Invité Invité
 |  Sujet: la fausse blonde & le franc français • Kayleigh&Émile. Ven 17 Avr - 23:33 | |
| Un café moka se trouvait devant ses yeux. Il était chaud et rien que de sentir la vapeur qui s'en dégageait sur sa peau la réconfortait. Depuis deux minutes elle le fixait, attendant qu'il devienne tiède. Autant demander un café glacé, si on n'aime pas le sentir brûler sur nos lèvres. Il devait y avoir une bonne vingtaine de personnes autour d'elle, en train de bavarder des derniers examens et de tel ou tel professeur. Personne de très intéressant, et leurs conversations ne l'étaient pas plus. Kayleigh releva les yeux, enfin, et tourna la tête vers la grande fenêtre brouillée par les gouttes de pluie qui s'y étaient logées. Dehors, c'était la grosse tempête. Le vent soufflait, menaçant de rompre tous les arbres de San Francisco en deux, et la pluie tombait comme des clous. Un soupir las s'échappa d'entre les lèvres colorées de rouge de la fausse blonde et elle empoigna enfin la tasse blanche sur laquelle The Albatross était gravé. Elle porta la porcelaine à sa bouche et aspira de ce liquide savoureux. Le café noir, elle ne supportait pas. Mais avec la quantité de sucre que le moka contenait, on ne percevait même plus le goût de la caféine, ce qui réjouissait la belle irlandaise. Le serveur n'avait pas mis assez de lait, par contre, ce qui eu pour effet de faire froncer les sourcils de la demoiselle. Elle reposa son café et ouvrit son sac en cuir noir greffé Gucci et en sortit son carnet de note. Elle inscrivit à l'intérieur les mots Lazy Eyes, Silversun Pickups. C'était la chanson qui venait de passer à la radio, et pour la première fois depuis qu'elle avait commencé à jouer en ondes, l'animateur en avait donné l'auteur et le nom. Elle afficha un sourire satisfait en reposant son livre au fond de son sac. Elle prit une nouvelle gorgée de son café moka et tourna le regard vers l'entrée, juste au moment où un visage familier s'y trouvait. Ce visage, Kayleigh l'avait vu à chaque soir, vers les environs de minuit. Chez elle, il était cette heure-là. Chez lui, c'était beaucoup plus tôt, avant qu'il ne parte pour l'université. Il s'appelait Émile R. Morel, ou du moins c'est ce qu'il lui avait dit. Il habitait en France, il était le garçon le plus gentil et généreux et romantique de la planète Terre. Kayleigh en était éperdument amoureuse, dans ses rêves et ses fantasmes. Ils correspondaient depuis plus d'un an maintenant, se retrouvant en face à face via la webcam à des heures pas possibles pour tous les deux. Elle se serait endormie à l'aurore, juste pour avoir vu son visage et l'avoir lu lui dire qu'il la trouvait magnifique, avec son joli minois fatigué. Alors que faisait-il ici, en Amérique, à San Francisco, à Berkeley en plus, tandis qu'il était supposé être sur un autre continent ? Kayleigh n'émit même pas comme hypothèse qu'il serait peut-être venu lui rendre une visite surprise alors qu'il était en vacances ou de passage pour je-ne-sais-quelle-raison. Non, tout de suite, la blondinette monta sur ses grands chevaux et s'imagina que le jeune homme lui avait mentit pendant tout ce temps, se moquant d'elle et se faisant passer pour un autre. Elle s'imaginait qu'il était étudiant ici depuis bien longtemps, qu'il était un américain pure souche et que lui et des copains la mattaient sur la webcam et allaient se vanter aux autres universitaires qu'ils avaient vu Kayleigh presque nue. Parce que oui, elle avait déjà retiré quelques morceaux de vêtements pour s'amuser. C'était innocent, vraiment. Seulement, elle n'aurait jamais imaginé qu'elle était en train de se faire duper. L'irlandaise se leva d'un bond sec et marcha d'un pas frustré vers lui. Arrivée à sa hauteur - bien qu'il fut plus grand -, elle lui tappa sur l'épaule et attendit qu'il se retourne. Une fois cela fait, elle vit les yeux d'Émile s'illuminer et un sourire s'agrandir sur son visage. Kayleigh fronça les sourcils et commença à lui crier après. « C'est quoi ton problème ?! T'es vraiment un trou du cul de m'avoir menti sur ton identité ! Putain que vous avez aucun principe, vous, les mecs ! Tu me donnes envie de vomir, Émile ! Enfin, si c'est ça ton vrai nom, bien sûr !! » Tout le monde dans le café se tourna vers eux, sortant presque le plat de popcorn pour assister à la scène digne d'un soap américain. Kayleigh ne broncha pas et continua à défier du regard le jeune homme qu'elle considérait jusqu'à maintenant comme son confident.
|
|
