« Ouais, je sais parler aux mecs, vingt quatre ans d’expérience. » Je ne fus pas vraiment étonné par les paroles de Brooke et connaissant son âge, je savais bien qu'elle avait fait craquer son père dans la naissance. Tout comme j'étais tombé amoureux de Jade, ma fille, à la seconde même où elle est née, en pleurant, avant de poser son regard sur moi. Et c'est quand je l'ai prise dans mes bras que j'ai comprit qu'elle venait de faire de moi l'homme le plus heureux du monde. J'étais totalement fan d'elle, elle était ma puce, mon rayon de soleil. C'était exactement pareil pour Ambre, bien qu'elle n'est pas ma fille biologique dans la mesure où je l'ai adoptée avec Maria. Je suis particulièrement proche des mes enfants et il est difficile de leur résister. Le pire, c'est qu'ils le savent très bien et arrivent à user de leurs grands yeux suppliants pour obtenir ce qu'ils veulent de moi. Bien évidemment, j'arrive parfois à rester de marbre, et lorsqu'il faut sévir, je n'hésite pas. Mais même si mon visage reste à ce moment là dur, je m'en veux intérieurement en voyant leur mine de chiens battus.

J'étais donc revenu avec les cinq choses que je trouvais particulièrement utile si je devais me retrouver seul sur une île désert. « Du Nutella ? T’es sérieux là, du Nutella ? Genre je t’imagine bien, seul sur ton île mangeant ton pot de Nutella. » Silence. Nos regards se croisèrent. Le mien paraissait outré, choqué même. « En fait, ouais, je t’imagine parfaitement. » Ah merci ! Oui, il ne fallait pas oublier mon côté gamin. J'adore le chocolat à défaut d'aimer les bonbons. Puis je lançais à mon tour un défi à Brooke. Sans attendre une seconde de plus, elle fonça à bord de sa trottinette dans le magasin. Je restais là, assis sur le sol, ma bière à la main pour en boire une gorgée. Au bout d'une minute, Brooke revient avec un pot rempli de cornichons. J'explose d'un rire franc en me laissant basculer en arrière. « Dis-moi que tu aimes ça, sinon ça craint. » Je revenais à moi après quelques temps de fou rire. Je me redressais avec tout l'amusement du monde. La scène était trop étrange et drôle à souhait. « J'adore les cornichons ! Tu gères ! » Et oui, c'est vrai en plus. Je suis un grand adorateur de ces petits trucs verts et sans plus attendre, je prenais le bocal et l'ouvrais pour en manger un. Ils étaient particulièrement bien assaisonnés comme je les aime. « Mh... délicieux ! »

Puis elle réussit à son tour un nouveau panier avant de me défier de nous trouvez un menu de rêve et ceux, avec les yeux bandés. Elle sortit ainsi un foulard de son sac et le posa sur mes yeux. J'esquissais un sourire en respirant son parfum imprégné sur l'accessoire. Puis je filais à l'aveuglette avant de me prendre un mur. « Aïe ! », lançais-je en me frottant le front. Ainsi je plaçais mes mains en avant comme un zombi ivre et avançais dans les rayons qui m'étaient à la base inconnu. Cinq minutes plus tard, je me retrouvais avec les bras remplis de diverses aliments... ou presque. Je laissais Brooke me retirer le foulard alors que je venais de déposer le tout sur le sol. Enfin j'admirais mon travail et éclatais de nouveau de rire. « Alors en entrée, nous avons... du shampoing. En plat de résistance des Faritas... mh... j'aurais dû prendre un four en passant... Et en dessert, des céréales. Sans oublier la boisson, une bouteille de Whisky. » Je souriais. Non, là-dessus, j'avais étrangement bien choisi.

C'était à mon tour de lancer le ballon. Sans grande surprise, je marquais encore une fois. Nouvelle gorgée de ma bière. « Mh... également les yeux bandés, tu vas devoir aller te choisir de nouvelles fringues et te changer. Essaie d'avoir du goût. » Sourire en coin, alors que je déposais le foulard sur ses yeux.

La réaction qu’eut Edward à la vue des cornichons ne put que faire rire Brooke à son tour, au moins, il s’amusait, et c’était le but de la soirée, non ? Ah la la, que ça faisait du bien de passer un moment aussi délicieux avec le garçon qu’elle appréciait le plus de Berkeley. Je gère ? Tu m’en vois ravie. Mais bon la prof de mathématiques assurait dans tout ce qu’elle entreprenait, ce qui à la longue lasserait certaines personnes, mais pour la belle Brooke, c’était d’autant plus gratifiant de réussir tout ce qu’elle faisait. Elle était Brooke Rowen-Glaswell, et comme le disait Edward, elle gérait. Certes, elle avait une haute opinion d'elle même, mais quand on la connaissait, on savait très bien que derrière cette apparence de fille sûre d'elle, se cachait une jeune fille de vingt quatre ans, très simple, et qui faisait toujours passer ses amis ou sa famille avant elle. Elle lança donc un autre défi à son ami, et en attendant que celui-ci le relève, elle but quelques gorgées de sa bière, et tenta quelques shoots, mais il fallait l’avouer, elle n’était vraiment pas douée. Quand Edward, revint, elle manqua de recrachée toute la bière qu’elle venait d’ingurgiter tant le menu qu’il lui annonça était drôle. Bah dis donc, pas du tout équilibré tout ça ! Elle se marra. Néanmoins, je te mets la moyenne pour avoir apporter du whisky, je suis sûre qu’après une gorgée de shampoing, le whisky passera tout seul…

C’était au tour d’Ed de lancer le ballon, bien évidemment, il réussit. Elle voulut esquiver. Non mais attends … Elle n’eut pas le temps d’ajouter quelque chose d’autre qu’il lui cacha la vue avec son propre foulard. Non mais Edward, déjà je n’ai pas le sens de l’orientation mais en plus les yeux bandés, je ne te raconte pas le délire. Elle éclata de rire. Et parti droit devant, sauf que bien sûr elle avait omit de tendre les bras du coup, elle se prit un truc en pleine tête ! Aie ! Bordel ! Edward O’Malley fais gaffe à ton cul, ma vengeance sera cruelle ! La douleur quelque peu apaisée, elle continua son épopée, mais cette fois ci, les bras tendus, et allant doucement. Brooke n’avait aucune idée d’où étaient les vêtements, tout du moins elle le savait, mais sans la visibilité, elle était perdue. Elle toucha donc chaque chose qui se présenta à elle ! Dans son touché, elle crut reconnaître une veste et peut être même une jupe. Mais avant de les mettre, il fallait qu’elle se déshabille, elle n’avait aucune idée de la distance à laquelle se trouvait Edward. Il ne fallait mieux pas qu’il la voit car elle était morte de rire en enlevant le tailleur qu’elle avait enfilé ce matin. Elle était à présent en sous vêtement, perchée sur dix centimètres de talon, et passa donc ce qu’elle avait trouvé, chopant quelques accessoires au vol. Edward, parle que je retrouve mon chemin. Son ami, lui sortit une boutade, et elle arriva donc jusqu’à lui. Elle fit glisser le foulard qui cachait ses beaux yeux, et manqua de mourir de rire quand elle découvrit son reflet dans un miroir qui se trouvait non loin de là. Elle avait sur la tête un bonnet rose fluo, suivait une grosse doudoune et enfin une mini jupe cachait à peine ses jambes, et pour parfaire le tout, elle avait une raquette de tennis dans la main droite, et un bâton de ski dans l’autre. Ah… Wow, on dirait Anna Kournikova perdu au pôle nord ! Bon à savoir le rayon hiver, était situé juste à côté de celui tennis. C’est du grand n’importe quoi! Mais ça ne l’empêcha pas de rire de plus belle. Je meurs de faim ! Viens. Elle prit la main de son ami et l’embarqua direction les restaurants. Ouais, ce qui est bien, aux Etats-Unis, les centres commerciaux sont équipés de deux ou trois restaurants ! Je te laisse choisir, fast food ? Chinois ? Ou italien ? Elle lui lança son petit regard de chien battu. Mais pour information, j’ai très envie d’une pizza…

Le défi de Brooke était désormais de filer dans un rayon de vêtements pour se changer. Bien évidemment, je rendais tout cela beaucoup plus intéressant en lui plaçant un foulard sur les yeux. Ainsi, elle n'allait pas voir ce qu'elle mettrait sur son dos, ce qui serait très amusant à voir. Elle protesta un peu avant d'éclater de rire. Je trouvais cela attendrissant. « Non mais Edward, déjà je n’ai pas le sens de l’orientation mais en plus les yeux bandés, je ne te raconte pas le délire. » Je nouais l'accessoire de la blondinette avant de déposer un bisou sur sa joue, comme pour me faire pardonner du pseudo Enfer que je lui faisais vivre. « Justement, si tu n'as pas le sens de l'orientation à la base, ça ne changera pas grand chose que tu aies un foulard sur les yeux. », lui avouais-je sur un ton gentiment moqueur. Puis je la laissais partir. Enfin, je l'observais surtout se prendre le mur exactement comme moi tout à l'heure, alors que je n'avais pas non plus pensé à tendre les bras devant moi pour prendre conscience des nombreux obstacles. J'éclatais de rire dans la mesure où c'était très drôle à voir. « Aie ! Bordel ! Edward O’Malley fais gaffe à ton cul, ma vengeance sera cruelle ! » Une main contre le ventre et penché en avant, je continuais de rire de bon cœur alors qu'elle disparaissait de mon champs de vision, ce qui me permit de me calmer un minimum. Je me laissais tomber sur le sol et portais ma bouteille de bière jusqu'à mes lèvres.

Et c'est au bout de quelques minutes que... « Edward, parle que je retrouve mon chemin. » Je terminais ma bière et posais la petite bouteille verte sur le sol. Une lueur de malice s'afficha dans mon regard. « Mh... Sais-tu pourquoi une blonde est contente d'avoir réussi un casse-tête en 3 ans? Parce que c'est marqué de 2 à 6 ans sur la boîte. » Rire exagéré de ma part. Oui, je m'amusais souvent à faire des blagues sur les blondes, spécialement pour faire enrager Brooke. Elle savait que je n'en pensais pas une seule, notamment en voyant à quelle point elle, elle est intelligente. C'était uniquement ma façon de gentiment l'énerver. Comme elle, elle s'amusait souvent à dire que les Irlandais étaient tous des roux alcooliques qui s'extasient devant des trèfles.

Puis elle vint refaire son apparition. J'éclatais à nouveau de rire en la voyant. L'ensemble ne lui allait pas du tout. Entre le bonnet rose pétant, la doudoune et la jupe sincèrement trop courte, elle ressemblait à... « Ah… Wow, on dirait Anna Kournikova perdu au pôle nord ! » Je venais de me relever en riant. « Oui, voilà, c'est exactement ça ! » Mes yeux l'observèrent de haut en bas avec un haussement de sourcils. Heureusement qu'elle n'allait pas sortir dans cette tenue. Enfin, je disais surtout cela en vue de la jupe disons... raz la conscience. Ou bien raz la salle de jeux, comme vous voulez. En effet, je n'aurais pas supporter d'entendre des hommes lui manquer de respect.

Puis elle m'expliqua qu'elle avait faim. Je n'eus pas le temps de réagir qu'elle m'entrainait vers les restaurants en me tenant par la main. Elle me proposait diverses restaurants avant de préciser : « Mais pour information, j’ai très envie d’une pizza… » Je levais les yeux au plafond face à son regard de chien battu. Elle connaissait mon petit don pour la cuisine. « D'accord, très bien. Je vais te faire une pizza. Mais tu dois m'aider ! » Ainsi, nous nous dirigeâmes vers un restaurant italien où plusieurs ingrédients étaient encore présent. Je m'attaquais à la pâte. Et pour attirer l'attention de Brooke, je lui jetais une poignée de farine. « Hey, tu la veux à quoi ta pizza ? »

C’est juste horrible dit Brooke quand elle regarda de nouveau son reflet devant la grand baie vitrée de la pizzeria. Ça ne me ressemble tellement pas ! Franchement, habillée comme elle l’était, on aurait dit une pute, et elle était loin d’en être une. Quand elle était au collège d’ailleurs, on l’admirait parce qu’elle était la meilleure élève de la classe, mais elle imposait le respect, car même étant la plus jolie fille du bahut, elle ne couchait pas à droite à gauche. Brooke avait aimé le même garçon durant toutes ces années de collège et de lycée. Et elle restait persuadée que si l’université ne les avait pas séparés, elle serait encore avec. Voilà pourquoi je t’aime tant Edward, un regard de biche et tu me comprends direct. Dis t’as pas un petit frère aussi mignon que toi par hasard ? Elle lui sourit. Au moins, ces deux là quand ils passaient du temps ensemble ne tiraient pas la tronche, et surtout ne se prenaient pas la tête ! T’aider ? Edward, tu sais la cuisine et moi… En fait, s’il y a bien une personne au monde qui ne supportait pas cuisiner, c’était Brooke Rowen-Glaswell. Rien qu’à l’idée de mettre les pieds dans une cuisine ça lui donnait l’envie de vomir. Attention, la blonde adorait manger, c’était d’ailleurs dégueulasse de voir qu’elle pouvait manger comme une grosse vache, et qu’elle arrivait à garder sa ligne. Mais impossible pour elle, de se cuisiner des bons petits plats. Pour Brooke, tout était une question de logique, en même temps elle était prof de mathématiques appliquées, et donc, passer des heures à faire mijoter un truc derrière les fourneaux, pour tout manger en cinq minutes, était comme qui dirait du temps perdu. Du temps qu’elle pouvait utiliser pour faire des choses cent fois plus intéressantes, genre du shopping… Quand Edward lui balança de la farine, ses yeux pétillèrent. Par contre cuisiner comme ça, j’adore. Bien sûr, elle lui rendit l’appareil, et en moins de dix secondes, ils se retrouvèrent couverts de poudre blanche. On n’est pas croyable quand même, on n’arrive pas à rester sérieux une minute.

Elle le laissa quelques instants. Elle alla dans le magasin à la recherche des vêtements qu’elle portait quand elle y était entrée, car il était hors de question qu’elle finisse la soirée habillée comme une prostituée. Elle ne mit pas longtemps à retrouver son chemin, merci aux pancartes perchées au dessus d’elle. Ses fringues étaient éparpillées sur le sol. Elle passa son chemisier et sa jupe, mais ne remit pas sa veste de suite, elle avait une idée en tête. En effet, elle passa dans le rayon cuisine, et embarqua deux tabliers, et deux toques. Ensuite, direction les bouteilles de vin, mais n’y connaissant rien, elle choisit un vin français très cher. Elle revint vers Edward. Tiens, dit-elle en lui tendant le tablier et la toque. Elle passa les siens, et se marra toute seule. En tout cas, tu remarqueras que je porte mieux l’habit de cuisine que l’accoutrement du pôle nord. Bon cuisinons maintenant ! Elle mit ses mains sur ses hanches pour se donner un air sérieux. Mais son côté espiègle reprit vite le dessus. Donc tu me demandais à quoi je la voulais ma pizza, hum, à la Edward, ça me tente bien ça ! Elle plongea son index dans le pot de sauce tomate qui se trouvait sur le plan de travail, et ne se gêna pas pour en tartiner sur le front, le nez et le menton de son ami. J’ajoute quelques cornichons coupés en rondelle. Ceux-ci collèrent parfaitement sur la sauce déjà étalé sur le visage du jeune homme. Et je saupoudre le tout de parmesan. Elle explosa de rire. Je sens que ça va être un vrai régal ! Elle lui tira la langue. Un petit peu de vin ? demanda t-elle le plus naturellement du monde …

Brooke m'amusait avec son accoutrement. Oui, elle ressemblait ainsi à une prostituée venue tout droit du Groenland. Mais cette pensée nous faisait tous les deux rire. En vérité, cette jeune femme est beaucoup plus classe que cela dans sa façon de s'habiller. Elle s'est être à la fois sexy, glamour sans être dans le vulgaire. Heureusement d'ailleurs, car je n'aurai pas supporter que des hommes lui manquent de respect en la croisant dans la rue, ou bien qu'elle reflète une fausse image d'elle même. Brooke est une femme qui a beaucoup de valeurs et qui reste assez sérieuse globalement, même si elle peut s'accorder des moments de « déchéances » – j'aime les appeler ainsi – comme ce soir.

« Voilà pourquoi je t’aime tant Edward, un regard de biche et tu me comprends direct. Dis t’as pas un petit frère aussi mignon que toi par hasard ? » J'avais levé les yeux au ciel en entendant sa question, avant de rire de bon cœur. « Oui, j'ai un frère, mais plus vieux que moi. Mais sincèrement, c'est moi qui ai le plus de charme et la plus belle gueule d'ange de la famille. » Petit sourire en coin faussement vantard. Bien évidemment, je ne pensais pas mes paroles. Ethan était très bel homme et je l'ai souvent considéré comme un modèle. Je continuais néanmoins dans ma lancée avec un regard espiègle. « Après, si tu veux taper dans la perfection au naturel comme moi, je pourrai te conseiller mon fils. Certes, il n'a que neuf ans, mais c'est déjà un vrai tombeur. Après, je te demanderai d'attendre sa majorité avant de lui sauter dessus. » En effet, Seth est mon portrait craché, avec trente ans de moins. Tout comme je suis le portrait craché de mon père. Ainsi, nous nous ressemblons énormément tous les trois.

Puis je lui avais proposé de m'aider à cuisiner, en sachant très bien que Brooke détestait se retrouver derrière les fourneaux. Mais cela m'amusait car ça ne l'empêchait pas d'être un ventre sur pattes. Elle est capable de manger une énorme quantité de nourriture. Cela nous fait d'ailleurs un autre point commun. Quand nous mangeons ensemble, nous mangeons pour dix. Comme si nos estomacs n'avaient pas de fond. Pourtant, contrairement à elle, j'adore faire la cuisine, si bien que désormais, Maria n'a plus vraiment à la faire. Dans le fond, ça l'arrange. Et dans la mesure où je fais ça avec le plus grand des plaisirs, tout se passe toujours très bien. Oui, je m'amuse en cuisinant comme un enfant devant une console de jeux vidéos.

En fin de compte, là aussi, nous nous amusions comme des enfants. J'avais commencé par lancer de la farine sur Brooke. Elle n'avait pas hésité à se venger. Et une fois recouvert de cette poudre blanche, elle alla chercher des tenues de cuisiniers que nous enfilâmes bien rapidement. Mais ce ne fut rien à côté de ce qu'elle venait de me faire. En effet, elle m'étala de la sauce tomate puis d'autres ingrédients sur la figure. Je me laissais faire en fermant les yeux pour ne pas m'en prendre à l'intérieur. Le sourire aux lèvres, l'idée d'une vengeance me traversait l'esprit. « Un petit peu de vin ? » J'ouvrais de nouveau les yeux. « Oh oui, un verre s'il te plaît, c'est trop adorable de ta part ! » Et suite à ses mots, je l'attrapais dans mes bras puissants et prétextant un câlin, j'essuyais ce qui se trouvait sur mon visage, sur le sien. Je me mis à rire.

Quelques minutes plus tard, je m'amusais à jouer les pizzaiolos en lançant et en rattrapant la pâte en forme circulaire. Puis je la posais sur le plan de travail, avant de la recouvrir de sauce tomate. Je demandais les ingrédients tour à tour à Brooke, comme un chirurgien aurait pu le faire avec une infirmière. J'y mettais également du parmesan, des morceaux de poivrons, et un œuf au milieu. Puis le tout alla dans le four. « Sincèrement, je ne sais pas si tous les ingrédients sont bons ensemble. Les joies des pizzas. On peut y faire plein de mélange ! » Petit sourire en coin.

C’était assez marrant de voir comme deux personnes qui avaient des vies professionnelles assez intenses, et pour Edward une vie privée bien remplie, pouvaient se lâcher et s’amuser comme des gosses le temps d’une soirée. Mais ces deux là, étaient vraiment doués pour s’éclater. A croire que quand Brooke avait débarqué en salle des professeurs, Edward avait tout de suite sentie que la jeune fille n’était pas comme les autres, et qu’avec elle il ne s’ennuierait jamais. Elle ne sait pas ce qui avait poussé le jeune homme à aller vers elle, mais à chaque fois qu’elle passait du temps avec lui, elle se disait que ça aurait été vraiment dommage de ne pas le connaître. Même quand elle marchait dans les couloirs de l’université et qu’elle le rencontrait, en dix secondes ils s’esclaffaient. Edward, était comme un grand frère pour Brooke. Elle en avait toujours voulu un, et avait donc attendu ces vingt quatre ans avant de le rencontrer, mais il est clair qu’elle ne pourrait plus se passer de lui.

Ca va tes chevilles, elles n’enflent pas de trop ? T’es canon Edward, et même super bien foutu, mais j’ai vu mieux. Elle lui fit un clin d’œil. Elle plaisantait bien sûr, le garçon était un des plus beaux mecs qu’elle avait eu l’occasion de croiser dans sa vie. Et, pourtant, la jeune fille en avait vu plus d’uns. Européens, asiatiques, africains, aucuns genres, aucuns styles ne lui résistaient. Le fait d’être une belle nana l’avait beaucoup aidé dans sa vie en ce qui concerne les garçons, mais contrairement à ce que tout le monde croyait, elle était loin d’être une fille facile. Quand il parla de son fils, elle se mit à sourire. Seth l’homme de ma vie. La prof de maths avait déjà vu plusieurs fois les enfants d’Edward, et elle était tombée raide dingue de la bouille du petit garçon, qui effectivement, était le portrait craché de son père. Neuf ans, tu te rends compte le supplice que tu m’infliges là ! Pour la énième fois de la soirée, elle se mit à rire.

Un masque à la sauce tomate et aux cornichons, parfait pour mon teint. C’était bien fait pour elle, après tout, c’est elle qui avait commencé. Bon d’habitude, quand elle se faisait un masque, c’était plutôt à l’argile, et elle était plongée dans son bain, avec le dernier Vogue en main. Mais là, elle se retrouvait dans le plus grand centre commercial de la ville, avec son ami Edward, en train de préparer une pizza, encore mieux que si il était chez elle dans sa baignoire. Ce n’est pas le tout, mais il fallait quand même la faire cette pizza. La blonde pouvait en manger chaque jour ça ne la dérangeait pas, en plus à deux pas de chez elle, se trouvait la meilleure pizzeria de la ville, du coup il ne se passait pas une semaine, sans qu’elle ne mange ce plat typiquement italien. Rondelle de chèvre, c’est obligatoire. Brooke ne pouvait pas concevoir une pizza sans ce fromage qui était son préféré. Ensuite, du bacon. Quand elle était enfant, ses parents l’emmenait souvent voir une tante qui tenait une ferme dans le fin fond du Kansas, et Brooke avait prit goût au bacon. Ce qu’elle ne savait pas c’est qu’il était fait à partir des cochons qu’il y avait dans le jardin. Et bien sûr l’ingrédient principal la sauce tomate, dit elle lui jetant un petit regard espiègle. Elle laissa Edward ajouter ce qu’il avait envie. Il enfourna la pizza. Brooke en profita pour chercher deux verres à vins, et alla dresser la table, en choisissant le meilleur emplacement, qui donnait une vue imprenable sur tout le magasin. Quelques minutes plus tard, elle fut rejointe par le beau O’Malley, qui apporta la pizza avec lui. Mmhhh ça sent trop bon, j’ai trop faim. A peine avait-il posé le met, qu’elle en dévora une part. La vache, c’est excellent ! L’estomac de Brooke était plus fort que tout, et quand il se mettait à réclamer, rien ni personne ne pouvait l’arrêter ! Je sais, je suis une goinfre, mais que veux-tu, contrairement aux autres filles de mon âge, moi quand on me met de la nourriture devant les yeux, je la mange. Elle leva son verre. A nous, à cette délicieuse soirée, et à toutes nos conneries. Elle en but une gorgée. Divin ! Bon parlons sérieusement deux secondes, ça va comment dans ta vie en ce moment ? Tout se passe bien ?

« Seth l’homme de ma vie. Neuf ans, tu te rends compte le supplice que tu m’infliges là ! » Brooke avait déjà eu l'occasion de voir à plusieurs reprises mes enfants. Que ça soit une après midi où elle est venue à la maison prendre un café, quand elle m'a accompagné jusqu'à l'école primaire pour que j'aille les chercher, ou encore quand mon ex-femme me les a ramenés à l'université, Seth n'a plus aucun secret pour elle. D'ailleurs, un jour, Sarah était venu me les apporter en salle des professeurs, dans la mesure où elle avait un contre-temps de dernière minute. Au final, j'avais confié Seth et Jade à Brooke car elle avait quelques heures de creux. Ainsi, ça m'évitait de ramener les deux gamins de huit dans un amphithéâtre blindé car je savais déjà qu'ils foutraient le bordel. Glaswell avait vite accepté de s'en occuper. D'ailleurs, le feeling était très bien passé entre les deux jumeaux et la jeune professeur de mathématiques. Elle avait été d'ailleurs aidée par Alcide qui lui non plus, n'avait pas eu cours. Mais sans grande étonnement, mes enfants avaient fait les quatre cent coups et en avaient fait voir de toutes les couleurs aux deux adultes. que voulez-vous ? Ce sont de vraies piles électriques. Un peu comme moi en somme. Et je n'en suis pas spécialement fier car ils épuisent très vite les gens.

J'écoutais Brooke me dire les aliments qu'elle voulait sur la pizza. Et quand j'eus terminé de parsemer la pâte de divers ingrédients, je me demandais si je n'aurai pas mieux fait de faire deux pizzas, plus petites, une pour elle, et une pour moi, plutôt qu'une géante qui réunit nos goûts culinaires. Bon, tant pis ! On verra ce que ça donne ! Et puis, c'était peut-être délicieux. Et alors qu'elle préparait la table du mieux qu'elle me pouvait, je m'occupais de ranger un peu les ingrédients. Je revenais vers elle après quelques minutes de cuisson. « Mmhhh ça sent trop bon, j’ai trop faim. » J'esquissais un large sourire. Je coupais la grande pizza en deux parts égales et en plaçais la moitié dans l'assiette de la charmante Glaswell. Elle en goûta un bout et fut apparemment très heureuse du résultat. « Tu sais à quel point je suis bon cuisinier ! » Nouveau sourire en coin. Pourtant, je ne pouvais pas nier le fait que j'étais assez doué en cuisine. Certes, pas autant qu'un cuisinier dans un grand restaurant français, mais je me débrouillais plutôt bien.

« Je sais, je suis une goinfre, mais que veux-tu, contrairement aux autres filles de mon âge, moi quand on me met de la nourriture devant les yeux, je la mange. » Je ne pouvais retenir un sourire. Brooke sait très bien que j'ai également un appétit d'ogre. Et puis sincèrement, je préférais de loin qu'une femme mange à sa faim, plutôt qu'elle renonce à ses envies pour devenir anorexique. De toute façon, si j'avais dû choisir, j'aurai toujours préféré avoir une relation avec une femme ronde plutôt qu'avec un sac d'os. Puis nous levâmes nos verres. « A nous et à nos conneries. » Je buvais un gorgée du vin. Délicieux !

« Divin ! Bon parlons sérieusement deux secondes, ça va comment dans ta vie en ce moment ? Tout se passe bien ? » Je mangeais ma pizza après m'être étiré. « Et bien... je suis un peu anxieux avec le mariage qui arrive. Je reviens de chez les parents de Maria, et disons que ça s'est assez mal passé. Finalement, elle ne veut plus qu'il vienne à notre mariage. » Petite mine exaspérée de ma part. Oui, Brooke savait que j'allais me marier fin août en Irlande et d'ailleurs, elle était également invitée, tout comme la plupart des collègues. « Mais dis moi toi, comment se passe tes vacances ? »

Si la jeune blonde était professeur ça ne lui était pas tombé du ciel comme ça, non. En fait, un jour alors qu’elle devait avoir dix ans tout au plus, sa maîtresse lui demanda de garder la classe quelques minutes. Brooke s’était donc retrouvée sur l’estrade, derrière le bureau devant tout le monde. Bizarrement, elle se sentit à place, en fait elle ne s’était jamais sentie aussi bien de toute sa vie. L’institutrice mettant du temps à revenir, Brooke s’amusa à donner le cours qui était prévu. Bien sûr ça ne dura que quelques minutes le temps que la vraie maîtresse revienne, mais dés cet instant la belle Rowen-Glaswell sut que c’est ce qu’elle désirait faire plus tard. Et quand douze ans plus tard, elle s’assit pour la première fois derrière son propre bureau, elle ressentit exactement ce sentiment de quiétude qu’elle avait ressentit quand elle s’était retrouvée devant des élèves pour la première fois, sauf que là, c’était ses élèves, et c’était juste magique.

Ouais, t’es bon cuisinier, t’es canon, t’es super bien foutu, t’es drôle, t’es attentionné. Elle leva les bras au ciel. Et bien sûr, les gars dans ton genre sont soit mariés, soit gay ou soit sur le point de se marier ! Elle fit une petite moue tout triste. Du coup les nanas dans mon genre arrivent toujours trop tard ! Bien que Brooke soit jolie, trouver un garçon était assez compliquée pour elle, tout du moins trouver un garçon qui s’intéressait à autre chose que son tour de poitrine. On en revenait toujours à ce fameux cliché, blonde aux gros seins, mais Brooke le trainerait toute sa vie, et à chaque fois qu’un homme l’approcherait elle ne saurait jamais si c’est pour son physique ou sa personnalité !

Brooke demanda ensuite à Ed’ comment ça allait dans sa vie. Un peu de sérieux ne faisait pas de mal de temps en temps, et ça lui permettait de savoir si tout se déroulait bien pour lui. Oh merde, je suis désolée pour toi, mais surtout pour Maria. Bien que Brooke ne souhaitait pas de la présence à son mariage voulant quelque chose d’ultra intime, elle se doutait que ça ne devait pas être un moment facile d’annoncer à ses parents qu’elle ne souhaitait pas leur présence à son mariage. Comment le prend Maria ? Même si Brooke se doutait un peu de la réponse. Mes vacances se passent divinement bien, je suis allée en Italie, ce pays est juste magnifique. D’ailleurs j’ai une grosse pensée pour toi, j’ai visité le site de Pompéi. Et comme Edward était archéologue… Oh, au fait Edward avant que j’oublie, quand je marierais je veux que tu sois mon témoin. Elle prit un air très sérieux, comme si elle allait lui annoncer toutes les raisons pour lesquelles elle l’avait choisi. Je te veux comme témoin parce que si je décide de me barrer en courant avant la cérémonie, je suis sûre que t’es le seul qui arrivera à me suivre, et qui acceptera volontiers de se souler la gueule avec moi, le tout sans me demander pourquoi je me suis tirée. Elle se mit à rire, puis décida finalement de parler sérieusement. Si je te veux à mes côtés le grand jour, c’est tout simplement parce que je t’aime. T’es le grand frère que j’ai toujours voulu avoir. Le ton de la conversation prenait une tournure trop sérieuse, du mois au goût de Brooke. Bon ça n’est pas le tout, mais il ne nous reste plus beaucoup de temps et on est censée s’amuser ! Elle fit mine de réfléchir à comment ils pourraient finir la soirée en beauté. J’ai une idée. Et si on faisait une course de roller à travers le magasin. Celui qui gagne lancera le dernier défi de la soirée. Bien sûr pour cette course, tu seras déguisée en fille, et moi en mec …

« Ouais, t’es bon cuisinier, t’es canon, t’es super bien foutu, t’es drôle, t’es attentionné. Et bien sûr, les gars dans ton genre sont soit mariés, soit gays ou soit sur le point de se marier ! » Contre toute attente, alors que d'habitude je prends un malin plaisir à me vanter, même si je ne pense pas une seule seconde mes paroles, là, mes joues prirent une couleur rougeâtre. J'étais touché qu'elle ai une telle estime de moi, qu'elle me trouve autant de qualités et pourtant, ma gêne ne faisait que prouver le peu de confiance en moi à ce niveau là. Contrairement à ce qu'elle pouvait penser, pour ma part, je ne me trouvais pas aussi parfait. J'ai mes défauts et il arrive bien souvent que ces derniers se voient beaucoup plus que mes qualités. Bien sûr, à côté de cela, je ne me considérais pas non plus comme un salopard ou bien un cas. En fait, je trouve même que je suis quelqu'un de sympathique sur qui l'on peut compter. Jamais je n'ai été méchant par plaisir. Mais ça ne voulait pas dire que je me trouvais pour autant trente-six mille qualités. Par contre, les défauts, je ne pouvais pas les compter sur les doigts d'une main dans la mesure où ils étaient nombreux. Parmi eux, les plus flagrants restaient : mon côté puéril. Il n'y a rien à faire, je dois avoir le syndrome de Peter Pan. Et je trouverai presque plus intéressant de jouer à SOS Ouistiti avec mes enfants plutôt qu'à faire une sortie plus culturelle. Dieu sait pourtant que j'adore la culture. À côté de cela, je suis bagarreur et parfois même un peu trop violent. Certes, je n'ai jamais levé la main sur une femme ou bien un enfant. Mais disons que je trouve plus aisé d'user de mes poings durant un conflit avec un homme, plutôt que de chercher à lui expliquer les choses par de simples paroles. Je suis impulsif, têtu, arrogant. J'ai beau être fiancé, très amoureux, je reste un véritable dragueur. Maria le sait, elle en a conscience. Pourtant, je reste fidèle. Jamais je n'ai été voir ailleurs. Mais le fait est que j'aime voir si je plais encore aux femmes. Et quand une attire mon attention, je n'hésite pas à lui faire la conversation à user de quelques techniques de drague, juste pour observer la réaction de cette dernière. Si j'avais été seul, me serait-elle tombée dans les bras ? « Arrête de dire n'importe quoi. Tu as un don pour faire tomber les hommes sous ton charme. À toi de porter ton attention sur le bon, et pas sur un crétin de dernière catégorie. »

Nous parlâmes ensuite de mon voyage chez les parents de Maria. Voyage qui malheureusement ne s'était pas déroulé comme prévu. Puis on en vint à discuter de ses vacances à elle. Je ne pu retenir un sourire quand elle m'expliqua qu'elle avait pensé à moi en visitant Pompéi. « C'est un endroit magnifique. » Oui, j'avais eu l'occasion d'y aller une fois. Pourtant, il y avait encore tellement de pays que je souhaitais découvrir, tellement de peuples et de cultures. Faire le tour du monde pour bourrer mon crâne de mille et une connaissances restait mon rêve le plus cher. Et ce, même si ça paraissait difficile à réaliser, que ça soit sur un plan financier, de santé ou encore familial. J'avais mes responsabilités ici.

Puis Brooke vint à me confier que si un jour elle venait à se marier, elle souhaitait que je sois le témoin. Mes sourcils se arquèrent alors que je la regardais dans les yeux. « Je te veux comme témoin parce que si je décide de me barrer en courant avant la cérémonie, je suis sûre que t’es le seul qui arrivera à me suivre, et qui acceptera volontiers de se souler la gueule avec moi, le tout sans me demander pourquoi je me suis tirée. » Je ne pus m'empêcher de sourire. Elle avait parfaitement raison. Elle ne me connaissait que trop bien visiblement. J'étais le grand frère qu'elle n'avait jamais eu ? Je me mis à rougir à nouveau. J'approchais davantage ma chaise de la sienne et passais mes bras autour de son corps frêle pour la serrer doucement contre moi. « J'accepte, tu pourras toujours compter sur moi ma belle. » Un baiser sur la joue, d'une grande tendresse. La complicité qui nous liait grandissait de jour en jour.

Puis, devant le sérieux de la situation, nous nous ravisâmes. Il était temps de faire de nouveau place au jeu et à l'amusement. « J’ai une idée. Et si on faisait une course de roller à travers le magasin. Celui qui gagne lancera le dernier défi de la soirée. Bien sûr pour cette course, tu seras déguisé en fille, et moi en mec… » Nouveau rire de ma part. « Ah non ! J'ai toujours détesté me travestir ! Contrairement à bien des hommes. » Petit sourire en coin. « Je préférerai encore faire la course quasiment à poil. » Regard malicieux. Un peu de la triche non ? Dans la mesure où elle sait que j'aime être dénué de vêtements. Je retirais ma chemise après l'avoir déboutonnée et la lui lançais. « Tiens, enfile ça. Mes fringues vont te porter chance. »