Faith se sentait de plus en plus angoissée chaque jour. Son insertion ne lui était pas si simple et aisée qu’elle ne l’avait cru. Difficile de faire comme si alors qu’il n’y avait rien en jeu. Pianotant sur son jean depuis plus d’une heure, Faith se lassait. La nuit avait été longue, remplie d’images fantômes et de cris égarés. Son petit minois se pointa donc dans le café le plus proche, espérant que le café serait le remède miracle pour lui éviter d’arborer une tronche de zombie.

A peine la porte fut elle poussée qu’elle se trouva confrontée à un cruel dilemme. Un garçon avait laissé sa veste seule et son portefeuille trainait là, hurlant et suppliant de ne pas l’abandonner. Inspirant pour lutter contre l’envie, Faith fit un pas, puis un autre avant de simplement tirer sur l’objet de ses désirs. A peine eut elle terminée son méfait qu’une voix la paralysa. Merde ! Même le Diable ne parviendrait pas à faire l’effet que pouvait lui faire Jayson. Faith sourit doucement, entrant dans la danse qu’imposait le garçon.
Elle s’assit aussitôt en face lui ouvrant librement le porte feuille sur la table pour en tirer les billets.

« Et bien je suppose qu’il y a assez pour te payer un verre ! » Déclara t elle avec malice.

Une seule raison pour ne pas prévenir la police. Un sourire en coin apparu à ses lèvres même si la question la troublait plus qu’elle ne l’amusait réellement. Si James apprenait ca… Elle ne donnait pas cher de sa peau par la suite.

« Et tu ne verra plus jamais ma frimousse nulle part. Il te faudra te contenter de ses pâles visages trop lisses, trop socialement normal et qui pour seule folie se mette un shoot dans le nez ou un verre dans le gosier. Ou alors je peux toujours… »

Son regard se rempli de larmes, sa lèvre inférieure entama de trembler dangereusement, tandis qu’elle commençait à sangloter. Venant passer deux doigts sur sa joue, elle effaça une larme perlant d’un noir opaque, adieu mascara et Eyeliners ! N’était il pas informé qu’elle suivait un cursus d’art de la scène ?

« M…monsieur l’A…agent. C’est, c’est lui qui a glissé un truc dans m…mon verre à la s…Soirée. Je me suis sentie mal et j’ai paniqué alors je…je voulais juste voir sa carte d’identité. V…Vous savez ppour savoir quiqui il était.»

Se redressant, elle lui envoya un petit clin d’œil malicieux avant d’inspirer profondément tandis que la serveuse passant dans le coin s’arrêta pour lui demander avec un air inquiet.

« Tout va bien mademoiselle ? »

Aussitôt, Faith redressa le nez sur la serveuse pour renifler avec un petit air de chien battu.

« Ce jeune homme vous fait des misères ? »

Faith semblait trop occupé à renifler et pleurer pour répondre à la serveuse de plus en plus inquiète. Cette dernière jeta un coup d’œil sévère prête à appeler le directeur.

« N…nan, il…il me paye jjuste un verre. » Balbutia Faith.

Et voilà comment on se fait payer un verre les filles !

Continuant son petit manège, Faith renifla bruyamment. A la serveuse, elle adressa un sourire forcé avant de déclarer d’une voix toujours tremblotante.

« I…il s’appelait Jayson. »

Tiens donc, le chien se nommait comme l’homme en face d’elle. Un peu sceptique, la serveuse prit les commandes soit un thé noir épicé pour elle. Elle attrapa le coin de la serviette afin d’essuyer ses yeux et son maquillage noir qui commençait à couler. Quand enfin, la serveuse eut débarrassée le plancher, Faith se tourna vers Jayson. Essuyant ses larmes pour se calmer lentement, elle expliqua à Jayson.

« Oh ce n’était pas pour toi. Je m’entraine pour mes cours. Je fais du théâtre et j’arrive jamais à chialer sur scène. C’est fou quand même… Là…ca me dérange pas mais en cours non. Puis faut bien que je sache si je le fais bien ou pas! »

Il était vrai que son professeur de théâtre, Monsieur Salaun, aurait été particulièrement impressionné. Elle mettait sa main à coupé qu’il aurait toujours quelque chose à redire et que jamais, ô grand jamais il n’aurait risqué un trop important compliment. Enfin, c’était l’image qu’elle avait de lui. Pourtant, elle écouta bien attentivement les propos de Jayson avant de soupirer en levant les yeux au ciel d’un air blasé. L’histoire de la dénoncer ne semblait pas particulièrement la troubler. D’un coté, elle hocha la tête doucement dans une moue réellement ennuyée.

« C’est plus fort que moi. » Grogna Faith en jouant avec le bord de la serviette, les joues un peu plus rouge. « Quand je suis stressée faut que je pique un truc. »

Il riait et elle ne savait pas comment se comporter. Peut être devait elle se joindre à lui dans ce petit amusement ? Comment les gens normaux agissaient ils ? Une fois en roue libre, elle ne savait plus qui elle était et comment elle devait agir.

« On se détend comme on peut hein ?! Toi t’envoie en l’air moi je pique des trucs. Mais je comprend tu sais… Chez les hommes l’accouplement produit des … »

Et voilà, elle se lançait dans un discours explicatif sur les effets de l’amour sur le corps humain et particulièrement sur les hommes. C’était un défaut de fabrication chez elle. Elle devait étaler sa science pour ne pas sentir totalement stupide ou laisser trop de blanc dans la conversation. Finalement, après avoir comparé les mâles humains à des machines et dénaturé tout l’acte en une vulgaire suite d’effets chimique et biologique, elle se stoppa. Risquant un regard sur Jayson, elle se mordilla la lèvre inférieure.

« Ca aussi…Ca m’arrive souvent… » Souffla t elle avec un sourire navré.

Elle devait tout s’expliquer par des faits scientifiques et des statistiques. D’un coté, que pouvait elle dire à Jayson ?

« C’est fou que ca soit tombé sur toi quand même ! Tu sais combien de chance on avait pour que ca arrive ?... Non… je vais pas repartir dans mes explications statistiques… »

Jayson pouvait respirer…