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| Sujet: Re: Les visites font toujours plaisir ; Si ce n'est en arrivant, c'est en partant. Mer 8 Mai - 15:15 | |
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Les yeux se baissèrent lorsqu’il se saisi des documents. Dans un soupir résigné, l’accord fut accepté. Sans force, sans volonté, son fardeau paru plus lourd à porter. Un bouquin de moins sur cette planète. Seul résultat de cette discussion. Le temps manquait pour détruire les vidéos sans qu’aucune ne survive à la destruction. Une chose que Faith tenait absolument à s’assurer. Les preuves de son passé trouvèrent son sac et le zipo le livre. La panique se répandit telle une trainée de poudre qui s’enflamme. Leurs fuites fut presque trop simple.
Accrochée derrière William, Faith se sentait de plus en plus fiévreuse. La respiration de plus en plus lourde la poussait à reposer de plus en plus contre le dos de William. Les bras autour de la taille de l’agent se serrèrent plus fortement lorsqu’elle commença à se sentir envahi par le délire, persuadée qu’une centaine de papillons de nuit lui courraient sur le corps. Tremblante, inquiète et fatiguée, elle ne cessait de répéter que ce n’était pas réel afin de s’en assurer. Les doigts serraient le haut de William, évitant sa blessure, pour s’assurer que lui était bien réel. Finalement, après une bonne demi-heure à balloter entre illusion et réalité, Faith revînt sur terre, desserrant son emprise sur William.
Malgré tout, l’œil avisé de la blondinette ne manqua pas d’analyser la situation. William l’entrainait dans une ville encore méconnue. En revanche, le médecin devait être un proche ou alors, le délire planait toujours au dessus de sa tête comme un vautour autour d’une carcasse. Après tout, peu de temps lui avait été offert avant que l’inconscience ne la rattrape.
La lumière se nuançait de pastel. La déduction fut rapide. La nuit arrivait à grand pas. Le noir planerait bientôt ici bas. Cet instant apportait habituellement une multitude de possibilités. La fuite. Le camouflage. L’arnaque…La nuit tout est permis. Dans une grimace, Faith posa pied à terre, arrachant les entraves vers la liberté. Etait elle seule ? Ou était son sac ? Est-ce que William avait eut le temps de lire les dossiers ? Mais surtout, que réservait la suite ? Depuis des années, William et Faith ne partageaient que peu de temps ensemble. L’unique moment ou ils s’étaient côtoyés sur une longue durée avait été leur rencontre. Enfermés dans le noir, la poussière plein le visage, ils s’étaient serrés l’un l’autre durant quelques heures dans le même minuscule cachot.
Ici, l’environnement demeurait plus accueillant. Timidement, Faith rejoignit la fenêtre. Une infirmière tenta de la raisonner pour la pousser à reprendre le lit mais la blonde ne lui offrit qu’un sourire. L’odeur iodée ne menti en rien. La mer s’échouait non loin. Devait elle partir ? Tout son instinct lui hurlait de fuir, de prendre ses affaires et battre en retraite. Pourquoi rester ?
Attrapant son sac sur la chaise qu’occupait William un temps plus tôt, elle avait prit sa décision. Elle avait rêvé. Cette vie d’étudiante à la faculté ne lui conviendrait jamais. L’adrénaline la berçait dans une valse effrénée depuis sa plus tendre enfance. Les journées moroses de la faculté n’offraient que peu de perspective pour alimenter ses besoins en folie. Au-delà, la salissure qui la marquait par sa naissance la rattraperait toujours. Être mal né ne devait avoir aucune importance dans ce pays. Le rêve américain dans toute sa splendeur… Une illusion pensa t elle en passant sa main sur la clenche de la porte. Ravalant sa rage, Faith pénétra dans le couloir en direction de la sortie. Elle aurait dû détruire le dossier. Son échec pitoyable l’agaçait, particulièrement en sachant que rien n’était fini. William avait les papiers. Le voler aurait été un jeu d’enfant sur cette moto, autant qu’elle pouvait le faire ici. Mais, se résoudre à le doubler signifier tirer un trait sur leur alliance, tâcher sa carrière et se faire un ennemi. Impossible de lui faire le moindre mal. Plaçant sa main dans son sac, elle senti le petit appareil photo et ferma aussitôt les yeux.
Faith réalisa alors qu’elle n’avait jamais su faire autre chose que fuir. Fuir la confrontation avec sa mère, avec Lady Eleanor….et maintenant William. Alors que la tristesse perlait sur ses joues aseptisées, la douleur enserrait son cœur. Ne le reverrait-elle jamais ? Mais la vie se tournait parfois de façon étrange. A peine cette pensée fut elle formulée que Faith pu observer ce petit point sur la rive.
« William… » Fermant les yeux, elle secoua la tête. « Je peux pas. » murmura t elle en lui tournant le dos. Elle n’était plus rien à présent, juste une prostituée. Que lirait elle dans ses yeux ? Qu’entendrait elle dans sa bouche ? Son aptitude à tout analyser dans les moindres détails s’enclencherait aussitôt William retrouvé. La moindre mimique serait inspectée. La force lui manquait. L’humiliation la poussait à prendre ses distances. Il serait déçu et elle ne supportait pas cette idée, celle que son regard sur elle avait changé. Elle aurait aimée continuer à briller dans ses yeux. La déchéance lui ferait trop de mal. Elle préférait ne pas savoir, ne plus le voir.
Pourquoi ? Elle se surprenait à s’arrêter à quelques mètres derrière lui. La gorge nouée n’autorisait aucune parole. L’idée qu’il se retourne ou qu’il la regarde l’insupportait. Ses mains moites lissaient son sac nerveusement. Il savait. Depuis le jour ou leur chemin s’était croisé à nouveau, la blondinette s’était promis de n’être qu’un masque entre ses mains. Personne ne connaissait son origine parce qu’elle faisait d’elle une sous femme. Ridiculement petite face à William, la blonde ne dit aucun mot. Parfois, le silence était préférable à de long discours. Les habitudes de Faith auraient dues la conduire à un long monologue explicatif, bourré de statistique. Seuls des excuses silencieuses s’adressèrent à l’agent, un remerciement sourd. Le bruit des vagues caressait leur échange muet sans apporter la moindre lourdeur. De toute façon, que dire ? Les mots travestissaient certaines émotions trop intenses pour s’exprimer. Pourtant, elle aurait voulu lui expliquer. Son choix, ses choix n’avaient pas pour but de lui imposer des entraves, de gâcher sa vie et plus encore sa carrière. Ce qu’elle était ne changeait rien à ses aptitudes. Toute sa vie durant, elle n’avait été qu’un objet, un corps que l’on utilisait à sa guise autant pour la prostitution que pour l’arnaque ou le vol. Le moindre regard ou la plus petite des attentions l’emplissait de joie. Lady Eleanor avait su exploiter ce besoin avec habilité. Si au départ, William lui avait semblé n’être qu’un double masculin de Lady Eleanor, aujourd’hui, elle craignait plus que tout de le voir lui tourner le dos. Pourtant, elle comprenait s’il préférait s’écarter d’elle à présent. Il n’était pas le seul à ne voir qu’un corps tâché. Même si son nom avait changé, les regards revenaient la hanter parfois. Les vidéos ou elle se trouvait avaient fait le tour des réseaux de pornographie particulière dédiés à cette déviance. Certains hommes, ou femmes, la reconnaissaient, la détaillaient comme un objet. Personne ne pouvait se débarrasser de son passé. Le nez se baissa sur ses pieds nus pour admirer quelques coquillages. Le sable fin joua entre ses orteils, la laissant se délecter des sensations qu’elle éprouvait, de la vie.
Patientant d’entrevoir le moindre signe ou geste lui autorisant d’approcher, Faith resta plantée un instant. Quand enfin l’accès lui fut accessible, elle s’avança doucement pour se poser à ses cotés, pas trop près, pas trop loin. Le petit appareil photo qu’elle tournoyait entre ses doigts depuis le début l’interrogeait. Finalement, elle le déposa délicatement à coté de William. C’était la dernière version qu’elle avait pu obtenir du dossier. Il était entre les mains de l’agent à présent. C’était sa vie qu’elle lui confiait, une fois encore, à moins que ce ne soit des excuses.
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| Sujet: Re: Les visites font toujours plaisir ; Si ce n'est en arrivant, c'est en partant. Lun 20 Mai - 10:35 | |
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