Le vingt-quatre décembre ; Réveillon de Noël. Des millions d'enfants à travers le monde attendent cette nuit avec une fébrilité non dissimulée durant tous le mois de décembre. Des décomptes et des calendriers de l'avent qui aident à faire passer les jours avant que le père noël ne se décide à pointer le bout de son nez. Dans la maison qu'occupent Parker avec sa sœur, c'est l'effervescence. Leurs parents ont cru bon de débarquer à Salem pour une soirée familiale avec cadeaux à l'appui. Tout ce qui agace le jeune homme qui n'avait pas dans l'idée de réveillonner bien longtemps. Ses projets étaient tout autre. Mais le voilà, assis à cette table où les mets sont trop nombreux et les rires trop forcés pour paraître naturels. Il répond par monosyllabe quand on l'interroge mais autrement, il ne participe guère à la conversation. Millie, beaucoup plus bavarde, capte l'attention générale et il l'en remercie. Ainsi, il n'a pas besoin de faire grand effort pour être poli et bien élevé comme sa mère le veut à chaque fois qu'elle le voit. Il consulte de temps à autre sa montre et minuit approche. Son regard se pose sur la porte de sa chambre où le fameux cadeau est déposé sur son lit en attendant d'être servi à sa future propriétaire. Sa jeune sœur est bien évidemment au courant du fait qu'il y ait un paquet emballé soigneusement. En revanche, elle n'a pas réussi à faire parler son frère. Impossible de lui faire avouer la personne pour qui tout ceci est destiné. Sa curiosité est insatisfaite mais elle compose avec. Elle connaît assez bien Parker pour savoir qu'il est têtu comme une mule et qu'il ne révèle que ce qu'il souhaite réellement. N'y tenant plus, il prétexte une migraine, part dans sa chambre pour ressortir avec sa veste et le cadeau. « Je vais prendre l'air, ça passera peut-être. » Annonce le brun en quittant leur habitat sous le regard perplexe de ses parents et un sourire de connivence chez Millie. Il rendra ses comptes plus tard. Pour le moment, il a bien mieux à faire. Il démarre sa voitures sur les chapeaux de roues pour se diriger vers la maison de Blake Williams. Car, c'est bel et bien d'elle dont il s'agit depuis le début. Parker a fermé ce que son cerveau lui disait pour ne pas avoir à peser le pour et le contre. S'il avait écouté sa conscience, il aurait fait demi tour pour ne pas se ridiculiser ce soir. Parce qu'il risque d'être le mec le plus ridicule de toute la ville. A cette pensée, ses doigts se crispent sur le volant de son bolide. Trop tard pour reculer. Pour une fois, il va accomplir ce qu'il veut réellement. Et ça n'est pas arrivé depuis des lustres. La ville est déserte et il parvient à la demeure des Williams plus rapidement qui ne l'aurait cru. Et là, il reste planté comme un con dans son véhicule. A compter les minutes qui s'égrènent en se demandant quelle mouche l'a piqué pour venir jusqu'ici alors qu'il est considéré comme un indésirable. Il regarde le nœud couleur sang qui enrobe la boîte d'un blanc immaculé. Il n'a qu'à déposer le présent sur le pas de la porte et s'en aller comme il est voulu. Discrètement. Sage décision qui paraît infaillible. Parker attrape le cadeau et s'élance sans hâte vers la porte d'entrée de la bâtisse. Sauf qu'au lieu d'effectuer sans plan initial, sa main prend le contrôle de tout son corps et avant de s'arrêter lui-même, il se voit en train de sonner, par deux fois. Horrifié de sa propre conduite, le jeune homme tourne le dos à la maison au moment où la porte s'ouvre. Tous les muscles de son corps se raidissent et Parker tourne à demi la tête pour apercevoir Malia qui le dévisage amicalement. « Je … » Commence-t-il en s'approchant avant de s'arrêter dans son élan et au début de sa phrase. Je suis un con d'être venu, voilà ce qui devrait sortir de sa bouche. Sauf qu'il tend la boîte vers son amie. « C'est pour Blake. » Dit-il dans un souffle pratiquement inaudible. D'un mouvement gracieux de la main, Malia repousse son cadeau et lui adresse un sourire empreint de chaleur. Ses yeux pétillent quand elle le quitte. Ses pas précipités font écho au battement désordonnés de son cœur et quand il voit apparaître Blake dans l'encadrement de la porte, l'organe le plus puissant de son corps a comme un raté. Elle est sublime. Comme dans ses rêves. Sauf que dans ces derniers, elle  est heureuse de le voir. Pas comme ici où tout son être dégage de l'animosité à son  égard. Parker attrape sa main et lui met d'autorité dedans son cadeau. « Tu le prends. Je n'admettrai pas de refus de ta part. » Comme entrée en matière, on a connu largement mieux. Cependant, comme à l'accoutumée, avec Blake, il n'agit pas correctement. Depuis leur séparation, il n'arrive plus à être normal avec elle. Ce qu'il regrette énormément. Cela étant, là n'est pas la question pour ce soir. « C'est un foulard. » Dit-il en gâchant l'effet de surprise. Parker n'est pas de ceux qui dise « allez ouvre pour savoir ce qu'il y a à l'intérieur ». Non, avec lui c'est cash, sans détour possible. « Comme ça, tu en as un nouveau et tu arrêteras de m'insulter de voleur. » Même si techniquement, il en est un puisqu'il a effectivement gardé son ancien foulard précieusement. Ce détail, Blake ne le connaîtra jamais. Il se perd dans ses prunelles. Il y a tellement de choses qu'il aimerait lui dire qu'il ne sait pas par où commencer. Puis, le moment est loin d'être idéal pour se confier. Il a osé s'incruster le soir du réveillon alors qu'il s'agit pour la plupart d'une fête sacrée. Finalement, il aurait sûrement réfléchir avant de se comporter de la sorte. De plus, elle n'a pas ouvert le cadeau et n'a peut-être pas l'intention de le faire. Ce qui le ferait passer doublement pour un con. Le brun ne sait pas s'il doit attendre un merci de sa part ou rebrousser chemin. Le fait est qu'avant de partir, il a un dernier présent à lui donner. Après, il pourra partir et la laisser mener la vie qu'elle désire. « Je sais que tu vas me détester un peu plus encore pour ce que je vais faire. » Bon samaritain, il la prévient comme pour lui donner une chance de s'échapper de lui. Un pas en avant. Un pas pour être plus proche d'elle. Un pas vers la consécration de son envie la plus intense. « Mais je ne compte pas m'excuser. » Pas cette fois-ci. Pas comme l'autre fois où il lui avait demandé pardon lors de leur rencontre à la mairie pour une sombre raison dont il ne se souvient même pas. Non, à cette seconde précise, il agit en connaissance de cause. Son cerveau et son cœur s'accordent pour dire qu'il prend la meilleure décision de cette fin d'année. Les cloches de l'église de Salem sonnent. Minuit, jour de noël. Cette ville à la fois si fantastique et si puritaine ne manquerait pas de symboliser la naissance de Jésus. Les carillons sont le déclencheur de son action. Délicatement, il encadre son visage. Ses doigts viennent se perdre dans la masse de se chevelure brune tandis que le bas de ses paumes ainsi que ses pouces reposent tout en légèreté sur ses joues. Sans lui demander la permission, Parker se penche pour l'embrasser. Un vrai baiser, digne d'eux. Pas comme l'effleurement du bal qui l'a terriblement frustré. Pas un baiser de collégien où l'on pose ses lèvres sur celles de l'autre sans bouger en attendant cinq secondes avant de se détacher pour ensuite aller se vanter d'avoir galocher une fille. Non, il l'embrasse avec son cœur, son âme et tous les sentiments qui tentent désespérément de cacher depuis des années. Il est un homme amoureux d'une femme qui le chamboule entièrement. Il finit par détacher leurs lèvres tout en collant son front contre le sien. Son torse se soulève sous l'effet de sa respiration saccadée. Son souffle se mélange à celui de Blake. « Joyeux Noël Blake. » Un dernier effleurement et Parker se sépare d'elle pour s'en aller. Un véritable sourire aux lèvres. Le premier depuis des mois. Finalement la magie de cette fête si spéciale a opéré sur lui et elle vient de lui offrir son plus beau cadeau.