Ses doigts sont fébriles quand elle ferme comme elle peut la porte de la salle de classe à clé. Catahleen n'en revient pas. Ce qui vient de se produire dans sa vie … Le retour de Nathaniel et le fait que Julian, son fils, fasse parti de la masse d'élèves qui peuple l'école dans laquelle elle est institutrice. Ce n'est même plus un coup de pouce du destin, c'est carrément un grand coup de pied qu'elle vient de recevoir pour se donner une deuxième chance. Leur donner un nouveau départ s'ils s'en donnent la peine. Cette fois-ci, elle ne va pas tout gâcher, elle le sait. Du moins, elle va essayer de faire de son mieux pour ne pas tout foutre en l'air comme un an et demi auparavant. Durant le trajet de retour qui la ramène chez elle, la jeune femme ne fait attention à rien. Elle prend les transports en commun de manière machinale sans voir les gens qui sont autour d'elle. Toutes ses pensées que vont que vers une seule et même personne : son meilleur ami. Sur le point de rater son arrêt et de repartir pour un tour de bus supplémentaire, Catah' émerge enfin et saute du véhicule avant que ce dernier ne reparte complètement. Son immeuble n'est qu'à quelques centaines de mètres. Elle se met en marche et avant de pénétrer dans l'immeuble, elle est tellement dans son monde qu'elle rentre pratiquement dans deux personnes qui en sortent. Elle les laisse passer en s'excusant platement avant de monter quatre à quatre l'escalier. Pas l'envie de prendre l'ascenseur, elle se sent pousser des ailes. Une fois dans son appartement, la jeune femme appelle immédiatement sa meilleure amie, Jules, pour tout lui raconter mais celle-ci est injoignable pour le moment. Catahleen a besoin de parler, de raconter tout ce qu'il vient de lui arriver, les sentiments et les émotions extrêmes qui en ressortent. Elle a besoin de vider son sac et d'avoir une oreille attentive. Elle réfléchit un bref instant avant de s'élancer hors de son lieu d'habitation. Elle sait qui aller voir. Forcément, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? C'est tellement évident. Elle descend un étage et entre dans la salle d'attente. Plusieurs personnes sont installées avec une revue dans les mains. De quoi les occuper pendant que leur médecin est en consultation. A ce moment, la porte du cabinet s'ouvre sur l'homme à qui elle veut absolument parler. Passant sans vergogne devant tout le monde, elle le bouscule légèrement pour entrer dans la pièce. « Excusez-moi, c'est une urgence. » Dit-il à l'adresse des patients qui la dévisagent avec de grands yeux ronds. C'est limite sans-gêne et la fille bien élevée qu'elle a toujours été, tout au long de sa vie, ne s'en aperçoit même pas. Elle se laisse tomber sur le fauteuil, face au bureau d'Oliver et attend avec patience qu'il daigne bien faire de même de sorte à ce que la conversation puisse commencer. Lorsqu'il prend place, Catahleen ne peut plus tenir et parle directement. « Il est revenu. » Dit-il de bout en blanc sans expliquer avec précision qui est ce il et ce qu'il représente exactement pour elle. La professeur se rend compte qu'elle ne s'exprime pas comme il le faudrait alors elle se fait violence pour reprendre depuis le début. « Il, c'est Nathaniel. Mon meilleur ami et celui que j'aime vraiment. Mais je l'ai un peu envoyé balader … » Finit par admette Catahleen un peu honteuse de ne pas avoir déceler qu'en réalité, elle était prête depuis longtemps à se lancer dans un couple avec lui. Seulement, elle était encore trop jeune dans sa tête pour le comprendre. Et il avait fallu une grosse année de séparation pour qu'elle en prenne conscience. « Je ne sais pas trop quoi faire, je suis perdue avec son retour. » A part une envie irrépressible de sauter dans ses bras pour ne plus s'en échapper, la jeune femme n'avait pas correctement réfléchi à quand ils se verraient de nouveau et ce qu'ils feraient à ce moment là. Autant dire qu'elle était tellement sur les charbons ardents qu'elle est incapable d'avoir un raisonnement sensé. Imperturbable, Olive l'observe et elle se rend finalement compte que la bêtise qu'elle vient de commettre. « Pardon, j'aurai dû prendre rendez-vous comme tout le monde. Mais tu vois, j'avais vraiment besoin de parler, et comme tu es toujours ici … » Elle tente de se justifier comme elle le peut. Oliver a beau être avant tout son propriétaire, elle le voit limite comme un ami. Ce qu'il n'est pourtant pas à la base. Du moins, ils ne se le sont jamais réellement dits si tel est le cas. Et ils n'ont jamais partagé ne serait-ce qu'un déjeuner ou même un café. A vrai dire, elle se confie à un quasi inconnu. Tout va bien dans sa vie, oui, oui.