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Lutter contre la peur de lutter.

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MessageSujet: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyJeu 18 Aoû - 2:50



Good Morning San Francisco.



Un œil, puis un deuxième. Heureusement qu’il n’y en avait pas un troisième à ouvrir, j’en aurais été incapable. C’était le matin, l’après-midi, peut-être même le soir à vrai dire j’étais encore trop endormi pour le savoir. Dans un effort surhumain, je réussis à m’asseoir sur mon lit défait pour me frotter les yeux encore à demi clos. Les pleurs insistants d’Elia m’avaient arraché des bras de Morphée. Coup d’œil à mon Blackberry. 6h45. Un samedi. Bordel. Pour l’énième fois, je regrettais la nourrice chargée de ce genre de corvée pendant les cours. Finalement, Berkeley m’évitait pas mal de désagréments. Oui, j’avais encore trop sommeil pour relativiser et apprécier ce moment divin, celui de voir sa fille s’éveiller et réclamer avidement son père. On y repensera demain, d’accord ?

Biberon donné, couche changée, oui, celle du réveil, celle qui vous fait courir au-dessus de la cuvette de vos toilettes. De mon bras libre j’essayais vainement d’amoindrir le tas de vaisselle qui s’entassait dans mon évier depuis des jours puis d’un coup d’œil je balayais mon appart. Aurlanne m’arracherait les yeux si elle voyait ça. « Bordel Liam, ta fille peut pas vivre dans ce foutoir, bouges toi un peu. » Je l’imaginais déjà avec ses sourcils froncés et sa mine boudeuse, incapable de réprimer un sourire et ramasser quelques fringues qui traînent pour finalement les balancer sur le canapé. Cette pensée dessina un sourire aux coins de mes lèvres. Sacrée Aurlanne. Cela dit, elle n’aurait pas tout à fait tort, il était grand temps de remettre un peu d’ordre. Disons demain, voilà, demain c’est parfait. En attendant, qui pouvait bien être réveillée à cette heure-ci ? Aurlanne ? Non, cette nana était une vraie marmotte. Kaeleigh ? Pourquoi pas, je pouvais toujours essayer. Je plongea la main dans la poche de mon jeans pour en faire sortir mon téléphone tout en surveillant Elia, expérimentant le « quatre pattes », du coin de l’œil.
Citation :
Si tes yeux sont assez ouverts pour lire ce texto, amènes tes fesses en bas de chez moi. Juste tes fesses par contre.
Le vibreur m’indiqua qu’elle avait bien reçu mon texto. Pas d’excuses possibles. Certes, la plupart des nanas auraient plutôt mal pris ce texto, mais pas elle, pas Kaeleigh. Elle ne faisait pas partie de ces filles en mal d’amour qui gloussent quand un mec potentiellement potable passe devant elles, elle n’avait pas cette maladie de l’analyse psychologique pathétique du genre « Ce mec est un connard parce que sa mère se faisait prendre sous ses yeux, c’est évident, au fond c’est un gentil.. Si il fait ça, c’est qu’il a pas réglé son oedip. Il te déteste parce qu’il t’aime. » Conneries. Si un mec semble être un connard c’est parce qu’il est un connard. Walker et moi ça remonte à son entrée à Berkeley, elle faisait aussi partie de l’Elite. Des Epsilon. Quelques mois m’ont suffits pour comprendre que cette nana c’était moi, moi avec des seins, des seins plutôt pas mal d’ailleurs pour les avoir vu de près, de très près en fait. Il faut avouer qu’elle ne passait pas inaperçue, toute l’université parlait de ses yeux et moi, je ne pensais qu’à sa chute de reins. La première fois que je l’ai croisé, j’étais encore ce mec abîmé, défoncé, le nez plein, un étudiant qui rêvait de se la taper entre deux cours de droits. Quand je suis revenu de mon « congé paternité » de presque un an on s’est très vite rapproché. Les 400 coups ? Un euphémisme. Je l’avais apprise. Toute l’université parlait toujours de ses yeux, mais moi maintenant, je les connaissais par cœur.

Dehors, il faisait bon malgré la fraîcheur de l’aube qui disparaissait doucement, aussi bon qu’un matin d’août en Californie. Elia était bien emmitouflée dans le blouson de cuir pour enfant à la doublure molletonnée qu’Aurlanne, sa marraine lui avait offert, elle avait presque la classe de son père. A moitié allongée dans sa poussette, les yeux clos, elle se laissait bercer par les moteurs des voitures qui commençaient leurs interminables danses. Elle y était habituée. Encore une fois, je me suis surpris à la couvrir d’un sourire que je n’avais jamais vu sur mon visage avant sa naissance, elle était mon monde. Avec sa mère, même si c’était gris, on avait eu raison de garder quelques soleils pour l’éblouir. Je lui avait donné la vie, elle m’avait donné une raison de vivre.

Le souvenir de Kaeleigh m’arracha de mes rêveries. Qu’est ce qu’elle foutait ? Ce serait dommage de ne plus avoir de raisons de zapper le ménage… Et puis... Franchement bonne la raison...

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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyJeu 18 Aoû - 11:35

Time to wake up.


Me voilà dans l’avion qui nous ramène de Cancun, la station balnéaire par excellence. Là où se bousculent bimbos frénétiques, hommes d’affaire bling-bling et sexagénaires en manque de soleil. Je ne serai jamais partie de mon plein dans une ville comme celle-là. Mais quitte à passer des vacances en dehors de San Francisco, j’avais saisi l’occasion de m’éloigner du quotidien grâce au voyage organisé par l’université. A défaut d’avoir rejoint mon Australie natale, j’avais essayé de profiter du séjour et d’ignorer la plupart des Epsilon, afin d’éviter le moindre scandale. Bien que je sache faire preuve d’une patience exemplaire au quotidien, je deviens vite impulsive lorsque le dialogue est lancé avec ces fils et filles à papa.
La secousse de l’avion au moment de l’atterrissage me sortit de mon sommeil profond ; fêtarde aguerrie, la soirée de départ organisée la veille manqua tout de même d’avoir raison de moi. Une bonne sieste s’était donc imposée avant de reposer le pied sur le sol américain. Il était presque 5h30 lorsque je récupérai ma valise sur le tapis roulant au centre de l’aéroport. La plupart des étudiants semblaient regretter la petite fête d’adieu ; certains ne virent même pas leurs valises arriver, si bien que ces dernières firent au moins trois fois le tour de l’engin avant d’être récupérées. Je ne pus réprimander un sourire devant ce fabuleux spectacle que m’offraient mes compatriotes ; Esmeralda, ma meilleure, finit par pointer le bout de son nez, la mine renfrognée. Je ne lui fis aucune remarque quant à sa lenteur atypique, préférant ne pas la mettre de mauvaise humeur en ce début de matinée. Nous prîmes alors la sortie de l’aéroport. La grosse horloge fixée dans l’entrée annonçait 5h56 lorsque nous sortîmes du bâtiment afin de trouver un taxi. Evidemment, Esme’ ne s’étant pas pressée à la descente de l’avion, l’accès aux taxis fut difficile. Les étudiants se bousculaient les uns les autres, avec pour seul but de rentrer le plus rapidement possible, histoire de s’affaler sur leur lit. Après dix minutes de négociations intenses, je finis par m’engouffrer dans un taxi accompagnée d’Esme et de trois autres personnes ; autant dire que nous dépassions le nombre légal de passagers à bord de la voiture, mais cela ne semblait déranger personne, et encore moins le conducteur à qui nous avions promis un bon pourboire si il nous prenait sur le champ. Rentrer tous les bagages dans le coffre ressembla davantage à une partie de Tetris qu’autre chose. C’est donc quelque peu entassés que nous primes la direction du centre de San Francisco où devaient descendre deux jeunes filles. Lorsque ces deux dernières furent déposées, le taxi reprit sa course vers le campus de l’université. J’en profitai pour garder le souvenir de San Francisco s’éveillant sous le bruit des premières voitures, baigné dans une lumière relativement pâle. Une bonne dizaine de minutes plus tard, le taxi s’arrêta devant Berkeley ; je descendis, avec à ma suite Esmeralda ainsi qu’un jeune Sampi. Nous réglâmes le reste de la course au chauffeur et récupérâmes nos valises à l’arrière de la voiture avant de prendre le chemin des maisons de confrérie. Je dus donc abandonner mon amie qui se dirigea vers les appartements réservés aux Sigmas, tandis que je me rendais dans ceux réservés aux Epsilons. Le bâtiment était relativement calme ; les quelques étudiants déjà rentrés devaient sûrement comater bien gentiment sur leur lit. Je traversai le long couloir avant de rentrer dans mon appartement. Je n’avais pas vu mon frère depuis trois semaines maintenant, et ce n’était pas plus mal. Je ne m’inquiétai pas pour lui, il avait sans doute trouvé des activités à son goût pour occuper ses vacances. Je vérifiai l’heure digitale sur le micro-ondes avant de déposer ma valise dans ma chambre : 6h10. Bien que je ne sois pas d’humeur à dormir, je ne trouvai pas le courage de défaire ma valise et de tout ranger. J’avais plutôt envie d’un bon petit-dej’. Je ne me fis pas prier pour rejoindre la cuisine et entrepris de me presser quelques fruits et de me griller deux ou trois toasts. Je sortis également un yaourt nature que je m’empressai d’avaler, adossée au plan de travail tandis que le pain se trouvait dans le grille-pain. Je mis une bonne dizaine de minutes pour engloutir mon premier repas de la journée puis je retournai dans ma chambre. Je finis tout de même par m’allonger sur mon lit ; la journée risquait d’être longue si je ne dormais pas un peu. J’entrepris donc de retirer ma robe et me glissai dans les draps. Mes cheveux s’étalèrent en bataille sur mon oreiller et une savoureuse odeur de cerise titilla mon nez. Je fermai les yeux, les rayons du soleil absorbés par les rideaux donnaient à la pièce un côté chaleureux.

Après m’être retournée une bonne vingtaine de fois dans mon lit, je finis par m’endormir. C’est seulement dix minutes plus tard que la sonnerie de mon téléphone se mit à retentir soudainement, et ce qui aurait pu sonner comme une bénédiction quelques minutes plus tôt, m’arracha un long soupir de désolation. Je me redressai dans mon lit, et me penchai pour attraper mon sac abandonné sur le tapis. J’en ressortis mon téléphone et constatai qu’il s’agissait d’un message de Liam. Ma frustration s’estompa rapidement à la lecture du message ; ce dernier me fit même sourire, c’est pour dire.

BOITE DE RECEPTION - SMS
de LIAM à 7.12 am le 17/08
Si tes yeux sont assez ouverts pour lire ce texto, amènes tes fesses en bas de chez moi. Juste tes fesses par contre.

Ca avait au moins le mérite d’être clair. Alors que ce message aurait pu rendre hystérique les neuf dixièmes des filles de l’université, je me contentai de sourire. C’était Liam, et je commençai à bien le connaître ; et je savais aussi que ce message n’était pas une invitation à danser le limbo dans son appart’. Je passai les deux mains sur le visage ; cette micro-sieste de dix minutes n’avait pas changé grand chose, mais j’étais d’attaque pour rejoindre Liam. Et je pense qu’il valait mieux pour moi.
Vêtue d’un short en jean, d’un tee-shirt gris et de bottines plates couleur taupe, je quittai mon appart’. De bonne humeur, je décidai d’accomplir ma BA de la journée et m’arrêtai dans une boulangerie française pour acheter quelques croissants avant de reprendre le chemin qui menait chez Liam. Je le connaissais bien, pour l’avoir fait un nombre incalculable de fois. Depuis son congé de paternité, nous avions passé pas mal de temps ensemble. Après quelques minutes de marche, je finis par l’apercevoir à environ dix mètres de son appart’. C’est à cet instant que je réalisai que je n’avais pas répondu à son message… Tant pis. J’arrivai donc, arborant un sourire d’excuse plus ou moins sincère.
« Fais pas la tête de celui qui attend depuis trois plombes ! » Je lui déposai un bisou sur la joue avant de me baisser à hauteur de la poussette pour apercevoir Ellia. Cela faisait un long moment que je ne l’avais pas vue, et mine de rien, elle m’avait manquée. Ces jeunes ! Je la sortis de sa poussette avant de lui faire un câlin et de lui déposer un baiser sur le front. Mon regard finit par se poser sur Liam. « C’est rare de voir des petits esquimaux en plein mois d’août à San Francisco ! » J’adorais le taquiner, c’était plus fort que moi. Liam était un bon père, on ne pouvait pas lui reprocher ça. Je déposai finalement Ellia dans la poussette, pensant qu’elle avait certainement envie de dormir. « Bon, maintenant que j’ai daigné ramener mes fesses ici, tu m’dis c’que tu comptes en faire ? » Après ces deux semaines passées à Cancun, j'avais besoin de retrouver quelqu’un de normal. Mais normal au sens de Liam et moi !
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyJeu 18 Aoû - 20:01



Good Morning San Francisco.


Quand j’étais gosse, je voulais grandir, à tous prix et même au plus cher. Je voulais être un homme, là, maintenant ou demain au plus tard. Ma mère me répétait que l’enfance était la meilleure chose qui soit, que je ne devais pas être pressé de vieillir, que tout était beau quand on était enfant. Les adultes disent toujours ça, ils ont oublié, ce n’est pas de leur faute, ils ont juste vieillis. En primaire, j’étais amoureux d’Elisabeth, une jolie blonde aux cheveux bouclés avec des yeux immenses, des yeux qui voyaient tout, tout sauf moi. En fait, je crois surtout qu’ils ne voyaient qu’Harry, le plus grand de la classe, celui qui n’avait qu’à s’étirer pour déposer le ballon dans les filets du panier de basket censé être proportionnel à notre taille, à la sienne surtout. Rien n’y faisait, même pas les dessins que je déposais dans la capuche de son impair rouge avant la sonnerie annonçant la fin de la journée, même pas les regards insistants que je lui lançait à la récréation adossé au tronc du vieux chêne enraciné dans le béton de la cour d’école. Rien. Quelques mois après le décès de ma mère, j’ai recroisé cette pimbêche à Londres. Elle avait ses mêmes cheveux or qui tombaient maintenant au creux de ses reins, ses éternels yeux azur qui semblaient ne plus rien voir, plus rien excepté les vitrines Dior et Longchamp. On a couché ensemble ce soir là dans une ruelle sombre de la ville, juste comme ça, juste pour rien. Maman avait raison, tout était plus beau quand on était enfant et Elisabeth, l’Elisabeth dont j’avais gardé un souvenir attendri gémissait dans des grognements rauques qui m’auraient fait décamper avant de finir si je n’avais pas été un sale type. J’allais toujours au bout des choses, même si à ce moment là je n’avais plus été convaincu de sa féminité. Je pensais à Elisabeth et à toutes ces choses dont j’avais rêvé enfant et détesté une fois adulte en observant le demi sommeil d’Elia. Moi je n’oublierai pas, même en vieillissant et je lui dirais de ne pas coucher avec son premier amour tout aussi platonique qu’il soit, même dans une ruelle, même dans un lit. En fait, je lui dirais de ne pas coucher avec qui que ce soit avant ses.. Disons 25 ans, sous peine d’assassinat de son amant. Plutôt fair-play, non ?

« Fais pas la tête de celui qui attend depuis trois plombes ! » Je n’avais même pas entendu Kaeleigh arriver. Elle était souriante, bien habillée, apprêtée comme à son habitude. Je suis sûr que cette nana était sexy même en allant acheter son pain, même en allant acheter un lot de tampons. « Non mais celle du mec qui attend depuis deux plombes, je peux ? » Elle m’embrassa puis embrassa Elia en me taquinant pour l’énième fois. Quoi, il n’était pas joli ce petit glaçon d’été ? « En attendant, j’lui flanque pas des après-skis en pleine canicule, moi. » Un partout. Tout le monde adorait ma fille, ce truc du père célibataire dont la copine est bêtement morte dans un accident de voiture après avoir lâchement abandonné son mec et sa fille. A chaque fois, la même danse se répétait, elles faisaient toutes la même chose, d’abord, elles penchaient doucement la tête sur le côté en remontant légèrement leurs sourcils fraîchement épilés, puis elles jonglaient du regard entre Elia et moi, pleine de pitié, de compassion et de désir sexuel. Elia était un véritable piège à nanas mais je crois que finalement, le premier qu’elle avait piégé, c’était moi. Pour toujours. Elle lui décrocha son premier sourire de la journée, super, elle m’avait fait lever un samedi à 6h45 et elle balançait un sourire à une nana qui rentrait de Cancun sans aucun mérite, le teint hâlé et les yeux encore cernés de ses courtes nuits. Cette petite n’avait définitivement aucun sens des valeurs. Après tout tant mieux, ce sourire là ressemblait bien trop à celui de sa mère pour que je puisse réellement l’apprécier, le même, avec quelques dents en moins. « Bon, maintenant que j’ai daigné ramener mes fesses ici, tu m’dis c’que tu comptes en faire ? » Sourire en coin, celui qu’elles aimaient toutes. « Ben, j’avais pensé en faire une deuxième comme celle là mais j’ai peur que tes fesses attrapent froid alors on pourrait aller faire un tour au centre commercial avant. » Je sortis une Marlboro du paquet préalablement enfoui dans ma poche arrière et l’alluma avec le zippo en or que Kaeleigh m’avait offert avant son départ pour Cancun, il y a deux semaines. Doucement, de ma main libre, je fit avancer la poussette suivie de près par Kae’. Personne ici n’était pressé, surtout pas moi, j’adorais voir San Francisco se réveillait. « Racontes, à combien de surfeurs Justin Bieberés t’as tapé dans l’œil pendant ses deux semaines ? » Ce n’était pas un reproche, je connaissais parfaitement son pouvoir de séduction qui n’avait pas que des avantages et parmi son lot d’inconvénients il y avait celui là : elle plaisait à tout le monde mais surtout à n’importe qui. Souvent, on commandait des pizzas et elle me contait, désespéré, ses mésaventures avec des types tous plus cinglés les uns que les autres. Et moi ? Moi j’éclatais de rire en lui promettant que la prochaine fois serait pire encore.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyJeu 18 Aoû - 21:19

Time to wake up.


Je n’étais rentrée de Cancun que depuis trois heures seulement, et je crapahutai déjà dans San Francisco à 7h00 du matin, accompagnée d’un père célibataire et de sa fille. La seule chose dont j’étais sûre à chaque fois que je voyais Liam, c’était qu’il n’y avait jamais de prise de tête entre nous. On assumait pleinement notre rôle d’adulte et son lot de responsabilités. On pouvait discuter sérieusement, raconter nos dernières aventures, parler de la pluie et du beau temps, ou tout simplement prendre du temps pour décompresser. Je ne savais pas si Liam était comme ça avec la majeure partie des personnes qu’il côtoyait ; mais moi, ça m’allait très bien. Et c’est bien pour cette raison que j’acceptai de mettre fin à ma soi-disant sieste pour le rejoindre en ville.
Il gardait une certaine classe, même avec une poussette entre les mains ; je me faisais souvent cette réflexion lorsque je croisais d’autres pères dans les rues de San Francisco. Et dire qu’on avait couché ensemble ; comme ça, un soir, après une soirée trop arrosée. L’alcool ingurgité n’avait pas eu raison de ma mémoire. Je n’entretenais jamais de « relation » avec les garçons qui passaient dans mon lit. Mais avec Liam, c’était différent ; nous nous connaissions bien avant, et il n’y avait visiblement aucune raison pour que l’on arrête de se voir, sous prétexte que l’on avait franchi le pas. J’assumais mes actes, jusqu’au bout. Je connaissais ma réputation, et je ne faisais rien pour la nier. J’étais l’une des Dom Juan féminines du campus et je commençais à avoir l’habitude que les étudiants cassent du sucre sur mon dos. Mais pour tout vous dire, les critiques étaient bien loin de m’atteindre. J’avais beau enchaîné les conquêtes, j’étais bien plus utile que tous ces jaseurs à Berkeley. Que l’on me colle l’étiquette de « fille facile » m’importait peu ; je savais ce que je valais. Et je n’étais pas encore au point de me saouler tous les soirs avant de faire le trottoir. Mais dans notre société du XXIe siècle, les apparences prennent toujours le dessus, c’est bien connu.

« Non mais celle du mec qui attend depuis deux plombes, je peux ? » Un sens de la répartie que je lui connaissais bien et que j’affectionnais tout particulièrement. « Vas-y, tu m’l’as jamais faîte encore celle-ci ! » Je lui rendis son sourire taquin avant de prendre Ellia dans mes bras. Lorsque je ne la voyais pas pendant une semaine, j’avais l’impression qu’elle grandissait deux fois plus vite que la normale. « En attendant, j’lui flanque pas des après-skis en pleine canicule, moi. » Je ne mis pas longtemps à réaliser que son petit pic visait mes chaussures. C’est donc avec un air faussement outré que je posai mon regard tour à tour sur mes bottines puis sur lui. « Oh ça va, elles sont pas fourrées non plus ! » Ellia m’offrit mon premier sourire de la journée tandis que je la reposai dans sa poussette. C’était ça être un bambin : sourire quand ça nous chante. Je lui rendis son sourire avant de demander à Liam ce qu’il avait prévu de faire ; le connaissant, j’étais prête à tout entendre. « Ben, j’avais pensé en faire une deuxième comme celle là mais j’ai peur que tes fesses attrapent froid alors on pourrait aller faire un tour au centre commercial avant. » Je ne pus m’empêcher d’arquer un sourcil ; j’aurais voulu rire, il le savait. « Dégonflé. Te trouve pas d’excuse, t’as juste peur de pas être à la hauteur. » Je lui décochai un sourire taquin, comme à mon habitude. Quoi ? C’était plus fort que moi. Tandis que nous reprîmes la direction du centre-ville, Liam alluma une cigarette avec le zippo que je lui avais offert avant de m’envoler pour Cancun. D’ailleurs, je me demandai bien pourquoi j’avais fait ça. J’étais contre la cigarette, et tout ce qui rapportait. J’avais simplement eu envie de lui faire plaisir. Il l’utilisait, c’était déjà ça. « Tu sais que j’ai incroyablement envie de t’arracher cette cigarette de la bouche ? » Bien sûr qu’il le savait. J’aurais voulu balancer un « c’est pas bon pour Ellia » mais me retints. Ce n’était pas à moi de lui dire quoi que se soit à propos de l’éducation de sa fille. Certains pères n’étaient pas capables de faire la moitié de ce qu’il faisait avec Ellia. Nous avions beau habiter à San Francisco, nos yeux balayaient la rue de long en large, comme si une nouvelle ville s’éveillait tous les jours. « Racontes, à combien de surfeurs Justin Bieberés t’as tapé dans l’œil pendant ses deux semaines ? » Je ne fis qu’à moitié surprise par cette question. Et évidemment, l’image de Maxence me vint à l’esprit. Liam et moi avions passé assez de temps ensemble pour savoir quels effets nous avions sur les différents échantillons de la population. « Et toi, combien de demoiselles sont venues se pencher au dessus de la poussette pour te faire de l’œil ? » Je lui donnai une légère tape sur l’épaule tandis que nous pénétrions dans l’enceinte du centre commercial. Je revins alors sur sa question comme si de rien n’était. « Si je leur ai tapé dans l’œil, c’était pas volontaire. » Maintenant que nous étions au centre commercial, de nombreuses possibilités s’offraient à nous. Je repérai un café sympa où nous pourrions nous poser un peu plus tard, histoire que je puisse lui donner le croissant que j’avais acheté un peu plut tôt. J’étais plutôt sympa quand je le voulais. Quoi que, toutes ces petites attentions étaient plutôt réservées à Liam. Ce n’était pas un moyen de le mettre dans mon lit une deuxième fois. C’était juste comme ça, normal, naturel. Les vitrines faisaient dorénavant parti du monde dans lequel ils allaient errer pendant quelques heures. Je me tournai vers Liam, le sourire aux lèvres : « Et si on te dégottait un ou deux trucs sympas ? » Sans lui laisser le temps de répondre, je m’empressai d’ajouter. « T’as pas ton mot à dire de toute façon. » Je lui pris la poussette des mains et partis en direction d’un magasin de prêt-à-porter masculin plutôt bien côté. J’avais déjà vu un tee-shirt à lui de cette marque. Il avait plutôt bon goût en matière de vêtements. Ce n’était pas une fashion victim, mais il avait su se trouver un style qui lui collait bien. Partis comme ils l’étaient, ils n’allaient pas quitter le centre commercial de sitôt.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyVen 19 Aoû - 2:28



Good Morning San Francisco.

Une nouvelle année à Berkeley était sur le point de se consumait, la dernière pour moi. Je n’affectionnais pas particulièrement les étudiants de ma confrérie, sauf quelques rares exceptions incluant les jolies fesses se dandinant sur ma droite. L’avantage d’être un Epsilon était tout bonnement d’en être un. C’est vrai, nous étions nés avec ce que vous appelez vulgairement une « cuillère en argent » dans la bouche. Parmi les étudiants des autres confréries, la totalité nous enviait, les trois-quarts nous haïssaient parce qu’ils nous enviaient et le quart restant nous collait au train pour avoir la chance d’entrer dans une boutique de marque renommée, le genre de boutique où les étiquettes indiquant le prix n’existent pas pour ces simples et bonnes raisons : 1. Si vous entrez dans un magasin comme ceux-là en ayant l’intention d’acheter, vous ne connaissez pas le mot « prix ». 2. Vous entrez dans un de ces magasins en ayant l’unique intention de vous prendre discrètement en photo dans une cabine, portant une robe Dior, puis de faire suivre à tout votre répertoire un MMS dédaigneux. C’était aussi simple que ça, il y avait l’Elite et il y avait les autres. Kae’ et moi ne faisions pas vraiment partie des héritiers convaincus qu’ils méritaient amplement leur compte en banque, parce qu'après tout « ils le valaient bien », non nous ne dormions pas tous les soirs dans des hôtels dont le prix de la nuit équivalait approximativement à ce que vous gagniez en deux mois, en deux gros mois. Nous, on s’en foutait bien de pioncer dans des draps de soie, de ces putains de mondanités, des petits-fours et du champ’ hors de prix. C’était vrai, nous avions des valeurs, des principes, une bonne dose de vécu aussi. Pour avoir côtoyer et le milieu mondain et celui de la rue, je pouvais affirmer sans me tromper que je connaissais le vrai sens de la vie. J’avais appris ce qu’on appelle des moments éphémères, des actes manqués, du bonheur à attraper. On aurait aisément pu se passer de ces millions si nous ne les avions pas, mais voilà, nous les avions, c’était le détail qui foutait tout en l’air et le fossé entre nous et le commun des mortels s’amorçait ici. A vos souhaits.

« Oh ça va, elles sont pas fourrées non plus ! » Je laissais une blague de mauvais goût dans un coin de mon cynisme, peut-être plus tard. « Dégonflé. Te trouve pas d’excuse, t’as juste peur de pas être à la hauteur. » Elle me balança son sourire taquin, celui qui, entre autre, m’avait poussé à lui arracher son chemisier à dentelles il y a quelques mois. « Bizarre.. C’est pas ce dont j’me souviens. Attends que j’me rappelle.. Ah oui, c’était un truc qui ressemblait à : Hm. T’arrêtes pas Liam, t’arrêtes pas. » J’attendais qu’elle hausse les sourcils avec un faux air de « t’exagères toujours tout », elle adorait faire ça et ça lui allait tellement bien. Quand Kae’ et moi avions, disons.. Tendrement passé à l’acte.. Quoi ? Bon, ok. Quand j’avais férocement plaqué Kae’ contre le mur de ma chambre après une soirée bien arrosée et après m’être bien assuré que j’avais bien envoyé Elia chez sa nourrice et que je n’avais pas simplement fabulé, ce n’était pas comme avec toutes les autres. Bon, oui, c’était mieux, mais ce n’est pas exactement où je voulais en venir. A l’époque, c’était un combat, un combat de titans et l’adversaire à faire plier, c’était moi. Je détestais les femmes à défaut de ne plus pouvoir haïr Andrea. Andrea. Cette femme dont je n’avais plus jamais parlé. L’auteur de ma merveille. Je l’avais maudis autant que je l’avais aimé, d’abord pour nous avoir abandonné et ensuite pour avoir l’idée de mourir, d’un deuxième abandon, encore plus cruel. Elle était splendide, tellement belle que mes yeux m’en brûlaient encore. J’avais beau détourner le regard, son image était là, devant moi et mes yeux s’enflammaient de douleur. A ce moment-là de ma vie, je collectionnais les femmes, j’avais pour réputation d‘être un chasseur hors pair et Kae’ d’être une irrésistible panthère, ce qui s’est passé entre nous ce soir-là, n’était que suite logique, c’était joué d’avance. Bien avant qu’on ne commence la partie. Aucun de nous n’avait pour habitudes de rappeler ses conquêtes respectives, ni même de les recroiser parce que nous les dominions, ils n’étaient rien d’autre que nos marionnettes, des divertissements. Entre Kae’ et moi, personne ne dominait, nous avions juste, cédé à une attirance extrême, nous avions simplement mis nos cerveaux en veille et laissaient danser nos corps, ensemble.

« Tu sais que j’ai incroyablement envie de t’arracher cette cigarette de la bouche ? » Bien sûr que je le savais, je savais même qu’elle devait se pincer les lèvres pour m’éviter un sermon concernant Elia. « En parlant d’bouche.. » Je fis ce truc débile de la main qu’on fait quand on a dix ans, habituellement accompagné d’un joyeux « pouet-pouet camembert. » Kae’ était toujours aux petits soins pour nous, pas par résignation ou par obéissance, simplement parce qu’elle avait ce petit truc en plus qui lui permettait d’avoir le droit de me contredire, on parlait de tout sans aucun tabou, sans vexation et sans que l’un ou l’autre ne se sente brimé. On osait sans soucis prévenir l’autre quand on jugeait qu’il glissait sur une mauvaise pente, quitte à ne plus se parler pendant des semaines ou à boycotter les textos de l’autre, c’était la base, sans ça notre relation ce serait arrêté au simple stade « plan cul ». « Et toi, combien de demoiselles sont venues se pencher au dessus de la poussette pour te faire de l’œil ? » Je souriais. En y réfléchissant bien, il y en avait eu quelques-unes. Je me souvenais de deux ou trois : « Tu dois vraiment pas avoir le temps de t’occuper de toi avec tout c’que tu fais pour ta fille.. Un p’tit massage ? » Elle me donna une légère tape sur l’épaule tandis que nous entrions dans le centre commercial. Finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée qu’Elia avait eu de me réveiller si tôt, c’était agréable de ne pas voir une horde de passants débouler devant soi. « Si je leur ai tapé dans l’œil, c’était pas volontaire. » « Et si ils ont tapé là dedans, c’était volontaire ? » En tout bien, tout honneur, je lui rendis sur sa chute de reins, la tape amicale qu’elle m’avait offerte quelques secondes plus tôt. Je suivais son regard expert sillonner les vitrines, je lui faisais confiance, elle nous trouverait forcément quelque chose à faire. Elle se tourna alors vers moi, accompagnée du sourire qu’elle seule savait faire. « Et si on te dégottait un ou deux trucs sympas ? » Et merde, j’aurais du m’y attendre à celle-là. Avant que je n’aie eu le temps d’omettre une nouvelle idée ou d’ajouter quoi que ce soit elle s’empara de la poussette et pris les choses en mains. « T’as pas ton mot à dire de toute façon. » Bon. Je n’étais pas fan des emplettes parce que je détestais cette manière qu’avaient les vendeuses du genre de boutiques où, c’était sûr, Kae’ allait me traîner, de vouloir tout vous faire acheter puisque : « vous avez les moyens Monsieur. » « Trouves moi un truc que tu jugeras sexy, ça pourrait nous être utile plus tard. » Clin d’œil complice, je lui emboîtai le pas. En passant devant la vitrine Dior, je repérais une robe, qui lui irait à merveille. Je savais où nous irions après la corvée qu’elle allait m’infligeait.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyVen 19 Aoû - 15:38

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« Bizarre.. C’est pas ce dont j’me souviens. Attends que j’me rappelle.. Ah oui, c’était un truc qui ressemblait à : Hm. T’arrêtes pas Liam, t’arrêtes pas. » Je ne pus m’empêcher de rire ; j’haussai les épaules et répondis comme si de rien n’était. « J’vois pas de quoi tu parles… Et j’te rappelle qu’il y a une enfant dans cette poussette ! » Quelle excuse… Je lui souris un peu niaisement tandis que nous prenions la direction du centre commercial. Il est vrai que j’avais eu du mal à cacher à Liam que je prenais un pied terrible ce soir-là. Nous en avions déjà reparlé, sans tabou. Je ne pense pas que nous regrettions d’une quelconque façon ce qu’il s’était passé. C’était comme ça, ça devait arriver. Certains actes sont inévitables. Et celui-là faisait parti de cette dernière catégorie. Elia ne devait pas comprendre grand chose à leur conversation ; elle se contentait de poser ses petits yeux curieux sur ce qui l’entourait. C’était ça l’insouciance de l’enfance. Je posai mon regard sur le petite fille et finis par me dire que j’aurais aimé être à sa place, ne serait-ce qu’une journée, juste pour voir.

La cigarette de Liam ne se fit pas attendre, tout comme sa réponse à ma remontrance. « En parlant d’bouche.. » J’éclatai de rire lorsqu’il bougea sa main pour me conseiller de me la fermer. J’attrapai alors sa main pour mettre fin à son geste enfantin. Il savait très bien que je n’aimais pas tout ce qui se rapportait à la fumette. Je n’avais jamais pris la peine de lui faire une morale de deux heures sur les méfaits du tabac et tout ce qui s’en suit. ; je me contentais de petites remarques par-ci par-là. Liam avait vingt-cinq ans, et il savait bien mieux que moi comment se gérer et gérer sa vie. Il ne me jugeait pas ; je n’avais donc aucune raison de le faire. Nous rentrâmes alors dans le centre commercial. Liam me taquina sur les effets de mon pouvoir de séduction durant mon séjour à Cancun. Je m’y attendais, il ne pouvait pas s’empêcher de poser ce genre de questions dérisoires. «Et si ils ont tapé là dedans, c’était volontaire ? » La tape qu’il me rendit sur le haut des fesses auraient pu outré bon nombre de filles, mais pas moi. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’y étais habituée ; la vérité est que je ne le prenais pas au premier degré, tout comme ses textos. « Tu sais bien qu'elles n'appartiennent qu'à toi. » Je lui fis un clin d’œil rieur ; nous commencions à prendre goût au petit jeu qui s’installait entre nous depuis un certain temps. Maintenant que nous étions dans le centre commercial, nous allions devoir trouver quelque chose de sympathique à faire. Je décidai alors d’embarquer Liam chez Diesel, la vitrine de la boutique venant d’apparaître dans mon champ de vison. Ce n’était pas un grand magasin de luxe, mais les prix n’y étaient déjà plus abordables pour une grande partie de la population. Voulant éviter que Liam ne se défile, je lui pris la poussette des mains. Et si il ne voulait pas que je l’accuse d’abandonner sa fille, il allait bien être obligé de me suivre. Je n’aimais pas spécialement faire les magasins, du moins, dans les boutiques de grandes marques. Tout mon argent passait en général dans mes associations ainsi que dans des boutiques plus modestes. Mais j’avais l’occasion de passer un bon moment avec Liam, alors pourquoi ne pas en profiter. Avec un peu de chance, il aurait du mal à enfiler un tee-shirt et me demanderait de venir l’aider en cabine. Je passai donc la porte du magasin, poussant le landau dans lequel Elia semblait s’endormir. Le regard suspicieux des vendeuses ne se fit pas attendre. Je ne portai aucun vêtement de grande marque et amenais ma fille dans une grande boutique réputée du haut de mes vingt ans. A vrai dire, ça m’était bien égal, et je ne m’attardai pas dans l’entrée du magasin. Je bifurquai immédiatement dans le rayon hommes. Je connaissais un peu les goûts de Liam, mais préférai attendre qu’il me rejoigne dans les allées réservées aux messieurs. Je m’étais rendue dans le rayon des tee-shirts et autres hauts. « Choisis en un, j’t’apporte autre chose après. » déclarai-je lorsqu’il arriva à mes côtés, tandis que mes doigts faisaient glisser les cintres sur la tringle en fer. Je savais que Liam avait la même idée que moi sur le sujet ; il n’était pas non plus du genre à débourser des milliers de dollars pour s’habiller. Nous avions du mal à comprendre pourquoi certaines personnes éprouvaient tant de plaisir à s’acheter un sac Chanel à 5000$ ou encore un jean à 1000$. Depuis que j’avais installé mon association en Inde, pays où j’avais côtoyé des familles vivant avec plus ou moins d’un dollar par jour et passant leurs journées à travailler, assis dans les rues poussiéreuses de Jhugi, mon rapport à l’argent était devenu difficile. D’où ma mésentente totale avec le reste de la confrérie Epsilon. Et si je m’entendais aussi bien avec Liam, c’est parce que nous avions la même vision de la vie. Nous étions loin du mode de vie de notre sororité, ce qui rendait les membres de cette dernière plutôt perplexes. Alors que Liam s’apprêtait à se dégotter un haut, mon téléphone sonna. « Tu m’excuses cinq minutes ? » Le genre de question complètement sordide, m’enfin bon Je sortis donc de l’allée, prenant soin de laisser la poussette le long du mur pour ne pas gêner le passage. Je pris le téléphone dans mon sac et manqua de m’étouffer lorsque je vis le nom de John apparaître sur l’écran. Mon frère ne me parlait plus depuis des semaines, pour ne pas dire des mois. « Oui ? » « » « John ? » « … bip bip » Je vérifiai l’écran, et en effet, mon frère avait bien raccroché. Je tentai de la rappeler, sans grand succès. J’arquai un sourcil, dubitative, avant de laisser tomber le mobile dans mon sac. Je n’arriverai jamais à la cerner… Je revins donc sur mes pas. La poussette d’Elia se trouvait maintenant à côté de l’une des cabines et en déduis que Liam était à l’intérieur de cette dernière ; « j’espère que t’as pris un truc moulant » lançai-je à son intention tandis qu’Elia ouvrait doucement les yeux. Je lui souris avant d’aller la chercher dans sa poussette et de me poster devant la cabine de Liam. « Deux avis valent mieux qu’un » dis-je à Elia, bien que je sache pertinemment qu’elle n’avait pas du tout compris ce que je venais de dire. Elle se contenta de me regarder avec ses grands yeux et de jouer avec mes cheveux.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptyVen 19 Aoû - 19:07



Good Morning San Francisco.

« J’vois pas de quoi tu parles… Et j’te rappelle qu’il y a une enfant dans cette poussette ! » Quelle excuse… Elle souriait innocemment, ça la rendait attendrissante. Kae’ me faisait penser à ces femmes du genre de Natalie Portman, ouais, carrément, à l’apparence si fragile et au tempérament enflammé, un volcan à protéger. En toutes circonstances, elle avait cette classe naturelle qu’il lui avait été donné, ce côté femme-enfant affirmée qui ne pouvait que nous faire tous craquer. Kae’ était plus qu’une femme, c’était la femme. Je m’abstenais de relancer le débat de nos ébats pour éviter de créer une émeute quand, enivrée de désir elle se précipitera dans la cabine où je serais à moitié nu. Bah, quoi ? Elia posait son regard vif un peu partout, comme émerveillée par toutes les couleurs et les lumières que lui offrait le centre commercial. Je surpris le regard bienveillant de Kae’ se poser sur elle et pour la première fois, je me demandais comment Elia allait évoluer sans repère maternel. Cette seule pensée me souleva le cœur et de loin, je préférais me concentrer de nouveau sur Kae’. « Tu sais bien qu'elles n'appartiennent qu'à toi. » elle m’offrit un clin d’œil amusé ; je levai les yeux au ciel dans un soupir rieur. « Hey, Coco Chanel si t’arrives à voir la menteuse sur ma droite de là où tu es, fais moi le plaisir de bannir à jamais de tes boutiques. » Ce petit jeu s’était tout naturellement installé entre elle et moi dès nos premières sorties, nous avions ce même humour que certains ne comprenaient pas toujours, cette même philosophie, cette doctrine de la vie qui finissait toujours par prendre le dessus sur le rationnel. On se moquait bien de ceux qui ne cernaient pas cette relation, nous ne faisions pas partis de ces gens qui se posaient constamment des questions futiles sans jamais obtenir de réelles réponses. On se contentait de vivre.

Elle me traîna dans une boutique Diesel. Bonne pioche. Je n’affectionnais pas spécialement les boutiques de luxe dans lesquels les étudiants de notre sororité mettaient un point d’honneur à s’habiller, mais Diesel ne faisait pas vraiment parti de ces marques là. La classe sans en faire trop. Ma penderie comptait déjà quelques-uns de leurs modèles et Kae’ le savait pertinemment. « Tu sais, t’étais pas obligée de prendre ma fille en otage pour pouvoir me voir à moitié à poil dans une cabine chérie. » A peine le seuil de la boutique passé, il était évident que les vendeuses ne s’était pas retournées pour admirer la poussette d’Elia, elles nous avaient déjà enfermés dans la case « couple de nouveaux riches », couple qui, de surcroît avait engendré un enfant. « Mais attends, ils sont pas un peu jeunes quand même ? » « Oh tu sais.. Quand on a les moyens.. » Pétasses. Kae’ ne semblait pas prêter une grande attention à leurs regards appuyés, elle y était habituée, instinctivement et la tête haute, elle orienta la poussette dans le rayon masculin. « Choisis en un, j’t’apporte autre chose après. » « En gros, je choisis et j’essaye un truc qui, quoi qu’il arrive sera horrible et tu m’apporteras un truc stylé après ? » Je lâchai un faux soupir en en m’obligeant un peu à fouiller la tringle de fer composait de quelques dizaines de modèles. Son téléphone, enfoui dans son sac à main se mit à sonner et avant de donner une nouvelle raison aux vendeuses de se retourner vers nous, elle s’empressa de couper la sonnerie sans pour autant répondre à son appel. « Tu m’excuses cinq minutes ? » Question qui n’attendait pas vraiment de réponse. Son visage se décomposa alors qu’elle s’éloignait pour prendre son appel. D’un œil discret, je l’épiais en fronçant légèrement les sourcils. Il n’était pas dans ses habitudes de laisser ses émotions prendre le dessus, surtout en public et encore moins de perdre la face devant l’écran d’un téléphone portable. Je dressais mentalement une liste des personnes capables de lui provoquer cet effet. Kae’ était une femme plutôt secrète, ce n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler de la pudeur mais elle détestait se lamenter sur son sort. Si quelque chose la tourmentait, elle n’en parlait pas, préférant de loin garder toutes ces histoires pour elle plutôt que des les étaler entre un morceau de poulet et un verre de coca. Maxence peut-être ? Elle m’avait dévoilé ce prénom plus dans ses instants de rêveries que dans une réelle discussion, je ne savais pas grand-chose de ce mec mais j’en savais assez pour savoir que depuis quelques temps, il avait pris une place, sa place. J’avais beau tendre l’oreille, je n’entendais pas les mots qu’elle prononçait. Très vite, elle reprit la direction de l’endroit où elle nous avait laissé. Ni une, ni deux je sautai dans la cabine la plus proche en embarquant un t-shirt que je n’avais même pas pris la peine de regarder. Inutile de s’enfoncer avec un : « j’ai pas réussi à décrypter la conversation, tu disais quoi ? » « J’espère que t’as pris un truc moulant » Je souriais devant le miroir de la cabine. « Peu importe, tu vas me l’arracher. » Mon sourire s’effaça aussitôt mes yeux posés sur le dit t-shirt. Pas crédible. Bon, après tout je pourrais toujours dire que c’était pour guetter la réaction d’Elia. « Deux avis valent mieux qu’un » l’entendais-je marmonner. Ben, vous n’allez pas êtres déçues. Je sortis de la cabine, perplexe, les commissures de mes lèvres s’efforçait de garder discret le sourire fautif qui s’entêtait à s’y dessiner.
Ce t-shirt, en plus d’être laid n’était pas à ma taille. Kae’ arqua un sourcil, Elia fronçait les siens avec une moue des plus évidentes. Sans prendre la peine d’attendre un quelconque commentaire, j’arrachai un autre t-shirt de son cintre et repris place dans la cabine. « Amènes toi Walker. J’suis coincé.. » Pour le coup, c’était vrai. Je me suis retrouvé la tête coincée dans ce
t-shirt, certes plus conventionnel que le premier mais pour un début ça suffirait. J’avais définitivement un souci avec les tailles. J’entendis Kae’ entré dans la cabine et sans pouvoir la voir, je devinais son sourire moqueur. « Un seul rire.. Un seul rire et j’te jure que j’te fais bouffer la couche d’Elia. »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptySam 20 Aoû - 0:08

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« Tu sais, t’étais pas obligée de prendre ma fille en otage pour pouvoir me voir à moitié à poil dans une cabine chérie. » « Bien sûr que j’le sais. » Je lui lançai un sourire aguicheur, sourire dont j’avais le secret et qu’il commençait à bien connaître. J’essayai de voir sa réaction lorsque nous passâmes la porte du magasin Diesel, et cette perspective n’avait pas l’air de lui déplaire. J’avais vu juste sur le coup, et j’en étais plutôt satisfaite. A y réfléchir, c’était la première fois que nous faisions les magasins ensemble. Pour ma part, j’évitai le centre commercial lorsque je savais les Epsilon de sortie. Non pas par peur d’être jugée sous prétexte que j’évitais les boutiques telles que Chanel, Louis Vuitton, Armani et j’en passe… Simplement parce que leur comportement avait le don de me mettre hors de moi. Pour faire plus simple, ils m’insupportaient. Voir toutes les filles se ruer sur la dernière paire de bottes à la mode… J’avais du mal à comprendre. Et voir mon frère évoluer à leur côté me rendait franchement malade. Seulement, je n’avais aucun pouvoir sur lui, et je n’avais qu’à me résigner à propos de tout ce qui le concernait, de près ou de loin. C’est donc sans réellement faire attention au regard provocateur des deux vendeuses que je me rendis près des étagères et des penderies où se trouvaient les hauts pour hommes. Tout en commençant mes recherches, je proposai à Liam de faire un premier choix. « En gros, je choisis et j’essaye un truc qui, quoi qu’il arrive sera horrible et tu m’apporteras un truc stylé après ? » Je me tournai vers lui et j’essayai de le regarder le plus sérieusement possible. « En gros ? Ouais. » Je lui souris de nouveau au moment même où je reçus un coup de téléphone. Ma joie de voir qu’il s’agissait de John se transforma vite en déception. A quoi jouait-il ? Il me tenait pour responsable de l’accident de ma mère et donc de sa mort précoce à l’âge de 47 ans. Je subissais ses sarcasmes et sa haine depuis deux ans maintenant, et plus de devoir supporter ses longs discours sur sa vision de la gloire, de l’argent et la célébrité. Vision à mille lieux de la mienne. La personne censée être mon meilleur allié à Berkeley était peut-être l’un de mes pires ennemis. N’ayant pas l’intention de m’apitoyer sur mon sort, je retournai sans attendre au côté de Liam et d’Elia. La pauvre, nous avions pris l’habitude de l’emmener très souvent avec nous, lorsque la nourrice n’était pas disponible. Elle en avait vu déjà pas mal pour son jeune âge. Je me postai donc face à la cabine où se trouvait désormais Liam. Elia se réveillant, je décidai de la prendre dans mes bras afin qu’elle puisse admirer son papa vêtu d’un nouveau tee-shirt. C’est vrai que cela aurait pu être une excuse pour ne pas me ruer dans la cabine. Liam sortit quelques minutes plus tard, arborant un tee-shirt des plus atypiques représentant un visage un peu spécial. J’arquai un sourcil avant de rapprocher le visage d’Elia du mien. « T’en dis quoi ? » J’attendis quelques secondes et eut le droit à un silence résolu. « On est d’accord. » A peine eussé-je le temps de mettre fin à ma petite conversation avec Elia que Liam rentra dans la cabine avec un autre cintre. « J’avais dis moulant, pas amincissant ! » lançai-je avec un mince sourire sur les lèvres. Cinq minutes de plus avec ce haut et il aurait manqué d’air.

Pour une raison que j’ignorai, Elia se mit à taper des mains trois fois. Je me contentai de sourire avant que Liam m’appelle. « Amènes toi Walker. J’suis coincé.. » J’éclatai de rire ; le connaissant, il se foutait de moi. Ce pourquoi je le pris à la rigolade. « T’as rien trouvé de mieux pour m’attirer dans cette cabine ? » répondis-je. C’est seulement quelques secondes plus tard que je compris qu’il parlait sérieusement. Je levai les yeux au ciel, un tantinet amusée. « Attends ma poulette, ton père est un homme en détresse » Je reposai la petite fille dans sa poussette, me demandant encore si Liam ne se jouait pas de moi. Je choisis à mon tour un tee-shirt sur la tringle en fer que j’avais repéré quelques minutes plus tôt. J’approchai ensuite le landau de la cabine d’essayage afin de pouvoir garder un œil sur la petite fille. Les voleurs de bébé, c’est bien connu… A peine eussé-je tiré le rideau de la cabine que la menace de Liam tomba. « Un seul rire.. Un seul rire et j’te jure que j’te fais bouffer la coucher d’Elia. » En même temps, le spectacle qu’il lui offrait était des plus comiques ; bras levés, tête coincée dans son tee-shirt… Je regrettai même de ne pas avoir emmené Elia avec moi. Je réussi à me contenir quelques instants. J’accrochai le tee-shirt que je lui avais apporté sur une attache réservée à cet effet. Je m’approchai ensuite de lui, pris la couture du bas du tee-shirt entre mes doigts et remontai le vêtement le long de son buste, puis de sa tête. Mes yeux se posèrent instinctivement sur son torse et une vague vision de la nuit que l’on avait partagée me revint en tête. Il était attirant, je ne l’avais jamais nié. J’avais pu en profiter cette fameuse nuit. Combien de filles auraient espéré être à ma place ? Et vice versa ? Et combien auraient fini par le hurler sur les toits, tellement fières de leur conquête ? Notre petite soirée était passée inaperçue, du moins, pour les étudiants du campus. Le tee-shirt que je venais de lui retirer me resta finalement dans la main. La cabine d’essayage me sembla plus étroite que dans mes souvenirs. « Si tu veux rentrer la dedans un jour, t’as intérêt à entamer un régime draconien. » déclarai-je en balançant le tee-shirt devant ses yeux. Et inévitablement, j’éclatai de rire ; le chantage de la couche n’avait pas été assez convaincant. Et il y avait peu de chance pour qu’il mette sa menace à exécution. Quoi que ? Je pris le tee-shirt que j’avais choisi et le lui tendis. « Essaye ça, juste pour voir. » J’étais sûre de moi sur ce coup. Je lui souris, m’apprêtant à sortir de la cabine.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. EmptySam 20 Aoû - 1:56



Good Morning San Francisco.

Les yeux d’Elia me renvoyaient le souvenir d’un passé dégueulasse, d’une époque révolue, d’un amour consumé.

Un an plus tôt :

Consumée la boutique de whisky, détruit le paquet de mes Marlboro pour construire les filtres de mes joints, vide le sachet de poudre sur la table basse qui servait d’appui à mes nike. Comme chaque après-midi, je me dégageais des bras enchanteurs de Morphée, déesse du sommeil, pétrifié à l’idée de ces heures interminables qui s’égrèneront lentement jusqu’à ce que je puisse me replonger dans l’oubli bienfaisant d’un nouveau sommeil. Les yeux encore lourds de ma défonce de la veille, le nez encore infirme de mon dernier rail, le dos encore douloureux de ma torride nuit passée avec cette abrutie. Une inconnue.
Il me restait approximativement cinq longues heures avant d’entamer ma prochaine orgie. Une orgie nasale et sexuelle, une de plus. Il fait donc que j’occupe pleinement ma fin de journée. J’avais envie de rire et pour ça, rien de mieux que le parc. Le summum du pathétique et du risible. On y croisait tout et n’importe quoi, mais surtout n’importe quoi. Le rendez-vous des chiennes, un épisode de trente millions d’amis en live. En fait, je crois que j’ai toujours apprécié ce parc. Le problème, c’était les gens. Tous ordinaires, tous les mêmes. Il y a en qui essaient de faire quelque chose, d’autres qui déclarent forfait. On finit par ne plus savoir ce qui compte. Les limites s’estompent.
Après quelques heures passées au parc à observer, désespéré, cet immense zoo je décidais d’appeler Kaeleigh, membre de ma confrérie, on s’était croisé quelques-fois seulement et le courant été plus ou moins passé, surtout plus que moins. Je ne connaissais rien d’elle, mais cette nana valait le détour, peut-être même plusieurs détours. Il me fallait une distraction, je mettais mon plan à exécution. Nous avions partagé cette fin de journée, ensemble et après avoir fait trois fois le tour du parc, après avoir épuisé toutes les vannes imaginables sur les spécimens que nous avions croisés, Kae’ m’informa qu’il était temps pour elle de rentrer. A l’intersection d’une rue de San Francisco, prêts à se quitter, j’étais plutôt surpris de l’agréable journée que je lui devais. A la base, je l’avais appelé dans le seul but de rendre l’interminable attente qui aboutirait à une nouvelle nuit de débauche moins désagréable et finalement, je m’étais amusé. Moi, Liam Ezeckiel Lancaster, j’avais ri, plusieurs fois et de bon cœur en plus, chose qui n’était plus arrivée depuis des mois excepté en compagnie d’Aurlanne. Je ne saurais vous dire si l’effet des litres d’alcool qu’on avait avalé quelques minutes plus tôt dans le bar du coin y étaient pour quelque chose, mais j’aurais juré que son chemisier me souriait, pire encore, qu’il m’appelait. Elle arborait un sourire aguicheur qui me sous-estimait. Elle voulait jouer, on allait jouer. Avec un air faussement innocent elle s’approcha doucement de moi, déposant lentement ses lèvres sur mon cou pour me dire au revoir. Je restais de marbre, lui offrant pour seule réponse un sourire en coin qui n’attendait qu’une réponse. Sa foutu fierté l’avait poussée à tourner les talons, d’un pas lent, mais assuré elle s’éloignait, elle ne ferait pas le premier pas. La seconde d’après ma main agrippait son bras, la forçant à se retourner vers moi, d’un geste sûr, je l’attirais contre moi. « Tu crois quand même pas que tu vas te sauver comme ça Miss Walker ? » Ses lèvres étaient là, à deux centimètres des miennes, elles pouvaient presque se frôler, je sentais son souffle rapide terminait sa course sur mon cou, son cœur, battre contre mon torse, mon regard était bloqué sur sa poitrine haletante. « Ah.. Et qu’est-ce que je risque ? » Oscar Wilde a dit ; le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder. « Un truc dans ce genre là.. » Mes lèvres couraient sur sa nuque. « Peut-être même ça.. » Plongées sous son chemisier, mes mains poursuivaient lentement la ligne de sa colonne vertébrale, elle frissonnait. Cèdes Kaeleigh, livres toi entièrement à moi, autorises toi à plier sous le poids du désir, ce truc qui te brûle de l’intérieur, tu le sais, je le sais, ce sera notre meilleure nuit.

Aujourd’hui :

« T’en dis quoi ? » D’un regard entendu, Kae’ approuva le silence d’Elia d’un hochement de tête. « On est d’accord. » Foutue solidarité féminine. J’entrais de nouveau dans la cabine, paré à essayer ce nouvel modèle qui m’irait cette fois à merveille. « J’avais dis moulant, pas amincissant ! » Bon, on est d’accord, ce n’était pas le moment le plus propice pour lui avouer que si j’avais pris la première fringue qui m’était tombée sous la main c’était uniquement parce que j’essayais vainement de décoder ne serait-ce qu’un mot de sa conversation avec Mr X. Le second essai ne se montra pas plus convaincant puisque qu’il s’était conclu par un appel à l’aide. « T’as rien trouvé de mieux pour m’attirer dans cette cabine ? » Haha, qu’est ce qu’on se marre. Allez, dépêche. Il lui fallut quand même quelques secondes pour réaliser que ce n’était pas un piège subtil. Clairement, cette nana me sous-estimait. « Attends ma poulette, ton père est un homme en détresse » Je devinai qu’elle reposait doucement Elia dans sa poussette. « Si elle me ressort ça dans deux ans, je saurais me rappeler de la coupable Walker. » Je l’entendis entrer dans la cabine suivie d’un cliquetis qui laissait penser qu’elle avait ajouté une nouvelle tenue au cintre. C’était une maladie ou quoi ? Elle mit un certain temps avant de se décider à me venir en aide, provisoirement aveugle je devinais qu’elle se réjouissait en silence du spectacle. Mon soupir lui fit accélérer le mouvement. Elle étira le t-shirt le long de mon torse puis me rendit enfin la vue. Ce foutu t-shirt lui resta dans les mains. J’avais effectivement, peut-être, il n’était pas improbable que j’aie un peu forcé sur le nutella au cours des dernières semaines. Je surpris ses yeux se disperser une fraction de seconde, cela dit, assez longtemps pour avoir le temps de lui décrocher un sourire moqueur. « Si tu veux rentrer la dedans un jour, t’as intérêt à entamer un régime draconien. » Elle éclata de rire, oubliant ma mise en garde presque sérieuse. Elle envoya le t-shirt froissé au fond de la cabine. « Chérie.. Je sais, ton style c’est les mecs version allumettes mais il existe des hommes, des vrais hommes. » Avec un regard complice, je la laissais entrevoir le bout de ma langue chargé de la taquiner à ma place. « Essaye ça, juste pour voir. » me dit-elle en me tendant le troisième t-shirt, celui que cette fois, elle avait choisit. Le stylé, vous vous souvenez ? « Oui, chef. » Je serrais mes doigts autour de son poignet tandis qu’elle s’apprêtait à quitter la cabine. Avant de courir dans la cabine qui m’avait servie d’alibi, j’avais eu le temps d’attraper à la volée une robe posée sur la tringle postée à l’entrée des cabines, composée des vêtements que les clients n’avaient finalement pas choisis d’acheter. Les restes. « Chacun son tour babe. Si je dois me taper un défilé pour tes beaux yeux, comptes pas y échapper. »
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