Sujet: (killian) new year's eve baby Mar 19 Jan - 16:25
Encore quelques minutes et c’est à elle. La respiration est exaltée, saccadée, mélangée à cette bonne dose de stress qui la comble depuis ses premiers pas sur scène. Elle trépigne, elle danse d’une manière presque poétique, ses petits pieds nus s’éclatant sur le sol de terre cuite autour d’un grand feu crépitant. Dans sa tête c’est la cohue, les cris… En apparence c’est un calme implacable qui se mêle à son regard azur bouleversant. Mel en est à la fin d’une année de règne et de gloire, à une année de cavale loin des siens. Ce soir elle refait surface, elle reprends les rênes, elle redeviens l’espoir d’une génération, sur les planches qui l’avaient presque tué l’année dernière. Mais qu’est-ce qu’elle s’en fiche. Elle préfère se concentrer, ne pas monopoliser ses pensées avec ce genre de cauchemar cynique qui avait plombé ses nuits solitaires. Melissandre faisait surface sous l’horizon de lumière, derrière le rideau criard qui célébrait les plus belles voltiges et numéros de magie. Melissandre soufflait son ravissement au public, empoignait son courage en éclatant d’un rire cristallin devant l’enthousiasme de l’audimat. Son sourire pulvérisait sa peur et le scintillement dans ce regard ne venait à se détendre que lorsqu’elle n’apercevait aucune s’silhouette menaçante dans la foule. En scène avec prouesse dans ce cas là… […] Les secondes avaient été d’une intensité rare, les minutes s’étaient transformées en d’insoutenable ravisseuses du temps. Le public avait été scotché et sans voix, de nombreuses fois puis encore et encore. Melissandre avait toujours aimé savourer ces regards émus d’incompréhension, de surprise, de joies mêlées à ce sentiment de perte que l’on estimait appréciable lorsqu’ils n’en avaient pas le choix. Vendre du rêve c’était ce qu’elle désirait depuis petite. Si la magie n’existait pas autant l’inventer, la créer, la tordre, dissimuler et aspirer à impressionner par des mystères bien plus enjolivant que la réalité. C’était bon de se sortir de sa réalité certaines fois. On en venait à perdre pied, à ne plus réfléchir aux problèmes qui nous baignaient d’horreur et l’on ne pensait plus à ces bouteilles qui jonchaient le sol de la maison et qu’attendaient juste qu’on les jette afin de ne pas montrer l’ampleur des dégâts. Melissandre soufflait ces moments à l’instant où elle faisait entrer ces gens dans un tout autre monde, un univers où tout devenait possible et réel. La jeune femme s’éloignait à travers la loge après avoir fait plusieurs retours rapides sur la scène afin de saluer. Vegas lui avait manqué, la fougue de ses spectateurs lui donnait le courage de continuer. Un an qu’elle avait parsemé les routes, un an qu’elle avait étendu son nom et son univers. Un an… Qu’elle était partie, prisonnière de ses pires craintes, de la peur de ses parents, de la fin d’une vie et du début d’une autre. Bien moins accomplie, plus hésitante. Mais elle était enfin de retour et le soir du trente et un, date à laquelle, tout sonnait juste afin d'effacer et gommer ce qui était à proscrire d’une année entière d’acte et de bravoure. Si les gens croyaient aux nouvelles pages blanches, ils pouvaient croire au surnaturel et à la magie. Assise dans sa loge, elle posait son chapeau haut de forme sur sa coiffeuse et faisait courir ses doigts sur la longue jacquette qui lui arrivait en bas des genoux et surplombait un body tout en perles et paillettes. Elle faisait glisser une première bretelle, s’observait dans la glasse et confondait son regard dans celui de Killian, prestement posé derrière elle dans une classe des plus remarquables. Oh non j’y crois pas, tu es venu ! Elle en avait réellement douté. De ce moment où elle était passée par les lettres à ce fameux texto pour lui informer officiellement de son retour, il y avait eu des doutes grandissants sur les changements que son départ avait causé. Elle n’était proche de personne. Elle monopolisait son temps dans sa tâche la plus déroutante qui soit. Des balivernes et sornettes que bon nombre hurlaient sur son passage. Mais pour Melissandre c’était une réelle vocation, une passion née à l’âge enfant et qui n’avait cessé de tenir une place importante dans sa vie jusqu’alors. Killian avait été le premier à reconnaître ce don qu’elle avait et à faire avec les nombreux secrets qui rendaient Mel presque intouchable. Pourtant, son sourire exquis s’éclatait sur son visage de marbre et la jeune magicienne finissait par enlacer l’homme dans ses bras. Tu m’as tellement manqué… Les lettres c’est bien mais ça n’a vraiment rien à voir… Qu’elle disait presque aux anges de se sentir enfin en présence d’une silhouette familière et qui la connaissait depuis bien des années. Tu as vu le spectacle ?! Tu as aimé ? Telle une enfante, sa bouche s’abondait de questions en tout genre qui, à coup sûr, finiraient par perdre l’homme en question qui essayait vainement de suivre ses propos.
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