Il n'y a que deux maux bien réels dans le monde ; et tout le reste est idéal...
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Sujet: Il n'y a que deux maux bien réels dans le monde ; et tout le reste est idéal... Sam 10 Avr - 0:19
« Au revoir Vladimir. N'oubliez pas votre rendez-vous, ni les médicaments. » Aujourd’hui, c’était lundi et également le jour de ma sortie d’hôpital. J’aurais du partir avant le week-end, normalement, hélas, un escapade improvisée m’avait valu deux jour cinq jours d’examens de santé aussi bien physique que mentale. Que c’était dur d’être impulsif ! Le monde entier se raisonnait quand vous agissiez. Enfin, j’étais désormais libre… d’aller acheter moi-même les traitements nécessaires pour remédier à ma fatigue chronique, et les pommades censées, à terme, améliorer l’aspect de ma cicatrice. Oh, je ne vous en ai pas parlé ? Un junkie m’a agressé un matin au couteau. A force de le dire, ça ne me fait ni chaud ni froid, par contre j’ai toujours du mal à regarder mon visage en face. Les infirmiers m’ont regardé pendant quinze jours avec un mélange de compassion ainsi que de lassitude, il n’est pas dit que mes proches seront aussi gentils avec ma face de monstre. Je visualise la réaction des commerçants, plus si sur que ça de vouloir sortir. Un nœud au ventre, je franchissais la porte de l’hôpital. D’une main tremblante, je ramenais une longue mèche de cheveux sur la plaie avant de secouer la tête et de recommencer. Mieux valait ressembler à un ours qu’à Frankenstein. Je marchais tête baissée, sans but, hésitant à rentrer chez moi. Mon appartement déjà peu ordonné habituellement devait sentir le renfermé, la poussière, la vaisselle pas lavée, bref, l’abandon. Je me sentais assez seul actuellement pour ne pas retourner le couteau… dans la plaie. De plus, la psychologue que j’avais été forcé de voir m’avait hautement conseillé d’essayer, désormais, d’être raisonnable. Oh, qu’est-ce que cela voulait dire raisonnable, lorsque l’on errait dans les rues, tête baissée, sans but ? Peut-être écouter les conseils des gens compétents. Je sortais une ordonnance froissée de ma poche, déchiffrant les noms énigmatiques écrits à la va-vite en minuscules caractère. Les médicaments paraissaient rassurants, gages de bonne santé et de réconfort, même si je me rappelais ceux présents lors de l’overdose fatale de mon père. Somnifères et antidépresseurs, un cocktail funèbre. On m’en avait prescris, mais ce n’était pas pareil. J’en avais besoin, non ? La Walgreen pharmacie ressemblait à un hôpital miniature, blanc, propre, hygiénique. Une employée à la caisse, remarquant mon pas mal assuré, m’aborda. Nerveusement, je tendais le bout de papier écorné. Son regard changeait, presque imperceptiblement. Ainsi demander cette pommade, avec ces médicaments là précisément, cela avait un sens particulier. Je l’aurais étranglé, cette fille, qui souriait mécaniquement avec une compassion forcée. Avant, les femmes, je les séduisais. Aujourd’hui… aujourd’hui je n’étais rien d’autre que Vladimir. Vie de merde. Elle posa les petits paquets, le tube, et me demanda d’une voix douce. « Vous payez par carte ou en espèce ? » ASSEZ ! Quelle idiote. Sans réfléchir, j’envoyais mes traitements à terre. J’allais m’en retourner quand je tombais nez à nez avec… non ce n’étais pas possible. Pas Casey Adrea Nelson. Pas alors que je ressemblais à une petite bête traquée, les yeux animés d’une lueur de crainte. Je me stoppais net, et sans penser, parlais. « Bonjour... tu peux m’aider à ramasser mes antidépresseurs ? » c’était sorti tout seul.
Il n'y a que deux maux bien réels dans le monde ; et tout le reste est idéal...