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| CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Lun 21 Déc - 0:45 | |
| Elle écouta son histoire avec attention. Elle ne l'interrompit pas, et ne cessa pas un seul instant de le regarder. Comment pouvait-elle seulement imaginer ce que cela faisait, de perdre l'unique amour de sa vie. Elle qui, au fond, ne connaissait rien à l'amour. Elle l'avait longuement observé, analysé. Elle l'avait même vécu, une fois, mais sans doute pas suffisamment longtemps. Un amour auquel elle avait dû mettre fin, parce que sans avenir. Ou plutôt, c'était elle qui était sans avenir. Elle n'aurait pas supporter de lui faire ça. À une époque où elle était terrorisée par l'inconnu, par la peur de mourir. Aujourd'hui, les choses étaient quelque peu différentes. Ce n'était plus l'inconnu. La chimiothérapie, les cheveux qui tombaient, les jours entiers où elle se trouvait dans un état plus que pitoyable. Tout cela, elle le connaissait par coeur. Elle ne voulait pas mourir, et craignait de ne plus avoir assez de temps, de ne plus voir ceux qu'elle aimait. Mais la mort en elle-même ne lui faisait plus peur. Elle ne craignait plus de disparaître en un lieu dont elle ignorait tout. Elle avait fini par accepter que cela arriverait un jour. Tôt ou tard, elle finirait par mourir. Peut-être plus tôt que les autres. Peut-être plus tard qu'elle ne le pensait, si elle avait de la chance. Nelligan ne méritait pas ce qu'il avait vécu. Il était, à ses yeux, la personne la plus extraordinaire qu'elle ait jamais rencontré. Mais qui méritait sa part de malheur, au fond? Les choses ne fonctionnaient pas ainsi. Et elle ne le lâcherait pas, quoiqu'il arrive. Elle ressentait toute la culpabilité qu'il pouvait éprouver, cette culpabilité si similaire à celle de ses parents quelques années auparavant. Il ne devait pas se sentir coupable pourtant. Elle le savait pour l'avoir vécu. Elle ne s'en était pas aperçu, mais elle avait les larmes aux yeux. Elle avait en tête l'histoire de Nelligan, qui se mêlait à la sienne.
« J'ai essayé de me tuer quand j'avais treize ans. J'ai simplement avalé toutes les pilules de ma mère. Mes parents ont divorcés après ça. Ils passaient leurs temps à se rejeter la faute. » Elle avait instinctivement baissé les yeux. Elle avait presque honte de cette période de sa vie, et surtout elle craignait qu'il ne croit qu'elle lui racontait ça uniquement dans le but d'étaler sa vie. « La vérité est que ce n'était la faute de personne. C'était quelque chose en moi, au point que j'ai voulu disparaître. Et rien n'aurait pu changer ça. »
Cette conversation le mettait peut-être mal à l'aise. Il avait sans doute envie d'aborder un tout autre sujet. Et pourtant, elle se sentait le besoin de le rassurer, de le soulager de ce terrible poids qu'était la culpabilité, et qu'il ne devait pas porter seul. Peut-être allait-il la repousser, la rejeter violemment, ou lui demander de rester à sa place. Elle supporterait ses reproches en silence, sans rechercher le conflit. Ils parleraient de tout ce qu'il voudrait, après. Mais là, soudainement, elle se jeta à son cou, le serrant fort dans ses bras. Ses paroles devinrent presque un murmure.
« Quoiqu'il se soit passé ce jour-là, je te promets que ce n'était pas de ta faute. Peut-être que tu ne me crois pas, mais c'est la vérité, je peux te le jurer. Tu as le droit de pleurer, tu as le droit d'avoir mal. Tu n'as pas à le cacher et je serai là, toujours. »
C'était un discours totalement désordonné, et qui n'était peut-être absolument pas approprié. Elle s'en moquait. La forme importait peu. Elle espérait qu'il la croirait, même si elle savait, au fond, que cela ne suffirait pas. Les êtres humains réagissent tous si différemment face à la douleur. Elle ne pouvait prévoir la réaction de Nelligan. Mais elle avait pu être sincère avec lui, elle avait pu lui dire ce qu'elle pensait réellement. Elle ne pouvait lui demander de ne pas la rejeter, bien qu'elle en meure d'envie.
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Lun 21 Déc - 15:44 | |
| Nelligan, pour sa part, ne pouvait tout simplement pas s’imaginer ce que c’était que de vivre une vie en sachant très bien que celle-ci s’écourtait à vue d’œil. De savoir que notre avenir est compromis, quasi-inexistant, et de ne rien pouvoir y faire. C’était irrévocable, c’était l’erreur de Dieu : la maladie. Cette foutue maladie, le cancer, qui vous rongeait l’intérieur et les sentiments, qui vous tuait à petit feu. Il ne comprenait pas où ces gens puisaient encore la force de se relever, sans cesse, de continuer à regarder en avant avec l’espoir de pouvoir marcher jusque là un jour. S’il avait été dans cette situation, il aurait envie de se battre, certainement, mais n’en aurait point été capable. Parce qu’il n’aurait pu vivre une vie normale. Il n’aurait pas voulu continuer à aller en cours, il n’aurait pas voulu vivre normalement, et attendre patiemment son heure. Il aurait voulu tout lâcher, partir loin, réaliser ses rêves avant qu’il ne soit trop tard. Chuck était brave, mais Nelligan n’en avait aucune idée. Alors il lui raconta son histoire du suicide de sa petite amie, les yeux baignant dans sa peine, sans pouvoir même seulement réalisé que son interlocutrice avait elle aussi tenté de mettre fin à ses jours. La seule différence était qu’elle, elle n’avait pas réussi à le faire. Lorsqu’il eut terminé de faire remonter à la surface cet événement horrible de sa vie, Nelligan pria pour ne pas avoir à endurer cette nostalgie et cette douleur plus longtemps. En sanglots, il fut soulagé de constater que Chuck avait compris le message d’à l’aide qu’il lui avait lancé. Elle raconta donc son récit, à elle. Le jeune homme arrêta sèchement de pleurer, et leva ses yeux lumineux vers elle. Il n’en croyait pas ses oreilles, il en fut dégoûté, il ne comprenait pas. Une seconde vague de tristesse l’envahit, mêlée à la colère et à l’incompréhension. Nell ▬ « Mais qu’est-ce qui peut forcer quelqu’un à vouloir disparaître ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu perdes l’envie de … de vivre ? Il faut que tu m’expliques … parce que je ne comprend pas … » Sa voix se brisa lorsqu’il lui avoua son incapacité à concevoir ce fait. Il avait, pendant tant d’années, essayé de comprendre pourquoi Soledad avait voulu en finir, et laisser tout son monde dans la pénombre totale. Il comprenait que la principale raison pour laquelle Chuck lui racontait cela, c’était pour qu’il sache que ce n’était pas de sa faute. Seulement, ça ne l’aidait pas, car il baignait toujours dans un océan noir, obscur, vague. Puis soudainement, la jeune femme se jeta à son cou, le serrant fort dans ses bras, comme s’il menaçait de s’évaporer d’une minute à l’autre. Elle continua en un murmure déconcertant. Nell ▬ « Tout allait si bien, entre nous, et dans sa vie aussi … » Ses larmes recommencèrent à couler le long de ses joues. Il détestait pleurer, surtout dans les bras d’une femme, mais à vrai dire, en ce moment, le poids était beaucoup trop lourd à supporter pour s’en vouloir de se vider le cœur. Il en avait grandement besoin, et Chuck était là pour lui. Et elle ne le jugerait pas. Après une légère plainte, et reprit son calme et regarda son amie dans les yeux. Il passa une main autour de sa taille, et caressa de son pouce le chandail qu’elle portait. Nell ▬ « Est-ce que tu veux encore mourir, Chuck ? » Il ne pouvait s’imaginer un monde sans elle.
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Lun 21 Déc - 21:06 | |
| Son incompréhension, celle qui transparaissait sur ses traits lui rappelait tant de choses. Elle voulait qu'il comprenne. Elle aurait tant aimé le soulager. Elle savait combien ce pouvait être dur, cette culpabilité qui vous rongeait, elle qui s'en était tant voulu du divorce de ses parents. Elle tenait à lui. À un point qu'elle-même ne soupçonnait pas. Elle ne voulait rien d'autre que le prendre dans ses bras, l'écouter parler et pleurer. Le rassurer, le consoler. Elle se moquait de ces bêtises selon lesquelles un homme ne devait pas pleurer. La vérité était que tout le monde se cassait la gueule un jour ou l'autre. Et que c'était son tour. Elle détestait le voir comme ça. Cela la déchirait. Mais il devait en passer par là pour aller mieux. Et elle se jura à elle-même qu'elle serait là, même le jour où il ne voudrait plus d'elle, et tant qu'elle le pourrait. Être rejetée ne lui faisait pas peur, bien qu'elle en souffrirait sans doute, en particulier venant de lui. Il n'y avait rien de pire que l'incompréhension. Elle ne voulait pas qu'il reste dans l'ignorance. Alors elle tenterait de le lui expliquer, du mieux qu'elle le pouvait.
« Ce n'est jamais vraiment dû à un fait extérieur. C'est... un sentiment. J'avais l'impression d'être dans une impasse. Que rien, jamais ne pourrait aller mieux, quoique je fasse. Que personne ne pourrait m'aider. Et personne n'a rien vu. Je ne me suis rendue compte qu'après à quel point c'était égoïste, quand j'ai vu les dégâts que j'avais provoqué autour de moi... Je... je sais que ce n'est pas facile à comprendre, mais je n'arrive pas à mieux m'expliquer, excuse-moi. »
Il était évident qu'il lui était difficile d'évoquer ce qu'elle avait pu ressentir. On lui avait longuement demandé la raison de son geste. Après tout, à treize ans seulement, elle n'était encore qu'une enfant, n'est-ce pas? Et pourtant, jamais jusqu'à aujourd'hui elle n'avait tenté d'expliquer ce qui s'était passé dans sa tète à ce moment-là. Elle ne lui demanda pas de ne le répéter à personne. Elle avait en lui une entière et totale confiance, plus qu'en quiconque. Elle n'avait pas peur qu'il la juge. Elle n'avait pas peur qu'il trouve ridicules ses larmes versées. Avec lui, elle n'avait peur de rien. Avec lui, rien ne lui semblait insurmontable. Ni le chagrin, ni même la maladie qu'elle lui cachait avec tant de peine. Le serrer dans ses bras fut un geste bien impulsif, que pourtant elle ne regretta pas. Elle voulait le porter, prendre un peu de sa peine et de sa douleur et la faire sienne. Elle se sentit d'un coup prête à tout partager avec lui. Absolument tout. Et en lui prodiguant ce geste, ainsi que ces paroles, elle avait voulu le lui faire savoir. Elle s'écarta ensuite très légèrement, mais resta pourtant proche de lui bien plus proche qu'elle ne l'avait jamais été, conservant sa main sur l'épaule de Nelligan. Ils étaient dans une bulle. Un petit univers qui n'appartenaient qu'à eux, et dont elle n'aurait pu se passer à présent qu'elle le connaissait. Elle sourit à sa question, malgré les larmes qui baignaient toujours ses yeux, et secoua la tête négativement.
« Non je ne veux pas mourir, surtout pas. J'aimerais vivre un tas de choses. Voir le monde entier. Tomber amoureuse, et me marier, avoir des enfants aussi. Rien de bien extravagant. Je sais que ça peut paraître atrocement banal comme avenir, mais pour moi ça ne l'est pas. » Puis, elle leva les yeux vers lui, l'air interrogateur. « Tu trouves ça idiot? »
C'était son avenir tel qu'elle se l'imaginait. Cet avenir qu'elle ne vivrait peut-être jamais. Mais ça faisait tant de bien de rêver, parfois, même pour rien.
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Lun 21 Déc - 22:07 | |
| Il était tout simplement impossible d’enlever l’incompréhension à Nelligan. On pouvait le soulager de sa douleur, légèrement, mais jamais entièrement. Mais nous ne pouvions jamais démystifier les questions qui se posaient sans cesse dans sa tête. Pas parce qu’il ne voulait pas comprendre, pas parce qu’il était borné à se mettre la faute sur les épaules, non. Il n’était pas à ce point masochiste, même pas du tout. Cependant, même devant le fait accompli, il ne pouvait se résoudre à croire que Soledad, sa Soledad, avait pu vouloir mettre fin à ses jours. Il ne comprendrait sans doute jamais, sauf s’il avait l’occasion de lui reparler un jour, mais Nelligan était un homme de sciences. Il ne croyait pas en Dieu, ni au Paradis. Étudiant l’astronomie, il connaissait par cœur la théorie du Big Bang, ce qui falsifiait tous les dires des catholiques. Alors pour toujours, il resterait dans le néant. C’est pourquoi, ce dont il avait besoin, c’était de mettre de côté Soledad, de la laisser dormir en lui, et de rencontrer quelqu’un d’autre. Toutefois, surtout avec lui, ce n’était pas si aisé de rencontrer l’amour. Il écouta quand même le récit de Chuck, et sa réponse, comme quoi c’était un sentiment au plus profond du suicidaire, et non une raison qui provenait de son entourage. Il soupira en regardant les étoiles. Certains disaient qu’à chaque fois que quelqu’un mourrait, un astre lumineux s’ajoutait sur la toile noire. Évidemment, Nelligan ne croyait pas à ces sottises, mais il trouvait que c’était significatif et touchant de se le dire aussi. Nell ▬ « C’est vrai, je ne comprend pas plus. » Il secoua la tête. Il n’était pas d’accord avec le suicide, parce que oui, il trouvait cela énormément égoïste. C’est pourquoi il garda sa question en tête pour plus tard : avait-elle encore envie de mourir ? Si c’était le cas, Nelligan l’aiderait à reprendre goût à la vie, et si ça ne marchait pas, alors … il ne pourrait plus la regarder en face. Ça lui briserait le cœur et le dégoûterait à chaque fois. Pour le moment par contre, il n’en voulait aucunement à Chuck. Parce qu’en même temps, il ne pouvait la juger. Il n’avait aucune idée de quoi était composé son passé : peut-être était-il horrible. Peut-être sa vie était-elle exécrable. Celle de l’australien était parfaite, ou presque, alors il n’avait aucune raison de pouvoir comprendre le suicide. Il était évident qu’il ne pouvait se mettre dans la tête de ceux qui n’ont plus espoir. Il la serra donc dans ses bras, lui aussi, du plus fort qu’il le pouvait. Puis, lorsque Nelligan lui demanda finalement si elle désirait encore disparaître, et Chuck se détacha légèrement de lui. L’espace entre eux deux était déjà beaucoup trop grand. Il ressentit donc le besoin de la caresser sur la hanche, de son pouce. La brunette secoua la tête, les yeux pleins de larmes. À sa réponse, Nelligan ne pu retenir un sourire soulagé. Puis son discours eut pour effet de serrer son cœur, de faire naître en lui quelque chose d’inconfortable et d’agréable à la fois. Elle voulait tomber amoureuse, se marier, avoir des enfants. Exactement le même futur banal dont Broinowski rêvait. Nell ▬ « Idiot ? Non, pas du tout … » C’est alors que le regard du jeune homme se baissa vers les lèvres de Chuck. Sa tête bougea très certainement vers l’avant légèrement, mais il hésitait. Il n’avait pas assez confiance en lui pour plonger ainsi, pour se lancer dans le vide et l’inconnu.
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Mar 22 Déc - 0:23 | |
| Il ne comprenait toujours pas, et elle s'en voulait tant de ne pas savoir lui expliquer. Mais peut-être fallait-il le vivre pour le comprendre. Car, même si elle savait cet acte égoïste et cruel pour l'entourage, elle ne pouvait décemment le condamner. Elle savait pourquoi. Elle savait que même lorsqu'une vie semblait parfaite, de l'intérieure elle pouvait être bien loin de cette apparente perfection. Tout était une question de perception. Nul ne pouvait se mettre à la place d'un autre. Chacun avait sa propre manière de réagir. Elle aurait pensé que comprendre pouvait l'aider. Mais au fond, comment l'aurait-il pu? Sans doute ne le voulait-il même pas. Et ça aussi, elle le comprenait. Il avait été trop touché, trop blessé sans doute. Elle ne savait pas. Elle ne pouvait savoir ce qu'il ressentait. Sans doute une douleur immense qu'elle ne pouvait qu'entre apercevoir, et que pourtant, elle tentait de panser de son mieux. Elle ne pouvait rien faire de plus qu'être là pour lui, toujours et l'écouter dès qu'il le voudrait. Il ne pourrait jamais oublier. Mais un jour, sa peine s'atténuerait, peu à peu, sans même qu'il ne s'en rende compte. Du moins, elle l'espérait très fort. Et elle ferait tout pour ça, tant qu'elle en aurait encore la possibilité. Il devait faire son deuil. Il ne pouvait s'empêcher de vivre, et elle espérait l'avoir ne serait-ce qu'un peu soulagé de son fardeau qu'elle imaginait si lourd. Et elle s'en sentait capable. Elle avait besoin de sentir qu'elle pouvait réellement le faire se sentir mieux. Elle qui pourtant se souciait si peu de ce que l'on pouvait penser d'elle, voilà que Nelligan changeait la donne. Ce qu'elle représentait à ses yeux avait pour elle une importance capitale, presque vitale lui semblait-il. La simple idée qu'il puisse la mépriser, la détester lui était insupportable. Mais c'était loin d'être le cas, n'est-ce pas? Déjà son étreinte lui manquait. Déjà elle le sentait loin, trop loin, alors qu'il n'était pourtant qu'à quelques centimètres d'elle. Il lui semblait alors que sa tête et son cœur luttaient en un combat singulier, et qui l'emporterait? Elle sourit. Son idée d'avenir semblait avoir inspiré quelque chose chez lui, bien qu'elle ignore quoi exactement. Il ne l'avait jamais jugée, jamais trouvée stupide ou insensée quoiqu'elle ait pu dire, quand tant d'autres la trouvaient si étrange, trop originale, parfois folle. Elle ne savait plus réellement ce qu'elle faisait. Instinctivement, sa main quitta l'épaule de Nelligan se rapprocher de son visage, dont elle semblait retracer les contour du bout de ses doigts.
« Je crois bien que tu es la personne la plus incroyable que j'ai jamais rencontré. Tu es intelligent, et gentil, et un tas d'autres choses. Et tu ne fais pas semblant, c'est naturel chez toi. »
Allait-elle trop loin? Peut-être. Sans doute. Mais elle pensait chaque mot qu'elle prononçait. Pourtant, elle jouait à un jeu dangereux. Pour lui, pour elle. Que faisait-elle? Elle savait pourtant, comment tout cela risquait de se terminer. Et la dernière chose qu'elle désirait était lui faire du mal. Et pourtant, c'est ce qui arriverait si elle continuait, et de façon bien pire que si elle stoppait les choses maintenant. Et pourtant elle ne pouvait pas. Elle n'y arrivait pas. Elle ne voulait pas reculer et sentir de nouveau ce froid, ce froid qui avait soudain cessé alors qu'il l'avait serrée dans ses bras. Elle était folle. Et pourtant, elle ne pouvait s'en empêcher, et le laissait se rapprocher. Elle le vit hésiter.
« Tu as peur? »
Une question, à peine un murmure. Elle ne se moquerait pas de lui, jamais, et il le savait. Parce qu'elle aussi, d'une certaine façon, avait peur. Sans doute pas pour les même raisons, mais le sentiment était le même.
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Mar 22 Déc - 18:20 | |
| Il ne le vivrait pas, c’était une évidence de la vie. Alors il ne pourrait tout simplement jamais comprendre. Peut-être était-ce mieux ainsi, peut-être aussi que ça lui aurait permis de faire la paix avec lui-même. Ces questions demeureraient à jamais irrésolues, alors aussi bien cesser de se les repasser dans la tête. Cette torture ne le mènerait à rien, et ne la ramènerait pas non plus. Non. Quoique Nelligan fasse, il ne pourrait jamais la ramener à la vie. C’était ce qui le faisait le plus souffrir, en un sens. L’impuissance qu’il ressentait face à la mort. Le jeune homme s’était souvent senti faible et vulnérable au cours de son existence, mais jamais autant que devant la faucheuse. Probablement, oui, que sa peine allait diminuer. Il fallait laisser au temps le temps de faire son boulot : effacer. Cependant, il y avait déjà cinq ans que cette tragédie était survenue et pourtant, Nelligan avait encore l’impression que la plaie était autant saillante. La seule façon qu’il aurait pu soulager son cœur, c’était en en offrant une partie à quelqu’un d’autre, qu’il aimerait également. Là, il pourrait enfin mettre Soledad de côté, bien qu’il ne l’oublierait jamais tout à fait. Toutefois, les occasions de le faire se montraient plutôt rares. Ou alors il avait un blocage psychologique. Heureusement, depuis quelque temps, il se sentait peu à peu plus apte à répondre à ce genre de sentiments. Bon, il n’était devenu ni Roméo, ni Don Juan, s’entend. Il demeurait Nelligan Broinowski – rien à ajouter, c’est assez clair comme ça. Par contre, déjà il avait l’air moins stupide devant les femmes, et il commençait à oser un peu plus, autant du niveau physique que dans ses paroles. L’aide de Crewdie y était peut-être pour quelque chose : sûrement, même. Le jeune homme sourit lorsque Chuck le couvrit de compliment, tout en le couvrant aussi de sa douce main. Il avait envie de fermer les yeux et de savourer, mais il ne voulait pas avoir l’air stupide, alors il soutint son regard. Nell ▬ « Beaucoup disent la même chose et pourtant … ça ne semble vouloir rien dire … » Suite à sa réponse, Nelligan fut pris d’un élan de folie. D’amour. De désir même. Elle représentait l’idéal féminin qu’il s’était représenté dans sa tête. Pourquoi son idéal avait-il été ou était suicidaire à un moment de sa vie ? On aurait dit qu’il les attirait comme des aimants et pourtant, son vœu n’était pas de voir la femme de sa vie s’éteindre par elle-même. À ce moment-là, il s’en contrefichait toutefois. Tout ce qu’il voyait, c’était les lèvres si attirantes de Chuck. Il avança son visage vers elle, comme pour initier le baiser qui conclurait leurs sentiments. Malheureusement, le jeune homme hésita beaucoup trop, et Chuck le remarqua. Nell ▬ « Oui … énormément … » Ses lèvres se rapprochèrent quand même de nouveau. Au moment où elles auraient été supposées se toucher, au moment où elles s’effleurèrent légèrement, Nelligan se releva. Il rompit tout contact avec Chuck et s’assit, les jambes remontées vers son torse, les bras les entourant. Il secoua la tête. Nell ▬ « J’ai peur parce que tu représentes mon idéal féminin, Chuck. J’ai peur parce que je sais à quel point je pourrais trop m’attacher à toi. Et j’ai peur parce que merde … j’suis pas … j’suis pas le mec qui est aimé en retour, tu comprends ? Je ne l’ai jamais réellement été. Alors c’est … c’est pas facile … » Mon Dieu qu’il était con. Elle ne l’avait pas repoussé, ce qui voulait dire qu’elle en avait envie aussi, à quelque part. Mais lui, parfait idiot de service, s’était dégonflé. Nelligan Broinowski se dégonflait sans cesse.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Mar 22 Déc - 18:55 | |
| Peut-être ne serait-elle pas bénéfique pour lui. Peut-être tout ceci était-il une incroyable, une immense erreur. Qu'allait-il se passer? Elle n'avait pas le droit de tomber amoureuse de lui. Encore moins de le laisser tomber amoureux d'elle. Elle avait laissé toute cette histoire aller bien trop loin. Pour elle comme pour lui. Mais comment reculer, à présent? Elle était comme un papillon attiré par l'intense lumière qui émanait de lui. Et ils risquaient tous deux d'en payer le prix. Il avait vu son premier amour mourir. Comment vivrait-il sa maladie? Elle ne voulait pas mourir, elle ne voulait pas le quitter, mais elle devait admettre qui était fort possible que cela arrive. Pourtant, voilà plus d'un an qu'elle n'avait plus eu à affronter le cancer. L'espoir renaissait peu à peu. Il était possible qu'elle ne finisse par être considérée comme guérie. Elle ne pouvait que l'espérer malheureusement, et non pas en avoir l'entière certitude. Et pourtant, quand elle était avec lui, il lui semblait que tout était possible. La leucémie n'existait plus. C'était dangereux pourtant. Il était devenu peu à peu comme une drogue dont elle ne pouvait plus du tout se passer. Et elle en était terrorisée. Elle ne voulait pas le faire souffrir, elle ne voulait pas qu'il ait peur pour elle. Car combien de temps pourrait-elle garder le secret? Quelques semaines, quelques mois tout au plus. Elle ne tiendrait jamais si longtemps. Et pourtant, elle ne voulait plus qu'il la regarde différemment qu'à cet instant précis. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait aimée, et désirée même. Elle avait presque oublier la sensation que cela procurait. Il lui donnait envie de sourire, sans cesse, son sourire si spécial devant lequel il était presque impossible de résister. Il ne se rendait pas compte de la valeur qu'il pouvait avoir à ses yeux. Elle ne faisait jamais de tels compliments à la légères. Les siens étaient toujours sincères. Elle aurait aimé qu'il le sache, pourtant. Et qu'il la croit surtout.
« Crois-moi, ça veut tout dire au contraire. »
Ce fut au moment où il s'approcha d'elle, qu'elle réalisa à quel point elle avait envie de ce baiser. À un point que jamais elle n'aurait pu imaginer. Que c'était-il passer pour que les choses en arrivent là sans qu'elle ne s'en rende compte? Avait-elle été aveugle à ce point? Oui, elle avait été aveugle, ou bien elle n'avait pas voulu voir ce qui était pourtant une tel évidence. Mais il avait peur. Évidemment qu'il avait peur. C'était pour eux deux un saut dans le vide, et ils ne pouvaient être persuadés que l'autre serait là, en bas pour les rattraper.
« Moi aussi j'ai peur. »
Une confession à mi voix, qu'elle n'était pas sûre qu'il ait entendu. C'était le moment parfait pour tout lui raconter. La maladie, la chimiothérapie, ce qu'elle lui avait caché, ce qu'elle craignait et qui pourrait bien arriver. Mais elle n'en eu pas l'occasion, ou plutôt, elle ne la saisit pas. Il se rapprocha d'elle, de nouveau, et de nouveau, elle en oublia tout le reste. Puis, il se recula soudainement, et s'assit. Elle se redressa également, et écouta ce qu'il lui disait, ce qu'il lui confiait. Et elle eut mal. Elle allait le faire souffrir, c'était une évidence. Il valait mieux tout arrêter maintenant, non?
« Je ne suis pas un idéal, je ne suis qu'une pauvre fille. Et je ne veux pas te faire souffrir, alors... » Elle aurait dû stopper ce qui était en train de commencer et qui ne pouvait être. Mais elle n'y parvint pas. Avant même qu'elle n'ait pu terminer sa phrase, les larmes l'avaient envahie, appelées par la simple idée qu'elle puisse s'éloigner de lui, l'empêchant de continuer. Elle était incapable de se montrer froide, distance. Elle se recroquevilla. Il devait la prendre pour une parfaite idiote, et surtout ne même pas comprendre sa réaction. Elle sécha ses larmes naissantes d'un geste rapide « Je suis désolée, mais je comprends... et c'est pas grave tu sais. Tu... tu as le droit d'avoir des doutes... »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Mer 23 Déc - 5:54 | |
| On ne pouvait savoir comment Nelligan réagirait face à la maladie. Lui-même ne le saurait même pas, la minute où il l’apprendrait. Il n’avait jamais été capable de supporter la mort, alors de savoir à l’avance qu’elle arriverait serait insupportable. Il se sentirait encore plus impuissant, de voir Chuck mourir sous ses yeux, à petit feu, et de ne pouvoir rien faire d’autre que de la regarder s’éteindre et de l’accompagner dans le processus. C’était comme de capituler dès le départ. En même temps, il ne prendrait certainement pas la poudre d’escampette : il n’était pas du genre à abandonner les gens qu’il aimait. Non, pas lui, contrairement à d’autres. Il allait probablement se résoudre à l’accompagner dans toutes ses épreuves, main dans la main. Il en souffrirait, énormément, mais il se sacrifierait au bénéfice de Chuck. Pour qu’elle se sente un peu moins seule dans sa maladie qui devait être terrible à supporter, jour après jour. Heureusement, pour le moment, il n’avait pas à peser les pours et les contres d’être aux côtés d’une amoureuse malade, il n’avait pas non plus à décider de ce qu’il allait faire par rapport à la situation, puisque son amie ne lui avait pas encore dit la vérité. Évidemment, il préférait toujours l’honnêteté au mensonge, mais si un jour elle en venait à se confier, il comprendrait très certainement pourquoi elle avait mis tant de temps. Il ne lui reprocherait pas de l’avoir laissé dans l’ombre trop longtemps. Il avait quand même un cœur, une logique, une sensibilité. Bref, on ne pouvait encore dire si une relation entre eux deux était mauvaise ou bonne à envisager. On ne pourrait le savoir avant de l’avoir expérimenté, en vérité. Alors quelle était la chose à faire ? Nelligan ne le savait point. Pour lui, le seul danger n’était pas qu’elle lui meurt entre les mains, puisqu’il n’était pas au courant. Le seul danger était qu’il ne sache pas comment gérer l’amour, comment gérer ses sentiments. Il était novice, mais en même temps il vieillissait et il ne pouvait continuer à fuir l’amour comme il le faisait si souvent. C’est pour cette raison qu’il commença à être plus réceptif par rapport à Chuck, et légèrement plus entrepreneur. Il écouta donc les compliments de son amie mais fit un commentaire comme quoi les femmes ne semblaient pas rechercher ces qualités chez un homme. Elle démentit cette hypothèse. Nell ▬ « Alors t’es un cas bien unique, Chuck. Mais ça, je le savais déjà … » Il sourit légèrement, un petit sourire en coin qui se voulait tendre et peut-être même amoureux. C’est alors que, comme s’il ne contrôlait plus rien en lui, son cœur ordonna à sa tête de se pencher vers elle. Il n’était qu’à quelques petits centimètres d’elle lorsqu’il se stoppa net, et elle lui demanda s’il avait peur, il acquiesça, elle renchérit en l’appuyant, lui disant qu’elle aussi. Légèrement rassuré de ne pas être le seul à baigner dans la crainte et l’inconnu, il continua le rapprochement qu’il avait entamé. Toutefois, une seconde fois, son cerveau lui lança comme un signal de secours. Alors il préféra rompre tout contact avec Chuck et il se releva, en position assise. Il ne pouvait supporter de la regarder, car la confusion l’envahissait de plus en plus. C’était simple, pourtant. Dans sa tête, tout était si compliqué. Nell ▬ « Tu es mon idéal à moi. Et je n’ai pas de doute, justement. C’est ça qui pose problème. » Effectivement, ça posait problème. Il était certain d’avoir une attirance envers elle, certain qu’il pourrait y avoir plus s’ils se l’avouaient. Alors non, aucun doute ne planait dans son esprit. Puis, il réalisa le sens des presque derniers mots de Chuck, ceux de l’intervention d’un peu plus tôt. Enfin, il n’en réalisa pas le sens, justement, mais plutôt le poids. Nelligan fronça donc les sourcils en tournant la tête vers elle. Nell ▬ « Et pourquoi est-ce que tu me ferais souffrir ? »
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| Sujet: Re: CHUCK&NELLIGAN; take a journey to the bright midnight Mer 23 Déc - 18:49 | |
| Elle ignorait comment les choses se dérouleraient si elle se laissait aller. Si elle se laissait aller à l'embrasser, à lui dévoiler au grand jour ce qu'elle ressentait. La seule chose qu'elle savait, c'était qu'elle ne désirait rien d'autre qu'être avec lui. Elle voulait le serrer dans ses bras, aussi fort qu'elle le pourrait? L'embrasser, sentir les lèvres de Nelligan contre les siennes, son souffle. Elle se moquait du reste. Elle ne voulait que lui et en cet instant, rien n'était plus important que cela. C'était fou, complètement fou. Elle se sentait folle, et dans un état second. Elle était comme droguée, comme sous l'effet de l'herbe qu'elle avait prit dans les moment où la chimiothérapie était la plus insupportable, où la douleur s'était faite trop forte pour elle. Mais cette fois-ci, elle n'avait pas l'impression d'être amorphe, mais plutôt celle qu'elle allait s'envoler si haut que personne ne pourrait la faire redescendre. Elle se sentait plus légère que jamais et savait que c'était la présence du jeune homme qui lui procurait cette sensation. Elle l'aimait. Que ce soit comme son ami ou peut-être comme son amoureux, elle l'aimait. Et elle savait que quoiqu'il se passe entre eux, rien ne changerait une telle chose. Il la trouvait unique. Son sourire ce fit tel que ses yeux verts en pétillaient. Jamais on ne lui avait dit une telle chose. Et jamais un compliment, quel qu'il soit, ne l'avait tant touchée. Qu'on lui dise qu'elle était unique. Ni bizarre, ni étrange, ni originale. Unique. Il était parfait. Touchant, et sincère. Elle regrettait qu'il ne soit pas capable de le voir. Mais peut-être était-ce cela qui lui plaisait tant. Et elle se fichait bien de ce que les autres pourraient penser de lui. Elle se fichait que l'on se moque de lui, qu'il ne plaise pas comme il le disait. À ses yeux, il n'aurait pu être mieux. Mais voilà qu'elle ne comprenait plus. Il ne doutait pas. Alors qu'avait-il? Elle le connaissait si bien et pourtant elle ne savait pas ce qui le tourmentait. Elle aurait aimé le rassurer, quoi que ce fut, lui dire qu'elle s'en moquait ou bien qu'elle saurait passer outre. Ou peut-être devait-elle profiter de ce moment pour s'éloigner de lui. En était-elle seulement capable. Elle savait ce qui se passerait si elle tentait de se montrer froide, distante, cassante. Elle éclaterait tout bonnement en sanglots, incapable de lui faire croire que ses sentiments n'étaient pas partagés, même si c'était, du moins le croyait-elle, pour son bien.
« Mais si tu ne doutes pas... alors qu'est-ce que c'est? »
Oui elle voulait savoir ce qui le tracassait. Elle ne pouvait s'en empêcher. Le rassurer aussi. Il s'agissait manifestement de quelque chose qui le bloquait, qui l'empêchait d'avancer. Pourtant, la question qu'il posa ensuite lui glaça le sang. Elle ne pouvait lui avouer la vérité. Pas après tout ce qu'il avait endurer. Et sans doute par peur qu'il ne s'en aille, au moment où elle se sentait prête à s'ouvrir de nouveau. Elle le ferait souffrir. Parce qu'elle était malade, et malgré sa rémission, il ne pourrait s'empêcher de craindre de la voir rechuter. Et si cela arrivait, ce serait pire que tout. Le visage de ses parents lui revint en mémoire. Leur inquiétude, leur douleur dissimulée pour qu'elle ne s'en soucie pas, mais qui était pourtant si évidente. Elle ne voulait pas qu'il vive cela. Mais elle ne pouvait lui dire. Et elle ne parviendrait pas à le pousser à s'éloigner d'elle. Elle ne parvenait qu'à laisser couler ses larmes, se sentant plus idiote que jamais.
« Je ne suis pas assez bien pour toi, crois-moi... »
Elle n'osait même pas le regarder en face. Il avait réussi à lui confier la chose la plus douloureuse de son existence. Et elle restait une menteuse. Elle baissa la tête, entièrement recroquevillée, prostrée, et il était évident que les mots prononcés ne l'avait pas été sans mal.
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