et même si Abby était d’une rancune absolue, elle ne restait pas en colère excessivement longtemps envers Maxime. Il fallait juste qu’il s’attende qu’elle ait du mal à lui pardonner, et encore plus de mal à oublier avec quelle volonté il l’avait évitée. Pour l’instant, le problème était hélas tout autre ; elle croisa donc les bras contre son corps, ne sachant véritablement par où commencer. Son regard n’était pas capable de le regarder dans les yeux, mais même avec cela, Maxime n’avait visiblement pas compris…Il fallut donc qu’elle mette les points sur les i :

« Je suis aveugle, Maxime. Crois pas que c’est un canular ou une mauvaise blague, crois bien que je préfèrerais. Pendant les vacances, je suis rentrée à Moscou pour voir ma famille et mon fiancé, je t’avais parlé de ce voyage…C’était peu avant que tu partes, y’a un peu plus de deux mois. J’ai eu un accident de voiture, et James est décédé au cours de cet accident. J’ai passé un mois dans le coma et quand je me suis réveillée, je ne voyais plus. Commotion cérébrale sûrement irréversible. »

La voix d’Abby était tellement froide qu’elle s’en glacerait presque le sang. Disons qu’avec le temps, elle avait appris à accepter l’inacceptable…Avait-elle un autre choix ? Absolument pas.

« Tu sais ce qui me déçois le plus ? C’est que quand j’ai eu le plus besoin de toi, bah t’étais pas là. »

Sur ses mots, Abby ne pu s'empêcher de faire un pas en arrière. Comme si elle voulait consciemment mettre une distance entre eux.

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Le plus étonnant dans l’histoire ? Le fait que la haine indicible d’Abbygail se mette si soudainement à s’amoindrir. Comme si elle tenait véritablement à l’amitié de Maxime, ou tout du moins assez pour faire un effort et tenter d’oublier cette détestable histoire. Dieu sait qu’elle n’imaginait jamais assez à quel point l’erreur est humaine, étant donné qu’elle ne s’autorisait que rarement le droit à l’erreur. La pensée russe était faite ainsi, et elle avait diablement du mal à passer outre. En contrepartie, si elle était dure avec elle-même, elle le devenait également avec les autres. Mais avec Maxime, c’était différent. Il avait toujours été là, hormis ces deux derniers mois. Elle lui en voulait d’autant plus que ces deux mois avaient été un enfer pour la demoiselle, mais nulle faute n’est impardonnable, surtout qu’il admettait son erreur…Pourquoi restait-il en colère, alors ? Pour le principe, pour marquer le coup. Abby était assez portée sur la vengeance, et si Maxime était sûrement la personne qui avait le moins à craindre des représailles de sa part, elle voulait qu’il prenne amplement conscience que l’on n’abandonne pas un ami dans le besoin. La demoiselle préférait sans doute se taillader les veines plutôt que de laisser un véritable ami dans la panade…Son éducation la poussait pourtant à faire dans l’individualisme, mais elle avait semble-t-il prit cette qualité à sa défunte mère, qu’elle n’avait pourtant jamais connu. Voilà bien l’un des rares sujets qu’elle n’avait jamais évoqué avec Maxime, ou même avec Ashley. Sans doute était-ce stupide, du moins l’avait-elle pensé avant que cette histoire ne survienne. Et Abby se torturait littéralement l’esprit avec toutes ces idées plus saugrenues les unes que les autres, jusqu’au moment où elle sentit l’étreinte du jeune homme la toucher de près. Il venait de passer outre la colère de la jolie russe, faisant un pas vers elle alors qu’elle ne s’y attendait pas le moins du monde. Il fallait dire qu’habituellement, les colères de la demoiselle étaient plus colériques, et suffisaient à elles seules à décourager ceux qui auraient voulu faire preuve de gentillesse à son égard. Détestable contradiction, n’est-ce pas ? D’un côté, Tasha avait raison de dire qu’Abby crevait de solitude, et d’un autre, Abby faisait absolument tout pour être seule. Si ce n’est pas malheureux, tout ça !

« Tu sais que je suis censée de détester jusqu’à la fin de mes jours ? »

Pourtant, Abby ne pu retenir un léger sourire. Elle rendait volontiers cette étreinte à Maxime, comme s’il avait exactement deviné ce qu’il fallait faire pour l’adoucir et lui ôter toutes ces pensées sombres de la tête. La demoiselle aurait pu rester un bon moment ainsi serrée contre son ami proche, mais son portable cru que c’était le moment rêvé pour se mettre à sonner. La demoiselle du donc s’éloigner de Maxime quelques secondes, pour décrocher, ne se doutant pas un seul instant qu’il s’agissait de sa tante, venue passer quelques jours à San Francisco pour une affaire urgente. Il ne fallait pas oublier qu’elle était la directrice du contre espionnage à la CIA, et qu’elle voyageait sans arrêt à travers le monde, depuis des années. C’était ainsi que Tasha comme Abby avaient été trimballées de pays en pays à cause de ses fameuses affaires. Pourtant, la jolie russe ne se plaignait pas de cet état de fait…Après tout, jamais elle n’aurait pu visiter autant de pays et apprendre plusieurs langues sans cela. L’appel fut relativement court, comme d’habitude, Ekaterina Vodianova n’aimant jamais s’étendre sur des choses aussi essentielles. Elle donnait une réception privée pour ses proches, et elle voulait qu’Abby soit son bras droit pour la soirée…Parfait. Aussitôt qu’elle eut raccroché, un immense sourire amusé se dessina sur les lèvres fines de la demoiselle, avant qu’elle n’énonce, d’une voix tout aussi amusée :

« Ma tante Ekaterina donne une réception ce soir…Et tu vas m’accompagner. Allez, je n’accepterais pas un non comme réponse ! Puis tu m’en dois une, et comme ça fait un bail qu’on n’a pas joué aux parfaits enfants de bonne famille, j’exige ce retour d’ascenseur. On va passer tranquillement chez moi, pour trouver un truc potable à mettre…On a le temps. Allez, go ! »

Abby détestait jouer les filles de riche dans les soirées de richards…Mais si Maxime l’accompagnait, la chose promettait d’être plus amusante. Elle prit donc la main du jeune homme avant de se diriger vers la sortie de l’université. Non sans une bonne part d’hésitation certes, mais ils y parvinrent ensemble, avant de trouver un taxi de libre. Il était évident que la demoiselle n’allait pas rappeler Charles alors qu’elle lui avait donné deux jours de congé amplement mérités ! Le taxi les déposa juste devant l’immense demeure Vodianova qui plus est, si bien qu’ils ne mirent que peu de temps pour au final se trouver dans l’immense penderie générale de la maison. Abby y stockait un certain nombre de robes de soirée, ainsi que des costumes, pour quand ses cousins passaient à la maison, ou même son père. La jolie russe tâtonna quelques instants avant de trouver le rayon des costumes masculins, avant de se tourner vers Maxime et d’énoncer en un sourire :

« Voilà ton rayon. Je te laisse choisir, y’a plusieurs types de taille donc tu devrais trouver ton bonheur. Pour ma part, je sais pas encore laquelle je vais choisir, je vais d’abord aller faire une super douche pour effacer mon entraînement. Après, j’aurais sûrement l’esprit plus clair ! A tout de suite, cavalier. »

Abby fila aussitôt sous la douche, cherchant durant tout le temps qu’elle passa dans la salle de bain ne serait-ce qu’un type de robe à mettre. Il ne fallait pas qu’elle paraître trop discrète, ni trop voyante. Du noir était donc tout indiqué…Si bien que lorsqu’elle sortit de la douche, elle se dirigea dans sa propre penderie, juste à côté de sa chambre, habillée juste d’un peignoir en soie blanche, les cheveux attachés d’un chignon serré. Si Maxime pouvait l’aider à cet instant précis, ce serait déjà ça de gagné…Mais si cela se trouvait, il avait du mal à trouver son propre costume !

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« Tu oublies que je peux pas voir ton costume, idiot ! M’enfin, attends, je vais arranger ça. »

Abbygail ne pouvait pas voir avec ses yeux, mais toucher, ça elle pouvait. Ce fut pourquoi, au lieu de le laisser chercher une tenue qui pourrait lui aller à ravir, elle s’approcha pour frôler en premier lieu son visage, afin d’être sûre d’être au bon endroit et de ne surtout pas faire d’erreur. Elle redessina ses pommettes du bout de ses doigts, avant de descendre progressivement sur son cou, avant de toucher ses épaules. L’espace de quelques secondes, elle serra légèrement ses épaules larges comme si elle venait de le féliciter pour quelque chose. La moue satisfaite qu’elle fit était significative, mais bientôt, elle ne pu retenir un léger rire amusé. A toucher ainsi la matière de la veste de costume qu’il portait, il avait choisi un ensemble que Ekaterina avait acheté pour Charles, son cousin. Visiblement, ils faisaient la même taille, et ce vêtement très probablement hors de prix à cause de sa merveilleuse qualité lui allait à merveille. Comme s’ils avaient commandé ce matin-même un costume sur mesure, qui avait été fait spécialement pour qu’il le porte ce soir. Evidemment qu’il allait lui faire honneur, et Abby s’amusa à penser que cette soirée n’arrivait pas par hasard. Comme s’il était écrit quelque part qu’ils allaient passer une excellente soirée à se moquer des gens trop riches, trop sûrs d’eux, un verre de champagne à la main…Comme ils l’avaient si souvent fait alors qu’elle voyait encore, bien avant son accident. Passer cette soirée ensemble était exactement ce qu’il leur fallait afin de retrouver leur amitié intacte. L’inviter lui plutôt que quelqu’un d’autre de nettement plus ennuyeux lui avait paru naturel, qui plus est. Abby avait l’habitude de passer ce genre de soirée mondaine en sa compagnie, parce qu’il avait toujours su tourner l’excès de sérieux de ces gens riches à la dérision. Oui, il la faisait rire, vous n’avez pas mal lu. Maxime avait cet humour spécifique qui faisait qu’Abby ne s’ennuyait jamais en sa compagnie…Ne plus avoir le moindre lien d’amitié avec lui l’aurait probablement désespérée. Certes, les amabilités qu’elle lui avait envoyées en pleine figure un peu plus tôt dans l’après-midi n’avaient guère été douces, mais il les avait méritées. Cela étant, la jolie russe souhaitait maintenant lui offrir l’opportunité de la surprendre. Autant dire que le choix qu’il avait fait en matière de costume la surprenait déjà ! Alors que ses mains s’échouaient maintenant contre son torse, descendant progressivement jusqu’à frôler la chemise ainsi que la cravate qu’il avait choisi de porter. Pour un peu, quelqu’un ne les connaissant pas et les voyant ensemble pour la première fois n’aurait pu s’empêcher de penser qu’Abby avait l’intention de le déshabiller dans la seconde. Mais ce n’était pas là son intention, bien au contraire. Elle ne faisait qu’imaginer la façon dont il s’était habillé, qui allait probablement l’inspirer pour sa propre tenue. Après tout, le but de la manœuvre était qu’ils soient assortis, n’est-ce pas ?

« Excellent choix. Bon…Autant dire que si mon cousin Charles-Edouard te vois avec ce costume il va vouloir te brûler vif, mais n’aie crainte, je le laisserais pas faire. Et puis il ne sera pas à cette soirée, alors tu n’as strictement rien à craindre. »

Abby lui fit un léger clin d’œil avant d’enlever plutôt brusquement ses mains de son torse, décidée à le laisser tranquille. Son unique façon de voir, ou plutôt d’imaginer les choses pouvait parfois gêner, et Abby préférait que Maxime soit à l’aise et non intimidé. Elle retourna aussitôt à sa recherche de robe, une légère pression pesant sur ses épaules : Il avait choisi le plus beau costume de la collection familiale, alors comment être à la hauteur désormais ?

« Bon, effectivement, j’aurais besoin que tu fasses trente seconde ton Karl Lagerfeld ! Tu as un certain goût donc ça va me donner un sérieux coup de pouce. Donc, résumons : Plutôt robe blanche courte et plus ‘provoc’, robe rouge façon ‘séductrice de sortie’ ou encore…Noire, classe et discrète à la fois ? »

Abby lui déposa les trois robes en question devant le nez, afin qu’il soit en mesure de choisir…Cela dit, tandis qu’elle venait tout juste de les sortir de la penderie, elle se dit qu’il valait sûrement mieux qu’elle les essaye pour qu’il ait un meilleur jugement !

« Okay, bon, je vais les essayer l’une après l’autre et tu me diras laquelle me va le mieux…Deal ? »

Avant même d’obtenir son approbation, Abby passa dans la salle de bain pour enfiler la première robe, à savoir la blanche, courte plutôt provoc. Une fois sortie, elle fit un petit tour de l’immense penderie, avec les chaussures assorties, avant de reprendre le chemin de la salle de bain non sans faire une pause à la Pin Up des années quatre vingt, juste pour le fun. Pour la seconde robe, la rouge faisant séductrice, elle tourna plusieurs fois sur elle-même, comme si ce vêtement avait été fait pour une danseuse de tango. Elle fit un clin d’œil à Maxime avant d’aller essayer la dernière, qui lui allait le mieux…La noire, relativement longue et fendue, qui moulait divinement ses courbes parfaitement dessinées. Elle resta un moment dans la penderie, à marcher lentement, un regard particulièrement expressif et ses traits de visage parfaitement détendus. Elle s’arrêta à quelques centimètres de Maxime, avant de dire en un sourire :

« Alors, verdict monsieur le juge vestimentaire ? »