Casey Sonenclar. Dieu que je détestais ce nom. J'avais gentiment accepté d'avoir un correspondant venant d'Oxford, espérant tomber avec un bel anglais au fort accent me faisant craquer, pour finalement écoper de Madame la princesse d'Oxford je suis la plus populaire : Casey Sonenclar. Avec ça, j'avais gagné le jackpot. Elle feignait d'avoir l'air d'être la plus gentille, la plus accessible, tout en montrant qu'elle appartenait à la haute, une menteuse pathétique en somme. Au moins moi, j'avais le courage d'avouer que je n'étais ni gentille, ni accessible et tout le monde savait à quoi s'attendre en ma compagnie. Bref, je n'aimais pas Casey, et celle-ci l'avait vite compris. Elle avait vite fait de me faire comprendre à mon tour que c'était réciproque, et qu'il allait falloir que je m'accroche, car elle avait bien l'intention de devenir une reine de Berkeley. Cela m'avait fait doucement rire, des reines à Berkeley, il y en avait déjà quelques unes: Rory, Jack, Constance, Valentina, moi, et nous étions toutes de Berkeley, non pas d'Angleterre. Bien sur, elle comptait sur son magnifique petit ami Hayden pour se mettre dans la poche Berkeley. Ils avaient tendance à être le couple phare d'Oxford et s'attendaient très certainement à faire la même chose à Berkeley. Erreur fatal. Berkeley n'est pas Oxford, rien ne sera jamais pareil. Et puis, j'avais commencé à me rapprocher d'Hayden, son fameux petit ami. A l'origine, je m'étais rapprochée du jeune homme dans le seul but d'enrager Casey. Mais plus le temps passait, et plus je sentais que le jeune omicron valait la peine d'être connu. Nous nous entendions d'ailleurs à merveille, même s'il n'appréciait pas des masses que je me serve de lui en la présence de Casey. Well… Tant pis pour lui, je n'avais pas l'intention de la jouer gentil juste pour ses beaux yeux, il fallait bien qu'il s'en rende compte. Toujours est-il que ce soir, j'allais devoir me coltiner la Casey, et je sentais que la soirée allait être longue, très longue. En bonne correspondant qui se devait d'être, j'avais le devoir d'accompagner Casey à la soirée organisé par le doyen Frederiksen et par le Chancelier Heavensby. Notre cher doyen nous avait clairement fait comprendre que nous devions nous montrer irréprochable, pour je ne sais quelle raison, il tenait à prouver que nous étions mieux que les Oxfordiens. Bien sur, rien de bien compliqué. Personne ne pouvait nous supplanter, surtout pas ces anglais à l'air snobinards. Aussi, j'entendais bien pour une fois obéir à ce cher doyen, et faire de cette soirée, un exemple de perfection à la Berkeleyenne. J'avais donc pour cela décidé de porter un de mes derniers achats, une magnifique robe Zac Posen, sachant pertinemment qu'elle ferait son petit effet. Relevant mes cheveux en un élégant chignon, dont quelques mèches folles s'échappaient, je me demandais bien comment Casey espérait faire compétition. Attrapant mon sac à main trônant sur la table, je récupérais mes clés de voiture et je fonçais en direction de la Victor Hugo's résidence, où je devais récupérer Casey. Et oui, qui disait accompagner le correspondant, disait aussi le récupérer et entrer en sa compagnie. Certainement pas ce dont j'espérais, mais je m'y pliais. J'envoyais un bref texto à la Sonenclar, histoire qu'elle se dépêche et ne fasse pas sa princesse. Je la vis - heureusement - arriver bien rapidement, et entrer dans ma voiture. Je ne pouvais que regretter le fait qu'elle soit très bien habillée, et que sa tenue lui allait à merveille. Mais bien sur, aucun compliment ne sortit de ma bouche. Je me contentais de la saluer d'un « Salut. » tout ce qu'il y a de plus banal. La politesse restait malgré tout dans les mœurs que mon père m'avait inculqué, et je ne pouvais m'empêcher de la saluer. Je remis le moteur en route et pris la direction du What's up, le bâtiment où avaient lieu toutes les soirées étudiantes organisé par le Doyen. Le silence était pesant et lourd dans la voiture, et je ne faisais absolument rien pour le briser. J'aimais plutôt pas mal l'idée que Casey se sente particulièrement mal à l'aise dans ma voiture et à l'entrée dans la soirée. Arrivant devant le bâtiment, j'entrepris de me garer, et l'une après l'autre, nous sortions de la voiture. Jetant un regard en coin à l'omicron, je lui fis signe de se diriger vers l'entrée de la soirée. Arrivées à la porte, je ne pus m'empêcher de lui faire une remarque. « Tu pourrais sourire au moins, histoire de faire croire que tu es contente de venir à Berkeley.» Sifflai-je entre mes dents. La simple idée que d'autres personnes auraient pu être contentes à l'idée de venir à Berkeley, pendant que madame Sonenclar tirait une tronche de six pieds de long m'agaçait au plus haut point. Aussi, je passais la porte et posais un sourire éclatant sur mon visage. Feindre, jouer la comédie, faire semblant, voilà ce pourquoi j'étais faite. Au côté de Casey, je pouvais laisser aller mon talent et faire croire à qui voulait que je m'entendais bien avec elle. « Notre petite comédie de bien s'entendre ne durera qu'une soirée, tu peux faire semblant, je ne pense pas que ça va te tuer.»

Son reflet dans la glace lui renvoyait une image des plus intéressante. Vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise à carreaux blancs, rouges et noirs et d’une veste en cuir, Gabriel passa une dernière main nonchalante dans ses cheveux. Il prenait toujours la peine de bien soigner son apparence. Il n’était pas un golden boy pour rien. Ce n’était certainement pas uniquement sa personnalité parfois gentleman qui lui attirait tous les regards. Non, c’était bien plus que cela. Quittant sa chambre, il empoigna rapidement ses clés, son paquet de gomme à mâcher et quelques autres petites affaires. Il était fin prêt. Ce soir était la soirée organisée en l’honneur de l’arrivée des anglais, il se devait donc d’y être. Et en compagnie de Constance. Ce qui s’annonçait encore plus intéressant. Le jeune anglais ne doutait pas une seconde qu’il allait bien s’amuser dans cette soirée. Il traversa le campus, observant les différents étudiants qui arrivaient de tous les côtés. Certains étaient déjà accompagnés, d’autres seuls. Certains semblaient excités, d’autres ennuyés. Il se savait l’air indifférent, fidèle à ses habitudes. Il jeta un bref coup d’œil à sa montre. Il était en avance. Parfait. Il contourna le bâtiment utilisé pour cette soirée et il s’installa en arrière, à même le sol. Il profita de ce moment de répit pour fumer. Pas qu’il était gêné de fumer une cigarette en publique, loin de là. Simplement parce que ce n’était pas une cigarette qu’il s’apprêtait à fumer. Il savait se contrôler, il n’allait pas fumer assez pour être défoncé, juste assez pour satisfaire ses besoins quotidiens, puisqu’il ne savait pas s’il allait avoir l’occasion de le faire au cours de la soirée. Le jeune homme retira sa veste en cuir, pour ne pas que l'odeur l'empreigne. Il tira quelques bouffées agréables et lorsqu’il remarqua que l’heure filait bien plus rapidement qu’il ne le pensait, il s’empressa de prendre quelques autres bouffées avant d’éteindre le joint. Il le remit bien en place dans un petit sachet qu’il avait avec lui et il glissa ce même sachet dans une poche intérieure de sa veste en cuir, qu’il avait prit soin d’enfiler à nouveau, bien en sureté. Le Hargrove prit la peine de sortir son paquet de gomme à mâcher et d’en fourrer une dans sa bouche, pour cacher l’odeur. Il replaça sa veste sur ses épaules, passa une main dans ses cheveux et refit le tour du bâtiment.

Au premier regard, sa chère correspondante n’était pas toujours arrivée. Elle savait se faire désirer, elle était très douée à ce jeu. Malheureusement, ou heureusement, pour elle, il était aussi très doué pour jouer. Plongeant les mains les poches de sa veste en cuir, il s’adossa contre le mur du bâtiment, non loin de l’entrée principale… là où de nombreux étudiants étaient déjà en train de se diriger vers la fête. Des anglais, des américains, des hommes, des femmes. Des couples, des amis. Et même des ennemis. Il remarqua quelques personnes se jetant des regards évidents et presque haineux. Haussant brièvement les sourcils, le jeune homme ne put s’empêcher de se dire que cette soirée s’annonçait plus qu’intéressante. Haute en couleurs, même. À l’intérieur, la musique semblait déjà jouer et la soirée déjà commencée. Il pouvait entendre des gens discuter et rire. Se concentrant sur les gens à l’extérieur, il scruta les alentours. Autant à la recherche de Constance que pour le simple plaisir d’observer les autres. Gabriel avait toujours eu beaucoup de plaisir à déchiffrer et observer les autres. Cerner leurs expressions faciales et leur gestuelle, comprendre leurs émotions. Il se plaisait à tout calculer, à tout observer, malgré son côté impulsif. Mais c’était bien loin d’être le seul jeu auquel il s’amusait. Il avait fait de nombreuses conneries au cours de sa vie, surtout avec Charlie. Se moquer des plus faibles n’était même plus un jeu pour lui, mais simplement une habitude. Et le temps s’écoula à nouveau. Hargrove aurait bien eu l’envie de s’allumer une cigarette, mais ça aurait été gâché l’effort qu’il avait mit en prenant une gomme pour masquer l’odeur de son joint. Il avait toujours été du genre calme, mais étrangement, cette soirée l’amenait à être moins patient. Après tout, peut-être n’était-il pas si répugné par l’idée d’aller se mélanger aux autres étudiants de Berkeley. Et puis, s’il croisait Charlie, il pourrait peut-être s’amuser un peu grâce à un mauvais coup du duo diabolique qu’ils formaient. Mais ce genre de fête pathétique n’était pas le genre d’évènement que fréquentait Charlie sans bonne raison. Lui-même était comme cela, sa seule motivation ce soir était une certaine jeune femme aux allures séduisantes, mais à la personnalité machiavélique. D’ailleurs, si celle-ci daignait se présenter enfin, au lieu de se faire désirer telle une diva, il pourrait peut-être enfin aller s’amuser un peu parmi d’autres insignifiants étudiants prêts à tout pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Enfin, des américains, quoi…

___________________ 48 heures, c’était le temps que j’avais passé sur le campus de Berkeley depuis que j’étais arrivé ici. A croire que le temps passait bien vite car j’ai encore l’impression de descendre du bus mais enfin passons car depuis mon arrivée, j’avais rencontré Eileen ma correspondante. Elle était charmante, il ne fallait pas se mentir même si moins que moi, de ce que j’avais perçu elle est tout de même une fille ayant un caractère se rapprochant du mien et je pense que je vais pouvoir faire quelque chose avec elle. Pendant combien de temps je ne sais pas mais elle le saura bien assez vite, la pauvre. Enfin elle m’a tout de même dit que ce soir j’étais invité à une soirée spéciale pour les correspondants anglais alors c’est l’occasion de se faire connaître et remarqué. Je préfère vous dire tout de suite que j’espère faire mon entrée.

J’avais réussi à semer ce qui me servait de correspondante car depuis mon arrivée, je n’arrivais pas à m’en débarrasser malgré qu’elle soit bien gentille. Je mettais habiller tout simplement, je mettais vêtit d’un pantalon bleu électrique accompagné d’une chemise à carreau rose pâle et blanche avec un chapeau. Je ne pouvais pas passer inaperçu mais j’étais tout de même très bien habillé. Je pris alors la direction du bâtiment des fêtes prévues visiblement pour ses occasions. Il me fallait en plus faire d’autres connaissances que ma correspondante sinon se serait la loose assurée.

L’entrée, j’étais devant l’entrée de la première soirée que j’allais vivre à Berkeley. Il fallait se faire remarquer mais pas trop car je pouvais apercevoir les huiles, les deux doyens étaient là et ce n’était pas le moment de se griller complètement au sein des autorités des deux établissements. Une fois devant la table pour entrer, je donnai mon nom pour avoir accès à cette soirée. Je fis alors quelques pas dans la salle qui était immense. Beaucoup d’étudiants étaient déjà présents et je n’en connaissais quasiment aucun mis à part Gabriel Hargrove, que je connaissais de vue étant tous les deux à Oxford. Maintenant, il fallait qu’Eileen arrive pour servir à quelque chose car je n’allais pas me retrouver seul ici pour le moment. Un petit texto et elle devait rappliquer. Pendant ce temps, je me rendis au bar pour prendre un cocktail pour patienter et attendit le moment opportun pour commencer à faire des connaissances. L’ambiance commençait déjà à se mettre en place et tout se jouer ce soir pour prendre un bon départ dans cette nouvelle université qui se présentait à moi.

Je décidai d’observer un peu quand même car je ne voulais pas me lancer sans être sûr de ce que j’allais entreprendre car certains comportements commençaient tout de suite à me déplaire. J’étais finalement fier d’être britannique et pas un américain comme eux complètement as been. Enfin tout le monde ne pouvait pas être comme moi pardi. Mais bon je ne devais pas dénigrer ce que je ne connaissais pas encore.

Enfin, ils étaient arrivés sur le sol américain et Dieu seul savait à quel point j’avais attendu ce moment. De nouvelles têtes, de nouvelles rencontres, de nouveaux amis voir de nouveaux ennemis, bref, autant dire que tout cela était en train de m’exciter. Pas dans le sens pervers de la chose mais j’avais vraiment hâte de me retrouver en leur tendre compagnie, pour le meilleur ou pour le pire. Impossible de cacher le fait que j’étais plus qu’enjouer à l’idée de voir Benn, mon soi-disant correspondant que j’avais en fin de compte piqué à l’un de mes professeurs qui allaient dans les prochains temps me faire la remarque, mais peu importait, c’était trop tard pour qu’elle puisse le récupérer. J’étais actuellement dans ma chambre universitaire, terminant de me préparer devant le miroir de la salle de bain, ajustant une dernière fois mon maquillage ainsi que mes cheveux dont je ne savais trop quoi faire pour la soirée. Vous allez peut-être dire que je fais un peu trop de chichis pour cette soirée mais notre doyen comptait sur nous pour être au minimum présentable alors autant mettre tous mes atouts en valeur. Il fallait également dire que j’avais mis une bonne petite demi-heure avant de trouver la tenue adéquate. Et oui, hors de question de venir en sac à patate ou encore avec une petite robe qui dévoile tout au moment où l’on se baisse. J’avais donc opté pour une robe colorée, accompagnée d’une paire de leggings et de talons noirs. Oui, j’avais mis du temps à me décider, m’étant demandé tout ce temps quelle tenue ne serait pas trop banale, trop provocatrice, trop sage, trop loufoque, bref, chaque tenue avait son petit point négatif au final. Me regardant une dernière fois dans le miroir, je finis par nouer mes cheveux en une queue de cheval et me décida enfin à quitter la demeure des Iota, prenant la direction de la salle des fêtes du campus.

Lorsque je passais le pas de la porte, je pus me rendre compte de la foule déjà présente et mes yeux se promenaient déjà dans tous les sens. Autrement dis, j’étais en train de scruter les moindres détails de la décoration de la salle, mais j’étais également à l’affut des têtes encore inconnues à ce jour. Je me faufilais un chemin à travers ce monde histoire de me chercher un verre, au passage interrogeant quelques têtes, leur demandant s’ils étaient Benn ou non. M’emparant d’un verre de… je ne savais quel breuvage mais qui semblait fort agréable en vu de l’odeur, je reprenais mon enquête, ne me gênant pas pour accoster les British masculins. « Salut, tu ne serais pas Benn Prescott ? » Encore un anglais qui venait à hocher la tête pour dire que non. Je soupirais un grand coup, complètement désespérée, et après avoir interrogé toutes ses nouvelles têtes, je m’affalais sur une chaise, avalant mon verre d’une seule traite. Du simple jus d’orange, avec ça aucun risque de finir la soirée la tête à l’envers, le doyen avait sans aucun doute pensé à tout pour nous éviter de faire de faux pas. Ou presque cela dit, après nous devions naturellement y mettre du notre. Je scrutais toujours et encore la salle entière à la recherche d’un homme qui ne faisait pas vraiment étudiant. Difficile de repérer la tête que l’on cherche lorsque l’on ne sait pas à quoi il ressemble. Quelle idée aussi de ne pas avoir demandé de photo. Je retournerais le campus tout entier pour le trouver s’il ne venait pas à venir dans les vingt prochaines minutes, mais je ferais tout pour enfin faire sa rencontre. Après tout, il était mon correspondant et cela était de mon devoir de l’accueillir au sein de l’université. Peut-être était-il encore en train de se préparer qui sait ? Je ne pouvais pas lui reprocher de vouloir être présentable pour séduire, qui sait, l’un ou l’autre des professeurs. Quoi que cela n’était peut-être pas son genre ? Après tout je n’en savais absolument rien, je n’avais pas encore pensé à lui demander les moindres détails sur sa sexualité. En fin de compte, j’étais en train de perdre espoir, peut-être ne viendrait-il pas. Peut-être avait-il croisé une autre étudiante en lui demandant si elle savait où j’étais. Peut-être que cette dernière c’était même fait passée pour moi, allez savoir, tout pouvait se produire entre ces murs. Je regardais mon verre vide, me rendant compte à quel point je pouvais être paranoïaque. Je ne l’avais jamais vraiment été par le passé mais depuis mon accident de voiture, il fallait dire que la roue avait tourné.