Sincèrement je ne pensais pas un jour que je serais un modèle pour quelqu’un, et encore moins que je serais une preuve que oui : les choses peuvent marcher pour un père célibataire et un bébé. Pour moi mon histoire n’est pas vraiment rocambolesque, ce n’est qu’une vie banale parmi tant d’autres, je n’ai jamais eut à subir l’esclavage, la faim, ou la peur de me retrouver seule sans personne, parce que je savais que mon père serait toujours là. Sauf que voilà, j’ai rencontré Daniel, et Sam. À la base c’était anodin : moi débarquant à Berkeley cherchant du travail, et tombant sur ce jeune prof à la recherche d’une nounou pour veiller sur son bébé. Au début je me demandais si mon père avait été contraint de faire la même chose avec moi… De me laisser pour aller travailler, histoire de ne pas en demander trop à son entourage, et sans doute aussi pour faire croire qu’il était en parfait contrôle. Je ne peux pas dire si c’était ça ou non, je n’ai pas de souvenir de ça bien entendu. Alors même si je ne me souviens pas des premiers mois de ma vie, et que mon premier souvenir remonte à mon premier concert –je devais avoir 2 ans et demi- je sais que j’étais heureuse. Comme je vois Samantha heureuse à chaque fois que je vais la garder pour quelques heures.
Je ne sais pas comment on est venu à parler avec Daniel de ma propre situation et de comment j’ai grandit, le fait est que ça l’a énormément intéressé puisqu’il est dans le même cas… Ou presque.

Leur histoire est différente de la mienne : mon père et moi avons été abandonnés par cette femme qui n’aspirait qu’à une chose, accoucher pour pouvoir repartir à New York, alors que dans le cas de Daniel il n’avait été au courant de sa paternité qu’au dernier moment, la petite était déjà là, et la mère morte. D’ailleurs c’était encore une autre différence : mon père avait eut le temps de voir les choses venir, il avait lui-même envie d’être père, alors que Daniel n’a jamais eut ce temps de préparation absolument nécessaire je pense, ce qui en soit ne fait qu’agrandir toute l’admiration que j’ai pour lui car il ne c’est pas détourné, il aurait put très bien ignorer sa fille, comme ma mère m’avait ignoré moi. D’ailleurs une fois que j’en ai sut davantage sur leur histoire je n’ai put m’empêcher d’en parler à mon père, qui comme toujours c’est sentit très impliqué et m’a donner tout un tas de conseil que j’ai dût noter pour les donner à Daniel, en rajoute à presque toutes les fins de phrases à quel point il était fier que nous puissions aider une famille comme celle-ci.
C’est d’ailleurs avec le sourire aux lèvres alors que je repense à cet évènement que je sors du métro de San Franscico prête à aller rejoindre l’appartement des Alexander. Une visite de routine, aujourd’hui je ne viens pas garder Samantha, je ne le fais plus qu’occasionnellement d’ailleurs à mon grand regret à cause de mon nouveau job et des cours, surtout à cause de ce projet à rendre. Je ne pensais pas que j’aurais du mal à concilier tout ça… Mais c’est peut être parce que mon patron est John-Thomas Dalembert et que je joue déjà les nourrices avec lui… Oui il a définitivement plus besoin d’attention que Sam qui bientôt sera en âge de se garder toute seule alors que JT lui sera resté au stade des couches culottes !

Je monte les escaliers, et toque à la porte. J’entends des bruits d’enfant derrière la porte ce qui me fait automatiquement sourire. Je crois que je me suis finalement attachée à eux. Daniel et Sam font partis des personnes que je vois le plus souvent depuis que je suis à San Francisco, être avec eux c’est un peu comme être à la maison au final, et j'ai l'impression d'être utile, et comprise en un sens. Il n'est plus vraiment question de la relation nounou-employé, mais à mon sens d'amitié.
« Salut c’est Sawyer ! »
Et une Sawyer au naturel qui plus est : bottes plates, histoire de ne pas me casser le dos avec Sam si jamais je joue avec elle, slim beige, et chemise noire, avec bien sûr mon énorme écharpe et mon gros manteau pour ne pas finir complètement congelée.

A peine quelques secondes après avoir toqué j'entends Daniel qui me réponds, et j'ouvre la porte sans me gênée.
Une fois dedans je défais mon manteau, et mon écharpe que je pose sur le porte manteau près de la porte d'entrée. J'y laisse aussi mon sac à main pas très utile dans cette situation, et me dirige comme mon hôte me la indiqué : vers le salon.
Et là je les trouve tout les deux assis sur le canapé, la fille assise sur les genoux du père. La scène me fait vraiment sourire, car je n'ai pas de mal à m'imaginer que j'ai du moi aussi me retrouver dans la peau de Samantha à un moment de ma vie. Moi aussi j'étais seule avec mon père, et ce depuis la naissance. Bien sûr nos situations sont différentes, et Samantha ne pourra jamais se dire que sa mère l'a abandonnée sans même la connaître – et en un sens j'en suis très heureuse pour elle, car Daniel n'aura jamais de souvenir amer de sa mère, ni ne souffrira d'un quelconque abandon de sa part. Non la mère de Sam voulait s'occuper d'elle, mais le destin ne lui en a pas laissé le choix tout simplement. Je pense que c'est ce que je lui dirais si un jour elle me pose la question à moi aussi, comme elle la posera sans aucun doute à son père.
Je sais, ça fait très mélodramatique, mais je suis sûre qu'elle préfèrera qu'on lui dise la vérité plutôt qu'on lui mente.

« Coucou vous deux ! »
Je m'approche du canapé toujours en sourire, Samy semble m'avoir repéré et me souris aussi.
« Regarde mon ange qui est là ? C’est Sawyer. »
Elle tend ces bras vers moi, et je m'approche d'elle en rigolant. Obéissant à sa demande silencieuse je tends les bras vers elle et « l'arrache de force » des bras de son père. C'est vrai j'ai tendance à me moquer de lui. Mais moi j'ai le droit, et puis ce n'est pas méchant. C'est juste qu'il est vraiment protecteur avec sa fille, mais c'est normal je suppose. Je regarde la petite fille dans mes bras et lui fait un bisous sur la joue.
« Salut ptit bout ! »
Je m'assois sur le canapé et lance un regard vers Daniel.
« Salut à toi aussi le grand ! »
Samantha commence à jouer avec mes cheveux comme d'habitude. Et malgré moi dans ma tête je me dis que bientôt elle va pouvoir jouer avec ceux de son père ! Quand bien même, c'est bien que Sam est le droit d'avoir une femme dans sa vie... Y'a qu'à voir comment elle est coiffée !
« Alors ça va ?
Programme de la journée : film sur le canapé ? »
Oui ça me rappelle décidément une tonne de chose ! Enfin non pas à cette période là bien entendu j'étais trop petite, mais après, c'était un peu un rituel avec mon père parmis d'autres choses bien sûr comme la musique, par exemple.

J'assois Samantha face à moi sur mes genoux, et la fait sautiller ce qui la fait rire. J'ai l'impression qu'elle a encore grandit depuis la dernière fois que je l'ai vu. De toute façon c'est sûr; les enfants à cet âge là ça ne fait rien d'autre que de grandir.

Je ne peux m'empêcher de rire.
« Quoi tu veux que je te prenne sur mes genoux pour que tu puisses me tirer sur les cheveux ? »
Ce n'est qu'une question rhétorique, même si j'avoue que l'image de lui sur mes genoux à la place de Samantha me ferait presque pleurer de rire. Oui, il y a des choses comme ça …
D'ailleurs cette dernière me regarde s'esclaffer comme pour me dire : qu'est qu'il y a de drôle ? Je lui fait un sourire, et la fait rebondir sur mes genoux ce qui à l'air de lui plaire.
Du coup, je m'inquiète de la santé du père avant qu'il recommence avec son air de jalousie.
« Pas grand chose, j'ai trouvé un rôle dans une série, du coup maintenant j'ai mes 3 boulots qui tournent assez bien! »
Et c'est pas une mince affaire croyez moi ! Mais finalement je m'en sors assez bien, et regardez : j'ai même le temps de leur faire une visite à ces deux là ! Comme quoi tout se goupille parfaitement dans mon emploi du temps.

« Oui je veux bien, merci. »
A vrai dire c'est bientôt l'heure de goûter non ?
Ce qui me surprends toujours, c'est que Daniel soit si prévenant envers ses invités, et encore plus que maintenant que je ne suis plus une invitée ! Je connais bien la maison pour avoir garder Sam de nombreuses fois, et il pourrait très bien me laisser me débrouiller, ou rien me proposer. Mais non, il est toujours prévenant, à vrai dire ce n'est pas une qualité qu'on trouve chez beaucoup d'homme surtout dans ce genre de situation, mais ça n'en est que plus agréable encore.
Alors qu'il est dans la cuisine, et que je joue toujours avec Sam, j'entends une question que j'entend presque tous les jours mais pas venant de lui.... Mais de mon père. Encore une fois ça me fait sourire, et je ne peux m'empêcher de remarquer le nombre considérable de points communs qu'ils ont ces deux là... Je me demande ce que ça pourrait donné si jamais ils se rencontraient, peut être que Daniel pourrait en apprendre plus sur le fait d'être père célibataire, qu'avec moi, car après tout moi je n'ai que subit, ce n'était pas moi qui était seule face à tout ça ! Je pense aussi que mon père pourrait l'apprécié, pour tous les efforts qu'il fait pour sa fille, et pour les points communs qu'ils ont tout les deux...
« Ca va ! J'avais un projet à faire, un documentaire, finalement j'ai changé quelque peu d'orientation, mais ça n'a pas l'air d'avoir déplut au prof... On verra bien la note qu'il met. »

Il enchaîne les questions ce qui me laisse perplexe, est ce qu'il aurait entendu des rumeurs sur moi ? Ou pas d'ailleurs. Sam s'arrête de sourire quand elle voit ma tête, et donc automatiquement j'arrête pour la chatouiller.
« Et bah dit donc ! Vu les questions que tu me poses à moi, qu'est que ça va être quand Sam va grandir!?! »
Je préfère tourner ça en blague plutôt que de poser des questions plus gênantes, je ne pense pas qu'il pensait à mal en me demandant ça.
« Non personne, avec un patron pervers sur les bords, et mon emploi du temps, sans parler du fait que je suis encore la petite nouvelle fraîchement débarquée d'Europe, même si en réalité mon arrivée commence à dater... Donc personne, désolée de te décevoir !
Et toi alors ? Tu vas te décider à mettre fin à ton célibat … ? je suis sûre que plein de femme te courent après!! »
Je lui renvoie la pareille puisqu'il m'a fait en premier la remarque, je sais que pour lui c'est un sujet difficile, mais peut être que ça lui ferait du bien de se poser ?