Matthias a toujours le don de la faire rire, qu'importe ce qu'il dit, qu'importe la façon dont il le fait. Il faut bien l'admettre, les mois précédents, lorsqu'ils étaient en froid, Matthias lui avait drôlement manqué. C'était comme si une petite partie d'elle était partie, s'éteint éteinte en même temps que leur engueulade s'était créée. Aujourd'hui, maintenant que les choses s'étaient arrangées entre eux, June se sent pleinement elle-même, comme si plus rien n'avait existé auparavant. Bien sur, ce petit trou qui s'était creusé en elle était aussi du à l'absence de Seth, une absence qui l'avait consumé de nombreux jours, si ce n'est semaines. Mais les deux absences combinés avaient eu pour effet d'affaiblir June. Aujourd'hui, le manque de Seth disparait peu à peu, et les retrouvailles avec Matthias lui offrent à nouveau un bonheur qu'elle croyait oublier. « Non, cet amour là est réservé à nos souvenirs du passé. Je me contenterais de ton corps d'éphèbe mon beau soldat ! » qu'elle rigole, sous entend clairement qu'elle ne pourra plus tomber amoureuse de lui mais pourrait très facilement succomber à ses charmes, comme elle l'a fait quelques jours auparavant. Elle ressert son bras autour du sien et regarde de loin Alaina, la petite amie de Matthias s'éloigner vers l'extérieur, tout en leur jetant un regard froid comme la Toundra. Elle se moque bien de ce que celle-ci pourrait penser de la situation, et c'est pourquoi, June se rapproche un peu plus de Matthias à mesure qu'ils avancent vers le bar. « Mais non, ne dis pas de bétises ! Comment veux-tu que je sois en chasse alors que je suis à ton bras? Personne ne t'arrive à la cheville Matthias, allons bon ! Je cherchais juste à voir si quelques unes de mes amies sont là. » Entre autre ²Eileen qu'elle ne voit pas, ou même n'entend pas. « Oh tu sais, je n'ai pas de proie en vue, je me laisse porter par le vent ! » Entre autre, ces derniers temps, le vent la porte dans ses bras à lui, quitte à ce que cela brise son couple. Matthias ne s'en rend pas compte, mais la proie d'une certaine manière c'est lui. C'est lui qui risque de perdre son couple en restant avec June. Et elle le sait, Matthias n'arrêtera pas de lui parler juste pour satisfaire un caprice de sa petite amie. « Si tu te sens si nostalgique, rien ne nous empêche prochainement de rejouer ce petit jeu … » qu'elle propose l'air de rien, sans se soucier un seul instant de la petite amie de ce dernier. Au loin, elle aperçoit Naël passer et se diriger vers l'extérieur, surement parce qu'il est le cavalier d'Alaina. Quel dommage de gâcher un si bon parti avec Alaina. Enfin, ce n'est pas comme si Naël n'était pas destiné à une autre personne, Swan en l'occurrence. Le bar se profile devant eux et June attrape une coupe de champagne pendant qu'ils se remémorent la nuit passée ensemble il y a quelques jours auparavant. « Et c'est avec plaisir que je remettrais ça quand tu veux Matthias. » C'est à haute voix qu'elle fait cette référence, sans se préoccuper des bruits alentours, de ce que les gens peuvent penser. Parce qu'au fond, elle se moque de ce que les gens peuvent penser et elle l'a toujours fait. « On trinque à nous évidemment ! A nous, à cette année 2015 qui s'offre à nous et à tous ceux qu'elle va nous offrir ! » Elle redépose un baiser sur la joue du jeune homme, se rapprochant de ses lèvres sans jamais les frôler, juste de sorte que d'un certain angle, on puisse imaginer tout un tas de choses. Elle porte la coupe de champagne à ses lèvres et boit de ce délicieux breuvage. « Quelles sont tes résolutions pour cette année d'ailleurs ? Tu comptes changer quelque chose? » June elle, compte bien changer beaucoup de choses chez elle, pour passer une année meilleure encore que celle de 2014.

Elle était venue, finalement. Sa petite robe suspendue à ses épaules trainait son ennui. Et les volants de tulles chatouillaient malicieusement la paire de genoux qui les supportaient depuis plusieurs heures à présent. Chacun son occupation mais aucune agitation. L’être humain qui les avait forcés à s’exhiber dans une soirée avec un parfait inconnu se tenait droite et impassible. Le masque jalousait celui que la rouquine portait quotidiennement. Il s’offusquait, parfois, de ne couvrir aucun petit rictus et glissait le long du nez retroussé avec plus d’entrain. Pourquoi resterait-il après tout ?

Et puisque le temps semblait suspendu en tel lieu, le seul repère efficace s’avérait être les coupes de champagne, celles qui se tâchaient de rouge entre les lèvres des demoiselles. Plus elles disparaissaient, vidées de toute substance, plus la fin de l’attente approchait. Que faisait son précieux cavalier ? Qui serait-il ?

Les hommes seuls devenaient denrée rare. Chacun s’affublait d’une cavalière et Watson regrettait déjà de ne pas avoir emporté son petit calepin pour prendre des notes. Il prenait un peu de bon de temps avec une gomme et un crayon dans un des sacs de la journaliste. Pour une fois qu’il avait mérité une soirée de repos, il se retrouvait enseveli par une masse d’ustensile divers et variés. Au moins, il ne serait pas seul pour la nouvelle année. Malheureusement, l’assistante ne pourrait prétendre la même chose. La piètre compagnie de cette prison de lumière et de musique s’affairait autour d’elle et parfois, le décalage se ressentait vivement comme si elle vivait dans une bulle. Les autres défilaient autour d’elle sans qu’elle ne parvienne à s’accrocher au rythme de la soirée.

Quand un homme s’approcha d’elle, Watson tiqua enfin, satisfaisant son masque, trop surpris de l’acte pour prendre la peine de camoufler la haine dans son regard. Dire qu’elle devait l’aimer celui-là. Sourire de circonstance, faux en somme. Avec un peu de chance, il ne venait que la charrier et la piquer. Peut-être même avait-il une chose à la forcer à faire. Il se pavanait déjà et elle courbait l’échine depuis trop de temps. Pourquoi lui imposer un tel compagnon ? Verdict ?

La différence de ton. Vous connaissez ? D’un côté un homme demandait sa petite amie en mariage, de l’autre un cavalier évitait une droite pour laisser à sa cavalière le loisir de la dévorer. BAM. La jeune femme avait tenté une esquive, mais pas assez. Les talons tanguaient, trop heureux de pouvoir valser à un bal. Ils s’y étaient préparé toute la journée. Tant d’application dans le pas et d’entrain à la tâche ne suffirent pas pour garder la silhouette gracile debout. Le fessier amorti le choc et offrit une vue remarquable sur son sous vêtement. Zayn pouvait regretter de ne pas avoir invité la Miss à danser devant telle cascade. Une fois le choc passé, Faith porta sa main au sommet de tempe avant de pouffer de rire. Ce retournement de situation, elle ne l’avait pas vu venir.

« Alors ça, c’était bien joué. » Assura Faith en attrapant la main de Zayn pour se redresser.

Ce coup de maître devait être salué à sa juste valeur. Quelle était la probabilité pour qu’elle se prenne ce coup de poing à la place de Zayn ? Moins de deux pour cent, Faith avait fait le calcul. Rien n’était laissé au hasard.
Il lui fallait de la glace pour sa tête. Sérieusement, elle allait exploser. Ca n’était pas ce qui manquait dans le coin. Tous les verres qui se trimballaient sous ses yeux en contenaient. Diable, que c’était tentant, plus encore que les petites fesses d’Ebony. Si la Doyenne était la reine des abeilles, Faith était celle du système D ! Le petit sac, tout juste assez grand pour contenir son portable servirait de sac à glace. Le téléphone se coinça dans sa poitrine sous le regard d’un ivrogne qui rêve d’y plonger autre chose. De son côté, Zayn paraissait plus occupé à revenir vers le Delta que par Faith et ses bêtises.

« T’as bien profité du spectacle. Ça te coûtera ton verre. » Annonça Faith à l’ivrogne encore béat.

Les doigts plongèrent dans le scotch pour attraper les glaçons et les balancer dans son sac.

« STRIIIIIIIIIIIIIIIKE ! »

Faith leva les yeux au ciel. Zayn n’était pas obligé de hurler dans son dos parce qu’elle avait réussi à jeter des glaçons dans un petit sac. A croire que le coup sur la tête lui avait fait plus d’effet à lui qu’à elle. Son sac à main sur le crane, Faith pivotait pour tomber sur un spectacle étrange. Le delta trainait dans les pattes d’Ebony et de son cavalier avant de prendre la fuite. Si elle avait eu de la sympathie pour les Delta, un brin de compassion l’aurait animé. Mais cette denrée se tarissait depuis que la douleur menaçait de lui faire perdre la tête. Arrivant aux côtés de Zayn, Faith passa son regard d’un côté puis de l’autre. Etrangement, la température ambiante avait chuté plus bas que celle sur le sommet de son crâne. Pas le temps de parler, un «O» scandalisé mobilisa sa bouche durant l’échange passionnelle entre Pavel et Ebony. Elle dégluti avec peine devant le spectacle. Seule la question d’Ebony la ramena sur terre. Qui disait mieux ? Aussitôt, Faith leva la main à la question. Sa proposition à elle était bien meilleure !

« MOI ! » S’écria Faith en sautillant presque sur ses talons.

A croire que le temps avait rebroussé chemin pour ramener Faith à l’époque du tableau noir et des bancs scolaires.

« Je propose qu’on me fasse un bisou à moi aussi. Je suis déjà défigurée du front et mon cul va avoir deux bosses. Je veux des bisous ! »

Peut être que le temps n’avait rien à voir avec cette Faith hystérique. Réputée pour être dans un autre monde, la brunette avait tendance à rester en décalage avec le reste. La nouvelle bosse sur sa tête annonçait peut être la venue d’une mutation en licorne. Dans quelques heures, Faith cracherait peut être des arcs-en-ciel !

Le monde était bien rentré maintenant la grande salle de réception de ce bal de nouvel an. Le problème quand on était fraichement arrivée, c’était qu’avec les masques, je ne reconnaissais pas grand monde. Même après quelques mois, je ne savais pas me fier à une couleur de cheveux, ou encore à un type de robe ou costume. La seule robe que je saurais reconnaitre, c’était celle de Rosalia, puisque l’on avait essayé nos robes ensembles. Quoi que, au final, la mienne n’était même plus celle de l’essayage grâce à ma sœur.
Mon cavalier à mon bras, j’avais l’impression d’être la nouvelle Cendrillon, il ne me manquait plus que mon vrai prince à mon bras. Sauf que je n’étais pas sa princesse à lui, ou encore si j’étais sa princesse, je n’étais pas la seule. Donc je décidais d’être la Cendrillon qui s’amuserait, qui profiterait de l’assemblée, et surtout de son cavalier. Qui savait, cela pourrait peut-être faire réagir le delta que je voulais tant apprivoiser. En attendant j’étais avec Rayan, et ça m’allait parfaitement. J’adorais son petit sourire et son regard. D’ailleurs, je ne pouvais en décrocher. Je plantais mon regard dans le sien, pendant que j’étais en train de gober tout ce qu’il était en train de dire. Mais j’avais été dupé une fois, pas deux. Et étrangement, les paroles de Rayan résonnaient comme un écho dans ma tête. Je les avais déjà entendu avec Pablo d’ailleurs pour me faire son numéro de charmes et j’étais réduite à le chercher à une fête organisée par l’université. Naïve, mais sans trop exagérée non plus. « Et pourtant je suis certaine que tu avais une autre idée en tête en venant ici de qui tu aurais voulu à ton bras. Mais je vais tâcher de te croire quand tu dis ça. » avais-je dis le plus simplement du monde. Ce n’était pas une remarque désobligeante, mais j’aurais mis ma main au feu que les trois quart de l’assemblée, était soit déçue, soit avait d’autres attentes sur leur cavalier. Les joies du cavalier masqué. « Merci beaucoup. Et tu es très charmant aussi dans ce costume. » Encore une fois de plus, je me sentais rougir sous mon fond de teint. Il était rare de voir les étudiants aussi bien habillés au quotidien, et il fallait dire que pour ce soir, il y avait vraiment du haut niveau. Etrangement, je ne me trouvais vraiment pas moche non plus, peut-être pour cela que je prenais un peu d’assurance dans mes propos. Toujours souriante au point de me décrocher la mâchoire si j’ouvrais un peu plus la bouche, mon cavalier m’attraper la main avec douceur. Il ne faisait aucun doute que cet homme pouvait être un delta, je reconnaissais des traits de caractère semblable à l’autre delta. Je me laissais entrainer sur la piste de danse, serrant un peu plus mes doigts dans sa main. « J’ai très envie de danser aussi, ça tombe bien. » Je me tenais tout contre mon cavalier, je posais une main timide sur l’épaule, l’autre tenant fermement sa main. Au bout de quelque pas à tourner sur les airs de la musique douce et sereine, je revenais à ce que Rayan venait de dire. « Qu’est-ce qui te fait dire que je suis une jeune femme remarquable ? » Je voulais savoir si j’avais possibilité d’obtenir une information pour essayer de séduire à mon tour. Même si j’étais naturellement charmante, je voulais m’essayer aussi à cette technique de drague par la parole, et encore si j’y arrivais tellement ça ne me ressemblait pas. Et puis, je pouvais peut être en apprendre sur moi-même. « Alors dit moi, qu’est-ce qui t’a amené à cette soirée ? Ne me dit pas que c’est juste l’envie de voir avec qui tu allais passer la soirée. » On avait tous nos raisons d’être là. Je savais juste que là j’étais bien, je me sentais bien, et la soirée se déroulait au mieux. J’étais radieuse et souriante, et j’espérais ne pas lâcher mon cavalier de la soirée. Nous continuions de danser, pendant que je regardais Rayan dans les yeux, sans me préoccuper, pour une fois de la soirée, du reste de la salle.

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