Cette nuit aurait pu être semblable à toutes les autres nuits, j’aurais pu m’endormir plutôt tôt comme d’habitude, bercé par le bruit du lave vaisselle qui n’a pas encore terminé mon travail, j’aurais pu m’assoupir devant la télévision en regardant l’un de ses programmes débiles que les gens adorent regarder simplement pour se détendre. J’aurais pu plonger dans les bras de Morphée sans que rien de si spécial ne se passe…Mais j’avais entendu du bruit. Pas n’importe quel bruit, une voix, une voix féminine dans mon appartement, sur mon territoire et qui parle avec mon Damian. Je prenais sur moi, je n’avais rien dit, pendant de longues heures je n’avais rien dit, j’avais juste attendu qu’elle parte mais je n’aimais pas ça…Non, je détestais ça même. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi. Est-ce que c’était le fait qu’une autre fille soit sur mon territoire ? Fouille dans mes affaires ? S’assoit sur mon canapé ? Ou était-ce plutôt le fait qu’elle soit si proche de Damian. Car que je l’admette ou non cette certaine Cassandre est proche de lui. Il m’en a déjà parlé, comme une amie, mais une amie qu’il aime bien. Qu’il aime beaucoup trop d’ailleurs. Je la trouve trop présente. Je préférais largement quand nous étions en Irlande, au centre nous étions toujours tous les deux, il n’y avait personne pour se mettre entre nous. Nous étions certainement les deux jeunes du centre mais au moins nous étions plus unis, inséparable. Depuis que nous étions à San Francisco tout était si différent. Si….Triste. J’étais loin d’être la seule, j’avais même l’impression de ne plus avoir aucune valeur à ses yeux, d’être devenue complètement transparente. Il y avait trop de filles à San Francisco, trop de belles filles et je me demandais encore pourquoi Damian vivait avec moi, un handicapé des sentiments. Car je crois bien qu’aujourd’hui c’était plutôt sur le plan psychologique que j’avais été traumatisé, lors de cet accident je n’avais pas perdu simplement Auguste m’avait j’avais également perdu l’enfant que j’attendais de lui. Auguste était mon premier amour et certainement le seul, lorsque j’étais allée en Irlande je pensais me marier, créer une belle famille. Mais finalement, et même si je suis née princesse, les contes de fées n’existent pas. La vie est triste, laide. Je ne suis pas faite pour vivre une jolie histoire d’amour, c’est terminé tout cela. Alors pourquoi j’ai un tel comportement avec Damian, pourquoi dirait-on que je suis jalouse, que je suis possessive ? Je ne sais pas, trop de questions se posent dans ma tête. Alors ce matin je me suis dit que j’allais faire à manger, que j’allais préparer un bon petit déjeuner à Damian. Je savais qu’il adorait les pancakes, alors j’avais été chez l’épicier pour tout préparer, je n’aimais pas me lever tôt mais j’avais fait un énorme effort. On dirait presque une femme infidèle qui essayerait par tous les moyens de reconquérir son mari parce qu’elle ne se sent pas désirable, ou plus désirable. J’ai alors choisi les meilleurs ingrédients, les plus chers et j’ai pris place dans la cuisine, pendant plus de trente minutes j’avais mélangé le lait, les œufs et la farine afin d’obtenir une pâte bien épaisse. J’avais alors essayé de créer une décoration de table et j’avais disposé plein de bonnes choses, mes crêpes bien sûr mais aussi plusieurs sortes de jus de fruits, une salade de fruits et aussi des toasts et de la brioche façon pain perdu. Je lui faisais un festin, un festin pourtant j’avais l’impression qui allait suivre allait me couper l’appétit. J’aperçus alors Damian sortir de sa chambre, il semblait fatigué, il avait dû se coucher tard à cause de sa visite. Rien que d’y repenser cela me donnait envie de défaire la table et d’aller me coucher pour passer toute la journée au lit, même si je venais de me lever il y a, à peine deux heures. Pourtant j’essayais d’être gentille, de me contenir, de montrer toujours la meilleure partie de moi-même, je crois que le moindre défaut aurait pu lui faire préférer une autre et il y en avait déjà suffisamment. « Damian, Damian, je t’ai préparé des pancakes, je sais que tu adores ça ! ». Lui annonçais-je avant d’embrasser affectueusement sa joue. Nous avions toujours été très complices, très proches et je ne vois pas pourquoi cela changerait même si d’autres filles devaient être présentes à la maison. Je soupirais, je voulais vraiment lui parler de Cassandre, de sa raison pour laquelle elle était venue hier, de ce qu’il ressentait pour elle, ce genre de choses… Mais je ne voulais pas attaquer la conversation de manière frontale. « Tu sais, faudrait vraiment qu’a mis en place une sorte de règle pour les visites, surtout le soir…» Je me disais que c’était une bonne idée, et pour le faire parler il n’y avait rien de mieux que d’attiser sa jalousie, pour ensuite évoquer ma propre possessivité. « Autant pour toi que pour moi, après tout on vit ensemble… » Je crois que je venais de lancer le sujet en une seule phrase et cela me faisait stresser.

Je n’avais rien manigancé du tout, je voulais pourtant tout faire pour qu’il voie que j’avais voulu lui faire plaisir, que j’avais voulu qu’il oublie ne serait ce qu’un instant la fille d’hier. Je ne savais pas qui elle était, ce qu’elle lui avait fait mais j’étais prête à le découvrir. Il n’avait pourtant pas du tout touché à tout ce que j’avais préparé, il n’avait même pas bu un peu de jus de fruit, j’étais choquée. D’habitude il ne rechignait jamais à manger de la bonne nourriture que je lui préparais moi-même, avais-je à ce point baisser dans son estime. Je me questionnais de plus en plus et ça me faisait peur, peur et mal à la fois. Il me demanda ce que je faisais mais je ne lui avais pas répondu, pas jusqu'à maintenant où je lui répondis : « Je manigance rien du tout, moi ! ». J’avais bien insisté sur le MOI, car oui, lui il était entrain de faire quelque chose de pas net avec cette fille et j’étais bien curieuse de mettre les choses au clair car de toute façon j’allais finir par tout savoir. J’ouvris grand les yeux quand il me dit qu’il serait impossible pour lui comme pour moi de ramener une personne du sexe opposé, alors là c’était or de question. Damian aurait pu avoir le plaisir de faire je ne sais quoi avec cette Cassandre et moi je ne pourrais rien faire, non, j’allais bien le faire baver. Car au fond de lui j’étais sûre que ça le ferait un peu chier s’il voyait un autre garçon que lui ici. « Je vois pas pourquoi Monsieur aurait eu la permission de ramener une fille et que moi je ne ramènerais personne…. ». J’étais pas forcément jalouse mais là, si, cette fille je connaissais rien d’elle et je ne voulais pas que Damian s’intéresse à une autre fille. J’étais la seule qui l’avait soutenue, la seule qui pouvait la comprendre et ce n’est pas cette Cassandre qui allait changer les choses. Je lui répondis alors, pour le narguer : « Je ne vois pas pourquoi je ferais ça, je ne vois pas pourquoi je te ferais cette faveur, mais t’inquiètes pas Damian, si tu veux je vais suivre ton exemple…Je vais ramener pleins de beaux garçons, pleins, pleins et….Nous aussi, nous ferons beaucoup de bruits… ». Je me mis à rire, en faisant référence a ce qu’il avait dit juste après mais en le disant d’une façon détourné qui pouvait largement faire penser à une autre question qu’une simple conversation entre amis. J’étais un peu vulgaire mais c’était uniquement pour le provoquer. Je regardais le plafond quand il me demanda si c’était le bruit qui m’avait dérangé ou Cassandre, je fis mine de réfléchir avant de lui dire : « Les deux en fait, vraiment les deux. D’abord cette fille n’est pas très jolie. Je dirais même qu’elle a une physique…atypique. Enfin si elle te plait pourquoi pas…Ensuite tu vas dans une impasse en passant du temps avec elle et puis….Oui le bruit ce n’est jamais agréable quand on essaie de dormir. ». Je m’énervais mais quelque part j’étais en colère. Je pensais avoir une relation particulière avec Damian mais ce n’était rien, rien que du vent. Je m’en voulais. J’avais du être trop bête pour croire ça, trop naïve. « En tout cas j’ai pas envie de revoir cette fille, tu auras qu’à aller chez elle si tu veux la voir tranquillement, mais pas chez moi… ». J’avais aussi de la tristesse en moi, je me demandais pourquoi il la voulait elle alors qu’il y a quelques temps j’aurais parié qu’il me préférait moi. Je regardais la pièce dans laquelle j’étais, finalement je devais peut être en partir, je ne pourrais peut être pas supporté ça. Je lui proposais alors : « Je devrais peut être changé d’appartement ? ». S’il tenait un minimum à moi il allait forcément dire quelque chose.