J'attendais comme je le faisais chaque semaine, qu'un homme finisse de prendre mon sang pour faire des analyses, voir si j'étais toujours en manque de fer. C'était le même cinéma depuis que j'avais fait une chute, rien de bien grave je m'étais évanoui, j'avais eu besoin de repos et de manger en grande quantité pendant quelques temps. Mon médecin dirait que les choses iraient beaucoup mieux si je reprenais du poids, facile à dire difficile à faire. J'en avais marre d'observer ses murs bleu pâle, il ne pouvait pas remettre un coup de peinture, des couleurs un peu plus gaies. Les hôpitaux de France et d'Amérique donnait plus envie de vomir qu'autre chose. Comment on pouvait reprendre goût à la vie lorsqu'on a des choses aussi pathétique sous les yeux ?

Je sortais au bout d'une heure dans le froid glacial de décembre. Pour combattre efficacement le froid j'avais du ressortir l'attirail : écharppe, gant il ne manquait plus que le bonnet. Je n'avais jamais aimé les bonnets parce qu'ils ne protégeaient pas assez les oreilles à mon goût. Je marchais et coupais à travers le parc afin de rentrer chez moi, je resserrais les bras autour de moi pour avoir un peu moins froid. On se croirait au pôle nord, il n'allait pas tarder à neiger, un noël sans neige ce n'est pas un noël. Je souriais, j'adorais la neige ! Admirez le paysage blanc, entendre le bruit que cela fait quand on marche dessus. C'est un crissement presque imperceptible mais léger, doux. On a l'impression de marcher sur du coton, je me souvenais enfant j'avais l'impression de marcher sur les nuages comme les anges. Je croyais que si je faisais un trou je pourrais voir le monde, mon père m'encourageait a avoir des rêves, l'innoncence de l'enfance. Mon petit coeur se réchauffa à l'idée que je le reverrais, il me prendrait dans ses bras et me dirait que tout allait s'arranger. Mais rien ne serait plus jamais comme avant, mon innocence d'enfant avait disparu. Les ténèbres et la peur avait pris place dans mon esprit, je ne savais plus quoi faire, ni vers qui me tourner.

Niki où es-tu ?

J'avais murmuré ses quelques mots. J'avais besoin de mon meilleur ami, lui seul était capable de me consoler, me ramener vers la lumière. Pourquoi n'était-il pas là ? Les appels téléphoniques, se voir par caméra était une chose, me blottir dans ses bras en était une autre, c'était lui que je voulais pas juste son image, une voix lointaine. Une larme coula sur ma joue, je l'essuyais rapidement je ne devais pas me laisser abattre, je devais garder espoir. Je le verrais pour les fêtes et les choses iront mieux à partir de ce moment.

Je ne me doutais pas que j'aurais une bonne surprise en passant par le parc. J'avais hâte de rentrer chez moi au chaud ou d'aller dans un café pour me poser un peu parmi des gens, savoir que la vie continuait pour eux et tenter d'oublier ma mésaventure à l'hôpital. Je regardais mes pieds, je devais faire attention avec l'hiver il y avait parfois des plaques de glace par terre, il était facile de tomber. J'étais assez maladroite pour me retrouver par terre sur les fesses, les jambes en l'air. Je finissais par relever les yeux pour voir en face de moi. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Je ne croyais pas à ce que je voyais, Nicolas ou Niki, je ne trouvais pas que Nico était un beau surnom alors Niki c'était mieux. Je m'arrêtais pour mieux l'observer, c'était bien lui, toujours aussi beau, toujours aussi classe peu importe les circonstances. J'avais l'impression d'être dans un film, les gens autour de nous n'existaient plus. Le temps s'arrêtait et il n'y avait plus que nous deux. C'est lui qui avança le premier pour me saluer, je n'avais pas d'allucination c'était bien lui. Je bondis sur lui, entoura son cou de mes bras.

Niki...

C'était vraiment lui. J'avais encore du mal à croire qu'il était devant moi. Il m'avait dit devoir partir quelques temps dans un autre pays, je pensais que c'était en Suède, il m'avait dit avoir apprécier ce séjour, j'avais donc pensé qu'il comptait y retourner pour ses études. Pendant un instant je me disais qu'il était venu pour moi, me voir enfin en vrai. Je devais arrêter d'être idiote, jamais il n'aurait fait des milliers de kilomètres pour me voir. J'enfouis mon visage dans son cou, j'aimais l'odeur de son parfum et je pourrais passer des heures à humer cette délicieuse odeur. Je me sentais bien mieux maintenant qu'il était, plus rien de mal ne pourrait m'approcher, je ne risquais plus rien. Je resserrais un peu plus mon étreinte, sans lui faire mal bien entendu il ne me viendrait jamais à l'esprit de lui faire du mal, je voulais juste être certaine que je ne faisais pas un doux rêve. Je me sentais vraiment toute petite face à lui, mes pieds ne touchèrent presque plus le sol.

Tu m'as manqué... Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je ne voulais pas que cette étreinte se finisse, pour rien au monde il ne devait me lâcher. Et pourtant il me fit bien comprendre qu'il avait envie de me reposer par terre, peut-être que je l'avais étouffé ou fait mal sans m'en rendre compte. Je vis son visage s'approcher du mien pour déposer une bise sur ma joue, enfin sa bouche était légèrement sur mes lèvres. Je ne pus m'empêcher de fermer lesy eux, savourant encore une fois ses lèvres douces. Le souvenir de ce baiser que nous avions partagés revenait à mon esprit, je n'avais jamais pu l'oublier d'ailleurs, une preuve d'amitié à d'autre. C'était la première excuse que je lui avais donné, jamais un homme comme lui ne se serait intéressé à moi et puis même si c'était le contraire il n'aura pas attendu trois ans pour me dire ses sentiments, il ne m'aurait pas laissé partir à San Francisco. Je n'avais qu'une envie lorsque ses lèvres quittèrent les miennes, le rappeler et cette fois par un vrai baiser mais je me retins d'une part parce qu'il était trop tôt pour moi, j'avais vécu assez de mésaventure avec les hommes pour me créer d'autres problèmes et d'autre part je doutais fortement qu'il soit venu jusqu'ici pour mes beaux yeux.

Oh pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je pensais que tu retournais en Suède tu m'as dit tellement de bien à propos de ton stage là bas j'ai cru d'ailleurs qu'une belle blonde avait pris possession de ton coeur

Alors il n'était pas là juste pour quelques jours, mais bien pour un moment. Mon coeur se gonfla, j'étais tellement heureuse il était de nouveau près de moi, ce n'est pas pour autant que j'arrêterais de lui téléphoner, je me retiendrais quand il serait en cours il est hors de question qu'il se fasse rouspeter par ma faute. J'attrapais son bras pour me coller à lui et nous marchions ensemble. Ce geste là était en comparaison d'un baiser purement amicale, j'avais juste envie de me rapprocher de lui parce qu'il faisait froid, ce n'était pas ma faute si il était toujours chaud. J'avais omis de lui dire que je n'étais pas au meilleur de ma forme en ce moment, je ne voulais pas l'affoler, j'avais déjà ma mère sur le dos. Il fallait bien que je lui dise pour mon évanouissement et ma tentative de suicide, mais pas maintenant je voulais savourer le plaisir de le retrouver il ne fallait pas parler des choses qui fachent.

Oh et bien... C'est juste que je suis en manque de fer, résultat je dois aller souvent à l'hôpital pour qu'on me fasse des prises de sang pour vérifier que tout va bien... J'ai fait un malaise à cause de ça il y a quelques jours, ils s'inquiètent... Et toi alors ? Tout va bien ?

Changement de sujet, j'étais très forte à ce jeu, ça voulait dire "je ne veux plus parler de ça". Il y a des personnes à qui il est difficile de faire comprendre qu'on ne veut pas aborder plus un sujet mais Nicolas avait l'art de ne pas poser trente mille questions quand il voyait que je n'avais pas envie d'en parler. J'appréciais cela chez lui, il savait que si j'avais besoin de parler je viendrais le voir, je parlerais librement. Il avait remarqué ma nouvelle couleur, je souris contente qu'il le voit, il y a beaucoup de personne qui n'avait absolument rien vu à croire que j'avais toujours été brune.

J'avais envie de changer un peu. Tu aimes ? Je peux t'offrir un café ? Il y a en a un sympa dans une rue un peu plus loin

Il avait toujours aimé voyager, découvrir de nouveaux pays, rencontrer des gens pour en apprendre un peu mieux sur leurs pays, leurs coutumes. J'aimerais être comme lui, pouvoir aller dans le pays qu'il me plaît, quand ça me chante mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents fortunés. Il ne voulait pas le montrer bien sur, pour qu'on l'apprécie pour lui et non pour le reste, mais il ne pouvait pas cacher que quant on allait chez lui on voyait tout de suite le monde dans lequel il évoluait. Il aurait pu choisir n'importe quelle ville de la Californie, Los Angeles était très agréable et j'avais envie d'aller la visiter, ma mère ne voulait pas et je n'avais pas encore assez d'argent de côté pour me permettre d'y faire un tour. Pourquoi avait-il choisi San Francisco et pas une autre ville ? Je ne sus vraiment pourquoi mais savoir qu'il n'avait personne dans sa vie me fit un bien fou, ou alors il ne voulait rien me dire parce qu'il n'avait pas vraiment fini sa phrase. Je mourrais d'envie d'en savoir plus et il savait que je pouvais être casse-pied pour avoir une réponse à mes questions.

La ville est agréable, tu vas t'y plaire. Mais pourquoi tu as choisi San Francisco ? Los Angeles est une très belle ville à ce qu'on dit tu aurais pu aller là-bas... Je ne veux pas être désagréable mais tu devrais peut-être songer à trouver une femme bien, fonder une famille. Je dis ça je dis rien. Mais tu sais Casanova a fini par trouver l'amour de sa vie parmi toutes les femmes qu'il a conquit

Je n'avais pas totalement tort, il allait sur ses trente ans il était temps qu'il finisse par trouver la perle rare. Je me doutais qu'il avait connu un certain nombre de femme, il était peut-être un vrai Casanova à coucher avec toutes les femmes qui croisaient son chemin. Ce n'était pas le genre de chose qu'l me confiait et d'ailleurs je ne tenais pas à avoir ce genre d'information. Seul son bonheur m'importait. Je devais cependant bien avouer que la première année de notre rencontre en France j'avais prié pour être la fille à ses côtés, me blottir dans ses bras et être combler par cet homme si merveilleux. Il m'avait fallu voir la réalité en face, je n'étais pas pour lui et encore moins aujourd'hui. Il n'avait pas besoin d'en faire tout une histoire, j'avais des médicaments et puis si je reprenais du poids les choses se passeraient mieux, ce n'était qu'une mauvaise passe je n'avais pas une maladie incurable.

Tu sais ce qu'il me faut une cure de choucroute. Voila ! Dans quelques jours je rentre chez ma grand-mère pour les fêtes de Noël et je peux t'assurer que je vais reprendre du poids et tout va rentrer dans l'ordre. C'est génial que tu es trouvé du travail aussi rapidement, il faut fêter ça. J'espère bien que tu vas me coller, d'ailleurs ce soir on fête ton retour à mes côtés et ton nouvel emploi... Merci mais je tiens à mes cheveux tu sais

Et il ne pouvait pas dire non, on devait passer la soirée ensemble, je ne pourrais pas le laisser partir après le café sans le revoir. J'en avais marre de passer mes soirées toute seule devant un film, j'avais besoin d'un peu de compagnie. Nous arrivions en vue du café, les gens avaient eu la même idée que nous, se réchauffer autour d'une boisson bien chaude. Je lui indiquais une table au fond de la salle, nous serions plus tranquille pour discuter. Le serveur vint rapidement vers nous, comme si il avait un radar programme pour aller voir les nouveaux arrivants, je me commandais un café latté avec du caramel et laissait le soin à Niki de passer sa commande. J'attendis qu'il parte pour reprendre le fil de notre conversation, autant commencer en faisant une petite blague, j'avais besoin de rire en ce moment.

Tu devrais savoir depuis le temps que j'appartiens corps et âme depuis toujours à James Bond. Je me suis refait les films avec Pierce Brosnan, il avait une de c'est classe... Plus sérieusement il n'y a personne, j'ai besoin de prendre un peu l'air ces derniers temps m'ont perturbé

Non ! J'ai besoin de toi !

Quelle idée de repartir alors qu'il venait juste d'arrier ? J'avais lâché son bras pour me mettre en face de lui pour entourer son corps de mes bras. Je profitais de ce moment blottis dans ses bras pour lui faire comprendre que j'avais plus que jamais besoin de lui. Il ne pouvait pas me laisser tomber maintenant, c'était l'ami le plus cher que j'avais, nous nous connaissions depuis environ trois ans maintenant. Je n'avais pas beaucoup d'ami aussi fidèle. Je restais un moment à profiter de sa chaleur et le relâcha.

Ben oui des mini Niki tu te rend compte, je serais ravie de m'en occuper... Me dis pas que tu fais partie de cette majorité d'homme qui couche avec une fille et l'oubli le lendemain

Il avair aison d'attendre, le choix de la femme de sa vie n'est pas à prendre à la légère. Et surtout Nicolas était un homme excéptionnel qui avait besoin d'une femme tout aussi sublime, pas seulement physiquement mais intellectuellement aussi. L'imaginer avec des enfants à ses côtés me fit sourire, il y avait un temps où j'avais espérer en vint être sa compagne, peut-être pas sa femme mais tout du moins faire un bout de chemin avec lui. Je m'étais vite ravisée car il était vraiment trop bien pour moi. Je reprenais ma place à ses côtés pour tenir de nouveau son bras, je n'avais pas prévu de boire une bière. Non un café serait vraiment le bienvenu. En lui proposant de venir à la maison j'avais pensé à commander quelque chose à manger, il y avait un chinois dont la nourriture n'était pas si mal et pour pas grand chose. Mais si il tenait à m'inviter au restaurant alors là je ne disais pas non, il faudrait juste que je le mette au courant de mon appétit d'oiseau. Je me représentais devant lui et lui fit une révérence, j'avais fait de la danse classique petit, j'étais toujours aussi souple d'ailleurs .

Je suis là pour satisfaire vos moindres désirs M. Leclerc... Je pense que je danserais sur la table avant toi si je bois trop de bière

Des frissons passèrent de ses doigts pour aller se répendre dans tout mon corps, ce que je pouvais aimer quand il avait de telles attentions. Je fondais littéralement en sa présence, il fallait que je me calme et fasse taire mes fichus hormones. Il faisait si bon dans le café, j'aimais entendre la musique en bruit de fond, les gens discuter entre eux, la bonne odeur du café. Il me faisait toujours autant rire en m'appelant mademoiselle, c'était un petit jeu entre nous, des petits surnoms tout a fait anodin qui rendait la vie si belle à mes yeux.

Aussi ? Je croyais que tu n'étais qu'à moi

J'avais dit ces paroles sur un ton léger, il n'était aucunement ma propriété et avait parfaitement le droit d'être ici pour les beaux yeux d'une fille. Je trouvais ça follement romantique, un homme qui traverse un océan pour retrouver la femme de ses pensées. Je soupirais il n'y avait que moi pour avoir ce genre de pensée, à croire que j'avais trop lu d'histoire d'amour. Le serveur revint rapidement avec nos commandes, je n'enlevais pas ma main de la sienne, ma peau me semblait hyper sensible, mes joues rosirent de plaisir. Ce genre de contact m'avait tellement manqué, et dire que je lui avais dit que tout ceci n'était que de la pure amitié. Quelle idiote !

Je t'en ai déjà parlé c'est propos des deux mecs que j'aurais mieux fait d'éviter... J'arrive pas à me pardonner ou expliquer ma conduite. Je suis une parfaite idiote !