06h20. Il est encore tôt, mais cette heure là est tout à fait normal pour un étudiant qui doit se rendre en classe à l’heure. Surtout si cet étudiant en question passait des plombes dans la salle de bain pour se préparer. Et c’était le cas du copain de Mathis. Vous l’aurez donc compris, cette nuit là, le jeune photographe l’avait passée avec son chéri, dans sa* chambre d’hôtel. Ayant pris de bonnes résolutions depuis leur discussion d’avant-vacances, les tourtereaux avaient décidé de faire le maximum d’efforts pour se voir. Et ça fonctionnait ! Pas une journée ne défilait sans qu’ils puissent passer un instant -court ou non- ensemble. C’était aussi très souvent que Mat’ dormait dans le chez-lui de son androgyne.
Mais bref. Ne nous égarons pas. Il était donc 06h20 et ce fut le portable de Logan qui sonna, réveillant le châtain par la même occasion. Ce dernier n’avait pas cours ce matin, il aurait aimé dormir un peu plus. Ce fut donc un grognement qui s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il fourra son visage dans son coussin, pour atténuer la sonnerie stridente du réveil qui créait des bourdonnements désagréables dans ses oreilles. Logan, lui, se leva rapidement et alla éteindre l’objet en question pour ensuite revenir vers le lit. S’y mettant à quatre pattes, il alla coller ses lèvres sur la joue de Mathis qui n’était pas si bien cachée. Puis il parti se préparer. Werly ne bougea pas d’un cil. Soupirant longuement, il garda ses paupières closes et ne tarda pas à se mettre à somnoler.
Plus tard, l’androgyne sorti fin prêt de la salle de bain. Mathis ne fit pas du tout attention à ce qu’il faisait, bien qu’il fût ressorti de son sommeil léger en entendant les bruits qu’émettait son ange. Ce dernier vint ensuite vers lui, lui susurrant qu’il pouvait se rendormir. Ce ne fut que là que le photographe ouvrit ses yeux, difficilement, afin de regarder ce visage qu’il aimait tant. Il esquissa un léger sourire, puis Logan se pencha vers lui pour l’embrasser chastement, le tout avant d’embarquer son sac et s’en aller pour prendre la direction de l’université. Mat’ referma rapidement ses yeux et retomba dans un sommeil superflu.

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Quand Mathis se réveilla pour de bon, il était environ 08h30. Maintenant d’aplomb pour commencer sa journée, il se leva et alla prendre une bonne douche avant de se préparer comme il le fallait. Il récupéra ensuite son sac qui contenait ses affaires des cours du jour précédent et attrapa la clé de la chambre que Logan avait laissée sur la table de chevet. Il sortit ensuite de la chambre d’hôtel, la ferma et descendit à la réception pour leur confier la clé, le tout avant de sortir de l’hôtel afin de se rendre à Berkeley.
Quand il arriva aux alentours de l’immense université, le châtain prit le chemin de la maison des ZETA, afin de poser ses affaires et de prendre sa guitare. Il était d’humeur à remplir son devoir de musique, soit un dossier de quatre compositions. Une était déjà terminée, une autre entamée. Et cette dernière serait rapidement finie, ce matin même. Plusieurs minutes plus tard, Mat’ était donc en train de se rendre en direction des salles de musique quand il crois une de ses amies. Il s’arrêt donc un instant afin de discuter un peu avec elle et cette dernière insista pour l’accompagner jusqu’à la salle, sous-prétexte qu’elle devait y retrouver quelqu’un. Ils marchèrent donc ensemble, papotant, rigolant comme à leur habitude. Arrivé devant la porte de la salle, Mat’ l’ouvrit tout en continuant à parler avec son amie et cette dernière fini par le laisser, après lui avoir collé un gentil bisou sur la joue. Souriant, le châtain entra et constata bien rapidement que plusieurs personnes étaient déjà présentes, travaillant ou non. Le photographe trouva une place libre, sur une chaise proche d’une petite table. Il alla s’y installer et sortit sa guitare sèche de sa house après avoir posé son cahier de compositions et un stylo sur la table. Directement, il accorda son instrument et se remémora le début de son morceau déjà commencé en le jouant doucement, à un niveau sonore assez bas. Il fit ensuite une rapide correction sur ce qu’il avait inscrit dans son cahier et fit malencontreusement tomber son stylo. Prêt à se lever pour le ramasser, il fut cependant devancer par une jeune fille qui partageait son cours de musique deux fois par semaine.

-Tiens Mathis, lui dit-elle en lui souriant, son stylo dans la main.
-Merci.

Le jeune homme lui sourit gentiment tout en récupérant son stylo et la jeune blonde retourna vers ses amies avant de sortir de la salle en gloussant, lançant des coups d’œil furtifs vers Mathis. Ce dernier rigola silencieusement et se remit à jouer tranquillement, sans se montrer trop bruyant.

Les accords s'enchaînaient tous seuls, se montrant de plus en plus appuyés, de plus en plus précis. Ses doigts filaient sur les cordes, les caressaient avec une douceur incomparable et pourtant, la mélodie qui émanait de l’instrument était tout à fait net et très belle à entendre. Je ne vante pas les dons de Mathis, mais il faut avouer qu’il se débrouillait sacrément bien à la guitare. Sa musique étaient calme, résonnant comme une berceuse, mais le son sortait de plus en plus fortement. Enfin fortement, on s’entend bien entendu. Il n’exerçait là pas la même mélodie que s’il jouait sur une Gibson électrique. Tout restait calme, mais les notes résonnaient clairement dans la salle.

-C'est toi, Mathis ?

L’interpellé s’arrêta subitement de jouer. Cette voix... il la connaissait que trop bien pour ne pas être perturbé de l’entendre. Il l’avait entendue des centaines de milliers de fois. Depuis sa tendre enfance. La première fois qu’il avait entendu cette personne parler remontait à loin, très, très loin. Et pourtant, jamais Mat’ ne pourrait oublier cette première rencontre. En dix-neuf ans, il avait entendu ce jeune homme bon nombre de fois. Et pourtant, la surprise de l’entendre parler là, maintenant, le surprenait incroyablement. Lui, ici à Berkeley ? C’était impossible...
Dans le doute, Mathis redressa la tête, sentant son cœur battre la chamade. Il parcourut rapidement la salle de yeux, les posant ensuite en direction de la provenance de la vois qui l’avait interpellé. Et quelle ne fut pas sa surprise quand il le vit, là devant lui. Rien na’vait changé depuis la dernière fois : ses cheveux en dreads locks recouverts d’une casquette, ses vêtement vingt fois trop grands, son piercing au labret décalé, ses yeux d’un brun intense, ... tout était resté semblable. Et ce ne fut que là que le châtain se rendit bel et bien compte que oui, Thomas était bien en train de lui sourire. Son ami d’enfance tait en Californie, dans la même université que lui. Ce fut maintenant son visage qui se fendit d’un sourire illuminé, heureux.

-Putain, qu'est-ce que tu fous dans le même pays, dans le même état, dans la même université, au même moment que moi ? Rhaaa, trop heureux de te revoir mec !

Directement, le photographe se leva et cala correctement sa guitare contre la petite table, de sorte à ce qu’elle ne tombe pas. Ensuite, il franchit les quelques pas qui le séparait de son amis, les coins de ses lèvres toujours autant étirés. Tout en avançant de la sorte, il lâcha d’une voix ravie :

-C’est moi qui dois te poser la question ! Qu’est-c’que tu fous à Berkeley ?

Il rigola et attendit que Thomas aie posé sa guitare (essentiel xD) avant de lui « sauter » dessus afin de l’étreindre amicalement. Cela faisait longtemps, trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas revu et jamais Mathis n’aurait cru le retrouver ici-même, à des milliers de kilomètres de leur pays natal. Se détachant de son ami en souriant de plus belle, le jeune londonien posa ses deux mains sur les épaules de Tom, le regardant dans le blanc des yeux. Son cœur battait à tout rompre, il était bien trop heureux de le voir pour que cela se passe autrement.

-J’y crois pas... c’est bien le dernier endroit où j’aurais pensé te revoir. Comment ça se fait que tu sois là ? ‘tieu, moi aussi ça m’fait trop plaisir de te revoir Tom !

Et Dieu sait combien s’était vrai. En dix-neuf ans d’amitié, jamais ils ne s’étaient disputé pour quoi que ce soit. Le fait qu’ils ne se voyaient jamais très souvent en était peu être l’heureuse cause. Mais qu’importe. Si maintenant Thomas était à Berkeley, c’était pour une certaine durée. Mat’ était donc persuadé qu’ils auraient tout le temps possible et inimaginable pour rattraper le temps perdu.

Le cœur de Mathis battait à tout rompre dans le fond de sa cage thoracique. Inutile d’en préciser la cause, vous le savez tout autant que moi... la joie bien entendu. Le bonheur d’avoir retrouvé son plus grand ami. Il faut dire que Thomas avait soigneusement été choisi par le jeune Werly afin d’endosser le lourd mais agréable statut de confident. Eh oui, depuis leur premier rencontre, Mat’ avait toujours tout raconter à son ami. Étant enfant, cela remontait plus du ressort des petits secrets sans importance. Mais plus il grandissait, plus ses craintes, ses doutes, ses désirs, ses joies, ses peines atterrissaient dans l’oreille attentive du jeune Collins. Quand bien même ils étaient amenés à ne plus se voir pendant un certain temps, Mathis n’hésitait pas à téléphoner à son ami, afin d’exploser la facture téléphonique en parlant pendant des heures. Le dialogue avait toujours été facile entre eux deux et c’est sûrement ce qui faisait que Mathis considérait Thomas comme son meilleur ami. Il ne l’avait jamais trahi et l’avait toujours aidé dans les pires moments de sa vie. Que demander de plus ? Le dreadé était réellement quelqu’un d’exceptionnel.
Le visage toujours resplendissant grâce à ce sourire béat qui ornait ses lèvres, le châtain tentait de refaire quelque peu surface. Il se remettait gentiment du surplus d’émotions qu’il avait ressenti en retrouvant son ami. Mais, tout à coup, son regard perdu de son éclat et les coins de sa bouche retombèrent...

-Ma mère est morte, je me dois maintenant de faire mon vieux content de moi en bossant bien.

Sans s’en rendre vraiment compte, Mathis resserra ses mains sur les épaules de son ami alors que sa surprise se glissa dans ses yeux qui s’écarquillèrent. Il déglutit difficilement tout en entrouvrant sa bouche. Sa mère était décédée ? Mais... comment ? Maladie ? Accident ? Pourquoi Mathis n’avait-il pas été tenu au courant par son père ? Le châtain était quelque peu perdu. Mais bien rapidement, il chercha quelque chose à répondre. « Je suis désolé... » non, c’était totalement banal et inutile. « Quoi ? Mais... explique-moi ! » non plus, Thomas se sentirait sûrement agressé et peut-être ne voulait-il pas approfondir le sujet.
Heureusement, le blond se remit à sourire et reprit la parole, ce qui facilita la tâche au jeune Werly. Ce dernier tenta de se détendre, de resourire, mais ce ne fut qu’une grimace grotesque qui prit forme sur son visage. La nouvelle qu’il venait d’apprendre l’avait réellement chamboulé.

-Bref, j'espère m'habituer rapidement à cet endroit. Il fait quand même un peu chaud ! T'es ici -depuis quand ? On m'avait jamais dit que t'étais parti en Amérique ...

Doucement, Mathis retira ses mains des épaules du blond. Le malaise le rongeait. Il désirait vraiment en savoir plus sur la mort de la mère de son ami, mais il avait tout bonnement l’impression que ce n’était pas le moment, que Thomas ne souhaitait pas en parler. Il glissa donc nerveusement ses mains dans ses poches et répondit d’une voix maladroite aux dernières paroles de Thomas.

-Heu... ça fait plusieurs mois déjà. Je... j’suis venu ici par un coup de tête. Logan avait décidé de prendre une filière qui...

Non, il n’y arrivait pas. Le décès qu’il venait d’apprendre le tourmentait trop. En soupirant, il se laissa tomber sur un canapé juste derrière lui. S’affaissant, il passa ses mains sur son visage déformé par la surprise. Il fixa ensuite son ami dans le blanc des yeux et marmonna doucement :

-Excuse-moi mais... ta mère... explique-moi. Mon père ne m’a rien dit... je... je suis désolé.

Bravo Mathis ! Lui qui ne voulait pas se montrer maladroit dans ses paroles, ne voulait rien sortir de cliché, voilà qu’il se mélangeait les pinceaux et faisait tout le contraire.