-Ok pour ton portable. Enfin, ça n’empêche que tu aurais pu m’envoyer un mail…y’a toujours une solution. Tu dis que tu n’aurais jamais du me laisser partir seul ? J’suis capable de m’occuper de moi… mais c’est peut-être ça qui te dérange. J’suis parti. Tu m’en veux ? Tu aurais le droit tu sais… J’t’ai appelé tous les jours, on était encore plus proches en étant à distance, comparé à maintenant où on s’regarde même plus, on s’embrasse même plus… J’supporte pas cette situation.

Difficile à dire comment se sentait Mathis après avoir entendu ces quelques paroles. La souffrance interne était toujours là, bien entendu. Il souffrait toujours de cette situation d’éloignement complet. Mais les paroles de Logan éveillèrent une nouvelle fois sa colère incontrôlable. Au fond de lui, il savait pertinemment que l’androgyne ne pensait pas cela, mais il percevait la chose comme si Logan le prenait pour seul fautif. « Tu aurais pu m’envoyer un mail », ce fut ce bout de phrase qui eu le don d’énerver l’apprenti photographe. Ses poings se serrèrent automatiquement dans le fond de ses poches alors que sa vue se voyait brouillée par ses larmes. Son arcade le piquait toujours autant, l’empêchant de prendre son temps avant de répondre. Il s’adossa à un mur, en face de Logan, et tant pis si ce dernier remarquait qu’il était au bords des larmes. Tant pis s’il remarquait sa blessure à l’arcade. Il ne parvenait plus à contenir se flux d’agacement qui le traversait depuis tout à l’heure, alors bien évidemment, il fallait que ça sorte. Mais sa voix se fit calme et posée, bien que mal assurée.

-J’aurais pu t’envoyer un mail ? Oui peut-être... mais de ton côté, à part m’avoir appelé trois fois, tu m’explique ce que t’as fait pour tenter de me voir ne serait-ce que deux minutes ? Il m’semble que tu as vite laissé tomber. Et oui, tu as surement raison. Je t’en ai peut-être voulu au fond de moi. Mais je pouvais pas l’admettre. Tu as fait ça pour ton avenir. Comment j’aurais pu comprendre que je t’en voulais de vouloir réaliser mes rêves alors que ma philosophie a toujours été de se surpasser pour les rendre vrais ? Et si ça peut te rassurer, moi non plus je supporte plus tout ça, faut que ça cesse.

Peut-être un peu cru, mais il avait fallu que ça sorte.
Contrairement à Logan, le stress de Mathis ne disparaissait pas pour un sous. Un de ses pieds tapotaient nerveusement le sol alors qu’il ne cessait de se mordre l’intérieure de la joue. Un mauvais pressentiment le submergeait, il devenait de plus en plus nerveux et de plus en plus en soucis pour leur avenir. Il avait tellement peur que cette discussion mette fin à leur histoire.

-Quand on était juste amis, on était encore plus proches. J’ai l’impression qu’on est que des inconnus l’un pour l’autre. Faut faire quelque chose...ou ça n'ira pas.

Bien sur qu’il fallait faire quelque chose. Mais quoi ? La question était belle et bien présente. Et elle rendait le jeune Werly complètement fou. Il se torturait l’esprit à force de se dire que tout allait se terminer. Normalement, il voyait toujours la vie du bon côté, mais là, il ne pouvait s’empêcher de faire le contraire. La peur lui rongeait trop le ventre pour qu’il puisse se dire qu’une issue positive était possible.
Il se racla la gorge, afin de ne pas montrer qu’il était mal, et répondit d’une voix toujours aussi calme.

-À t’entendre on croirait que la seule solution pour toi c’est de rompre. Si tu penses ça, j’me plie à tes exigences, même si ce sera impossible pour moi de continuer sans toi.

La fin de sa phrase commençait gentiment à être plus gentille. Ses sentiments pour Logan aussi voulaient éclater dans son discours. Ils voulaient se montrer aux yeux de l’androgyne, montrer qu’ils étaient là et plus forts que jamais. Mais la peur, une fois de plus, est un ennemi redoutable pour ces sentiments amoureux.
Baissant la tête, Mathis se mordit la lèvre inférieure en soupirant. Il ne savait plus quel chemin emprunter. Il s’était fait légèrement méchant dans ses anciens propos, et voilà que maintenant il souhaitait laisser éclater son amour pour Logan. Ça ne tenait pas debout. Et pourtant, il finit par se laisser aller. Passant son poignet sur ses yeux afin d’essuyer ses larmes naissantes, il cligna des paupières un peu plus fortement pour dissiper sa douleur à l’arcade une fois encore. Puis il se repoussa du mur pour s’avancer vers Logan. Là, il se mit à genoux devant lui et plongea ses yeux chocolats dans les siens avant de parler d’une voix faible.

-J’ai pas la force d’avancer sans toi Logan. C’est pour ça que j’suis venu, pour être à tes côtés. Je sais que j’ai fait des erreurs, qu’on s’est horriblement éloignés. C’est en partie ma faute. Mais... plus je pense au fait qu’une séparation est possible, plus j’me sens mal. Comme tu me l’as dit, je t’ai juré de penser à toi chaque seconde... j’te promets que c’est ce qui est arrivé. Comment veux-tu que je pense à quelqu’un d’autre, ou même à quelque chose d’autre ? Je t’aime Logan.

Très changeant, je sais. Mais la peur de perdre tout ce qu’il aimait avait fait que Mathis n’avait pas pu resté impassible plus longtemps.

-J’aurais pu t’envoyer un mail ? Oui peut-être... mais de ton côté, à part m’avoir appelé trois fois, tu m’explique ce que t’as fait pour tenter de me voir ne serait-ce que deux minutes ? Il m’semble que tu as vite laissé tomber. Et oui, tu as surement raison. Je t’en ai peut-être voulu au fond de moi. Mais je pouvais pas l’admettre. Tu as fait ça pour ton avenir. Comment j’aurais pu comprendre que je t’en voulais de vouloir réaliser mes rêves alors que ma philosophie a toujours été de se surpasser pour les rendre vrais ? Et si ça peut te rassurer, moi non plus je supporte plus tout ça, faut que ça cesse.

Si Logan avait réussi à énerver son homme avec ses anciennes paroles, il en était de même pour Mathis dans ce cas présent. Le fait de prononcer ces mots engendrait une certaine vague de colère -en lui- qui menaçait d’éclater à tout instant. Afin de se calmer, l’androgyne se mordit la lèvre inférieure -presque à sang-, puis souffla silencieusement. Si jamais la conversation prenait ce chemin, alors leur couple allait sérieusement voir la fin approcher. C’est bien connu, une dispute aussi avancée que celle qui menaçait de pointer le bout de son nez pourrait faire dire des choses que l’on ne voulait pas, et que l’on ne pensait pas.

-Moi ? J’ai juste passé plus d’une semaine à dormir deux heures par nuit. J’voulais faire le plus de boulot possible pour espérer te voir ne serait- ce que deux minutes. Les intercours, la cafet’, les salles de perm, j’ai tout fais… T’as raison, j’ai vite abandonné…Tu parles. Et tu m’en veux ? Ok…j’l’avais bien compris mais pourquoi tu m’l’as pas dis que tu ne voulais pas que j’parte, que tu t’y opposais ? J’s’rais resté pour toi. Mon avenir, c’est toi.

A croire que les deux amoureux avaient ce besoin indéniable de laisser leurs sentiments parler à leur place. Ils s’aimaient, et même s’ils ne se le montraient que très rarement, ils étaient capables de le faire. Logan soupira silencieusement, une nouvelle fois, puis cessa de jouer avec sa bague dans le but de glisser ses mains manucurées dans ses cheveux. Ce geste était automatique quand il se sentait mal, quand il était épuisé.
Pourquoi regrettait-il soudainement de s’être ouvert à l’homme qu’il aimait ? Pourquoi est ce qu’il sentait que ses dernières paroles n’étaient pas les bienvenues ? Peut-être parce qu’il sentait que Mathis ne croirait pas un mot de tout cela. Et il aurait raison de douter puisque Logan n’avait jamais montré ou laisser comprendre à son chéri qu’il était prêt à tout pour lui.

-À t’entendre on croirait que la seule solution pour toi c’est de rompre. Si tu penses ça, j’me plie à tes exigences, même si ce sera impossible pour moi de continuer sans toi.

Cette phrase fit plus de mal que de bien à Logan, qui ferma les yeux. Ceux-ci le brûlaient fortement à cause des larmes naissantes qui menaçaient de couler à tout instant. Mais malheureusement pour elles, le garçon ne les laissera jamais dévaler la pente de ses joues creuses, il était bien trop fier pour cela.
A vrai dire, ce fut surtout le « J’me plie à tes exigences » qui lui brisa le cœur. D’ailleurs, ça lui fit tellement mal qu’il n’eut pas le courage de retenir le reste ou plutôt le début de sa déclaration.

-Tu m’retiendrais même pas ?

Logan n’eut pas droit à une réponse immédiate. De toute façon, Mathis avait certainement déjà une autre idée en tête puisqu’il s’approchait progressivement de son petit brun. Ce dernier le regarda longuement, détaillant ce visage dont il rêvait chaque nuit, ce visage qu’il aimait tellement toucher et embrasser, ce visage si pure. Ses yeux noisettes, son petit nez, ses cheveux drôlement coiffés et cette arcade meurtrie… Ca, l’androgyne n’y fit pas attention plus longtemps. L’heure des questions n’avaient pas encore sonné, et ce, même si tous les deux avaient sûrement des choses à savoir l’un sur l’autre.

-J’ai pas la force d’avancer sans toi Logan. C’est pour ça que j’suis venu, pour être à tes côtés. Je sais que j’ai fait des erreurs, qu’on s’est horriblement éloignés. C’est en partie ma faute. Mais... plus je pense au fait qu’une séparation est possible, plus j’me sens mal. Comme tu me l’as dit, je t’ai juré de penser à toi chaque seconde... j’te promets que c’est ce qui est arrivé. Comment veux-tu que je pense à quelqu’un d’autre, ou même à quelque chose d’autre ? Je t’aime Logan.

Maintenant que Mathis était agenouillé devant son homme, ce dernier pût le regarder plus précisément. D’ailleurs, ce ne fut qu’en cet instant qu’il remarqua les petites larmes qui logeaient dans le coin de ses yeux marrons, demandant presque l’autorisation pour s’écouler. C’est vrai que le photographe ne pleurait que très rarement, ce qui fit réfléchir l’androgyne quant aux paroles de Mat’, mais aussi de Nathan. « Il t’aime, réfléchis à ça… » Evidemment, Logan savait que le châtain l’aimait, mais ce qu’il ne savait pas, c’était le pourquoi de la cause de ce comportement si soudain. Quoi qu’il en soit, Nathan avait toujours raison… Le brun devrait s’y faire. Il plongea alors son regard dans celui de son londonien et laissa, à son tour, son cœur s’exprimer.

-Tu es venu pour être à mes côtés ? C’est pourtant pas c’que tu fais… J’suis pas du genre jaloux mais là, j’dois bien avouer que j’envie ton appareil photo. Tu l’as toujours dans les mains… Moi aussi j’voudrais que tu m’accordes autant d’attention. Et tu t’rends compte que c’est juste au moment où la séparation est proche que tu viens vers moi ? Je t’aime moi aussi… mais si ça ne change pas entre nous, on s’f’ra trop souffrir et c’est pas c’que j’veux.

Logan souffla doucement puis s’humidifia les lèvres d’un furtif coup de langue, avant d’écarter un peu ses genoux. Ca permettait à Mathis de se faufiler entre si jamais il souhaitait rapprocher leur corps. Qui sait?

-Moi ? J’ai juste passé plus d’une semaine à dormir deux heures par nuit. J’voulais faire le plus de boulot possible pour espérer te voir ne serait- ce que deux minutes. Les intercours, la cafet’, les salles de perm, j’ai tout fais… T’as raison, j’ai vite abandonné…Tu parles. Et tu m’en veux ? Ok…j’l’avais bien compris mais pourquoi tu m’l’as pas dis que tu ne voulais pas que j’parte, que tu t’y opposais ? J’s’rais resté pour toi. Mon avenir, c’est toi.

Suite à cela, Mathis leva directement les yeux au ciel, exaspéré. Parti comme ça l’était, ce n’était pas prêt de s’arranger.. Il mettait la faute à moitié sur le dos de Logan, et ce dernier faisait de même avec lui. C’était comme se renvoyer une balle de tennis avec une raquette jusqu’à ce qu’un des deux finissent par lâcher prise. Absurde. Mais le pire, c’est que le châtain continua sur cette lancée. Il reposa ses yeux sur le visage de Logan et laissa un rire ironique et nerveux s’échapper d’entre ses lèvres. Sa rage et sa souffrance lui faisait vraiment faire et dire n’importe quoi.

-Oui tu as raison. Tu es le gentil dans l’histoire et moi le méchant. C’est tellement plus simple de ne rien se reprocher et de mettre la faute sur le dos des autres. Et comme ça je t’ai pas dit que j’voulais pas que tu partes ? T’as la mémoire courte dis voir... Je te l’ai dit ! Une fois seulement. Mais après je me suis rendu compte que je ne voulais pas que tu gâche tes rêves pour moi. J’avais envie de te voir heureux, de te voir faire ce dont tu avais toujours rêvé. J’ai pensé à toi avant moi. Alors j’ai pas insisté et je t’ai laissé venir ici.

Et ce n’était que la pure vérité. Mathis s’était sacrifié pour permettre à son brun de réaliser ses rêves. « Make your dream come true. » avait toujours été sa philosophie. Faire tout ce qui est en notre pouvoir, se surpasser pour permettre à nos rêves de devenir réalité. Et pour cela, les sacrifices étaient obligatoires. C’est pour que le rêve de Logan devienne réalité que le châtain l’a laissé partir et ne l’a pas retenu plus longtemps. Cela partait donc d’un bon sentiment, cela partait du plus profond de son cœur, du plus profond de l’amour qu’il avait pour lui.

-Tu m’retiendrais même pas ?
-Bien sur que si...

Mais ses paroles avaient été si chuchotées que Logan ne les avait surement pas entendues. Bien sur qu'il tenterait de le retenir. Cependant, si Logan préférait rompre pour se sentir mieux, Mathis cèderait. Il ne voulait que le meilleur pour son brun, il voulait le voir heureux, quitte à se faire souffrir.
Mathis était maintenant à genoux devant son homme, ses yeux larmoyants plantés dans les siens. Il remarqua bien évidemment que quelques larmes s’étaient emparés des yeux sombre de Logan, ce qui attriste fortement le châtain. Cependant, ni l’un ni l’autre ne sembla vouloir laisser libre cours à leurs pleurs. C’était connu, ils étaient trop fier, trop vantard pour oser pleurer devant l’autre. Ou même pour oser pleurer tout court. Il y a pourtant des situations pendant lesquelles cela devient impossible de s’en empêcher. Pour Mathis, la principale avait bien sur été lors du décès de sa petite sœur. Mais là, si ça continuait ainsi et finissait mal, il risquerait bien de craquer.

-Tu es venu pour être à mes côtés ? C’est pourtant pas c’que tu fais… J’suis pas du genre jaloux mais là, j’dois bien avouer que j’envie ton appareil photo. Tu l’as toujours dans les mains… Moi aussi j’voudrais que tu m’accordes autant d’attention. Et tu t’rends compte que c’est juste au moment où la séparation est proche que tu viens vers moi ? Je t’aime moi aussi… mais si ça ne change pas entre nous, on s’f’ra trop souffrir et c’est pas c’que j’veux.

Le photographe resta muet. Il ne savait plus quoi dire. Autant les dits de son chéri étaient horriblement touchant, car il faisait bien comprendre qu’il voulait être l’attention prioritaire de Mathis. Mais autant ces paroles le peinèrent, car il savait que Logan était ainsi, en manque d’affection, par sa faute. C’était lui qui s’était renfermé dans son monde de clichés, lui qui avait fermé ses portes à l’homme qu’il aimait. Et rien que pour ça, pour avoir osé faire du mal à son ange, Mat’ se disait qu’il méritait la mort.
Se mordant la lèvre inférieure assez violemment, le londonien souleva ses fesses posées préalablement sur ses talons afin de se redresser et de se retrouver plus près de Logan. Comme ce dernier avait légèrement écarté ses jambes, la tâche se montrait plus simple. Puis, une fois relevé, les mains expertes de Mathis allèrent prendre le visage angélique du brun afin de le forcer à poser ses yeux sur lui. En même temps, sa voix se fit des plus calmes, voire même tendre. Un soupçon de regret et de peine parvenait tout de même à s’y glisser.

-Logan... regarde-moi... J’ai fournis des efforts pour te voir... mais pas assez, j’avoue. Je sais que c’est ma faute si cet écart c’est creusé entre nous deux. Et tu peux même pas imaginer à quel point je regrette. J’veux pas te perdre... et j’suis prêt à tout pour réparer mes erreurs. Demande-moi de laisser tomber la photographie et de brûler tout mon matériel pour toi, j’le fais de suite.

Dit comme ça, cela pouvait sembler banal. Mais quand l’on sait ce que représente la photographie dans la vie du londonien, on ne peut qu’être touché par ses propos.

Le rire ironique et nerveux que laissa échapper Mathis déchira le cœur de l’androgyne, qui n’avait même plus la force de froncer les sourcils, de serrer les dents, ou les poings, ou quoi que ce soit d’autres d’ailleurs. Ce simple bruit qu’avait laissé entendre son homme, Logan le ressentait comme de la méprise, et ça le tuait.

-Oui tu as raison. Tu es le gentil dans l’histoire et moi le méchant. C’est tellement plus simple de ne rien se reprocher et de mettre la faute sur le dos des autres. Et comme ça je t’ai pas dit que j’voulais pas que tu partes ? T’as la mémoire courte dis voir... Je te l’ai dit ! Une fois seulement. Mais après je me suis rendu compte que je ne voulais pas que tu gâche tes rêves pour moi. J’avais envie de te voir heureux, de te voir faire ce dont tu avais toujours rêvé. J’ai pensé à toi avant moi. Alors j’ai pas insisté et je t’ai laissé venir ici.

Autant dire que Mathis n’avait pas besoin d’en dire plus. L’androgyne était profondément blessé. Jamais son homme ne l’avait fait autant souffrir -en un an de temps- en lui prononçant seulement quelques mots, qui relevaient en plus de la vérité. Logan hocha alors la tête positivement, se mordant la lèvre inférieure jusqu’à ce qu’une pointe de sang fasse son apparition ; il fallait bien que ça arrive depuis le temps qu’il insistait. « Tu es le gentil dans l’histoire et moi le méchant. C’est tellement plus simple de ne rien se reprocher et de mettre la faute sur le dos des autres. » C’était tellement méprisant. Si le jeune Davies avait eu l’occasion de savoir que leur confrontation irait aussi loin, il n’aurait jamais accepté de voir l’homme qu’il aimait. Discrètement, il baissa son visage et laissa une larme couler le long de sa joue creuse. Même si la suite des paroles de Mathis était touchante, il ne réussissait pas à oublier ce qu’il avait entendu précédemment.
Au moment où son chéri s’agenouilla devant lui, Logan renifla silencieusement et détourna son regard sombre, cherchant à dissimuler sa petite larme ; mais par chance, celle-ci était tombée sur son jean. Tellement de mots plus blessants les uns que les autres tentaient de passer la barrière de ses lèvres pulpeuses, mais Logan ne les laissait pas passer. Ca allait déjà trop loin à son goût pour qu’il réussisse à être méchant. De toute façon, c’était trop tard. Mathis l’avait vaincu.

Finalement, les amoureux se retrouvèrent assez proches. Mathis avait même prit possession du visage de son homme, entre ses paumes chaudes. Ce dernier ferma doucement les yeux, s’attendant une nouvelle fois à des paroles horribles, puis lia ses mains l’une dans l’autre de manière étroitement entremêlées.

-Logan... regarde-moi... J’ai fournis des efforts pour te voir... mais pas assez, j’avoue. Je sais que c’est ma faute si cet écart s’est creusé entre nous deux. Et tu peux même pas imaginer à quel point je regrette. J’veux pas te perdre... et j’suis prêt à tout pour réparer mes erreurs. Demande-moi de laisser tomber la photographie et de brûler tout mon matériel pour toi, j’le fais de suite.

« Regarde moi »…C’était déjà beaucoup demandé mais Logan parvint à faire un effort. Doucement et avec une certaine appréhension, il ouvrit ses yeux maquillés. Heureusement, même avec ses larmes menaçant de suivre le même chemin que la première, son maquillage n’avait pas coulé. Il refusait de se montrer aussi faible mais pour une fois, Davies n’avait pas su se contrôler. Il souffla silencieusement et analysa les paroles de Mathis, qui étaient certes touchantes, mais également un peu trop poussées. Ce n’était pas ça dont rêvait Logan.

-J’t’ai pas demandé d’aller jusque là. J’vais pas te demander de choisir entre notre relation et ton matériel, j’suis pas con non plus. T’es pas capable de concilier les deux ? J’te demande pas beaucoup de temps…juste, j’sais pas moi. Une heure tous les jours, c’est trop pour toi p’t’être ?

Logan détacha tranquillement ses fines mains puis en leva une jusqu’à celle de son homme. Lentement, il l’abaissa puis fit pareil avec la deuxième. Pas qu’il ne supportait pas que son visage soit tenu de cette façon, mais il n’avait juste plus l’habitude d’autant de tendresse. Depuis plus de deux mois, les deux amoureux s’étaient totalement délaissés, ne s’embrassant que quand ils y pensaient, ne se touchant que très rarement -pour ne pas dire jamais-. Alors il fallait un certain temps d’adaptation pour que l’androgyne réussisse à reprendre cette habitude, si jamais leur relation pouvait de nouveau voir le jour. Sait-on jamais… peut-être qu’avec les bons mots, Mathis et Logan auraient une nouvelle raison d’exister.
Davies se mouilla brièvement les lèvres puis se cala dans le fond du canapé avant de passer son poing sous son œil humide. Le fait d’être aussi vulnérable l’insupportait mais cela prouvait qu’il tenait à son homme plus qu’il n’y paraissait. En réalité, sans le photographe, le styliste n’avait plus autant de facilité à avancer dans la vie.
Son cœur amoureux battait tellement rapidement que Logan dût passer sa main vernie sous son t-shirt pour tenter de l’apaiser, bien que cela ne fonctionne absolument pas de cette façon. Il grimaça légèrement en sentant la fraicheur de ses doigts, puis remonta ses interminables jambes le long de son torse frêle.

-J’aurais jamais du partir de Londres…

Ca n’avait été qu’un chuchotement mais l’androgyne le pensait largement. Depuis qu’il était arrivé en Californie, le garçon n’avait droit qu’aux pires choses : Les élèves étaient horribles avec lui -outre Nathan et certains autres-, les cours étaient beaucoup trop durs à suivre. Du moins, les devoirs le fatiguaient à une vitesse incroyable, et sans compter le fait que sa famille et ses amis lui manquaient atrocement. Mathis ? Evidemment il était aussi concerné… si Logan n’était pas parti de son pays natal, le fossé entre leur cœur amoureux n’aurait jamais été creusé et l’envisagement d’une séparation n’aurait pas lieu d’être.

Logan « pleurait ». Et si il y a une seule chose au monde que Mathis aurait souhaité me jamais causé, c’était bien ça. Non, le jeune londonien n’est pas dupe, loin de là. Il avait bel et bien remarquer la petite larme scintillante qui avait dévalé la joue de son homme, il avait sentit la traînée mouillée qu’elle avait laissée sur sa peau. Et croyez-moi, le cœur de Werly se déchira rien qu’à cette constatation.

-J’t’ai pas demandé d’aller jusque là. J’vais pas te demander de choisir entre notre relation et ton matériel, j’suis pas con non plus. T’es pas capable de concilier les deux ? J’te demande pas beaucoup de temps…juste, j’sais pas moi. Une heure tous les jours, c’est trop pour toi p’t’être ?

Mathis ne trouva pas la force de répondre. Pour lui, son couple était bel et bien en train de s’effondrer. Et tout était sa faute, il en était conscient. Quand Logan retira ses mains de son visage, il le laissa faire, baissant la tête par la même occasion. Ses larmes se multiplièrent encore plus dans le creux de ses yeux, menaçant de couler à tout instant. Mais Werly s’efforça de ne pas craquer à son tour. Après tout ce qu’il avait dit de plus blessant, après toute la peine qu’il avait infligée à l’homme qu’il aimait, il n’avait pas le droit de pleurer. Ce serait illogique au possible.

-J’aurais jamais du partir de Londres…

Mathis se mordit automatiquement la lèvre. Sentant qu’il arrivait au bout de ses forces, il finit par se relever et s’éloigna de Logan afin d’aller se poser face à la fenêtre. Les yeux noyés au travers de la vitre pour regarder le paysage extérieur, ses larmes finirent par tomber. Ses pleurs se firent silencieux. Pas un son. Mais simplement de petites perles salées qui coulaient les unes après les autres le long des jours de Werly. Seule sa respiration laissait entendre de légers soubresauts.
C’était finit. L’esprit de Mathis s’était fait une raison, Logan et lui s’était terminé. Jamais le châtain ne trouvera de quoi réparer son erreur, de quoi retourner en arrière. Et il n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi, pourquoi petit à petit il s’était éloigné de l’androgyne pour s’enfermer dans son monde à lui, là où la photographie est reine ? Pourquoi ? Pourquoi ?...
Et à force d’y réfléchir, Mathis commença à y voir un peu plus clair. Son comportement avait bel et bien changé depuis la mort de Joyce. C’était évident que le problème venait de là. Werly adorait les enfants auparavant, mais depuis cette perte, il en était comme apeuré. Et depuis cette même perte, la photographie avait prit un aspect bien plus et beaucoup trop important dans sa vie. Elle avait été son échappatoire et maintenant, il ne parvenait plus à s’en sortir. Comme s’il en était drogué, indépendant.
S’étant rendu compte de cette atrocité, le cœur de Mathis éclata en miettes. Ses larmes ne cessèrent plus de s’écouler. Et pourtant, il puisa dans ses dernières forces pour finir de s’excuser, bien que Logan aie raison de peut-être se foutre royalement de ses excuses. Sa voix se fit maladroite, tremblante au possible. Jamais Werly n’avait été aussi mal. Pas même à l’enterrement de sa sœur. Ses larmes le prouvaient en quelque sorte, lui qui ne pleurait jamais.

-C’est depuis sa mort que tout a changé... j’me suis enfermé avec mes photos pour l’oublier, pour tenter de remonter la pente... tout est de ma faute... je...

Il ne savait même plus quoi dire.
Soudainement, le jeune londonien ressentit une forte douleur lui prendre tout le crâne. Son arcade s’était remise à saigner. Il l’avait soignée tellement rapidement pour ne pas arriver trop tard vers Logan que le pansement ne servait plus à rien. D’un geste indécis, Mathis l’arracha, laissant le sang apparaître au grand jour. Mais le saignement était faible, aucune trainée de ce liquide rouge ne se mêlera aux larmes du jeune anglais.
Le voilà maintenant perdu. Il ne savait pas quoi faire, quoi dire. Devait-il rester et s’excuser jusqu’à ce que Logan l’envoie paitre ? Devait-il partir maintenant afin d’éviter quoi que ce soit d’encore plus négatif ? Il n’en savait rien. Tout ce qu’il savait à présent, c’est qu’il avait causé tout ce qui arrivait à son couple et à Logan en ce moment... et que pourtant, son cœur tambourinait contre son torse afin d’hurler à la mort à quel point il aimait le brun.
Désemparé, Mathis finit par appuyer ses deux avant-bras contre la fenêtre, posant également son front à même la vitre. Ses larmes continuèrent de s’échapper de ses yeux, mais elles n’étaient plus seules. Son souffle les accompagnait. Saccadé, entrecoupé, saccadé, il avait tout d’un sanglot. Notre Mathis était bien mal en point.

-J'suis désolé Logan...

Sa voix avait été murmurée entre deux sanglot, mais suffisament prononcée pour que le concerné puisse la percevoir.

Le corps de Logan était tout recroquevillé sur lui-même. Ses jambes étaient maintenues -à l’aide de ses frêles bras-, contre son torse et sa tête reposait contre ses genoux. Maintenant qu’il était à l’abri des regards, le garçon pût laisser ses larmes couler sans gêne et sans se soucier des remarques ou même de la pitié que l’on pourrait lui porter. C’était un sentiment qu’il ne supportait vraiment pas et ce, surtout venant de la part de l’homme qu’il aimait. Malgré son reniflement assez bruyant, Logan pût entendre le frottement du jean de Mathis, qui venait de se lever pour s’éloigner à son tour. Comme quoi, tous les deux ne supportaient pas de s’afficher…C’était dommage. Un lien pourtant très fort les unissait, leur permettant alors d’agir l’un en face de l’autre sans ressentir de honte, ou de gêne. Pourquoi n’en profitaient-ils pas ? A cause de leur fierté sans aucun doute.
Plusieurs mètres les séparaient à présent. Le jeune Davies redressa son visage maquillé et passa ses mains sur ses joues creuses pour effacer les lignes mouillées par les larmes qui les lui inondaient. Jamais il n’aurait pensé que cette « séparation » lui ferait autant de mal. Jamais il n’aurait pensé tombé amoureux, aussi fort. Mathis était bel et bien sa première relation aussi fusionnelle…et Logan aurait tant espéré que celle-ci dure jusqu’à la fin de leurs jours. Est-ce que tout était perdu ? On dirait…Malheureusement.

-C’est depuis sa mort que tout a changé... j’me suis enfermé avec mes photos pour l’oublier, pour tenter de remonter la pente... tout est de ma faute... je...

Logan n’aurait jamais pensé que ça soit de la faute de la petite Joyce. Il est vrai que son homme avait beaucoup souffert de la mort de sa sœur, et quoi de plus normal après tout ? Mais comment est ce que leur couple avait pu en pâtir alors que l’androgyne avait veillé aussi souvent que possible, sur l’homme de sa vie ? Le garçon avait fait son possible pour que tout aille mieux, pour que son chéri remonte la pente, et voilà que maintenant il en faisait les frais. Ce n’était pas possible, la vie était vraiment injuste. Le cauchemar n’allait dont jamais s’arrêter ? La souffrance avait-elle décidé de l’achever maintenant, sans même lui laisser le temps de vivre ses rêves ? Logan étouffa un sanglot avant de toussoter brièvement.

-J'suis désolée Logan...

Les excuses de Werly accentuèrent les sanglots de Logan, qui dût faire de son mieux pour que ses pleurs restent silencieux. Malheureusement, cette lourde tâche n’aboutira pas. Comment est ce qu’il pouvait réussir à faire taire son cœur, qui pleurait intensément suite à cette déchirure plus que douloureuse ? L’androgyne percevait ses mots comme une rupture indirectement prononcée. Mathis souhaitait alors vraiment rompre ? Nathan s’était trompé alors…et pour une fois, Logan avait raison. Lui qui était persuadé que tout allait très mal se terminer, ses intuitions étaient les bonnes, malheureusement pour lui. Ou plutôt, malheureusement pour eux.

-J’étais là moi ! J’ai passé tout mon temps avec toi pour que ça soit plus facile. J’ai passé des heures à essuyer tes larmes et maintenant tu m’dis que ça n’a servit à rien, mis à part nous détruire…

Logan était détruit de toute façon. Tout ce qu’il avait pu dire à Mathis. Ses « Je t’aime », ses caresses, ses déclarations, le fait qu’il lui assure qu’ils étaient fait l’un pour l’autre, c’était la pure vérité. Et ce qu’il pensait ne changera jamais malgré la distance. L’androgyne avait tant rêvé d’une vie de famille…et il ne voyait pas cette dernière sans son châtain. Pour lui, ce dernier était LA personne qu’il lui fallait pour être heureux. A croire que ça n’était pas suffisant pour Mathis, qui n’oubliait pas sa petite sœur. Owh, évidemment : « Oublier » était un bien grand mot. Davies ne demandait pas à son chéri d’oublier Joyce, il lui demandait juste de vivre, d’avancer malgré son absence et d’être heureux.
Quoi qu’il en soit, Logan avait encore un léger doute. Certes, les derniers mots du londonien sonnaient comme l’annonce d’une rupture mais était-ce vraiment le cas ? L’Amour les unissait toujours mais cela n’empêchait absolument pas le photographe de vouloir prendre ses distances, le temps de faire le deuil de sa petite sœur. Ou alors, il s’excusait uniquement pour son comportement -maintenant justifié- qui avait mit leur relation en péril. Sincèrement, le beau brun penchait pour la première solution, ce qui accentua d’autant plus ses sanglots, qui l’empêchaient de parler correctement. Sa voix était faible, rauque et sans cesse entrecoupée par des saccades interminables. Le pauvre suffoquait et il ne parvenait pas à se calmer ne serait-ce qu’une seule seconde. Tant pis ! Sans patienter plus longtemps, Logan se redressa brusquement -si brusquement d’ailleurs que sa tête lui tournait-, puis essuya brutalement ses larmes tout en regardant dans la direction de la vitre.

-Dis le…Dis le moi que c’est terminé. Dis le si t’as besoin de temps, si tu veux faire une pause ou j’sais pas quoi. M’laisse pas comme ça…

Sa dernière et ultime phrase fût prononcée avec une extrême faiblesse et un tremblement indéniable. La bouche pulpeuse de Logan tremblait de toute façon beaucoup trop pour que ses mots n’en fassent pas de même. Il souffla doucement, sachant pertinemment qu’il ne parviendrait pas à se calmer maintenant, puis glissa maladroitement l’une de ses main vernie dans la poche de son jean. L’autre, il la passa dans ses cheveux.

Cette situation était horrible, ni l’un ni l’autre ne pourrait le nier. Tous les deux avaient certainement envie de fuir à présent. Mais avant cela, il fallait savoir comment toute cette histoire allait se terminer. Logan avait cette tendance à vouloir regarder la porte qui donnait sur la sortie de cette pièce, mais il fallait qu’il reste courageux jusqu’au bout…Jusqu’à ce que Mathis se prononce.

Appuyé de la sorte contre la vitre de la pièce, le souffle entrecoupé et saccadé du châtain gagnait le verre pour s’y poser et s’y condenser, laissant des traînées de buée le décorer. Ses poings tremblaient, son corps entier faisait de même et ses sanglots ne s’arrêtaient pas. Fermant les yeux au maximum jusqu’à les crisper, Mathis sentait en plus de ça la douleur de son arcade se réveiller. Mais il n’en avait que faire. La souffrance qu’il ressentait intérieurement, qui déchirait littéralement son cœur était bien plus violente que de simples petits picotements.
La douleur qui transperçait son organe vitale redoubla d’intensité quand les pleurs de Logan parvinrent aux oreilles du photographe. Il avait réussi à faire pleurer son ange, il avait réussi à le faire souffrir jusqu’à ce que larmes s’ensuivent. Du beau boulot Mat’, bravo. Et rien qu’à l’idée de se dire qu’il avait pu oser faire du mal à son brun le rendit encore plus souffrant intérieurement. Logan n’avait pas le droit de souffrir, il ne le méritait nullement. Et pourtant, c’était bien la vérité. L’androgyne pleurait sans s’arrêter et chaque larme était comme un poignard se plantant en plein dans le cœur du châtain.

-J’étais là moi ! J’ai passé tout mon temps avec toi pour que ça soit plus facile. J’ai passé des heures à essuyer tes larmes et maintenant tu m’dis que ça n’a servit à rien, mis à part nous détruire…

Il faut croire qu’à cause de ses pleurs, Mathis n’avait pas prit le temps de s’exprimer correctement. Il pensait que la mort de Joyce était simplement la cause de se renfermement... mais ce dernier ne s’était vraiment prononcé que quand Logan avait quitté Londres pour rejoindre Berkeley et la Californie. Durant cette période, Mathis n’avait eu personne à qui se confier, personne avec qui passer ses journées afin de penser à autre chose. Dans le but de ne pas laisser de mauvaises pensées s’encrer chez l’androgyne, Mathis inspira intensément avant de reformuler ses mots-

-Je n’ai pas dit que ça n’avait servit à rien. Sans toi, je sais pas c’que j’serais devenu. Je t’en suis vraiment reconnaissant... mais tu avais bien remarqué que je prenais de plus en plus de photos afin de penser à autre choses. Quand tu es parti... il ne me restait plus que la photographie. C’est durant ces deux mois que je suis devenu... con.

Le dernier mot avait été murmuré en même temps que Mathis resserrait ses poings au plus fort, plantant ses ongles dans ses paumes. Son visage se crispa au possible, tellement il s’en voulait. La situation avait bel et bien empiré par sa faute. Quelle idée aussi de s’isoler dans un monde parallèle et de complètement laisser tomber la seule personne comptant dans sa vie. Mais bon Dieu, comment avait-il pu agir aussi stupidement ? Comment avait-il fait pour ne pas remarquer que tous ces problèmes les entourant étaient présents par sa faute ?
Quand Logan se redressa, Mathis s’en rendit compte en entendant le frottement de ses habits. Les bruits étouffants qui provenaient de l’androgyne en pleurs lui parvenaient aussi très clairement. Mais il resta impassible, il n’avait pas le courage de s’afficher ainsi devant lui, en larmes. La peur ? Peut-être un peu... mais c’était surtout sa fierté qui le retenait. Et pourtant, les paroles que prononcèrent l’androgyne renversèrent absolument tout.

-Dis le…Dis le moi que c’est terminé. Dis le si t’as besoin de temps, si tu veux faire une pause ou j’sais pas quoi. M’laisse pas comme ça…

Le cœur de Mathis se retourna alors que son visage se crispa une seconde fois entièrement, laissant ainsi une violente lancée lui parcourir l’arcade. Il se repoussa de la vitre en appuyant contre ses poings refermés et se retourna pour faire face à Logan. Tant pis si son arcade écorchée était visible, tant pis s’il s’affichait en tant que faible, tant pis si c’était la seconde fois en une année que le brun avait le malheur de le voir pleurer. Ce qu’il venait d’entendre lui faisait trop mal pour rester dos à lui. Mais à peine fut-il retourné, la vision de Logan en larmes lui parvint et lui retourna le cœur une fois encore. C’était la vision la plus horrible qu’il puisse voir. Dans le sens horrible, j’entends que cela lui fit affreusement mal au cœur. Sa rancune envers lui-même amplifia rien qu’à cette vision. Et alors que ces gouttes d’eau salée dévalaient toujours la pente de ses joues, Mathis tenta de trouver la force pour lui répondre, tout en hochant négativement la tête, les poings serrés.

-Pourquoi je te dirai ça ? C’est pas c’que j’veux Logan... c’est le fait d’avoir été loin de toi qui a causé tout ça, alors c’est pas en faisant ça que je vais m’améliorer. J’ai besoin de toi, je peux pas vivre sans toi. J’veux juste que... tout redevienne comme avant. Qu’on s’aime comme on le faisait, sans se soucier du monde.

Et c’était la pure vérité. Mathis voulait juste prouver à Logan qu’il pouvait se surpasser pour lui, qu’il pouvait mettre ses études en seconde place pour l’aimer comme il fallait. C’était le bonheur du brun qui comptait plus que tout au monde aux yeux du châtain. Et comment le rendre heureux s’ils se trouvaient loin l’un de l’autre ?

-Je n’ai pas dit que ça n’avait servit à rien. Sans toi, je sais pas c’que j’serais devenu. Je t’en suis vraiment reconnaissant... mais tu avais bien remarqué que je prenais de plus en plus de photos afin de penser à autre choses. Quand tu es parti... il ne me restait plus que la photographie. C’est durant ces deux mois que je suis devenu... con.

Logan avait mal comprit. Il prit donc bien le temps, cette fois-ci, d’analyser les paroles de l’homme qu’il aimait avant de s’emballer et risquer de répondre n’importe quoi. Concernant les photographies, il est vrai que Mathis s’était enfermé dans ce monde, même avant le départ de l’androgyne pour la Californie. Il avait commencé par vouloir prendre son brun en photo, puis il avait évoluer en lui prenant des clichés dans la rue…pour finir par ne plus réussir à se séparer de son appareil. Davies ne fût donc pas si surprit que cela en entendant le jeune Werly lui assurer que c’était pendant ces deux mois de séparation que son addiction s’était emparée de lui, pour enfin réussir à prendre le contrôle de son corps et de son esprit. Après tout, certains se droguent avec des substances illicites, d’autres avec la musique, d’autres encore avec le sexe…Mathis, lui, ne se sert que de son appareil photo pour oublier ses problèmes. Malheureusement, à force de tout oublier, il était même parvenu à « oublier » qu’il était en couple, avec un homme qui souffrait de cette dépendance à quelques clichés.
Logan tripotait sa cuisse pendant que sa main reposait dans sa poche de jean. Ses doigts libres eux, tiraient sur la racine de ses longs cheveux noirs, sans même prendre la peine de faire attention à la douleur qu’il pourrait ressentir. De toute façon, celle qui lui faisait le plus mal était celle de son cœur qui saignait.

-J’pensais pas que c’était à ce point… Tu m’as dis que tu ne voulais pas que j’parte, tu aurais du insister. Me dire que tu avais besoin que j’reste, que tu refusais vraiment que j’aille en Californie. J’s’rais resté.

Les parents Davies aussi avaient dit à leur progéniture qu’ils ne souhaitaient pas le voir partir… Mais n’était ce pas une réaction normale ? Logan avait sincèrement pensé que c’était juste dans ce même but que Mathis avait prononcé ses mots. Juste dans le but de lui faire comprendre qu’il l’aimait, qu’il l’attendrait…Comme le font -en général-, tous les proches. Le pauvre était loin de se douter que leur couple risquait de s’évanouir à cause de son absence…Et dire que tout était de SA faute, et non celle du châtain. Ce dernier souffrait, et Logan n’avait pas été capable de s’en occuper convenablement. Il avait vraiment honte de lui.
Finalement, Mathis se retourna brutalement, faisant même sursauter Logan, qui ne parvint pas à étouffer un énième sanglot. Celui-ci essuya ses gouttelettes salées d’un geste brusque, avant de serrer ses dents à son maximum. Trop tard de toute façon…Son côté faible venait d’être dévoilé et il était à présent, impossible de le cacher.

-Pourquoi je te dirai ça ? C’est pas c’que j’veux Logan... c’est le fait d’avoir été loin de toi qui a causé tout ça, alors c’est pas en faisant ça que je vais m’améliorer. J’ai besoin de toi, je peux pas vivre sans toi. J’veux juste que... tout redevienne comme avant. Qu’on s’aime comme on le faisait, sans se soucier du monde.

Au moins, Logan était fixé. Son chéri ne voulait pas mettre un terme à leur relation, au contraire puisqu’il voulait faire de son mieux pour que leur Amour soit de nouveau plus fort que tout le reste. Comme avant.
L’androgyne hocha très faiblement la tête avant de renifler une nouvelle fois, ce qui lui procura un intense mal de tête, qui ne se calmait décidemment pas. A vrai dire, les mots que Mat venait de prononcer ; le jeune Davies en avait rêvé. Ca faisait tellement longtemps qu’il attendait que son homme lui assure qu’il avait besoin de lui, qu’il lui dise qu’il ne pouvait rien faire sans lui… Ce n’était pas par fierté que Logan voulait entendre cela, mais uniquement dans le but de se rassurer. Pouvoir enfin se dire que son histoire n’était pas totalement perdue, que quelque chose était encore possible, et qu’un nouveau départ était largement envisageable.
Le garçon racla fortement sa gorge avant de mettre sa tête en arrière. Ses larmes ne cessaient de couler -tout comme celles du photographe d’ailleurs, ce qui n’arrangeait en rien l’état du jeune brun-.

-Moi aussi j’veux…j’veux que tout redevienne comme avant mais… Mais je sais que ça finira par recommencer. J’suis prêt à tout, j’viens même loger à l’uni si tu veux, mais j’veux pas faire des efforts tout seul. J’veux pas avoir l’impression que t’en a rien à foutre de moi. J’te demande pas de te désocialiser, j’veux juste que tu m’accordes un peu de ton temps.

Logan ne demanderait rien de plus pour le moment puisqu’il savait très bien que ce n’était pas le moment de se montrer exigeant. Evidemment, il rêvait de passer des journées et des nuits entières dans les bras de son chéri, pouvant l’embrasser, le toucher comme bon lui semblait. Comme avant. Malheureusement, est ce que Mathis se sentait prêt à revivre les mêmes instants qu’à Londres ? Cette vie là était pourtant tellement belle, pour ne pas dire parfaite.
Et maintenant ? Qu’allaient-ils faire ?
La distance entre leur corps était évidente, et aucun des deux ne semblait oser faire un pas vers l’autre.

-J’pensais pas que c’était à ce point… Tu m’as dis que tu ne voulais pas que j’parte, tu aurais du insister. Me dire que tu avais besoin que j’reste, que tu refusais vraiment que j’aille en Californie. J’s’rais resté.

C’est vrai. Il aurait pu insister afin de le convaincre de rester. « Make your dream come tru ». Mais une fois de plus, le jeune anglais ne voulait pas le freiner, il ne voulait pas qu’il reste à Londres juste pour lui et qu’il gâche une grande opportunité lui permettant de réaliser ce dont il avait toujours rêvé. Mathis avait grandit avec la philosophie de se surpasser pou arriver à ses fins, de même faire des sacrifices pour y parvenir. Alors pourquoi devait-il empêcher son homme d’appliquer cela ? Ce serait illogique. Et Mat’ avait envie de le voir heureux, de le voir mener une vie qui lui plaisait plus que tout.
Reniflant doucement, Mathis passa un coup de langue furtif sur ses lèvres légèrement gercée. Il cligna des yeux un peu plus fortement afin de dissiper la douleur qui le tiraillait au niveau de son arcade et de son front, puis il hocha négativement la tête, doucement, tout en gardant sa position contre le vitre, le tout avant de répondre d’une voix tremblante.

-J’pensais tenir le coup... et je voulais pas que tu laisses passer ta chance pour réaliser tes rêves. Je voulais que tu te freines pour moi. J’avais juste envie que tu sois heureux, que tu vives la vie que tu souhaitais, pas que tu te forces à rester pour moi.

Et le voilà maintenant retourné.
N’importe qui vous dirait que cette vision était bien pénible à voir. Deux jeunes hommes amoureux en larmes, éloignés de plusieurs mètres évidents, sans oser faire un pas vers l’autre. Personne ne pourrait rester insensible face à une telle vision.
Dans ses souvenirs -même en remontant loin, très loin dans le temps-, Mat’ n’avait pas l’impression d’avoir déjà été parcourut de sanglots aussi violents, aussi puissants. Déjà qu’il ne pleurait que très rarement, mais là, c’était comme si toute sa vie il s’était retenu de verser ses larmes et qu’il avait finit par craquer pour toutes les laisser glisser sur ses joues. Il ne parvenait pas se calmer et sa respiration se faisait horriblement rapide et saccadée.
Le jeune photographe avait maintenant ses yeux rougis et larmoyants noyés dans le regard, foncé et tout autant rempli de larme, de son chéri. Par ce simple fixement, il parvenait à voir, à constater, à comprendre combien son brun souffrait. Mathis s’en voulait. Comme jamais il ne s’en était voulu. En ce moment même, il serait prêt à donner tout, même sa vie, pour parvenir à calmer les pleurs de Logan. Il donnerait son âme pour le voir heureux, souriant... pour revenir en arrière, quand tout fonctionnait correctement.
Mais à première vue, un nouveau départ, un retour aux sources était envisageable même sûr.

-Moi aussi j’veux…j’veux que tout redevienne comme avant mais… Mais je sais que ça finira par recommencer. J’suis prêt à tout, j’viens même loger à l’uni si tu veux, mais j’veux pas faire des efforts tout seul. J’veux pas avoir l’impression que t’en a rien à foutre de moi. J’te demande pas de te désocialiser, j’veux juste que tu m’accordes un peu de ton temps.

Rien ne pouvait autant toucher le châtain en ce moment.
Savoir que son chéri marchait dans son sens lui fit horriblement de bien. Savoir qu’il pensait comme lui, qu’il leur était possible de reprendre le droit chemin et qu’il était même prêt à venir loger au campus chez les ZETA, tout ça lui donnait d’autant plus envie de pleurer, mais de joie cette fois-ci.
Rapidement, le châtain tenta de se ressaisir -bien qu’il ne puisse pas arrêter la coulée de ses larmes si rapidement- et passa rapidement, bien qu’un peu trop brusquement, son poignet sous ses yeux afin d’effacer ses perles scintillantes et salées. Il toussota doucement, clignant encore ses yeux plus fortement à cause de sa douleur à l’arcade, et finit par faire le premier pas. Il n’en pouvait plus de cette distance qui le séparait de Logan. Il marcha donc, doucement mais surement, jusqu’à se retrouver à même pas un mètre du brun. Là, ses yeux se replongèrent dans les siens et il lui répondit d’une voix tremblante mais sincère.

-Je f’rai tous les efforts possible, j’te l’jure. J’ai pas envie que ça continue comme ça, j’ai envie de me surpasser pour toi, pour te prouver que je tiens à toi et que je t’aime de tout mon cœur. J’ai envie de te rendre heureux... alors je t’accorderai tout le temps que tu voudras. J’te l’promets.

Sur ces derniers mots, Mathis avait timidement avancé une de ses mains vers Logan, afin de juste effleurer la sienne. Ce n’était pas énorme, mais un bon début. Il ne voulait pas forcer les choses. Il voulait juste montrer à Logan qu’il était prêt maintenant déjà. Lui prouver qu’il l’aimait comme un dingue. Et au moment même où leurs mains s'effleurèrent, le coeur du photographe bondit dans sa poitrine.