Mais que venait donc bien faire miss Stewart dans un amphithéâtre vide en début de soirée ? Certes il n'était que 19h mais qu'elle soit ici au lieu d'être avec ses plus proches ami(e)s en train de réfléchir à leur prochaine soirée ou échanger diverses rumeurs et potins n'était absolument pas dans ses habitudes. Bien au contraire, on aurait put penser qu'elle était malade. Mais il n'en était rien de sa santé physique. Tout ce qui n'était pas physique par contre ... Ses sentiments par exemple. Les émotions qui parcouraient son corps, assise en fond de salle, les yeux dans le vide, n'étaient absolument pas la bienvenue chez elle. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de constater à quel point elles étaient plus forte qu'elle ne l'aurait désiré. Jusqu'à cette soirée, elle avait toujours fermement pensé qu'elle avait le contrôle parfait de ses sentiments. Elle était convaincue qu'elle n'était pas de celles qui ne maitrisaient pas leurs pulsions et surtout leurs émotions. A vrai dire, elle était plus en colère contre elle même qu'autre chose. Profondément irritée d'avoir baissé sa garde, ce mur qu'elle croyait aussi dur que fer.

Lyzabeth expira d'un air exaspéré et roula des yeux. Il avait fallu qu'elle joue avec le feu évidemment. Au départ, elle n'attendait rien de ce qu'elle avait avec Desmond. Ils s'étaient automatiquement liés d'affection lors de cette fête qui marquait leur première rencontre. Depuis, ils avaient été bras dessus bas dessous à toute les fêtes, ils avaient partagés pleins de bons moments et Lyz était réellement heureuse de l'avoir comme excellent ami. Jusqu'à ce jour ou une nouvelle facette de sa personnalité lui fit comprendre que ça n'avait jamais été qu'amical entre eux. Bien sur, ils n'avaient jamais nié cet attraction pour l'autre mais leur amitié était plus forte ... à l'époque. Elle le regardait sous un tout nouveau jour mais son orgueil n'osait pas l'avouer. Bien sur, cela ne pouvait pas durer très longtemps et elle comprit bien rapidement qu'il fallait qu'elle mette les mains sur le volant si elle voulait une relation avec lui.

Au départ elle n'était pas sur des sentiments que lui pouvaient avoir. Alors, lors d'une fête, elle l'avait embrassé sans prévenir. Il n'avait rien fait pour la repousser et le baiser s'était essouflé naturellement. C'était encore l'époque ou le gamma n'avait fait que parler brièvement à son actuelle petite amie et Lyzabeth était convaincue de ses chances. Elle le regarda alors, sourire triomphant aux lèvres, victorieuse de voir qu'il ressentait bien autre chose malgré ce qu'il laissait penser. Une semaine était passé sans qu'ils se parlent et la semaine d'après symbolisait le changement dans leur relation. Lyzabeth était devenue beaucoup plus claire dans ce qu'elle désirait, lui rappelant ses intentions lorsqu'elle passait sa main dans ses cheveux ou par d'autre signes d'affection, le séduisant aussi subtilement qu'elle le pouvait, mais n'étant jamais vulgaire ou brusque lorsqu'elle le faisait. La finesse dans ses actes n'était pas sa marque de fabrique pour rien.

La gamma releva alors subitement la tête, lorsque la porte de l'amphithéâtre s'ouvrit et elle se sortit immédiatement de ses pensées. Elle ne prit pas longtemps à apercevoir celui auquel elle pensait mais roula des yeux, reposant son regard vers les quelques deux cents sièges devant elle. Il s'approcha d'elle et des flash de la soirée lui revinrent à l'esprit. Ils s'étaient ignorés aussi bizarrement soit-il pendant toute la fête. Le voir aussi serré dans les bras de sa belle l'avait énervé plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle posa son regard froid sur lui et ne put s'empêcher de lâcher lorsqu'il racla légèrement sa gorge,

- Qu'est ce que tu veux Desmond ?

Lyzabeth releva sa tête au son de la voix de Desmond. C'était étrange en un sens, ce que ses mots pouvaient lui faire. Enfin à y mieux réfléchir, c'était plus le timbre de sa voix qui avait pour effet d'envoyer quelques frissons le long de son échine. Ce n'était pas désagréable ... mais totalement hors sujet. Bien qu'en d'autres circonstances, et si elle n'avait pas montré un signe de faiblesse émotionnelle, elle serait déjà mise à lui sourire avec ce soupçon d'arrogance et de charme que les gens reconnaissaient bien en elle . Mais elle n'en fit rien et se contenta de l'écouter. Elle ne put tout de même pas se contenir à sa dernière phrase, lorsqu'il mentionna ses "attentes", et ses lèvres formèrent un sourire absolument délicieux. C'était un peu parabolique mais il n'y avait pas d'autres termes pour exprimer le mélange de séduction et de contentement qui ornait le visage de la gamma. Alors, elle murmura doucement.

- Mm voyons Desmond, tu penses vraiment que mes 'attentes' peuvent s'envoler comme ça ?

C'était sincère mais aussi plein d'autres choses à la fois. Lyzabeth avait beau être très claire dans ses intentions et absolument réaliste quant à ce qui l'entourait, elle n'était pas de celles qui connaissaient leurs limites. Elle ne jurait que par les limites de ses limites, si cela pouvait être clair. Cependant, elle avait réalisé il y a quelques temps déjà, que ce qu'elle pensait n'être qu'un jeu s'était avéré être de bien plus grande importance. Ce qu'elle avait avec Desmond -- pour elle -- n'était plus tiré par ses propres ficelles mais quelque chose de bien trop invisible à son goût.

Elle ne répondit pas à sa seconde remarque. Qui avait-il à répondre ? La soirée ne s'était effectivement pas passée comme prévue mais Lyzabeth ne voulait plus revenir dessus. Elle s'y était rendue compte à quel point elle s'était enfoncée elle même dans ses propres actions sans bien sur, réfléchir aux conséquences. Encore une fois, ce n'était pas du tout de son genre mais il fallait peut-être se mettre à avouer que Desmond la rendait beaucoup plus différente qu'elle ne l'était. Certains aspects d'elle changeaient du moins ...

C'est alors qu'elle avait perdu tout contrôle de ses paroles et qu'elle s'était ouverte à lui pour ce qui lui semblait être la première fois en très longtemps. Elle posa son regard sur le sien et resta immobile quelques instants, profitant de ce moment où il n'y avait personne d'autre qu'eux. Profitant de cette conversation, bien qu'elle soit tendue et remplie d'émotions différentes, les unes plus déstabilisantes que les autres. Puis, Desmond s'approcha doucement d'elle et la prit dans ses bras, comme si l'acte effaçait les questions. Lyzabeth enroula ses bras autour de son cou et ferma ses yeux en posant sa tête sur son épaule. Elle respira doucement l'air qu'elle partageait avec son gamma favori -- parce qu'il l'avait toujours été --, et se retira légèrement de son embrasse en replongeant son regard dans le sien. Elle passa sa main dans ses cheveux puis sourit tout en le faisant, le bon vieux temps en quelque sorte. Puis, elle chuchota en souriant faiblement.

- Merci ...

Lyzabeth n'avait pas perdu une seconde à savourer le fait qu'elle soit dans ses bras, sa main droite posée sur le dos de sa nuque, ses doigts se perdant quelque peu dans ses cheveux. Elle sentait son souffle dans le creux de son cou et la sensation d'être enveloppée par toute sa personne était incroyable. Par la complexité des émotions que les deux gammas ressentaient, le moment était inexprimable -- du moins, Lyzabeth était convaincue qu'elle serait incapable de décrire ses sentiments à ce moment. C'était presque naturel en un sens et la gamma ne put que froncer légèrement des sourcils, ça devrait toujours être comme ça. Elle en était si persuadé que par moment, elle se faisait peur.

Elle voulait quelque chose, aller plus loin, tester ses limites mais elle s'en empêcha. La tension du départ entre les deux s'était évanouie et elle ne voulait en aucun cas qu'elle renaisse de ses cendres. Cependant, elle ne put s'arrêter lorsqu'elle murmura ce si doux merci. Un mot qui voulait dire énormément de choses, Desmond le comprendrait sans aucuns doutes. Puis, elle posa son regard sur son visage, satisfaite de la proximité à laquelle il se trouvait. Elle sourit doucement lorsqu'elle remarqua que ses yeux avaient prit une couleur plus verte. Elle les avaient toujours vu bleus, un bleu profond, mais à ce moment, elle ne savait pas si la lumière lui jouait des tours ou pas, mais ses pupilles étaient bordées d'un vert qu'elle aurait put admirer pendant bien longtemps.

Desmond détendit alors un peu plus l'atmosphère en lui posant une question à laquelle elle n'avait que trop de réponses. C'était presque une question trop courante pour elle, mais bizarrement, venu de ses lèvres, elle prenait une toute autre définition. Elle rétorqua bien rapidement en soupirant un rire.

- Et si je te disais que c'était le cas ?

Elle lui fit alors un clin d'œil et se retira encore un peu plus de son embrasse. Non pas qu'elle n'y était pas très bien, au contraire, mais pour pouvoir se perdre quelque peu encore dans ses yeux. Comme dit précédemment, c'était une sensation inconnue pour elle, cette envie de se perdre dans l'autre, de n'être que deux sans personne d'autre. Et seuls, ils l'étaient bel et bien. Un beau sourire se dessina sur le visage de Desmond et après qu'il lui ait indiqué qu'ils n'avaient pas besoin d'attendre une prochaine fête pour se voir, Lyzabeth sourit à son tour.

- Excellente idée! Elle repassa alors sa main dans ses cheveux blonds -- c'était un geste très rapide et à la limite du compulsif chez elle -- et murmura. Et ne t'inquiètes pas, je suis sure qu'on se rattrapera très très bien.

Elle se mordit alors la lèvre inférieure puis reposa son regard sur son visage, sur ses lèvres plus précisément. Dieu qu'elle avait envie de l'embrasser. Elle frémit doucement en laissant -presque!- transparaitre sa frustration puis secoua sa tête, se repositionnant dans le fond du siège dans lequel elle s'était assise. Elle soupira alors et regarda droit devant elle.