• Oksana & Benjamin •

Une Reine de la nuit. Un élément indispensable au bon déroulement d'une fête. Une pile électrique dont l'état de santé s'affaiblissait de jour en jour, atteinte d'un grave handicap dont peu en connaissait l'existence. Mais si les années restantes à vivre s'écourtaient dangereusement, la blondinette n'en ratait pas la moindre minute. Ainsi rendue à une fête ▬ une habitude adoptée par la Gamma depuis des années ▬, c'était tard dans la nuit que cette dernière jugea bon de rentrer chez elle. Une sage décision à la différence de son état.. car ivre morte. Titubant de toute part en s'accrochant aux diverses obstacles qui se présentaient à elle, la jeune femme était dans un sale état. Supportant par ailleurs assez bien l'alcool, mêler autant de drogues à ce dernier n'était certainement pas une chose que celle-ci referait de si tôt.. Les yeux gonflés et son inconscience à son maximum, c'est à pieds qu'Oksana réussit à parcourir une centaine de mètres, chanceuse de ne pas avoir été abusée par un quelconque individu, ou même s'être faite embarqué par les forces de l'ordre. Une chose certainement délicate à en juger par le casier de la belle, ne portant absolument pas ces derniers dans son coeur, de nombreuses fois fut-elle embarquer pour insultes et coups..

L'air frais venant à lui remettre vaguement les idées en place, la belle s'asseyait sur le premier banc qu'elle rencontra. Honteuse d'être montrée dans une telle faiblesse, Royce désirait se reprendre. N'importe laquelle de ses connaissances auraient pu la voir dans un tel état. Hors, tous savions à quel point la belle détestait afficher un quelconque point faible de sa part. Elle ne se pardonnait aucune faute. Bien que celle-ci fusse faite.. La belle se laissait ravager par son passé. Faisant le vide dans son esprit, Blondine se rendait compte de toutes ses fautes passées. Elle avait fait beaucoup de monde, dont elle en première. Alors qu'elle vagabondait à travers les derniers moments de bonheur qu'elle pu vivre dans le passé ▬ dit son ancienne vie ▬, la belle fut subitement éblouie par les phares du voiture. Ainsi aveuglée, une main protégeant instinctivement son visage, l'étudiante essayait de percevoir l'automobiliste qui s'arrêtait non loin d'elle. Se levant en croyant reconnaitre son « poulain », c'est maladroitement qu'Oks vint à s'accouder sur la portière du véhicule. « Han.. Ben, tu tombes bien.. » geignait-elle, épuisée. « Tu pourrais me ramener, stoplait ? » Une petite moue venait alors à s'afficher sur son visage, usant une nouvelle fois de ses charmes. Lui revenait alors la nuit passée en compagnie du jeune homme.. plutôt pas mal. Royce reconnaissait haïr le besoin de dépendre d'une autre personne, surtout en cet instant. Mais si son corps le lui aurait permis, la fêtarde n'aurait pas hésité une seule seconde à parcourir les quelques kilomètres qui la séparait de son chez elle à pieds, aucunement du genre à se plaindre pour rien.

Oksana & Benjamin

Bon sang, que c’était douloureux… L’amour, lorsqu’il nous tombe dessus, enfonce ses griffes cruelles et sanguinaires au creux de notre âme. Cupidon n’a nulle pitié. Il tire ses flèches, il fait s’effondrer de sentiments quelques beaux couples… Et puis s’en va, pour ne plus revenir. Laissant planter sa flèche empoisonné au creux du cœur des amoureux. Les yeux rivés sur la marque rouge qui encercle son annuaire, Benjamin se fait rage pour ne pas se mordre la lèvre inférieure. Posé sur le comptoir d’un bar, son esprit ne désirait guère lui laisser le plaisir d’entrevoir le repos. Des souvenirs assaillaient sa mémoire, chacun lui procurant un coup rude en pleine poitrine. Bon Dieu, que ça fait mal. Dans ce même bar, il revoyait le fantôme de sa silhouette… De leurs silhouettes… Enlacées et s’aimant d’une tendresse véritable. Et dire que ce soir-là, il ignorait qu’il remettrait un jour les pieds ici… Pour tenter de faire disparaître un amour perdu. Et cette foutue cicatrice, marque de brûlure de l’anneau qu’elle aurait dû garder… Qu’elle lui avait promis de porter… Au diable les promesses. Il n’y avait que la souffrance qui respectait ses dires : à savoir le hanter jusqu’à la fin de ses jours… Bien heureusement pour lui, cela ne tarderait plus. Un niais sourire vient étirer ses lèvres alors qu’il décroche son attention du point invisible qu’il fixait, la reportant sur son verre inachevé. Et une nouvelle cigarette… Qu’à chaque cendre qui dégringole de sa drogue, sa vie s’en aille en fumée. Il ne fallu que d’une promesse non respectée pour qu’un ange s’en aille au paradis… Laissant pour mort un homme désabusé.

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Son cœur loupe un battement, deux peut-être. La silhouette blonde se trouvant à quelques pas de lui éveille chacune de ses souffrances. Il sombre, encore. Une nouvelle fois voilà que son regard se mettait à entrevoir de fausses illusions. Une perle de sueur froide longe sa tempe alors qu’il identifie du coin de l’œil les traits de son monstre de Gamma. Dans un murmure inaudible, il soupire son nom. « Oksana… ». Un frisson longe son échine alors que ses songes s’égarent dans les souvenirs misérables de la dernière nuit passée en sa compagnie. D’une expression impénétrable, il stoppe le véhicule face à son démon, la dévisageant l’espace de quelques secondes. Ainsi naquit sur son visage un mesquin sourire amusé. Que la miss Royce réclame l’aide de celui dont elle avait abusé quelques semaines plus tôt, en voilà une bien belle surprise. Sans doute en aurait-il eu la force qu’il aurait quitté le véhicule pour la détruire… Qu’elle hurle grâce en agonisant doucement. Que cet homme pouvait vouer une éternelle passion pour la haine refoulée. « Tu sais que j’pourrais tout aussi bien te laisser crever sur le bord de la route après c’que tu m’as fait. » Et pourtant, son regard ne décollait guère du sien. Quelle fascination pouvait-on porter à l’égard de l’une des filles de Satan en personne ? C’est le faible garçon qui s’est épris de la cruauté de son agresseur. Se pinçant les lèvres, Benjamin fini par frapper machinalement le volant de son véhicule en grognant d’une voix rauque une flopée de mots : « Monte. J’vais faire en sorte de prier pour qu’on ait un accident. »

Il n’attendit guère bien longtemps avant de rageusement reprendre la route, la blonde posée à ses côtés. Aller savoir pourquoi cette terrible soirée avait quelques nuances amères de la première qu’il avait avec Elle… Une boule au creux de la gorge, il soupira de lassitude. Une main posée contre la tempe, le voilà qui en venait à ne plus faire bien attention à la route… Ni même à sa charmante invitée surprise. A quoi jouait le hasard ? Saloprie de douleur… Foutus sentiments. Et maudit Amour.

Si de par de nombreuses fois dans le passé, Oksana avait pu commettre de multiples fautes, celle-ci n'en éprouvait pourtant pas le moindre songe de culpabilité. Presque fière. A quoi servaient les remords si ce n'était à hanter et à empêcher tout progrès d'autrui ? La vie continuait et il était hors de question de ressentir la moindre compassion pour quiconque. Ce qui était fait l'était et, personne ne pouvait rien n'y changer. De l'Oksana à l'état pur. Ainsi, bien que de nombreux souvenirs passés lui revinrent en tête dès qu'elle croisa la route de Vilammée, ceux-ci lui arrachèrent un sourire des plus coquins malgré l'aveuglement que les pleins phares du véhicule lui causèrent au passage. Contre toute attente ▬ ou pas ▬, la réaction du conducteur fit légèrement rire la jolie blondinette, à présent à ses côtés. Dans un état toujours aussi pitoyable, la jeune femme allongeaient ses jambes nues sur le tableau de bord tandis que sa nuque venait à se reposer tranquillement sur l'appui tête de son siège. « Merci.. t'es mignon » gémissait-t-elle. « Peut-être que je pourrais te remercier.. » Sa main glissait adroitement sur la cuisse du jeune homme, remontant à l'endroit récemment visité ( a ). « Comme il se doit.. s'entend ». Collée au flanc de Benji, le mal être de Royce paraissait s'être évanouie, l'appelle de la chair étant de nouveau maitre de la situation et de toutes raisons.

Ivre mais loin d'être stupide et naïve, Oksana avait instantanément remarqué la gêne et la colère de l'étudiant. Des sentiments qui étrangement, embellirent encore plus les traits de son visage. Chose qui ne séduit que plus l'ivrogne. « Arrête toi sur ce parking.. » venait-elle à ordonner. « J'ai besoin de te parler ». Mais dans quel pétrin le jeune français s'était-il à nouveau de se fourrer ? La lionne avait sévi.. Attendant l'arrêt de l'automobile, la belle fit ses aveux. « Je suis enceinte de toi.. »

Son cœur saigne encore la douleur de sa perte. Il conduit, mais ne voit plus rien. Qu’un autre véhicule vienne percuter de plein fouet sa voiture, il en hurlerait de joie. A quoi bon lutter contre ce que l’on ne peut combattre. L’ignorance de l’amour de toute une vie. Et cette femme, à ces côtés… Qui ranimait tellement violemment ses souvenirs fragiles. Il pose son regard sur les jambes qui prennent place sur son tableau de bord, un rictus se dessine sur ses lèvres. Mignon oui, certainement… Puisqu’elle le disait. C’avait été une grossière erreur de prendre une nouvelle fois cette femme avec lui. Le démon et l’innocent pécheur, enfermés dans une même pièce… Et si proches. Fatalement, l’ivrogne Gamma refit bien vite surface. Benjamin frissonna d’horreur en sentant une main se poser contre sa cuisse. Mais il ne dit rien, exaspéré et par-dessus tout las. Las d’une existence trop vécue. Un drogué en manque de son héroïne. Un amoureux en manque de son cœur. Son essentiel. Il grimaça et ne pu retenir un grognement toutefois surpris lorsqu’elle guida sa main un peu plus haut. Retirant d’u geste brusque le bras de sa charmante amie, il se retint d’envoyer valser le véhicule d’un unique coup de volant. Crispé, agacé, tordu de douleur au fond…. Il soupira de fatigue : « Etant avant tout un galant jeune homme ma chère, je me passerai de tout remerciements quels qu’ils soient.... Et putain arrête de jouer à faire la jolie chienne de service où c’est avec une laisse que j’viendrai te chercher le prochain coup. Et merde. » Il frappa des poings sur le volant… Et puis elle reprit la parole.

Son pied se posa presque instantanément sur le frein. La voiture s’arrêta dans un bruit strident. Un haut-le-cœur s’empara de lui, il grimaça légèrement en refermant les yeux. Une main posée sur l’arrête de son nez, un léger rire faussement amusé s’échappa de ses lèvres pincées. Enceinte ? Venait-elle de dire qu’elle était enceinte ? Et de lui ? Comble de l’ironie si on lui affirmait que la chose était vraie. Il inspira doucement avant de reporter son attention sur elle. Comment cela aurait-il pu s’avérer vrai ? L’alcool pouvait brouiller certaines choses… Mais pas cela… Incertain, il hésita. « Enceinte… De moi ? Tu plaisantes j’espère. Je vois pas comment et quand t’aurais pu… Roh bordel, Oks’… Compte pas sur moi pour t’accompagner jusqu’à l’hôpital te faire avorter. Ou à la rigueur y a plus simple sinon, mais ça risque de faire un peu mal. » Mesquin sourire qu’il lui adresse avant de lâcher un nouveau soupire, agacé. Autant avoir un enfant résidait comme étant l’un de ses rêves autrefois ; autant savoir que la femme qu’il déteste le plus au monde porte peut-être son gosse… Quelle ignoble vérité si cela l’était réellement. D’un geste rageur, il quitte la voiture et sort. Laissant négligemment le moteur tourné. Qu’elle se tire avec tiens, quelle plus merveilleuse idée que celle-ci.

Une cigarette, un briquet, et il se remet à faire davantage crever ses poumons déjà condamnés. La nouvelle était tombée, mais bon Dieu, ça foutait un coup. S’asseyant sur le trottoir le voilà qui se mettait à songer. Et pi pourquoi elle avait dû croiser son chemin ce soir… Le hasard fait bien les choses hein ? Bah voyons. Si c’était le cas, c’n’aurait pas dû être le chemin d’Oksana qu’il aurait dû croiser ce soir-là. A la pensée de celle qu’il aimait, le Thêta souffla de lassitude la fumée blanche avec laquelle il s’amusait. Quel foutu poison, cet amour. Au moins la nuit aura été riche en surprise. Par ailleurs, il ne fit acte d’ignorance face à la voiture klaxonnant à leurs côtés. En quoi se garer au beau milieu de la route était-il un affront ? Toujours à râler ce foutu monde. Benjamin leva les yeux au ciel dans un geste agacé. Il se laissa retomber en arrière, dos contre le parterre de la rue. SDF ? Pire que cela : il jouait au garçon le plus malheureux de la planète ce soir. Un véritable enfant qui n’se lassait décidemment pas de son statu… Enfin, si après cela peut lui permettre de regagner sa douce solitude, soyons fous. Sans la regarder, sans même guetter pour voir si elle avait bougé ou non, il lâcher entre deux taffes une floppée de mots peu articulés : « Tu devrais peut-être remonter à pied finalement. Ou au pire embarques la voiture, c'pas grave. Mais reste pas ici, dégage. »