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| Sujet: « Personne ne survit au fait d'être estimé au-dessus de sa valeur. » Oscar Wilde Dim 17 Fév - 13:22 | |
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Son reflet ne signifiait plus rien. Qu’importe le nombre de regards qu’elle jetterait en direction de son miroir, qu’importe les jours qui défilaient, John resterait un inconnu, le X dans l’équation d’une vie. Malheureusement courir derrière des questions n’apportait aucune solution. John se cherchait, se fracassait contre des murs d’incompréhension pour se perdre dans un labyrinthe d’interrogations. Aux yeux de cette blondinette John n’était qu’une allégorie celle de l’ignorance. Pourtant, une chose semblait certaine dans toutes ses ombres mystérieuses. John ne restait qu’une blondinette perdue dans sa propre salle de bain. La brosse à dent catapultée dans la trousse de toilette, les deux seuls vêtements qu’elle disposait jetés dans un sac à dos miteux et elle avait réuni l’ensemble de ses affaires. Pas grand-chose en somme.
« Tout est bon Mademoiselle Doe ? » S’impatienta le propriétaire en tapotant de sa main sur sa cuisse.
Dans un soupir las, la blonde détacha son regard du miroir. Rien n’était bon mais contrairement à tous, ce fait n’avait pas la moindre petite importance pour qui que soit, elle en premier. Dans l'indifférence la plus totale, elle se faisait mettre à la porte. La raison prenait sa source la veille. Au soir, une bagarre avait éclaté dans le bar de l’hôtel ou John avait trouvé un boulot de femme de ménage. Provocante et instable, elle avait poussé deux couples à se battre. Le renvoi de l’élément perturbateur sanctionna ce petit incident. Pourquoi avait elle continuellement besoin de semer la pagaille partout ou elle passait ? Pourquoi se faisait-elle remarquer ? Pourquoi souriait-elle bêtement à tous comme si sa vie en dépendait ? Elle-même ne saurait répondre à cette question.
Maintenant dehors, le sac sur l’épaule et le sourire aux lèvres, la blonde lissa son jean délavé d’une main moite et maladroite. Impossible pour elle de faire le chemin à pied jusqu’à l’appartement de Cheyenne. John ne pouvait faire d’effort physique trop intense. Son état de santé restait fragile. Manquer d’oxygène durant tant de temps apportait son lot de séquelles. Ses jambes lui semblaient continuellement lourdes. La fatigue s’imposait rapidement. Aussi, elle grimpa dans le premier bus qui passa sous son nez. Direction le logement de Cheyenne !
La nouvelle John Doe féminine se laissa tomber sur un fauteuil avant de soupirer. Chaque passage dans le monde extérieur se révélait être une épreuve de haut niveau. Une main glacée s’emparait de sa gorge. La foule se transformait en un dangereux prédateur. Le monde lui semblait incompréhensible, éternellement méconnu. Avait-elle été tirée d’un mauvais rêve pour se retrouver plongée dans un autre monde ? Était-elle morte en réalité ? Est-ce que tout ceci n’était qu’un rêve ? Chaque petit évènement revêtait des airs de mystère et d’incompréhension. Elle se sentait déconnectée ! Aussi, sans le réaliser, la blondinette se retrouva devant la porte d’appartement de Cheyenne. L’impatience mêlée à l’euphorie s’empara de son être, grignotant tout bon sens ou logique. L’archéologue lui avait sauvé la vie mais au delà de cette considération, la jeune femme demeurait le seul visage familier qu’elle pouvait croiser. Elle tissait ce lien entre le présent et le passé oublié que John espérait retrouver rapidement. Le doigt s’égara sur la sonnette pour signaler sa présence. A cette heure, tout le monde devait être réveillé !Midi pointait son nez et John se demandait si elle serait la bienvenue. Éternelle question. Son sourire sincère et son regard pétillant de douceur ne s’en trouvaient aucunement entachés. Jamais John ne se présentait sous un aspect terne et fade. Pour être agréable, il convenait d’être souriante et pimpante.
A l’ouverture de la porte, John offrit ses plus belles salutations. Le sac à dos glissant lentement de son épaule, elle ne tarda pas à en venir au fait.
« Je peux squatter ton canapé le temps de retrouver un appartement s’il te plait ? »
Aengus avait reprit connaissance depuis trois semaines. Durant une semaine, elle avait passé d’innombrables tests. Rapidement, son cas avait étonné. Très peu de séquelles pour une aussi longue asphyxie avaient de quoi surprendre. Elle soupira en passant maladroitement une main dans ses cheveux. La coordination d’Aengus avait prit un coup et elle se reprit à plusieurs reprise pour extraire sa main de sa tignasse. Comme un chewing gum collé à ses doigts, la chevelure s’empêtrait poussant John à grimacer de douleur. Un petit exemple qui démontrait des difficultés auxquelles devaient faire face Aengus à présent. Les gestes devenaient malhabiles, lourds et peu précis. Se saisir d’objets devenait parfois difficile mais elle gardait espoir. Le pire restait la marche. Coordonner l’avancée relevait du calvaire et sa mobilité s’en retrouvait réduite. Mais elle était là, dehors et libre avec une identité inventée afin de lui permettre de vivre une vie normale. Étrangement, la jeune femme avait tenue à porter un prénom masculin, allant jusqu’à taper du poing pour obtenir ce qu’elle désirait. Certaines choses ne changeraient jamais après tout !
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