Naomi était prête à partir. Si tôt me direz vous? Et bien oui. La veille au soir, elle était sortie -comme tous les autres soirs de la semaine ou presque. Mais la soirée était ennuyeuse: les gens n'étaient pas spécialement intéressants, la musique de mauvais goût était bien trop forte, et l'activité principale de la soirée avait été de discuter de l'investiture d'Obama. Nao' aimait parler politique, mais pas pendant les fêtes. Et puis il fallait se faire désirer. La jeune femme avait donc prétexté devoir se rendre à une autre soirée, et s'était éclipsée direction la villa qu'elle partageait avec sa soeur Caroll. Pas d'autres soirées, pas d'after, pas même une réunion en petit comité dans la villa. Elle s'était contentée de lancer 'How to loose friends & alienate people', puis de s'endormir devant, au chaud sous sa couette recouverte d'un drap en coton égyptien. Ce matin, la demoiselle s'était donc réveillée fraiche et dispose à aller s'adonner à une de ses activités préférées: le surf. Il n'y avait rien de meilleur que de se faire réveiller le matin par un temps radieux, et de savoir que toutes ces vagues n'attendaient qu'elle. Ou presque.

Dès que les premiers rayons du soleil étaient venus chatouiller ses joues roses, Naomi avait bondi hors de son lit pour aller prendre une bonne douche. Elle avait ensuite préparé un petit déjeuner particulièrement copieux qu'elle avait mangé en peignoir devant une émission de télévision comme seuls les américains savaient en faire. Cette habitude lui venait de l'époque où ses parents étaient encore en vie... l'époque où tous les dimanches matins, l'attendait elle et sa soeur, une assiette gigantesque de pancakes, et leurs garnitures. La cadette Venn avait toujours raffolé des pancakes. Nao' avait terminé en enfilant sa combinaison de surf rose sous un jean délavé, un débardeur blanc et un petit gilet au cas où le temps se couvrirait. Rien de trop recherché, le but de la matinée n'était pas d'aller faire un défilé haute couture pour Chanel. Juste une tenue qui s'enlève aussi rapidement que possible pour pouvoir courrir vers l'océan et se jeter dedans en profitant pleinement de ce moment de bonheur intense. Naomi n'avait pas eu besoin de se maquiller, pour deux raisons: la première était que son visage resplendissait assez au naturel pour qu'elle ait besoin d'en rajouter des couches, et la seconde était que de toute manière, d'ici une heure, tout aurait disparu. Alors à quoi bon? Un élastique pour nouer ses longs cheveux noisettes en une queue de cheval haute, et elle était prête à partir.

La demoiselle possédait à même la plage, un grand casier ou se trouvait sa planche et tout son petit matériel d'entretien... sa New Beatle décapotable ne supporterait pas de transporter l'immense planche qui avait été dessinée spécialement pour elle. Un de ses amis, dessinateur professionel depuis peu, avait décoré sa planche pour qu'elle lui ressemble. Une dominante de rose, mais plein de couleurs flashies. Des dessins, du mouvement. Légère, mais solide. Son alter égo en matière d'objet. Naomi avait beau surfer aussi régulièrement qu'elle le pouvait, elle tenait tellement à cette planche qu'elle l'entretenait avec une rigueur certaine, de manière à ce qu'on l'eut cru neuve à chaque fois qu'elle la sortait du casier. Et c'est avec un entrain apparent que la belle passa ouvrir son casier, posa rapidemment une serviette et ses vêtements sur le sol, puis courrut jusqu'à l'eau dans laquelle Nao' se jeta avec délectation. Bien sur, elle était fraîche, et la première sensation fut un peu rude. Mais passée cette impression, les vagues étaient au rendez vous, plus belles et impressionnantes que jamais.

Dimanche | 14h28

Après un bon moment passé à s'entrainer, ne prenant de brèves pauses que lorsque l'épuisement atteignait vraiment son paroxysme, en profitant pour papoter avec quelques surfeurs mâles qui avaient eu autant de courage qu'elle, Naomi June finit par décider qu'il était temps de s'arrêter. La plage commençait à se remplir de plus en plus, le soleil se faisait un peu cuisant, et les vagues moins agréables qu'à son arrivée. Après avoir lancé un petit au revoir à ses nouveaux amis qui, arrivés un peu après elles, avaient décidé de surfer un peu plus longtemps. Et dans une action digne d'une publicité pour l'Oréal, la brunette sortit de l'eau en détachant les cheveux, et les secouant dans un élégant mouvement pour en laisser s'échapper l'eau. Le soleil frappait sur sa peau au hâle doré, et les gouttelettes ruisselantes le long de son corps la rendaient plus belle encore. Arrivée sur le sable, des dizaines de paires d'yeux masculins étaient rivées sur elle, au grand damn des autres demoiselles de la plage. Après avoir salué quelques personnes, et discuté avec d'autres qu'elle connaissait de plus ou moins longue date, Nao' apercut quelque chose... ou plutôt quelqu'un qu'elle n'était pas mécontente d'apercevoir.

Et, oh, heureux hasard, sa serviette était juste à côté. Naomi avança donc, un sourire radieux aux lèvres, ses mèches mouillés joliment collées à son visage angélique, vers ses affaires. La jeune femme passa devant lui, et fit mine de ne pas le reconnaître instantannément. Gianni était en train de se passer de la crème solaire, mais aurait bien du mal à s'en passer sur le dos. Prétexte incroyablement bien tombée pour la cadette Venn. Elle attendit donc un court moment, avant de rejeter ses cheveux en arrière, d'un naturel affligeant et de lancer:

"Si je m'attendais à te voir ici! Tu n'as trouvé aucune demoiselle en chaleur pour t'étaler de la crème sur le dos? Tu me déçois Gianni, c'est indigne de ta réputation."

Après quoi, elle lui adressa un petit clin d'oeil, signifiant qu'elle le taquinait plus qu'autre chose, et qu'elle ne pensait pas réellement ce qu'elle venait de dire... Surtout au vu des dizaines de filles qui lorgnait sur lui, bave au coin de la bouche, au moment précis où elle lui parlait. Et en attendant la réponse de son interlocuteur, elle ota sa combinaison rose, qui révéla un ravissant maillot de bain blanc, qui mettait son corps impeccablement entretenu en valeur.