Sujet: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Dim 19 Déc - 22:06
❝ We're standing on the rooftops Everybody scream your heart out.❞
« Tu me fais chier ! ». Oui, il m’arrive d’être doté d’une élégance sans pareille, dès lors qu’il s’agit de vociférer des insultes. En l’occurrence, ce n’était pas moi qui avait commencé, mais ma petite sœur, Juliette. Elle me reprochait de ne pas avoir participé à l’échange à nouveau, en gros, de ne pas être retourné en France. Cela faisait donc deux heures que nous étions en train d’échanger des paroles plutôt sympathiques, à coup de traître et de chieuse, bref, accord parfait chez les Saint-Rémy. D’un autre côté, qu’est-ce que j’aurais bien pu foutre là-bas ? Je n’avais plus aucune attache qui me donnait envie de rentrer. Je savais en plus que je ne couperai pas à l’obligatoire visite chez mes parents, et cette perspective n’était franchement pas des plus réjouissantes. Nous nous étions quitté assez froidement. En fait, soyons plus réalistes, cela faisait des années que nos accords étaient froids. Aussi je ne regrettais pas une seule minute d’avoir pris mon envol pour la Californie, accompagné de ma chère petite sœur. Ne vous y trompez pas, j’aime ma sœur bien entendu, mais elle peut se révéler franchement insupportable. Surtout lorsqu’elle est là, en face de moi, à me crier dessus et que je prends mon plus bel air d’exaspération, parce que je sais que ça l’énerve encore plus. Mon adorable cadette eut un mouvement de surprise face à mon insulte qui, il fallait bien le dire, la prenait franchement au dépourvu. J’étais assez nerveux, violent et tout le tralala mais dès lors qu’il s’agissait de me prendre la tête avec quelqu’un, j’étais tellement calme et arrogant qu’en général ils finissaient automatiquement par me foutre la paix. Manque de bol, Juliette me connaissait très bien et savait comment je fonctionnais, cherchant à trouver les failles qui me feraient accepter ce qu’elle demandait. D’un autre côté, techniquement elle ne pouvait plus rien me reprocher, puisque l’échange venait de s’achever, autrement dit, je ne risquais pas de retourner de sitôt dans mon pays natal. Voyant qu’elle était toujours incapable de répondre face à un tel manque de sang-froid, j’enchaînai. « Je n’ai strictement aucune envie de voir les parents, je n’ai aucune envie de retourner à Paris, encore moins à Monaco et si ça ne te plaît pas, ce sera la même chose, je suis clair ? » Sans lui laisser le temps de me répondre, j’enfilai une veste et sortai de ma chambre. Dieu qu’elle pouvait être agaçante quand elle s’y mettait celle-là. A me rendre dingue. Je dévalai les escaliers et sortit de ma maison de confrérie, les Delta. Voilà, elle avait réussi à me foutre les nerfs en pelote. Instinctivement, je tâtai la poche de ma veste en cuir, et avec un sourire de triomphe je sortis un paquet de Marlboro qui s’y baladaient. J’allumai la cigarette, soudain envahi de bien-être. J’inspirai profondément. Si Juliette pensait une seule seconde qu’elle réussirait à me manipuler, elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Je n’écoutais personne et n’en faisait qu’à ma tête, pourquoi mon comportement aurait-il changé sous prétexte que je ne vivais plus en France ?
Machinalement, je pris la direction d’un endroit que j’avais l’habitude de fréquenter dès lors que j’aspirai à un peu de tranquillité, loin des cris hystériques de la frangine. Le toit de Berkeley offrait une vue somptueuse non seulement sur le campus, mais également sur tout San Francisco, au loin. Etant un endroit supposé interdit d’accès aux élèves, j’avais ainsi la chance d’être souvent seul, assis, les pieds dans le vide, fumant clope sur clope, avec une bière lorsque j’étais chanceux. C’était aussi souvent là que j’amenais de futures conquêtes, leur sortant le grand jeu. C’était bien plus drôle ainsi. Après avoir ouvert la porte, je grimpai les escaliers en colimaçon qui permettaient d’y accéder. J’eus un sourire amusé en voyant le cadenas accroché à la porte pour empêcher quiconque ne possédant pas la clé de s’aventurer dans cet endroit interdit. Ils avaient beau être riches à Berkeley, ils étaient infoutus d’acheter un cadenas de qualité. Une simple pression dessus, et il s’ouvrit comme par magie. Mes pieds me traînèrent directement en direction du bout du toit. Il faisait nuit noire, bien entendu, je n’aurais pas voulu m’y aventurer autrement. A cette heure-ci, j’avais au moins bon espoir que personne ne vienne troubler ma quiétude. Je m’installai comme à mon habitude, balançant mes pieds dans le vide, fumant lentement ma cigarette, observant tout autour de moi. Il n’y avait pas âme qui vive, ni dans le parc, ni ailleurs. Les lumières et décorations de Noël qu’on observait au loin donnait un aspect assez étrange, bien que magnifique, au décor. D’ailleurs Noël approchait à grand pas et je ne pouvais m’empêcher de repenser à ceux que l’on passait en famille, à Gstaad, dévalant les pistes de ski de la station, puis regardant un film dans le chalet familial, un feu réchauffant toute la maison en bois dans la cheminée. J’étais plus habitué aux pulls en cachemire qu’aux tee-shirts pour célébrer cette fête. Oui, soyons sérieux, je ne regrettai pas une seule seconde de ne pas être aux sports d’hiver pour célébrer une fête que mes parents utilisaient comme prétexte pour réunir toute la famille. J’étais même ravi de me trouver ici, sur le toit de Berkeley, bercé par une douce brise, mais où la température restait toutefois assez élevée pour ne pas avoir besoin d’un manteau ou d’une écharpe. Le paradis. Je farfouillai une nouvelle fois dans ma poche et en sortis fièrement mon iphone. Rien de tel qu’un peu de musique pour éviter de sombrer dans la déprime seul ici. J’appuyai au hasard sur un des titres affichés à l’écran mais ne changeai rien. La nouvelle chanson de Cassius résonnait dans mes écouteurs. Bercé par la musique, je m’allongeai sur le sol, les jambes pendant toujours dans le vide. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi, où j’étais seul au monde, avec ma musique pour seul compagnon. Mais bien sûr, toutes les bonnes choses ont une fin, y compris la solitude. Un bruit me fit me relever brusquement. Je tournai la tête, cherchant d’où provenait l’origine. Mon cœur manqua un battement. Génial, il ne manquait plus que ça. Une grande blonde venait de faire son apparition sur le toit, grande blonde que je tenais particulièrement à éviter, surtout ces derniers temps. Autumn Rowen-Glaswell, la Beta la plus célèbre du campus, en personne. Quel veinard je faisais. Je me levai d’un bond, prenant garde à ne pas perdre l’équilibre et me retrouver quatre mètres plus bas. Je me dirigeai vers elle, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait pas ne pas m’avoir vu. « On peut savoir ce que tu fous là ? ». Oui, je n’étais pas d’humeur à utiliser les politesses de rigueur dans ce genre de situation, ma querelle avec Juliette encore présente à mon esprit.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Lun 20 Déc - 20:45
❝ I wish i could cut all ties, you go your way and i’ll go mine. ❞
Depuis que tout était parti en fumée, il y a déjà quelques mois, les souvenirs restaient ancrés en elle, les images imprimées sur le rideau de ses paupières, se manifestant à elle dès qu’elle fermait les yeux. Tous ces gestes, son corps contre le sien, sa main sur sa joue, l’étreinte brûlante de ses lèvres contre les siennes, elle croyait encore les sentir, et ce éternel brasier brûlait en elle dès qu’elle fermait les yeux. Pourquoi était-ce si difficile d’oublier ? D’effacer tous les moments qu’ils avaient passé ensemble, d’empêcher les derniers mots de leur dispute de résonner à l’intérieur de sa boîte crânienne en plein cœur de ses rêves ? C’était un mystère qu’elle ne parvenait pas à résoudre, et même l’équipe de Scooby Doo n’avait pas la réponse. Encore une fois, installée sur son lit, les écouteurs dans les oreilles, elle montait, montait le son jusqu’à s’en faire exploser les tympans, pour s’éviter de penser, pour essayer d’oublier. Elle ne comprenait pas. En ce moment, tout semblait flou, les journées s’écoulaient dans une sorte de brouillard, il lui arrivait même de ne pas aller emmerder les petites geeks amassées devant la cafétéria, autour d’un ordinateur, à regarder leurs dernières nouveautés geek-iennes. Quoi qu’elle fasse, tout semblait la ramener à cette nuit interminable, à ces mots échangés, à ce hurlement inhumain qui était sorti d’entre ses lèvres, qui lui crachait au visage de dégager à jamais de sa chambre, de sa vie. Le séjour à Paris lui avait permis de se vider la tête, et presque de passer à autre chose. Mais il avait suffit d’un pas dans l’enceinte de Berkeley pour tout bouleverser à nouveau, et la ramener dans cet état d’esprit comateux et incompréhensible.
Dans ses oreilles, la belle chanteuse australienne murmurait presque ces paroles de chansons déprimantes à souhait, ces mots qui la frappèrent de plein fouet. Elle délirait. Elle devenait complètement folle. Tout ça, à cause de lui. Elle était en train de tomber du mauvais côté, allait basculer dans le fossé, sans personne pour la rattraper en bas. Il ne fallait pas que ça arrive. Bien qu’une petite voix en elle lui murmurait qu’il était déjà trop tard, elle refusait d’y croire. Autumn Rowen-Glaswell ne pouvait pas perdre le contrôle, que ce soit sur une situation, ou sur elle-même et ses sentiments. Elle pouvait tout maitriser, tout contrôler, elle le devait. Se redressant brutalement, elle arracha ses écouteurs de ses oreilles, et balança son Ipod à travers la pièce désespérément vide de colocataires. Elle avait juste besoin d’air, d’une bonne cigarette et d’un vent frais pour lui éclaircir les idées. Elle n’était pas tombée dans le fossé, c’était ridicule. Ouvrant son armoire, laissant claquer la porte de bois contre la table de nuit inutilisée, elle fouilla dans l’immensité de son armoire pendant quelques minutes, et finit par opter pour une jupe malgré le temps assez froid, et un tee-shirt blanc, pas frileuse le moins du monde. Ou alors complètement folle. Autumn saisit son sac posé sur une chaise, ainsi que sa veste noire, et sortit de la pièce, claquant la porte derrière elle. La jeune femme savait exactement l’endroit qu’il lui fallait pour faire le point.
Elle avait presque tout prévu tandis que ses bottines noires Manolo Blahnik gravissaient les marches de pierre qui menaient jusqu’au toit de l’un des bâtiments de l’université. Elle fumerait clope sur clope, ses jambes de déesse pendues dans le vide, et penserait comme une dingue à tout ce qui s’était passé, jusqu’à en devenir dingue. Puis, elle s’arrangerait pour réquisitionner le geek adorablement sexy qu’elle avait repéré l’autre jour pour l’ « aider » à faire sa dissertation du lendemain. A moins que…bref, elle verrait. En tout cas, elle savait exactement que le toit allait être vide, et la vue sur les étoiles et sur San Francisco à couper le souffle, vu la pleine lune. C’était parfait. Du moins dans son esprit. Encore une fois, la réalité allait bien vite détruire ces belles illusions.
Elle poussa de l’épaule la lourde porte. Si elle avait fait plus attention, elle se serait rendu compte que le cadenas était déjà ouvert, alors que d’ordinaire c’était à elle de le faire. Mais là, elle ne le vit pas. La main plongée dans son sac à la recherche de son paquet de Marlboro, elle n’aperçut pas non plus la silhouette installée précisément à sa place, une cigarette entre les lèvres, les yeux rivés sur l’horizon. Ses doigts tremblants sortirent le paquet, et elle leva enfin sa tête, rejetant ses cheveux blonds en arrière. C’est là qu’elle le vit. Pas son visage, uniquement sa silhouette qui se découpait dans l’ombre créée par la nuit et la seule lueur de la lune. Le paquet de cigarettes tomba à ses pieds. Ses pupilles bleutés ne pouvaient pas se détacher de lui. Son cœur manqua un battement, et, lorsqu’il sembla retrouver son fonctionnement normal, il s’emballa de plus belle, battant contre ses côtes jusqu’à lui couper le souffle. Ce n’était pas possible. Pitié, tout sauf LUI. Elle avait beau cligner des paupières comme une folle, il ne disparaissait pas. Au contraire, l’apercevant, il se leva et s’approcha d’elle, accélérant encore plus son cœur, ce qu’elle ignorait possible. Putain. Elle ne voulait pas le voir, pas lui parler, plus jamais. Mais il n’y avait pas d’échappatoire. Okay, il fallait qu’elle contrôle la situation. Ce n’était que lui, ce débile qui la hantait, qu’elle avait envie de balancer en bas de l’immeuble tout autant que de l’embrasser. Celui qu’elle ne pouvait pas oublier.
Ces simples paroles étaient comme une claque dans le visage. Elle voulait lui sauter dessus et lui griffer le sien, jusqu’au sang, simplement parce qu’il avait fait d’elle une loque, une personne qu’elle ne reconnaissait presque plus en regardant dans le miroir. Depuis qu’il s’était approché, elle n’avait pas regardé une seule fois droit dans ses yeux. Autumn se pencha, et ramassa son paquet de clopes, avant de lever enfin ses prunelles vers lui. Elle le fixa, impassible, avec toute l’indifférence et la méprise dont elle était capable, essayant d’ignorer la bataille furieuse que se livraient son cœur et ses côtes, ces dernières se battant pour éviter que son organe vital ne sorte d’elle et éclate sur le béton glacé du toit. « Je te retourne la question. T’as pas des filles à aller sauter, quelque part dans un buisson ? » Tout ce qu’elle voulait, c’était un moment de répit. Loin de tout, loin de lui. Mais apparemment, il ne lui laisserait pas ce plaisir. Pas question qu’elle le laisse gagner, elle ne partirait pas de ce toit. Autumn avança, son épaule frôlant la sienne, vers le bord du toit, où elle laissa ses yeux se perdre dans l’immensité des lueurs de San Fransisco. Sa présence à quelques mètres d’elle suffisait pourtant à la rendre dingue. Craquant, elle finit par se retourner vers lui, et poussa un profond soupir. « Pourquoi t’es pas resté à Paris ? » Ce ne fut qu‘un murmure, comme prononcé pour elle-même, et rapidement emporté par une brutale rafale de vent. Un grincement se fit alors entendre. Autumn tourna le regard vers la porte. Où était le petit tuyau qui la retenait ouverte ? Merde, merde, où Est-ce qu’il était ? Elle était pourtant persuadée de l’avoir mis. Une autre rafale de vent se leva, avant même qu’elle n’eut le temps de se diriger vers la porte. Cette dernière claqua dans un bruit sourd…l’enfermant à quatre mètres de haut avec son plus grand désir…ou son pire cauchemar.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Lun 20 Déc - 21:50
❝ We're standing on the rooftops Everybody scream your heart out.❞
J’étais connu pour être un séducteur, un tombeur, appelez-ça comme vous voudrez. J’étais exactement le genre de personne qui rendait les filles dingues et mièvres, tombant follement amoureuse de moi, priant pour une nuit de plus, encore une autre, dans mes bras, moi priant pour qu’elles me foutent la paix. J’étais le stéréotype même de l’enfoiré de service. J’avais brisé tellement de cœurs en vingt-deux d’existence qu’il m’était impossible de me rappeler de toutes celles qui avaient espéré que je le rappelle le lendemain, qui m’avaient insulté de tous les noms en me voyant avec une autre fille. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Je ne suis fait ni pour les sentiments, ni pour les relations sérieuses, ni pour les attaches. Je suis libre, indépendant, fougueux et je me fiche de tout le reste. Seul mon bon plaisir compte, et si pour l’atteindre je dois me taper la terre entière, et bien je le ferai, parce que je suis ainsi fait. Voir des filles pleurer ne me faisait nullement ressentir coupable, bien au contraire. J’en tirai un immense plaisir, me délectant de les voir succomber à la tentation que je représentais. Il fallait dire que j’étais un parfait séducteur, maîtrisant à la perfection le moindre code, le moindre moyen de mettre une fille dans mon lit. J’étais un joueur, et plus mes conquêtes étaient difficiles à obtenir, plus je m’en réjouissais. J’étais ce qu’on pouvait appeler un Valmont des temps modernes, dieu de la débauche et du sexe. Seule une fille avait jamais réussi à me faire me sentir minable, moins que rien, presque. Et elle se trouvait pile en face de moi, sur le toit où j’étais venu chercher un semblant de solitude. C’était bien la dernière personne que je m’attendais à voir ici. Pour tout dire, je la croyais encore à Paris. A cet échange auquel j’avais refusé de participer. Elle était une des raisons – inavouées – de ce refus de m’y rendre. Car aller là-bas signifiait que je la verrais fréquemment, or c’était tout sauf ce que je voulais. Tout ce qui m’importait, c’était de l’éviter. Je me souvenais encore parfaitement de tout ce qui c’était dit la dernière fois que nous avions été seul à seul, de ces mots blessants, pour elle comme pour moi, brisant notre égo surdimensionné plus facilement qu’un château de cartes.
Je faisais en sorte de ne pas y penser, en passant du temps avec pas mal de filles, notamment, mais malheureusement, il semblait que les derniers mots qu’elle avait prononcé se soient imprimés dans ma tête au point de refuser d’en sortir. C’était frustrant de n’avoir aucun contrôle sur cela, moi qui était habitué à toujours faire comme bon me semblait. Me faire envoyer paître par une sublime blonde qui avait eu le privilège de partager mon lit durant plusieurs semaines, c’était quelque chose que mon égo avait eu du mal à digérer, même encore maintenant. Mais il n’y avait pas que mon amour-propre qui avait été touché ce soir-là. Quelque chose s’était brisé en moi, quelque chose que je n’arrivais pas à identifier, comme un mal inconnu dont on cherchait l’origine sans la trouver. Et voilà qu’après tout ce temps, Autumn se tenait là, face à lui, aussi belle que dans ses souvenirs. Peut-être plus, encore, si cela était possible. Elle semblait refuser obstinément de le regarder dans les yeux. Apparemment, il n’était pas le seul à avoir encore une sorte de faiblesse un peu vicieuse qui s’emparait de lui chaque fois qu’il la croisait. Ce n’était pas rassurant pour autant, ceci dit. Au contraire, c’était peut-être même plus frustrant. Ma question, agressive, était encore le moyen le plus simple d’enfouir très profondément une histoire plutôt passionnelle. Ainsi, elle saurait que son escapade à Paris n’avait absolument rien changé et que notre dernière dispute était toujours aussi présente dans mon esprit. J’avais beau le vouloir, mon esprit n’arrivait pas à passer à autre chose, j’étais bien trop rancunier pour mettre de côté tous ces reproches que l’on s’était balancé à la figure l’un de l’autre. C’était comme un film dont on passerait en boucle le même moment. Pas de conte de fée, toutefois. J’étais loin d’être un prince charmant, ou alors seulement en apparence et quant à Autumn, elle faisait une princesse un peu trop dépravée pour pouvoir figurer dans les contes de fée de notre enfance. Sa réponse fut au moins autant agressive que ma question. Touché. J’eus un sourire narquois, plein de mépris. « Mais non ma chérie, il n’y a que toi que je saute dans les buissons voyons. Et par ailleurs c’est moi qui étais là le premier, c’est moi qui pose les questions, pas l’inverse. » Réflexion digne d’un gamin de primaire mais je n’avais pas vraiment le cœur à y mettre les formes ce soir. Entre ma dispute avec ma chère et tendre sœur et Autumn qui se tenait là, pile en face de moi, prête à se jeter sur moi – et pas dans le bon sens du terme – on pouvait dire que dans le genre soirée pourrie, je me posais là. De toutes les façons, il était hors de question que je parte du toit. Je ne lui ferai pas ce plaisir, j’étais venu là avant elle, par conséquent il me revenait à moi le droit d’y rester, que cela lui plaise ou non. Mais apparemment elle n’avait pas l’air de vouloir faire mine de partir, aussi j’imaginais que je devrais me la coltiner toute la soirée, pour ma plus grande joie. Elle s’avança vers le bord du toit, se tenant à l’exact endroit où j’étais à peine quelques minutes auparavant. J’en profitai pour allumer une nouvelle cigarette, salvatrice. J’entendis les mots qu’elle prononça, qui ne semblaient pourtant pas m’être destinés, malgré ce que l’on aurait pu croire. Toutefois, je jouai le jeu, faisant le malin qui ne comprenait pas de quoi elle voulait parler. « Je n’étais pas à Paris. Mince, je pensais que j’étais plus visible que ça tout de même, tu brises mon cœur en mille morceaux ». Un grincement sonore me fit sursauter et c’est avec effarement que je vis la porte du toit, notre seule issue de secours, à vrai dire, se refermer lentement, ostensiblement, presque moqueuse, même. Je n’eus même pas le réflexe de courir la rattraper avant qu’elle ne nous enferme sur le toit. J’applaudis des deux mains, franchement énervé. « Félicitations Autumn, grâce à toi, nous sommes bloqués sur ce toit. Bon dieu ce que tu peux être stupide ! ». Je me précipitai vers elle – la porte, pas Autumn -, cherchant à tout prix un moyen de l’ouvrir. Je ne pouvais concevoir une seule seconde de passer ma nuit ici, seul avec elle. J’avais envie de pouvoir rentrer chez moi vivant ce soir, et vu comme nous étions partis, il me semblait peu probable que j’y arrive, encore moins si je continuais mes provocations. Cette foutue porte semblait prendre un malin plaisir à vouloir rester fermée. « Il ne manquait plus que ça. Formidable. » Je retournai m’asseoir sur le bord du toit, sans lui accorder un seul regard. Je continuai de fumer ma cigarette, les yeux fixés au loin, frustré. J’avais un peu de mal à concevoir comment nous allions réussir à passer la nuit ici tous les deux. Un toit, Autumn, moi, plein de possibilités, et parmi elles, très peu où je pense survivre.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Jeu 23 Déc - 13:37
Au fond d’elle, pendant qu’elle gravissait les escaliers, elle avait eu cette impression qui la tiraillait de faire une erreur, que ce qui l’attendait là-haut n’était pas ce qu’elle cherchait, et pourtant, elle avait continué de monter les marches deux par deux, sans se soucier de ces foutus pressentiments auxquels elle ne croyait pas. Après tout, elle avait tout prévu, elle contrôlait tout. Maintenant qu’il se tenait face à elle, et qu’elle retrouvait en elle ces étranges sensations qui l’avaient habitée dès l’instant où il avait franchi la porte de sa chambre pour la dernière fois, elle savait qu’elle aurait dû l’écouter, cette petite voix. Il n’avait même pas besoin d’entrouvrir les lèvres qu’il la rendait déjà dingue, rien que son petit visage parfait lui mettait les nerfs en pelote. De quel droit se procurait-il son endroit, son repaire secret ? Cela ne faisait que quelques secondes qu’ils se trouvaient face à face, et elle sentait déjà cette brûlure qui la déchirait intérieurement, cet ouragan de colère qui s’emparait d’elle. Elle voulait le frapper, le balancer en bas de l’immeuble, c’était juste incontrôlable, elle était incapable d’être à ses côtés sans être énervée contre lui. Il fallait en plus, qu’à la moindre ouverture qu’elle lui offrait, il s’y engouffre, qu’il la descende encore plus en lui rappelant les douloureux moments qu’ils avaient vécu dans un passé désormais révolu. Ou pas.
D’un côté, Autumn mourrait d’envie de partir, à des milliers de kilomètres de cet endroit, de son visage, de se noyer dans son bain pour noyer le souvenir de sa peau contre la sienne, noyer toutes ces remarques qui, malgré la face placide et indifférente qu’elle lui affichait, l’atteignait en plein cœur. Il avait le don de viser juste à chaque fois, et c’était toujours plus douloureux. Mais, de l’autre côté, elle voulait rester, parce que s’enfuir signifiait abandonner, le laisser gagner, et c’était une chose qu’elle ne pouvait décemment pas faire. Aussi, elle ne bougea pas d’un pouce, garda ses prunelles rivées sur les siennes, ignorant tant bien que mal le tamtam incessant de son cœur. Si seulement il n’était jamais venu ici, n’avait pas participé à l’échange proposé par la Sorbonne, si seulement elle ne l’avait jamais rencontré. Tout serait tellement plus simple. Ce n’était qu’un grincement, bruit infime comparé au vent qui se déchainait encore plus à cette hauteur. Et pourtant, ce minuscule son s’infiltra dans ses oreilles avec un air de condamnation. La porte du toit, poussée par le vent, était en train de se refermer. Hélas, le temps que l’information monte au cerveau des deux jeunes gens, le temps qu’ils réagissent, la porte avait déjà émis un claquement métallique, les enfermant. Les yeux écarquillés, la panique s’infiltrant en elle, Autumn fixa la porte refermée sans réagir, sans même courir, ses jambes refusant de lui obéir, son cerveau refusant de comprendre ce qui s’était passé, et la situation dans laquelle ils se trouvaient désormais. Les applaudissements évidemment faux d’Alban la sortirent de sa transe. Quoi ? En plus, il l’accusait. C’en était trop. La lave qui bouillonnait en elle depuis quelques temps, accumulations de tout ce qu’elle pensait sur lui, de toute sa rancœur et sa haine, explosa en un instant. « Tu te fiches de moi, là. De ma faute, ça serait de ma faute ?! T’aurais pu réagir plus vite pour empêcher la porte de se refermer ! Oh, mais monsieur doit être trop crevé après ses parties de jambes en l’air pour faire le moindre effort, n’est-ce pas ! Rejettes pas la faute sur moi, t’es tout autant fautif. T’étais le plus près de la porte. » Dieu que ça faisait du bien de se défouler. C’était ridicule, et pourtant, elle se sentait beaucoup mieux une fois qu’elle lui hurlait dessus, cela lui faisait un bien fou, elle pourrait continuer toute la nuit s’il le fallait. Autumn secoua légèrement la tête pour chasser ces drôles d’idées, et regarda sans bouger un centimètre de doigt de pied Alban s’acharner sur la porte fermée. Elle savait déjà que tout était foutu. Après tout, la porte était lisse, il n’y avait pas de poignet de leur côté, et, à moins que le jeune homme ne se transforme en Hulk, il ne pourrait pas avec ses petits bras leur ouvrir le chemin vers la liberté. Après quelques longues secondes, il finit par abandonner la bataille, et retourna s’installer à sa place, au bord du toit, rallumant sa cigarette, comme s’il attendait patiemment la fin. Sa fin n’allait pas tarder à arriver, Autumn étant furieusement tentée de le pousser en bas de l’immeuble. Okay, on va commencer par calmer ses pulsions meurtrières. De toute façon, coincés là ensemble, ils finiraient forcément par s’entretuer.
Récupérant son sac posé sur le sol, Autumn le balança négligemment sur son épaule, avant d’observer attentivement les environs. Il devait y avoir une autre sortie, ce n’était pas possible autrement. Elle la trouverait, s’en irait sans même un regard ou une parole, déménagerait en Australie, là où elle n’aurait plus jamais à voir sa tête et à sentir des abeilles tueuses s’agiter dans son estomac. A chacun de ses pas, ses bottines claquaient sur le béton du toit, seul bruit venant troubler le silence de la nuit. S’approchant du bord, elle contempla quelques instants les personnes quelques mètres plus bas, qui se bécotaient sur un banc, tel un couple de vieillards se remémorant leur amour. C’était ridicule. Ses yeux roulèrent en signe d’exaspération, puis elle continua son tour, observant s’il n’y avait pas une fenêtre un mètre plus bas où elle pouvait descendre, une échelle de secours, tout et n’importe quoi. Il n’était que question d’elle, pas de lui. Qu’il crève tout seul sur son toit, la clope au bec, pour ce qu’elle en avait à faire -hum, ou pas, grosse menteuse. Elle acheva son tour du toit sans trouver de véritable issue. La seule échelle de secours permettant de descendre ne montait pas jusqu’au toit, s’arrêtant un étage plus bas. Pour descendre par là, il fallait donc risquer une chute d’un mètre cinquante au moins, et essayer de ne pas se prendre une barre métallique dans le dos, ou de mal viser et tomber dans le vide. Bref. We are SO screwed.
Après quelques minutes passées à errer, à la recherche d’une solution, Autumn finit par abandonner. Bien que la dernière chose dont elle eut envie, était de passer ce moment de pur cauchemar avec Alban, ses pieds la portèrent automatiquement vers l’endroit où le jeune homme s’était oublié, une cigarette à la bouche, toujours les yeux rivés sur l’horizon, comme si les lumières de la ville allaient lui donner la solution. Lâchant son sac par terre, elle s’installa à ses côtés, et retourna à sa quête première, celle d’une cigarette. Retrouvant son paquet, elle l’ouvrit et en sortit une, avant de se rendre compte qu’elle avait oublié son briquet sur son bureau, dans sa chambre, quelques mètres plus bas. Génial. Elle savait pertinemment que si elle demandait à Alban, il allait l’envoyer paître ; pourtant, elle savait exactement qu’il gardait son briquet dans sa poche droite, celle qui se trouvait d’ailleurs juste à côté d’elle. Sans même demander l’autorisation préalable, elle glissa sa main dans sa poche, récupéra le briquet, alluma sa cigarette, et tendit à nouveau le briquet au jeune homme. « Merci. » Quoi, elle n’avait peut-être pas demandé l’autorisation, mais au moins elle le remerciait. Le silence plana quelques instants, la fumée qu’ils soufflaient se levant au-dessus du vide, en même temps que le balancement régulier des jambes nues -malgré le froid- d’Autumn. Cette proximité effrayante n’aidait pas vraiment la jeune femme à penser clairement. Cherchant à poser sa main à côté d’elle, elle frôla quelques secondes durant la main du jeune homme, posé à l’exact endroit où elle voulait mettre la sienne. A croire qu’il passait son temps à être où elle voulait être, s’installer où elle voulait aller. La retirant rapidement, elle la passa dans ses cheveux et fixa l’horizon, se sermonnant mentalement, comme si cela allait empêcher son cœur de s’emballer. Quelques secondes, ou minutes plus tard, ne supportant plus cette ambiance pesante, il fallut qu’elle l’ouvre. « Si tu sautes, peut-être que quelqu’un remarquera que je suis coincée là haut. » Évidemment, lui serait mort, et, honnêtement, elle ne savait pas si c’était une excellente idée, ou la pire chose qui puisse arriver. Elle roula des yeux, et reporta son regard en bas, tirant sur sa cigarette avidement. En plus, il n’y avait personne qui passait autour du bâtiment à cette heure tardive ; personne pour venir les délivrer. Génial. « Puisque tu es tellement plus intelligent que moi, pourquoi tu trouverais pas une solution, au lieu de rester planté là ? Un sourire mesquin traversa son visage. Ou peut-être que tu préfères apprécier ma compagnie un peu plus longtemps, ajouta-t-elle. Il n’y avait pas grand espoir que ce soit vrai, mais bon, qu’avait-elle à perdre ? Elle avait l’impression qu’elle pouvait dire et faire n’importe quoi, cela ne quitterait jamais ce toit, puisqu’ils ne risquaient pas d’en sortir vivants.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Mer 29 Déc - 18:42
❝ We're standing on the rooftops Everybody scream your heart out.❞
Je n’éprouvais rien qui pouvait se rapporter à de l’amour pour Autumn. Tout au mieux éprouvais-je de l’attirance, ou avais-je éprouvé car cette époque me semblait franchement révolue. A présent, le seul sentiment dont j’étais capable à son égard, c’était du mépris. Tout en elle m’agaçait, depuis sa façon de marcher jusqu’à son attitude avec les garçons à faire ses moues insupportables. Elle était exaspérante et pourtant, toujours aussi incroyablement attirante. Elle était de ce genre de filles dont on ne se débarrassait jamais réellement et moi encore moins. Le souvenir de toutes nos coucheries me revenait en mémoire chaque fois que nous nous croisions et le séducteur que j’étais devait bien admettre que j’avais rarement connu une fille comme elle. Elle était mon alter égo, au féminin, une fille aussi douée que moi pour attraper ses proies, telle une mante religieuse, et nous nous étions trouvés, l’un comme l’autre, utilisant les mêmes techniques de séduction. Accord parfait, nous étions le couple qu’on ne pouvait manquer. Beau et belle, désirés de tout le monde. La seule erreur dans notre plan sans faille ? Nous étions pareils. Plus proches du frère et sœur que du copain et copine. On connaissait l’autre aussi bien que l’on se connaissait et pour cause, nous sortions du même moule. Frustrant. Notre dernière dispute avait été largement à la hauteur de notre histoire passionnelle. Pour un peu, nous aurions presque fini par faire l’amour une dernière fois. Au lieu de cela, j’étais parti, furieux. Non pas contre elle, ni contre moi, ni contre la fin de notre couple. En fait je ne savais même pas pourquoi j’étais en colère, ni pourquoi je lui en voulais tellement. Peut-être qu’il était compliqué de faire face à l’abominable vérité : il n’y avait pas assez de place pour nos deux égos surdimensionnés, ni pour notre fierté. Nous avions toujours été un couple atypique, il n’y avait aucune raison que notre rupture le soit moins. Et pourtant, elle avait été semblable à celle d’un couple véritable, qui se serait aimé à en crever et qui finirait par lâcher prise. Seule restait cette attirance mutuelle qui ne s’en irait probablement jamais, car on aurait beau dire, nous restions deux êtres doués d’un sex appeal incommensurable.
Pour l’heure, ce n’était pas tant l’attraction que j’éprouvais pour elle qui dominait mais ma colère, impétueuse, qui prenait le dessus lorsqu’elle le voulait sans même que je ne puisse la contrôler. J’étais agacé d’être coincé ici, sur ce toit, avec une tentation cruelle en face de moi à laquelle je n’avais même plus le droit de toucher. Et j’étais persuadé qu’elle ressentait la même chose que moi. Nous étions deux lions tournant dans une cage, attendant que le premier se jette sur l’autre. Alors, quoi de plus simple pour éloigner cette tentation que de m’énerver à tout va, la blâmant pour tous les maux ? Rien, c’est bien la raison pour laquelle j’étais furieux. Et il semblait qu’elle n’était pas mieux, elle aussi en colère contre moi. Il était étrange de voir comme cette colère n’avait rien à voir avec le fait d’être coincé ici avec moi. Ce qui me donnait cette impression ? Sa remarque concernant mes parties de jambes en l’air, qui, il fallait l’avouer, étaient assez nombreuses. Mais à mes yeux, ou plutôt mes oreilles, cette remarque sonnait plus comme de la jalousie mal placée venant de sa part. Une jalousie, qui je devais l’admettre, me faisait jubiler, satisfaisant ainsi mon égo particulièrement élevé – au moins j’avais le mérite de le reconnaître. « Fais gaffe Rowen-Glaswell, je vais finir par croire que tu es jalouse de ne plus être la privilégiée dans mon lit. Et pour avoir testé, tu connais mon endurance, ce n’est pas ça qui m’empêcherait de courir fermer une porte. Toi en revanche, tu es la blonde de service qui ne fait même pas gaffe à une porte. Une PORTE, bon dieu, c’était pas compliqué de la refermer soigneusement si ? C’est de TA faute, moi je n’y suis pour rien si tu ne fais jamais attention à rien ». Je bouillonnais littéralement. En fait, je crois que nous n’avions que deux solutions sur ce toit : nous entretuer, ou nous jeter l’un sur l’autre. Bien que la deuxième solution fut des plus alléchantes, je me doutais pertinemment que là tout de suite, elle aurait donné absolument n’importe quoi pour me jeter du toit. Assis sur le rebord, tirant sans relâche sur ma clope, je tentais, en vain, il faut l’admettre, d’oublier la présence de l’indésirable n°1 sur le toit. Chose peu aisée lorsque celle-ci s’amuse à se promener partout à la recherche d’une issue. Mais non ma belle, aucune issue possible. Ce soir, c’est toi, moi et le toit, et si ça ne te plaît pas tu peux te pendre aussi, ça ne me pose pas de problème. Je suivais sa silhouette du coin de l’œil, bien que mon regard fût toujours dirigé en face de moi. Elle semblait vouloir chercher une solution côté gouttière. Manque de bol chérie, j’y ai déjà pensé et ça ne marchera pas, mais tu peux sauter si t’as envie. Je m’enjoignis à me taire, au moins silencieusement. Si j’avais prononcé cela à haute voix, nul doute que mon jolie petit minois se serait déjà écrasé plusieurs mètres en dessous de moi. Autumn finit par lâcher prise et s’asseoir à côté de moi. Je continuais à l’ignorer, fumant toujours ma cigarette. Elle sembla vouloir faire de même. Impassible. J’attendais de voir le moment où, se rendant compte qu’elle n’avait pas son briquet, elle serait forcée de faire quelque chose pour récupérer le mien. Jubilatoire, vraiment. Déjà lorsque nous étions ensemble elle l’oubliait toujours, ou le perdait. J’avais fini par penser qu’il faudrait lui mettre un GPs, histoire qu’elle finisse par le retrouver. Mais elle me prit un peu au dépourvu, plongeant spontanément sa main dans ma poche droite. Un point pour elle, au moins elle n’avait pas non plus oublié que le mien était toujours au même endroit. Elle me remercia, ce que j’estimais être la moindre des choses. Je ne pris même pas la peine de répondre, les yeux toujours fixés au loin. Le moment viendrait où il faudrait que l’un de nous parle, après tout, mais tant que ce n’était pas moi, ça m’était franchement égal. Mon cœur rata un battement lorsque je sentis sa main frôler la mienne, en cherchant à la poser par terre. Je fus épaté de la vitesse avec laquelle elle la retira, comme si elle venait de se brûler. Et bien, au moins je lui faisais toujours autant d’effet, si elle ne supportait pas de pouvoir me toucher – mon raisonnement dépassant quelque peu les règles normales de la logique.
Je m’en doutais et mes soupçons me donnèrent raison, elle ne supporta pas bien longtemps le silence pesant entre nous. Je tentais de dissimuler un sourire, c’était du Autumn tout craché ça aussi, incapable de tenir en place, encore moins de se taire. Je haussais un sourcil à sa remarque. « Possible, mais ils préfèreront me porter secours à moi plutôt que de se précipiter pour t’ouvrir la porte du toit sur lequel ni toi ni moi ne sommes censés aller. Mais hormis ça c’était une bonne idée ». Je savais que ce petit ton suffisant avec lequel je m’adressais généralement aux gens la rendrait dingue. Et pas dans le bon sens du terme. Bingo, elle avait tenu au moins trente bonnes secondes avant d’exploser à nouveau. Je ne pris même pas la peine de la regarder s’énerver, je ne supportais pas ses crises de colère, ça au moins ça n’avait pas changé. « Fais ton boulot Sherlock, moi j’ai déjà fait le mien. Il n’y a aucune issue de secours qui ne nous oblige pas à risquer de nous rompre le cou et tu vois, je tiens un peu trop à moi pour prendre ce genre de risque. Alors remballe ta joie, parce que si ça peut te rassurer je donnerais tout pour ne pas être coincé ici avec toi. Pour ne pas être avec toi tout court en fait ». C’était mesquin et puéril mais elle me mettait hors de moi avec ses remarques à la con. « En revanche je pourrais te retourner la question, qu’est-ce qui me dit que tu ne m’as pas suivi, ça serait bien ton genre ça ! » Je me levai d’un bon, jetant ma cigarette qui alla tomber quelques mètres plus bas, et me décalai de la bordure du toit. Notre proximité m’énervait, et le plus loin je me tiendrai d’elle, le mieux cela vaudrait pour moi.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Jeu 30 Déc - 21:09
Elle le détestait. De ses petits airs suffisants, ses phrases de drague complètement pathétiques, elle allait jusqu’à éprouver une profonde haine pour les simples et ridicules choses qui pouvaient se rapporter à lui ; que ce soit son nom encore écrit dans son répertoire -d’ailleurs, qu’est-ce qu’il traînait encore là- jusqu’au couloir qui menait jusqu’à la porte de sa chambre, dans le petit bâtiment prétentieux qui habitait la confrérie des deltas. Bien que tout en elle vibre de haine envers lui, ce tout ne pouvait également s’empêcher de trembler d’un autre sentiment, mêlé et en même temps bien distinct des genres de sentiments que l’on a envers un ennemi. A cet instant précis, ses yeux fixés sur l’horizon, et sa proximité à la fois énervante et tentante, elle espérait ne jamais l’avoir rencontré. Ne jamais avoir posé les pieds à cette fête, ne jamais avoir croisé son petit regard de sale pervers de première. Mais il était trop tard pour remonter le temps. Elle savait pertinemment que l’ouvrir n’arrangerait pas les sentiments conflictuels qui lui tordaient l’estomac, pourtant, elle ne put pas s’en empêcher. Le silence était trop pesant, il l’écrasait, l’étouffait. Autumn avait besoin de bruits de discussions, d’éclats de rire, au moins d’un fond musical, tout pour éviter qu’elle entende ses pensées plus que perturbantes s’entrechoquer dans son esprit. Elle n’avait pas envie d’entendre sa réponse, pas envie d’entendre le son de sa voix ; mais c’était inévitable. Et, comme prévu, il ne manqua pas d’y mettre ce petit ton suffisant qui la rendait dingue. Elle allait le tuer, sérieusement l’étriper. A cet instant, elle eut bien envie d’essayer de prendre cette échelle de secours, qui pourtant ne montait pas jusqu’au toit. Juste essayer, histoire de partir d’ici, et de ne plus jamais voir son visage. Elle avait une chance sur deux de s’en sortir, après tout, c’était de bonnes statistiques. Mais la simple idée de se rompre le cou, de s’éclater une jambe contre le macadam quatre mètres plus bas, lui coupa toute envie de tenter l’aventure. Pas question qu’elle crève, simplement pour ne plus être avec lui. Il allait encore s’imaginer qu’il avait le pouvoir de donner l’envie aux gens de crever, ça ne manquerait pas de le flatter, ce pauvre.
Coups de poignards, violents, en plein cœur. Mais ça, il n’avait pas à le savoir. Alors que les dernières paroles que le jeune homme lui balança en pleine figure la touchèrent profondément, elle n’en laissa rien paraître. Mine indifférente, tirant inlassablement sur sa cigarette, les yeux fixés sur les lumières à l’horizon, elle mourrait pourtant à l’intérieur, son cœur explosant et répandant son sang sur tous les autres organes présents aux alentours. Cela faisait des mois que tout était terminé, qu’il avait claqué la porte et n’était jamais revenu ; des mois que des hurlements se bousculaient dans sa tête ; des mois que, soigneusement ils s’évitaient, ne croisaient même pas le regard de l’autre, déviaient de leur trajectoire pour ne pas passer près de l’autre. Elle le faisait pour ne plus jamais avoir à ressentir ce qu’elle avait ressenti les derniers jours de leur relation, cette chaleur étouffante à sa proximité, ce cœur prêt à exploser, cet énervement mêlé à cette envie violente de poser ses lèvres contre les siennes, encore plus violente que d’ordinaire. Autumn ne voulait pas faire partie des faibles, elle ne voulait pas tomber. Pourtant, en quelques minutes à peine, ces belles promesses, ces serments faits à elle-même s’étaient fêlés, et, doucement, faiblissaient, s’effondraient. Elle savait que ses pieds s’approchaient lentement de la falaise, qu’elle se trouvait beaucoup trop près, plus près qu’elle ne l’avait jamais été. Mais elle savait pertinemment qu’elle ne devait pas tomber ; parce qu’en bas, personne ne serait là pour la rattraper, et il ne resterait d’elle qu’une pauvre loque pleurnicharde. La brillante, pulpeuse, dévoreuse d’hommes se transformerait en l’une de ces petites minables qu’elle détestait plus que tout. Et ça, jamais. La jeune femme accusa le coup, ignorant la douleur, et tourna la tête vers Alban, tandis que ses yeux s’écarquillèrent. Quoi ? Il déconnait, là.
Un rire s’échappa d’entre ses lèvres, moqueur. D’accord. Elle ne l’avait pas oublié, elle n’y arrivait pas. D’accord, elle était jalouse, folle de jalousie comme ça ne lui était jamais arrivé. D’accord, elle l’a….non. Elle rien du tout, rien du tout, jamais. Mais tout ça, il ne le savait pas. Il s’imaginait simplement qu’il était le meilleur coup du monde, le plus beau de tout le campus, celui que toutes les filles s’arrachaient, et qu’elle, Autumn Rowen-Glaswell, n’avait rien de mieux à faire que de le suivre partout comme une espionne ? « Oh, please. Te suivre partout, c’est tellement primaire. Excuses moi, mais, contrairement à tes espérances, je suis pas membre de ton fan-club ; j’ai autre chose à faire que te suivre partout. » Elle n’avait pas quitté sa place, ne lui avait pas non plus accordé un seul regard en débitant sa réponse fracassante. Des centaines de mecs se bousculaient à sa porte, elle pouvait avoir ceux qu’elle voulait, quand elle le voulait ; et, au lieu d’en profiter, elle passerait son temps à le prendre en filature ? Ce n’était pas son genre, alors là, pas du tout. Elle daigna enfin tourner la tête vers lui, et écrasa sa cigarette consumée à moitié sur le muret sur lequel elle était installée. « Je croyais quand même que tu me connaissais mieux que ça. » Un sourire se dessina sur son visage quelques secondes, avant de s’effacer. Elle savait qu’elle aurait dû descendre une vodka pure avant de monter sur le toit. Certes, ça ne l’aurait pas aidée dans la réflexion qu’elle avait prévue, mais dans cette situation, lui à quelques mètres, son sale sourire suffisant collé au visage ; qui pourtant, ne l’empêchait pas de penser à lui mordre les lèvres, cette vodka l’aurait au moins aidée à moins cogiter, à être plus tranquille face à cette situation. Hum, ou pas.
Ils devaient peut-être essayer de positiver, de s'installer et de discuter tranquillement. Après tout, s'ils étaient si semblables, peut-être pouvaient-ils terminer bons amis. Oh, de qui elle se fichait, ils étaient faits pour se détester, ils semblaient programmés à une destruction mutuelle, ils exploseraient tous les deux après une bataille sanglante qui se terminerait d'ici quelques heures. Ils ne pouvaient pas survivre bien longtemps ensemble dans la même pièce, depuis le temps ils l'avaient bien compris. Leurs deux ego sur-dimensionnés ne rentraient pas, et, même ici, l'univers tout entier qui s'étendait au dessus de leur tête ne semblait pas suffire à les contenir tous les deux. L'espoir était vain dans cette situation précise. Ils ne pouvaient terminer amis, ils ne pouvaient terminer amants, ils pouvaient juste se détester tout en se désirant jusqu'à la fin des temps. Fin tragique, mais méritée pour ces deux énergumènes qui vénèrent plus les nuits de sexe sans lendemain que les longues histoires d'amour qui finissent bien. La jeune femme poussa un soupir, et fut tentée de reprendre une cigarette, mais Alban s'était levée, et elle refusait de lui courir après comme un chien, même si c'était uniquement pour son briquet. De plus, elle était déjà assez énervée comme cela. Et, un seul moyen lui semblait bon pour se détendre. Un moyen horrible, qui mène souvent à des fins tragiques, mais qui se trouvait, après une profonde réflexion, dans son sac. Autumn le soupesa et l’entrouvrit, avant de commencer à fouiller à l’intérieur. Les secondes s’écoulèrent lentement, mouvementées par les brefs coups de vents et le bruit de la main d’Autumn fouinant sans cesse dans son sac. Finalement énervée, elle vida tout le contenu de son sac sur le sol en béton. Des tonnes de maquillage, de mouchoirs, de petits papiers Sephora humides de parfum, son portefeuille, son Blackberry dans sa pochette en cuir, un carnet de notes, un stylo, et, enfin ce qu’elle cherchait. Une…dizaine petites bouteilles en verre qui tenait dans sa main. De l’alcool, évidemment. Pile ce qui lui fallait. Ou pas. Ignorant le regard d’Alban fixé sur elle, qui devait sans doute la prendre pour une alcoolique- ce qui n’était pas le cas, elle se contentait d’amener un grain de folie partout où elle allait, simplement- elle l’ouvrit, balança le bouchon en bas du toit et prit une gorgée. L’alcool lui brûla automatiquement l’œsophage, puis l’estomac, douleur futile comparée à ce qu’elle pouvait ressentir à cet instant. Levant les yeux vers Alban, elle lui tendit la bouteille, levant un sourcil d’un air interrogateur. « T’en veux ? Ça t’aideras à me supporter, après tout on en a pour la nuit. Elle laissa échapper un rire. C’est drôle, y’a pas si longtemps que ça, t’avais pas de problème avec ça. » Franchement, elle devait arrêter les références à leur relation passée, ça ne faisait qu’augmenter le malaise entre eux, qui était déjà à couper au couteau. Posant ses mains à plat sur le petit muret, elle tenta de se lever d’une pression, et manqua de basculer en avant. Elle avait vidé à peine une demi-mini-bouteille de vodka certes pure, mais tout de même. L’alcool, l’énervement et le désir incontrôlable ne faisait pas bon ménage dans son organisme.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Sam 1 Jan - 17:52
Rares étaient les personnes qui arrivaient à me supporter. Ceci dit, je ne pouvais pas vraiment les blâmer, j’étais la quintessence du petit gosse de riche pourri gâté, suffisant, méprisant, aussi. Ce qui ne m’empêchait pas de vivre, loin de là. C’était mon avantage : aucune remarque ne m’atteignait, je me moquais de tout, de tout le monde, la seule personne qui revêtait une quelconque importance à mes yeux se trouvait sur le toit : c’était ma petite personne. Je me foutais royalement de ce qui pouvait bien arriver aux autres tant qu’à moi ça ne me nuisait pas. Bref, j’étais autant envié que détesté sur le campus, et ça m’était parfaitement égal. Tout comme le fait de me retrouver coincé sur le toit avec mon ex aurait du m’être égal. Mais elle, ce stéréotype de la blonde belle, riche, parfaite, jetait une ombre sur mon tableau idyllique. Elle était bien la seule qui arrivait à me faire perdre, parfois, mes moyens. Parce que nous étions les mêmes, je savais que la moindre de mes remarques pouvait l’atteindre, tout comme le faisaient les siennes. C’était un fait, nous étions probablement les deux seules personnes capables de se blesser mutuellement. Et c’était là tout le problème, à vrai dire. C’était pour ça que notre couple ne pouvait en aucun cas marcher. Comment voulez-vous que deux personnes faites pour le célibat et pour les tableaux de chasse à 20 colonnes, indépendants et bien trop accros à leur liberté puissent décemment se mettre ensemble et former un couple uni et amoureux ? Je pense qu’il y a un gros problème dans l’équation. On le savait, je crois même que nous l’avions su le premier jour où nos regards s’étaient croisés, on ne pouvait pas avoir une relation stable, parce que les tentations étaient bien trop grandes, pour l’un comme pour l’autre. Accepter d’être un couple fidèle, c’aurait été renoncer à absolument tous mes principes, et j’ai beau être un petit con narcissique, je tiens à mes principes. J’étais fait pour être seul, pour mettre dans mon lit tout celles qui réussiraient à obtenir mon attention mais quoiqu’il arrive, les choses étaient toujours claires : je couchais, puis je changeais. Aucune raison qui quiconque puisse faillir à ce principe. Même Aurlanne l’avait compris.
Nous aurions pu rester ensemble, après tout, nous formions le couple idéal, mais le problème des passions amoureuses, c’est qu’elles finissent toujours par nous faire nous entretuer. Ce n’était pas faute d’avoir fixé les règles dès le début : en couple, éventuellement, mais le terme plus approprié serait en relation libre. L’un comme l’autre nous avions le droit de passer des nuits endiablées avec d’autres personnes sans que nous ne puissions trouver à redire là-dessus. Sauf qu’il est apparu évident que ce genre de situation était intenable. Si moi je me moquais pas mal que d’autres garçons puissent l’avoir, elle en revanche avait bien plus de mal à le supporter. Couper court tout de suite à la relation, aussi douloureux que cela ait pu être, était la solution la plus simple et probablement la meilleure. Pour moi en tout cas, ça l’avait été. Je m’étais contenté de passer à autre chose le plus naturellement du monde. Je n’étais pas franchement du genre à me formaliser des ruptures – qui étaient peu nombreuses d’ailleurs, vu mon incapacité chronique à être fidèle ET en couple – raison pour laquelle dès le lendemain j’avais fait comme si de rien n’était. Aux gens qui me demandaient de ses nouvelles, je répondais, avec ma fierté de mâle, que nous n’étions pas vraiment ensemble. Réponse à la fois évasive et claire, personne ne s’attardait plus longtemps et de toute façon rares étaient les personnes s’aventurant à me poser ce genre de questions. Alors Autumn et moi nous nous évitions, ce qui était une fois encore la solution à mon goût la plus simple. Prétendre qu’il ne s’était rien passé même si nous gardions en mémoire le souvenir d’ébats brûlants.
Notre couple n’avait été pour moi qu’une passade, un événement au cours de mes vingt-deux années de vie, mais je restais surpris de voir la hargne avec laquelle elle prononçait ses phrases. Je sentais de la rancœur, de la jalousie, du mépris émaner de chacune de ses paroles, que j’encaissais et auxquelles je répondais avec un plaisir non dissimulé. Et voilà, à présent, plus personne ne pouvait m’atteindre, même pas elle. Elle tentait de toucher là où ça faisait mal, mais manque de chance, ça ne faisait plus mal nulle part. J’encaissais ses remarques moqueuses avec une suffisance parfaitement visible sur mon visage. « Mes espérances n’incluent pas le fait d’être suivi par un toutou blond, si cela peut te rassurer ». Touché coulé. A croire que j’avais vraiment envie qu’elle me fasse passer par-dessus le muret pour que je m’écrase. Mais il était tellement tentant de la faire sortir de ses gonds que je ne pouvais manquer une seule occasion de le faire. Et puis la fureur lui allait bien au teint, tout le monde n’avait pas cette chance. « Et si tu trouves ma remarque ridicule, tu comprendras peut-être combien la tienne l’était également. Un prêté pour un rendu. Tu attaques, je mords. On ne se refait pas ». C’était presque un jeu, à chaque pique qu’elle me lançait, je contre attaquais par une autre remarque tout aussi mesquine. Cela tenait plus de la joute verbale qu’autre chose, et c’était bien là tout l’intérêt. L’avantage d’être un gosse de riche c’est qu’on a l’habitude de répliquer aux attaques des gens, et pour ma part, j’étais passé maître dans ce domaine.
Je regrettais de m’être éloigné du muret. A présent, j’étais résolu à faire les quatre cent pas autour du toit, ce qui n’était pas bien long. Je regrettais franchement d’avoir laissé mon portable dans ma chambre. Il aurait suffi d’un coup de fil, un seul, et nous retrouvions notre liberté et notre mépris commun. Mais non, bien sûr, tant qu’à faire les choses bien, mieux valait que je l’ais oublié sur mon lit défait en pensant que de toute façon je n’en aurais pas besoin. Ce qui au final n’était pas si faux. Si Autumn n’avait pas été assez stupide pour ne pas vérifier la fermeture de la porte, je serais à l’heure actuelle déjà revenu dans ma chambre. Me morfondre sur mon portable bien rangé ne nous aiderait toutefois pas à nous faire sortir de là. Mais si moi je l’avais oublié, peut-être qu’elle, au contraire, l’aurait. Il fallait bien qu’elle serve à quelque chose, vu qu’elle était responsable de notre présence ici. « Dans ton extrême intelligence, tu n’aurais pas pensé à prendre ton portable dans ta valise ? » fis-je en désignant son sac à main d’un regard. Je ne me faisais pas grand espoir, j’avais dans l’idée que si elle l’avait, elle l’aurait déjà utilisé pour se sortir d’ici. De toute façon, j’eus l’impression qu’elle ne m’avait pas entendu. Autumn semblait en pleine recherche de quelque chose dans celui-ci. Une multitude d’accessoires tombèrent au sol lorsqu’elle le secoua. Je levai les yeux au ciel. Typiquement un sac féminin, rempli de choses complètement inutiles. Non mais sérieusement, qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre avec des papiers de chez Séphora ? Mais mon mécontentement se transforma en joie lorsque je vis son Blackberry tomber également du sac. Joie qui s’envola très rapidement. Si elle ne prenait même pas la peine d’utiliser son Blackberry, j’imaginais, non sans un pincement au cœur, que celui-ci devait être HS. Ce qui nous ramenait exactement au même point que plus tôt, à savoir nulle part. Nous étions toujours coincés ici, sur ce toit, sans personne pour venir nous aider. Mais Autumn semblait avoir une façon bien elle de faire passer le temps, digne de son rang de fêtarde accomplie au sein de Berkeley. Elle finit par sortir de son sac ce que je supposai être le Graal, une mignonette de vodka. Pure. J’étais franchement partagé entre amusement et consternation. Elle n’avait pas changé d’un iota. Après s’être descendu la moitié de la petite bouteille en une seule gorgée, elle finit par me la tendre. « Merci », dis-je en la prenant. Dix petites secondes plus tard, la mignonette était entièrement vide. J’avais toujours été connu pour mes fulgurantes descentes d’alcool, que ce soit à Monaco ou ici sur le campus. « C’est drôle, y a pas si longtemps que ça on s’insultait dans ta chambre». Je n’avais pas particulièrement envie de revenir sur le passé même avec de l'alcool. D'ailleurs, pour ma part, aussi peu d’alcool ne me fit aucun effet. « Dis-moi, tu comptes nous rendre bourrés avec 10 cl de vodka pure ? J’ai bien peur que ça ne soit pas suffisant ». Peut-être avais-je parlé un peu trop vite. Je la vis perdre l’équilibre. « Autumn, j’ai pas envie d’être accusé de meurtre si tu tombes du toit. Que tu ne tiennes pas l’alcool, c’est une chose, mais qu’on m’accuse de t’avoir poussé du toit, c’en est une autre alors t’es priée de reculer ». Si en plus je devais gérer les problèmes d’alcool de mademoiselle Rowen-Glaswell, je n’étais pas sorti de l’auberge. En fait je n’y étais même pas rentré.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Sam 8 Jan - 20:14
Le vide l’appelait, la légère brise du vent dans ses cheveux l’engageait à plonger. C’était ridicule, elle n’avait pas envie de se suicider, et n’en avait jamais ressenti le besoin…jusqu’à maintenant, jusqu’à ce qu’elle le retrouve. C’était dingue, il ne savait pas quel pouvoir il pouvait avoir sur elle, jusqu’où elle serait capable d’aller pour lui, elle qui ne s’était jamais dévouée entièrement à une relation, s’appliquant à plaquer le mec avant que l’attachement ne devienne trop important, et que les inquiétudes et les attitudes typiques de couples ennuyeux prennent le dessus sur les soirées délirantes passées l’un sur l’autre, trop attachés et aveuglés par l’attraction première. Mais là, elle ne savait pas, elle ne savait plus comment se comporter avec lui. Simplement se trouver sur ce toit en sa compagnie semblait être une épreuve trop douloureuse, qu’elle était incapable d’endurer sans une dose conséquente d’alcool dans le sang. Elle savait que c’était une très mauvaise idée, que la colère, et tous les autres sentiments étranges qui lui torturaient l’estomac depuis qu’elle avait à nouveau croisé son regard, le tout mélangé à même cette infime dose d’alcool, donnait un très mauvais mélange. Mais elle s’en foutait, tout semblait avoir perdu de sa consistance, lui semblait futile et ridicule. Tout ce qu’elle voulait, c’était l’oublier, l’effacer de ses pensées, de son existence, effacer le souvenir de sa peau contre la sienne. Tomber dans le vide semblait à cette seconde précise une bonne solution. Tout était mieux que d’être là, à subir son regard haineux sur elle, ses mots aussi transperçant que des lames de rasoir. Alors qu’elle se sentait vaciller, engourdie par la brise glacée, l’alcool, les pensées embrumées par la colère et l’incompréhension, ses doigts rattrapèrent le bord du muret et le serrèrent jusqu’à ce qu’ils deviennent blancs. Elle était là, penchée entre deux endroits, deux univers qui semblaient totalement opposés et qui pourtant appartenaient au même monde. En haut, il était là, en bas, il n’existerait plus. Mais plus rien n’existerait non plus, en bas, si elle se laissait tomber dans la nuit.
Et le simple son de sa voix recommençait à la torturer, douce mélodie aux oreilles des jeunes femmes qu’il s’amusait à amadouer, mais sirène d’alarme, véritable supplice pour la blondinette. Un frisson la parcourut, alors qu’il ne faisait pas si froid que cela. Plus elle passait de secondes sur ce toit, et moins elle se reconnaissait. Qui était cette fille frissonnante, énervée plus contre elle-même que contre ce débile, qui pourrait se damner pour oublier un garçon ? Ce n’était pas elle. Généralement, c’était les mecs qui devaient se damner pour essayer de l’oublier, et encore, même dans la mort elle savait qu’ils ne trouveraient pas le repos, son visage et son corps étaient tellement mémorables qu’ils viendraient les hanter dans leurs pires cauchemars pendant les dix prochaines années. Cependant, Alban ne semblait pas faire partie de ces personnes qui cherchaient à l’oublier, il semblait plutôt être de celles qui l’avaient rapidement effacée, à croire qu’ils étaient les pires ennemis depuis de longues années, et que leur relation violente et passionnée n’était qu’une incartade, rapidement supprimée de son disque dur. Et ça, ça la tuait. Qui était-il, pour ne pas chercher à la reconquérir, pour ne pas l’envier, la désirer, essayer de la conquérir encore et encore ? N’importe quel jeune homme enfermé ici avec Autumn Rowen-Glaswell aurait cherché à lui sauter dessus, avant de la blâmer pour avoir oublié de coincer la porte. Mais non, pas lui. Il était pourtant le seul, l’unique qu’elle désirait voir adopter ce comportement.
Autumn laissa échapper un rire, et se redressa, s’installant plus droite sur le muret. Elle garda le regard fixé sur l’horizon, les doigts serrant de plus en plus fort le béton, seule marque de son profond stress et désarroi quant à ses propres pensées. « Waw, j’en reviens pas. Même si j’irais me fracasser le crâne quelques mètres plus bas, la seule chose qui t’importunerait serait celle de te faire accuser de meurtre. On en croirait presque qu’il n’y a de la place dans ton cœur de béton que pour ta petite personne. Hum, hum. Comme si, si la situation était inversée, Autumn n’aurait pas réagi de la même façon. Elle tourna la tête vers lui en même temps qu’une brise de vent se leva, si bien que ses cheveux volèrent autour de sa tête, auréole dorée comme d’un mauvais présage. Ah, j’oubliais, c’est vrai, y’a vraiment que de la place pour toi. Pourtant, y’a pas de raison pour que tu t’adules autant. » Il était le plus égoïste, le plus macho, le plus coureur de jupons, le plus borné, le plus énervant et irrécupérable de tous les mecs qu’elle avait connus. Alors, pourquoi ne parvenait-elle pas à l’oublier, cela restait un mystère. Jouant avec le feu, elle lâcha le rebord du toit et se leva, se mettant debout sur l’espace bétonné qui ne faisait pas la largeur de son pied. Un sourire se dessina sur son visage. « Bon. Apparemment, on est loin d’être partis d’ici, alors autant s’amuser un peu. » Et c’est sur ces belles paroles que la belle Autumn leva son pied, et le secoua quelques secondes dans la direction d’Alban. L’une de ses bottines Manolo Blahnik qui avait un prix exorbitant valsa, et manqua de quelques centimètres de cogner la porte qui les avaient condamnés à être enfermés ici. Une mine déçue se dessina sur son visage. « Loupé. » Elle posa son pied nu sur le béton froid, frissonnant à ce contact, et leva l’autre pied toujours chaussé, avant de balancer la seconde bottine. Cette fois-ci, elle toucha la porte dans un bruit métallique fracassant. Se retournant, elle leva un sourcil satisfait vers Alban. D’accord. Ça ne résolvait rien, la porte ne s’était pas ouverte, ils étaient toujours ensemble, elle avait toujours envie de le tuer et de le serrer dans ses bras à l’en étouffer. De plus, elle n’avait pas l’air des plus intelligentes, à balancer ses chaussures, et allait forcément tomber malade vu sa tenue générale et la température qui se rafraichissait. Mais bon, elle faisait l’acrobate à quatre mètres du sol, avait les pieds nus sur du béton glacé, et puis elle avait envie d’oublier avec qui elle était, d’oublier tous ces sentiments qui la tracassaient…comme de profiter d’une dernière nuit ensemble, d’un break dans leur relation conflictuelle pour s’amuser comme ils savaient si bien le faire. Deux si belles créatures, et ne rien faire…n’était-ce pas du gâchis ? Pour elle, ça en avait tout l’air. Autumn sauta d’un bon en bas du muret, et attrapa une seconde mignonnette…hum, téquila. Intéressant. Sans prendre la peine de lever le nez vers le jeune homme, elle descendit les ridicules 10 cl de l’alcool d’une traite, ignorant la brûlure dans son œsophage, puis son estomac. Une fois cela fait, elle remonta sur son mur, et pivota sur un pied, telle une danseuse en équilibre très précaire sur un fil de deux millimètres. Les yeux fixés vers les lumières de la ville qui restaient allumées toute la nuit, sur la skyline pas autant impressionnante que celle de Manhattan, mais tout de même, sur les spots qui clignotaient dans un appartement un peu plus loin, un air de musique pop lointain s’échappant des fenêtres ; Autumn fut prise d’une envie de hurler. De lâcher tout ce qu’elle avait sur le cœur, de lui balancer de la merde à la figure, de l’emmener à côté d’elle, pencher sa tête vers le vide et le forcer à..à quoi au juste, elle ne savait pas. Cette envie de le torturer commençait à devenir un peu trop pressante. Se retournant à nouveau vers lui, elle le dévisagea longuement, l’estomac tout retourné pour une quelconque raison qu’elle n’avait pas envie de connaître. Elle poussa un profond soupir, et commença à faire quelques pas, d’abord hésitants, puis plus sûrs d’eux, sur le muret ; faisant des allers-retours et des demi-tours un peu trop près du bord. Après quelques minutes, elle s’arrêta brutalement, manquant de basculer sur le toit. « Tu comptes rester là toute la nuit, à prier pour qu’une âme charitable passe dans le coin ? Elle secoua légèrement la tête, soulevant ses cheveux blonds. Viens ! » Elle l’invitait à partager son muret, ça ne pouvait que mal finir. Peut-être qu’il pensait qu’elle allait le balancer en bas. Le voyant hésiter, elle roula les yeux en signe d’exaspération. « J’avais pas le souvenir d’un Alban aussi trouillard ! Au contraire, t’étais plutôt casse-cou. » Tout comme elle, un énième point commun entre eux. Elle reprit sa marche, accélérant le pas, constatant qu’ils pouvaient faire tout le tour du toit ainsi. Une idée surgit alors; Ce n’était pas raisonnable, assez dangereux, et puis honnêtement, elle n’avait pas le meilleur des sens de l’équilibre, surtout après avoir bu. Même 20 malheureux cl peuvent faire des dégâts sur une Autumn sérieusement remontée. « En combien de temps tu penses pouvoir faire le tour du toit ? D’ici, je parle, et…pieds nus. » Elle leva légèrement l’un de ses sourcils dans sa direction. « Je te le fais en dix secondes. » Okay, c’était plutôt ridicule. En plus, disons que, pieds nus sur le béton, il ne faisait pas très chaud. Ça sera à celui qui sait combiner équilibre et vitesse…cependant, il ne fallait pas se tromper..sinon, le saut dans le vide était assuré. Au point où ils en étaient. « A moins que tu préfères qu’on se raconte nos conquêtes depuis qu’on s’est quittés. Dans ce cas je te préviens, tu risques de souffrir, vu à quelle vitesse où je t’ai oublié. » Mensonge, énorme mensonge. Elle avait beau aligner toujours autant d’hommes à son tableau de chasse, être la personne la plus attirante de tout le campus-enfin, selon elle-, il était, et restait toujours ancré dans sa mémoire comme au premier jour. Elle se retourna, observant le maximum du trajet, réalisant que tout cela était vraiment trop fou, trop inconscient. Cela tombait à pic, elle avait bien besoin d’adrénaline ; pour la faire penser à autre chose qu’à lui.
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban Ven 14 Jan - 23:27
Peut-être que notre problème à Autumn et moi c’était ça : on était tellement semblables que ça foutait tout en l’air, un peu comme une équation mathématiques, positif plus positif égal négatif, et bien là c’était pareil : bourreau des cœurs plus bourreau des cœurs équivalait à un échec certain, sans que ni l’un ni l’autre ne puisse y faire quoique ce soit. Bon, moi ça ne m’avait pas empêché de vivre, heureusement. Peut-être qu’en fait je n’avais pas de cœur. Parfois, j’en venais vraiment à me poser la question, en voyant le peu d’émotions que j’étais capable de ressentir. Cela m’agaçait, parfois, d’être aussi blasé, en permanence. J’affichais un masque impassible, et le pire dans tout cela, c’est que ce n’était pas un masque, mais ce que j’étais véritablement : quelqu’un incapable de ressentir quoi que ce soit, hormis des choses superficielles. Alors je ne comprenais pas, je ne comprenais pas pourquoi Autumn semblait aussi perturbée en ma présence alors que personnellement, hormis de l’agacement, et de la colère également, bien que celle-ci se soit envolée en quelques minutes, je ne ressentais pas grand-chose. Je n’étais bien sûr pas vraiment à l’aise, comment voudriez-vous l’être alors que votre ex se retrouve coincée sur le toit avec vous ? Mais je m’en fichais, je faisais comme si de rien n’était et ça m’allait parfaitement. Tandis qu’elle… semblait bizarre. Elle se comportait de la même façon que d’habitude, désinvolte, légère et pourtant, je la connaissais suffisamment pour savoir que pour une fois, derrière cette attitude aussi normale se cachait quelque chose de plus. Etait-ce prétentieux de me part de croire que j’en étais la cause ? Non, ce n’était pas être prétentieux, tout au plus réaliste. Nous aurions été coincés dans un ascenseur, j’aurais pu penser que c’était la claustrophobie mais en l’occurrence, nous n’aurions pas pu avoir plus d’air libre et hormis le fait que nous étions coincés, il n’y avait pas vraiment de problème. Donc je ne pouvais qu’en venir à la conclusion que oui quelque chose n’allait pas et que ce quelque chose portait le doux prénom d’Alban. En fait, j’avais la sensation que ce n’était pas une question de sentiments, ou appelez ça comme vous voudrez, mais plutôt d’égo. Oui, son égo surdimensionné devait en avoir pris un sacré coup en voyant que je ne rampais pas à ses pieds quelques jours plus tard. Elle, la petite princesse adulée de tout le monde, aux mille et un prétendants, devait pour la première fois de sa vie réaliser qu’elle n’était pas infaillible et surtout, qu’elle pouvait tomber sur plus fort qu’elle à ce petit jeu-là. Tu vois ma belle, il ne faut jamais croire que ça ne t’arrivera pas à toi. Bien que personnellement je ne croie pas une seule petite minute que cela puisse m’arriver. Ce n’était pas être présomptueux que de penser ça, c’était être réaliste. Et le plus drôle, c’est que je savais que plus je me comportais tel l’enfoiré de base – ce que j’étais, bien entendu – plus ça l’agaçait, et l’attirait tout en même temps. C’était un paradoxe que j’étais incapable de saisir. Si je savais comment attirer les femmes, mes techniques concernant la psychologie féminine restaient à revoir.
Bref, tout cela ne nous avançait à rien, nous étions toujours coincés sur ce toit, sans personne pour nous sortir de là et avec assez d’alcool pour qu’elle soit complètement ivre et moi complètement sobre. Merveilleux. Sa remarque ne réussit qu’à me faire hausser un sourcil. Qu’avais-je fait pour mériter ça ? Bien sûr que oui, j’étais assez égoïste pour me soucier davantage de moi-même que d’elle, d’un autre côté on ne pouvait pas vraiment dire que un c’était nouveau et que deux elle n’était pas au courant. Il m’arrivait de bien cacher mon jeu, parfois, mais au point qu’elle-même ne le réalise pas… « Evidemment que c’est la seule chose qui compterait. Rappelle-toi, tu serais morte. Qu’est-ce que je pourrais bien faire de plus ? Et je n’ai pas besoin de m’aduler, les filles le font pour moi », fis-je d’un ton sarcastique. « Et t’es mal placée pour me faire la leçon de morale, puisqu’il n’y a pas si longtemps, t’en faisais partie, de ces filles qui m’adulaient ». J’aurais bien ajouté « et c’est encore le cas » mais je tenais beaucoup trop à ma vie pour m’y risquer. C’était le problème d’Autumn, on ne savait jamais vraiment comment elle allait réagir… Je la vis monter sur le minuscule muret séparant le toit du vide. Je n’étais pas franchement convaincu et sa remarque n’arrangea rien. Oui, s’amuser, ça c’était encore ce qu’elle savait faire de mieux, surtout avec un peu d’alcool dans le sang. Malheureusement, contrairement à elle, je ne voyais pas où résidait l’amusement dans le fait de jouer avec ma vie sur un muret à cinq mètres de hauteur, on m’excusera. J’étais du genre à aimer les défis, à prendre des risques juste pour le plaisir et plus les défis étaient compliqués et tordus, et plus j’y prenais un malin plaisir, quitte à y passer des heures juste pour avoir la satisfaction de réussir. C’était comme de séduire une jolie fille qui pourtant faisait tout pour que ça n’arrive pas mais qui de toute façon n’y arrivait pas plus de trente secondes. C’était jouissif de réussir, j’adorais cela au-dessus de tout, c’était l’une des seules choses qui me motivaient à vrai dire. Mais là, non, franchement, me balancer au-dessus du vide, très peu pour moi. « Oui, on n’a pas la même conception de l’amusement j’imagine » répondis-je en roulant des yeux. Je n’avais pas particulièrement envie de me taper un sprint juste pour la retenir avant qu’elle ne tombe en chute libre et qu’elle s’écrase quelques mètres plus bas. Elle enleva ses deux bottines avec un talent indéniable, faisant frapper la seconde contre la porte. Ce n’était pas ça qui nous aiderait à sortir, mais si elle, elle s’amusait au moins… On ne pouvait pas en dire autant me concernant, la regardant jouer avec le feu ne m’inspirait aucune passion, à peine un peu de dédain. Mais n’ayant rien d’autre à faire, je continuais à la fixer du regard, attendant patiemment qu’elle arrête son petit manège. Toutefois elle n’en fit rien, semblant considérer que c’était un jeu des plus drôles. Soit. Je l’observai descendre une mignonette de téquila. Tandis qu’elle remontait sur le petit muret, je fis de même, me servant allègrement dans son sac. Je n’allais certainement pas me laisser abattre. Je sortis une nouvelle cigarette, la troisième en… combien… 30 minutes ? C’était bien la seule chose que je pouvais faire, et je pouvais ainsi calculer le temps qui s’écoulait. Une cigarette, six minutes. Un paquet ne serait pas suffisant pour tenir toute la soirée. Je continuais à la fixer sans vraiment la voir, mes pensées à des kilomètres du toit. En fait, je repensais à la dispute avec ma sœur. Tiens, tu vois Juliette, tu disais qu’il ne fallait pas que je prenne de risques inconsidérés ? T’es servie. Même quand je ne demande rien les soucis me rattrapent. Sa voix fluette me ramena à l’instant présent. « Oui, en effet, ça me paraît être une solution bien plus intéressante que faire ma maline sur un muret, c’est certain ». Je n’avais aucune envie de monter sur ce foutu muret, la seule perspective qui me paraissait un tant soit peu alléchante, c’était de me tirer de là, de rentrer dans ma chambre et de dormir et oublier cette nuit de malheur. Tout ce qu’elle réussirait à faire, c’était de faire une chute et quoi que j’en dise, je ne me sentirais pas particulièrement réconforté par cette optique. Sa remarque m’arracha un soupir de frustration. Bon dieu, mais elle ne pouvait pas être décemment bourrée avec 20 cl d’alcool si ? « Désolé, mais risquer ma vie me paraît un peu trop casse-cou, même pour moi. Mais je t’en prie, continue, je t’observe très attentivement ». Et voilà qu’à présent elle se lançait des défis à elle-même. Ca promettait. Ou plus exactement ça ne me disait rien qui vaille. Je la laissais toutefois faire, j’attendais qu’elle réalise par elle-même combien elle pouvait être stupide ainsi. « Merveilleux » fis-je en levant les yeux au ciel. Dix secondes pour risquer sa vie lui paraissait être un bon score. Je laissais échapper un rire moqueur en l’entendant parler de ses prétendues conquêtes. Oh bon dieu Autumn, tu sais pourtant très bien que tu n’es pas subtile dès que tu as de l’alcool dans le sang. Comment veux-tu que je croie ne serait-ce qu’une seule seconde à cela ? Adoptant mon attitude arrogante, qui, je le savais,l'énerverait encore plus, je répondis d’un ton dégagé. « Tu vois, c’est ça la différence entre toi et moi. Moi je me moque de savoir combien de mecs tu t’es tapé depuis qu’on n’est plus ensemble. Ca m’est égal, tu te taperais la terre entière sous mes yeux que ça me serait encore plus égal. Mais tu voudrais désespérément que ça me fasse quelque chose, parce qu’au contraire, le fait de savoir que je me suis fait plus de filles que je ne peux compter sur mes doigts, doigts de pieds compris, depuis notre séparation, c’est quelque chose que tu n’arrives pas à supporter. » Voilà, là au moins j’avais à peu près l’assurance qu’elle me foutrait la paix, mouchée par des paroles aussi insensibles. J’avais à peine fini ma phrase que je la vis vaciller, manquant d’équilibre sur le muret aussi étroit. « Autumn, t’as trop bu, descends du muret s’il te plaît. Je ne veux pas avoir ta mort sur ma conscience ». Des paroles auxquelles elle ne prêta aucune attention, vacillant de plus en plus dangereusement. Je n’eus même pas le temps de réfléchir que mes pieds me portaient à proximité d’elle, juste à temps pour la rattraper avant qu’elle ne bascule en arrière. Au lieu de cela, nous basculâmes sur le toit pour tomber l’un sur l’autre. Woh. Je sentis cette poussée d’adrénaline traverser mon corps de part en part. Je me dégageai de la Beta. « Maintenant tu vas peut-être arrêter tes conneries. Je serai pas toujours là pour te sauver, Rowen-Glaswell », fis-je avec tant de mépris qu’il me sembla ne pas reconnaître ma propre voix. Depuis quand étais-je devenu aussi insensible ?
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Sujet: Re: will we say we've had our fun ? ★ autumn&alban