« Merci encore, madame. » sourit-elle, tout en attendant que la cliente parte, avec sa lampe. L’antiquaire attendit que le magasin soit vide avant de s’écrier : « Enfin ! » Faire rouler une boutique d’antiquités, c’était aussi compliqué qu’un autre métier normal, en fait. Cami avait choisi de faire un boulot inhabituel et de se lancer dans sa propre entreprise. On lui avait toujours dit que la chose risquait d’être dure, qu’il lui faudrait du courage et du cran. La blonde n’avait jamais été du genre à abandonner son morceau, alors les affaires roulaient assez bien. C’était le genre de femme d’affaires déterminée et elle était proche des gens de la communauté. Cami aimait les vieilleries. Se retrouver autour d’elles la rassurait, en quelque sorte. Cela lui rappelait de bons souvenirs, puis il y avait toujours de nouvelles vieilleries qui passaient la porte. Parfois, c’était des trucs assez rares que les gens jetaient lorsqu’ils faisaient le grand ménage de chez eux. Avec un bon coup de chiffon, Cami redonnait leur éclat d’antan et elle leur trouvait une place à quelque part dans le magasin. Elle a le boulot de ses rêves, mais il a fallu qu’elle se batte pour l’avoir et les journées sont parfois très dures, surtout lors des périodes touristiques en fait. Vers les coups de quinze heures, la blondinette Simmons souffla un peu. La journée avait été assez chargée, bourrée de vas-et-viens; pas moyen de se reposer. Comme il n’y avait plus un chat dans le magasin, elle alla se chercher un morceau dans le frigo en haut. L’avantage de vivre en haut de sa boîte ! Cami mangea un morceau de pain au chocolat dans les escaliers. Elle ne pouvait pas réellement s’en aller, comme elle était la seule employée. Cependant, pas moyen de faire une pause, lorsqu’elle entendit des sifflements familiers. « Décidément, va falloir attendre, mon petit pain. » Elle lâcha la pâtisserie, la remettant dans son plat et elle descendit pour apercevoir une tête assez familière. Cette même tête en profita pour lui donner un baiser sur la joue. « Andy ! » s’écria-t-elle. Cami ne réalisa pas immédiatement le blasphème qu’il venait de commettre, mais dès qu’elle s’en aperçu, elle ne se gêna pas pour lui donner un petit regard de reproche. Certaines personnes ne perdent pas leurs mauvaises habitudes ! « C’est bon, je te pardonne, je suis trop épuisée pour répliquer. » expliqua-t-elle. Habituellement, elle lui aurait fait un poing sur son épaule ou elle aurait répliqué quelque chose pour montrer qu'elle était offusquée. Mais aujourd'hui, elle était trop fatiguée pour réagir rapidement. Attention, toutefois, la chose ne deviendrait pas une habitude et Andy devrait surveiller ses fesses pour la prochaine fois... « Je suis d’ailleurs contente que tu viennes occuper un peu de mon temps libre pour autre chose que de me donner du travail. » Un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, après tout. Et puis, ils se connaissaient depuis tellement longtemps qu’elle savait qu’Andy ne venait pas pour son business. « Comme c’est gentil d’avoir pensé à moi ! » C’était sorti sur un ton sarcastique et avec une petite grimace, mais il y avait tout de même un peu de sincérité dans ses propos. Pourtant, alors qu’il continuait justement de parler de ses plans pour ce soir, Cami se doutait de quelque chose. Ses sourcils se froncèrent et ses bras s’entrecroisèrent sur son torse. On lui reprochait surtout de ne pas avoir énormément de vie sociale et de ne vivre que pour son travail. C’est à peine si elle mettait le pied en dehors de chez elle. Même quand Auggy était encore dans le coin, elle n’était pas toujours heureuse de sortir... même avec son propre frère. En fait, l’idée de sortir pour entendre Andy à Bourbon était sympa. « Ah je vois... C’est vrai que ce pourrait être assez sympa. » avoua-t-elle. Elle passa son bras autour de l’épaule de son ami. « Cependant, j’aimerais que tu me répondes avant... Qui t’as demandé de me convaincre ? » Cami était loin d’être idiote. Tout le monde savait qu’elle n’était pas du genre à sortir, sans qu’on lui donne de bons arguments. Et puis, elle connaissait les combines de son ami depuis tellement longtemps qu’on ne la dupait pas ainsi.

Le fait de se faire appeler Camille l’irritait au plus au point... seulement aujourd’hui, c’était particulier comme situation. Les journées pouvaient être longues comme épuisantes à la boutique. Une pause ne faisait jamais de mal à la jeune antiquaire. D’habitude, elle aurait refusé de sortir, mais l’idée ne lui ferait pas de mal, après tout. Cela faisait quelques jours qu’elle n’avait pas pris le temps de sortir avec des amis et qu’elle croulait sous la paperasse sans prendre de pause. Cami avait cruellement besoin de se changer les idées. Et puis, Andy avait tout de même pris la peine de venir lui demander en personne. Il aurait simplement pu lui envoyer un texto, mais c’était gentil de sa part. On connaissait également Cami Simmons pour sa ténacité au travail. Il était normal qu’Andy trouve cela étrange de l’entendre dire qu’elle était épuisée. « Eh oui, le boulot... » Elle-même ne trouvait pas la situation normale. L’épuisement n’avait jamais fait parti de son vocabulaire. Pour avoir pensé que sortir à un tel moment était une bonne idée... oui, elle devait être fatiguée. Il fallait travailler, pourtant. Cependant, Cami ne pouvait se rappeler la dernière fois qu’elle avait passée une nuit complète. Andy la connaissait trop bien pour savoir qu’il en fallait plus pour la convaincre de facile, mais il avait bien choisi son jour pour lui demander une telle chose. « Très bien, comme j’ai besoin de me changer les idées, je suppose que ce ne serait pas une mauvaise chose... » Que perdait-elle après tout ? Une soirée de plus ? Même si l’avouer lui déplaisait clairement, il fallait voir les choses en face : elle devait sortir. Et puis, elle savait que ce n’était pas simplement de lui. La fatigue l’avait peut-être affaiblie, mais elle était loin d’être née de la dernière pluie. « Je te connais, Andy. » ajouta la blonde. La jeune Simmons ne perdait pas son flair ! Et puis, il sortit tout son jeu de son sac. En même temps, le fait que la demande vienne directement de son frère l’étonnait, mais pas tant que cela. Cami leva les yeux au ciel. « C’est Auggy tout craché ! » s’exclama-t-elle, tout en croisant les bras contre son torse. Bien sûr, elle avait refusé d’y assister à cause de la paperasse. Sa demande datait de plus d’une semaine et depuis, les choses avaient légèrement changé. Et puis, c’était bien Auggy de demander à quelqu’un d’autre de venir faire le boulot à sa place. Cela faisait des semaines et des mois qu’elle ne l’avait pas revu et il demandait à Andy de relancer l’invitation à sa sœur à sa place. Malin, comme idée. Sauf que son ami n’avait pas tord. Lorsqu’il y avait un petit différent ou que quelque chose clochait entre les deux enfants Simmons, ils faisaient toujours appel à un médiateur. Et il répondait justement au nom d’Andy ! « Bon, c’est vrai qu’on n’est pas capable de communiquer, » admit-elle, dans un premier temps. « Mais ce n’est pas de ma faute s’il fait le pont entre deux endroits complètement différents. Je ne le vois plus aussi souvent qu’avant. » Ce n’était pas une excuse, alors elle savait qu’elle devait venir avec un truc de beaucoup plus gros pour qu’il en soit réellement convaincu. Après tout, il avait raison. La blonde s’avoua vaincue. « Je t’avoue que l’on pourrait faire des efforts, d’accord. » Finalement changement de cap de la conversation sur le fameux concert. De toute façon, elle savait qu’il ne la lâcherait pas à ce sujet. Et puis, il fallait que Cami l’admette une fois pour toute : sortir ce n’était pas si mal, surtout en bonne compagnie. Et elle avait l’habitude avec Andy. Elle céda du même coup. « C’est bon, je viendrai. Par contre, tu viendras me chercher, hein ? » Tant qu’à se faire inviter, autant faire la chose dans les règles de l’art, pas vrai ?