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Lutter contre la peur de lutter.

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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptySam 20 Aoû - 14:30

Time to wake up.



Liam avait bien changé depuis que je le connaissais. J’avais côtoyé sa vie de débauche où tout rimait avec défonce, alcool et j’en passe. Je l’avais détesté à ce moment de son existence ; il se rapprochait de près ou de loin à tout ce que bannissais. J’avais beau aimé faire la fête, je ne m’étais jamais laissée aller au jeu de la fumette ; et dieu sait que j’en ai eu l’occasion. Et malgré mon attitude plutôt avenante en ce qui concernait l’alcool, je ne buvais jamais en dehors de fêtes ou de soirées au bar en bonne compagnie. Au fil du temps, ma relation avec lui en avait été quelque peu affectée ; notamment parce qu’il ne semblait pas comprendre qu’il jouait avec sa vie en plus de mettre en danger celle de sa fille. Une fois encore, j’avais préféré éviter de lui déballer une horde de remontrances concernant ses nouvelles occupations douteuses. D’autres personnes s’étaient chargées de le faire à ma place. Aujourd’hui, il avait l’air d’avoir pris conscience de tout cela. Et je préférai nettement cette version de Liam. Pour la simple et bonne raison qu’on savait passer du bon temps sans forcément boire des litres de whiskey ou encore se fumer un joint. Selon moi, la vie était un cadeau dont il fallait savoir profiter. C’était ce pourquoi je me battais depuis des années dans des pays en proie à la misère, la famine et la maladie. Cela expliquait donc que je réprime autant l’autodestruction. Car il faut appeler les choses comme elles sont : boire et fumer toute la journée revient à enterrer son corps avant l’heure. Pour autant, cela n’empêchait pas nos sympathiques soirées au bar. Soirées que j’affectionnai tout particulièrement. C’est souvent Liam que j’appelais lorsque j’avais le pressentiment que ma soirée allait être d’une platitude sans nom. Et il savait très souvent remédier à ce petit problème. Si aucun étudiant du campus ne semblait être au courant de notre nuit passée ensemble, ce ne sont pas les rumeurs qui manquaient. Les commères de Berkeley se faisaient un plaisir de colporter des ragots en tous genres, et la possible liaison de Liam et moi en faisait parti. Je ne niais pas, je n’avouais pas non plus. C’était ma vie, pas la leur. J’aurai mis ma main à couper que bon nombre d’entre eux auraient pu entreprendre une montée fulgurante dans le domaine de la presse à scandales. Je m’étais néanmoins construite cette réputation toute seule, comme une grande. Et tenter de cacher la vérité à propos de mes penchants sexuels aurait été une sorte de défilement total. Alors autant assumer ce que j’étais : une célibataire endurcie qui ne serait jamais prête à se faire passer la bague au doigt.

« Chérie.. Je sais, ton style c’est les mecs version allumettes mais il existe des hommes, des vrais hommes. » Je ne pus m’empêcher de sourire à cette réflexion. Allumettes, mon style de mecs ? « Je n’cède pas à n’importe qui. Et si mon style c’était les allumettes, on n’aurait pas partagé le même lit… Chéri ! » J’appuyai le dernier mot en clin d’œil à sa précédente appellation me concernant. « Après, en ce qui concerne les vrais hommes… » Je ne finis pas ma phrase volontairement et haussai les épaules, sous-entendant que je n’étais pas sûre que ce compliment de « vrai homme » lui colle tellement à la peau. Je m’appliquai à sourire, comme toujours. Je savais qu’il finirait tôt ou tard par se venger ; et je n’en étais pas impatiente. Je finis par lui faire part de mon choix et lui tendis donc le tee-shirt avant de m’apprêter à sortir de la cabine. « Oui, chef. » Mais à peine eut-il prononcé ces mots que ses doigts se refermèrent sur mon poignet. Je me retournai donc, me demandant ce qu’il allait inventé cette fois-ci. « Chacun son tour babe. Si je dois me taper un défilé pour tes beaux yeux, comptes pas y échapper. » déclara t-il tout en me tendant une robe. Je levai les yeux au ciel ; ce n’était pas vraiment ce que j’avais prévu. Mais il fallait avouer que la robe était plutôt jolie. Je m’emparai fermement du cintre où se trouvait la robe que j’allais essayer. « J’suppose que j’ai pas vraiment le choix. » Devant l’air approbateur de Liam, je ne pus que me plier à son petit caprice. « Mais si t’y vois pas d’inconvénient, j’vais prendre la cabine d’à côté, on est un peu trop à l’étroit à goût. » Je terminai ma phrase sur un regard mi-complice mi boudeur avant de sortir de la cabine d’essayage, la robe à la main. Je m’assurai qu’Elia n’avait pas bougé de la poussette, et entrepris de trouver une autre cabine. Elles n’étaient qu’au nombre de trois. Je m’avançai près de la première, et une fois le rideau ouvert, me retrouvai face à un empilement de cartons et de sacs, résultat du nouvel arrivage, du moins, c’est la conclusion que j’en tirai. Lorsque je me tournai pour vérifier que la dernière était libre, je remarquai les deux vendeuses discutant et jetant des coups d’œil vers la cabine de Liam dont je venais de sortir. Ahem… J’imaginais déjà leur discussion intellectuellement élevée. «Les gosses de riches… Faire ça ici… ils se permettent vraiment tout. En laissant leur gamine devant la cabine en plus ! Nan mais j’te jure ! » Il valait mieux pour elles que je me contienne le plus longtemps possible si elles voulaient passer une bonne journée. Pour la peine, je ne pris même pas la peine de vérifier si le troisième vestiaire était libre et retournai dans celui où se trouvait toujours Liam, prenant bien soin que les deux potiches me voient. J’attrapai une paire d’escarpins au passage, me doutant que les bottines fausseraient un peu l’impression globale. Je jetai un coup d’œil à Elia qui semblait se rendormir doucement avant de tirer le rideau et rejoignis le jeune homme. « Désolée, mais on va devoir cohabiter le temps de quelques minutes. » Je me doutais que ça ne lui poserait pas vraiment de problèmes. Il m’avait déjà vu peu vêtue, pour ne pas dire complètement dévêtue. Je me plaçai dos à lui et tentai, malgré l’espace restreint, de retirer mon tee-shirt puis mon short. Mon coude frotta le rideau par mégarde, ce qui dut relancer les commérages. Cette pensée me soutira même un sourire. En sous-vêtements, j’enfilai alors la robe, sentant la présence de Liam dans mon dos. Je réussis ensuite à retirer tant bien que mal mes chaussures ainsi que mes petites chaussettes blanches – sexy – avant de passer les escarpins noirs. Je fis ensuite un demi-tour sur moi-même pour me poster face à Liam. « Alors Monsieur Lancaster, un avis à émettre sur le sujet ? »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyLun 22 Aoû - 2:53



Good Morning San Francisco.


Sans difficulté, on pouvait dire de moi que j’étais un homme chanceux, gâté, pourri jusqu’à la moelle, déstabilisé et surtout déstabilisant. C’est vrai, j’avais grandi partagé entre deux merveilleuses villas, à six ans j’avais déjà fait trois fois le tour de monde, j’avais vu plus d’argent que la plupart des gens n’en amasseraient jamais en une vie, j’avais aisément pu côtoyé le luxe et l’éclat des lingots. J’étais un fils de. Plus tard, je me suis émancipé, j’avais pris mon envol grâce à des ailes confectionnées par des millionnaires, autant vous dire que je volais plus haut que vous ne le ferez jamais. Si certains ramaient, moi, je les attendais déjà sur l’autre rive, le cul dans ma barque entre une bouteille de vodka et 3000$ en petites coupures. Je n’aimais plus cette vie, ces gens, ces mondanités, ce snobisme, cette hypocrisie dont débordait toute la jeunesse dorée dont je faisais partie. Oui, j’avais volontairement brisé cette image étincelante qui vous piquiez les yeux. J’avais sombré, côtoyé tous les vices, j’étais le dealer de votre dealer, le boss de votre boss et j’adorais ça. Pour la première fois, je m’étais senti affranchi, libéré de ces chaînes qui s’entêtaient à immobiliser mes poignets. Puis, j’ai frôlé la mort, apprivoisé le coma, faite naître des litres de larmes dans les yeux de mes proches et dans les yeux de parfaits inconnus qui disaient me connaître intimement. C’est fou ce que les gens vous aiment quand ils sont persuadés que vous allez crever. On vous a sûrement déjà raconté la légende du phénix, c’est un peu ce qui m’est arrivé. J’ai rencontré une femme, la mienne. Ils étaient tous ravis pour moi, après ce parcours chaotique j’avais enfin trouvé un équilibre, le mien. De surcroît, je l’avais foutu en cloque. Le summum. Tout était parfait, vu de l’extérieur, un scénario digne d’une comédie dramatique bien ficelée. Vu de l’extérieur. Alors c’était vraiment ça, le but ultime de la vie ? Passer son temps à chercher l’amour, le trouver, avoir de beaux enfants bien élevés, une belle maison, un labrador et puis crever ? Non, j’avais besoin de plus que ça, de beaucoup plus. Pourquoi parler d’amour partout ? Dans les pubs, les films, les séries, les magazines et pire encore, avec ses proches. « Alors, ça se passe bien avec Machintruc ? QUOI ?! Vous avez rompu ? J’espère que retrouveras vite quelqu’un. » Bordel. Je hais les gens, le système et ses attentes, ses règles et ses pièges. Je me foutais de l’amour, des beaux enfants, de la belle maison et de ce foutu clébard. Je voulais vivre pleinement. Je voulais vivre pour moi et pour personne d’autre parce que ce qu’il vous reste à la fin, c’est rien. Même pas vous.

« Je n’cède pas à n’importe qui. Et si mon style c’était les allumettes, on n’aurait pas partagé le même lit… Chéri ! » Elle m’offrit un clin d’œil puis, après avoir fait glisser ses yeux sur moi.. « Après, en ce qui concerne les vrais hommes… » Elle laissa volontairement sa phrase en suspend et haussa les épaules. Foutue Kaeleigh. Je plissais les yeux pour la laisser entrevoir les représailles qui l’attendaient. « Les vrais hommes tombent uniquement dans le lit des vraies femmes, on est d’accord. » Mes lèvres dessinaient un sourire narquois. Je lui tendais la robe que j’avais choisie pour elle, j’appréciais ma vengeance. Surprise, elle haussa les épaules mais se résigna. « J’suppose que j’ai pas vraiment le choix. » Je lui tournais le dos. « Tu supposes vachement bien pour une presque femme. » Elle quitta la cabine en emportant la robe après m’avoir lancé fièrement : « Mais si t’y vois pas d’inconvénient, j’vais prendre la cabine d’à côté, on est un peu trop à l’étroit à goût. » J’haussai les épaules quand elle referma le rideau. « Jt’aurais pas prêté ma cabine de toute façon. » Je souriais, seul, face au reflet que le miroir me renvoyait. J’entrouvris le rideau pour jeter un œil à Elia qui dormait à poings fermés. Si les anges n’existaient pas, elle leur ressemblait drôlement. J’eu aussi le temps d’apercevoir Kae’ ignorer divinement les vendeuses qui reprirent leurs commérages. Je haïssais officiellement ces pétasses décolorées et imbues d’elles mêmes. Je repris ma place et enfila le tee-shirt que Kae’ m’avait obligé à essayer. Pas si mal. Je m’apprêtais à héler son prénom, sans gêne, pour savoir si elle ne s’était pas elle aussi coincée dans les coutures de sa robe quand son visage réapparu dans la cabine. « Désolée, mais on va devoir cohabiter le temps de quelques minutes. » Je lui lançai un sourire moqueur. « T’as foiré ta sortie Walker. Salement. » Evidemment, ça ne me posait pas un réel problème de partager ma cabine avec elle mais ça me faisait marrer de me remémorer la scène. Elle se positionna dos à moi et commença à se délester de ses vêtements. « T’es au courant qu’il y a des miroirs sur les parois de la cabine ? Bon, je ferme les yeux. Au moins un, promis. » Je retenais mon rire qui aurait alerté encore un peu plus les vendeuses qui, sur le qui-vive, attendaient la moindre occasion pour relancer leur passionnante conversation. Je décidai de m’en amuser. « Vas-y doucement avec tes ongles. » Elle me lança un regard furieux, doublé d’un sourire en coin. En se retournant, j’avais malencontreusement aperçu ses sous-vêtements. Sexy, d’ailleurs. « Oups.. » Comme promis, je fermai un œil tout en souriant et repris ma place. Elle enfila ses escarpins et me fit face dans un gracieux et sur joué demi-tour. « Alors Monsieur Lancaster, un avis à émettre sur le sujet ? » De haut en bas. De bas en haut. Je lui fis signe de se retourner, puis de se mettre de profil et finalement de reprendre sa position initiale. Je fis la moue. « Hm. Pas mal pour une moitié de femme. C’est quand que j’te mange au fait ? » A mon tour, je lui tournis le dos. « Bon, tu casses pas trois pattes à un canard non plus quoi. Mais pour un type taillé comme une allumette, ça f’ra l’affaire. » Je me mordis légèrement l’intérieur des lèvres pour rester le plus sérieux possible. Impossible. De nouveau, je lui fis face en m’inclinant ironiquement. « Ok, ça va. OUI Kaeleigh, t’es divine. » J’entendis les talons des vendeuses s’approchaient d’une façon qui aurait voulue se faire discrète. Doucement, je fis dépasser mon bras hors du rideau dans un soupir de plaisir en plaquant Kae’ contre le voile de manière à ce que ses formes épousent le fin rideau, puis, je l’entrouvris de façon à ne les laisser apercevoir que mon visage. « Pardon mesdames. Vous voudriez pas aller nous chercher un verre d’eau par hasard ? On crève de chaud dans vos cabines.. J'veux pas vous vexer mais.. même à Carrefour y’a la clim ! »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyLun 22 Aoû - 18:14

Time to wake up.



Je m’étais souvent demandée comment deux personnes pouvaient se ressembler sur autant de points. Certes je n’avais pas d’enfant, certes le père de cet enfant n’était pas mort dans un accident de voiture ; mais à quelques détails près, ma vie ressemblait étrangement à celle de Liam. Ma vie actuelle j’entends. Nous avions tous les deux un passé un peu houleux. Lui avait côtoyé les dealers pendant que moi je fuyais la police et tout ce qui s’y rattache comme la peste. Mais en ce qui concernait la manière dont nous voyions le quotidien, nous étions sur la même longueur d’onde. Nos comptes en banque avaient beau afficher cinq ou six 0, nous ne nous en vantions pas. Bien au contraire. J’avais plutôt tendance à cacher ce détail de ma vie. Chose pourtant difficile à dissimuler pour la simple et bonne raison que j’appartenais à la confrérie des Epsilons. Et par définition, je venais d’une famille pleine aux as, en plus de devoir supporter les étiquettes : « imbue d’elle-même, élevée dans un monde de paillettes, cupide ». Les étudiants ne cherchaient pas vraiment à comprendre. T’es un Epsilon ? Ok, dans la case Epsilon avec tout ce qui va avec. Nous étions regardés de haut, parce qu’au lieu d’organiser de petites fêtes sympas entre amis, la confrérie voyait plus haut en organisant défilés, bals, ventes privées… Très peu pour moi si vous voulez mon avis. Je devais pourtant supporter ce regard que les étudiants posent sur les fils et filles à papa. Je me contentais donc de les ignorer ; je revendiquais assez mes idées pour ne pas avoir à jouer un double-jeu. Les Epsilons savaient pertinemment que je ne les porterai jamais dans mon cœur. Et je savais que je n’aurai jamais ma place dans le leur. Mon appartenance à cette confrérie avait beau me porter préjudice auprès du reste du campus, je savais que je valais mieux que ça. Mieux que ces étiquettes, mieux que ces principes à la con, mieux que ces rivalités. J’avais ma vie. Je vivais dans mon monde. Peu importe ce que les gens peuvent penser de vous. Ils ne sont pas dans votre tête, ne vous connaissent pas ; les écouter revient à changer du tout au tout pour devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un que vous n’êtes pas, quelqu’un qui rentre dans un moule défini par la société individualiste dans laquelle nous vivons. Pourquoi dans un monde de riche serait-il honteux et mal vu d’aider les plus pauvres ? Pourquoi dans un monde d’égoïsme serait-il choquant de faire preuve de générosité ? L’argent domine la planète, d’une façon ou d’une autre, il nous contrôle tous comme des pions. Et nous courrons après comme si ces bouts de papiers étaient indispensables à la survie de l’espèce humaine. Pourtant, personne n’a encore prouvé que rouler en Porsche, s’habiller en haute couture Chanel, dormir au Fouquet’s et manger du caviar allongeait la durée de vie.

Ce qui était bien avec Liam, c’est que nous ne jouions jamais un double-jeu. Il avait beau appartenir à la même confrérie que moi, il semblait lui aussi loin de tout ce bling-bling. Mais les exceptions comme lui et moi se faisaient rares. Aurlanne, la fameuse héritière de la maroquinerie Hermès, sortait aussi du lot. C’est certainement pour cette raison que je passais une grande partie de mon temps libre avec elle. Cette fille avait le cœur sur la main. Liam et elle étaient donc les deux seules personnes membres de ma confrérie que je parvenais à supporter. Et encore, c’est un euphémisme.

« T’as foiré ta sortie Walker. Salement. » Je levai les yeux au ciel, pensant aux deux bimbos frénétiques accoudées à leur comptoir. « Pire que ça j’ai envie d'te dire. » En y repensant, la cabine d’à côté était encombrée par une montagne de cartons provenant d’un nouvel arrivage ; et elles, elles papotaient gentiment sur leur siège. Elles étaient définitivement payées à rien faire. Ah si, excusez-moi : à cancaner sur les clients « normaux ». Oui, normaux, car à bien y réfléchir, Liam et moi rentrions plus dans la normalité que les clients qui débarquant en costume trois pièces. Je commençai déjà à réfléchir à la remarque que j’allais subtilement leur glisser à la sortie de la boutique lorsque j’entrepris de me déshabiller. Oui, c’est toujours mieux lorsque l’on veut essayer autre chose. « Vas-y doucement avec tes ongles. » Accompagnant mon regard noir d’un sourire appuyé, je décidai de me prendre au jeu avec plaisir. « Ca a pas eu l’air de te déranger hier soir. » Je lui rendis ce même sourire en coin avant passer la robe qu’il m’avait choisie quelques minutes plus tôt. Du Liam et Kaeleigh tout craché. Je finis donc de me changer, enfilai les escarpins avant de me tourner vers lui, mains sur les hanches, avec la grâce digne d’un mannequin de chez Versace. « Hm. Pas mal pour une moitié de femme. C’est quand que j’te mange au fait ? » « J’suis peut-être une moitié de femme, mais t’es pourtant le premier à dire que j’fais pas les choses à moitié. » Je haussai les sourcils, laissant dépasser le bout de ma langue entre mes lèvres. Je le regardai se retourner sans pour autant bouger. « Bon, tu casses pas trois pattes à un canard non plus quoi. Mais pour un type taillé comme une allumette, ça f’ra l’affaire. » «En même temps, quand on sait le nombre de pattes qu’à un canard, t’avoueras que c’est un peu difficile. » Je le poussai légèrement en avant, ce qui fit, il est vrai, un peu de bruit, avant de me mettre à rire. Je connaissais évidemment la signification de cette expression. Mais mon sens de la répartie prit le dessus. Il finit par se tourner de nouveau. « Ok, ça va. OUI Kaeleigh, t’es divine. » J’arquai un sourcil. « On peut pas en dire autant pour toi. », déclarai-je ironiquement après avoir remarqué qu’il avait mis le tee-shirt que je lui avais choisi. J’étais plutôt fière de moi sur le coup. Je lui adressai ce sourire de grand enfant lorsque un bruit de talons se fit entendre à proximité de la cabine. Liam fit alors passer son bras derrière le rideau avant de m’y plaquer, une main sur ma taille. « Pardon mesdames. Vous voudriez pas aller nous chercher un verre d’eau par hasard ? On crève de chaud dans vos cabines. J'veux pas vous vexer, mais même à Carrefour y’a la clim ! » J’étais surprise sans l’être vraiment. J’avais appris à m’attendre à tout avec lui. Essayant de ne pas rire, je me concentrai sur son visage qui dépassait à moitié du rideau, tandis que ma bouche frôlait dangereusement le haut de son épaule. Je compris une fois de plus pourquoi nous avions fini par céder cette nuit-là. Ayant entendu son patron lui répéter mille cinq cent fois que le client était roi, la vendeuse tourna enfin les talons dans un long soupir de désapprobation. Au vu de son temps de réaction, elle avait prit la peine de réfléchir à notre cas. Sentant le corps de Liam se collait au mien, si bien qu’il manqua de me faire basculer, je me doutai qu’il tendait le bras pour récupérer le verre d’eau. Réalisant alors que je perdais complètement l’équilibre, j’attrapai le bras libre de Liam pour le faire reculer. « T’as vraiment envie que j’te viole une deuxième fois ! » lançai-je en allusion à notre rapprochement corporel plus ou moins volontaire. Surpris par l’élan, Liam manqua de renverser le verre d’eau dans la cabine, et quant à la vendeuse, elle ne semblait pas avoir bougé. Je fixai Liam avant de lancer innocemment. « Merci pour le verre d’eau ! » La simplicité de ma phrase me fit sourire. Son temps d’arrêt devait avoir été provoqué par la remarque que je venais de glisser à Liam. Et mon « merci » ne sembla pas changer grand chose à la situation. Je pris alors le verre d’eau et bus une gorgée avant de le tendre de nouveau à Liam, un sourire aux lèvres. « A la tienne ! »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyMar 23 Aoû - 17:33



Good Morning San Francisco.


Kae’ et moi avions cette même vision de l’amour ; plus nous en étions éloignés et mieux on se portait. Etre enchaîné à une seule et unique personne pour le restant des nos jours ? Très peu pour nous. Je crois qu’on avait tous les deux un besoin viscéral de liberté, une sorte de drogue. Je détestais tout ce qui concernait les relations amoureuses, pas l’amour, seulement ses effets. Toutes ces effervescences, ces déclarations, ces doutes, cette possessivité, cette jalousie démesurée, ces contraintes, ces compromis et tout ça, bien sûr, dans une grosse ambiance mielleuse à souhaits. Tout ça me faisait gerber. Dans ma vision des choses, les relations amoureuses revenaient à un plat surgelé. C’est simple, c’est rapide mais c’est dégueulasse. Aucun goût, aucune saveur, aucun charme. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je préfère de loin un bon plat préparé avec soins qu’une vulnérable barquette plastifiée qui prend l’eau. Kae’ pensait la même chose et c’est aussi pour cette raison que notre relation était si saine après avoir été si torride. Nous n’avions aucune gêne l’un envers l’autre puisque nous assumions entièrement nos envies, si on s’était dit les trois mots magiques, on ne se serait plus jamais adressé la parole. Vous n’y comprenez rien ? Il vous suffit d’inverser votre logique et vous obtiendrez la notre. Etouffez vous avec vos plats tous faits. Bon appétit.

« Ca a pas eu l’air de te déranger hier soir. » Kaeleigh n’était pas la dernière à s’amuser, bien au contraire et d’avantage encore quand les dindons de la farce en questions n’étaient autres que des petites pétasses hautaines et détestables. Elle souriait en enfilant la robe que j’avais choisie pour elle. Même dans une cabine dont l’espace était plus petit encore qu’un bac à douche –d’une douche normale, pas des nôtres– en enfilant tant bien que mal une robe qui oppressait copieusement sa poitrine, elle restait classe. Elle râlait, mais elle restait classe. Après avoir chaussé ses escarpins/escabeaux elle arrivait presque à ma hauteur. Comme d’habitude, je la taquinais, c’était devenu plus fort que moi, plus fort que nous. Je savais avant même de prononcer ces mots qu’elle attaquerait de plus belle. « J’suis peut-être une moitié de femme, mais t’es pourtant le premier à dire que j’fais pas les choses à moitié. » Elle haussa les sourcils et me laissa entrevoir le bout de sa langue entre ses lèvres. « Ranges ça Walker ou j’te la mange et pas à moitié. » En réponse à ma seconde attaque, elle me poussa doucement en avant en riant. « Tapes pas dans le silex. » Bah, quoi ? « En même temps, quand on sait le nombre de pattes qu’à un canard, t’avoueras que c’est un peu difficile. » Je grimaçai comme un enfant vexé. « On peut pas en dire autant pour toi. » Je plissai les yeux en lui lançant un regard noir. « Ces bourges.. Toutes plus fières les unes que les autres. » Pour le coup, je marquais un point. Elle allait détester faire partie, le temps de ma phrase, de cet énorme lot de pétasses. Elle jeta un œil au rendu final. Elle n’avait pas l’air de trouver ça si mal que ça à en juger par son regard. Les vendeuses revinrent enfin avec ma commande après que je les ai gentiment envoyé faire un tour à l’autre bout de la boutique. L’une d’elles se racla la gorge pour nous faire comprendre qu’elles étaient revenues. Je tendis le bras hors de la cabine pour attraper les deux gobelets en plastique qu’on me tendait ce qui fit légèrement basculer Kae’ en arrière. Le poids de mon corps collait contre elle l’obligeait à se cambrer. Elle agrippa mon bras pour me faire reculer et manqua de me faire lâcher les gobelets. « Sois pas si pressée chérie, j’arrive. » Ajoutais-je en me glissant de nouveau dans la cabine après avoir adressé un clin d’œil à l’une des vendeuses. « T’as vraiment envie que j’te viole une deuxième fois ! » Mes yeux glissèrent alors sur sa poitrine frôlant mon torse. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un discret sourire à la vue du spectacle qu’elle m’offrait. « Si ma mémoire est bonne, c’est toi qui étais collée contre le mur et pas l’inverse. » Je lui offris mon fameux sourire en coin en lui tendant son verre d’eau. « Merci pour le verre d’eau ! » ajouta-t-elle à l’adresse de la vendeuse en fixant. Elle ne reçut aucune réponse, elle trempa alors les lèvres dans l’eau fraîche avant de me tendre son verre. « A la tienne ! » Je plantai mes yeux dans les siens et approcha mon verre du sien afin qu’ils s’entrechoquent. De l’autre côté du rideau, la vendeuse ne semblait pas être retournée à ses passionnantes occupations. Je me rapprochais doucement de Kae’ en posant ma main libre sur le bas de dos et lui chuchota au creux de l’oreille. « Elle te va vraiment bien cette robe Walker. » puis je la contournai comme je le pouvais pour sortir à nouveau mon visage de la cabine. Cette abrutie de commerçante sursauta, prise en flag. Je penchai doucement la tête sur le côté en la fixant. « A moins que vous ne vouliez aller chercher une Quechua dans votre remise pour camper devant cette foutue cabine, je suppose que vous avez autre chose à faire. Hm ? » Elle baissa les yeux, confuse et affreusement gênée. Elle murmura un « excusez-moi » avant de s’éclipser. J’avais repris ma place en face de Kae’ avec un sourire amusé. « On en était où ? »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyMer 24 Aoû - 1:58

One year earlier.


La tête lourde, j’hésitai à ouvrir les yeux, de peur que la lumière ne relance ma migraine. Gueule de bois, quand tu nous tiens. J’avais deviné que je ne me trouvais pas dans la pénombre. D’ailleurs, un rond de chaleur semblait s’agrandir sur mon bras gauche. J’attendis un long moment, essayant de savoir si j’allais me réveiller ou non dans ma chambre. La perspective du contraire me souleva d’ailleurs l’estomac, tandis que ma main droite replaçait une partie de mes cheveux sur l’oreiller. Je finis par laisser tomber ma tête sur le côté droit et ouvris péniblement les yeux, prenant soin d’éviter la lumière qui s’échappait dangereusement des rideaux. Mes yeux ouverts à demi clos se posèrent lentement sur Liam qui semblait encore perdu dans les bras de Morphée. Et bizarrement, je souris. Et tout sembla se remettre en place dans ma tête. Je souriais naturellement, me rappelant de la soirée au bar en compagnie de mon amant d’une nuit. Dans d’autres circonstances, j’aurai récupéré mes affaires en douce et aurait quitté l’appartement le plus rapidement possible pour ne pas avoir à laisser mon nom ou mon numéro de téléphone. Mais l’étiquette « autre circonstance » ne s’appliquait pas dans ce cas. Pour la simple et bonne raison que je partageais le lit de Liam, avec Liam. Lorsque ce dernier peina à ouvrir les yeux, je me tournai sur le côté et continuai à le regarder pour guetter sa réaction. Et il ne sembla pas surpris de me voir nue à ses côtés, dans son lit. Il me sourit à son tour, et malgré mon début de migraine, l’envie de me le réapproprier sembla prendre le dessus. Je me contentai pourtant de basculer au-dessus de lui et murmurai à son oreille : pas un mot à personne, j’veux être la seule à pouvoir me souvenir de ça. Le « ça » sous-entendant la nuit que nous venions de partager. Sachant pertinemment qu’il avait compris chacun de mes mots, je lui volai un dernier baiser indécent avant d’embrasser son torse. Je finis par me relever et m’enroulai dans le drap blanc qui avait couvert nos ébats, que nous pourrions certainement qualifier de sauvages. Je ramassai mes affaires qui jonchaient le sol avant de quitter la chambre, abandonnant nonchalamment le drap sur le pas de la porte. Une fois toutes mes affaires en main, j’entrepris de me rhabiller et jetai un coup d’œil à ma montre : 13h48. Moi qui étais plutôt du genre matinal. J’hésitai quelques secondes avant de me poster dans l’entrebâillure de la porte de sa chambre. « Hé au fait… Merci. » Un seul regard aurait suffi à ce qu’il comprenne. Mais les mots faisaient parti de notre relation, de notre jeu. Sans attendre la moindre réponse , je quittai l’appartement, un mince sourire aux lèvres, accompagnée d’un gourmand et savoureux souvenir.


Come back to reality.


« Sois pas si pressée chérie, j’arrive. » Sa remarque me fit hausser les sourcils comme pour dire « prends pas ton rêve pour une réalité ». La cabine étant relativement étroite, nos gestes semblaient être décuplés par dix. Si bien que je me retrouvai quasiment collée à Liam, ma poitrine contre son torse. Je finis tout de même par récupérer le verre d’eau amené de bon cœur par la vendeuse ; et dire qu’elle ne serait même pas payée pour ses extras, quel dommage. Je bus une gorgée d’eau qui tombait à pic au vu de la chaleur qui régnait dans la boutique, et surtout dans la cabine. Liam s’approcha lentement de moi et me complimenta… à sa manière. « Elle te va vraiment bien cette robe Walker. » Sa main vint alors se poser sur le bas de mon dos, et je me demandai à quoi je devais m’attendre cette fois-ci. Je m’attendis même à recevoir le verre d’eau sur la tête, mais cette idée ne semblait finalement pas lui avoir traversé l’esprit. Il préféra pousser le vice jusqu’au bout. « A moins que vous ne vouliez aller chercher une Quechua dans votre remise pour camper devant cette foutue cabine, je suppose que vous avez autre chose à faire. Hm ? » Je dus mettre ma main devant ma bouche pour étouffer un rire inopportun. Quechua quoi ! Où allait-il chercher tous ces trucs débiles à sortir dans ce genre de situations ? Une chose était sûre, sur ce point, j’étais sa plus grande fan. Il finit par reprendre sa place en face de moi. « On en était où ? » Mon sourire laissa place à un regard charmeur. Difficile de ne pas se prendre en jeu lorsque j’étais avec lui. Nous avions tellement pris l’habitude de jouer que ce qui pourrait apparaître comme une scène de drague digne d’un film américain n’était autre qu’une scène plutôt banale.
La cabine étant relativement étroite, je ne mis pas longtemps à me coller à lui. Je posai mes mains en bas de son tee-shirt et commençai à le relever lentement. Lorsque la couture arriva au niveau de sa bouche, je l’embrassai délicatement entre son menton et sa lèvre inférieure tandis que le reste du tee-shirt cachait son visage. Je finis pas lui retirer totalement le vêtement que je gardai dans le main. « On en était au moment où il faudrait que nous sortions sagement de cette cabine pour aller payer. » Je lui tendis le tee-shirt, ne sachant même pas s’il comptait l’acheter finalement. Sans prendre la peine de me retourner, je retirai la robe en commençant par faire descendre les bretelles le long de mes épaules puis de mes bras, avant de la retirer entièrement. Je posai une main sur le mur le temps d’enlever mes escarpins. A vrai dire, j’avais du mal à éviter le regard de Liam qui n’en finissait pas de me chercher. « Alors, je prends ? » demandai-je en balançant la robe au bout de mes doigts. Je me doutai quelque peu de la réponse, mais autant être sûre. L’avis de Liam était l’un des rares qui m’importait. En plus de celui d’Esteban et de Matthew. J’avais beau être une fille et eux des mecs, je préférai mille fois leur avis à celui de la directrice en chef de Vogue.
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyMer 24 Aoû - 12:06



Good Morning San Francisco.


Fut un temps, je n’aurais jamais pénétré une boutique comme celle que nous étions en train de joyeusement boycotter. La raison ? Je me levais aux heures où elles fermaient et m’endormais au moment où leurs rideaux de fer se relevaient. Je passais mes nuits dehors, comme cette fois où j’avais déambulé des heures entières dans une fête foraine, débordante de chaleur, de sourires, de rires, de cris effrayés, mais excités des manèges à sensations. C’est vrai, j’avais espérais un dramatique accident, quelques corps étales sur le sol après une chute de 40 mètres. Un truc qui aurait pu me faire sourire, au moins un peu. Les mains toujours plongées dans les poches de mon survêt’ Adidas, à l’endroit même où mon sachet de poudre attendait patiemment le moment où j’allais enfin trouver un coin pénard. J’avais toujours maudis les lieux publics, je détestais les gens et leur façon de sourire comme si le monde était beau. Connerie. Pourtant j’étais là, comme si ce gigantesque zoo avait eu le pouvoir me distraire sans me faire gerber. Tous des cons. Toutes des traînées. Et ceux qui ne l’étaient pas ? Des futurs cons. Des futurs traînées. A l’époque, je dévisageai sans scrupules ces filles que je connaissais trop. De haut en bas. De bas en…bas. Ce soir là, avant même d’avoir posé la main sur l’une d’entre elle, je savais que j’en retrouverais une ou deux, peut-être même trois, blotties dans mes draps au petit matin. Je n’avais pas le temps d’être gentil, d’être aimable et encore moins d’être galant. J’étais pressé, pressé de vivre.

Elle se colla contre moi en faisant glisser ses doigts sur le tee-shirt que je portais et le releva de manière à me rendre aveugle. Je sentais ses lèvres se poser subtilement entre mon menton et ma lèvre. Je souriais derrière le voilage qu’elle m’imposait. Je savais que ça n’irait pas plus loin, ce n’était rien d’autre qu’un jeu, certes, il y avait entre nous une attirance indéniable, mais même après une soirée très, trop, arrosée, nous avions attendus que la tension soit à son comble, que nos corps nous supplient de céder, de perdre totalement le contrôle de nous-mêmes avant de se lancer dans notre première nuit enflammée, alors il ne se passerait rien pour rien, rien comme ça. On valait mieux que ça. Si ça avait été facile, je crois qu’il ne ce serait rien passé cette fameuse nuit. C’était déjà facile avec tous les autres, à quoi bon ? « On en était au moment où il faudrait que nous sortions sagement de cette cabine pour aller payer. » Foutue Kae’. C’est à la fois ce qui m’avait intrigué, insupporter tout en m’attirant chez elle. Vous vous demandez encore pourquoi je considère que cette nana est différente des autres ? Bon nombre d’entre elles auraient sauté sur l’occasion et pas seulement sur l’occasion, mais pas elle. Pas Kaeleigh. Elle arracha dernier morceau du tee-shirt qui était encore sur moi et me le tendis avec un sourire amusé. Sans un mot de plus, elle dégrafa sa robe pour la faire doucement glisser le long de son corps. « Fais attention de pas la craquer quand t’arriveras au niveau des fesses. J’tiens pas à payer une caution. » Mon regard ne la quitta pas de la première à la dernière seconde. Mes yeux se régalaient et moi avec. « Alors, je prends ? » me demanda-t-elle en suspendant la robe au bout de son doigt. Elle connaissait déjà ma réponse. « Bien sûr que tu prends, penses à ta soirée avec l’allumette. » Mon regard se posa alors sur ma trouvaille, enfin, sur celle de Kae’. Je prends, je prends pas ? « J’vais le prendre aussi vu qu’il t’a pas convaincu. Ca m’évitera peut-être de trouver une deuxième demie femme dans mon pieu demain matin. » Sans me retourner pour attendre sa répartie, qui, c’était sûr allait saisir l’occasion de re-pointer sa tronche, je sortis de la cabine. Elia n’avait pas bougé, elle dormait maintenant à poings fermés. Je profitai d’être seul pour m’accroupir devant la poussette et lui glisser quelques mots à l’oreille avant de l’embrasser. A chaque fois le même manège, quand je la regardais trop longtemps ou quand elle prenait les manies et expressions de sa mère, j’étais forcé de fermer les yeux pour chasser l’image et la douleur qui la suivait. Je détestais ça. J’étais en colère contre rien, mais surtout contre tout. J’haïssais Andrea d’avoir infligé une telle épreuve à sa fille, notre fille. Elle aurait pu, tant bien que mal, grandir sans son père, mais sans sa mère ? Je la retrouverais dans quinze ans avec les cheveux rouges, un garçon à chaque bras et avec trois piercing dans la langue, j’en étais persuadé. Souvent, je me demandais ce qu’il aurait fallu faire pour lui éviter ça, pour nous éviter ça. Fuir Andrea quand elle m’a annoncé sa grossesse ? Hors de question, j’avais trop souffert de l’absence de mon père pour lui imposer la même chose. Insister pour qu’Andrea ne garde pas l’enfant ? Non, bien sûr. Elia était la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivé, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle. Alors, quoi ? A qui je pouvais m’attaquer ? En vouloir à Andrea d’être morte ? Stupide. J’étais en colère, tout le temps, parce que je n’avais personne à blâmer. Kae’ se décida enfin à sortir à son tour de la cabine. « Tu te battais avec le rideau ou.. ? » Je lui lançai un sourire et repris possession de la poussette pour la guider jusqu’aux caisses où les vendeuses nous attendaient, impatientes de nous voir de plus près. D’un œil méfiant, l’une d’elles se mit en place derrière sa caisse en nous voyant nous rapprocher. « On se dépêche de sortir de ce trou et ensuite on file acheter des couches à.. Comment elle s’appelle déjà ? » Outrée, la commerçante nous dévisagea. A tous les coups, elle passerait un coup de fil à la D.A.S.S dès que nous franchirons les portes vitrées. Sur le comptoir, je déposai la robe et le tee-shirt. La vendeuse semblait ne pas réagir. « Hm. En fait, je voudrais acheter ça. » Elle sursauta légèrement en s’arrachant à ses rêveries. Elle passa son « bip bip » sur ce qui viendrait agrandir nos penderies respectives. « Ca vous fera 245$ s’il vous plaît. » Je sortis mon portefeuille de la poche de mon jeans, en l’ouvrant je tombai nez à nez avec une photo de ma mère. Je souriais et la vendeuse semblait de plus en plus inquiète. Je laissai tomber quelques billets devant elle. Elle compta, recompta et re-recompta ce que je lui avais donné. « Oui, y’a 100$ de trop. C’est pour vous, utilisez-les pour acheter une montagne de magazines à scandales et lâchez vos clients. Ah, et prenez aussi quelques cours de subtilité, histoire de. » Dans un élan de cynisme, je m’inclinai devant elle en souriant. Une fois sortis de la boutique, je me tournai vers Kae’. « Et maintenant ? Les toilettes ? »
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MessageSujet: Re: Lutter contre la peur de lutter. Lutter contre la peur de lutter. - Page 2 EmptyMer 24 Aoû - 16:20

Remember...


Liam et moi, c’était facile, tout en étant difficile. On ne se prenait pas la tête pour un rien. Et lorsqu’il y avait lieu de se faire une remarque cinglante, c’était toujours pour une bonne raison. Mais on aimait se chercher, aussi bien physiquement que mentalement. Si nous avions fini par passer une nuit des plus sensuelles, c’est bien parce que l’attirance était réciproque. Cette attirance que l’on avait fait mûrir durant des mois, avant de céder à notre propre caprice et notre désir décuplé par le temps. Pourtant, cette nuit ne semblait pas avoir influencé notre relation. Nous ne nous envoyions pas plus de messages qu’à l’ordinaire, nous ne nous passions pas davantage de coups de fil. Combien de filles auraient déjà imaginé la robe blanche et le bébé en se réveillant dans le lit de Liam ce matin-là ? Un certain nombre. Avec le recul, je me rendais compte que nous étions sans doute plus fusionnels qu’avant, plus complémentaires. Je l’avais aimé le temps d’une nuit, à ma manière.

Les deux vendeuses de la boutique devaient bouillir intérieurement ; d’une part parce nous les insupportions, et d’autre part parce que Liam commençait à les faire tourner en bourrique. Pour le coup, je n’aurais pas aimé être à leur place. Mais personne ne leur avait jamais demandé d’être bornées sur des principes à la con après tout ; elles ne pouvaient s’en prendre qu’à elles-mêmes. Lorsque Liam congédia celle qui nous avait apporté les verres d’eau, je décidai qu’il était temps de quitter la cabine. J’enlevai à Liam son tee-shirt, tout en prenant soin d’y amener ma touche personnelle. Je l’embrassai dans le creux formé par sa lèvre et son menton avant de lui rendre la vue. Cela faisait partie de notre jeu ; à croire que la partie ne se terminerait jamais. Cependant j’en restai là, n’ayant pas l’intention de pousser le vice à l’extrême. Je me contentai de lui rendre ma trouvaille avant de me déshabiller à mon tour. « Fais attention de pas la craquer quand t’arriveras au niveau des fesses. J’tiens pas à payer une caution. » Je me contentai d’arborer un sourire niais qui parlait de lui même. Il avait toujours quelque chose à répondre de toute façon ; un peu comme moi, c’est vrai. Une fois la robe complètement enlevée, je lui demandais son avis final. « Bien sûr que tu prends, penses à ta soirée avec l’allumette. » Alors que j’allai attraper mon short sur l’attache du mur, je lui lâchai une tape sur l’épaule. « Change de disque mon pauvre Liam ! » « J’vais le prendre aussi vu qu’il t’a pas convaincu. Ca m’évitera peut-être de trouver une deuxième demie femme dans mon pieu demain matin. » Cette réflexion me laissa de marbre, intentionnellement. Alors que j’ouvrai la bouche pour répondre, Liam quitta la cabine, le tee-shirt à la main. C’était mieux ainsi ; la pauvre Ellia était toujours dans sa poussette, abandonnée par son père en détresse. Si Aurlanne avait été là, elle nous aurait sermonnés pendant bien vingt minutes et nous aurions baissés la tête comme deux vrais gamins fautifs. Avant de me rhabiller, j’en profitai que Liam soit sorti pour jeter un coup d’œil à mon téléphone. Je fouillai bien trente secondes dans mon sac à main avant de le trouver. Aucun appel en absence. J’aurais aimé que John m’ait appelée, mais en reposant mon mobile dans mon sac, je réalisai que cette perspective n’était pas plus envisageable qu’il y a un mois. Désabusée, j’enfilai mon short en jean avant de remettre mon tee-shirt. En ce qui concerne mes chaussures, je dus m’asseoir sur le parquet vieilli pour les lacer, ce qui me prit bien cinq minutes. J’attrapai enfin mon sac et à peine sortis de la cabine, Liam me lança un petit pic adorable. « Tu te battais avec le rideau ou.. ? » Je coinçai doucement son menton entre mon pouce et mon index avant de répondre. « C’est plus ou moins ça. » C’était plutôt avec mes chaussures que je m’étais battue mais je ne voulais pas lui donner un moyen de me taquiner une fois de plus. Non, je ne lui ferai pas ce plaisir. Je lâchai son menton en souriant avant de le suivre. Elia avait ouvert les yeux et je me placai à côté de la poussette pour lui gratouiller le ventre. Elle sourit en bougeant ses jambes, les yeux écarquillés. Nous avançâmes vers la caisse lorsque Liam lança : « On se dépêche de sortir de ce trou et ensuite on file acheter des couches à... Comment elle s’appelle déjà ? » Me doutant qu’il voulait que je joue le jeu jusqu’au bout, je le fixai d’un air interrogateur avant de répondre. « Carol ?.. Ah non, ça c’est ta cousine ! J’t’ai dit qu’on retiendrait jamais son prénom ! » Nous étions alors en face de la caisse et la vendeuse nous regarda un à un, l’air dubitatif et contrarié pour la poupée qui gazouillait dans la poussette. J’attendis que Liam pose son tee-shirt sur le comptoir avant de poser ma robe un peu plus loin. J’ouvris mon sac et me mis à chercher mon portefeuille probablement enfoui au fin fond de ma besace. Lorsque je mis la main dessus, je relevai la tête tandis que Liam s’adressait à la vendeuse : « Oui, y’a 100$ de trop. C’est pour vous, utilisez-les pour acheter une montagne de magazines à scandales et lâchez vos clients. Ah, et prenez aussi quelques cours de subtilité, histoire de. » La robe avait disparu du comptoir et dépassait du sachet que la vendeuse tendait désormais à Liam. Je regardai Liam qui se contenta de me sourire et le suivis à l’extérieur de la boutique. Je me hissai légèrement sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la joue. « Merci ! » Je savais que l’argent n’était pas un problème pour lui, comme pour moi d’ailleurs, mais il fallait avouer que c’était plutôt sympathique de sa part. « Et maintenant ? Les toilettes ? » « C’est tentant, mais j’ai une meilleure idée » Je lui souris avant de l’entraîner de l’autre côté de la grande allée. Nous rejoignîmes l’avenue principale du centre commercial et je finis par me poster devant un photomaton. « Grimace pas, j’ai pas de photo de toi. » J’arquai un sourcil avant de tendre les bras en direction d’Elia. Cette dernière me sourit, signe qu’elle voulait sortir de son couffin. La petite file dans les bras, je poussai Liam dans une cabine un peu différente de celle où nous avions passé le début de la matinée. Je fis glisser quelques pièces à l’endroit convenu à cet effet avant de m’asseoir sur la cuisse gauche de Liam, Elia dans les bras. « Une grimace, et j’te les fais payer Liam » J’éclatai de rire et patienta avant que le premier flash n’immortalise ce moment quelque peu atypique. Liam était la seule personne avec qui j’aimais faire ce genre de conneries. Nous avions beau assumer pleinement notre rôle d’adultes, nous étions restés de grands gamins ; et même Elia semblait plus mature que nous pour le coup. Je savais déjà que les photos finiraient au-dessus de mon lit, rejoignant celles des personnes que je considérai comme importantes dans ma vie, et dieu sait que je les comptais sur les doigts de ma main. « OUISTITI ! »
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