La soirée s'annonçait... ennuyante. Pearl et moi ne nous entendions pas et nous n'étions pas prête de nous entendre, autant le dire. L'anglaise était tout ce que je détestais. Elle était molle, trop molle, sans vie et ne semblait pas vouloir la prendre en mains. Elle se laissait aller, elle se laissait vivre et cela me dépassait plus que tout. J'avais envie de la secouer comme une pommier et de lui hurler de se réveiller. Seulement, le doyen nous avait expressément demander d'être friendly avec les petits anglais alors je m'attelais à la tâche. Je n'avais aucune envie d'entendre ce vieux schnok m'hurler dessus que je ne faisais aucun effort. Je ne pourrais même pas nier tout cela parce que je ne faisais aucun effort. Peut être demain mais là, mon cousin était devant moi et il ne m'avait pas reconnu. C'était blessant, désolant mais je voyais très bien comment tourner cette situation à mon avantage. J'en savais plus que lui, il n'y avait aucun doute, et cela était plutôt agréable. Il était professeur, sans aucun doute, et je devrais donc éviter de me moquer de la jeune Eastwood en sa présence. Autant jouer la gentille fille jusqu'au bout. « Oh merci depuis le temps que je le… cherchais. » Mes yeux glissèrent sur la Iota puis sur mon cousin et vice versa. Aucun des deux ne bougeait, rien. On aurait pu les prendre pour deux statuts. J'avais même l'impression qu'ils ne respiraient plus. Rapidement, mon visage s'illumina. La voilà, ma porte de sortie, mon échappatoire à cette soirée plus qu'ennuyeuse. Je venais de trouver un bon gros secret qui allait finir par éclater et je voulais être témoin de cela. La Iota était-elle enceinte de mon cousin ? Lui avait-il demandé de l'épouser il y a quelques années déjà et, trop jeune, elle avait refuser ? Avec Benn, on ne savait jamais de quoi il était capable. Nous avions été cul et chemise pendant des années et il avait oublié mon visage, ce visage parfois enfantin qui m'était préjudiciable dans certains cas. Mes joues étaient un peu trop ronde pour mon âge mais je tentais de m'y accommoder. « En fait… oui, mais c’est une longue histoire. » Mon sourire s'agrandit encore plus. Je trépignais d'impatience pour savoir quelle était leur 'histoire' et ce, par pure curiosité. J'étais une femme et les potins m'intéressait, qui pouvait m'en blâmer ? Glissant mes yeux sur le seul membre de ma famille que j'avais pensé sincère, une idée germa dans mon cher cerveau. Il fallait que je m'allie à Kirby, que je le fasse tourner en bourrique et lui montre à quel point cela pouvait être blessant que l'on se moque de soi. « Tu as déjà vu ta correspondante au fait ? » Regardant la Iota, j'hocha légèrement. Ouaip, j'avais trouvé et vu ma correspondante un peu trop souvent et pourtant, ils étaient sur le sol américain depuis trente six heures ! Ce constat me fit légèrement pâlir mais je repris rapidement des couleurs. J'avais un jeu grandeur nature devant moi, je devais me concentrer là dessus. « Oui oui, je l'ai rencontré. Elle s'appelle Pearl et est une vraie crème ! On s'entend à merveille ! Mais là, elle semble prise dans une conversation passionnante.. » lançais-je, un peu bredouille. Du coup, les gars, je vais devoir rester avec vous que cela vous plaise ou non. « Du coup, j'ai tout mon temps pour écouter votre histoire ! » Un large sourire se dessina sur mes lèvres, laissant apparaître mes dents blanches. J'avais l'impression d'être le gros minet et eux, étaient deux petits canaris en cage. Benn se racla légèrement la gorge et attira mon attention. Faisant une mine choquée, je tendis ma main et dis « Leïla, Leïla Crampi ! » Ce n'était ni mon nom, ni mon prénom mais pourtant, c'était le seul nom et prénom qui m'était passé par la tête. « Benn Prescott » Je lui fis un léger sourire avant de regarder Kirby, intriguée par ce nouveau nom. « Et bien Benn, que diriez-vous d'aller nous chercher quelque chose à boire ? Les anglais sont connus pour être galants, right ? » Usant de mon accent anglais, j'avais légèrement appuyé sur ce mot, comme pour le congédier de façon galante et sans trop de mal. Tournant les talons, je regarda la jolie Iota et dis « Je ne sais pas qui est Benn pour toi mais c'est mon cousin. Il ne se souvient pas de moi et, si tu veux bien m'aider, j'aimerai bien lui faire tourner la tête, lui faire un peu espérer et tomber de haut. Comme il a fait avec moi quand il a épousé son anglaise » Rapide, simple, clair et efficace. Allez Kirbyyyy, dis ouiiiiii.

Un trou de souris. Voilà ce dans quoi j’aurais tant espéré pouvoir me cacher à cet instant, mais je savais que cela était plus qu’impossible et qu’à cet instant précis j’étais coincée, que ce soit à cause de Nélye qui semblait avoir trouvé un sacré sujet de conversation ou bien Benn, avec qui j’aurais des comptes à régler tôt ou tard. Le rouge m’était monté aux joues, je le sentais bien car je commençais doucement à mourir de chaud et ce même dans la tenue quelque peu légère que je portais à cet instant. Je voyais la blondinette en face de moi sourire de plus en plus alors que j’essayais tant bien que mal de m’exprimer, mais cela était loin d’être évident étant donné que je sentais ma gorge se serrer de seconde en seconde. Un mal-être que je n’avais encore jamais ressenti, du moins, pas à ma connaissance. « Ah vraiment ? Non mais tu sais elle doit sans doute t’attendre et faire tout cela pour te rendre jalouse histoire que tu t’occupes un peu d’elle… » Oh non Kirby tais-toi, ne la fait pas fuir maintenant tu risquerais de te retrouver bien trop vite en tête à tête avec Benn. Je savais pertinemment qu’au moment même où ne serions seuls, et ce malgré la foule qu’il pouvait avoir dans la salle, que je lui ferais une scène publique, au risque d’être renvoyée sur le champ en vu des aveux que j’allais faire. Car oui, je risquerais de tout déballer à l’anglais qui m’avait plus que menti sur son identité au moment même où j’avais fait sa connaissance il y a quelques temps déjà. Trahie, voilà ce que je ressentais à cet instant précis. Trahie et honteuse en plus de cela. Et maintenant j’étais coincée, il était mon correspondant et j’avais un devoir envers lui, devoir que je me devais de respecter au risque de décevoir le doyen qui comptait sur ses élèves. Je respirais un grand coup lorsque Nélye eut la bonne idée d’envoyer Benn nous chercher à boire, je ne saurais comment la remercier pour cet instant de répit qu’elle venait de m’offrir. Et lorsque le professeur s’en alla, je fus surprise des paroles que vint à m’adresser l’Epsilon. De mieux en mieux, elle était sa cousine mais apparemment, le courant ne passer guère entre eux.

« Tu veux savoir qui est Benn pour moi ? C’était un certain Josh il y a plusieurs mois, tu vois. Ton cousin m’a filé un faux nom à ce que je vois et on a eu une brève aventure au cours de mes vacances à Londres, enfin tout cela remonte à un moment maintenant mais je n’ai pas oublié son visage. » Oui, je venais de profiter de l’absence de l’intéressé même pour lui parler de notre histoire, celle que je n’aurais jamais pu raconter s’il avait été à côté. « Alors peu importe le coup tordu que tu veux lui faire, tu pourras toujours compter sur moi, pour tout et n’importe quoi. Je suis prête à t’aider. » Oh que oui. On dit souvent que la vengeance est un plat que l’on mange froid, mais pour ma part, ce plat allait être complètement glacé et je m’en frottais déjà les mains à l’idée d’y penser. J’avais cette impression d’être tombée sur un ange à ce moment, c’est ce à quoi Nélye me faisait penser. Elle était arrivée comme cela et venait de m’offrir une chance inoubliable, une chance qui ne se reproduirait sans doute jamais et autant la saisir tant que je le pouvais encore. Un sourire mesquin se dessina sur mes lèvres à cette simple idée tandis que je me décidais de me lever enfin de ma chaise, abandonnant mon verre vide sur cette dernière.« Je ne sais pas ce qu’il t’a fait exactement, mais si j’ai appris quelque chose c’est que la famille c’est sacrée et qu’il ne faut pas se payer la tête d’une blonde, surtout pas de la mienne. » Benn avait un sacré casier d’après ce que je venais d’apprendre. Il avait en quelque sorte trahi un membre de sa famille tout comme il m’avait trahi moi. Mais pour ma part, les liens du sang étaient plus qu’importants, et il était hors de question d’y toucher, tout comme mentir sur son identité et ce de A à Z. Oh Nélye, tu ne peux pas t’imaginer la joie que je ressens à cette simple idée de vengeance, cette simple idée de pouvoir t’aider dans ton plan qui je l’espérais, était plus que machiavélique. « Alors ? Dis-moi que tu as une idée en or histoire que je m’en réjouisse d’avance. » J’étais convaincue d’une chose, c’était que Benn regretterait à tout jamais son voyage à Berkeley. Cela allait sans aucun doute être la dernière fois que je le verrais et autant en profiter au maximum, histoire de s’amuser un peu.

« Ah vraiment ? Non mais tu sais elle doit sans doute t’attendre et faire tout cela pour te rendre jalouse histoire que tu t’occupes un peu d’elle… » Regardant Kirby, je leva les épaules. Je me fichais pas mal qu'elle fasse cela pour avoir mon attention ou non, je n'avais pas envie de me coltiner cette petite crétine et je n'allais pas le faire. Je préférais voir le spectacle de regards que m'offrait ces deux là. Ils me faisaient rire et c'était peu dire. Je ne laissais rien paraître pour ne pas sembler impolie ou quoi que ce soit mais j'avais envie d'hurler de rire et d'inviter toute la salle à les regarder se fixer. Une tention plus que palpable était autour de nous et moi, je ne faisais trop rien pour l'arranger. J'aimais cette situation, cette gêne, aussi malsain que cela pouvait sembler. C'était fou, d'être aussi sadique. Le malaise et malheur des autres faisaient mon plaisir et ma joie. J'étais une petite peste sur pattes, un monstre, mais je le vivais très bien et c'était l'important, à mes yeux du moins. Seulement, tout cela commençait à devenir invivable pour eux, mais surtout pour moi. Aucune action et voilà que mon petit plan tombait comme un soufflet sorti trop rapidement du four. Il fallait que je trouve une diversion mais aussi, voire surtout, que je mette Kirby au courant de tout ce que j'avais en tête. Cet homme, que je connaissais parfaitement, était ma nouvelle proie. J'allais enfin pouvoir changer d'anglais pour m'amuser ! L'envoyant chercher des boissons, un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je vis le visage de la jeune Iota se détendre. Elle devait vraiment avoir un sacré secret pour réagir ainsi. Je ne le connaissais pas tant que cela mais assez pour savoir que ce n'était pas le genre de jeune femme à se laisser dépasser par un homme. « Tu veux savoir qui est Benn pour moi ? C’était un certain Josh il y a plusieurs mois, tu vois. Ton cousin m’a filé un faux nom à ce que je vois et on a eu une brève aventure au cours de mes vacances à Londres, enfin tout cela remonte à un moment maintenant mais je n’ai pas oublié son visage. » L'écoutant, je souris légèrement. Étrangement, cela ne m'étonnait guère de mon cher et tendre cousin. Lorsqu'elle assura vouloir m'aider, qu'importe l'idée tordue que j'avais en tête, j'opina du chef. Nous étions sur la même longueur d'onde et ce n'était franchement pas désagréable. Je me voyais déjà, le faire tourner en bourrique, l'enquiquiner jusqu'à ce qu'il pète les plombs, qu'il crise et soit enfin lui même. J'avais entendu dire qu'il était accroc aux jeux. Nous pourrions totalement faire une virée à Las Vegas pour occuper le bellâtre. Ce serait peut être un peu trop gros et il risquait de refuser, de but en blanc. « Je ne sais pas ce qu’il t’a fait exactement, mais si j’ai appris quelque chose c’est que la famille c’est sacrée et qu’il ne faut pas se payer la tête d’une blonde, surtout pas de la mienne. » Je grimaça légèrement. Franchement, les avis préconçus sur la famille et les 'family is everything' ne faisait pas parti de mon vocabulaire ni de mes phrases courantes. Je fuyais ma famille depuis tellement longtemps que je ne savais même plus à quoi cela ressemblait. Seule Holly était ma famille. « La famille n'est pas forcément quelque chose que je respecte à vrai dire... Mais j'avais confiance en lui quand mes parents m'ont envoyé à Paris à mes quatorze ans et quand il s'est marié, il m'a... comment dire ? Oublié, mise de côté » Autant qu'elle soit au courant du maximum de chose avant de se lancer dans ce nouveau jeu. « Je ne te dis pas cela pour que tu te plaignes mais autant que tu saches ce qu'il m'a fait pour comprendre mes intentions » Intentions qui étaient simples mais pas moins totalement folle. Je voulais lui faire du mal, écraser son petit cœur comme il l'avait fait avec moi. Le voyant tourner la tête vers nous, je lui adressa un léger sourire. Autant qu'il pense m'avoir dans sa poche après tout. « Alors ? Dis-moi que tu as une idée en or histoire que je m’en réjouisse d’avance. » Regardant la jeune iota, j'haussai légèrement les épaules. Pour tout dire, je n'avais rien de prévu à ce moment même. Je risquais d'avoir besoin de son aide et d'un peu – voire beaucoup – d'improvisation. Si j'avais su que l'anglais allait débarquer, j'aurai prévu ma vengeance plus tôt mais là, il fallait faire vite et être efficace. «  Je n'ai pas franchement d'idées. Il adore les jeux d'argent il me semble et tout ce qui est jeu en général mais après... Il faut que tu fasses comme si tu n'avais aucune rancoeur, aucune envie de lui coller ta main en plein visage, comme si votre petite partie de jambes en l'air t'était indifférente. Il faut le faire boire et le faire parler, savoir ce qu'est sa vie à l'heure actuelle. Il me semble que sa femme est morte et qu'il a la garde de son fils maintenant. On peut toutes les deux user de nos charmes, lui faire faire croire n'importe quoi et le piétiner dès qu'il s'y attend le moins  » Flirter avec mon cousin risquait d'être un supplice mais si c'était ce qu'il lui fallait pour comprendre ses erreurs du passé... Revenant vers nous, je fis un clin d'oeil à la jolie iota et dis, à l'encontre du jeune Prescott  ; «  Alors Benn, vous êtes professeur de quoi  ?  » Autant commencer par les petites questions, plus ou moins banales...

La situation était plus que gênante et j’étais à deux doigts de me jeter aux pieds de Nélye pour que cette dernière ne me laisse pas seule en la compagnie de Benn mais d’après l’expression de son visage, il me semblait qu’elle avait trouvé une situation des plus croustillantes et qu’elle ne lâcherait donc pas l’affaire. Cela me soulageait d’un côté mais de l’autre, lui révéler le fait que Benn et moi avions eu une liaison il y a plusieurs mois de cela. Je risquais gros, même très gros si cette information venait à être divulguée et je n’avais pas besoin que les gens pointent leur doigt sur moi en disant que j’étais la trainée de service de l’université ou allait savoir quoi d’autre. Lorsque la jeune femme hocha la tête au moment même où j’acceptais de l’aider dans ses projets, je vis la porte de secours que je recherchais depuis que mon regard avait croisé celui de Benn. Je la tenais ma vengeance et elle allait être terrible. « Elles sont toute à fait compréhensibles, tu as plus que raison de vouloir te venger de lui. » En fin de compte, cela m’importait peu que Nélye ne soit pas en bon terme avec sa famille comme elle venait de le laisser penser, mais Benn méritait qu’on le remette à sa place pour ce qu’il lui avait fais, après tout, j’aurais sans nul doute réagis de la même manière que cette dernière si cela m’était arrivé. Les informations qu’elle vint à me dire concernant Benn ne me disaient absolument rien, à croire que ce dernier ne m’avait pas seulement menti sur son prénom mais également sur sa vie toute entière. Je lui en voulais, terriblement parce qu’il avait l’air d’être quelqu’un d’attachant la première fois que je l’avais vu mais finalement, tout se retournait contre lui et il allait s’en mordre les doigts. « Lui faire croire n’importe quoi… un peu comme ton idée de faux nom, bien joué cela dit. » Pour ma part j’étais grillée sur ce coup là, il savait que je m’appelais Kirby et non Skyler comme je le lui avais fais croire. Enfin je n’avais pas tant menti état donné que Skyler était bel et bien l’un de mes prénoms. J’accordais un regard à Benn qui était à deux doigts de se retrouver devant nous mais par chance, il fut interpellé par un autre British. Un créneau de quelques secondes, voilà ce qu’ils nous restait avant que le jeu ne commence.

« Bon, cela ne va pas être évident je pense, il faudra qu’on se serre les coudes dans tous les cas. Il faudra lui faire la misère, dés qu’on le croisera, faire croire qu’il a un faible pour nous, le mettre mal à l’aise devant les autres. La balle est dans notre camp et il faut pas qu’on laisse cette chance s’échapper. » Et comme prévu, il ne fallut pas plus de quelques instants avant que le jeune homme ne vienne à nous rejoindre. J’avais du mal à faire comme si de rien n’était, comme si c’était la première fois que je voyais Benn mais à chaque fois que mon regard se portait sur son visage, je revoyais l’homme sur lequel j’étais tombé à Londres, celui qui m’avait séduite en un rien de temps avant que tout cela ne se termine dans une chambre d’hôtel. Je frissonnais à cette idée mais je dus rapidement me reprendre alors que Nelye commençait à engager la conversation avec son cousin. « Je suis professeur de langue et de littérature française. Quant à vous les filles, c’est quoi votre domaine ? » Je sentais dans sa voix qu’il était mal à l’aise et c’était à mon tour de tout faire pour montrer que je ne pensais plus du tout à ce séjour que j’avais passé en sa compagnie. Je devais passer par-dessus cela une bonne fois pour toute. Après tout, je n’allais pas gâcher cette première soirée en le descendant déjà plus bas que sous terre, j’aurais très bien occasion de le faire à un moment où à un autre, quitte à le séduire à mon tour et lui montrer à quel point tous ses mensonges m’ont fait du mal. « Oh la littérature française c’est mignon… c’est exactement le domaine dans lequel j’essaie de me spécialiser. J’espère que vous allez nous faire cours de temps à autre. » Je le voyais très bien déglutir difficilement la salive qu’il avait dans la bouche et j’affichais alors un sourire en coin. Il ne pouvait absolument pas savoir que ce que je disais était un mensonge puisque je ne lui avais jamais vraiment parlé des cours que je suivais actuellement et jouer la-dessus me faisait jubiler. Garder le contrôle comme j’étais en train de le faire, c’est tout ce à quoi je devais penser et bien évidemment, je pourrais sans aucun doute compter sur le soutien de Nélye.

(me permet de rerépondre vu que personne ne le fait -->)

Juger autrui était l'une de mes activité favorite, autant le dire. J'adorais collecter les informations les plus croustillantes sur tout le monde pour avoir un moyen de pression. Seulement, face à Kirby, cette volonté était bien loin de moi. J'avais mieux à faire que de chercher à rabaisser la jeune Iota. Bien entendu, savoir qu'elle avait fricoté avec un professeur était une information alléchante – et pas qu'un peu – mais je préférais l'oublier pour mettre au point ma vengeance, notre vengeance. Nous allions le tenir par l'entre jambe et en faire ce que nous en voulions. Les rôles allaient être inversées. Kirby et moi allions nous jouer de lui et non l'inverse. Les casinos et jeux d'argent étaient son dada, nous allions être ses deux attractions préférées. J'étais l'une des meilleures pour jouer des faux semblants, faire quoi tout et n'importe quoi à n'importe qui. Manipulation était mon second prénom. « Lui faire croire n’importe quoi… un peu comme ton idée de faux nom, bien joué cela dit. » Je lui fis un léger sourire. J'étais fière de mon coup. Au moins, il n'y avait aucun risque qu'il découvre qui je suis. Même s'il avait l'habitude de m'appeler par mon premier prénom, je doutais vraiment que 'Nélye' ne lui rappelle pas quelque chose. J'avais un prénom qui sortait de l'ordinaire et je ne pouvais pas m'en plaindre. Des Nélye, il n'y en a qu'une. Des chieuses comme moi, il n'y en a qu'une. Des blondes qui veulent se venger, j'en voyais une autre et l'entraîner dans mon plan serait plus qu'agréable. Seule, tout était possible mais à deux, c'est toujours mieux. Il fallait installer le chaos dans sa petite tête et Kirby-Dana était encore plus motivée que moi à le faire. Pouvais-je lui en vouloir ? Non, certainement pas. Je savais trop bien la sensation que cela procurait de se faire utiliser par un homme. Je n'avais aucun espoir en l'homme, je me méfiais de lui comme de la peste et ce n'était pas pour rien. À force d'être trop déçue, on se méfie de tout et de tous. Benn n'était pas méchant, il venait ici pour visiter, pour accompagner des élèves qui étaient un peu plus jeune que lui. Il venait ici en tant que professeur, sans trop d'arrière pensée, du moins je l'espérais. Je n'étais vraiment pas prête à faire face à un goujat de plus, à un homme qui se fichait des femmes comme on se moque de la couche d'un bébé. Doucement, je donnais mes 'indications' à Kirby. Il fallait être posée, calme et ne rien laisser paraître. Au premier faux pas, il ne se gênerait pas pour nous attraper et nous le faire payer. Il ne pourrait rien faire contre Kirby mais je ne donnais pas chère de ma peau s'il venait à me démasquer. Il n'avait sûrement plus aucun contact avec mon père mais il devait toujours avoir son numéro, ou celui de mon frère just in case. Entendre que la jeune était de mon côté, qu'elle était prête à tout me fit sourire. Je lui fis un clin d'oeil pour lui dire que c'était ok de mon côté et je me prépara mentalement à me jouer de mon cousin, à me jouer de celui que j'avais aimé plus que tout. Et dire que j'avais essayé à maintes reprises de renouer le contact avec lui, en vain. Il avait changé, beaucoup trop changé et j'allais lui montrer que, moi aussi, j'avais changé. « Je suis professeur de langue et de littérature française. Quant à vous les filles, c’est quoi votre domaine ? » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. La France le passionnait toujours autant. J'avais une sacré ouverture. J'avais vécu dix huit ans en France et alentours. Certes, j'avais plus précisément vécu quatorze ans sur le rocher de Monaco mais tout de même... « J’espère que vous allez nous faire cours de temps à autre » Intérieurement, je me sentis hurler de joie. Elle était lancée et rien ne l'arrêterait. J'espérais juste qu'elle en savait un peu sur la littérature française pour ne pas se faire coincer à la première question. « Personnellement, j'étudie les langues étrangères. Français et italien. Et franchement, je suis de l'avis de mon amie, je ne suis pas contre vous avoir en cours une fois ou deux » Je laissa un léger rire charmeur se glisser entre mes lèvres. Un léger sourire pour le jeune anglais et je prenais mon verre en main. Le levant légèrement, je dis, aussi souriante et sincère que possible « Eh bien bienvenue sur notre continent monsieur Prescott ! J'espère que vous vous plairez ici. Vous verrez, toutes les américaines sont plutôt charmantes » Je lui fis un léger clin d'oeil avant de porter mon verre à ma bouche et de jeter un coup d'oeil à ma correspondante. Bon, l'autruche était toujours occupée, je pouvais donc rester encore un peu ici. Croisant les jambes élégamment tout en attirant son regard je leva les yeux sur lui, comme si j'avais remarqué son regard et dis « Vous avez déjà visité les lieux ? La baie de San Francisco est un petit paradis sur terre ! Comme les Twin Peaks » Parler tourisme n'était pas forcément la chose que je préférais mais pourtant, je m'y connaissais plutôt bien. L'envie de placer 'Las Vegas' me démangeait mais je préférais éviter de le faire pour qu'il ne se doute de rien. Je devais garder des cartes en main pour plus tard. « Il me semble que le Doyen Fredericksen a annulé les cours sur quelques jours pour qu'on puisse se lier avec nos correspondant. Vous devriez allez visiter ces lieux. J'irais sûrement avec Pearl si l'envie lui dit » Un léger sourire sur les lèvres, je tentais de trouver un cadre idyllique, loin de tous, pour lui faire tourner la tête, pour le faire tourner en bourrique comme jamais.